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Citations de Jean-Pierre Milovanoff (85)


Le jeune Augustin se révéla un esprit ouvert et léger, recherché pour sa drôlerie, une sorte d'amuseur toujours sur la brèche, pour la seule raison, me semble-t-il, qu'il n'est pas de meilleure cachette au monde pour un chagrin qu'une scène bien éclairée.
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Sur toute l'immensité russe, des centaines de milliers d'hommes, de femmes, de tous âges et de toutes conditions, disparaissaient silencieusement. Du jour au lendemain, des familles cessaient d'exister et il n'y avait pas de cadavres. Pas d'enterrements. Pas d'articles dans le journal. Rien ne devait transpirer de ces meurtres silencieux. S'inquiéter en public de la disparition d'un voisin était assimilé à une atteinte contre l'Etat. La rumeur elle-même était un crime.
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Le dimanche, si le ciel ne menaçait pas, les deux hommes partaient à pied dans la montagne où Bichon, en maître des lieux, guidait Kochko par d'anciennes voies forestières vers des espaces dégagés, connus de lui seul. Il profitait du bon du jour pour contourner le pic de la Sauve qu'il vaut mieux éviter en temps d'orage et il se dirigeait vers la lointaine combe du Maure, à travers les éboulis encombrés de glaces. Il marchait toujours le premier, la tête dans les épaules, flairant le vent et lançant de sa voix aiguë des observations sur les paysages qu'ils traversaient tandis que Kochko, vêtu de noir et coiffé de son feutre gris, le suivait comme une ombre colossale, calme et muette. Un remorqueur poussif tirant un cargo, telle était la comparaison que Bichon lui-même avait faite et qu'il répétait à chaque promenade à la manière d'une ritournelle porte-bonheur.
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- Qu'est-ce que c'est ?
- Un cheveu gris. Ton père les a eus blancs d'un coup. Pourtant nous étions heureux dans ce temps. J'y pense souvent.
[...]
- Il y a une chose que tu dois comprendre, maman. On ne peut pas vivre dans le passé.
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Croyez-moi.
Toute vie est faite de jours, de nuits et de souvenirs.
Mais le hasard est un animal affamé qui ne dort pas deux fois au même gîte.
Depuis que j'observe le monde, j'ai souvent vu des hommes de valeur perdre en quelques foulées la voie heureuse et ne jamais la retrouver malgré leurs mérites.
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Croyez-moi. Le silence n'est pas l'oubli.
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La leçon que chacun retient de son expérience lointaine ne pèse pas plus qu'un duvet sur la tête de la fourmi.
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Le comportement d'Isidore n'était pas moins intéressant. Il semblait porter sur ses maigres épaules tout le passé de Gabrielle et refaire sans cesse avec ce fardeau le chemin escarpé qui conduisait à leur amour. Je savais beaucoup de choses sur lui, par nos conversations de minuit.
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Ah! misère et magnificence de la mémoire qui mêle larmes et diamants dans ses coffres à double fond!
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Elles n'oublaient pas non plus, en s'éloignant, de faire étinceler sur elles, comme des scintillants de Noël, les pendeloques qui se balançaient à leurs oreilles, les plaques de métal, les boules, les chaînes, les anneaux divers qu'elles avaient suspendus à leurs poignets, à leur taille ou à leurs chevilles, et toujours, sur leur lancée, erraient des parfums indociles, évoquant l'explosion nocturne de serres intensément éclairées, le naufrage de voiliers noirs chargés de plants de citronniers, de brusques feux de fougères que le vent transporterait, ou l'évaporation de villes démantelées par des brouillards d'encens brillant.
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Paul n'oubliera jamais cette fuite devant l'Histoire, qui prenait un air de vacances et qui était pourtant sans retour
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Jean-Pierre Milovanoff
Je n'évoque pas une joie que j'aurais perdue, mais celle qui ne pouvait pas advenir, du fait que la seule langue dans laquelle nous aurions pu échanger autre chose que du malheur ne m'avait pas été enseignée.
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Mais c'était surtout vers le soir, juste avant le coucher du soleil et encore longtemps après, à l'heure où les martinets se croisaient très haut dans un ciel qui s'obscurcissait lentement, que grandissait en nous le désir de toutes les vies auxquelles la vie donne droit. Même si les mots nous manquaient pour comprendre nos sensations (quelquefois trop fortes pour nous), nous savions que chacune d'elles, de l'éblouissement à la torpeur, était un don que l'été nous faisait en particulier.
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Aujourd'hui, lorsque j'examine ces faits avec le détachement et la compassion qu'ils réclament, ou quand je rends visite à ma mère et du même coup à Odette, et que mes yeux s'attardent, longtemps, comme chaque fois, sur la croix de guerre accrochée au mur au-dessus de leurs deux fauteuils, il me semble saisir l'origine d'une foule d'événements qui n'ont pas cessé d'agir sur moi jusqu'à ce jour comme l'acide sur la chair vive.
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Certes, j'admire (sans les envier) les personnes qui bâtissent sur le sol stable et s'élèvent peu à peu dans la hiérarchie comme le pompier sur l'échelle. Je suppose qu'au terme de leurs efforts, quand elles arriveront au portail de la grande nuit, elles auront la satisfaction de montrer à leurs héritiers toutes les possessions accumulées, les caisses remplies et le long chemin parcouru. Pour ma part, je veux mourir désespéré de n'avoir pas su retenir comme un trésor ce que le temps écarte à mesure dans sa cruauté insensée, ce qu'il dissipe et démolit, ce à quoi il n'accorde aucune existence. J'aurais jeté mes forces dans une bataille qui n'avait de prix que pour moi, et dont l'enjeu consistait à sauver un chuchotement, la palpitation d'un feuillage, le chapeau d'un bon à rien et quelques étincelles colorées sur le faîte d'un toit de tuiles.
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Il y a trois façons d'espérer, me déclara-t-il (...) Dans le présent, dans le futur et dans le passé. Ceux qui espèrent dans le présent sont les mesquins, les médiocres, les gloutons, les usuriers. C'est l'espèce la plus nombreuse. Ceux qui espèrent dans le futur sont les velléitaires, les paresseux. On les voit, éternellement fatigués des travaux qu'ils n'ont pas entrepris, se berçant de l'attente des jours meilleurs. Ceux qui espèrent dans le passé sont les poètes, les mélancoliques, les fous et les morts. A dire vrai, ce sont les seules personnes qui ne m'inspirent pas de la répulsion.
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Je suis l'indispensable et indispensé
Corbeau corvée
J'ai des ailes, je suis zélé
Je répare les pots cassés
Je dépanne les gens coincés
Je suis beau, je suis malin
Je protège les orphelins
Je vole au secours des petits
Les méchants, je les aplatis
Un malheureux a-t-il crié ?
J'arrive sans me faire prier
Demandez-moi n'importe quoi
J'ai la solution croyez-moi
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- Tu n'as rien compris. Qu'est-ce qui pousse à l'ivrognerie ? La tristesse. Au vingtième siècle, tout le monde sera heureux. C'est le bonheur qui remplacera la vodka.
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Si tu avais vu ce que j'ai vu ! Le long de la voie ferrée, des gens se traînaient pour qu'on leur donne un bout de pain. Je dis "des gens" parce qu'il faut bien nommer ce qu'on voit, mais pour moi ce n'était plus des gens. Est-ce que des bras peuvent ressembler à des tiges desséchées ? Autrefois j'aurais dit non. Est-ce qu'une jeune femme peut avoir le visage sec d'un grillon ? La réponse est oui. Je te jure qu'aucune métamorphose n'est impossible à qui meurt de faim.
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Une fois j'avais mission de neutraliser un certain Ivanov qui avait été le trésorier local du parti social démocrate interdit depuis octobre. Un indic nous avait appris que l'ennemi détenait des documents non autorisés. Je pris deux hommes avec moi et frappai chez le suspect à une heure du matin. Le bonhomme ne dormait pas, il avait posé une planche sur ses genoux et il écrivait un poème. On ne lui laissa pas le temps de protester, on le bâillonna avec une serpillière qui traînait dans le couloir, on le conduisit dans la rue et une balle régla l'affaire. Plus tard, quand on fouilla la chambre pour découvrir les documents, on s'aperçut qu'on n'était pas chez Ivanov, on s'était trompé d'étage !
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