AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jean Follain (170)


Jean Follain
sur une place sans arbres
  
  
  
  
sur une place sans arbres
fouettant par devoir
sa toupie de buis
un enfant reste bien réel
sans temps morts.
Commenter  J’apprécie          30
Jean Follain
Tout n’est pas dit



Dans ce lieu pur
du soir au matin vont
des bêtes sans pensée
les arbres tremblent
stagne un étang à reflets
les déserts poursuivent leurs mirages
Passent ceux de la race humaine.
Tout n’est pas dit clame
la plus belle.
Commenter  J’apprécie          30
Jean Follain
L’ÉPICIER



L’épicier époux de l’épicière,
avec sa serpillière
et ses doigts de crabe laineux
vend des pois chiches
à la saison pluvieuse
et puis ces grains de riz des Carolines
dents d’Andalouse,
et puis la pipe en sucre rouge,
qui dans la ville où la bâtisse croît,
transfigure
l’enfant à capuchon du crépuscule.
Commenter  J’apprécie          30
Jean Follain
Natures mortes…


Le sel dans la cupule en buis
gardait le secret des cristaux
une sombre robe
et de soleil gorgée
conservait un suc léger
d’avoir frôlé les fleurs
une boucle d’or avait fait sur la jambe
ailleurs intacte
une sculpture infime,
l’orage grondait
chaque chose pourtant veillait et travaillait
pour sauver son éternité.
Commenter  J’apprécie          30
Jean Follain
Un soir se refait…


Un soir se refait
dans les tremblements d’herbes
battement de portes
armoires vidées
quittant des genoux pris sous la robe noire
à tâches de soleil
une bête gagne son coin
sans l’horreur du temps
qui reprend un couple
au tournant d’un chemin
accablé d’oiseaux.
Commenter  J’apprécie          30
POÈME

Amours ne brillant qu'un instant
Dans la forêt sans cerf et sans fleurs

Où la robe uniment se confond
Avec les amandiers

Tandis que les sangliers tristes
Ont l'oeil de ces prisonniers
Privés de pâture céleste.
Commenter  J’apprécie          30
C'est un soir qu'après le passage d'une femme, tenant sous chaque bras un oreiller pivoine, l'enfant crut voir qui dévalaient la petite côte, trois hommes à têtes de gorets, ricanant, légèrement courbés à cause de la bourrasque et encapuchonnés de noir. Ce lui fut longtemps une matière de mauvais rêves mais, par ailleurs, les vergers du sommeil ont des arbustes à fiers surgeons, des abricotiers pelucheux sur qui glissent vos dents et celles des filles sylphides soudain apparues à vos côtés ; parfois un mur de pierre sèche fait tous les frais de l'hallucination nocturne, d'autres fois, vous rêvez de lessives et de baumes.
Commenter  J’apprécie          30
Les grandes architectures de la nuit tombante : arcs de triomphe que formaient les branches au bout des avenues, labyrinthes des sentiers rafraîchis, stades des champs aux gradins de haies jusqu’à l’horizon, portiques et dolmens de nuages encadraient notre être enfant allant vers son destin.
L’ouragan ouvrait des perspectives sans nombre et ceux-là qui l’affrontaient tête baissée, je les regardais à travers les vitres. Je pensais qu’ils travaillaient aussi pour mon bonheur. Sous l’ouragan, il ne m’a pas été donné de voir d’arbre s’envoler, ni un toit entier de chaume comme il est arrivé quelquefois.
Le tonnerre et l’éclair, j’en avais peur. À chaque éclair, je faisais comme mes grand-mères un signe de croix. On était alors autour de la table attendant la fin de l’orage. Dès qu’on avait vu le ciel se noircir, les draps immenses avaient été enlevés qui séchaient dans les jardins surchauffés.
L’on connaissait aussi les soleils forcenés, les facteurs seuls sur les routes.
Des hommes fauchaient les épis et les fleurs du même coup.
La figure de quelque voisin haï apparaissait derrière leur haie. Lui aussi, il avait chaud, peut-être plus qu’eux, ils le remarquaient, ils s’en réjouissaient sans creuser plus loin dans leur âme.
Cependant un son de cloche dans l’après-midi brûlant rappelait que l’on était en chrétienté. La torpeur estivale immobilisait la petite herbe jaunissante des carrefours isolés sur laquelle ne tombait nul regard lourd et qui résistait à l’arrachement et que personne d’ailleurs ne pensait à vouloir arracher. Dans une cour battait un instant un balancier de pompe. Oh, cette même gloire du soleil au pied des calvaires, cette même couleur chrétienne, cette même force d’exigence, ce morceau d’histoire du monde auquel nous avons participé, enfants vêtus de sarraus noirs !
Commenter  J’apprécie          30
PRÉSENCE
  
  
  
  
La villageoise qui n’aime pas sa fille
brandit contre elle
un imaginaire bâton
le cartel bat dans la ténèbre
elle n’a point sommeil encore
cette jeune tête menacée
d’où jusqu’à mi-corps descend
l’ample chevelure
qui croît, fauve, jour et nuit.
Commenter  J’apprécie          20
LES PORTRAITS
  
  
  
  
Les portraits aux murs de nos villas
montrent d’autoritaires enfants
de dentelles et de velours vêtus;
à dix ans déjà prêts pour la lutte
leurs mères les embrassaient
avec sauvagerie
et quand la nuit tombe sur ces portraits pâlis
tout est si morne que le monde
nous semble à jamais mort à ses mythologies.
Commenter  J’apprécie          20
L’APPEL DU CHEVALIER
  
  
  
  
L’enfant copie
des fractions sans couleur
puis dans le silence glacial
d’une nuit d’hiver occidental
ouvre enfin son livre d’histoire
sur ce cri qu’Assas lança
appelant un régiment d’Auvergne,
il le répète un moment
puis tombe dans un long sommeil.
Commenter  J’apprécie          20
Dans une quincaillerie de détail en province
des hommes vont choisir
des vis et des écrous
et leurs cheveux sont gris et leurs cheveux sont roux
ou roidis ou rebelles.
La large boutique s'emplit d'un air bleuté,
dans son odeur de fer
de jeunes femmes laissent fuir
leur parfum corporel.
Il suffit de toucher verrous et croix de grilles
qu'on vend là virginales
pour sentir le poids du monde inéluctable.
Ainsi la quincaillerie vogue vers l'éternel
et vend à satiété
les grands clous qui fulgurent.
Commenter  J’apprécie          20
Jean Follain
ALLUMEZ DONC LES LAMPES
  
  
  
  
Les œillets
du corset
jettent leurs reflets
des persiennes fermées
protègent un monde
dont l’illusion
s’effondrera.
L’heure a le goût de son temps.
Allumez donc les lampes
entend-on, voyons
c’est la nuit.
Commenter  J’apprécie          20
Une renoncule âcre



Une renoncule âcre appelée bouton d’or
un matin est simplement cueillie
l’arbre n’en frémit pas d’autant
les insectes constructeurs
tournent autour
et ils sont cuirassés
ils ont des yeux à facettes
et portent des armes
minuscules et lancinantes
mais lorsque le sol s’échauffe
les rondes des enfants commencent.
Commenter  J’apprécie          20
PRÈS DE L’EAU

Avant que l’eau ne bouille tristement elle tressaille en son étendue dans le soir de couleur et mains et vêtements de celle qui la surveille et timbre de sa voix sont juste ceux des pauvres tels qu’en image on les figure dans les paysages de neige.

Derrière le papier de tenture l’insecte pourtant meurt réfugié

la terre tourne et reverdit dehors à la clarté dernière on démolit de vieilles murailles qu’entourent ronces et ciguës de lourds chapelets de pierres tombent des chevaux se cabrent et hennissent pour peupler de bruits l’univers.
Commenter  J’apprécie          20
Le renard


Dans nos nuits parfois rode un renard
Qui sur la terre dormante
Cherche un vivre hasardeux
Frôlant la feuille sucrée
Et d'un long rêves de rapines
D'enfance et de honte
Empli pourtant des mystères du pain chaud
Et du feu ardent des chaumières
L'on s'éveille la gorge altérée
Commenter  J’apprécie          20
Jean Follain
APERCEPTION DE LA MORT



Quand les maisons se penchent un peu
des filles aux fenêtres se montrent
tandis qu’au fond d’une pièce noire
luit le peu d’or d’une montre
suspendue au clou rouillé
et les vengeances au faubourg
font jaser ;
la marâtre arrive
et sourit tenant des lilas
chacun a fortement prédit
que bientôt enfin elle sera
prête pour la fosse commune.
Savates à la crasse cirée
vous serez sur le carreau rouge
dépossédées de ses pieds noirs,
prises de l’hirsute chiffonnier
ou jeu de quelque chat sauvage,
savates vous irez rejoindre
un amas de vieux étendards
tandis qu’elle ne sera plus là
cachant des lettres en son corsage
dans le quartier qu’an reconstruit
épiant les démolitions
dans le quartier qu’on reconstruit
et criant un pain sous son bras
à l’entour des mortiers fumants.
Commenter  J’apprécie          20
Jean Follain
Difficile



La fille savait
Ou ne savait pas que son corps

Etait de la nature
Du tissu des pétales.

Toi tu le savais
Tellement

Que c’était difficile
De ne pas le crier.
Commenter  J’apprécie          20
.
PAYSAGE HUMAIN

O paysage humain
une femme y entre puis en sort
et sourit vers l’horizon
alors on revoit les arbres
la plaine
et la route dure
la maison avec ses nids
la bête un peu alarmée
qui boit le lait sous la lune
avec un bruit si léger
puis revoilà le corsage
et le corps de la beauté
Commenter  J’apprécie          20
LA CONDUITE DE LA BÊTE


On vient enfin sortir
de sa bauge assombrie
la bête sans remords
au poil lissé et lustré
son oreille a frémi
et des milliers comme elle
ont traversé les siècles avec lenteur
il a gelé à pierre fendre
au plus noir des celliers
et même dans les chambres
mais un soleil pâle
va bientôt se montrer
sur l’immense route de l’hiver.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean Follain (496)Voir plus

Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5265 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur cet auteur

{* *}