Citations de Jean-Paul Sartre (2294)
« On se demande où on trouve le courage de se lever le lendemain matin et de retourner au travail, et d'être séduisante et gaie, et de donner du courage à tout le monde alors qu'on voudrait plutôt mourir que de continuer cette vie-là. »
Garcin : Vous n'avez pas peur, vous ?
Inès : Pour quoi faire ? La peur, c'était bon avant, quand nous gardions de l'espoir.
Chaque homme doit inventer son chemin.
La lecture est un pacte de générosité entre l’auteur et le lecteur ; chacun fait confiance à l’autre, chacun compte sur l’autre, exige de l’autre autant qu’il exige de lui-même.
Qu’est-ce que la littérature ? 1948
L’absurde ne fait qu’un avec la condition humaine.
LES HOMMES
Pardonnez-nous de vivre alors que vous êtes morts.
Je sais très bien que je ne veux rien faire : faire quelque chose, c’est créer de l’existence – et il y a bien assez d’existence comme ça.
J’ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout ; défense était faite de les épousseter sauf une fois l’an, avant la rentrée d’octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées ; droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait.
Jusqu'ici, ceux qui osaient porter témoignage, c'étaient des rappelés, des prêtres surtout… Ils nous montraient des sadiques courbés sur des loques de chair. Et qu'est-ce qui nous distinguait de ces sadiques? Rien, puisque nous nous taisions…
(dans un article paru dans l'Express, sur l'utilisation de la torture pendant la guerre d'Algérie.
cité par Jean-Pierre Guéno dans "Paroles d'Algérie")
Peut-être bien, après tout, que c’était une petite crise de folie. Il n’y en a plus trace. Mes drôles de sentiments de l’autre semaine me semblent bien ridicules aujourd’hui : je n’y entre plus. Ce soir je suis bien à l’aise, bien bourgeoisement dans le monde.
Moi, je suis méchante : ça veut dire que j’ai besoin de la souffrance des autres pour exister.
Mais que me font les hommes ? Dieu m'entend, c'est à Dieu que je casse les oreilles et ça me suffit, car c'est le seul ennemi qui soit digne de moi. Il y a Dieu, moi et les fantômes. C'est Dieu que je crucifierai cette nuit, sur toi et sur vingt mille hommes parce que sa souffrance est infinie et qu'elle rend infini celui qui le fait souffrir. Cette ville va flamber. Dieu le sait. En ce moment il a peur, je le sens; je sens son regard sur mes mains, je sens son souffle sur mes cheveux, ses anges pleurent. Il se dit "Goetz n'osera peut-être pas" - tout comme s'il n'était qu'un homme. Pleurez, pleurez les anges : j'oserai. Tout à l'heure, je marcherai dans sa peur et dans sa colère. Elle flambera : l'âme du Seigneur est une galerie de glaces, le feu s'y reflètera dans des millions de miroirs. Alors, je saurai que je suis un monstre tout à fait pur.
-Il n'y a qu'un seul but : le pouvoir.
-Il n'y a qu'un seul but : c'est de faire triompher ses idées, toutes ses idées et rien qu'elles.
-C'est vrai : tu as des idées, toi. Ça te passera.
J'ai commencé ma vie comme je la finirais sans doute : au milieu des livres.
J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute, au milieu des livres.
Karsky : J'ai rencontré votre père la semaine dernière. Est-ce que ça vous intéresse encore d'avoir de ses nouvelles ?
Hugo : Non.
Karsky : Il est fort probable que vous porterez la responsabilité de sa mort.
Hugo : Il est à peu près certain qu'il porte la responsabilité de ma vie. Nous sommes quittes.
La violence est un échec.
ORESTE : Je suis libre, Électre ; la liberté a fondu sur moi comme la foudre.
ÉLECTRE : Libre ? Moi, je ne me sens pas libre. Peux-tu faire que tout ceci n'ait pas été ? Quelque chose est arrivé que nous ne sommes plus libre de défaire. Peux-tu empêcher que nous soyons pour toujours les assassins de notre mère ?
ORESTE : Crois-tu que je voudrais l'empêcher ? J'ai fait mon acte, Électre, et cet acte était bon. Je le porterai sur mes épaules comme un passeur d'eau porte les voyageurs, je le ferai passer sur l'autre rive et j'en rendrai compte. Et plus il sera lourd à porter, plus je me réjouirai, car ma liberté, c'est lui.
... dans nos sociétés en mouvement les retards donnent quelquefois de l’avance.
« Les mouches », Acte II, Egisthe : « … Un homme libre dans une ville, c’est comme une brebis galeuse dans un troupeau. Il va contaminer tout mon royaume et ruiner mon œuvre. Dieu tout-puissant, qu’attends-tu pour le foudroyer ? ».