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Citations de Jean-Michel Maulpoix (402)


“Le bleu ne fait pas de bruit.
C'est une couleur timide, sans arrière-pensée, présage, ni projet, qui ne se jette pas brusquement sur le regard comme le jaune ou le rouge, mais qui l'attire à soi, l'apprivoise peu à peu, le laisse venir sans le presser, de sorte qu'en elle il s'enfonce et se noie sans se rendre compte de rien.
Le bleu est une couleur propice à la disparition.
(…)
Indéfiniment, le bleu s'évade.
Ce n'est pas, à vrai dire, une couleur. Plutôt une tonalité, un climat, une résonance spéciale de l'air. Un empilement de clarté, une teinte qui naît du vide ajouté au vide, aussi changeante et transparente dans la tête de l'homme que dans les cieux.”
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UN PAN DE MUR JAUNE

I

Quand elle traverse la rue trop vite
En faisant ses courses le soir sous la pluie
Le petit lui donne des coups de pied dans le ventre
Mais elle essuie ses joues elle ne se plaint pas

Entre citernes et clapiers il y a de l’herbe
On n’oserait pas dire que c’est un jardin
À cause de ces bidons d’essence et de ces bagnoles défoncées
Où des moineaux morts et des pigeons fermentent

On voit le long de l’autoroute des carrés frisés de laitues
Hérissés de pieds de tomates et de haricots
De petits vieux cassés grattent et ratissent
On s’étonne des baraques de planches où leurs outils sont remisés.

II

On n’a pas le pouvoir de passer à travers les murs
Qui voudrait croire que chaque matin à la même heure
Le ciel secoue à la fenêtre ses draps tachés de suie ?
Un mauvais sommeil ne change rien aux lointains

On voit pourtant parfois flotter un ballon rouge
Un mètre au-dessus de la tête d’une Marjolaine
Au-delà c’est pour les fumées les antennes
Rarement pour les oiseaux ou les anges

On entend le soir des musiques aux portes
Et toutes les fenêtres sont bleues à partir de huit heures
On écoute on regarde on n’a rien à se raconter
Mais on cherche toujours un petit pan de mur jaune.
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PETIT JOUR

Coeur fripé l’amer du sommeil dans la bouche
Tous ensemble ils arrivent par le tram de sept heures
Le bleu sent la javel la terre sent le goudron

Palmiers de ferraille et palmiers de suie
Des débris d’images couvrent leurs paupières
Les poulies du ciel grincent à grand bruit

Avançant sur le quai jusqu’à l’extrémité de la fatigue
Ils n’iront pas plus loin que ce monde-ci ce wagon-là
Du soir qui se lève au jour qui se couche.
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SUR LE TROTTOIR

Persiennes tirées à quatre épingles
Son et lumière dans le même lit
La fille de tristesse est une horloge
Qui marque six heures moins le quart
Sur le trottoir d’en face
Toujours au même endroit
Plantée chaque jour à la même heure

Femme close : coupures à ses poignets de fée
Elle a gardé son coeur de petite fille
Qui enfle quand elle fait l’amour.
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À L’HÔPITAL

Dans un couloir de l’hôpital civil
Une fillette pousse du bout du pied
Vers le ciel un caillou de marelle
Sur le damier blanc et noir du linoleum

Devant la porte des urgences
Une vieille femme ronfle dans son lit
Ses yeux gris-blanc grands ouverts

Deux infirmières roses
À demi nues sous leur blouse de nylon
Roulent le fauteuil d’un unijambiste

La ruche blanche bourdonne
Étrange messe étranges prêtresses
Enfants de choeur étranges

Des brancardiers transportent
On ne sait où
Des Christs de toutes sortes.
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AU BORD DE LA MER

Les immeubles aux façades carrelées
Sont les salles de bains de la mer
Des enfants dégringolent en grappes
Tandis que le soleil ajuste sur les murs sa toilette de lumières
Les élégantes de la promenade se mirent avant le déjeuner

Quand il pleut ce sont de gros navires de faïence
Qui grincent et ruissellent de partout
La mer leur jette ses paquets de sel sur la tête
Le linge claque et les haubans sifflent
Les gamins boudent contre le carreau
Les jolies dames boivent du thé chinois
En croquant des biscuits secs

Les immeubles du bord de mer
Sont le souvenir d’un voyage
Qui n’a jamais eu lieu.
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EN ÉTÉ LE SOIR
I

Les soieries d’été sont douces au toucher
C’est un crépuscule de corsages entrouverts sur la promenade
Et de baisers volés le long des bassins du jardin public
Où se mirent longuement les filles et les étoiles

Sous la laine noire des arbres des voix tricotent
Peaux brunes la promenade est encore belle.
Poudre à vos yeux bleu de vos cernes
La lune en son halo de juillet.

II

Terrasse en surplomb d’où considérer les passants
Nappe en papier blanc serviette de papier rouge
Pizza Margarita des bulles de Valpolicella
Un soir comme celui-ci les voix sont faciles et lointaines

Le rire des convives applaudit
On grignote des morceaux de ciel
Du soleil couchant jusque dans l’assiette
Léger d’épaules et de visage

Cette vie grésille entre les doigts puis s’envole en fumée
Ce goût d’alcool et de tabac on voudrait que ça dure
Surtout ne pas bouger ne plus rien déranger.
Une mouche sur une brindille se tient en équilibre.
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PETIT JOUR
  
  
  
  
Cœur fripé l’amer du sommeil dans la bouche
Tous ensemble ils arrivent par le tram de sept heures
Le bleu sent la javel la terre sent le goudron

Palmiers de ferraille et palmiers de suie
Des débris d’images couvrent leurs paupières
Les poulies du ciel grincent à grand bruit

Avançant sur le quai jusqu’à l’extrémité de la fatigue
Ils n’iront pas plus loin que ce monde-ci ce wagon-là
Du soir qui se lève au jour qui se couche.
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À L’HÔPITAL
  
  
  
  
Dans un couloir de l’hôpital civil
Une fillette pousse du bout du pied
Vers le ciel un caillou de marelle
Sur le damier blanc et noir du linoleum

Devant la porte des urgences
Une vieille femme ronfle dans son lit
Ses yeux gris-blanc grands ouverts

Deux infirmières roses
À demi nues sous leur blouse de nylon
Roulent le fauteuil d’un unijambiste

La ruche blanche bourdonne
Étrange messe étranges prêtresses
Enfants de chœur étranges

Des brancardiers transportent
On ne sait où
Des Christs de toutes sortes.
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  AU BORD DE LA MER
  
  
  
  
Les immeubles aux façades carrelées
Sont les salles de bains de la mer
Des enfants dégringolent en grappes
Tandis que le soleil ajuste sur les murs sa toilette de lumières
Les élégantes de la promenade se mirent avant le déjeuner

Quand il pleut ce sont de gros navires de faïence
Qui grincent et ruissellent de partout
La mer leur jette ses paquets de sel sur la tête
Le linge claque et les haubans sifflent
Les gamins boudent contre le carreau
Les jolies dames boivent du thé chinois
En croquant des biscuits secs

Les immeubles du bord de mer
Sont le souvenir d’un voyage
Qui n’a jamais eu lieu.

  
  
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EN ÉTÉ LE SOIR
  
  
  
  
II

Terrasse en surplomb d’où considérer les passants
Nappe en papier blanc serviette de papier rouge
Pizza Margarita des bulles de Valpolicella
Un soir comme celui-ci les voix sont faciles et lointaines

Le rire des convives applaudit
On grignote des morceaux de ciel
Du soleil couchant jusque dans l’assiette
Léger d’épaules et de visage

Cette vie grésille entre les doigts puis s’envole en fumée
Ce goût d’alcool et de tabac on voudrait que ça dure
Surtout ne pas bouger ne plus rien déranger.
Une mouche sur une brindille se tient en équilibre.
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EN ÉTÉ LE SOIR
  
  
  
  
I

Les soieries d’été sont douces au toucher
C’est un crépuscule de corsages entrouverts sur la promenade
Et de baisers volés le long des bassins du jardin public
Où se mirent longuement les filles et les étoiles

Sous la laine noire des arbres des voix tricotent
Peaux brunes la promenade est encore belle.
Poudre à vos yeux bleu de vos cernes
La lune en son halo de juillet.
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Les doigts de mes deux mains ne sont pas aussi nombreux selon que je porte des moufles ou des gants.
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PHOTOGRAPHIES

Pardonnez-moi si je ne parviens plus
À classer dans l'album les images de ma vie
Il y a trop d'absents et sur la table
Trop de verres vides

Plus de boucles non plus
Aux lacets du temps
Plus de billets retour

Non je ne déchire pas
Les photographies à présent
Ce sont elles qui me déchirent

Il faut apprendre à faire au mieux
Avec ce rien que l'on est
Pour quelque temps encore

Je parle voyez-vous une autre langue
Où les phrases sont plus courtes
On y compte moins de vis et de clous
Car la boîte en planches est plus simple

Je n'irai plus très loin
Avec cette encre-là
D'une couleur si pauvre
Qu'elle n'éclaire plus rien

Et il n'est pas certain qu'en parler soit utile.
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-ll y a sur le coeur une date de péremption, peu visible, comme pour les yoghourts, les saucisses, le gruyère râpé et le jambon. l'amour est une denrée périssable I Peut-être la plus fragile. Autant que les écarts de température, il craint la fatigue et la négligence.
- Mais quelle est cette usure ? Comment se faitil que I'on puisse oublier d'aimer ? Et pourquoi le corps ne garde-t-il des étreintes aucun souvenir? Est-ce soi-même que l'on quitte ? Se quitter, donner son congé. Fermer à double tour la serrure du vieux coeur. En vérité, le froid menace celui qui se met sous clef au lieu d'ouvrir portes et fenêtres... Cette progressive paralysie, cette ankylose des gestes, cette démarche courbée aux petits pas hésitants, cela s'appelle l'hiver !
- Apprendre à porter sa fatigue. Cesser de se retourner au moindre bruit. Ne plus regarder avec anxiété son visage dans la glace. Devenir la marionnette d'une vie de carton, dans un très petit jardin clos de murs, en banlieue...
- Se résigner à tituber jusqu'au bout de l'usure, les pieds dans des chaussons écossais, un verre de jus de raisin à cinq heures, un bol de verveine à six heures, et la pilule bleue de la vie grotesque, et le caleçon de flanelle, le paquet de couches, et le pull à carrea ux tricoté de grosse laine. - Se déprendre de soi-même. Accepter de n'être rien, ou si peu. Les yeux d'un gris vitreux et la voix cassée. Alors le froid qui saisit les cheville les tire doucement jusqu'à lui.
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Un temps survient où la vie se réfugie toute dans le choix du chapeau et du petit sac, la manière de nouer la cravate sur la chemise fanée oU de poudrer ses joues de beige et de vieux rose : un semblant d'allure, de bien-être, puisque désormais une seule question se pose : comment tenir encore debout ?
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À la saison froide on a pris conscience de la nature résiduelle des jours qu'il reste à compter. On sait que 'on appartient déjà à l'histoire ancienne.
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Un amour est ainsi : du temps qui brûle à l'état pur, d'une chaleur bienfaisante et d'une couleur très vive. Vous n'avez pas entendu craquer le sapin ni sonner l'horloge. Un matin, un grand froid vous a réveillé: les murs de la maison s'étaient envolés pendant la nuit ! Peut-être même avait-elle brûlé. Le lit était vide
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- Apprendre à porter sa fatigue. Cesser de se retourner au moindre bruit. Ne plus regarder avec anxiété son visage dans la glace. Devenir la marionnette d'une vie de carton, dans un très petit jardin clos de murs, en banlieue...
- Se résigner à tituber jusqu'au bout de l'usure, les pieds dans des chaussons écossais, un verre de jus de raisin à cing heures, un bol de verveine à six heures, et la pilule bleue de la vie grotesque, et le caleçon de flanelle, le paquet de couches, et le pull à carreaux tricoté de grosse laine.
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À la saison froide, les autres se détournent. Ils sont un peu gênés et regardent ailleurs. Nos histoires les ennuient, nos fatigues les assomment. Le jadis et le naguère ne les intéressent pas. Notre mémoire n'est pas la leur: on n'est plus dans le coup, on ne tient pas le rythme. Pourquoi ne pas s'arrêter là, et défaire pour de bon ses valises ? Le temps n'est-il pas venu de prendre du repos ? Qui aurait pu croire que nos raisons d'être fussent à ce point accrochées à autrui ? Les mots qu'il reste sont durs et secs : « Pas une main amie », « Où puiser le secours ? » Arthur l'avait compris ; il n'avait pourtant que vingt ans : « L'heure nouvelle est au moins très sévère. >
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