Citations de Jean-Pierre Coffe (59)
Le pain s'adresse tout d'abord à l'odorat. L'odeur du froment doit erré sensible et flatter le sens olfactif. Son arôme doit prévenir, sensibiliser le goût.
Pour le pain, la vue aussi a son importance. La robe doit être dorée et sa croûte permettre à l'œil de distinguer son mode de cuisson. Sur tôle ou sur sole, la différence est essentielle.
Le pain ouvert, l'œil appréciera la qualité de la mie, sa couleur légèrement crème, et sa régularité.
Si l'odorat sollicite le goût, la vue appellera le toucher car le bon pain est toujours beau et incite à la caresse. Le très léger craquement de la croûte sous la pression légère des doigts éveille notre sensualité.
Le surgelé n'a rien de dangereux mais quand on congèle de la merde, on décongèle de la merde...
[à propos de son père, mort en 40 quand Coffe avait deux ans]
Il ne m'a pris dans ses bras qu'une fois, à l'occasion d'une permission. Nous ne nous sommes pas connus et donc pas aimés.
FRUITS & LÉGUMES
Avant l'apparition des céréales, ils constituaient la base de la nourriture, étant entendu que le ramassage ne se limitait pas aux plantes ; escargots, vers, chenilles, lézards et rats n'étaient pas négligés.
Mme Chirac nous avoue qu'elle n'a jamais cuisiné de sa vie sinon une fois où elle a tenté pour son mari une omelette.
Ma précédente faillite m'a entraîné vers une longue dépression, et une immense période de réflexion. Cette fois, à l'inverse, je sens une énergie que je ne me connaissais pas s'emparer de moi. Je devrais être au fond du trou. Bien au contraire, mon appétit de vie est insatiable. A aucun prix, je ne veux revivre l'année passée à me flageller, seul, loin de la vie active, sans projet, sans issue. […] J'ai quarante ans, je veux, je dois m'en sortir, aller de l'avant. Et, je le sais, je n'ai plus le droit à l'erreur. Je dois réussir.Mais dans quoi?
Derrière le plaisir de goûter un produit de qualité, n’oubliez pas, jamais, qu’il y a un éleveur, un homme de caractère, rejetant les diktats de la profession, refusant de courber l’échine, devant la toute-puissance du productivisme.
Tu sais ça été dur... mais depuis que je suis dans cette cave, je fais bouteille de décoration. Y'a rien boire mais je me suis résignée. J'ai d'autres moyens de rêver. Comment je fais ? J'appelle mon nuage, je monte dessus et je lui dis montre moi la vie. Quoi ? et alors ! elle est belle et j'ai encore envie d'en profiter.
En admettant que contrairement à ce que j'imagine il existe un Paradis avec un tas de trucs débiles dedans, qu'il aille s'y faire enculer par les anges!
J'ai fait caca dans les raviolis
Lucien, poussé par la queue et tiré par le groin, se dandine sans difficulté vers son funeste destin.
"Les grosses têtes" ne m'occupent pas suffisamment.
Faire des confitures doit rester un plaisir, des plaisirs, celui d'en faire et celui de les offrir. Le plaisir c'est avant tout dans l'envie, l'envie de confiturer, puis de choisir, cueillir ou ramasser les fruits, les préparer pour la cuisson ou la macération, les regarder confire dans le sirop, les mettre en pots. le plaisir s'intensifie dans l'attente de la dégustation car la confiture est aussi l'école de la patience.
Décidemment, le travail aura rempli ma vie.
- Ne te pose pas trop de questions, Coffe (je me tutoie quand je me parle à moi-même). Sinon tu abandonneras avant d'avoir commencé !
Une vieille automobile avec deux pneus crevés mais sans roue de secours, voilà à quoi je ressemblais au moment de prendre la décision qui devait changer ma vie! Savoir apprécier la qualité d'un plat donne-t-il la moindre légitimité pour ouvrir un restaurant? Ne pas cuisiner comme un chef, n'avoir jamais acheté en quantité, est-ce un réel handicap en la matière ? _Ne te pose pas trop de questions, Coffe (je me tutoie quand je me parle à moi-même). Sinon tu abandonneras avant d'avoir commencé !
J'allais avoir un bébé. Ce serait, j'en étais sûr, un petit garçon, le mien. Je le voulais de toute ma force. Je voulais l'aimer, lui apprendre la vie, le combler de bonheur. Il allait, c'est sûr, être brillant, faire des études - pas comme moi -, devenir cultivé - pas comme moi. Il allait connaître une vie de famille douce, heureuse - pas comme moi.
J'étais émerveillé, reconnaissant, passionné. Je faisais même des efforts au collège pour ne pas être consigné, tant je souhaitais poursuivre mon cheminement culturel. Et, désormais, ma vie me semblait toute tracée: je serais acteur, un grand, comme ceux qui faisaientt de mes week-ends un enchantement.
Si je n'avais pas dormi chez moi, revu le visage de ma mère et de ma grand-mère, j'aurais pensé que j'étais ailleurs, dans un autre univers. Lequel? Je l'ignorais. Je me suis précipité dans les faubourgs de la ville pour essayer de trouver mon grand-père, afin qu'il m'explique, qu'il m'aide à comprendre. [...] Je l'ai appelé, il s'est retourné, nous avons couru l'un vers l'autre, je me suis jeté dans ses bras. Des larmes ont jailli de ses yeux et il m'a chuchoté: "Mon petit, mon petit, la guerre est ici, c'est terrible."
- D'abord on vient chez toi le prochain week-end juger de la qualité de ta basse-cour, a-t-elle dit. Les produits d'abord! Les produits c'est l'essentiel!
Je n'ai jamais oublié cette première leçon.