Citations de Jean Cocteau (1033)
La faculté de rire aux éclats est preuve d'une âme excellente.
Je me méfie de ceux qui évitent le rire et refusent son ouverture.
Ils craignent de secouer l'arbre, avares qu'ils sont de fruits et d'oiseaux,
craintifs qu'on s'aperçoive qu'il ne s'en détache pas de leurs branches.
Jacob lutte...
Jacob lutte contre l'ange
Aussitôt l'ange se venge,
Voilà le lutteur boiteux.
De mes luttes maladroites
Sortent des poèmes qui boitent
Et moi je boite comme eux
Les choses se meuvent à contresens pour former de nouveaux dessins
La journée leur pesait. Ils la trouvaient vide. Un courant les entraînait vers la nuit, vers la chambre où ils recommençaient à vivre.
LE SPHINX : Vous aimez la gloire ?
ŒDIPE : Je ne sais pas si j'aime la gloire ; j'aime les foules qui piétinent, les trompettes, les oriflammes qui claquent, les palmes qu'on agite, le soleil, l'or, la pourpre, le bonheur, la chance, vivre enfin !
LE SPHINX : Vous appelez cela vivre.
ŒDIPE : Et vous ?
LE SPHINX : Moi non. J'avoue avoir une idée toute différente de la vie.
ŒDIPE : Laquelle ?
LE SPHINX : Aimer. Être aimé de qui on aime.
ŒDIPE : J'aimerai mon peuple, il m'aimera.
LE SPHINX : La place publique n'est pas un foyer.
Acte II.
Si le feu brûlait ma maison, qu’emporterais je ? J’aimerais emporter le feu…
Ne fouille pas trop le cœur, Georges. Il est mauvais de fouiller trop le cœur. Il y a de tout dans le cœur. Ne fouille pas trop dans mon cœur, ni dans le tien. p. 141
Bacchus est le dieu du vin et Notre-Seigneur Jésus-Christ a changé l'eau en vin. Le vin est la messe.
Georges, quand ceux qu'on aime sont absents, on ne se rend plus compte qu'ils existent. On les aime comme les morts d'une petie mort. Ils ne vivent que dans notre cœur.
p.113
Les objets me suivent comme des chats. Comment fais-tu ?
p. 77
Ce qu’on te reproche, cultive-le, c’est toi.
En vérite, Paul ne remuait jamais certaines laves de son âme. Ces couches profondes étaient trop précieuses et il craignait sa propre maladresse. L’agréable s'arretait au seuil de ce cratère dont les vapeurs étourdissantes l’encensaient. De ce soir, il se tissa entre Paul et Agathe une étoffe de fils entrecroisés. Une revanche du temps renversait les prérogatives. p.70
La richesse est une aptitude, la pauvrete de même. Un pauvre qui devient riche étalera une pauvreté luxueuse. Ils étaient si riches qu’aucune richesse n'aurait change leur vie. La fortune pouvait leur venir en dormant, ils ne s'en apercevraient pas au réveil. Ils contredisaient le préjuge contre la vie fcle les moeurs faciles et, sans le savoir, mettaient en euvre ces admirables puissances de vie souple et légère gâchée au travail dont parle un philosophe. Projets d'avenir, études, places, démarches ne les préoccupaient pas davantage que garder les moutons ne tente un chien de luxe. Dans les journaux, ils lisaient les crimes. IIs étaient de cette race qui fausse les moules, qu'une caserne comme New York réforme et qu'elle préfère voir vivre à Paris. p.64
Elle vit. Elle attend, Ce n'est pas dans son rôle,
De choisir notre port.
Ce détail est pour elle un simple coup d'épaule
Que lui donne le sort.
Rien ne sert de prier cette vieille statue,
De savoir ses desseins;
Car ce n'est pas la mort elle-même qui tue.
Elle a ses assassins.
La brièveté, la précision, la promptitude, le contour, voilà de quoi nous faire prendre pour des écrivains hermétiques.
ENQUÊTE
« Dieu signe-t-il son œuvre au moyen du lézard ? »
« L'orage serait-il son autre signature ? »
« Quel poème le zèbre a-t-il sous ses ratures ? »
« Faut-il rendre à César ce qui est à César ? »
Le ciel a ses étoiles,
La terre ses bordels.
Cri du Christ déchirez le voile.
Jésus couronné de cris d'hirondelles,
Apparaissez tonnez dans votre magnésium;
Incendiez la presse et prenez loin de l'homme
Ma photographie éternelle.
Ce sont les anges qui préparent
Les boules bleues de la lessive,
Aussi les blanchisseuses lavent
A genoux dans le lavoir.
Puis tordent les ailes de linge
Puis suspendent partout des anges.
Les miroirs feraient bien de réfléchir un peu plus avant de renvoyer les images
Ce que le public te reproche, cultive-le, c'est toi. - Enfoncez-vous bien cette idée dans la tête. Il faudrait écrire ce conseil comme une réclame.
La France est perpétuellement en lutte contre elle-même. Voilà ce qui me frappe. La grande tradition française est une tradition d’anarchie. C’est de toutes la plus solide. Le désordre permet à la France de vivre comme l’ordre est indispensable à d’autres peuples.