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Critiques de Jean-Michel Calvez (42)
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Manieres noires

Dans Manière noire, Ikebana est un graveur sur cuivre, aveugle et inspiré par le corps des femmes qu’il parcoure de ses doigts, mémorise et interprète ensuite. Cette nouvelle allie une élégance mystérieuse, une passion charnelle abstraite sublimée par l’Art, une floraison des arcanes de l’être dans sa beauté transcendée.

Dans Mon journal mental, un homme se réveille tétraplégique à l’hôpital après un accident de la route, témoins des gesticulations autour de lui, de l’indifférence ou de la sollicitude, expérimentant l’enfermement et la passivité sensorielle, l’illusion hasardeuse de la volonté et un vain sursaut religieux.

Dans Une rencontre diaphane, Jed est de retour du front dans le Pacifique alors qu’il était déclaré mort, retrouve sa famille et aussi sa fiancée Margie. Ce texte est dans la tradition de l’ancien combattant qui rentre au bercail avec ses blessures, sa métamorphose, sa réalité post-traumatique et ses doutes. Mais c’est une histoire d’amour et par-delà la mort se trouve une lueur froide et éternelle, dans un traitement du sujet à la fois violent et subtil, d’une profondeur impressionnante.

Dans De l’autre côté du miroir, un homme désespéré depuis la mort de sa femme aperçoit subrepticement le reflet de son visage dans une flaque d’eau. Sur le thème du miroir liquide, les échos de la mémoire sont un passage au travers de la séparation subie, par un contact relatif et aveuglant, un amour brouillé par le vent et la pluie que la mort n’efface pas. L’histoire reste sombre et évasive entre tragédie matérialiste et espoir fébrile.

Dans Forages, un coup de foudre et un mariage sont balayés par un accident de la route et la promesse d’un enfant mène à la nécrophilie. Dans cette nouvelle l’amour par-delà la mort mène au glauque ironique avec cette petite dose de fantastique amusé pour une passion inhabituelle et contrariée.

Dans Dernier souffle, un thanatopracteur recueille l’ultime air coincé dans la poitrine des morts par un baiser comme une passation de vitalité, un don intime.

Dans La visiteuse des tombes, une présence féminine erre dans un cimetière pour offrir sa sollicitude à une âme résidente esseulée dans une démarche de réconfort partagé.

Jean-Michel Calvez écrit à propos de la perception du monde et de la conscience de soi, de l’infirmité, la perte d’un sens qui réclame une compensation et le bouillonnement philosophique d’une ontologie angoissante. Il y a toujours un avant et un après, la communication est fragile, des murs s’élèvent et l’environnement devient comme étranger

C’est une littérature synesthésique, du bombardement d’images et de pensées, de l’enfermement, de l’esprit cerné. Il est malaisé de dépasser le rapport au corps et à la sexualité une fois la spiritualité et l’amour perturbés. Le style est précis et raffiné, d’une poésie suave et d’une ironie douce-amère avec un fond philosophique discret mais affirmé tout en clair-obscur, dans un entre-deux.
Lien : https://lesbouquinsdyvescalv..
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Huis-Clones

Ce texte est le fruit du travail d'un auteur talentueux ,mais ce roman hélas, ne convaincra pas grand monde que c'est bien le cas.

L'écriture n'en est pas brillante. Elle tente de rythmer de manière outrée un récit certes potentiellement trop statique .Mais sincèrement beaucoup de phrases ne mènent nulle part et même elles sont pénibles à lire ,voir affreuses. On comprend néanmoins sans problème l'utilité d'un phrasé vigoureux pour contrebalancer une situation structurellement et par nature statique.

Le thème et l'environnement sont intéressant et le traitement est malin. Le dénouement est modeste malgré quelques effets mais franchement, pourquoi pas ce dénouement car le relationnel entre cet homme assez revendicatif et son ordinateur de bord au caractère bien trempé est tout à fait convaincant et avenant. Mon humble avis c'est que c'est le fond du texte d'ailleurs.

L'ordinateur de bord à une personnalité bien trempée mais le ton est à ce propos juste et crédible . Je n'ai pas eu le sentiment désagréable d'être dans une fable opportuniste sur le fond.

L'être humain de ce récit est un auxiliaire de la machine dans ce vaisseau qui est un vaisseau d'exploration et disons qui est aussi un poste avancé mobil . Le titre annonce bien la couleur. C'est un huis-clôt au milieu de l'espace profond avec un vécu difficile pour le personnage humain qui est curieux et qui s'efforce se rester opérationnel dans son mouchoir de poche. La relation entre les deux compères se façonne ,évolue se construit au gré des années lumières et au gré d'autres considérations .

Une expérience est en court qui transcende et surdétermine le vécu de l'IA et celui de l'être humain. La personnalité de l'ordinateur de bord est intéressante à suivre et elle nourrit le récit sans pathos.

Toujours les thèmes de toujours dans ce type d'univers: l'identité , la raison d'être d'une existence autour du contexte qui dépasse et où une autorité dispose froidement des personnages.

L'ordinateur ne dit pas tout à son coéquipier qui fait plus que s'en douter.

Bon … Dommage que les loupés de l'écriture viennent perturber la fluidité et l'approche d'un texte autrement intéressant, bien construit et qui repose sur des bases solides (univers et personnages).

Au risque d'être trop culotté ,je serais presque à dire qu'il faut le réécrire et que cela vaudrait le coup , et pi sé tout !

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Aliénations

Dans sa préface d’Histoires galactiques, Demètre Ioakimidis range les récits de rencontres du troisième type selon trois catégories : à domicile (oh un ovni !), chez les ETs (exploration de mondes exotiques) et… à mi-chemin : dans le froid et le vide de l’espace.

En bon spécialiste du « Contact » qu’il est, Jean-Michel Calvez a exploré en long la première catégorie (L'arène des géants, Sphères) et en large la seconde (IF 837, Éthique du contact).

Avec Aliénations, on est pile poil dans la troisième catégorie. Dans le troisième type aussi, si vous suivez…





Je déconseille la lecture du résumé, qui en dit un peu trop.

Le pitch en deux mots : Un groupe d’astronautes initialement missionné pour aller étudier la lointaine Orion (un voyage d’un siècle, sans retour) se voit réassigné lorsqu’à mi-parcours, leur vaisseau croise opportunément la route d’un mystérieux ovni. Entre les ordres provenant de la Terre en temps décalé, et l’urgence de la situation, ils vont rapidement devoir improviser.





Sans être mon préféré de l’auteur, je dirais que ce roman est important dans sa bibliographie si on s’intéresse spécialement au thème du Contact.

Un roman charnière a plus d’un titre.

Charnière pour ce qui est de la catégorie, comme je le disais dans mon introduction.

Charnière chronologique puisque, fait remarquable, il a été publié en 2011, soit juste après les thrillers scientifiques « L'arène des géants » et « Sphères » (2008 et 2009), et juste avant les Planet opera « IF 837 » et « Éthique du contact » (2012 et 2013).

Charnière, enfin, pour certaines idées développées, comme celle de faire vivre l’intrigue à travers un petit groupe de scientifiques spécialisés. On sent cette idée en germe dans le présent roman. Elle fera l’objet d’une plus grande formalisation dans les Planet opera qui suivront.

Charnière, pour l’avancée technologique des humains dans les différents romans. Et d’une certaine façon, l’épilogue d’Aliénations annonce l’évolution de la recherche scientifique qui va engendrer le contexte de IF 837 (sans que ces deux romans soient liés).



Un roman central, aussi, parce qu’il reprend et préfigure des thèmes présents dans les autres récits de l’auteur. Des thèmes communs, que je cache ici car ils font partie du plaisir de découverte.







En sus du thème du Contact, et sans trop révéler, Aliénations traite abondamment du thème de la biotechnologie, avec des développements très poussés et détaillés ainsi que de bons questionnements.





L’écriture est particulièrement soignée, surtout en comparaison du dernier roman que j’ai lu de l’auteur (Le miroir du temps), qui souffrait d’un petit manque de finition.





Au-delà des grands thèmes classiques de la science-fiction, j’ai été ravi de retrouver dans ce roman tout ce qui fait la force de Calvez : de la Hard SF bien dosée, des mystères étudiés à travers le prisme scientifique (raisonnement scientifique), la mise en exergue des conflits, dilemmes et paradoxes, le style logique, le focus sur la psychologie des personnages, le scénario, le suspense et les rebondissements.





Comme bémols pour finir :



- J’ai trouvé la mise en route du récit trop lente et trop longue. D’ailleurs, j’ai mis 5 jours à lire les 100 premières pages, alors que 2 jours m’ont suffi pour expédier les 300 restantes. Un début trop bavard avec de nombreuses répétitions.



- Un peu trop de romances à mon goût. L’auteur a la gâchette facile pour intégrer de la romance de situation dans ses romans (sans bouder non plus l’érotisme).



- La chute ne m’a pas renversé, disons que je m’attendais à quelque chose de plus vertigineux, connaissant les autres romans de l’auteur. En fait, j’ai passé une partie du roman à imaginer toutes sortes de scénarios encore plus dingues, mais c’est aussi le signe d’une réussite, quelque part.



- Pas tout à fait d’accord avec la justification du titre, mais je chipote !



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Le Miroir du Temps

Parmi les astronomes, les spécialistes du « Contact » semblent particulièrement en proie à la frustration. Quelles perspectives réelles pour mettre leurs audacieuses théories en pratique ?

À cette question terre à terre, Nathalie A. Cabrol donne quelques clés dans son excellent ouvrage de vulgarisation sur l’astrobiologie « À l'aube de nouveaux horizons ». L’on y apprend que pour étudier la vie extraterrestre, il suffit d’observer la vie sur Terre. Et inversement, étudier les conditions de la vie sur les planètes qui nous sont actuellement accessibles peut s’avérer riche d’enseignements sur notre propre écosystème.

Lui-même auteur spécialiste du Contact, Jean-Michel Calvez explore plus avant ces modalités d’étude et imagine un scénario absolument renversant dont il a le secret !



Le pitch : au cœur de la Finlande, un scientifique et son associé font une découverte théorique majeure remettant en cause ce que l’on sait de la vitesse de la lumière. Coïncidence ? Quelques jours plus tard, ils sont chaudement « invités » à prêter main-forte à une équipe d’astronomes sur le tout récent télescope orbital européen Tycho Brahé. Une opportunité unique à saisir, mais pour qui ?





À cette trame principale menée de façon classique s’intercalent de petits récits a priori déconnectés, situés dans différentes périodes de l’Histoire. Un vrai thriller scientifique comparable à d’autres titres de l’auteur comme « Sphères » ou « L’arène des géants » (ce dernier reposant sur deux trames intercalées, avec un principe différent). Je me souviens encore de Régression, de Fabrice Papillon, excellent thriller scientifique également, et exploitant exactement la même structure narrative, mais dans un but différent.





Le miroir du temps n’est pas une lecture difficile mais… Il faut s’accrocher au début. La trame principale commence de façon abrupte par un traité mathématique autour de la relation D = v.t. C’est court mais dense. Comme la présentation d’un lemme qui éclaire la suite du propos… Je rassure : si on peut parfaitement qualifier ce roman de hard SF, le reste est bien plus digeste. Quant aux épisodes historiques, ils débutent de façon déroutante, avec ce récit hellénistique à la tonalité fantastique et poétique. Récit qui sera bientôt poursuivi de façon plus énigmatique encore en conviant la dimension onirique.

Sur plus de cent pages, on avance avec ce sentiment de passer du coq à l’âne et d’un genre à l’autre. Il faut faire l’effort car effectivement, arrivé au premier tiers du livre, la lumière – véritable reine dans ce roman – commence à éclairer les nombreuses zones d’ombres. Et la suite n’est qu’une succession de révélations, savamment distillées, jusqu’à la chute finale.





Personnellement, ces difficultés pour rentrer dans le roman ne m’ont pas trop gêné car je commence à connaître l’auteur et il n’a pas pour habitude de balancer mystère sur mystère sans raison. Avec Calvez, tout est logique, tout est pensé, il suffit d’attendre, et en général quand ça vient, ça vient fort !

Je n’ai pas non plus ressenti de grosses longueurs comme dans « Sphères » et « L’arène des géants ».

Les faiblesses que j’ai notées se situent plutôt dans le style et l’écriture. Des coquilles et des maladresses facilement évitables. Des développements souvent laborieux pour le narrateur comme pour les dialogues avec une tendance à s’enliser dans les justifications et les raisonnements.

Encore dans les bémols :

- J’ai trouvé le second personnage féminin (la blonde spécialiste des moteurs) sous-exploité. C’est dommage car sur la fin il y avait une bonne fenêtre de tir pour en tirer un peu plus, puisqu’elle commençait à lâcher ses confidences. J’aurais aimé quelques révélations plus concrètes et apportant des surprises.

- La relation entre le « commandant » et son bras droit est fondamentale et représente l’une des intrigues, mais elle reste floue au final. Je n’aurais pas craché sur un chapitre supplémentaire, ou au moins quelques paragraphes, centrés sur eux vers la fin, peut-être l’occasion aussi d’expliciter les circonstances de la chute finale.

- L’épisode sur la Seconde Guerre mondiale m’a fait forte impression. Dès lors, j’aurais bien vu le « commandant » sous influence de réseaux néonazis, avec des développements tout autres !

- Parfois, un peu trop hard SF, inutilement.





Les qualités de ce roman sont, comme d’habitude chez Calvez :

- Un concept original (ici une double extrapolation scientifique), simple et fécond à la fois.

- Un développement de ce concept sous le prisme du raisonnement scientifique.

- Le déroulement d’un scénario à rebondissements offrant un divertissement de qualité.

- Une critique sous-jacente des dérives de la science elle-même, comme la tendance moderne à avancer plus vite que la science elle-même (ce qui s’apparente à de l’alchimie). On retrouve cette préoccupation chez d’autres auteurs comme Michael Crichton.

- Une critique de la nature humaine évidemment, qui s’illustre de bien des façons dans ce roman.



Le thème du paradoxe temporel est central dans ce roman. L’auteur en avait fait une démonstration impressionnante dans Sphères. Ici, c’est à la fois plus simple à comprendre et plus vertigineux.



Le thème du Contact, cher à l’auteur, est bien sûr au cœur du roman. L’originalité ici repose sur ce chassé-croisé entre deux types de Contacts, différents et semblables à la fois.



Ce qui m’a le plus enthousiasmé dans ce roman, c’est cette poignée de liens entre les récits. Des liens qu’on n’entrevoit que tardivement, qu’on découvre sur le fil de l’histoire et celui de l’Histoire. Des liens ténus qui prennent forme, touche après touche. Des liens improbables, poétiques, des liens qui laissent songeur ou béa. Il y a ces liens évidents et ces autres liens qui bouclent et qui donnent le tournis. Alors j’ai repensé à Cloud Atlas, ce formidable ovni de la Science-Fiction avec ces personnages qui se font écho. Le concept n’est pas le même mais, indubitablement, il y a du Cloud Atlas dans Le miroir du temps… ou l’inverse !





Avec Styx, Jean-Michel Calvez nous proposait une réflexion humaniste autour du mot « compatir ». La réflexion ici sera autant humaniste que scientifique avec ce mot de la fin : « projeter » !

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Sphères

Tout comme le précédent titre de l’auteur (L’arène des géants), Sphères est un thriller scientifique de facture classique ayant pour thème le Contact. Un thème récurrent chez Jean-Michel Calvez, si ce n’est son thème favori.





Le récit commence avec l’apparition soudaine d’une sphère grise opaque, comme en lévitation au-dessus de l’océan Atlantique. C’est un navigateur anglais qui, le premier, fait cette découverte renversante. Pour autant, la taille gigantesque de la sphère la rend visible depuis les côtes atlantiques, et bientôt c’est la planète tout entière qui apprend la nouvelle et se demande comment réagir.



Comment réagir ? Ces deux mots pourraient résumer le roman entier.

Comment réagir face à une telle intrusion, d’origine extra-terrestre selon toute vraisemblance ?

Mais de quelle sorte d’intrusion parle-t-on, au juste ? Est-elle fortuite ou au contraire planifiée ? L’intention est-elle amicale ou bien hostile ? À moins qu’elle ne soit neutre, tout comme semble l’être cet artefact insondable.





Sphères n’est nullement une suite à L’arène des géants. Toutefois les deux romans (sans doute écrits dans la foulée) explorent un certain nombre d’idées communes : la réaction terrienne face à la découverte d’artefacts extra-terrestres monumentaux ; des artefacts mystérieux, relativement passifs et pour autant inaltérables ; la conduite à adopter face à l’Autre ; Une lourde menace qui pèse sur la Terre. Le tout sous l’angle scientifique : on est bien ici dans de la hard SF. Des thèmes qui ne sont pas sans rappeler la trilogie à succès de Liu Cixin, j’y reviendrai.



Sphère se distingue de L’arène des géants par sa taille réduite, sa structure narrative plus simple et sa moindre envergure retenue sur le plan cosmique. L’histoire est aussi complètement différente, comme le sont les concepts scientifiques traités. Bref, ces deux romans, assez proches selon moi, offrent une belle complémentarité.





J’ai malheureusement retrouvé plusieurs des défauts que j’avais notés dans le précédent roman de l’auteur.

L’intrigue principale repose sur la (lente) compréhension de l’artefact étranger : la sphère. C’est une véritable enquête menée par la communauté scientifique mondiale, et en particulier par les deux principaux personnages qui sont des journalistes scientifiques. Le problème est que l’enquête progresse vraiment très lentement, et qu’elle occupe tout de même les deux premiers tiers du roman. Chaque chapitre apporte une petite avancée, certes, mais tellement maigre… À côté de cela, l’intrigue est ultra classique, avec des protagonistes plus ou moins éparpillés qui s’échangent des informations et alternent les découvertes. On sent dès le début qu’aucun danger ne menace aucun d’entre eux, et que les intrigues ne sont qu’un habillage, le seul enjeu étant l’élucidation du mystère Sphère.

Les personnages fonctionnent, mais sont parfois peu crédibles dans leur langage et leurs interactions.

Enfin, la géopolitique mondiale m’a un peu agacé (bipolarisme et manichéisme, angélisme otanien et onusien, France et États-Unis qui collaborent main dans la main, d’égal à égal). Rien de rédhibitoire cependant, puisque ce background ne vise qu’à apporter au scénario un peu de relief et d’ancrage dans le réel.



Côté réussites, on retrouve les grands points forts de Jean-Michel Calvez, notamment sa capacité à se concentrer sur une idée bien précise, la développer de manière très logique et proposer un dénouement qui décoiffe.

Le côté hard-SF est très bien servi par le style personnel de l’auteur (j’y reviendrai dans la référence à Liu Cixin).

Enfin, Jean-Michel Calvez fait dans ce roman un bien bel hommage à son métier premier (il est ingénieur en constructions navales) et son ancrage (le Finistère). On a également droit à une courte postface de l’auteur lui-même très intéressante.





Il y aurait beaucoup de parallèles à faire entre ce roman (mais aussi le précédent de l’auteur) et la trilogie de Liu Cixin : Le problème à trois corps.

- Le thème du Contact, traité sous l’angle scientifique et dans la forme du thriller.

- La théorie de la forêt sombre, centrale dans l’œuvre de Liu Cixin, transparait également chez Calvez.

- L’étude de la réaction de l’humanité et de ses paradoxes, à l’échelon individuel comme à l’échelon communautaire. (Par exemple, dans la dernière partie de Sphères, on retrouve la thèse que seul un groupe très restreint est en mesure de prendre efficacement certaines décisions concernant l’humanité entière. Cela fait écho au rôle central échu au « porte-épée » dans la trilogie du Problème à trois corps).

- La sphère de Calvez possède des similarités avec les intellectrons de Liu Cixin. Les deux auteurs ont particulièrement bien développé la nature et le comportement de ces artefacts, notamment sur le plan dimensionnel.

- Quelque part, les deux œuvres représentent chacune une véritable ode à la science, mais de manière différente : alors que Liu Cixin s’emploie à vulgariser avec talent une quantité impressionnante de phénomènes ou de théories scientifiques (au risque parfois de l’overdose), Jean-Michel Calvez se cantonne à quelques concepts et préfère mettre le focus sur la démarche scientifique elle-même. Questionner cette démarche, l’expliquer, l’expliciter, montrer (et démontrer) sa diversité (extrapolation, intuition, empirisme…). Assurément l’un des rares auteurs de SF capable de mettre si bien le lecteur dans la tête d’un scientifique.





Pour conclure, Sphères (comme L’arène des géants) reste un bon roman, mais pas sans défauts. De l’auteur je préfère nettement ses romans dont l’intrigue se situe dans le futur sur une exoplanète, comme IF 837 ou Éthique du contact.

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L'arène des géants

2009. Une série d'« occurrences » inédites et inexpliquées frappe la Terre. Erwann Portanguen, jeune océanographe, se retrouve malgré lui plongé au coeur de l'enquête. Mais celle-ci patine et, rapidement, les évènements prennent une tournure catastrophique, modifiant brusquement la destinée de la planète bleue et, avec elle, celle de ses habitants.



Je poursuis ma découverte de l'oeuvre de Jean-Michel Calvez, mais ce roman-là ne m'a vraiment pas convaincu. Une histoire noyée dans les détails techniques, un déroulement trop lent et monotone, peu de frissons et pas de chute finale : je n'ai pas retrouvé toutes les qualités qui m'avaient marqué dans STYx, IF 837 ou encore Ethique du contact.





Avec ses 460 pages, l'Arène des géants n'établit pas un record, mais il contraste nettement avec le reste de la production romanesque de l'auteur français (habituellement 300 pages). Très possible que ce gros format lui convienne mal – il est d'ailleurs un spécialiste des nouvelles. Peut-être aussi qu'il y avait une demande en ce sens émanant de son éditeur. Toujours est-il que l'histoire m'a paru bien trop étirée.



J'ai souvent ressenti un abus des descriptions techniques, notamment pour des détails sans importance. Je n'avais pas éprouvé cette gêne dans IF 837 ou Ethique du contact, qu'on peut pourtant aussi classer hard SF. Là encore, c'est peut-être une conséquence de l'étirement exagéré de l'histoire, l'auteur ayant alors peut-être fait du remplissage avec ce qu'il maitrise : des descriptions techniques.



On voit que les nombreux chapitres sont censés dynamiser la lecture en en renouvelant sans cesse l'intérêt. Il y a en effet un certain suspense entretenu très régulièrement, à la façon des page turners. Mais la structure de l'intrigue est toujours la même et finit par lasser.



Côté narration, on alterne entre une trame principale qui se déroule exclusivement sur la Terre à notre époque, et une trame secondaire située en un lieu indéfini de la galaxie. Celle-ci est l'une des forces du roman. Par son côté mystérieux (elle met en scène une civilisation a priori omnipotente et toute puissante), elle intrigue forcément. On comprend rapidement la nature du lien entre ces deux trames, et ce lien fonde d'ailleurs l'idée maitresse du roman. Malheureusement, j'ai trouvé cette deuxième trame extrêmement difficile à suivre. Il faut avoir quelques notions de statistique pour espérer comprendre quelque chose. Même avec ce bagage (ce qui est mon cas), ce n'est pas gagné. C'est fort dommage, car j'ai eu l'impression que l'intérêt majeur de l'histoire était de comprendre comment chaque épisode de cette trame lointaine se répercutait (s'illustrait) très précisément dans la trame principale. Je dois avouer que je n'y suis pas toujours parvenu.



Les personnages ne sont pas géniaux. le jeune océanographe sert de fil conducteur narratif, mais il a des réactions parfois naïves, et la façon dont il tient tête aux hommes de pouvoir (les militaires) est peu crédible. Ces derniers sont trop caricaturaux et je les ai souvent confondus entre eux, ce qui m'a rapidement conduit à les réduire au « groupe des méchants ».

La géopolitique terrienne aussi ne m'a pas convaincu, même si ce n'est aucunement l'intérêt du livre.



Plutôt qu'un « techno polar », je parlerais d'un roman « catastrophe » vu sous l'angle scientifique qui s'ouvre rapidement à la dimension du space opera. Parmi les principaux thèmes, on retrouve celui du premier contact avec une espèce extraterrestre intelligence – thème de prédilection chez Calvez. Les déconvenues et la démonstration de l'arrogance des hommes sont au programme, comme de coutume chez cet auteur.



Le dénouement, enfin, fait un peu flop. On lit les cinquante dernières pages avec l'espoir d'un grand oh ! Surtout quand on connait l'auteur. Mais finalement il n'y en a pas, car si on comprend le principe logique qui relie les deux trames narratives et qu'on suit bien la trame secondaire, on a une idée du dénouement avant l'heure. Malheureusement, la trame secondaire est si abstraite que je ne suis pas certain d'avoir compris ce qu'il advient de cette civilisation supérieure…





Malgré ma déception et le fait que je me sois ennuyé dans ce roman, il y a du bon. Cette façon logique (scientifique) d'explorer les hypothèses et les raisonnements. Ce regard critique (pessimiste ?) sur la psychologie humaine. Cet humanisme, paradoxalement si bien questionné à travers la confrontation avec l'Autre. L'originalité de l'histoire. Et puis, le plaisir de lecture d'un des rares auteurs français de hard SF (qui d'autre ?). Rien que de voir avec quelle facilité et quelle maitrise il parvient à nous plonger dans un environnement scientifique et technique précis tout en restant compréhensible, ça vaut le détour !





Edit:



Ma récente lecture de l'ouvrage de vulgarisation sur l'astrobiologie : À l'aube de nouveaux horizons, de Nathalie A. Cabrol, m'a conduit à reviser à la hausse mon appréciation de ce roman ! Un éclairage nouveau qui m'a fait réaliser le talent de l'auteur pour donner vie à des théories incroyables mais bien réelles de cette science, comme l'échelle Échelle de Kardachev. La théorie de la "forêt sombre" (Cabrol : p266), quant à elle, donne du grain à moudre au point de vue des militaires terriens.
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Coup de Pouce

Dans Coup de pouce de Jean-Michel Calvez, il est question de situations particulières flirtant avec la technologie de pointe, lesquelles nous surprennent autant par leur originalité que par le paysage imaginaire toujours renouvelé qu’elles convoquent.

La vie, qu’elle soit celle d’un vieux foetus dont le temps d’incubation est rallongé, d’un vieillard zaïrois de cent soixante–deux ans et six mois ou d’un bébé à naître dont la volonté de vivre pose question à sa mère, est le pôle d’attraction naturel vers lequel converge toute une technologie de pointe, cette dernière incarnée par des scientifiques zélés et suivie de près par des journalistes curieux, pour de bonnes et pour de moins bonnes raisons. Il est également question de réalité et d’humanité augmentée, dont Lady Kaga se fait le chantre à la télé pour le bonheur – très momentané – de fans pré–adolescentes. Attention cependant à l’enfance au sourire d’ange dont les pouvoirs peuvent s’avérer redoutables dès lors qu’on lui a fait du tort au nom d’une sacro–sainte science devenue folle : « l’effet Samuel » est à redouter : « électrostriction, millivolts par mètre, hystérésis, résonance, impédance neuronique, tout cet arsenal libéré…   Mais l’innocence pointe son nez derrière cet arsenal, ce bouclier de termes menaçants, pour peu que la tendresse fasse office de contrepoison ou de ruse de guerre, comme l’ail fait fuir le vampire. La représentation de l’Afrique que proposent deux des nouvelles de ce recueil peut aussi déranger (âmes sensibles s’abstenir), même si ce continent n’a pas le monopole de la violence : afin de nous en convaincre, embarquons pour Venise avec la dernière nouvelle, vers une cité des anges « plus que réelle », où d’inquiétantes gondoles sans gondoliers officient de nuit. C’est ma nouvelle préférée, sensuelle, poétique, mêlant l’or et le faste virtuel à l’horreur d’une réalité trompeuse.

En fin de compte, ce recueil comblera les amateurs de situations incongrues qui permettent de réfléchir à ce que les extrapolations scientifiques et leurs interventions sur le vivant réservent à l’humanité. Il se situe résolument du côté des excès de la science pour évoquer, de façon ludique et imaginative, voire délirante, les possibles dérives d’une ère post–humaine peut être pas si improbable, la réalité se débrouillant très bien, au besoin, pour dépasser la fiction.

Jean Michel Calvez pose ici des questions éthiques sans les assener lourdement, et ce faisant, renvoie le lecteur à ses propres fantasmes.

Nathalie Barrié, de Nouvelle Donne

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STYx

C'est un sentiment un double teinte que m'inspire la lecture de ce roman.



D'un côté, nous retrouvons nombre des thèmes de prédilection de Jean-Michel Calvez : la rencontre avec l'« Autre » et son lot d'incompréhensions, la colonisation (et sa critique).

De l'autre côté, c'est un roman atypique dans la production que j'ai pu lire de cet auteur, dans le sens où le genre hard-SF et la vision scientifique laissent ici la place à une double narration : deux enquêtes successives, deux points de vue, et à travers eux une immersion tout en subjectivité dans un monde chargé de mystères.



Il se dégage de cette histoire quelque chose de fort, qui marque. Et ce n'est pas uniquement dû aux thèmes forts (durs ?) et atypiques qui y sont approfondis, ni à l'univers particulièrement riche et palpable. On sent qu'il y a du gros investissement dans ce roman, de ceux qui vous poussent à faire autrement, à dire autrement, à dire autre chose.



Malheureusement, le style narratif choisi pour le premier récit – celui d'Orfeu, le journaliste – m'a heurté personnellement. Un style extrêmement sensoriel, où les contemplations se mêlent aux rêveries mélancoliques. Une technique récurrente utilisée par l'auteur m'a agacé en particulier : l'extrême récurrence de quelques descriptions de l'univers (les monts Kearsen, l'atoll de Tycho, le tableau holographique…), chaque fois déclinées sous un angle légèrement différent. Il en va de même pour le musidancer (ou son souvenir), qui est moins un personnage qu'un énième morceau de ce background.

Avec le second récit – celui de Lucio – le style change pour adopter celui d'une enquête plus classique avec son lot de suspense et de rebondissements.

Ce ressenti vis-à-vis du style reste très personnel à mon avis. La preuve en est l'avis de Stelphique, qui semble avoir davantage apprécié le premier récit !



J'ai trouvé cette forme de double récit particulièrement ingénieuse, adaptée à cet univers et aux thèmes abordés : pour parler de l'incompréhension dans ce qu'elle peut avoir de plus extrême, essentielle, s'offrir deux points de vue n'est pas un luxe, sans compter celui de « l'Autre », véritable noeud de l'intrigue.



L'histoire avance à son rythme, un peu particulier. Elle questionne beaucoup, mais ne déçoit pas : à l'arrivée les réponses sont bien là (le vertige aussi), et ouvrent le champ à de profondes réflexions, mais là s'arrête le rôle de l'auteur, n'est-ce pas !



Pour le lecteur souhaitant se faire une idée précise des nombreux thèmes humains abordés,

je recopie ici la liste des douze mots figurant à la fin du premier récit :

[spoiler]

Amour et souffrance

pitié et trahison

torture et jouissance

art et destruction

curiosité et vengeance

rage et compassion

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Note : l'illustration sur la couverture de l'édition d'Atria est magnifique par ses détails, très conforme au monde décrit.
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Éthique du contact

Éthique du contact est un Planet Opera sérieux, résolument scientifique, orienté vers la rencontre avec l'« Autre ».



Attention : même s'il n'en constitue pas une suite à proprement parlé, Éthique du contact s'inscrit dans la continuité de l'univers scientifico-exploratoire théorisé par Jean-Michel Calvez dans IF837. En particulier, quelques références y sont faites, mais surtout un spoil important sur le dénouement de l'histoire ! Aussi je ne saurais que trop conseiller au lecteur interessé de lire IF837 en premier.



Assez logiquement donc, Jean-Michel Calvez reprend un certain nombre d'éléments qui ont fait le succès du premier opus, en les adaptant à une nouvelle planète entièrement différente.

Mais loin de recycler une recette qui a fait ses preuves, il la transforme en scénarisant l'évolution, et ce de manière convaincante. Découvrir cette évolution dans l'approche scientifique, technique et déontologique des humains est en soit un plaisir.



Une nouvelle fois, cet excellent auteur démontre son savoir-faire pour ce qui est de développer un thème précis, original ou peu traité, tout en proposant une intrigue efficace et une chute vertigineuse.



L'intrigue est abordée sous l'angle scientifique. Une des forces de Calvez (qui est un scientifique à la base) est de pouvoir nous servir de la hard SF sérieuse, érudite, mais digeste et accessible. Chez cet auteur, c'est une tonalité, jamais une finalité.

L'intrigue offre son lot de suspens, de rebondissements et de déconvenues, non sans quelques longueurs il m'a semblé, mais rien de bien gênant.



Une autre caractéristique de l'auteur que l'on retrouve ici est la place de premier ordre accordée à la logique dans les raisonnements et les pensées, et jusque dans les états-d’âme des personnages. Inutile de chercher dans son écriture du contemplatif ou des non-dits. Calvez explicite presque tout. On aime ou on n'aime pas, mais dans ce genre, il est probablement un maitre en la matière, et comme les personnages sont des scientifiques, je trouve ce style approprié.



Les personnages en eux-mêmes ne m'ont pas marqué. Ce n'est pas là à mon avis le point fort de ce roman, même si l'auteur parvient à créer des personnalités propres tout à fait crédibles et évite les archétypes.



L'écriture, enfin, est servie par un style soigné et personnel, comme toujours chez cet auteur-là.



En résumé, j'ai beaucoup apprécié ce roman, qui conforte ma vision de Jean-Michel Calvez comme l'un des meilleurs auteurs de hard SF français.



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Aliénations

Amis de la hard-science, bonjour !!!

Un vaisseau interstellaire est détourné de sa mission d’exploration vers Orion par la décision des financeurs du projet restés bien au chaud sur Terre. Cinq des vingt membres de l’expédition sont arbitrairement réveillés après 100 ans d’hibernation et doivent prendre contact avec un artefact extraterrestre qui a eu le malheur de croiser la route de nos valeureux explorateurs.

Pourquoi de la hard science me direz-vous ? Parce que nos humains du roman sont bio-informatisés et que l’auteur prend un malin plaisir à expliquer en long et en large, le fonctionnement des nanotechnologies qui fleurissent désormais dans le corps de ces hommes du futur (l’action se passe en 2189). Mais rassurerez-vous l’explication passe bien et les rebondissements du scénario nous permettent de rendre le tout digeste et agréable à la lecture. Nos personnages bio-informatisés restent malgré tout attachants et on tremble pour eux tout au long de l’histoire. Enfin pour terminer, l’Alien qui deviendra l’ennemi à abattre ; est suffisamment original et exceptionnel dans sa conception pour en faire l’argument principal de lecture. On est bien loin du film de Ridley Scott de 1979.

Avec Aliénations, Jean-Michel Calvez montre que la hard-fiction française peut-être aussi un page-turner comme on les aime. Une originalité qui n’a pas encore été assez récompensée à ce jour au vu du faible nombre de lecteurs recensés sur notre site.

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Aliénations

Excellent.



Une mission d’exploration interstellaire est déroutée. 5 des membres de l’équipage sont réveillés pour une rencontre hors du commun, un vaisseau extraterrestre évidemment bien mystérieux.



De la hard science dans toute sa splendeur. Que j’ai par ailleurs trouvée très digeste. Si le rythme est lent (on n’est pas dans le space opera classique) les événements s’enchaînent malgré tout et on ne s’ennuie pas une seule seconde.

Si on ajoute à cela la réflexion qu’induit le texte sur les transformations bio-informatiques de l’humanité, on a ici un roman complet qui mérite qu’on s’y arrête.



Mon seul reproche : un siècle d'hibernation et seulement à 24 heures lumière de la terre (temps de latence des échanges) alors qu'ils doivent aller découvrir une exoplanète avec arrivée après deux siècles d'hibernation). Ou j'ai loupé quelque chose ?



Vu la quantité de critiques sur le site, (celle-ci n’est que la seconde) je trouve réellement dommage qu’il n’ait pas trouvé son lectorat.

Messieurs Dames de la SFFF, à vos livres. Vous ne le regretterez pas.
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Le Miroir du Temps

Ce livre m'a fait penser à un autre roman de science-fiction, que j'ai lu il n'y a pas très longtemps, les dieux eux-mêmes. Des héros scientifiques et de la vulgarisation scientifique ( dans le domaine optique, de l'optronique dans ce cas précis), un défi aux lois de la physique connues actuellement, un monde parallèle avec une société de trios (ou tryades? trouples?), une partie de l'action se déroulant dans l'espace...



Mais j'ai nettement moins aimé que le roman d'Asimov... é_è L'idée, le concept est joli, et la méthode d'alterner entre chapitre pairs les pensées et aventures de Vaino et chapitres impairs des récits dans divers temps et régions du monde ( la seconde guerre mondiale en Allemagne comme les années 1980 au fin fond de l'Afrique) est très sympa... Cependant les personnages m'ont paru curieusement fades, que ce soit Vaino (et pourtant j'ai apprécié aussi le fait d'avoir un héros finlandais plutôt que français ou anglo-saxon), Heini, Argynn, ou même les ambitieux Gerhard et Rosanna.

Le dialogue se déroulant dans le 16ème siècle entre François 1er et son protégé sonne faux (ou tout du moins simpliste: tel quel je l'aurais mieux vu pour de la littérature ado-jeunesse), tout comme le récit de l'apparition d'une mystérieuse jeune beauté nue chez un vieil ermite de la Grèce antique...

Les chapitres se déroulant dans l'autre monde... Pourquoi pas. L'écriture décrit des relations sexuelles avec un érotisme doux et pas trop envahissant (même le récit d'une escalade devient un passage sensuel), et les personnages, pour le peu qu'ils apparaissent dans le livre, sont presque plus consistants que les autres... Mais on reste autant distant des autres personnages qu'Argynn, le narrateur, qui de plus se montre très neutre de son côté, et auquel on a du mal à s'attacher.



De nombreuses pages sont consacrées à l'explication de phénomènes optiques très pointus: beaucoup trop alambiqué pour moi! quand j'ai recommencé pour la troisième fois une série de pages sans rien y comprendre et donc en m'ennuyant franchement, j'ai décidé d'utiliser le droit cité par Daniel Pennac dans son essai Comme un roman... et j'ai sauté ces passages qui me semblaient d'un didactisme laborieux et maladroit: le héros se rappelle à lui-même des notions qu'il connaît par coeur ( donc qu'il n'a a priori pas besoin d'en parler!)... Ceci étant, le secret induit par la découverte de Vaino et Heini impliquait effectivement que Calvez ne pouvait pas faire appel au procédé narratif facile et efficace du novice à qui l'on explique tout petit à petit, comme dans nombre de romans... Pas facile l'écriture!



Bref, je n'ai pas été vraiment convaincue par ce roman, pourtant loin d'être mauvais, doté d'une structure qui nous laisse agréablement reconstituer l'action à travers le temps, mais avec trop de petits défauts à mes yeux... Dommage!

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Éthique du contact

L'analogie de départ avec les technologies de l'information et de la communication est assez transparente mais le parti pris de l'auteur, très détaché, très factuel, permet d'installer une atmosphère d'angoisse qui va crescendo. Les cinq personnages, deux femmes, biologistes, et trois hommes, techniciens, sont bien vite confinés dans un huis clos d'autant plus impressionnant qu'ils sont entourés d'un désert hostile. La planète n'a rien d'une future terre promise. On se demande bien pourquoi leur vaisseau s'y est arrêté.
Lien : http://ocommecolomb.blogspot..
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La Voie Rubis

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Huis-Clones

Ne perdez pas de temps avec ce livre.

J'ai rarement eu autant de déplaisir à lire un livre. Le style est poussif et lourd (des phrases hachées, un style narratif pompeux alternant des séquences "familières" surjouees, et des descriptions pseudo-scientifiques pédantes), la trame narrative est téléphonée (on s'attend à ce qui se passe, jusqu'aux deux twists finaux, sincèrement risibles), on s'ennuie ferme sur la première moitié du livre (et on rit de la seconde).

Quelques rares bonnes idées (la double histoire qui s'enchevêtre par exemple), mais loin de sauver un tout à oublier très vite.

Certes le livre date de 97, mais de grandes œuvres sont sorties bien avant
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La Voie Rubis

La science-fiction est un genre que j’affectionne particulièrement, même si j’en lis ces temps-ci rarement, j’adore me plonger dans un univers où tout est y différent, une nouvelle vision du monde, de nouveaux codes. Bref ça me fait voyager !



Le synopsis de ce roman a tout pour me plaire et c’est pour cette raison que je me suis laissée tenter.



C’est avec enthousiasme que je me plonge dans cette lecture. Et là c’est le choc ! Outre le fait que les descriptions techniques sont bien trop présentes à mon goût et qu’elles cassent le rythme de lecture. Le reste est époustouflant : un décor détonnant, un sujet intriguant, une technologie époustouflante, des personnages intrigants et une intrigue qui a le mérite de m’avoir bluffée.



Si l’histoire débute sur Terre, l’essentiel se déroule à des milliards de kilomètres sur Jupiter et ses satellites, Io et Europe. Imaginer une station géostationnaire, baignant dans les gaz toxique de Jupiter, des hommes en combinaison, des aéroscooters, des navettes spatiales et des pirates. Ces derniers étaient les premiers à construire cette station où démarre cette fameuse Voie Rubis, source de convoitises et de pouvoirs.



Joshua est un jeune stagiaire qui sous ses airs de gentil bonhomme, se cache un homme d’une grande intelligence et qui va poser le doigt sur de nombreux faits louches. Par un heureux hasard, il se retrouve sur Jupiter avec son chef et la secrétaire de ce dernier. Mais des événements et de nombreux rebondissements viendront troubler la quiétude de ce voyage fabuleux.



Le décor a le mérite d’être époustouflant, j’ai eu l’impression d’y être et d’y vivre un voyage fabuleux. Et je pense que le point fort de ce roman réside dans cette évasion que nous offre l’auteur. Les planètes et les étoiles ont toujours été pour moi un élément fascinant et je retrouve ici ces mêmes sensations. Voyager dans l’espace. Outre ce fait, l’auteur nous fait vivre un rodéo galactique jusqu’au final qui m’a ébahie. Alors je ne m’attendais pas du tout à ce dénouement et j’adore être surprise. L’auteur se lâche dans les touts derniers chapitres et c’est d’un pur régal.



Même si j’ai eu extrêmement de mal avec les descriptions trop techniques, le reste sera vous séduire, notamment pour les fan « sans limite » de science-fiction.


Lien : https://lesmisschocolatinebo..
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La Voie Rubis

Décidément les romans de SF aux éditions Lune Écarlate ont le don de me plaire, c'est la première fois que je lis Jean-Michel Calvez (et j'en ai un autre à lire IF837) et je suis surpris de la qualité globale de cette histoire.



Pour peu que vous aimiez un minimum la Hard Science, vous passerez un très bon moment. En effet le côté technique est très développé, mais aussi bien compréhensible, ce qui n'est pas le cas de tous les ouvrages de ce type.



De plus, nous avons un complot planétaire, des pirates spatiaux, de l'action, de la trahison et une once de romance très légère mais qui apporte un petit peu de féminité dans le récit.



Les personnages sont assez sympas, pas forcément très charismatiques mais intéressants et avec pas mal de muscles et de sueur, mis à part notre narrateur qui est un jeune stagiaire, frêle, novice, mais malin et intelligent.



Pour l'histoire c'est assez classique mais comme c'est bien écrit elle tient la route de bout en bout et pas une minute d'ennui ne vient s'immiscer entre les pages.



Je conseille ce titre bien entendu aux fans de SF, de Hard Science (ou ceux qui veulent s'y frotter pour la première fois), mais également et surtout aux adeptes de Space Opera et Planet Opera et de piraterie spaciale.



Voir la chronique sur mon blog :


Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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IF 837

La plume de Jean-Michel est toujours technique mais maîtrisée. Ses romans parleront davantage aux gens qui ont un pied dans la science car il s'exprime avec un vocabulaire compréhensible par des néophytes mais tout de même technique. J'étais plus à l'aise dans ce roman plutôt que dans Aliénations car je retrouvais plus d'aspects scientifiques familiers.



Au-delà de l'influence scientifique, ce roman nous interroge sur des concepts de notre époque, à savoir la classification, l'intelligence, la frontière entre animal et andromorphe, sur l'anthropocentrisme etc. En plus, nous avons un vrai suspense avec ces fameux lémuriens. Franchement, j'ai été épatée, c'était une excellente lecture, un coup de cœur, même. A la fois pour l'aspect scientifique que pour les lémuriens justement et le suspense qui les accompagne. La fin est géniale, les réflexions sont vraiment pertinentes et intéressantes. Le seul point négatif est que l'on sait au final peu de réelles choses sur notre héros en dehors de l'action qui se déroule dans le roman.
Lien : http://dryade-intersiderale...
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Coup de Pouce

Ce recueil regroupe des nouvelles de Science-Fiction, de Fantastique et d'anticipation, qui mène le lecteur à se poser des questions sur les situations racontées. Chaque nouvelle est très recherchée. Le lecteur est amené à réfléchir sur chaque sujet proposé, sujets qui pourraient être actuel et amené à se forger de sa propre opinion.

Pour ma part je n'ai pas accroché à ce recueil, mais il faut avouer qu'il est très bien écrit, qu'il y a de la recherche et que l'auteur maîtrise très bien son sujet.
Lien : http://leslivresunepassion.b..
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Chair à Canon

Le récit se découpe en trois parties : guerre, horreur, fantastique. le glissement d'un genre l'autre s'opère sans heurt ni transition artificielle.

J'émets une réserve sur la partie fantastique qui mériterait des explications, ou au moins des hypothèses, enfin quelque chose. Je n'ai rien contre les récits qui demandent au lecteur un travail d'imagination sur les blancs et les silences. N'empêche, ce serait pas mal d'avoir un bout de début d'amorce d'embryon de base pour lancer la machine.



Côté style, du bon et du moins bon. Trop d'erreurs de débutant pour un auteur qui n'en était plus à son coup d'essai avec ce texte. Une phrase interminable par-ci, une lourdeur par-là, pas mal de scories, trop d'adverbes en -ment… Et je ne parle pas de répétitions faciles à éviter.

Dommage parce qu'on trouve aussi dans le texte des fulgurances quand l'auteur se lâche.



Chair à canon contient des choses intéressantes. J'en retiens surtout un mélange des genres bien fichu. Son gros défaut, je crois, réside dans le manque d'aboutissement.
Lien : https://unkapart.fr/chair-a-..
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