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Citations de Jean d` Amérique (163)


Je garde de toi le seul poème qui vaut le coup: un flot humain qui court les rues sans marcher sous l'ordre des feux rouges.
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Cercueil de la tendresse, Papa ne se sent traversé par la vie que quand il cogne. Cogner... Importe peu le refuge des coups. Poétique du poing. Je frappe donc je suis. Papa ne s'adonne pas au jeu de la souplesse. Il déteste toute chose qui ne fait pas, selon lui, assez de mal aux muscles. Ne tolère pas la littérature, par exemple. Pour lui, écrire serait une vraie insulte à son corps. ll n'est pas de ces êtres qui ouvrent leur fenêtre à la poésie. Les poètes ont des poings énormes : il irait avaler Lavilliers comme du mauvais sirop pour ce vers. Il n'a pas le sens des mots. Un jour, voyant un écrivain discourir à la télé - ce n'est pas qu'il ne comprenait rien à ses propos, c'est que celui-ci le dégoûtait de se contenter d'être un écrivain il a jeté sa voix contre l'écran comme un sphinx : Si tu pensais à autre chose qu'à grossir ta bibliographie, si tu lançais autant de coups de poing que de mots, tu descendrais pas mal de ces salauds que tu voudrais voir se taire!
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La nuit pue l'ennui. Comme un cadavre qui n'a pas encore pris son bain, ça sent le rêve raté. Heurtée contre une tranchée de souvenirs, je braque le sommeil sans succès. La nuit parfois ne ressent aucune pitié, elle nous habite pour exiler toute paix et coloniser la porte des rêves. Ennui et vide s'octroient résidence dans l'esprit. Ainsi n'est-il plus de songe qui ne soit tissé de terreur.
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Sitôt que je lève la tête, je tombe sur mon espoir d'eau fraîche : Silence. Ses yeux, comme des lucioles, illuminent la pâleur entre mes paupières. Le printemps danse dans ses pupilles et le soleil s’essaie, funambule, le long de ses cils. Son regard, une étendue de sable venue flatter les vagues. Que reste-t-il à l'été, mademoiselle, si ton regard porte tant de chaleur ?
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Je guette encore la page, j'insiste, j'invite le chant à s'accoupler à ma voix : comment épeler, par-delà les alphabets du vide, ce sentiment qui bouillonne dans mon sang ? Papa, posé sur un petit banc devant la porte, renoue avec l'un de ses gestes rituels : depuis ses lèvres, il lève un point rouge qui ne ronge qu'une mince parcelle des ténèbres tordant l'espace. Cavalier de nuages, il dresse son joint au ciel, comme s'il essayait d'attirer l'attention du dieu que la légende de la bouche qui donne et de l'oreille qui reçoit y cache depuis des lustres. Papa l'ignore, mais il semble que le Très-Haut le capte dans son angle de vue, espère qu'il lui fasse la grâce d'une bouffée. Sait-on jamais, il pleure peut-être pour un peu de cannabis. Va savoir d'où vient le phénomène de la pluie... Pauvre Dieu ! On l'a accusé d'avoir tout créé, pourtant il est fasciné par une simple plante qui peut le faire voyager au-delà des astres, au-delà du triste ciel où les humains l'ont foutu.
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T’aimer est le plus doux chemin vers la vie.
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La nuit pue l'ennui comme un cadavre qui n'a pas encore pris son bain, ça sent le rêve raté. Heurtée conte une tranchée de souvenirs, je braque le sommeil sans succès . La nuit parfois ne ressent aucune pitié, elle nous habite pour exiler toute paix et coloniser la porte des rêves. Ennui et vide s'octroient résidence dans l'esprit. Ainsi n'est -il plus de songe qui ne soit tissé de terreur.
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Repaire de toutes vagues humaines où l'on ronge les nuits et leur mission de soleil, ce bar est un rivage au grand cœur, un ciel où des oiseaux en mal de branches dans la savane de la vie quotidienne viennent guetter un ailleurs. Ouvriers hantés par le supplice du travail, traînant la voix incendiaire du patron dans leurs carcasses cervicales même très loin de l'usine, la besogne pénible et le salaire de misère, étudiants qui en ont marre d'étudier, errants de tous les coins, abonnés de la chaîne bohémienne, chômeurs, électrons libres ou prisonniers de l'oisiveté, corps terrassés par le vide, jeunes gens à l'affût de chair neuve, célibataires à la recherche de regards d'autres délaissés, tessons de cœurs venus se recoller à l'horizon d'un verre, enfin bref, tout le monde se forge une place ici. Bazar de toutes les couleurs, de toutes les chaleurs.
C'est un peu la seconde maison du Seigneur des Entrecuisses, cet endroit. Il vient régulièrement pour escalader les portes de ses poumons, pêcher d'autres fleuves que le sang pour irriguer ses veines, mettre à jour son statut d'éméché puis se tirer par la fenêtre des illusions. Et ce soir, cloué autour de cette table encore une fois avec ses amis, il ne cherche qu'à dégainer l'arme capable de contrer les relents suffocants de la tristesse. D'un côté, un couple sirote de la bière, échange des sourires légers, comme par précaution, pour ne pas se frôler au fond. De l'autre côté, une jeune femme plonge sa tête dans un verre de whisky, vacille entre l'enfermement de soi et la brûlure d'un écartèlement, énonce sa solitude à regarder les passants qui s'invitent joyeux dans les battements des haut-parleurs, s'écorche le cœur à fixer sans relâche des ombres humaines qui, reliées d'une douce magie par les mains, disparaissent parfois pour de bonnes minutes dans la salle de danse ou dans les toilettes...
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Demain est un poème en chantier, écrivons le ensemble.
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Repaire de toutes vagues humaines où l’on ronge les nuits et leur mission de sommeil, ce bar est un rivage au grand cœur, un ciel où des oiseaux en mal de branches dans la savane de la vie quotidienne viennent guetter un ailleurs. Ouvriers hantés par le supplice du travail traînant la voix incendiaire du patron dans leurs carcasses cervicales même très loin de l’usine, la besogne pénible et le salaire de misère, étudiants qui en ont marre d’étudier, errants de tous les coins, abonnés de la chaîne bohémienne, chômeurs, électrons libres ou prisonniers de l’oisiveté, corps terrassé par le vide, jeunes gens à l’affût de chair neuve, célibataires à la recherche de regards d’autres délaissés, tessons de cœurs venus se recoller à l’horizon d’un verre, enfin bref, tout le monde se forge une place ici. Bazar de toutes les couleurs, de toutes les chaleurs.
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Ce n’était pas toi. Ce n’était pas ton visage. Sourire mitraillé comme de la grêle émergeant sur la peau. Ce n’étaient pas tes yeux. Mais des regards poussés dans les ruines. Des barres de larmes qui dessinent le chemin des étoiles. Toi, tu sais voir derrière les ombres. Tu sais marcher, tu sais marcher hors de tous ces pas que tracent ce monde mouillé d’indifférence. Ton nom est une prose en tumulte au gré des pages.
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Chaleur qui monte, sueur qui descend, souffle qui alarme l’air, voix qui cassent l’hésitation, cris qui se libèrent, poings qui se lèvent, chant rebelle qui s’écrit, pneus en flammes, pancartes qui déchirent l’espace, slogans qui mitraillent : la rue enlace le brasier d’une foule venue cracher son besoin de vivre. On ne s’attendait pas à voir autant de gens répondre à l’appel à manifestation du petit comité citoyen de Cité Paille. C’est que leurs motifs de protestation sont communs à tous les autres quartiers précaires du pays : pas d’accès à l’eau potable et, sur leurs quelques kilomètres carrés, pas moins de cinq organisations non gouvernementales mènent depuis des années des projets à coups de millions au nom de ce problème. La foule est immense, c’est dire à quel point la population avait soif de ce moment. Tout se lit sur ces visages armés de rage et d’espoir, d’où s’élèvent des voix qui s’épaississent de plus en plus.
Et voici le silence, le silence meurtrier qui débarque. Un cortège de vautours envoyé par monsieur l’Etat pour semer la peur partout où pousse quelque bruit contestataire. Je parle de ces flics, véritables bourreaux en cagoule, je parle de ce troupeau de monstres appelés forces de l’ordre qui viennent pourtant semer le trouble au milieu d’un peuple debout pour la bonne cause. Cela fait penser aux têtes tabassées, aux emprisonnements injustes, aux cris étouffés par les bulldozers d’un système répressif, aux coups de matraque mortels, aux balles assassines qui ne ratent pas leur cible, aux voix étranglées pour avoir osé se lever, aux anges criblés de projectiles pour tentative de déploiement d’ailes, aux cadavres empilés le long des rues, à la pisse qui prend le large sur la face de la lutte… Les flics n’ont pas d’amour à partager, ni de tendresse à vendre, ils font parler la haine et portent le dégoût dans leurs gestes. De mémoire de gueule, on n’en a jamais vu d’aussi sales. Ils arrivent avec le silence dans leurs bombes lacrymogènes, ils arrivent avec des « ferme ta gueule » dans leurs bottes et des « tais toi racaille » au bout de leurs pistolets.
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Quand tombent les étoiles, le ciel ne peut recoudre leur beauté.
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Ici, il y a le parfum qu'on aimerait tant partager et l'odeur de cafard qui asphyxie nos paroles. Chaos au passage du jour, aube coincée dans le chant acéré des nuits, barbelés crus apprivoisant le derme de nos espérances. Nous sommes des corps mêlés dans les ferrailles de la vie, des voix en mal de chanson douce, nous sommes ce quartier, un cul attendant d'être torché...
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Le cœur du quartier bat au rythme du vide. Les ombres s'y ramifient sans trêve, jusqu'à former une de ces nuits où périt la dernière lueur des rétines. Une de ces nuits lourdes qu'on sent tirer sur l'horloge pour avorter les rêves d'aube. Une de ces nuits qui donnent à la rue ses vêtements redoutables. Elle laisse couler son silence au gré du béton tandis que les fusils commandent la symphonie.
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Issue de toutes contrées, le cul botté par des plaies sociales, une marée humaine est arrivée ici au nom de la lumière un jour de ciel noir, un jour de gueule pâle. Nomade comme une vague, libre, si liberté, c'est reprendre ce que les malades du pouvoir privatisent à tort. Une foule de rejetés est arrivée dans ce coin un jour de soleil déchiré. Un jour de lutte, à marquer les vitres de I'Histoire d'un sacré coup de pierre. Un jour de poing levé, à planter un drapeau de flammes sur les collines de la mémoire. Des marginalisés sont arrivés en horde et se sont installés, pour faire valoir leur droit d'habitants de la Terre en s'offrant une parcelle. Un jour à en vouloir à la lâcheté, un jour à cracher sur l'Etat qui s'était décrété propriétaire, laissant des terrains vagues à la merci des bêtes et des déchets tandis que des milliers de citoyens étaient sans demeure. Il y a une vingtaine d'années, une marée humaine est arrivée ici pour forcer la ville au large, pousser la mer et en faire ligne d'habitation. Inhabitable pourtant.
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[ sous les ponts ce qui (se) passe ]

sous les ponts ce qui se passe relève
d'un nom plus tragique que l'absence
d'amants dessus
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Tu seras seule dans la grande nuit.
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Je connais des veines étouffées par une moderne déchirure
les murs
je connais peur abus et injustice
ce sont trois produits de l'usine policière
destinés à ceux qui portent des tresses à Port-au-Prince
comme à ceux qui portent à Paris
une peau que l'obscur a désigné noire
je connais ce poème ma douleur
il vient des aubes déchirées
il naît des yeux de Jacques Stephen Alexis* crevés par Duvalier
je connais la phrase qui débute par une larme commune
et celle qui se termine par un poing dans la gueule

* homme politique et médecin haïtien, qui s'est illustré par sa résistance à la dictature de Duvalier.
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Des lueurs corrosives emprisonnent les bords de ma vie, me rongent jusque dans les profondeurs. Peau livrée au chant des épines, je suis comme enfouie dans un immense labyrinthe et ne sais d'où viendra enfin une brèche pour m'esquisser un horizon. Telle une bougie s'imposant des larmes mortelles, me voici trafiquée dans les halos de la violence, je force mon regard jusqu'à me saigner les yeux. Lacérée jusqu'au plus profond des entrailles, je dépose une épitaphe sur les fleurs massacrées de mon enfance. Voiles éraillées, ailes cassées dans les orages du temps.
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