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Critiques de Jean-Marc Ligny (277)
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Exodes

Avec son roman d'anticipation intitulé "Exodes", Jean-Marc Ligny nous plonge dans un futur relativement proche de notre ère où le climat brûlant et étouffant amène l'enfer sur la Terre. Dans cet environnement poussiéreux et suffocant, où l'espèce humaine, soumise à rude épreuve, tente un tant soit peu de survivre, l'auteur nous propose de suivre les destins croisés, tragiques et violents de plusieurs protagonistes.



A partir d'un constat environnemental apocalyptique dénué de tout jugement, l'auteur s'attache à décrire les différentes évolutions des comportements humains face à cette situation. Nous retrouvons la notion de cité (dôme) où des privilégiés peuvent vivre sereinement (tant qu'ils sont utiles à la communauté enclavée) à l'abri des caprices du climat. Dehors, aux abords de ces cités, errent des "outers" en attente d'une peu probable autorisation de séjours dans ces havres de paix. Quant aux autres, plus éloignés dans les terres où les pillages et autres méfaits sont légions, ils sont livrés à une violence quotidienne et essaient pour certains (avec plus ou moins de bonheur) de dépasser leurs propres limites pour garder un semblant d'humanité. D'autres abandonnent pour se transformer en bêtes sanguinaires (cannibales, exterminateurs pyromanes,...).



"Exodes" est un roman fluide, bien structuré et sans temps mort. Il enchaîne les évènements avec des descriptions riches et très visuelles, et se conlut par un coup de théâtre qui de prime abord peut être effrayant mais montre à quel point l'être humain peut être imaginatif et sans pitié quand l'avenir de l'espèce est mise en jeu.



En résumé, "Exodes" est, pour ma part, un excellent roman "post-apo" réaliste, cru et agrémenté de quelques légères influences cinématographiques qui sont loin de me déplaire ("Mad Max" et la problématique du carburant / "Matrix" et l'être humain vu par l'agent Smith comme le virus de la planète).
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Semences

J'ai découvert Jean-Marc Ligny dans le cadre d'une rencontre / débat a propos de son roman post apocalyptique Aqua (TM) dont le thème principal était la Guerre de l'Eau du au réchauffement climatique.

Par la suite j'ai suivi sa bibliographie sent lui accordé l'attention quelle mérite.

Dans celui-ci nous allons suivre deux ado survivant membre d'une tribu cavernicole d'Amérique du Nord qui vont, suite a une rencontre avec un homme sorti du désert, entreprendre un voyage vers un « paradis terrestre » aperçu sur un foulard en soie peinte.

C'est noir! très noir. le Monde dépeint par Jean Marc Ligny est horrible et la survie des quelques poches humaines bien hasardeuse.

Au début on y croient, mais très vite la méchanceté humaine refait surface et

le comportement des groupuscules que Nao et Denn vont croisés au cours de leur périple ne donnent aucun espoir a la survie de l'Humanité.

Pourtant c'est un bon roman post-apo, qui dépeint une situation qui nous pend au nez, si l'on n'inverse pas la tendance au réchauffement.

Il me reste a découvrir Exodes pour finir cette trilogie, qui n'en ai pas vraiment une, mise a part qu'ils prédisent la fin de la civilisation Humaine telle que nous la connaissons.
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Exodes

Je suis arrivée sur cette lecture au "hasard" des challenges, un pavé primé, d'un auteur dont le nom commence par un L. Ou comment Babelio permet de faire des découvertes, et en plus ici une belle découverte.

La SF n'est pas franchement le genre de roman vers lequel je vais naturellement.

Je me suis laissée emmener dans un histoire un peu noire, tellement noire que j'ai du suspendre la lecture quelques jours avec des choses plus légères et plus faciles.

Mais toute cette noirceur, est documentée et expliquée, et donc devient parfaitement réaliste.

Mon problème est que ce type de raisonnement heurte un peu trop mon optimisme naturel, et je ne sors pas de cette lecture d'une humeur très joyeuse. Mais ça donne matière à beaucoup de réflexions.
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Exodes

Une pépite. Une véritable pépite. Lu en deux jours, je n'ai pas décroché un seul moment.

Du grand Ligny. Son meilleurs roman à mes yeux !

Exodes est une suite D'Aqua tm. Un roman d'anticipation dans un univers post-apocalyptique violent et très pessimiste qui nous donne à réfléchir sur le réchauffement climatique et ses conséquences.

Nous allons suivre ici plusieurs personnages dans différentes régions du monde. Je ne vais pas écrire sur l'histoire. Le quatrième de couverture résume très bien le tout.

Je vous parlerais surtout de l'ambiance. Du réalisme dont Jean-Marc Ligny a fait preuve en nous dépeignant cette terre ravagé par la main de l'homme ou la vie ne vaut plus rien. C'est juste stupéfiant de réalisme. Ont si croirait et on ressort de ce roman bouleversé.

Un véritable coup de coeur.



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Chroniques des nouveaux mondes, tome 3 : Su..

Avec ce dernier recueil de nouvelles de Jean-Marc Ligny chez ActuSF, l’auteur poursuivait son parcours des Nouveaux Mondes qu’il a mis en place avec quatre récits rapides à lire qui concernaient surtout l’amour et la séparation.



Ce troisième et dernier recueil comporte les nouvelles suivantes (l’année entre parenthèses correspond à la chronologie dans le monde de science-fiction créé par Jean-Marc Ligny) :

- La ballade de Silla (2401)

- Eros (2417)

- Survivants des arches stellaires (2422)

- Aux portes de l’Enfer (2426)

L’auteur nous propose des nouvelles à chute davantage que précédemment, la plus étonnante étant peut-être « Eros » puisqu’on ne s’attend pas une violence aussi gratuite, et la plus fouillée est sûrement celle qui donne son titre au recueil, « Survivants des arches stellaires », car elle permet vraiment de s’immerger dans ces Nouveaux Mondes et de saisir la consistance que l’auteur veut y donner : non seulement ses thématiques propres sont bien présentes (l’amour terre-à-terre alors que les voyages spatiaux sont légion, par exemple), mais en plus l’arrière-plan de son univers est mis à profit pour tisser une intrigue parfaitement calibrée pour une nouvelle, qui en plus finit bien, ce qui renvoie à la part d’optimisme qu’il a voulu conserver en écrivant ces Chroniques.

Ce recueil vaut aussi le détour pour ses nombreux repères historiques et son vaste lexique présents en fin d’ouvrage concernant l’univers développé par l’auteur dans ces Chroniques des Nouveaux Mondes.



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Dix légendes des âges sombres

"Dix légendes des âges sombres" c'est un recueil de Dix nouvelles ayant toutes pour sujet le climat, et ce dans un futur plus ou moins lointain, souvent post-apocalyptique mais toujours pour essayer de nous faire prendre conscience ou simplement faire un constat de là où l'humanité va avec son comportement envers l'environnement, envers la Terre.



Je classerai ce recueil dans la saga climatique de Jean-Marc Ligny (qui comprend "Aqua", "Exodes", "Semences" et "Alliances") dont chaque livre se lit indépendamment des autres, mais qui restent reliés par le besoin de constater l'avenir de la planète par les conséquences climatiques à venir.

Pour le recueil en lui même, j'ai aimé toutes les nouvelles, avec quelques unes par lesquelles j'ai littéralement été passionné, notamment celles qui se nomment "La route du Nord", "2030/2300" et "La Horde" qui m'ont vraiment impressionnées de par leurs personnages, leur richesse.



Chacune des nouvelles est intéressante, on peut se retrouver dans une tempête, en manque d'eau, dans un flux migratoire pour fuir la chaleur épouvantable, ou encore suivre un messi autoproclamé dans une marche sans fin vers les ténèbres. Tout cela fait que même si nous parlons du climat, beaucoup de sujets sont abordés comme l'abandon, la compassion, la résignation, l'amour, et évidemment la survie, entre autres sujets plus variés encore.



Je vous conseille vraiment ce recueil qui donne par des textes courts, diverses prises de consciences sur notre avenir et surtout sur l'avenir de la Terre.
Lien : https://unbouquinsinonrien.f..
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Aqua (TM)

Cela faisait pas mal d'années que j'avais entendu parler de Aqua™ sans jamais avoir franchi le pas de sa lecture. Les critiques sur son dernier livre Semences m'ont données envie de m'y plonger.

C'est aussi le premier roman de Jean Marc Ligny que je lis.



Le roman est bien écrit, de style simple. Les personnages sont dans l'ensemble bien ébauchés, même ceux qui ne vivent pas longtemps.

La mise en place du roman est très bien menée, nous plongeant rapidement dans cet an de 2030 où les catastrophes climatiques font la loi.

L'Afrique, personnage principal, y est dessinée de manière bienveillante, humaine, évitant les clichés. Certains passages nous questionnent sur nos rapport à l'autre, notre condescendance d'européen vis-à-vis du berceau de l'humanité, nos stéréotypes et représentations, notre humanitaire, notre colonialisme économique.

Je trouve que c'est la grande qualité de ce roman de nous donner une image humaine de l'Afrique.



Cependant, rien de bien nouveau dans ce roman, le constat du dérèglement climatique, de la sécheresse, des rapports Nord/Sud, du cynisme, du profit, des inégalités de richesse de couleur de religion, les enclaves pour riches… Tout a déjà été écrit dans d'autres romans SF, parfois mieux car se contentant d'analyser une ou deux thématiques.

Le personnage de Rudy, passant d'horticulteur à combattant aguerri en dix jours est improbable. La traversée en camion et ses dangers toujours évités. le portrait de la Divine Légion, trop caricaturale.

Ce qui m'a le plus dérangé est le côté fantastique, via la sorcellerie africaine et les pouvoirs psychiques d'un autiste. Cela n'amène rien à l'intrigue principale, voir la desserre, nous excluant du réalisme du récit.

Les cent dernières pages sont un salmigondis de religion, sorcellerie, et de clichés éculés.

Le récit aurait gagné à être déroulé sur plusieurs années.



Ces critiques m'amènent à penser que c'est un roman « Young Adult ». Les lecteurs connaissant très peu les romans d'anticipation y trouveront sûrement leur compte. Pour les autres, ils pourront y trouver un moment de détente sympathique, mais pas un roman indispensable.



Une première version de ce livre existe : Aqua 1993 [url=]http://www.babelio.com/livres/Ligny-Aqua-1993/827323/critiques/1008024[/url]
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Aqua (TM)

Si la thématique du réchauffement climatique occupe de plus en plus de place ces dernières années dans le domaine de la SF (et sur le devant de la scène politique en général), cela fait longtemps que la problématique travaille Jean-Marc Ligny, prolifique auteur à qui on doit de nombreux romans sur le sujet. Après avoir beaucoup apprécié « Semences » et « Alliances », les deux derniers ouvrages de l’auteur dédiés au sujet, j’ai décidé de me lancer dans la lecture de l’une de ses précédentes œuvres, « Aqua TM », qui inaugurait en 2007 un nouveau cycle consacré justement à la question écologique et aux conséquences du réchauffement dans des futurs plus ou moins éloignés. Récompensé lors de sa sortie par les prix parmi les plus prestigieux de la sphère imaginaire (Prix Julia Verlanger, Prix Rosny aîné, Prix Bob Morane, Prix Imaginales…), le roman est celui qui se situe dans l’avenir le plus proche puisque nous sommes ici en 2030. En dépit de cette proximité temporelle, on a du mal à reconnaître notre monde dans celui dépeint par Jean-Marc Ligny qui, à l’aide d’une solide documentation scientifique (détaillée dans une bibliographie instructive en fin d’ouvrage), imagine un futur à très court terme glaçant tant en raison de sa plausibilité que de sa noirceur. Gros pavé de neuf-cent pages, le roman s’attache aux pas d’une poignée de personnages qui, chacun, permettent de mettre en lumière un aspect de ce futur pré-apocalyptique. La première, Laurie, est une jeune française vivant à Saint-Malo, ville désormais menacée, en dépit de ses puissants remparts, par la montée des eaux, et qui peine à trouver un sens à sa vie, malgré son travail au sein d’une ONG implantée partout dans le monde pour venir en aide aux personnes touchées par les effets du réchauffement climatique. Le second, Rudy, est justement l’un de ces sinistrés, ravagé par la perte de sa femme et de sa fille suite à un attentat qui aboutit à la destruction d’une bonne partie des Pays-Bas, et désormais en proie à un groupuscule néo-nazi désireux de lui faire la peau. Bien moins sympathique, le troisième protagoniste est le PDG d’une multinationale américaine, vivant à l’abri dans une bulle préservée de tous les effets indésirables du réchauffement de la Terre et bien décidé à s’accaparer, pour son profit, une ressource d’eau récemment découverte au Burkina Faso, l’un des pays les plus pauvres du monde. Quatrième et cinquième personnage clé : la présidente de ce petit état africain et son fils, tous deux déterminés à exploiter cette source pour en faire bénéficier la population du pays qui meurt littéralement de soif depuis des années.



L’intrigue est dense, et la mise en place prend du temps, si bien qu’il se passe quelques centaines de pages avant que les différents fils des mini-intrigues propres à chaque personnage se rejoignent et forment une trame cohérente. Bien que longue, l’exposition des spécificités des parcours des différents protagoniste, mais aussi du contexte planétaire mis en scène ici se révèle absolument nécessaire et permet au lecteur de mieux se familiariser avec ce décor dont on traque avec sidération toutes les anomalies tout en cernant progressivement tous les enjeux liés à l’exploitation de cette nappe phréatique burkinabé. Difficile de ne pas éprouver une sorte de fascination morbide pour le futur tel qu’imaginé ici par Jean-Marc Ligny, futur d’autant plus inquiétant qu’il paraît, aujourd’hui encore, tout à fait crédible (quoi que peut-être pas à aussi court terme, maigre consolation...). Désormais plus personne sur Terre ne peut prétendre remettre en question le réchauffement climatique et ses effets : l’heure est plutôt à la préservation d’espaces préservés pour ceux qui le peuvent encore, et au bidouillage ou à l’exode pour le reste de la population. L’Europe occupe finalement une place assez marginale dans le roman, les seules visions que l’auteur nous en propose consistant en cette ville de Saint-Malo peu à peu engloutie par les flots, en ces Pays-Bas détruits par un tsunami et en cette Allemagne en proie à la peur en raison de l’affluence de réfugiés climatiques, ce qui incite la population à se questionner sur la pertinence de la création d’enclaves privées réservées à une élite, tout en renforçant les contingents de groupuscules d’extrême-droite de plus en plus actifs sur le terrain. Du côté des États-Unis, rien ne va plus non plus ! Fragilisé par une guerre calamiteuse menée contre le Mexique suite à la volonté de celui-ci de sortir des accords de libre-échange, le pays est en proie à la sécession de plusieurs de ses états du Sud tandis que la récession fait des ravages, incitant l’ex-géant mondial à adopter une politique isolationniste. Tout cela n’est déjà pas bien réjouissant, mais n’est rien comparé au sort réservé ici à l’Afrique en général, et au Burkina en particulier. En première ligne face aux effets du réchauffement, le continent africain se meurt, certaines zones devenant totalement impropres à la vie humaine tandis que des pays comme le Burkina subissent de plein fouet les effets d’une sécheresse sans fin, à laquelle il faut ajouter la famine et les épidémies.



Certaines scènes sont à la limite du soutenables mais mettent en lumière la gravité d’une situation dont nous avons d’ores et déjà les prémices sous les yeux. Il n’empêche que l’ambiance est lourde, oppressante, et qu’on peine dans un premier temps à sortir de l’espèce de torpeur dans laquelle cette vision futuriste pessimiste, mais hélas lucide, du monde nous plonge. Heureusement, le roman ne se limite pas à cela et est également porteur d’espoir à travers le combat de ce petit pays pour préserver la dernière ressource en eau qu’il lui reste de l’appétit de ce PDG américain. Une bonne partie de l’ouvrage est construite comme un véritable thriller, au point qu’il devient difficile de le lâcher. On s’identifie évidemment aisément à ces Burkinabés dont on découvre les conditions de vie extrêmement difficiles en même temps qu’un certain nombre de traditions qui apportent une fraîcheur bienvenue et permettent d’introduire quelques éléments de fantastique qui vont être amenés à prendre de plus en plus d’importance au fur et à mesure de l’avancée de l’intrigue. L’arc narratif consacré à Laurie et Rudy adopte quant à lui la forme d’un long road-trip semé d’embûches qui nous permet d’arpenter ce continent africain ravagé dans lequel, pourtant, la vie n’a pas dit son dernier mot. La construction générale du roman participe aussi à entretenir l’intérêt du lecteur, chaque chapitre étant composé de nombreux allers et venus entre les différents protagonistes et leur zone d’intervention, ce qui permet à chaque pan de l’intrigue d’évoluer en parallèle et de façon équilibrée tout au long du roman. Le passage d’un point de vue à l’autre est également rythmé par des extraits divers, articles, rapports officiels ou officieux, publicités… le tout servant à poser un peu plus le décor et à mettre en lumière certains aspects de l’univers peu ou pas évoqués dans la narration elle-même. On découvre par ce biais les transformations radicales de certaines parties du monde sous l’effet du réchauffement climatique (arrivée du paludisme en France, créations d’enclaves réservées à l’élite, migrations…) mais aussi l’émergence d’un certain nombre de palliatifs à l’angoisse provoquée par la menace inhérente au réchauffement climatique (immersions dans des réalités virtuelles de plus en plus performantes, explosion des ventes de produits psychotropes sophistiqués, émergence de la Divine Légion, un groupuscule suprémaciste blanc, mélange du KKK, des témoins de Jéhovah et de néo-nazis)…



Pour coller à cet univers sombre et complexe, il fallait évidement des personnages à la hauteur, et, là-encore, l’auteur ne déçoit pas. Laurie et Rudy forment un binôme attachant et complémentaire qu’on suit avec plaisir tout au long de leur périple dans le désert. Chacun porte en lui les fantômes de ceux ou celles qu’ils/elles ont perdu, et il est intéressant de voir leur deux visions très différentes d’appréhender les choses se confronter et évoluer. La présidente du Burkina Faso, et toutes celles et ceux qui gravitent dans son entourage, sont également très réussis et suscitent immédiatement la sympathie, l’auteur imaginant un pays certes ravagé par le manque d’eau mais tentant tant bien que mal de mériter son nom de « pays des hommes intègres ». Les Américains suscitent évidemment moins d’empathie, à commencer par Fuller, le PDG prêt à tout pour exploiter cette nappe phréatique providentielle et qui cumule, de façon un peu caricaturale, tous les défauts inhérents dans notre esprit à l’occupation d’une position dominante (cynisme, voracité, luxure, absence de scrupules…). Les personnages de son entourage sont modelés selon le même moule, et on peut regretter ce léger manque de nuance, quand bien même il faut admettre que cela fonctionne plutôt bien d’un point de vue narratif. Parmi les autres bémols que j’aurais à formuler figure l’omniprésence de scènes de sexe, d’abord dérangeantes dans la première partie car donnant dans la surenchère et dépeignant majoritairement des rapports non consentis, ensuite lassantes par leur redondance (quand bien même la violence en a été gommée), l’histoire d’amour dépeinte ne nécessitant certainement pas d’occuper une place aussi importante dans la dernière partie du récit. C’est cette dernière partie qui se révèle d’ailleurs la plus faible du livre, bien qu’elle se montre malgré tout satisfaisante dans le sens où toutes les pièces du puzzle s’emboîtent enfin et où l’auteur ne laisse en suspend le sort d’aucun personnage, même parmi les très secondaires. Les choix de certains protagonistes ou ce que leur réserve l’avenir laissent toutefois parfois dubitatif, ce qui ne remet cela dit pas en cause l’implication et le plaisir que le lecteur a pu ressentir tout au long de sa lecture.



Avec « Aqua TM », Jean-Marc Ligny signe un roman d’anticipation remarquable aussi bien par sa densité, la qualité de son décor et surtout celle de son intrigue qui nous tient en haleine du début à la fin. Cette plongée dans ce futur proche d’autant plus désespérant qu’il nous pend au nez n’est certes pas des plus apaisante, mais on se prend vite au jeu de cette lutte pleine de rebondissement entre un Goliath américain détestable et un David africain pour lequel on prend immédiatement fait et cause. Si vous cherchez un bon thriller d’anticipation mâtiné de fantastique et porté par des protagonistes bien campés, vous devriez adorer le voyage.
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Semences

Cela fait longtemps que les auteurs de science-fiction se sont emparés de la question climatique et ont cherché à imaginer ce que pourrait bien devenir notre Terre d’ici vingt, cinquante ou cent ans. Le futur anxiogène présenté dans la plupart de ces romans, et qui pouvait sembler démesurément pessimiste il y a quelques années, nous parait malheureusement de plus en plus réaliste au fur et à mesure que les effets de la catastrophe s’amplifient, sans que rien d’efficace ne soit entreprit pour mettre fin à ses causes. Prolifique auteur d’imaginaire, Jean-Marc Ligny s’est lui aussi confronté à ce sujet à travers plusieurs romans qui devaient composer une trilogie (« Aqua » ; « Exodes » ; « Semences ») mais qui a depuis été enrichie d’un nouveau volume (« Alliances »). Chaque opus est indépendant et peut donc être lu séparément, mais tous ont pour point commun de mettre en scène le même univers, à savoir notre Terre à différentes phases du réchauffement climatique. Dans « Semences », ce que les survivants ont rebaptisé « les âges sombres » n’est désormais plus qu’un lointain souvenir, et aucun des membres de cette génération n’a connu le monde avant son effondrement progressif. On découvre avec effarement une planète qu’on peine à reconnaître puisque tout commence par une épidémie de paludisme… au Groenland ! Les espaces pouvant encore abriter de la vie humaine se réduisent comme peau de chagrin, et même le nord n’est plus épargné par la sécheresse. Plus au sud, les communautés survivantes se comptent sur les doigts de la main tant les températures se montrent peu clémentes. Den et Nao vivent dans l’une de ces dernières tribus, totalement isolée du reste du monde et en train de péricliter, faute de renouvellement génétique. Les conditions de vie sont extrêmement rudes, les habitants ayant trouvé abri dans des grottes dont ils ne peuvent sortir qu’à la nuit tombée, sous peine de mourir carbonisés. Dans le désert qui s’étend à perte de vue, scorpions, serpents et autres créatures dangereuses rodent et causent fréquemment la mort des humains qui croisent leur route. Tout change lorsque les deux jeunes gens découvrent par hasard, perdu dans ce désert, un homme mourant qui leur fait comprendre qu’il vient d’une terre plus loin au nord, prête à les accueillir et bien plus propice à la vie. Avec l’accord de leur communauté, Den et Nao vont alors entreprendre un long voyage à la recherche de cet eden qui constitue leur seul espoir de sauver leur tribu.



Jean-Marc Ligny s’est de toute évidence donné du mal pour proposer une vision de la Terre du futur la plus plausible possible compte tenu des informations réunies à l’heure actuelle par les scientifiques concernant l’évolution du réchauffement climatique. Le résultat fait, évidemment, froid dans le dos, non pas à cause d’une quelconque volonté de l’auteur de faire dans le sensationnaliste, mais justement parce qu’il n’a pas besoin d’insister pour souligner la gravité de la situation. Les humains se sont regroupés dans des communautés très isolées les unes des autres (à l’exception d’une poignée de tribus nomades) dont le quotidien n’a plus rien à voir avec le notre. Chercher à manger, ne pas se blesser ou tomber malade, procréer : voilà qu’elles sont les trois grandes priorités qui animent toutes les communautés, qu’elles se soient implantés ou nord ou au sud. Nos appareils technologiques ne sont plus que des vestiges que certains ont appris plus ou moins seuls à utiliser tandis que d’autres les rejettent avec peur et dégoût, conscients que ces objets appartiennent aux « âges sombres » qui ont causé la perte de l’humanité. Les stratégies développées par les personnages pour atténuer l’hostilité de l’environnement dans lequel ils évoluent sont très variées et permettent bien souvent d’accroître la tension dramatique du récit (vont-ils réussir à trouver un abris avant le levé du soleil ? parviendront-ils à échapper à tel prédateur…). L’auteur prend d’ailleurs beaucoup de temps pour décrire en détail cet environnement, qu’il s’agisse du relief ou des plantes qui y poussent, sans oublier les animaux. Ceux-ci occupent en effet une place centrale dans l’intrigue, qu’ils soient menaçants à l’image de la faune du désert de Den et Nao (certaines scènes faisant intervenir scorpions et serpents sont assez impressionnantes), amicaux comme ceux de la cabane d’Ophélie (arachnophobes et ophidiophobiques, fuyez !) ou difficile à cerner comme les fourmites de Nao (un croisement génétique réalisé avant l’effondrement entre des fourmis et des termites) qui sont capables de communiquer avec l’homme et de passer des pactes de non-agression, et même d’entre-aide, avec lui.



L’intrigue est pour sa part bien construite et nous entraîne à différents endroits de cette Terre désormais hostile mais pour autant loin d’avoir été désertée par l’humanité. Den et Nao feront ainsi de nombreuses rencontres au cours de leur périple, certaines positives, d’autres qu’ils vont amèrement regretter. Malgré toutes ses qualités le roman perd un peu de souffle sur la fin, mais ce décrochage de ma part s’explique peut-être (sûrement) par le fait que j’ai commencé ma découverte de la série de l’auteur par « Alliances » qui est le dernier ouvrage de l’auteur. Chronologiquement parlant, j’ai donc commencé par la fin ! Or, s’il est vrai que les deux ouvrages peuvent parfaitement être lus individuellement, je vous conseille de ne pas faire comme moi et de commencer par « Semences » dans la mesure où la fin du périple de Den et Nao tel que narré dans ce roman-ci est repris dans « Alliances » dont il constitue le deuxième tiers. Cela gâche donc inévitablement la surprise, et on ne peut, dans ces circonstances, qu’être frustré par cette semi-conclusion, puisqu’on sait déjà où les personnages vont se rendre ensuite et ce qu’ils vont faire. De même, un certain nombre de concepts ou de personnages évoqués brièvement ici verront leur personnalité et leur parcours se complexifier dans « Alliances », à l’image d’Ophélie (dont l’apparition ici est relativement brève) et surtout des fourmites, dont les capacités et les objectifs ne sont ici qu’esquissés. Ce télescopage entre les deux volumes, qui donne parfois un désagréable sentiment de répétition, n’est toutefois en rien rédhibitoire et ne suffit pas à lui seul à gâcher le plaisir de lecture. Le seul autre bémol que j’aurais à formuler concerne les nombreuses scènes de sexe entre Den et Nao qui finissent par lasser car (là aussi) trop répétitives.



Avec « Semences », Jean-Marc Ligny dresse un portrait glaçant de ce qu’est en bonne voie de devenir notre planète d’ici plusieurs décennies. A travers le parcours de deux jeunes individus lancés dans une quête désespérée vers un eden fantasmé, l’auteur nous parle avec sensibilité d’espoir, d’amour, et surtout des rapports ambivalents entretenus entre l’homme et son environnement, qui échappe ici complètement à son contrôle. Un roman post-apo bien pensé, qui a su trouvé le bon équilibre entre action et réflexion.
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Aqua (TM)

Les éléments se déchaînent beaucoup dans ce vaste roman. Normal puisqu’on est en 2030 et que le réchauffement climatique poursuit ses ravages, aggravé par la folie des hommes de pouvoir, jamais rassasiés. Tornades, tsunamis, inondations, sécheresse extrême sont au programme.

Deux personnages se détachent plus particulièrement, Laurie, jeune femme trentenaire qui travaille occasionnellement pour une organisation humanitaire douteuse et Rudy, un homme d’âge moyen qui a perdu sa femme et sa fille dans une inondation catastrophique des Pays-Bas. Ils se rencontreront pour convoyer ensemble une cargaison de matériel de forage jusqu’au Burkina Faso, où une nappe phréatique géante a été détectée.

Le récit est haletant d’un bout à l’autre de ce roman d’anticipation, qui brasse très large. Et c’est ce qui permet de le lire aisément, sans trop se soucier de vraisemblance.

Mais au final je n’ai pas été vraiment convaincu par cet assemblage qui mêle conglomérats financiers, néo-nazis, sectes chrétiennes apocalyptiques, sorcellerie, animisme… Les hésitations de ton entre passages très violents et, parfois, la naïveté assez confondante de certains personnages m’ont dérouté. J’admets qu’on ne peut, sur cette longueur, dresser un tableau entièrement désespéré de l’état du monde et que quelques personnages au moins doivent porter des valeurs plus positives mais ici le mélange m’a semblé trop peu cohérent.

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La Mort peut danser

Dead Can Dance, c'est le groupe que j'écoute toujours en octobre et en novembre de chaque année. Pourquoi ? Et bien parce que leurs sonorités me font penser à Halloween et à cette période de l'année si propice au mysticisme. Dead Can Dance se caractérise par une musique d'un autre temps presque d'outre tombe, les sonorités médiévales se marient à merveille à la voix envoûtante de Lisa Gerrard (chanteuse du titre Now We Are Free rendu célèbre grâce au film Gladiator).

Jean Marc Ligny a su très bien retranscrire l'aura irréelle et mystique qui se dégage de leurs albums. Celui intitulé The serpent's egg est certainement celui que j'ai le plus écouté. (Aaah le morceau The Host of Seraphim me donne des frissons à chaque fois !). L'auteur d'ailleurs, ne se contente pas de rendre un brillant hommage au groupe à travers son roman, il propose même sa propre interprétation de l'origine mystérieuse de cet album.



Ce livre nous transporte à travers deux époques différentes. Nous suivons la jeune Forgaill au XIIème durant son apprentissage en tant que banfile, ou prophétesse. Elle a pour maître le druide Corann, qui va lui enseigner les rituels et les croyances ancestrales. Une belle complicité unit ces deux personnages. Si j'étais persuadée d'adorer les passages nous contant cette Irlande légendaire, j'étais en revanche plus sceptique sur l'autre aspect du roman. Finalement, j'ai beaucoup apprécié suivre les dérives artistiques de ce groupe de rock à la fin des années 80. Groupe qui se veut être, bien sûr, le pendant direct de Dead Can Dance, puisque les leaders ressemblent à s'y méprendre à Lisa et à Brendan, qui sont les voix du groupe originel.



Tout le long du texte, Jean Marc Ligny nous plonge dans cette Irlande mystérieuse et nous fait découvrir ses légendes les plus célèbres. le XIIème -l'époque de Forgaill- s'égrène au rythme des sabbats et des célébrations païennes. Mais ce côté poétique et romanesque est troublé par les guerres. L'Irlande est à feu et à sang. Si les vikings ont mené des raids contre les monastères pour piller leurs richesses, les Anglais, à cette époque désignés sous le terme d'Anglo-Normands, eux, saccagent les villages et les fermes, font fi des anciennes traditions au nom du Dieu unique et tyrannisent la population. Que représente donc une frêle jeune femme avec son tympanon face à des hordes de guerriers sanguinaires et face à un peuple qui renie ses origines ? Mais Forgaill la prophétesse, n'a pas dit son dernier mot. Si la destinée lui a insufflé un pouvoir si spécial, c'est parce qu'elle représente l'espoir, sûrement le tout dernier espoir d'une contrée sur le point de sombrer dans les ténèbres profondes.



Au XXème, c'est une toute autre préoccupation qui bouleverse les deux musiciens. Peinant à rencontrer le succès en Australie, c'est sur une intuition d'Alyz qu'ils partent s'installer en Irlande. Commence alors pour la chanteuse une période sombre et étrange où elle va vivre des expériences inexplicables. Ce manoir plongé au coeur de la nature sauvage devient le théâtre de phénomènes surnaturels qui surprennent, intriguent et inquiètent l'entourage de la jeune femme. L'atmosphère devient mélancolique, lugubre et teinte ce roman d'un romantisme sombre qui rappelle la littérature gothique.



Finalement et contre toute attente, les deux parties du roman, que ce soit le destin de Forgaill ou les contrariétés du groupe La mort peut danser, m'ont toutes deux intéressée à part égale. Les moments s'alternent et se complètent vraiment bien. C'est sans surprise que les légendes celtiques irlandaises m'ont envoûtée et fait voyager. J'ai vraiment bien aimé cette intrusion dans le monde de la musique, auquel je m'intéresse de loin. Les deux héros -Bran et Alyz- ne tombent pas dans les clichés habituels des artistes drogués et capricieux. Ils sont rendus attachants par l'affection qui les lie l'un à l'autre, mais aussi par leur intérêt pour les instruments du Moyen-Âge et leur musique d'un genre nouveau.



C'est donc une très belle découverte, à la fois de l'auteur -dont j'ai adoré la plume- et du roman. Jean-Marc Ligny met en lumière deux époques complètement opposées et arrive à les harmoniser de la meilleure manière qui soit. Il sait nous intéresser, nous divertir, en proposant des chronologies totalement chamboulées. Il nous raconte la vie de Forgaill dans le désordre, ce qui est légèrement déstabilisant au début mais qui au fur et à mesure prend tout son sens. J'émets un tout petit bémol sur la toute fin (Ivy) j'ai trouvé ça assez malvenu, mais c'est bien le seul reproche que j'aurais à faire.



Je suis surprise par le peu de critiques et de lecteurs que compte ce livre. Pourtant, il mérite largement d'être connu !
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Divergences 001

Avec « Divergences 001 », Alain Grousset nous offre la toute première anthologie française consacrée à l'uchronie, terme rarement utilisé désignant un récit dans lequel l'auteur façonne une autre Histoire que celle que nous connaissons en en modifiant un événement capital. Que serait donc devenu le monde si Cléopâtre n'était pas morte en 31 avant JC mais avait triomphé d'Octave-Auguste ? Si Napoléon n'avait pas connu l'exil et était parvenu à conquérir le monde ? Si la première guerre mondiale ne s'était pas achevée en 1918 ? Neuf auteurs se sont essayés à cet exercice périlleux mais au combien fascinant : huit français jouissant d'une certaine renommée dans le monde des littératures de l'imaginaire tels Michel Pagel, Xavier Mauméjean ou encore Laurent Genefort, et un anglo-saxon, Paul J. McAuley, dont le récit est le seul à ne pas être inédit. Chaque nouvelle opte évidemment pour un point de divergence et une époque différents, de la Préhistoire au XXe siècle, le tout classé par ordre chronologique et se révélant bien éloigné de l'étiquette « roman jeunesse » attribué à l'ouvrage et qui me semble très incongrue.



Comme dans toute anthologie, certains textes se révèlent plus marquants que d'autres. Johan Héliot réussit ainsi parfaitement son coup avec « Pax Bonapartia », nouvelle mettant en scène deux soldats américains au service d'un Napoléon devenu tyran à l'échelle du monde. Les deux textes consacrés à la seconde guerre mondiale sont également intéressants, qu'il s'agisse de « Reich Zone » dans lequel Xavier Mauméjean met en scène l'industrie du cinéma américain sous la dictature nazie, ou de « De la part de Staline » dans lequel feu Roland C. Wagner relate l'inconsciente expédition de trois adolescents dans un monde où la France, et non l'Allemagne, se retrouve coupée en deux. Enfin, Jean-Marc Ligny signe avec « Exode » une nouvelle originale située à l'époque de la Préhistoire et consacrée à la rencontre des homo sapiens et des néandertaliens. L'ouvrage propose également, outre une excellente préface d'Alain Grousset, une postface signée Eric Henriet, le plus grand spécialiste de l'uchronie en France, qui nous propose de revenir sur l'histoire de ce genre littéraire qui séduit aujourd'hui de plus en plus d'auteurs et de lecteurs.



Une bonne anthologie qui a le mérite de mettre en lumière ce courant littéraire passionnant qu'est l'uchronie et de présenter des textes inédits d'auteurs chevronnés. A noter qu'à « Divergences 001 » devrait normalement suivre un « Divergences 002 » consacrée cette fois non plus à des uchronies basées sur des événements historiques mais plutôt sur des sujets tels que l'absence de technologie, l'arrivée d'une catastrophe naturelle...
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Les oiseaux de lumière

Ça s'appelle "Les Oiseaux de lumière" mais le titre aurait tout aussi bien pu être "Star Wars" tant les oiseaux en question ne sont que prétexte à déambulations galaxiques. En revanche, l'aventurier ronchon et macho est bien là ainsi que la princesse libérée mais pas trop, la faune délirante et l'humour potache. Et aussi le vieux sage. Et même Luke le bellâtre qui s'immisce entre Leïla et Han Solo, sauf qu'ici le bellâtre est unejeune femme (encore que) particulièrement bien roulée.

Et donc notre joyeux trio, harcelé par de savoureux et incompétents méchants, poursuit sa quête aviaire dont il oublie souvent la finalité, tout troublé qu'il est par le champ des possibilités érotiques qui s'offre à lui.

Le tout est joliment troussé et assez savoureux, l'auteur n'hésitant pas à user et abuser de l'almanach Vermot (Ah! La foire du Drone !) tout en déployant une imagination fertile: ainsi ce pauvre Ay-Tek mort d'oscillation temporelle pour avoir régressé "à l'âge de - 13 semaines, au stade d'un fœtus non viable "...

Mais ce Peace and Love en apesanteur ne m'a pas totalement convaincue.

Ligny finit par justifier son titre et colle ses fichus volatiles au coeur d'un paradoxe temporel qu'on voit venir de loin tellement il manque d'originalité.

Frieda la wonder-woman a tout de la godiche, cliché ambulant pour harlequinades.

Et puis bon. Qu'y a-t-il de plus casse-gueule à écrire qu'une scène de cul? Alors quand la vulve "s'ouvre comme une corolle " et que l'héroïne "empoigne le pénis turgescent" du héros, je dégringole du cosmique au comique et j'ai un peu de mal à reprendre le fil de l'histoire.

Dommage parce faire l'amour avec toutes les espèces intergalactiques, pas la guerre, ça m'allait bien comme slogan.

Merci à Babelio, Masse critique et Actusf.
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Exodes

Un couple de pêcheurs des Lofoten décide de gagner en bateau le sud, afin de fuir les heurts provoqués par l'afflux des migrants climatiques dans ces îles Norvégiennes. Mercedes, la bigote de Séville, accepte de suivre son prêtre à Rome, en réalité un escroc-gourou, qui n'a besoin d'elle qu'en tant qu'esclave sexuelle sur la longue route vers l'enclave de Davos. Paula Rossi, une Italienne et ses deux garçons sont en quête d'un médecin pour soigner le petit dernier ; à Milan ou alors plus loin, à Davos. Fernando a fui les griffes de sa mère pour se jeter dans celles des Boutefeux, un groupe de pyromanes toxicomanes, dont le chef entend bien couronner son œuvre en calcinant l'enclave de Davos. Le professeur Pradeesh travaille non sans succès sur un traitement génétique en vue d'accroître la longévité humaine, bien à l'abri sous le dôme qui protège la paisible ville de Davos des agressions extérieures ; qu'elles soient climatiques ou humaines d'ailleurs...

Après nous avoir dépeint dans Aqua™ un futur proche en proie aux premières pénuries d'eau, Jean-Marc Ligny nous projette plus loin encore, dans un avenir post-apocalyptique où les dérèglements climatiques, qui surchauffent (au propre comme au figuré d'ailleurs) notre planète, ont provoqué des conflits mondiaux qui ont dépeuplé la Terre. Les survivants luttent pour leur survie quotidienne ou s'embrigadent dans des groupes mafieux, pyromanes, cannibales... Tandis que de rares privilégiés préparent déjà, à l'abri sous de grands dômes protecteurs aseptisés tels de grandes prisons dorées, leur fuite de cette planète devenue invivable.

L’histoire s'articule autour du récit entremêlé de protagonistes disparates, en Europe, qui vivent quotidiennement leur expérience du chaos et dont le point de convergence est l'enclave de Davos, dans les Alpes suisses. Ce procédé permet à l'auteur de dresser une situation assez complète de sa vision d'anticipation tout en laissant suffisamment de flou sur les mécanismes qui y aboutissent.

Bien sûr, cette vision est pour le moins très pessimiste pour les masses qui sont exclues de la civilisation des enclaves — bien que sous surveillance et parquée sous ces dômes de verre — et on ne retrouve pas dans les différents récits cet humour qui m'avait tant plu dans Aqua™. Il m'est également arrivé de me demander quelle était la finalité de ces récits ? Où l'auteur voulait en venir en utilisant des personnages qu'il nous attache et qu'il fait disparaître subitement ? Je crois finalement qu'il tente de démontrer la grande précarité de nos existences et le côté impitoyable d'un futur tel qu'il le décrit.

Reste que les histoires n'en demeurent pas moins intéressantes, bien construites et qu'au global, Exodes est une excellente lecture. À éviter tout de même en période de déprime ou de questionnements sur son avenir.
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10 façons de bouleverser le monde

Comme c'est difficile d'écrire de bonnes nouvelles. C'est tout un art, il faut accrocher le lecteur dès les premières lignes, ne pas lambiner pour tout accélérer 2 pages plus loin, trouver une chute digne de ce nom, ne pas en dire trop ni trop peu, bref, une épreuve redoutable.



10 auteurs français s'y sont collés pour ce recueil de SF destiné à la jeunesse. Le principe de s'interroger sur l'Histoire et d'étudier les conséquences d'un acte qui a enclenché un bouleversement tel que l'Histoire est revisitée. De l'uchronie donc.



Chacun des 10 auteurs a choisi sa période de prédilection, cela va de la préhistoire à l'an 2000 en passant par la seconde guerre mondiale, la mort de Cléopâtre ou la montée en puissance de Napoléon. Pour être très honnête, toutes ces nouvelles ne m'ont pas enthousiasmée. Il m'a semblé que certaines étaient fort mal amenées, bancales ou un brin ennuyeuses. Si je m'étais arrêtée à la première, Après le déluge de Pierre Pelot, j'aurai probablement refermé le livre. Un début poussif sur un thème qui ne me passionne pas. La seconde de Jean-Marc Ligny, Exode, m'a transportée à la préhistoire, mais sans que j'y trouve mon compte non plus. Fabrice Colin a choisi Cléopâtre - le serpent qui changea le monde - et une réflexion très intéressante sur le futur des races blanches et noires. Une belle plume qui plus est, je comprends mieux pourquoi l'écrivain est si populaire.



Michel Pagel, dont je n'ai jamais lu les oeuvres, excepté certaines de ses traductions, signe à la pointe du fleuret "le petit coup d'épée de Maurevert" qui nous emmène au XVIIème siècle. Nouvelle fort sympathique où le jeune Pierre Corneille trouve l'inspiration pour ses premières pièces ! J'ai également bien aimé la Pax Bonapartia de Johan Heliot et le récit tient vraiment en haleine. C'est sans doute l'une des nouvelles où le bouleversement de l'Histoire est le plus spectaculaire.



L'affaire Marie Curie de Laurent Genefort m'a vraiment beaucoup plu. L'intrigue est palpitante et le message très fort.Quelle bonne idée d'avoir ressuscité les brigades du Tigre !



Reich zone de Xavier Mauméjean, un autre auteur que je n'ai pas encore lu, explore avec beaucoup d'inventivité - et d'humour - une autre facette de la seconde guerre mondiale.



Avec De la part de Staline, on retombe dans la nouvelle clairement destinée à un jeune public, pas très palpitante à mon goût. Elle est signée Roland c Wagner. Chris Debien m'a fait le même effet avec L'homme qui allait sauver le monde, qui traite du fameux bug de l'an 2000. Pas indispensable selon moi.



Mon gros coup de coeur, je le réserve à l'avant-dernière nouvelle. La mémoire en négatif d'Alain Grousset m'a émue; Mais comment ne pas l'être par la tragédie de Tchernobyl...



Du coup, j'ai repéré plusieurs titres de cet auteur que je compte lire bientôt. Enfin, une dernière remarque s'impose : si, comme dans tout recueil de nouvelles, on peut trouver des histoires d'inégale qualité, ce n'est pas ce critère qui peut se révéler gênant. Pour moi, et puisque cela s'adresse au secteur jeunesse (je pense déjà en terme de bibliothèque), cette lecture demande tout de même des connaissances en Histoire. Je ne vois pas comment apprécier toute l'ironie des nouvelles sans cela.



Merci à Babelio pour ce Masse critique !


Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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Aqua (TM)

2030. Les désor­dres cli­ma­ti­ques ont entraîné l’assè­che­ment de cer­tai­nes régions du globe où les popu­la­tions meu­rent de soif, au sens pro­pre du terme. Aussi, lors­que des ima­ges pira­tées en pro­ve­nance d’un satel­lite de pros­pec­tion révè­lent à Fati­mata Konaté qu’une nappe d’eau gigan­tes­que se cache à quel­ques cen­tai­nes de mètres dans le sous-sol de son pays ravagé par la séche­resse, la pré­si­dente du Bur­kina-Faso reprend espoir en la sur­vie de son peu­ple.

En Europe, à Stras­bourg, Cathe­rine la malouine et Rudy le hol­lan­dais s’apprê­tent à tra­ver­ser en camion la France, le Magh­reb et le Sahara pour con­voyer le maté­riel de forage qu’une grande ONG a pro­mise aux bur­ki­na­bés.

De son côté, Ful­ler, un mul­ti­mil­liar­daire amé­ri­cain pro­prié­taire du satel­lite piraté, reven­di­que au nom de sa mul­ti­na­tio­nale la pro­priété exclu­sive de cette nappe. Res­source qu’il entend bien exploi­ter jusqu’à la der­nière goutte pour appro­vi­sion­ner en eau le mar­ché amé­ri­cain, quitte à faire appel aux ser­vi­ces de la CIA pour faire plier cette pré­si­dente afri­caine opi­niâ­tre qui ose se dres­ser con­tre ses inté­rêts.



Voici donc planté le décor idéal pour une véri­ta­ble gué­rilla poli­ti­que et éco­no­mi­que oppo­sant un petit état du Sud et l’incar­na­tion du capi­ta­lisme ultra libé­ral occi­den­tal. Con­flit dont l’enjeu n’est rien de moins que de l’eau et, par exten­sion, la sur­vie de tout un peu­ple ignoré.



Il s'agit pour moi d'un roman d’anti­ci­pa­tion assez solide, dont les rebon­dis­se­ments et le sus­pense m'ont tenu en haleine tout au long des quel­ques cinq cent pages. L’auteur dépeint ce à quoi notre pla­nète et notre société pour­raient res­sem­bler d’ici un quart de siè­cle (autant dire demain) ; il sug­gère une vision cer­tes crue et pes­si­miste, mais que j'imagine per­ti­nente. Pour cela il fait appel aux thè­mes “fami­liers” du genre : dérè­gle­ments cli­ma­ti­ques vio­lents, nou­velle orga­ni­sa­tion de la scène inter­na­tio­nale, USA étouf­fant sous le poids de leurs vieux démons, mon­tée des extré­mis­mes reli­gieux, crise éner­gé­ti­que… Il décrit éga­le­ment les con­sé­quen­ces d’un cli­vage social déme­suré, aussi bien à l’échelle glo­bale qu’à celui d’une ville, dans lequel les clas­ses aisées se replient sur elles-mêmes, dans leurs bul­les ou au sein de leurs réseaux, aveu­gles aux populations les plus déconsidérées dont l’exclu­sion atteint un paroxysme.

Cepen­dant, au milieu de ce caphar­naüm, l’auteur campe des héros ordi­nai­res qui tentent de combattre ce cynisme mondialisé et qui redon­nent espoir dans la capa­cité de l’Homme à se réveiller, par­fois, et à se ser­rer les cou­des mal­gré les obs­ta­cles, pour réa­li­ser de grands actes de soli­da­rité sans chi­chis et sans gloire. Des héros que j'ai trouvé atta­chants ; en par­ti­cu­lier Fati­mata Konaté, la pré­si­dente bur­ki­na­bée joviale et intel­li­gente.

Je regrette tou­te­fois cer­tains dénoue­ments ou rebon­dis­se­ments un peu faci­les… Mais ce bémol est vrai­ment mineur en regard de la qualité générale du récit.
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Dix légendes des âges sombres

Cela fait plusieurs années que Jean-Marc Ligny a décidé de focaliser l’essentiel de ses scénarios de science-fiction sur le réchauffement climatique et ses conséquences pour notre planète et ses habitants à plus ou moins court terme. Dernièrement, l’auteur a notamment publié une série de romans « climatiques » abordant tour à tour la question de la pénurie à venir en eau dans certaines régions du monde (« Aqua TM »), celle de la quasi disparition de l’humanité à long terme en raison de la raréfaction des ressources et du réchauffement du climat (« Semences ») ou encore celle de l’espoir d’une amélioration des conditions de vie humaine grâce à la coopération avec une espèce de fourmis intelligentes (« Alliances »). On lui doit également un grand nombre de nouvelles sur le sujet, précédemment publiées dans diverses revues ou anthologies et dont dix d’entre elles viennent d’être réunies par les éditions l’Atalante dans un recueil qui propose également un texte inédit. Le cadre est le même que celui des ses précédents ouvrages, à savoir une Terre où les humains subissent de plein fouet les effets du réchauffement climatique : exodes massifs de population, canicules sans fin, pluies diluviennes et orages monstrueux, pénurie d’eau, apparitions d’espèces endémiques nocives et en passe de venir définitivement à bout de la biodiversité… Difficile à la lecture de ces nouvelles de ne pas être saisi par un impérieux sentiment d’urgence, et c’est heureux, dans la mesure ou les rapports du GIEC s’accumulent et se montrent de plus en plus alarmistes (le dernier en date donne quelques années seulement à l’humanité pour redresser la barre, autant dire qu’on est plus que mal barré). Pour planter le décor de cet environnement de plus en plus hostile, Jean-Marc Ligny s’est penché sur une abondante documentation faite de rapports d’experts et d’études scientifiques qui esquissent des scénarios glaçants pour le futur.



Les nouvelles présentes au sommaire peuvent être réparties en deux catégories : l’une regroupant des textes consacrés aux effets concrets du réchauffement sur l’environnement et les conséquences sur le mode de vie des humains ; l’autre consacrée aux différents types de comportements adoptés par ces derniers en réaction au bouleversement. Dans la première catégorie, on trouve « L’ouragan », nouvelle chargée d’ouvrir le recueil et qui met en scène une vieille femme attendant le retour de son compagnon, parti pêcher en mer, lorsqu’elle apprend qu’une tempête monstrueuse va bientôt atteindre leurs côtes. Le texte est court, mais permet déjà de cerner ce que pourrait être notre avenir à moyen terme, avec l’immersion d’une partie des terres côtières, le basculement d’une large part de la population dans la misère et l’errance et le délitement presque total de l’état. Dans « Lettre à Élise », l’auteur détaille sa vision du futur tout aussi brièvement mais de manière bien plus inquiétante. La nouvelle prend la forme d’une lettre de six pages adressée par un homme à son ex et lui demandant d’intercéder en sa faveur afin de le faire entrer dans une enclave, zones à peu près préservées des aléas climatiques dans lesquelles la classe dominante s’est barricadée quand tout à commencer à partir à vau-l’eau. Le texte a l’effet d’un uppercut, tant le sort du personnage, sans domicile suite à la destruction de sa maison dans un raz-de-marée et enfermé dans un camp de réfugiés à Rennes, paraît dramatiquement inextricable. La chute, simple mais efficace, vient renforcer le sentiment de désespoir qui saisit le lecteur à la lecture de ce destin tragique qui pourrait bien être celui qui attend nos enfants et petits-enfants.



Dans « Le désert », c’est l’enjeu vital que va constituer l’eau qui se trouve au centre du texte. Là encore le texte est court, et le protagoniste a peine esquissé, mais le récit permet là encore d’imaginer les extrémités auxquelles pourrait nous réduire, à court terme, la raréfaction d’eau potable. Dans « 2030/2300 » (nouvelle déjà publiée dans l’anthologie « Nos futurs » éditée par ActuSF), Jean-Marc Ligny s’interroge cette fois sur les effets futurs de certaines de nos choix actuels concernant la lutte contre le réchauffement climatique. Ou comment une décision prise aujourd’hui pourrait avoir des répercussions sur nos descendants des siècles après notre disparition. Le texte est composé de deux parties : la première met en scène un ingénieur tenant un blog dans lequel il informe ses lecteurs de l’avancée d’un projet d’enfouissement sous le sol de gaz carbonique, projet jugé prometteur en terme de réduction des émissions carbones ; la seconde est consacrée à une petite communauté vivant sur les lieux près de trois cents ans plus tard et frappée d’un mal mystérieux. La construction est bien pensée et permet de faire passer le message de manière efficace. Enfin, « L’aéroport » est sans doute la nouvelle la plus positive du recueil puisqu’elle met en scène un homme qui, pour échapper à un environnement toujours plus hostile et violent, s’est lancé dans la fabrication d’une montgolfière. Un texte sans doute trop court mais qui a pour mérite d’apporter une touche d’espoir bienvenue dans cet océan de noirceur.



Les cinq autres textes du recueil se penchent pour leur part plutôt sur les diverses réactions possibles des humains à plus ou moins long terme face aux effets du réchauffement et à la disparition de notre mode de vie occidental. Dans « La route du nord », Jean-Marc Ligny met en scène une jeune fille prenant la route avec ses parents afin de gagner une zone un peu plus préservée des aléas climatiques que leur petit village, en proie depuis des années à des éléments de plus en plus violents. Cette mise en sûreté impliquant de traverser la très surveillée frontière séparant le Nord du Sud, la famille fait appel à des passeurs qui se refusent à emmener avec eux le chien de notre héroïne. A la première escale, celle-ci prend alors la fuite avec pour objectif de retrouver son village et son compagnon canin, laissé sur place. Mais la route est périlleuse, et pas seulement à cause des effets de la chaleur et du manque d’eau. L’auteur approfondit ici un peu plus des aspects de son anticipation déjà évoqués auparavant, à savoir ces communautés nomades qui se sont crées suite aux bouleversements et qui réagissent par la violence (quoi que pas toujours de la même manière) à l’agonie du monde. Il en va de même dans « Le porteur d’eau », l’un des meilleurs textes du recueil (sans doute car comptant parmi les plus étoffés en nombre de pages) et qui met en scène le maire d’un petit village entreprenant un périlleux voyage à pied pour apporter de l’eau à sa communauté au point de distribution quotidien. Là encore, l’auteur imagine un mode de vie totalement différent du notre en raison notamment de la pénurie d’eau et de la canicule permanente (soixante à l’extérieur !) et qui contraste avec celui à peu près préservé des habitants des enclaves, dont il est à nouveau question ici.



Afin d’accentuer l’idée que, bientôt, l’homme risque fort bien de véritablement représenter un loup pour l’homme, Jean-Marc Ligny n’hésite pas à mettre en scène des personnages détestables se rendant coupables des pires atrocités. C’est le cas dans « La frontière », nouvelle mettant en scène un soldat placé à la frontière séparant le Nord, un peu moins impacté, des régions du sud qui subissent de plein fouet le dérèglement climatique (on comprend d’ailleurs très vite que cette frontière se situe bien plus au nord que celle qui sépare aujourd’hui tacitement les pays nordiques et ceux du sud). Confronté à un afflux de réfugiés climatiques de plus en plus important, l’homme ne fait preuve d’aucune empathie, d’aucune humanité, jusqu’à ce que se présente aux pieds des murailles un être qu’il estime cette fois digne d’être sauvé. Là encore le texte est rude et la sensibilité dont finit par faire preuve le personnage le rend finalement encore plus terrifiant que le reste. On retrouve le même sentiment dans « Mission divine » qui met en scène un homme pris de délires mystiques et décidé à « purger » sa communauté. Court mais percutant, avec sans doute un peu trop de violence gratuite. La dernière nouvelle, « La horde » est une inédite et revient elle aussi sur la menace que risquent de faire peser sur les survivants des cataclysmes qui nous attendent celles et ceux qui seraient séduits par une religion promouvant des mesures extrêmes. Le récit met en scène un petit groupe de seniors ayant parvenu à créer une petite communauté où il fait plutôt bon vivre et menacé par le passage d’une horde de pauvres erres suivant une sorte de messie. Un couple de vieux est alors envoyé au devant de la troupe afin de tenter de lui faire changer de trajectoire par la ruse. Là encore, on s’attache aux personnages et on se laisse facilement prendre par la tension qui imprègne le texte. Tout juste peut-on regretter un final comportant une incohérence un peu trop grosse.



Toujours dans l’objectif de documenter et d’imaginer ce que pourrait être notre avenir à court, moyen et long terme en raison du réchauffement climatique, Jean-Marc Ligny multiplie les romans et les nouvelles plus réalistes, et par conséquents plus glaçants, les uns que les autres. Qu’il se consacre aux effets concrets sur l’environnement liés au manque d’eau, à l’amplification des catastrophes naturelles ou à l’installation d’une canicule sans fin, ou qu’il décide de mettre l’accent sur l’héclécticité des réactions humaines au bouleversement, l’auteur pousse, texte après texte, un cri d’alarme auquel on ne peut rester insensible et qui renforce chaque fois un peu plus la prise de conscience du désastre à venir (et même déjà là). Désespérant mais, paradoxalement, mobilisateur.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Dix légendes des âges sombres

Le désespoir de lendemain, ce sont mes fêtes



Ligny sort un bouquin, moi je le lis, c'est l'ordre des choses, pas moyen de se dérober. D'autant avec une couverture comme celle-là.

Voici donc un recueil de nouvelles, ce que ne cache nullement son magnifique titre qui donne le tempo : toi qui pénètre ici, abandonne tout espoir.

10 nouvelles dont une seule inédite, mais en regardant le sommaire, à moins d'être un bibliophile invétéré ou un lignyphile, la majorité des textes le sera. Pour moi, seulement un texte m'était connu.

La thématique est claire : le dérèglement climatique sur monsieur et madame tout le monde, des tranches de vies guillerettes à souhait qui nous dessinent demain, puisque nos politicards du monde entier préfèrent tout faire pour remporter les élections que de s'occuper de notre seul bien commun : notre planète.



On y retrouve souvent les univers pondus dans ses romans Aqua, Exodes, Semences et Alliances, le même plaisir s'y dessine devant sa plume.

Un recueil au prix léger, dont le seul bémol est l'absence d'appendices, si ce n'est une courte recontextualisation de l'auteur. Cette réédition d'anciens textes, parcourant 20 ans de son oeuvre (2000 à 2021, est bienvenue et salutaire.



L'ouragan

Une ville près des côtes. Enfin, plutôt un reste de ville après la hausse du niveau de la mer et des violentes tempêtes. Un couple, la femme attendant le retour de son mari parti pêche des poissons immangeables à cause la pollution.

Voilà un texte coup de poing qui place de suite ce recueil sous les signes de l’âpreté, de la violence et du désespoir.



Lettre à Élise

Un ancien petit ami écrit une lettre à son ex, au chaud dans une enclave protégée, lui est devenu reco un réfugié climatique.

Plus convenu, Ligny arrive cependant à nous dépeindre un univers sombre et désespérant où la loi du plus fort règne.



La route du nord

Une famille tente de passer dans les pays du nord moins touchés par le changement climatique. Ici cependant, le sud est la France et le nord les pays nordiques permettant une mise en perspective intéressante.

Un peu trop de hasard heureux par rapport aux textes précédents où aucune chance ne souriait aux protagonistes. Ligny a t il eu un peu d'espoir pendant une courte période ? Un peu trop gentillet à mon goût, mais ce texte peut être lu par des gens moins aguerris dans le désespoir.



Le porteur d'eau

C'était la seule nouvelle non inédite pour moi. On suit le parcours de deux familles, l'une dans un village assoiffé et affamé, l'autre dans une enclave protégée.

Un road movie à pied et pattes. Ligny a retrouvé son désespoir et il ne restera rien, ou si peu.

Très bon texte.



Mission divine

Quand tout part à vau-l'eau, et que l'on reçoit un message divin, pourquoi ne pas le suivre ?

Une saynète qui aurait pu être drôle si elle n'était pas si dramatique.



Le Désert

Une tranche de vie courte autour d'un vol d'eau, un crime en ses temps où l'eau s'évapore.



2030 2300

Un texte qui dénote par rapport à ce que l'auteur nous offre habituellement : le quotidien dans l'horreur des conséquences du changement climatique. Ici on se place avant et après (à deux trois poils de cul près), il y aurait même de l'optimisme. A la mode Ligny rassurez-vous, donc avec ironie et cynisme.

Ce changement de cadre est très bien fait et offre une respiration bienvenue entre deux canicules.



La frontière

Un poste de garde avec un bas du front porté sur le tir sur migrants. Mais sous cette carapace, n'y aurait-il pas un coeur ?

L'impression de l'avoir déjà lu, ce qui n'est pas le cas d'après les sources. C'est une thématique largement traitée par ailleurs, ce qui doit expliquer min impression de déjà vu.



L'aéroport

Dans un aéroport érigé tout à la gloire du temps jadis, il ne reste que les murs. Et une personne avec une idée derrière la tête. On suit ces derniers pas dans sa réalisation.

Un texte optimiste, l'espoir fait vivre, sur la volonté humaine de trouver un but pour ne pas sombrer dans l'animalité.



La horde

C'est eux où nous.

Quelques jeunes vieillards vivent dans un petit hameau et arrivent cahin-caha à vivre frugalement, mais décemment. Un jour, à leur porte, une horde de 300 personnes. Que faire ?

Voilà la seule nouvelle inédite, Jean Marc Ligny doit commencer à se faire vieux et la crainte d'un optimisme un peu malvenue dans son univers post changement climatique se fait ressentir. Alors oui, le recueil se termine par une touche d'espoir, mais le chemin pour y aller est tout de même bien sympathique. Les hasards sont parfois heureux.
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Alliances

Jean marc ligny n a pas son pareil pour crier son anti nucléaire et l écologie! Après Aqua,l Exodes et Semences ,l auteur récemment récompensé par le prix Ayerdhal nous prouve'une fois de plus son talent pour nous offrir un roman digne de nos attentes.

On est transporté dans cette histoire ou nos anti héros vont devoir se battre avec la nature contre la réouverture d une centrale nucléaire avec pleins de personnages loufoques, l anaconda,l araignée, dans different continent,au fil de ces 500 pages l auteur nous envoie autour du monde.

Un homme à l écologie ,un de plus pour Jean marc ligny.
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La Mort peut danser

Hommage au groupe Dead Can Dance, La Mort peut danser - traduction littérale du nom du groupe - est non seulement un bel hommage au groupe composé de Lisa Gerrard et Brendan Perry et un honnête livre sur les thèmes de la musique et de la possession.



Au XIIème siècle, Forgaill, accusée de sorcellerie, est brûlée vive. Au XXème siècle, Bran (Brendan Perry) et Alyz (Lisa Gerrard) forment le groupe La Mort peut danser (Dead Can Dance). de concerts en concerts, le groupe rencontre un succès important, notamment à cause de la voix particulière d'Alyz - une voix comme possédée par une puissance venant d'ailleurs, venant du passé.



Alternant les deux fils temporels, comme le fera un Valerio Evangelisti dans son cycle Nicolas Eymerich, inquisiteur, pour finalement les faire se rejoindre et mobilisant les légendes celtes, Jean-Marc Ligny propose un solide divertissement initialement publié dans la collection Présence du futur - ici, c‘est plutôt une présence du passé qui est mobilisée. On peut d'ailleurs l'apprécier sans connaître pour autant la musique de Dead Can Dance - tous les titres de chapitres et de parties sont des traductions en français de titres de Dead Can Dance -, ce qui pour paraphraser le Nietzsche du Crépuscule des idoles ou Comment on philosophe avec un marteau « serait une erreur » néanmoins.



Ici, Jean-Marc Ligny décide de mettre clairement l'accent sur le duo Alyz-Lisa Gerrard délaissant quelque peu le duo Bran-Brendan Perry. Certes, la voix de Lisa Gerrard est très particulière - pour la sortie du dernier album du groupe, en 2012, elle racontait à un magazine musical que « J'étais assise dans un café parisien avec un ami quand toute une équipe de foot a fait irruption pour fêter bruyamment sa victoire. Comme il devenait impossible de poursuivre la conversation en raison du chahut, je me suis mise à chanter a cappella et là, miracle, le silence est revenu. Subitement. J'en ai vu certains m'écouter les larmes aux yeux »* - et davantage atypique que celle de Brendan Perry. Pour autant, j'ai toujours trouvé que la dynamique de Dead Can Dance venait de l'alternance de chansons chantées par Lisa Gerrard ou Brendan Perry et du mélange de leurs deux voix sur certains titres - par exemple, des titres comme «  Rakim » et « American Dreaming » où Brendan Perry est la voix principale ou certains des titres de ses albums solos sont aussi puissants et envoûtants que ceux chantés par Lisa Gerrard. C'est bien une des petites faiblesses de ce roman de mon point de vue mais qui tient plus d'un point de vue alternatif sur la musique de Dead Can Dance que sur le livre La Mort peut danser



* https://www.lesinrocks.com/musique/critique-album/dead-can-dance-la-voix-des-cieux/
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