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Citations de Jean-François Revel (236)


Proust atteint aux vérités suprêmes lorsqu'il décrit exactement ce qui se passe.
P58
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Cà, çà pour le dessert troussez-moi votre cotte
Cà, ça pour le dessert troussez-moi votre cotte,
Vite, chemise et tout, qu'il n'y demeure rien
Qui me puisse empêcher de reconnaître bien
Du plus haut du nombril jusqu'au bas de la motte.
Voyons ce traquenard qui se pique sans botte,
Et me laissez à part tout ce grave maintien,
Suis-je pas votre coeur, êtes-vous pas le mien,
C'est bien avecque moi qu'il fait faire la sotte.
- Mon coeur, il est bien vrai, mais vous en prenez trop,
Remettez-vous au pas et quittez ce galop,
- Ma belle, laissez-moi, c'est à vous de vous taire.
- Ma foi, vous vous gâtez en sortant du repas.
- Belle, vous dites vrai, mais se pourrait-il faire
De voir un si beau c... et ne le f... pas ?

(F. de Malherbe)
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Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,
Et la mer est amère, et l'amour est amer,
L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.

Celui qui craint les eaux qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.

La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau,
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.

(P. de Marbeuf)
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LEURS YEUX TOUJOURS PURS

Jours de lenteur, jours de pluie,
Jours de miroirs brisés et d'aiguilles perdues,
Jours de paupières closes à l'horizon des mers,
D'heures toutes semblables, jours de captivité,
Mon esprit qui brillait encore sur les feuilles
Et les fleurs, mon esprit est nu comme l'amour,
L'aurore qu'il oublie lui fait baisser la tête
Et contempler son corps obéissant et vain.
Pourtant j'ai vu les plus beaux yeux du monde,
Dieux d'argent qui tenaient des saphirs dans leurs mains,
De véritables dieux, des oiseaux dans la terre
Et dans l'eau, je les ai vus.

Leurs ailes sont les miennes, rien n'existe
Que leur vol qui secoue ma misère,
Leur vol d'étoile et de lumière (1)
Leur vol de terre, leur vol de pierre
Sur les flots de leurs ailes,

Ma pensée soutenue par la vie et la mort.


(P. Eluard)
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…ces trois caractéristiques souvent évoquées dans ces pages, des idéologies totalitaires et plus particulièrement de l’idéologie communiste : l’ignorance volontaire des faits ; la capacité à vivre dans la contradiction par rapport à ses propres principes ; le refus d’analyser les causes des échecs ?
(p. 337)
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…les vrais riches ont depuis longtemps transféré leur fortune à l’étranger. Ceux qui paient l’impôt direct hyperprogressif, ce sont les travailleurs aux salaires les plus élevés, c’est-à-dire ceux qui forment les classes moyennes supérieures, et le plus souvent y ont accédé grâce à leur seul talent. Pour eux, l’évasion fiscale est impossible et l’expatriation de plus en plus tentante.
(p. 261-262)
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On se prend parfois à se demander si le goût le plus profond d’une assez grande quantité d’intellectuels ne serait pas le goût de l’esclavage. D’où leur propension et leur adresse à reconstituer, au sein même des civilisations libres, une sorte de totalitarisme informel. En l’absence de toute dictature politique externe, ils reproduisent en laboratoire, in vitro, dans leurs rapports les uns avec les autres, les effets d’une dictature fantôme, dont ils rêvent, avec ses condamnations, ses exclusions, ses excommunications, ses diffamations, convergeant vers le vieux procès en sorcellerie pour « facisme », intenté à tout individu qui renâcle aux vénérations et aux exécrations imposées.
(p. 243)
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…les ex-communistes, loin de chercher à comprendre le comment et le pourquoi de leurs erreurs, ne songent qu’à les dissimuler et à interdire qu’on en parle. Mesurons à quel point, même dans ce domaine, et même après coup, l’esprit démocratique, impliquant la liberté de juger ou au moins de se documenter, est étranger au post-communisme.
(p. 246)
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La définition qui convient à la pratique du communisme est bien plutôt, selon l’expression de Nicolas Werth, « un Etat contre son peuple ».
(p. 248)
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Mais que Marx l’est explicitement voulue ou non, prévue ou non, la mort de la liberté s’est révélée être la conséquence inéluctable de son système économique partout où il a été appliqué.
(p. 246)
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Dégageant les enseignements d’une série de sondages pratiqués en France durant la première moitié de l’année 1999 par le Centre d’études et de connaissance sur l’opinion publique (Cecop), son directeur, Jérôme Jaffré, observe que la mondialisation, fréquemment condamnée comme le « Grand Satan », dans le débat idéologique et les médias, est, en revanche, tenue pour une bonne chose par 53% des français contre 35% d’un avis contraire. Et, ô rage ! ô désespoir ! par 57% des électeurs de gauche, et 54% des électeurs de la droite modérée. Quiconque connait la lourdeur bornée de l’étatisme de droite en France depuis 1945 ne s’en étonnera guère.
(p. 218-219)
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Là où il se produisit, le retour au pouvoir des communistes ne fut pas le retour au pouvoir du communisme. Les ex-communistes changèrent de nom, comme en Italie du reste, se rebaptisèrent sociaux-démocrates ou s’affublèrent d’autres étiquettes. Mais ces transsexuels politiques n’envisagèrent pas un instant de revenir au régime du parti unique, de la propriété collective et de la dictature culturelle. Ils abandonnèrent ce programme à leurs mentors de l’ultragauche française. Quant aux renégats du stalinisme reculant toujours plus loin les bornes de la perversité, ils se mirent à préférer la lecture de ‘The Economist’ à celle du ‘Monde diplomatique’. Quoique issu de la vieille nomenklatura, le nouveau président polonais élu en 1995, un élégant opportuniste, proclama sans tarder son intention de persévérer dans l’économie de marché et dans les privatisations. Il ne renia jamais la « thérapie de choc » antérieure des néolibéraux, auteurs d’une réforme économique qui n’en déplaise aux nostalgiques occidentaux, fut un brillant succès.
(p. 57)
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Imaginez qu'en 1914, quand les Parisiens angoissés savaient l'armée allemande à quelques kilomètres de la capitale, on leur ait dit : " Rassurez-vous, Joffre va passer chez Elkabbach. " Il vaut mieux " passer " à la suite plutôt qu'à la place de la victoire de la Marne. La communication devient un poison quand elle débouche sur l'illusion que le verbe suffit. (p. 113)
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Quelle puérilité que ce mythe selon lequel il faudrait étatiser le plus possible d'activités pour les soustraire à la logique de l'argent ! L'Etat possède plus de moyen de trafiquer et de tromper que n'importe quelle entreprise. Le Tchernobyl épidémique français l'aura démontré avec un éclat rouge sang. (p. 70)
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Sous la présidentocratie, la France a été de plus en plus étatisée et de moins en moins gouvernée. Gouverner, cela veut dire prendre, en fonction de l'intérêt des citoyens et d'eux seuls, des décisions dont on assume la responsabilité. Etatiser, cela veut dire accroître le plus possible le nombre de places et la quantité d'argent public que le parti au pouvoir distribue à ses membres et à ses amis, tout en les absolvant de leurs malhonnêtetés ou erreurs et des catastrophes qui en résultent. (p. 71)
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Dans le jargon pseudo-constitutionnel fixé par la routine du Régime, on dit que le Premier ministre sert de "fusible" au président. Autrement dit, c'est un élément qui fond quand la température s'élève trop, de manière à protéger le président. Le recours habituel à cette métaphore équivaut à reconnaître que nous ne sommes pas en démocratie. En effet, la démocratie, c'est la responsabilité. Or, parler de fusible, c'est avouer qu'on s'installe dans une duplicité où celui qui décide réellement n'est pas responsable et où celui qui est tenu pour responsable n'est pas celui qui décide. (p.35)
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[L]a méthode [de Heidegger] consiste à énoncer d'abord ce qui est à prouver ; puis à formuler l'idée de cinq ou six manières à peine différentes, en se bornant à juxtaposer les phrases les unes à la suite des autres. Enfin, au début de la dernière phrase du paragraphe, qui répète la première et toutes les autres, il écrit simplement " donc ".
Les heideggeriens sont prêts à faire beaucoup de concessions sur l'être, les étants, etc. Mais il y a une chose, tout de même, disent-ils, qui reste, c'est la méthode, la *technique de pensée* de Heidegger. Or en fait, qu'est-ce que cette méthode ? C'est une tautologie à point de départ arbitraire. [p. 59]

*en italique*
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La philosophie est probablement la seule partie du discours humain où il soit possible de réincorporer indéfiniment les mêmes attitudes anciennes dans des phraséologies nouvelles [… elle-]seule a pour propriété d'admettre la réédition du passé, et pour tâche d'en dissimuler la persistance.
Cette métempsycose des concepts philosophiques pourrait venir de la permanence de leur pouvoir explicatif. Mais si c'était le cas, pourquoi, sous leurs successifs habillages rhétoriques, se donnerait-on la peine de les rendre imperturbablement méconnaissables ? Il ne s'agit en fait ni de conserver les mêmes concepts ni de les remplacer, mais de les faire resservir sans que cela se sache. La métempsycose permet le réemploi des vieux concepts faillis en les faisant passer pour neufs. Loin de prouver la solidité de leur pouvoir explicatif, elle prouve donc plutôt la nature presque exclusivement idéologique de la philosophie. [Préface à l'édition de 1971, p. 3-4]
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Ce sont ces gouvernements mêmes, ennemis et alliés confondus, qui, remplaçant l'action par l'animosité et l'analyse par la passion, se condamnent à l'impuissance et, par effet de contrepoids, nourrissent la superpuissance américaine. (p.300, excipit).
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L'idéologie est une machine à rejeter les faits lorsque ceux-ci risqueraient de la contraindre à se modifier. Elle sert aussi à les inventer quand ces inventions sont nécessaires pour persévérer dans l'erreur. (p.276).
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