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Citations de Jean-Michel Maulpoix (395)


Jean-Michel Maulpoix
Quand la lumière aura versé
ses deux dernières larmes de cire,
je prendrai tes mains,
baiserai tes yeux,
et tu mordras dans mes lèvres.
Ayant roulé l’un contre l’autre
nos deux amours gorgés de nuit,
nous allumerons “l’aube”
pour nous regarder
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L’azur, certains soirs, a des soins de vieil or. Le paysage est une icône. Il semble qu’au soleil couchant, le ciel qui se craquelle se reprenne un instant à croire à son bleu. Un jour inespéré se lève tandis que sur la mer la nuit prend ses appuis.
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Les femmes aux yeux noirs ont le regard bleu.
Bleue est la couleur du regard,
du dedans de l’âme et de la pensée,
de l’attente, de la rêverie et du sommeil.

Il nous plait de confondre toutes les couleurs en une.
Avec le vent, la mer, la neige, le rose très doux des peaux, le rouge à lèvres des rires, les cernes blancs de l’insomnie autour du vert des yeux, et les dorures fanées des feuilles qui s’écaillent, nous fabriquons du bleu.

Nous rêvons d’une terre bleue, d’une terre de couleur ronde,
neuve comme au premier jour,

et courbe ainsi qu’un corps de femme.


(p38)
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Ce bleu qui nous enduit le cœur nous délivre de notre condition claudicante. Aux heures de chagrin, nous le répandons comme un baume sur notre finitude.
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Neuf jours sur la mer comme dans une église.

Seul avec les dieux, avec leur absence.
La pression de leurs mains invisibles sur mes épaules.
Seul à comparaître devant le bleu.
Dans le grand dimanche de la mer.
Buvant l'espace comme un ivrogne.
Des goulées d'angoisses et de croyance.
Désireux d'ajouter encore du ciel au ciel et de l'eau salée à la mer …

J'aime allumer une cigarette au milieu de la mer.
C'est un minuscule point rouge sur le bleu.
Un point d'incandescence, de grésillement et de chaleur.
Il signifie que j'existe :
je suis une graine, une pépite d'homme, une parcelle d'âme en larmes,

prête à s'agenouiller comme à disparaître.


(p103)
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Les mots parfois se précipitent.

La page bleuit, s’étale, se déplie, s’allonge, bientôt plus vaste que la mer. Elle se lève et forcit. Elle prend vers le ciel son essor. On voudrait croire alors qu’elle n’est plus ce vain chemin d’encre qui se hasarde vers nulle part, mais le cœur retrouvé de l’amour.

(...)

En vérité, pourtant, les mots se noient : elle est une affaire trop grande. Il faut à la parole des digues et des gués, des passerelles, des ports et des patries, toutes sortes de petites affaires rassurantes, des choses simples autant que précises à quoi penser et auxquelles se tenir, des clés, des colliers et des chiens, mettre ce bleu en boîte, tenir le large en laisse.
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La vie est creuse et compliquée. Elle manque de chambres et de jardins.
Poussière et tiédeur remuées, où courons-nous si vite ?
Il semble que mourir ne nous importe guère ...

Prendre SON temps : belle expression.
Prendre le temps qui est le sien, entre la naissance et la disparition.

Prendre son temps à soi pour le convertir en amour ?

Aimer, c’est donner de SON temps.

Seul jugement dernier :
A qui et à quoi as-tu donné ton temps ?
Comment as-tu dépensé le crédit de tes jours ?


(p146)

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Il est des visages dont la courbure donne à espérer l’impossible,
des reins où s’incurve la nuit,
des pas
que tard l’on voudrait suivre
jusqu’au ciel de lit d’une chambre odorante

dont les volets de bois
ouvriraient sur la mer.

(p44)
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Tu voudrais t’asseoir au fond de la mer, comme les dieux installés dans le ciel, en rond autour d’un puits dont ils remontent, de temps en temps, une âme, un regard d’homme, un cœur de femme, ou quelques livres très anciens dont l’encre violette a pâli.

Tu es un puits de chair plein de chimères.
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Jean-Michel Maulpoix
LA COULEUR DU POÈME

La couleur du poème dépend de la quantité de lumière
Qui se réverbère en son encre.
Elle change au gré de l’heure, de l’âge et de la langue.

Incolore au commencement, quand il n’est encore qu’une aspiration vague.
D’un blanc de page vide, il tend vers le gris en rêvant son encre prochaine.
Aube indécise sur le papier. Tels brouillards ou fumées qui montent.
C’est pourtant vers le bleu qu’il s’enlève le plus souvent,
Accroissant son ciel et son eau, entrouvrant sur la page une vague idée d’azur.

Noir, si rien ne le tire hors de soi, prisonnier qu’il demeure des signes.
Rouge, quand il accélère, s’enfièvre, circule et bat.
Or d’étincelle ici et là en son ballet de feuilles mortes.
Vert en mai devant l’arbre, blanc de décembre sous la neige,
Mais d’une couleur indistincte quand s’y penche un visage aimé.
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Souvent les hommes restent debout près de la mer : ils regardent le bleu. Ils n'espèrent rien du large, et pourtant demeurent immobiles à le fouiller des yeux, ne sachant guère ce qui les retient là. Peut-être considèrent-ils à ce moment l'énigme de leur propre vie.
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Parfois, on se regarde, on se sourit, on s'aime un peu, très vite, avec les yeux.

(p38)
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Un quart d’heure d’éternité, assis sur une tortue de pierre, au milieu de la rivière Kamo qui n’est après tout qu’une pellicule de silence, de calme et de reflets glissants sur les cailloux …
Je voudrais à mon tour construire un pavillon pour observer la lune,
ou allumer de grands feux au sommet des montagnes pour chauffer les nuages.
Peindre ou coudre des signes rouges sur des étoffes blanches pour me protéger de mourir …

Moi : ce point instable et vibratoire sur lequel toute altérité vient jouer sa musique.
« Homme égaré qui ne sait où il va
marche dans ce monde en aveugle en tâtant son chemin çà et là
du bout de son bâton. »

Etre en vérité cet aveugle qui s’efforce sans cesse d’écarquiller les yeux.
Tendre la main, tendre l’oreille, écouter le bruit d’autres langues.
Vérifier que des mondes existent auxquels je n’aurai pas accès.
Partager avec mes semblables des fragments d’ignorance.

Nos questions nous rapprochent mieux que nos savoirs.
C’est dans l’incompréhension que nous nous retrouvons, au défaut des langues,
là où les mots viennent à manquer et où se perdent nos appuis.

Nous offrons à autrui ce par quoi nous sommes seuls,
séparés jusque dans l’amour
et silencieux sous les replis de notre voix.


Japon – Kyoto - p35/36
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Brésil

Dans la nuit de cinq heures du matin, sous les ailes du 747, Rio a des allures de star : poussière de strass et de paillettes, piquetées dans les oies violettes et les satins noirs des pains de sucre.
Le Brésil brasille sous de très légers draps de brume.
Illusion programmée du voyageur : vue d’avion, la misère des favelas fait collection de diamants.
Elle étincelle : Rio joue du stéréotype.

Au sol, c’est l’hiver.
Privée de ses sunlights, la star sud-américaine sombre dans une mélancolie sans fond.
La ville n’est plus qu’un asphyxiant nuage de gaz d’échappement.
Les passants portent des vêtements pauvres.
Leur visage brun vire au gris.

Je visite d’un œil triste la capitale des plaisirs et de la folie
J’y cherche en vain la silhouette de la fille d’Ipanema, et
croise plus de vies brisées que de danseurs de samba.

***

Du Brésil, je retiens la douleur :
les gamins couchés dans les rues,
les kyrielles de prostituées et de travestis au pied de l’hôtel,
le couteau de cuisine de l’adolescent qui m’a fait les poches sur la plage
en réclamant « money, money »,
les favelas inaccessibles et omniprésentes,
et
la dissimulation imparfaite du malheur
sous le florissant mensonge des tropiques.


p99 et p104
(Ipanema est un quartier riche, chic et branché de la zone Sud de la ville de Rio.
C'est le berceau de la bossa nova.)
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PHOTOGRAPHIES

Pardonnez-moi si je ne parviens plus
À classer dans l'album les images de ma vie
Il y a trop d'absents et sur la table
Trop de verres vides

Plus de boucles non plus
Aux lacets du temps
Plus de billets retour

Non je ne déchire pas
Les photographies à présent
Ce sont elles qui me déchirent

Il faut apprendre à faire au mieux
Avec ce rien que l'on est
Pour quelque temps encore

Je parle voyez-vous une autre langue
Où les phrases sont plus courtes
On y compte moins de vis et de clous
Car la boîte en planches est plus simple

Je n'irai plus très loin
Avec cette encre-là
D'une couleur si pauvre
Qu'elle n'éclaire plus rien

Et il n'est pas certain qu'en parler soit utile.
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- Je n'ai jamais poussé la porte de mes jardins d'hiver.
Durant toutes ces années, il me semble avoir marché sans cesse au bord de ma propre existence, guettant les crépuscules, les aubes, les printemps, les automnes, les rivages, les lisières, les belvédères et les terrasses, toutes ces frontières imaginaires où l'on peut croire que le temps et l'espace vont s'ouvrir sur une vie nouvelle. Je me suis attardé dans des arrière-cours mélancoliques où s'entassent les meubles des vies perdues. J'ai fait de la mémoire et de l'attente un lieu où écrire. Restant sur le seuil, hésitant à le franchir, je suis devenu pour toujours un bonhomme de papier.
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Jean-Michel Maulpoix
Chaque matin je caresse le ciel quand ses paupières sont encore chaudes.

Le goût du jour
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Parvient-on jamais à habiter le temps comme une maison au fond d’une rue calme, les fenêtres ouvertes sur un petit jardin, les pièces claires, les miroirs profonds, les meubles aimés ? Habite-t-on jamais le temps comme un livre, tout autrement que dévoré de regrets, goûtant sur un banc de bois peint un parfum de lilas dans le jour qui s’achève ? La mort qui vient a piqué des bijoux d’un sou dans sa robe sombre. Voici mon cœur parmi les branches : où sont vos mains très blanches, et nos yeux qui se posaient sur les visages et sur les choses comme des oiseaux légers ?
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Chacun s’installe dans l’illusion d’un monde à soi, d’une vie qu’il croit entière, qu’il porte dans la poche, bien au chaud, près du cœur…
Mais nos placards regorgent de fantômes, de costumes de mariage et de robes de deuil, de mouchoirs repassés en pile, de culottes et de manteaux pendus pareils à de grands spectres qui sentent à plein nez la naphtaline et le chagrin.
L’irrémédiable inscription de nos vies dans le temps confirme l’existence d’un diable cornu qui danse sur notre poussière et se rit de nos vies. Non, vous le voyez bien, cet amour lui non plus n’est pas possible, rongé de vers et de remords.
On avait pourtant cru bien faire. On s’était appliqués. Dans les meilleures dispositions d’âme et de cœur. Tout pétris d’idéal. Mais tout s’en va en pluie et en poussière. Aucune encre n’y résiste. Aucun poème. Aucune autre promesse que de disparaître.
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La musique grimpe et redescend des escaliers de cristal.

Si elle est aussi lente,
c'est afin que chacun prenne le temps d'y compter
les grains de sa propre poussière.
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