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Citations de Jean Follain (170)


LES COUSEUSES DE LIVRÉES


Les couseuses de livrées
S'arrêtent à la nuit venue
Attendant qu'on leur donne la lumière voulue.
La ville est couverte de neige,
Alors elles chantent
Et le passant entend dans la rue sans oiseaux
Monter chaude et bien timbrées
Les voix de ces filles à vêtir les valets
Et s'en va triste et seul
À des tablées fantômes.
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LES LIVRES ET L'AMOUR

Les livres dont s'emplit la chambre
comme des harpes éoliennes s'émeuvent
quand passe le vent venu des orangers
et la lettre dans la page incrustée
se retient
au blanc papier de lin
et la guerre au loin tonne
dans cet automne flamboyant
tuant la maîtresse avec l'amant
au bord d'un vieux rivage.

p.97
Extraits Exister suivi de Territoires. Éditions Gallimard, 1969.


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FIGURES DES CAMPAGNES


Les gants blancs du berger
Pour son jour de mariage,
Cette femme silencieuse dans la paix des étains
Qu'elle fait reluire dans les ombres mouvantes
Et l'enfant près des forges
Qui regarde inlassable
Étaient choses et gens au milieu de la plaine
Et parfois aussi le plus beau cri d'amour
Dans l'été d'or montait
Des greffes poussiéreux
Et l'encre renversée sur le papier rayé
Et sur quoi voguaient les pétales d'une fleur
Flétrie par le soleil amer
S'étalait en vains rameaux noirs.
Ah!cette fille au corps de statue
Dont la jupe indigo balayait les planchers
Grinçants et secs dont les grises rainures
Cachaient des grains de blé
Tombés de sacs tranportés à l'aurore,
Le soir venu,c'était le bruit des clefs
Sous une étoile encore unique au ciel.
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LES CORSETIÈRES


Par un soir de fin de Mars
Au abords d'une maigre ville,
Leurs travaux remisés en tas
Et dans le parfum de bruyères
Les corsetières s'étirent,
Elles ouvrent les bras en croix
Pui les raidissent le long des hanches
La cloche sonne,un lourd frisson
Parcourt leurs lombes mortelles.
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PARTHÉNOGÉNÈSE
(Un poème en masse)


Hep ! Hep ! Laissez-moi passer a dit le fleuve le jour de
sa naissance car ce naissant dès qu'il a vu clair voulait
tout avaler tant il avait peiné dans les entrailles de sa
mère pour arriver à sortir de la nuit de ce ventre Hep !
Hep ! Laissez-moi passer a dit le fleuve dès qu'il a vu le
Soleil Ah sûr avec lui pas à discuter passer passer passer
il passe il passe et il n'en finit pas de passer c'est un
surnaturel serpent liquide absolument interminable
interminable les arbres les terres les roches tout est
englouti ah quelle splendeur de vivre un mont dit non
il le contourne il passe il est passé certes la Terre ne
s'attendait pas à l'arrivée irrésistible de cet invincible
conquérant Terre Terre pauvre Terre ne sait plus que
dire à l'eau Terre Terre ne dit plus rien Terre Terre se
livre au fleuve et fleuve la prend et de ce coup de force
Terre Terre ne se plaindra pas longtemps on sait com-
bien depuis à quel point ils s'entendent et même avec
quel entrain les hommes bâtissent leurs villes sur les
rives du fleuve leurs villes avec des ponts-rues sur le
fleuve honneur à l'eau passe passe je t'en prie ma belle
j'aime te regarder passer passe passe mais où vas-tu ma
belle oui oui bel homme dis-moi que je suis belle que
j'ai connu tout au cours de ma vie les joies du bel
amour passe passe mais où vas-tu ma belle tonnerre de
dieu bel homme je vais me foutre à l'eau
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Se nourrir à Paris demande un certain art et une certaine connaissance. C'est la ville où l'on mange le mieux et le plus mal, où l'on fait le plus de repas de comédies.
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LES JARDINS

S'épuiser à chercher le secret de la mort
fait fuir le temps entre les plates-bandes
des jardins qui frémissent
dans leurs fruits rouges
et dans leurs fleurs.
L'on sent notre corps qui se ruine
et pourtant sans trop de douleurs.
L'on se penche pour ramasser
quelque monnaie qui n'a plus cours
cependant que s'entendent au loin
des cris de fierté ou d'amour.
Le bruit fin des râteaux
s'accorde aux paysages
traversés par les soupirs
des arracheuses d'herbes folles…
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Jean Follain
L'ennui
Des usines où l'ennui sévit
sortent des ouvriers
qui portent ses couleurs
nul d'entre eux n'a fait le tour du monde
pas plus que la fille qui ramène
le lait glacé et le pain blême
et quand tout le monde est rentré
pour tromper l'attente éternelle
elle chante seule
le chant nuptial
qui vit dans sa rose poitrine
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PAYSAGE DES SENTIERS
DE LISIÈRE

Il arrive que l'on entende
Figé sur place dans le sentier aux violettes,
Le heurt du soulier d'une femme
Contre l'écuelle de bois d'un chien
Par un très fin crépuscule,
Alors le silence prend une ampleur d'orgues.
Ainsi lorsque l'adolescent,
Venu des collèges crasseux,
Perçoit sous les peupliers froids
La promeneuse au frémissement de sa narine
Émue par le parfum des menthes.
Toutes les lueurs des villages
Se retrouvent dans le diamant des villes.
Dans un univers mystérieux
Ayant laissé sur ses genoux
L'étoffe où s'attachaient ses yeux,
Une fille en proie aux rages amoureuses
Pique de son aiguille le bout de ses doigts frêles
Près d'un bouquet qui s'évapore.
Par le coeur brûlant des payses,
Peupliers balancez vos cîmes encore
Le long du ruisseau clair
Qui reflète leurs bras laiteux.
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LARRON


Le cœur des vaches bat dans le pré
un homme y vient voler leur lait
marchant dans la fraîcheur de la rosée
il n'aime n'y ne hait
pour lui seul s'arrête le temps
le soleil arrivé haut dans le ciel
alors il ne peut que dormir
répudiant
enfance, âge adulte, vieillesse.
S'il passe rien ne sert de crier :
Attendez.
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LES PAS

Les pas entendus
le corps, les visages, les mains
se fondent au village
à grands arbres sculptés.
Il n'y a plus de temps à perdre
répète une voix.
Ce sont pourtant les mêmes pas
que dans la glaise des matins
où brillaient le cuivre et l'étain.
L'avenir se cache dans les plis
des rideaux figés
le pain fait la chair.

p.50
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ÉCOUTER
  
  
  
  
Il y a ce qui rassure
et dort au cœur de la chose
on l’écoute
dans la boucle du fleuve
dans la houille éclairant
de ses brasiers
le corps de la jeune fille
qui s’expose à la vie
dans la ramure et le jour clair
ou dans la nuit poignante.
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CHANTS TERRESTRES


Un corsage comme une voile
Vogue dans la fraîche
Et les métaphysiques
Et les théologies
Ne lui cèdent point le pas;
Les grands docteurs dans le jardin
Devisent sous les étoiles,
Les fougerolles et la prèle
Tremblent à la crête du mur,
L'on rentre
Les fruits de la terre
Et les odeurs d'une gerbe
Font écumer de haut mal
La jeune fille.
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L' ÂTRE

La courtine était raide sur le haut lit
Cathédrale de vers.
Les mains farineuses
Sur les genoux habillés de gris-terre
S'était sans bruit posées ;
Plus de ces mercenaires
Qui passaient assoiffés en mitaines de fer.
La confiture amarante
Bruissait sur le feu doux
En rendant son écume
Alors que chantaient les voix du caprice
Que les femmes laissaient voir un corps
En ouvrant les croisées
Pour baigner leur visage dans l'air.
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MÉDITATION
PRÈS D'UN LIT VIDE

Les draps avait moulé sa forme,
Ses secrets en furent dévoilés,
Si le flot garde bien le sien
Et le ravin plein de genêts,
Il se peut qu'une femme
Laisse d'humbles choses parler;
Elle peut pourtant ne pas glacer
L'eau merveilleuse de ses yeux
Pleins d'algues,d'azur ou de charbons,
Elle peut de ses longs doigts tisser,
Elle peut finement gréée,
Comme un navire appareiller
Et gazouiller jusqu'au matin.
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LA MÈRE

Sa jeunesse fut trouble et hautaine ;
Au cuisines rougissent des pelles
Pour caraméliser
Les sucres ;
L'on casse dans le bol les oeufs
Pour dorer les gâteaux du soir.
Elle regarde ces longs apprêts
Tandis que ses fils s'enveloppent
Des dépouilles lamées de ses robes anciennes
Qui servent à leurs jeux solennels.
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L'ENFANT CONDUIT AU CIRQUE


À la voisine venue pour mener son enfant
Au cirque dont roulait les tambours
Il ne faut pas disait la mère ardente
Qu'il soit mis comme va-nu-pieds;
Elles tendait donc les plis
Du tablier noir
Y grattant d'un ongle brisé
Des larmes de boue.
Un soir de beauté descendait
Qui s'épanouirait
À la fin du cirque
En grande nuit glacée.
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À LA DAME
AU TEMPS DES BORGIA

Les crimes qu'au peuple on propose
Nécessite que tu gardes
Un petit poignard en ton sein
Que même boutonnant ton gant
Jusqu'à la saignée d'un bras blanc
Un seul instant ne te trahisse
L'ivresse d'une jeune gorge
Et qu'aussi tes cheveux ardents
Craignent les peignes empoisonnés ;
Le démon qui rôde
Sous les ciels de lit
Pour boire à leurs lèvres
Renverse les femmes,
Celles qui,quand
Elles cambrent seules
Des corps orangés,
Voient l'aube bleuir.


Mains frêles qui tremblent
Devant la fleur
Dans un jardin papal.
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LES JARDINS


S’épuiser à chercher le secret de la mort
fait fuir le temps entre les plates-bandes
des jardins qui frémissent
dans leurs fruits rouges
et dans leurs fleurs.
L’on sent notre corps qui se ruine
et pourtant sans trop de douleurs.
L’on se penche pour ramasser
quelque monnaie qui n’a plus cours
cependant que s’entendent au loin
des cris de fierté ou d’amour.
Le bruit fin des râteaux
s’accorde aux paysages
traversés par les soupirs
des arracheuses d’herbes folles.

p.33
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SIGNES POUR LES VOYAGEURS


Voyageurs des grands espaces
lorsque vous verrez une fille
tordant dans des mains de splendeur
une chevelure immense et noire
et que par surcroît
vous verrez
près d’une boulangerie sombre
un cheval couché dans la mort
à ces signes vous reconnaîtrez
que vous êtes parmi les hommes.

p.219
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