« Sur le quai, il y avait un train de marchandises. Je pensais qu’il allait s’en aller et qu’un autre allait arriver pour nous, après. Mais non … La marchandise, c’était nous. »
Toute la cruauté d’une époque réunie dans un témoignage, celui de Ginette Kolinka, et de milliers de déportés, qui ont subi les horreurs de cette 2ème Guerre Mondiale. À travers ce récit poignant, elle nous raconte comment une partie de sa famille et elle-même, se sont retrouvés exportés à la suite d’une dénonciation.
« Notre moteur, c’était la peur. »
Le lecteur l’accompagne avec un groupe d’élèves en Pologne, où elle explique, détaille, montre, ce qu’elle et tant d’autres ont vécu durant tant années, alternant un récit passé et présent.
Ce roman graphique est un véritable devoir de mémoire, une ode à l’espoir qui s’insuffle en chacun de nous. Les dessins y sont très angoissants, montrant parfois des ombres tournoyants autour d’elle, celles des nombreuses personnes décédées dans ce camp, dépossédées de leurs corps et de leurs âmes. L’oubli ne nous est pas permis, les souvenirs gravés à tout jamais.
Elle explique que son témoignage est agrémenté uniquement de ses souvenirs, ce dont elle ne se rappelle plus, elle préfère ne pas l’évoquer par peur de l’inventer. Elle nous confie les conditions de vie au sein de ce mouroir dans lequel elle a évolué durant sept longs mois. Et ce poids sur la conscience de devoir vivre avec cette terrible trahison, d’avoir, sans le savoir, envoyé son frère et son père à la mort.
« On marchait vers de la fumée, j’ai pensé : « Ah ben, le voilà, mon camp de travail ». Aujourd’hui, on l’appelle : Le plus grand cimetière du monde. Et pourtant il n’y a pas une seule tombe. »
Mention spéciale pour la beauté de cette couverture qui représente la jeune et insouciante Ginette de 19 ans, face à la femme d’aujourd’hui, désabusée, dont le temps n’a plus d’effet sur elle, et qui se remémore les instants passés dans ce camp de concentration qui l’ont tant malmenée.
« Maintenant c’est vous ma mémoire. »
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