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Citations de Jean Follain (170)


ANIMAUX
  
  
  
  
Couverts de taches de couleur
les animaux restaient aux barrières des champs
près des fleurs que courbaient les brises
d’autres se couchaient
au fond des loges sombres
et des mains les venaient capter
des bêtes plaintives
peuplaient les jours sans fin
de leurs fourrures de leurs pelages
mystères éclatants de leur vie
parfois il en mourait au fond des bois
que leurs gardiennes
cherchaient dans les nuits claires.
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Jean Follain
AFFRONTER L’ANIMAL
  
  
  
  
N’est pas toujours facile
d’affronter l’animal
même s’il vous regarde sans trouble ni haine
il le fait fixement
et semble dédaigner
le fin secret qu’il porte
paraît mieux sentir
l’évidence du monde
celle qui jours et nuits
taraude et blesse à l’âme
dans le bruit, le silence.
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EFFACEMENT


L’herbe a grandi au fossé profond
l’homme en marchant fixe
le nuage étiré
frangé comme son habit gris
des chiens aux horizons béants
diversement aboient
pourtant c’est la paix
le jour va s’incliner
il faudra bien encore
couper le pain à la nuit
assis sur le billot rustique
avec en fin de compte
l’impensable mort.
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Le moribond dit à son frère

voyant le pré chargé d'un été lumineux :

Ferme la fenêtre, c'est trop beau !
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L’ÉQUILIBRE TERRESTRE
  
  
  
  
Il monte de la forge une dernière étincelle
dans leur grand loisir
les objets reposent
et toutes ces poussières
dans l’air suspendues
qui faisaient se trahir des voix
ou se fermer des yeux
descendent sur les choses
tandis que dans un chemin
un papillon mort
rouge et noir
se désagrège seul
que les robes ôtées
perdent de leur tiédeur
et que des mains d’enfant
dont la croissance se poursuivrait
durant des années longues
pétrissent par jeu la terre.
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Jean Follain
Tuer le temps

Les révoltés
s’en prennent aux horloges des tours
en fusillent les cadrans
choit une grande aiguille
blessant le fleuriste.
Des caïmans respirent
sur l’autre versant
du monde alors noir.
Dans la mêlée ailleurs quelqu’un crie
ménagez votre temps.

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Jean Follain
CES TROIS POMMES DERNIERES
  
  
  
  
Un homme dit dans la boutique
ces trois pommes dernières
je les prends
on les lui pèse et vend.
Une femme qui les eût voulues dit :
il y a toujours quelqu’un pour acheter ce qui reste
or le pâle acquéreur
qui connaissait peu d’étreintes amoureuses
ce soir tenant les fruits en main
s’en fut droit vers sa mort.
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LA POMME ROUGE
  
  
  
  
Le Tintoret peignit sa fille morte *
il passait des voitures au loin
le peintre est mort à son tour
de longs rails aujourd’hui
corsettent la terre
et la cisèlent
la Renaissance résiste
dans le clair-obscur des musées
les voix muent
souvent même le silence
est comme épuisé
mais la pomme rouge demeure.


* Marietta Robusti, femme peintre, dite la Tintoretta (1554-1590), était un des sept enfants du peintre Le Tintoret.
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Jean Follain
Des pas secrets…


Elle entend des pas
qui ne vont point jusqu’à elle
on lui dit doucement
ne misez pas sur un miracle
pourtant elle écoute
s’éloigner au bout du corridor
celui qui la fait trembler
sur la plaine du brouillard s’étend
dans l’écoulement d’heures humaines.
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VILLAGES MÉLODIEUX

La durée des villages est dans l'ordre profond
Et leur eau à canards veille,
Une noce chante,au soir ,près de cette eau
[sanglante
Une enfant s'aventure jusqu'au bord des roseaux
Toute en blanc,invitées des festins
Où ses vieux parents
Étalent des bijoux lourds
Reflétant l'or vert dans le cidre rouge.
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TOILETTE DES SERVANTES
DE CAMPAGNE.

Lorsqu'elles lavaient
Leurs corps au léger embonpoint
Qu'ennuageait la poudre des granges
Muettes et graves elles enlevaient
Les barbes d'épis à leurs chairs accrochées,
Écoutaient un moment leurs coeurs;
Les harpes torses des poiriers avaient gémi
Et la console avait tremblé,
Puis le vent s'était tu,
Alors elles quittaient la chambre avec lenteur
Laissant nager dans sa blondeur ténue
Un cil près d'une fleur
Dans un verre d'eau.
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SPECTACLES DU MONDE


Beaux soirs que hantait la rumeur de la guerre
Et l'atroce comédie du monde
Et l'immense imagerie qui pesait sur les choses :
Mille soldats buvant l'elixir
Avant de bondir fiers et multicolores.
Ô champs gris d'aujourd'hui
Sans nulle sabretache étoilée,
Herbes confondues du quaternaire
Pissenlits,prèles
Et liserons,
Vieux pressoirs couverts de doux lichen
Planète d'or clair et de cendre.
Cette fille qui lave ses bras blancs en pleurant
Au son des cloches limpides
S'en ira bientôt vers les morts ;
Pour savonner ses doigts
Elle pose ses bagues dans la sébile de grès
Mais sa soeur,la religieuse bleue
Ne porte plus de bagues à ses doigts jaunissants.
L'univers toujours changeant
Est toujours éperdu
Malgré que nul houzard constellé
Ne s'appuie plus sanglant
Sur la meule d'un champ pour y mourir.
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REINE DE BEAUTÉ


Quand la reine de beauté mourut à Buenos-
[Aires
Elle ne connaissait point les philosophes anciens,
Elle n'avait ni père ni mère
Mais la majesté de ses reins.
Seigneur,accordez lui l'empire des dauphins,
Ô loups ne hurlez pas
Qu'elle ne soit détrompée
Puisqu'au grand jour de sa naissance,
Loin du sang de nos villes
On entendit sonner l'airain.
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LA REINE

Besaciers,entendez les coqs,
La reine à sa fenêtre dresse un col si beau
À la saignée des bras se nouent ses veines;
Ses lèvres s'entrouvrent près des filles d'honneur
Dénouant des cheveux qui frissonnent
Sous l'onde musicale.
Le palais est empli de clefs
D'or,d'argent,de cuivre et de fer.
Besaciers,écoutez
Le temps des rois qui passe.
Voici de votre reine,enfermée dans le jais,
Cette poitrine de rêve
Qui se donne aux seuls oiseaux du ciel.
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ENTRE CHIENS ET LOUPS

C'est l'heure où le fils rentre
Et voit d'abord sur la crédence
Le pardessus,le chapeau haut
Comme autant de royaux insignes
Et dehors le parterre est noir,
Il y a deux grands souliers béants
Qu'ont ravagés les jours pluvieux
Et qui ont été
Jetés l'un après l'autre
Du geste égaŕé d'un soucieux
D'un père athée
Qui ne voit que vide au fond des cieux.
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Il faut vivre l’acheminement
  
  
  
  
Il faut vivre l’acheminement
le moment grave par le temps hissé
finit par venir
malgré de longs répits
où l’espoir à la cantonade se délivre
ainsi pense celui qui marche
à pas lents sur l’allée
où tremble l’air d’un matin blondi
il pousse du pied un caillou mauve
couleur du ciel dans sa percée
ressent l’effroi d’exister
d’être voué à la mort
devant la porte de la gare
attend le voyageur unique.
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Jean Follain
Pour tromper l’attente éternelle
  
  
  
  
… pour tromper l’attente éternelle
elle chante seule
le chant nuptial
qui vit dans sa rose poitrine
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LA COMPLAINTE

Ô vous les amantes et les mères
Qui tricotiez au bord du fleuve
Qui vous miriez dans les fontaines
Qui petrissiez l'argile douce
Dans les manufactures anciennes
Tournant vos yeux vers les plus forts
D'émotion tremblaient vos paupières
Et dans les douceâtres églises
Des prédicateurs roux et noirs
Appelaient la douceur d'évangile
Jusque sur les hommes des îles.
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SUR LES SEUILS


Ceux qui inlassablement regardent
sur les seuils
sans rien faire d'autre
voient frémir l'herbage
l'attente les a durcis
apercevant ceux-là qui s'avancent
sans savoir où aller
ne regrettant pas
le règne des rois
ils ne cherchent pas à se faire meilleurs
ni à tuer
fût-ce l'insecte silencieux
qui gravit leur main.
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Vie



Il naît un enfant
dans un grand paysage
un demi-siècle après
il n’est qu’un soldat mort
et c’était là cet homme
que l’on vit apparaître
et puis poser par terre
tout un lourd sac de pommes
dont deux ou trois roulèrent
bruit parmi ceux d’un monde
où l’oiseau chantait
sur la pierre du seuil.
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