Dans sa préface d’Histoires galactiques, Demètre Ioakimidis range les récits de rencontres du troisième type selon trois catégories : à domicile (oh un ovni !), chez les ETs (exploration de mondes exotiques) et… à mi-chemin : dans le froid et le vide de l’espace.
En bon spécialiste du « Contact » qu’il est, Jean-Michel Calvez a exploré en long la première catégorie (L'arène des géants, Sphères) et en large la seconde (IF 837, Éthique du contact).
Avec Aliénations, on est pile poil dans la troisième catégorie. Dans le troisième type aussi, si vous suivez…
Je déconseille la lecture du résumé, qui en dit un peu trop.
Le pitch en deux mots : Un groupe d’astronautes initialement missionné pour aller étudier la lointaine Orion (un voyage d’un siècle, sans retour) se voit réassigné lorsqu’à mi-parcours, leur vaisseau croise opportunément la route d’un mystérieux ovni. Entre les ordres provenant de la Terre en temps décalé, et l’urgence de la situation, ils vont rapidement devoir improviser.
Sans être mon préféré de l’auteur, je dirais que ce roman est important dans sa bibliographie si on s’intéresse spécialement au thème du Contact.
Un roman charnière a plus d’un titre.
Charnière pour ce qui est de la catégorie, comme je le disais dans mon introduction.
Charnière chronologique puisque, fait remarquable, il a été publié en 2011, soit juste après les thrillers scientifiques « L'arène des géants » et « Sphères » (2008 et 2009), et juste avant les Planet opera « IF 837 » et « Éthique du contact » (2012 et 2013).
Charnière, enfin, pour certaines idées développées, comme celle de faire vivre l’intrigue à travers un petit groupe de scientifiques spécialisés. On sent cette idée en germe dans le présent roman. Elle fera l’objet d’une plus grande formalisation dans les Planet opera qui suivront.
Charnière, pour l’avancée technologique des humains dans les différents romans. Et d’une certaine façon, l’épilogue d’Aliénations annonce l’évolution de la recherche scientifique qui va engendrer le contexte de IF 837 (sans que ces deux romans soient liés).
Un roman central, aussi, parce qu’il reprend et préfigure des thèmes présents dans les autres récits de l’auteur. Des thèmes communs, que je cache ici car ils font partie du plaisir de découverte.
- Le thème de l’exogénocide, qu’on retrouve dans L'arène des géants.
- Le thème de l’artefact (ou ovni) extra-terrestre d’apparence lisse et très géométrique qu’on retrouve dans Sphères.
- Le thème de l’emprise psychique, qu’on retrouve dans IF 837.
- Le thème du matériel non purement biologique comme support et constituant de la vie, qu’on retrouve dans Éthique du contact.
- Le thème de la contamination, qu’on retrouve dans STYx.
En sus du thème du Contact, et sans trop révéler, Aliénations traite abondamment du thème de la biotechnologie, avec des développements très poussés et détaillés ainsi que de bons questionnements.
L’écriture est particulièrement soignée, surtout en comparaison du dernier roman que j’ai lu de l’auteur (Le miroir du temps), qui souffrait d’un petit manque de finition.
Au-delà des grands thèmes classiques de la science-fiction, j’ai été ravi de retrouver dans ce roman tout ce qui fait la force de Calvez : de la Hard SF bien dosée, des mystères étudiés à travers le prisme scientifique (raisonnement scientifique), la mise en exergue des conflits, dilemmes et paradoxes, le style logique, le focus sur la psychologie des personnages, le scénario, le suspense et les rebondissements.
Comme bémols pour finir :
- J’ai trouvé la mise en route du récit trop lente et trop longue. D’ailleurs, j’ai mis 5 jours à lire les 100 premières pages, alors que 2 jours m’ont suffi pour expédier les 300 restantes. Un début trop bavard avec de nombreuses répétitions.
- Un peu trop de romances à mon goût. L’auteur a la gâchette facile pour intégrer de la romance de situation dans ses romans (sans bouder non plus l’érotisme).
- La chute ne m’a pas renversé, disons que je m’attendais à quelque chose de plus vertigineux, connaissant les autres romans de l’auteur. En fait, j’ai passé une partie du roman à imaginer toutes sortes de scénarios encore plus dingues, mais c’est aussi le signe d’une réussite, quelque part.
- Pas tout à fait d’accord avec la justification du titre, mais je chipote !
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Voici un voyage bluffant dans l'espace profond .
Un texte crédible de hard science assez agréable , aux accents infiniment réalistes .
Voilà une ballade loin dans la nuit , à des millions de kilomètres , dans un futur pas , trop lointain , dans un remarquable vaisseau , beau et fonctionnel .
En compagnie de personnages également fonctionnels et assez réels pour nous émouvoir , nous faire réfléchir et même , nous faire rêver . Ces gens sont des scientifiques compétents , bien à leur place mais n'étant pas excessivement définis par elle .
Dans ce futur lointain l'espèce humaine est modifiée par la bio ingénierie , l'informatique et les nanotechnologies . Elle est donc spectaculairement augmentée et régulièrement mise à jour .
La vie dans ce vaisseau est contingente de diverses contraintes très étudiées , illustrées et examinés par l'auteur : les supports de vie , la technologie , les environnements .
C'est ainsi que la sortie d'hibernation est décrite par exemple avec une précision au millimètre dans un cadre pleinement intimiste , très visuel et intensément ressenti par le lecteur .
Le « pitch « est sophistiqué car il est à deux paliers . L'intrigue ne vise pas qu' à poser et à explorer l'altérité extrême . Elle cherche aussi à aborder des préoccupations en rapport avec l'éthique et les sciences appliquées .
Le fond du roman contient une mise en garde cinglante quant aux progrès technologiques qui pourraient contrarier l'éthique tout en étant eux-mêmes très difficiles à cadrer par nature et par nécessité , et je dirais à contenir voire à endiguer en fait et tout simplement .
C'est un beau voyage dans le futur , car l'auteur à bien creusé les potentialités technologiques . C'est au-delà du simplement crédible du point de vue romanesque et c'est manifestement de l'archi probable pour ce qui est des aspects civilisation post humaine .
La tension monte au grès des développements , le drame est donc dans les coursives , mais il l'est de manières assez posées .
On est fréquemment dans le registre d'énigmes subtiles , vraisemblables , complexes bien amenées et intensément préoccupantes .
Il y a aussi un fossé technologique entre la terre et le vaisseau qui se creuse . En effet l'équipage est parti il y a plus d'un siècle et demi , c'est long et de l'eau a coulé sous les ponts , au point que les mises à jours des ressources , ne sont plus que partiellement possibles à distance , du fait des écarts de ports , de prises , de logiciels , de réseaux , de matériaux , de matériels embarqués ...
Dans ce roman , le grand méchant loup est lâché dans les bois , les technologies et leurs procédures d'utilisations sont au cœurs des problématiques , de même pour leurs implications éthiques .
Sachez le .
Le problème qui se pose à l'équipage assez rapidement est double , et le volet alien relève pour sa part du rarement vu dans le genre SF , du moins sous cet angle d'approche très spécifique et très argumenté de surcroit .
Personnellement je pense au film Virus avec William Baldwin qui est sur une thématique analogue et qui n'a été compris ni par le public , ni par la critique , et qui pourtant , se trouve être à mon humble avis , un bon film d'action du genre SF ( un huit clos en mer tout en partant de l'orbite terrestre , bien rythmé et intense ) .
C'est un superbe roman de hard science que Aliénation , un qui vous colle bien les boules , et ça tombe bien on approche de noël .
Alors disons : Noël ! , les Boules !
Allez on prend ses neurones , on se fait quelques étirements intellectuels , et hop ... hop .. hop et on ne chouine pas pendant la lecture SVP .
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Amis de la hard-science, bonjour !!!
Un vaisseau interstellaire est détourné de sa mission d’exploration vers Orion par la décision des financeurs du projet restés bien au chaud sur Terre. Cinq des vingt membres de l’expédition sont arbitrairement réveillés après 100 ans d’hibernation et doivent prendre contact avec un artefact extraterrestre qui a eu le malheur de croiser la route de nos valeureux explorateurs.
Pourquoi de la hard science me direz-vous ? Parce que nos humains du roman sont bio-informatisés et que l’auteur prend un malin plaisir à expliquer en long et en large, le fonctionnement des nanotechnologies qui fleurissent désormais dans le corps de ces hommes du futur (l’action se passe en 2189). Mais rassurerez-vous l’explication passe bien et les rebondissements du scénario nous permettent de rendre le tout digeste et agréable à la lecture. Nos personnages bio-informatisés restent malgré tout attachants et on tremble pour eux tout au long de l’histoire. Enfin pour terminer, l’Alien qui deviendra l’ennemi à abattre ; est suffisamment original et exceptionnel dans sa conception pour en faire l’argument principal de lecture. On est bien loin du film de Ridley Scott de 1979.
Avec Aliénations, Jean-Michel Calvez montre que la hard-fiction française peut-être aussi un page-turner comme on les aime. Une originalité qui n’a pas encore été assez récompensée à ce jour au vu du faible nombre de lecteurs recensés sur notre site.
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Excellent.
Une mission d’exploration interstellaire est déroutée. 5 des membres de l’équipage sont réveillés pour une rencontre hors du commun, un vaisseau extraterrestre évidemment bien mystérieux.
De la hard science dans toute sa splendeur. Que j’ai par ailleurs trouvée très digeste. Si le rythme est lent (on n’est pas dans le space opera classique) les événements s’enchaînent malgré tout et on ne s’ennuie pas une seule seconde.
Si on ajoute à cela la réflexion qu’induit le texte sur les transformations bio-informatiques de l’humanité, on a ici un roman complet qui mérite qu’on s’y arrête.
Mon seul reproche : un siècle d'hibernation et seulement à 24 heures lumière de la terre (temps de latence des échanges) alors qu'ils doivent aller découvrir une exoplanète avec arrivée après deux siècles d'hibernation). Ou j'ai loupé quelque chose ?
Vu la quantité de critiques sur le site, (celle-ci n’est que la seconde) je trouve réellement dommage qu’il n’ait pas trouvé son lectorat.
Messieurs Dames de la SFFF, à vos livres. Vous ne le regretterez pas.
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J'ai lu cette nouvelle d'une trentaine de pages pour faire connaissance avec le style d'écriture de Calvez : langage certes soigné, mais peut-être un peu prolixe.
Plus connu pour ses romans et recueils de SF, ce texte-ci est par contre résolument fantastique.
Une jeune femme, doctorat de l'histoire de l'art en poche, accompagne un groupe de cinq enfants aveugles dans la réserve au sous-sol d'un musée afin de leur faire "lire" avec leurs doigts, l'art de la sculpture...
Mais au fond du local, un des garçons découvre une "statue" au texture incompréhensible...
L'intérêt de cette nouvelle ne se trouve pas dans l'élément constitutif du genre fantastique (somme toute de facture classique, bien qu'on reste captivé parce qu'on craint pour les enfants) mais bien plus dans l'approche de percevoir et de voir la cécité.
L'auteur à sûrement exagéré les autres perceptions sensorielles, relayant un sens manquant. Or, il sait, d'une façon pertinente, nous ouvrir les yeux sur ce handicap...et nous laisse songeur...
"Car le bout des doigts ne se partage pas, c'est une exploration intime ; il lui faudrait la parole pour les extérioriser, bien que les mots soient assez pauvres dans le domaine tactile, plus encore à leur âge, lorsqu'il s'agit de communiquer l'émotion."
(Lu en numérique)
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Dans Coup de pouce de Jean-Michel Calvez, il est question de situations particulières flirtant avec la technologie de pointe, lesquelles nous surprennent autant par leur originalité que par le paysage imaginaire toujours renouvelé qu’elles convoquent.
La vie, qu’elle soit celle d’un vieux foetus dont le temps d’incubation est rallongé, d’un vieillard zaïrois de cent soixante–deux ans et six mois ou d’un bébé à naître dont la volonté de vivre pose question à sa mère, est le pôle d’attraction naturel vers lequel converge toute une technologie de pointe, cette dernière incarnée par des scientifiques zélés et suivie de près par des journalistes curieux, pour de bonnes et pour de moins bonnes raisons. Il est également question de réalité et d’humanité augmentée, dont Lady Kaga se fait le chantre à la télé pour le bonheur – très momentané – de fans pré–adolescentes. Attention cependant à l’enfance au sourire d’ange dont les pouvoirs peuvent s’avérer redoutables dès lors qu’on lui a fait du tort au nom d’une sacro–sainte science devenue folle : « l’effet Samuel » est à redouter : « électrostriction, millivolts par mètre, hystérésis, résonance, impédance neuronique, tout cet arsenal libéré… Mais l’innocence pointe son nez derrière cet arsenal, ce bouclier de termes menaçants, pour peu que la tendresse fasse office de contrepoison ou de ruse de guerre, comme l’ail fait fuir le vampire. La représentation de l’Afrique que proposent deux des nouvelles de ce recueil peut aussi déranger (âmes sensibles s’abstenir), même si ce continent n’a pas le monopole de la violence : afin de nous en convaincre, embarquons pour Venise avec la dernière nouvelle, vers une cité des anges « plus que réelle », où d’inquiétantes gondoles sans gondoliers officient de nuit. C’est ma nouvelle préférée, sensuelle, poétique, mêlant l’or et le faste virtuel à l’horreur d’une réalité trompeuse.
En fin de compte, ce recueil comblera les amateurs de situations incongrues qui permettent de réfléchir à ce que les extrapolations scientifiques et leurs interventions sur le vivant réservent à l’humanité. Il se situe résolument du côté des excès de la science pour évoquer, de façon ludique et imaginative, voire délirante, les possibles dérives d’une ère post–humaine peut être pas si improbable, la réalité se débrouillant très bien, au besoin, pour dépasser la fiction.
Jean Michel Calvez pose ici des questions éthiques sans les assener lourdement, et ce faisant, renvoie le lecteur à ses propres fantasmes.
Nathalie Barrié, de Nouvelle Donne
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Athos, Porthos, Aramis, d'Artagnan, Richelieu... autant de noms rendus célèbres par les récits de Dumas et autres romans de cape et d'épée qui auront marqué n'importe quel lecteur amateur d'histoire et d'aventure. C'est à ces histoires qu'Eric Boissau entend rendre hommage dans ce second volume de « Dimension de capes et d'esprits », anthologie de fantasy historique consacrée à la période moderne et mettant en scène mousquetaires, alchimistes, soldats ou encore héros littéraires. Bien que sympathique, le premier opus ne m'avait pas particulièrement emballé et malheureusement le second se révèle encore moins convaincant. La première raison est à chercher du côté du manque de diversité des décors, la quasi totalité des nouvelles se déroulant dans la France de Louis XIII ou Louis XIV et mettant en scène des héros déjà célèbres tels que Lagardère, Cyrano ou encore Don Juan. Autre problème, la plupart des auteurs paraissent essentiellement miser sur l'ambiance au dépend de l'intrigue : on incorpore au récit deux ou trois personnages historiques, on soigne le style afin qu'il colle le plus possible à celui des récits de Dumas et autres, on saupoudre le tout d'un peu d'action, et on obtient des textes souvent creux reposant sur une idée bancale.
Mais n'exagérons rien, car certaines nouvelles restent malgré tout très agréables à découvrir. C'est notamment le cas de « Traverso » de Jean-Michel Calvez, récit consacré aux mésaventures d'un soldat musicien devenu cul-de-jatte suite à un curieux incident survenu sur le champ de bataille. Le style y est soigné, l'intrigue pour une fois originale, et même si le final se révèle plutôt convenu, le tout demeure malgré tout de très bonne facture. Xavier Penin nous offre également un texte sympathique avec « Cent Âmes pour un roi » consacré à la conception du célèbre Louis XIV et au rôle qu'y aurait joué Satan. On peut également saluer les contributions de Fabien Clavel qui reprend dans « Une aventure de Don Juan » son héros fétiche, déjà mis en scène dans le roman « L'Antilégende », et de Lionel Davoust qui signe avec « Les Questions dangereuses » une nouvelle qui, si elle n'est pas parvenue à me séduire, n'en demeure pas moins amusante et originale. Petite déception toutefois en ce qui concerne Michel Pagel, auteur que j'affectionne d'habitude beaucoup mais qui m'a semblé ici un peu en panne d'inspiration.
Bien que composée de quelques bons textes et malgré la présence d'auteurs chevronnés, cette seconde anthologie de fantasy historique peine à se hisser au niveau du premier volume de « Dimension de capes et d'esprits ». L'initiative de la maison d'édition Rivière blanche demeure cela dit louable et semble d'ailleurs porter ses fruits puisqu'un troisième volume serait actuellement en préparation. Affaire à suivre, donc...
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Le premier tome m'avait déjà séduit, celui-ci pareil. Alchimie, magie, nécromancie au service de grandes figures historiques ou d'aristocrates méconnus.
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Une fois n’est pas coutume, la collection Fusée de Rivière Blanche n’accueille non pas une anthologie issue d’un appel à textes sur un sujet précis (comme Dimension de Capes et d’Esprit ou Dimension Antiquité, par exemple), mais plutôt une anthologie issue d’une revue. En effet, Pierre Gévart nous dégote ici un condensé de nouvelles déjà publiées une première fois dans les premiers numéros de Galaxies, nouvelle série (quand il en a repris la direction).
Le casting réuni pour cet ouvrage a de quoi faire des envieux, jugez plutôt : Xavier Mauméjean (« Engadine ») ; Frédéric Serva (« Hommes d’équipage, les papillons tissent les voiles de vos vaisseaux ») ; Daniel Paris (« Les Baobabs de Mars ») ; Jean-Michel Calvez (« Méduses ») ; Timothée Rey (« Boulonnaille ») ; Laurent Queyssi (« Nuit noire, sol froid ») ; Alain Dartevelle (« La Vie Synchrone ») ; André Ruellan (« Devoir d’achat ») ; Jacques Barbéri (« Le Génome et la mort ») ; Martin Winckler (« Alice in Wonderland ») ; Fabien Clavel (« Le Printemps des murailles ») ; Pierre Stolze (« Mon ascenseur parle avec un accent allemand ») ; Sybille Fairmach (L’Avocat et la Prisonnière ») ; Dominique Douay (« Le Prisonnier en son royaume ») ; Christian Vilà (« Rosée des lianes ») ; Sylvie Denis (« Les Danseurs de la Lune double ») ; Aliette de Bodard (« Chute d’un Papillon au point du jour »).
Indéniablement, je n’ai eu, au premier abord, que peu de véritables coups de cœur parmi ces nouvelles. Dans ces moments-là, je m’interroge sur l’intention de cette anthologie : il s’agit de retracer les premiers numéros dirigés par Pierre Gévart et non de faire un ouvrage où nous progressons au fur et à mesure dans un thème donné. Et c’est là que le lecteur peut davantage retourner sa lecture pour en sortir autre chose. La thématique de l’emprisonnement, du cloisonnement, se fait jour, mais de façon lentement amenée ; l’anthologie n’est pas du tout construite autour de cela, dans ce but, ce qui change tout à fait notre appréciation, mais qui empêche le lecteur de lire les nouvelles dans l’ordre ? Il y a forcément un auteur ou une référence que vous connaîtrez, et tout simplement je conseillerais de commencer par ce bout-là. Personnellement, c’est la nouvelle de Fabien Clavel qui a débloqué ma lecture.
Outre que nous retraçons plutôt précisément la construction progressive de cette revue, Galaxies nouvelle série (nouvelle formule donc), nous avons là une vraie anthologie faite pour mettre en avant ses auteurs : c’est non seulement l’occasion de découvrir rapidement l’œuvre d’un auteur qui nous est inconnu, mais surtout de prolonger l’aventure avec d’autres qui peuvent nous être plus familiers. De ce point de vue-là, la nouvelle de Fabien Clavel est très intéressante et m’a parfaitement convenu, puisqu’il nous narre un conte sur l’oppression insidieuse, le conditionnement et la routine assassine : « Le Printemps des murailles » est un récit efficace et implacable (tout en l’insérait dans ses différentes thématiques habituelles). Egalement un peu connaisseur de Xavier Mauméjean, j’avoue que l’auteur m’a un peu perdu dans sa courte nouvelle, « Engadine », sur une « solitude du majordome » un peu étrange dans un univers où l’on ne peut que deviner un certain automatisme contraignant. Pour le reste, je pourrais vous parler de l’ascenseur infernal façon Pierre Stolze ou bien « Le Prisonnier en son Royaume » d’un Dominique Douay que je découvre et que je ne tarderai pas à relire chez Les Moutons électriques. L’intention de certains auteurs pour nous introduire dans leur univers particulier : citons ainsi au débotté, la « Rosée des lianes » psychédélique et onirique de Christian Vilà, les touchants et uchroniques « Danseurs de la Lune double » de Sylvie Denis où l’auteur crée une histoire jeunesse pour adultes avec juste ce qu’il faut de subversif, les étranges « Méduses » de Jean-Michel Calvez qui recèlent une angoisse bien maîtrisée, donnant ainsi envie (là aussi) de découvrir cet auteur reconnu, et enfin l’ultime nouvelle « Chute d’un Papillon au Point du Jour » où Aliette de Bodard (une habituée des prix littéraires reçus pour ses nouvelles et ça se ressent parfaitement ici) dévoile une enquête parfaitement maîtrisée dans un univers aztéquo-asiatique qui est probablement très proche de ce qu’elle développe dans sa saga en cours des Chroniques Aztèques. Veillons malgré tout à ne pas trop déflorer cette quantité d’entrées en des univers complexes dont la fenêtre d’exploration nous est finalement bien petite.
Merci donc à Rivière Blanche, car découvrir ces anthologies est toujours enrichissant dans la connaissance d’auteurs méconnus ou débutants, et également (bien sûr) d’auteurs déjà familiers mais par des textes à part dans leur bibliographie. En lecteur averti, il faut savoir s’approprier ce matériau pas forcément accessible très facilement ; c’est un effort à faire, mais qui rapporte à hauteur de ce qu’il coûte.
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Comme un poisson dans l’eau , je suis , : Voici un roman sur le contact et un bon svp !
Je prends mon pied et je ne le lâche que pour rédiger ce commentaire , car j’ai embrayé sur : IF 837 immédiatement , l’épisode précédent qui est diffèrent , car il traite d’une planète jungle et d’une espèce andromorphe .
Cet ouvrage qui précède , nous fait rester dans le cadre d’un vivant structuré autour d’une chimie du carbone , ce n’est pas le cas de ZC 789 , le monde de ce roman , qui est autre ...
C’est un monde étrange et totalement aride , un de ceux qui font , qu’on se demande pourquoi on est pas resté au chaud sur terre à observer les fourmis sous la pluie ou bien les poulpes .
C’est un bon roman qui exploite la biologie et l’éthologie principalement et qui va assez loin dans la mobilisation des conclusions qui portent sur les potentialités d’une vie reposant sur le Silicium .
Une vie minérale ou bien quasi telle , en fait . D’où la référence à T. Sturgeon . Non ne riez pas ce n’est pas idiot du tout ...
Je voudrais dire que c’est un véritable roman d’exobiologie . Ce n’est pas si courant je pense !?
Il faut donc le signaler à son potentiel lecteur .
L’exobiologie en est évidement à ses balbutiements ( bio-astronomie et analyses rares in situ des prémices d’une chimie pré-biotique ou pas tout à fait ... ) .
Voilà en gros tout ce que l'on semble savoir actuellement , mais cette jeune science a déjà une riche littérature , sur les briques du vivant et les chimies pré biotiques , terrestres ou bien potentiellement plus exotiques .
Par ailleurs , de nombreuses réflexions théoriques qui vont loin réfléchissent et cadrent une réflexion prospective sur les aspects variés que pourraient avoir la vie sur d’autres mondes .
Que cette vie soit à base de Carbonne , de silicium ou autres , et associée à des échanges gazeux qui reposeraient sur l’oxygène , le méthane , l’ammoniac , l’azote en passant par le Calva et la Poire William , comme éléments potentiellement constitutifs et de bases ....
Ce roman force son lecteur à se demander ce que signifie être vivant , il réclame pour être compris ce qu’est potentiellement une vie en rapport poussé avec le silicium d’un point de vue théorique ( très basique ) .
Ce n’est pas un roman facile parce que les personnages existent principalement de par leurs fonctions et de par leurs compétences , et ce n’est pas étonnant si on pense que le roman est le récit d’une mission spatiale exigeante , complexe et risquée , sur un monde absolument étranger ....
Le suspens , la recherche appliquée, les accidents , les périls , des personnages touchants mais curieusement , assez elliptiques tout en ayant une présence suffisante , font le succès de ce roman très solide comme roman sur l’exploration spatiale et l’exobiologie .
Le texte traite fondamentalement de manières très avenantes , de la démarche scientifique et du doute structurel et nécessaire de nature méthodologique qui est le seul moyen de se prémunir des jugements de valeurs et des aprioris , plus ou moins conscients , qui biaisent potentiellement l’observation , l’élaboration du cadre expérimental et la réflexion autour d’hypothèses scientifiques ..
Des aléas risqués , qui peuvent détruire toute compréhension et même s’avérer très dangereux , comme ce sera le cas dans ce roman qui est : sympathique , solide , dramatique , tragique aussi , et très exigent .
Une conclusion personnelle pour mesurer tout cela :
j’ai déjà fait une rencontre du troisième type , oui oui , ...
Cet alien véritable se cache au fond de l’océan et il s’agit du poulpe , de la pieuvre , du calamar , qui me trouble intimement . Je vous déconseille de manger du poulpe , du calamar et autre pieuvre , car je suis intiment convaincu que ce petit pépère ( assez gros très souvent ) est assez finaud pour avoir les boules à l’idée de finir dans un bain de sauce tomate ...
Essayez de comprendre pourquoi son mode de reproduction et la longévité des femelles , l’empêche de construire une société malgré des comportements intelligents indéniables . En plus c’est une brute épaisse et solitaire , mais il possède plusieurs cerveaux et ses sens perçoivent la réalité de manière conceptuellement tellement différente de nous , qu’elle en est presque inconcevable pour nous les primates bipèdes .
Un poulpe peut vous reconnaître , il peut vous aimer , ne pas vous aimer , jouer avec vous avec des jeux impliquant une synchronisation alternée des mouvements , se reconnaitre dans un miroir . Il peut ramper hors de l’eau car il est curieux . Il peut ouvrir un bocal fermé . Il a systématiquement conscience de ses proportions corporelles et il sait évaluer s’il passe entièrement ou pas , par un trou donné .
Il peut utiliser ponctuellement et utilement des objets , se planquer dans une noix de coco coupée en deux par exemple et se cacher dedans si vous essayez de le regarder dans le blanc des yeux et il peut aussi détaler avec ni vu ni connu pour se lover dedans en d’autres eaux ....
Le poulpe est un véritable alien , contact ! ...
Il n’est pas beau , mais il peut faire beaucoup de choses avec ses tentacules , au contraire du dauphin par exemple .
Jouer avec un poulpe est une des rares expérience de SF , à la portée de toute personne motivée .
Les personnages de ce roman jouent avec de plus grosses pointures , pour notre plus grand plaisir .
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L'idée suggérée par l'auteur dans cet ouvrage sur l'existence d'une forme de vie extraterrestre minérale est extrêmement intéressante. Malheureusement, l'action met beaucoup de temps à démarrer (la première partie du livre est consacrée à des descriptions techniques sans fin) et d'autre part, je trouve que l'auteur donne trop de poids aux états d'âme de son narrateur. Vraiment dommage !
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