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Critiques de John Fante (738)
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1933 fut une mauvaise année

"1933 fut une mauvaise année", c'est l'histoire d'une répétition qui vire à l'obsession chez John Fante. Ecrite en 1986 après "La route de Los angeles", "Bandini", "Les compagnons de la grappe" et j'en passe, c'est l'histoire jumelle des précédentes.

Celle d'un fils de rital émigré aux Etats-Unis qui enfonce sa famille dans la misère, sous les couches d'une neige maudite empêchant à sa bétonnière de tourner en hiver.

Mais malgré le poids de sa lignée, Dom Molise,17 ans, reste à l'âge des possibles. D'autant plus qu'il a un don, "Le Bras", qui lui ouvre à coup sûr les portes glorieuses du baseball. C'est son copain Kenny qui le dit.

Le portrait de ce Dom Molise semble moins tonitruant que le Bandini survolté de "La route de Los Angeles" au même âge, il apporte une nuance de maladresse (avec les filles), de douceur et de drôlerie au personnage... de John Fante bien sûr, personne n'est dupe. Même si ça se joue en filigrane.

Ça se joue aussi en émotion contenue. C'est toujours elle qui apparait au final dans les lignes du récit, comme la Vierge Marie est apparue en plein rêve éveillé de Dom Molise.



Bandini ou Molise peu importe. A travers eux, l'écrivain semble jouer de sa biographie comme un musicien obsédé par une partition, il retrace les lignes de son histoire pour tenter la perfection. On y est pas loin avec ce "1933 fut une mauvaise année", il me semble. Une pépite, tenue à bout de Bras par une écriture inégalable, touchée par un je ne sais quoi. La grâce, diraient certains.
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Bandini

John Fante se rappelle son enfance dans le Colorado. Il avait saisi ses souvenirs sur des pages. Il dit "Je redoute d’être mis à nu par mes propres oeuvres. Je suis certain que les personnages de mes romans ultérieurs trouvent leur origine dans ce texte de jeunesse."

Une lumière, un son, une fragrance, et c’est la mémoire de sa famille qui apparaît…



Svevo Bandini a quarante ans. Il est né dans les Abruzzes en Italie. Là-bas aussi, il fait froid, il neige l’hiver, et pas plus qu’aujourd’hui, il n’aimait ça. En Amérique, il a choisi le Colorado pour terre d’accueil. Il est maçon. Poseur de briques. Il peut aussi bien ériger un chalet comme un palais, et ce n’est pas n’importe quoi ! La saison ne lui permet pas de travailler, alors si de temps en temps il va jouer au poker à l’Impérial, perdre quelques dix dollars, ou si avec les copains, il va boire un coup… faut pas l’embêter ! Maria, sa femme n’a rien à dire. Qu’elle prie Dieu et ses saints en égrainant son chapelet, qu’elle lui fasse des pâtes, et qu’elle s’occupe des gosses ! Lui, Bandini est un homme qu’on respecte parce que ses yeux peuvent parfois être durs, qu’il est fort et qu’il ne tremble pas devant le petit banquier parce qu’il ne peut pas payer les traites de la maison ; il est pauvre.

Svevo chemine vers son foyer, la tête basse, le regard rivé sur ses godillots percés. S’il pouvait, il irait à reculons. Pourtant, il sait bien que sa Maria va le recevoir avec un doux sourire. Elle va prendre tout le froid contre elle et lui offrir sa chaleur. Maria à la peau blanche, si pieuse, si bonne, si amoureuse de son Svevo… Elle va s’entortiller à lui et le calmer. Dio ! la neige est une saleté.



Elle l’attend. Elle est heureuse parce qu’il va rentrer. Elle prie en se balançant dans le rocking-chair. Les enfants sont couchés. Ils en ont trois. L’aîné se nomme Arturo, ce n’est pas un mauvais bougre. Il est révolté, mais c’est de son âge ; quatorze ans. Il est beau, il ressemble à son père. Même force, même caractère frondeur, même entêtement. Le second est plus calme et réfléchi, il veut être prêtre. Il aime se plonger dans les livres de prières, les images sont belles. Il s’appelle August. Quant au petit dernier, Federico, il est comme un poussin, tendre, affectueux, un petit bonheur. Trois garçons, ça fait du bruit, ça remue, mais ils sont son soleil.

Elle est Italienne. Elle n’a jamais voulu continuer ses études comme ses frères et soeurs car elle se voulait femme et mère. Elle a bravé sa famille qui lui interdisait d’épouser Bandini, elle s’est éloignée d’eux. Alors, d’avoir les mains gercées et crevées par les travaux ménagers, de ne pas être vêtue avec distinction comme les modèles des revues, de ne pas avoir tout le confort moderne, d’aller quémander à M. Craik, l’épicier voisin, de quoi manger, allongeant ainsi la liste des dettes, de ne pas pouvoir payer l’éducation de ses enfants, de meurtrir ses yeux sur le raccommodage, et tout ce qui fait de sa vie du poids bien lourd à porter, tout ça ne sont rien comparer à l’amour qu’elle ressent pour son mari et ses enfants.

Elle n’est pas dupe, elle sait ce que ses hommes pensent. Elle connaît leurs rêves et leurs besoins, elle sait qu’ils se sentent perdus, parfois humiliés, mais elle veille et elle prie. Son amour est si pur et si intense.



Arturo a honte. Pourquoi il ne s’appelle pas John ? Où est le rêve américain ? Il déteste son père et il déteste encore plus sa mère.

"Il détestait l’eau et le savon ; d’ailleurs il n’avait jamais compris pourquoi il fallait se débarbouiller tous les matins. Il détestait la salle de bains parce qu’aucune baignoire n’y était installée. Il détestait la brosse à dents. Il détestait le dentifrice qu’achetait sa mère. Il détestait le peigne familial, toujours empâté de mortier à causes des cheveux de son père, et il détestait ses propres cheveux à cause de leurs épis. Par-dessus tout, il détestait son propre visage parsemé de taches de rousseur comme dix milles pièces de cuivre essaimées sur un tapis. La seule chose qui lui plaisait dans la salle de bains, c’étaient les planches amovibles du coin. Car il y cachait Scarlet Crime et Terror Tales.

"- Arturo ! Tes oeufs refroidissent."

Des oeufs. Oh, Seigneur, comme il détestait les oeufs…"

Arturo déteste beaucoup de choses. Un coeur révolté, vexé de leur misère, meurtri que Rosa, sa camarade de classe, le considère comme un voleur et un bon à rien, il traîne sa colère et bien souvent s’abandonne à la violence. Lui aussi est un dur. Son émotion, il la réserve pour la salle de cinéma. Il faut dix cents, qu’il dérobe dans les économies de sa mère, pour la séance. Plus tard, il sera Robert Powell. Il se ressemble, non ?



Une lettre ne tarde pas à arriver, annonçant la venue de Donna Toscana, la mère de Maria. Cette femme est une baleine au tempérament de requin. Son plaisir est de rabaisser sa fille et la famille de celle-ci. Elle mortifie les âmes comme si elle les flagellait. Svevo qui ne la supporte pas, en profite pour s’esquiver, laissant une fois de plus sa femme aux prises de l’inquisitrice.

Bientôt c’est Noël, il fait froid, le garde manger est vide, plus d’argent dans le porte-monnaie, et Svevo qui ne revient pas. Maria l’attend, comme toujours, Maria prie, Maria ne veut pas penser que son mari est dans les bras d’une autre…



Chronique amère, John Fante raconte comment le jeune Arturo voit "l’implosion du couple parental".



Le récit divise l’histoire en trois voix.

La première est celle de Svevo. Il est le mâle italien qui se veut maître de sa famille. Il a le tempérament latin, fougueux, et témoigne son autorité par la force et les cris. On dit que dans tout homme, il y a la part de l’enfant qui réclame la sécurité maternelle. Svevo la retrouve chez Maria, pourtant il se plaint qu’elle ne songe pas à panser les maux de son âme. Svevo est égocentrique et trop orgueilleux.

La deuxième voix est celle de Maria. Elle est le pilier de la maison. Petite créature fragile, douce et docile, elle est vieillie avant l’âge, usée par tant d’ingratitude. Dieu est son seul confident. Dans ses prières, elle s’évade mieux que dans les rêves. Même la nuit, elle est corvéable à son mari et ses enfants. La plus grande faiblesse de Maria est Svevo. Elle l’aime d’une passion incandescente. Alors, lorsqu’elle le soupçonne d’infidélité, sa vie se détruit.

Le troisième intervenant est Arturo. Ce gamin est le moins excusable. Certes, il est plein d’impatience comme un adolescent, mais son aigreur, son agressivité et ses larcins ne font pas de lui un être sympathique. Il est un détonateur que seul l’amour peut désamorcer. Ni enfant, ni adulte, il fuit le giron maternel, puis le recherche dans ses peines. Il faut dire que sa mère a le pardon facile.

L’histoire des Bandini pourrait être aussi une bribe de vie de plein d’autres familles italiennes, irlandaises, immigrées… Des foyers pauvres, des coeurs insolents, un homme qui oeuvre dur la pierre, il bâtit, reçoit une maigre rémunération, il boit, joue, reste avec les copains, est tributaire du temps… une femme qui élève les enfants, qui représente le repos, elle est l’intégrité de la famille, sert de jonction avec Dieu… et les enfants, à la fois héritiers de leurs origines et progéniture américaine.

Ce roman est écrit avec amour, les sentiments sont dans chaque cri, chaque emportement, chaque douleur. Il est charnel, enflammé, les personnages sont captifs les uns des autres, ils forment LEUR famille.

Un très beau livre que je suis ravie d’avoir lu… Je vous le recommande.
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Bandini

Une bouffée d'air frais. Récit d'Arturo Bandini alias John Fante au début des années 1930, en pleine crise économique dans une petite ville du Colorado. Un père maçon, inconséquent, une mère bigote, victime née.

Bandini ressemble fort à son père. Hâbleur, sensible, maladroit avec la belle Rosa Pinelli dont il est éperdument amoureux, attachant et cruel, généreux et voleur, sûr de lui et tourmenté, obsédé par le péché et par les filles. Fils d'immigrés italiens, il se rêve en vrai Américain, a soif de revanche, a honte de ses parents pauvres et a honte d'en avoir honte. Bandini est habité par les contradictions.

Un mélange de misère et d'humour, une atmosphère, des portraits traduits avec peu de mots, beaucoup de pudeur et de sobriété.
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Bandini

Un condensé de vie, une plongée brutale et vive dans l'intimité d'un jeune homme, Arturo Bandini, 14 ans, et celle de sa famille, italienne, échouée sur le sol américain, en pleine période de récession. Une famille pauvre, qui trime,et dont la mère de famille, Maria, alourdit chaque jour l'ardoise auprès de l'épicier du coin. Une écriture touchante et extrêmement vivante, qui décrit les sentiments humains, simplement, sans poésie ni fioriture. Quel talent ! On ressent une émotion intense tout au long de ce court récit, du chagrin à la rage en passant par la joie, la colère et l'amour.

[Un] style qui fait péter les mots hors de leurs gongs et livre le bonhomme dans toutes sa pétulance, ses ridicules et sa grandeur, écrit Philippe Garnier en postface. C'est tout à fait ça, John Fante, qui redoute d'être mis à nu par ses propres œuvres, écrit son quotidien d'adolescent fougueux, celui de sa famille, ses peurs, ses doutes, ses désillusions, ses envies, ses excès de colère avec ses tripes et nous livre une histoire empreinte d' une profonde et belle humanité.

Je vous laisse, j'ai rendez-vous avec Demande à la poussière ! Je m'en réjouis d'avance !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Bandini

Bandini, c'est l'histoire d'une famille italienne habitant le Colorado, pays où les hivers sont rudes et la neige abondante, empêchant ainsi Svevo, le père maçon de son état, de travailler. le couple croule sous les dettes, même les dépenses chez l'épicier du coin ne sont pas honorées. Maria, la mère bigote ne jurant que sur son rosaire pour espérer une vie meilleure pour elle et ses trois enfants, voue un amour inconsidéré pour son mari parfois violent et volage. Elle n'ose lui faire front et le laisse aller jouer avec son ami au poker, dilapidant ainsi les quelques menues monnaies mises de côté. Arturo, August et Federico sont les trois enfants de ce couple mal assorti. Arturo est un jeune garçon qui porte sur ses parents un regard à la fois tendre et sans pitié: il regrette la passivité de sa maman et les accès de colère de son papa. Amoureux fou de Rosa, une camarade de classe, il se retrouvera fort déçu de voir que son amour n'est pas partagé. Puis, la vie de toute la famille se trouve bouleversé le jour où Svevo accepte un boulot pour une riche veuve...



Tour à tour dans la peau de Svevo, de Maria ou d'Arturo, John Fante nous livre ici un roman cinglant et sans pitié où la misère est omniprésente. Largement autobiographique, ce Bandini retrace la jeunesse de Fante, jeune garçon à la fois fougueux et sensible. Il nous décrit le quotidien d'une famille italienne teinté de misère, d'alcool, de ségrégation et de religion. Même si la première partie de ce roman est un peu longue à se mettre en place, j'ai trouvé la seconde beaucoup plus intéressante, mélancolique et pleine de bons sentiments, d'émotion et parfois d'humour. Dans un style tranché et sans détour, mêlant ironie et mélodrame, Fante nous livre avec Bandini le premier tome d'une fresque américaine.

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Bandini

Je prends plaisir à remercier Philippe Djian, à chaque fois, de m'avoir fait découvrir ce merveilleux conteur, John Fante. Tout est bon, dans son œuvre !
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Bandini

Mais comment se fait-il que je n’ai pas découvert cet auteur plus tôt ???!!!!! 😱

Sans s’embrasser du moindre complexe d’infériorité, John Fante se considérerait lui-même comme le plus grand écrivain américain ... Charles Budowski sera du même avis, le découvrant par hasard à la bibliothèque, il sera définitivement influencé par l’écriture de celui-ci pour son propre travail.

J’avais lu « Mon chien stupide » mais sans réaliser l’importance de l’auteur. En lisant Bandini c’est le coup de foudre !!

~

Bandini, c’est la vie misérable, les frasques du père joueur, alcoolique, coureur et souvent violent qui dilapide le peu qu’ils ont, la mère victime née, soumise et bigote qui vit accrochée à son rosaire certaine de voir ses prières d’exaucées. Alors quand pour gagner quelques dollars le père effectue quelques travaux chez une riche veuve, tout déraille.

Les 3 enfants doivent faire avec la pauvreté, la faim, le froid, les ardoises qui s’empilent chez l’épicier et leurs parents démissionnaires.

Arturo, alter ego de John Fante, conte et romance sa terrible adolescence dans cette Amérique des années 20/30. Ça aurait pu être un mélodrame mais non ! Ce fougueux ado révolté oscille entre méchanceté et naïveté, entre adoration de ses parents et rejet, entre l’amour fou qu’il ressent pour Rosa qui ne le regarde pas et l’envie de la voir mourir.

Il rêve d’échapper à son statut de migrant italo américain pauvre, à sa petite taille, et court à confesse quasi quotidiennement pour tenter de s’éviter l’enfer divin auquel il pense être immanquablement condamné à cause de ses innombrables mensonges, bêtises et mauvaises pensées.

C’est brut de décoffrage et en même temps drôle et tendre . Tous ces personnages d’un égoïsme fou, John Fante sait leur rendre leur part de humanité, de tendresse. Cette terrible famille en devient attachante sous la plume tranchante, cinglante mais pleine d’émotion de John Fante.

~

Littéralement un MUST à lire !!!

Inutile de vous dire que je suis CON-QUI-SE !! ❤️🧡❤️

Je vous conseille de commencer par celui-ci car c’est son premier et donne le ton de la personnalité de l’auteur.

Pour ma part, je cours dévorer TOUT le reste !!
Lien : https://livresalire.com
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Bandini

J'ai une sympathie particulière pour Fante. D'abord parce que c'est peut être le plus européen des auteurs américains, surtout dans ce livre.

Sa famille vient d'émigrer aux Etats Unis, ce sont ses mémoires d'enfant, de fils de maçon italien échoué dans les territoires arides et glacés du grand ouest.

On y voit la confrontation entre la culture européenne, italienne de cette famille fraîchement débarquée et la culture américaine, protestante, établie, pour laquelle l'argent est roi.



Récit très italien de la vie d'une famille où se succèdent crises, drames, et autres rebondissements. La vie n'est pas un long fleuve tranquille chez les bandinis affrontant la pauvreté et pris en étau entre le tempérament fantasque et volage du paternel et la piété désespérante de la mère.



Récit touchant d'un enfant confronté au monde des adultes, aux premiers émois amoureux, déjà tenté par la rébellion, une vie non conformiste.

La prose de Fante est simple, limpide, coule de source, comme celle d'un enfant qui raconte, enfant qu'il restera au fond, toute sa vie. Il a su conserver cette naïveté éclairée, ce regard pur et clair sur le monde, cette simplicité de voir les choses comme elles sont. On retrouve tout ça des années plus tard dans "demande à la poussière" alors qu'il est cette fois-ci jeune homme et jeune écrivain cherchant à vivre de sa plume.



C'est ce regard, cette lumière et cette simplicité qui m'inspirent en second lieu ma sympathie pour John Fante et le fait que ce regard particulier ait influencé par la suite, des écrivains comme Bukowski ou Philippe Djian.




Lien : https://yoga-trips.blogspot...
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Bandini

Je n'avais jamais lu John Fante et n'étais a priori pas attiré par un énième roman relatant la vie de pauvres immigrants. Ce roman a été pour moi une heureuse découverte par le style, la stature des personnages et la façon dont les situations sont abordées. Je me procure d'autres livres de J.Fante.
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Bandini

"Je redoute d'être mis à nu par mes propres oeuvres. Je suis certain que les personnages de mes romans ultérieurs trouvent leur origine dans ce texte de jeunesse." a dit John Fante



Et bien tant mieux puisque je découvre l'auteur avec Bandini et qu'il me tarde de dévorer l'ensemble de l'oeuvre !



Je savais que j'y trouverai un peu de Faulkner voire un peu de Steinbeck mais je ne m'attendais pas à cette vivacité stylistique. Ni à ces portraits exaltés ni à ce tissu d'émotions si finement tramé. le sujet est assez banal, une famille pauvre du Colorado dans les années 30... Ce qui frappe dans cette lecture c'est l'entier abandon de l'écrivain, le ton cru et pourtant enjolivé par cette vérité propre à chacun des personnages, l'espoir et... l'inespoir...



Je me jette derechef dans 'Pleins de vie' titre qui pourrait aisément résumer ma critique.
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Bandini

Premier roman publié de John FANTE (mais deuxième écrit), Bandini est largement autobiographique. Y est mis en scène le jeune Arturo Bandini et sa famille d'immigrés italiens dans une petite ville du Colorado.



Le père, maçon de son état, court après son rêve américain. Il est un chef de famille latin jusqu'au bout des ongles, autoritaire mais également très droit. La mère au foyer est d'une dévotion étroite et excessive ; mais si elle ne trouve de véritable confident qu'en Dieu, elle est aussi dévouée corps et âme à sa famille dont elle est le pilier. Le fils aîné enfin est un adolescent impatient et ambivalent ; il ne supporte pas bien des traits de caractères de ses parents, comme la passivité de sa mère ou les états d'âme professionnels de son père, mais veille affectueusement sur la première et admire le second dans sa volonté de s'élever socialement. Or cette ascension sociale est compromise pendant cet hiver rigoureux et interminable des années 1920, et l'accumulation des difficultés va même jusqu'à faire vaciller les fondements de la famille Bandini...



Le récit de FANTE prend ainsi la forme d'une chronique sociale sur fond de misère et de ségrégation avec des personnages aussi hauts en couleur que réalistes. Son écriture est en outre très fluide, faisant appel à toute une gamme d'émotions constitutives d'une humanité in fine particulièrement touchante. Au moment de sa première publication, cela dénotait d'un indéniable talent d'écriture, lequel demeure aujourd'hui d'actualité et ne peut que donner envie d'explorer plus avant sa bibliographie.
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Bandini

Qu'il est difficile de devenir américain lorsque l'on est issu d'une famille italienne imprégnée de catholicisme, arrivée aux États-Unis depuis une génération. Et ce d'autant plus si l'on est pauvre, avec un père instable (Svevo), coureur, alcoolique et joueur, mais aimé des siens, et bon maçon lorsqu'il travaille, et si de surcroît on n'a pas fait d'études.

Malgré ses efforts, Arturo est systématiquement rattrapé par ses origines, comme si un élastique l'y ramenait violemment. Comme beaucoup d'immigrés et enfants d'immigrés, il est aussi tiraillé entre ses aspirations américaines et le souvenir fantasmé de l'Italie.

Arturo, bien sûr, c'est John Fante lui-même qui nous raconte sa vie, sa famille, ses petits boulots et ses galères, ses amours, ses délires et ses rêves dans ces quatre romans du "cycle Bandini" :

- Dans "Bandini", écrit en 1938, Arturo est jeune et nous raconte la vie à Denver de son père Svevo, vue par lui ;

- Dans "La Route de Los Angeles", écrit en 1936, ayant quitté ses études prématurément, il vit de petits boulots et partage la vie des laissés pour compte dans un port de la côte californienne ;

- "Demande à la poussière", écrit en 1939, nous le montre jeune écrivain en galère à Los Angeles, pas encore reconnu, avec ses amours agitées avec Camilia Lopez ;

- Dans "Rêves de Bunker Hill" (1982) il est déjà reconnu comme écrivain et vit à Los Angeles.

Tout cela est raconté avec verve, gouaille même, dans un style nerveux et imagé, bien mis en valeur par la traduction de Brice Matthieussent, style précurseur indiscutable de la "beat generation" et faisant penser, plus tard, à "Sur la Route" de Jack Kerouac. À ce titre, il a tout pour "choquer le bourgeois", ce qui explique que les premiers opus n'ont pas été publiés immédiatement. Un style à tendance déjantée donc, imprégné de rage, qui a mûri au cours de la vie de l'auteur en s'assagissant légèrement (pas complétement, bien heureusement).

Le premier écrit de ces ouvrages, "La Route de Los Angeles", comporte quelques enfantillages de jeunesse, mais est le plus déjanté et le plus spontané, ce qui fait de lui mon préféré, même si cette opinion est peu partagée ("Demande à la Poussière" étant le plus reconnu, à juste titre bien sûr).

Toute l'oeuvre de John Fante, dont naturellement le "cycle des Bandini", est à recommander chaudement à tout amateur de littérature américaine et, plus simplement, de très bonne littérature.
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Bandini

Grand fan de fante depuis longtemps je ne m'étais jamais penché sur son Bandini. Chose faite. Et bien je dirais que c'est comme quand tu achetes un billet pour un match de foot, l'affiche est énorme madrid-barcelone, le stade est plein l'ambiance est folle et malheureusement ça fini sur un 0 à 0!! Laffiche est prestigieuse mais le résultat décevant! Pareil pour Bandini, tu as entre les mains un ponte de la littérature américaine mais le contenu est léger, lisse et bien souvent sans grands éclats.

Mais tout ceci n'enlève en rien tout l'amour littéraire que j'ai pour ce cher john fante
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Bandini

Ah Bandini père & fils ! Il y a des claques qui se perdent, me suis-je dit régulièrement lors de la lecture de ce roman (le troisième que je lis de John Fante) ! Et puis, j’ai ravalé l’agacement que pouvaient provoquer chez moi les comportements de Svevo et Arturo Bandini, le père et le fils, parce que qualifier de « mauvaise » l’attitude de l’un ou de l’autre revenait à ce qu’ils exécraient : du manichéisme. La religion et la culpabilité ont d’ailleurs une grande place dans ce roman, où l’on voit Arturo se flageller dès qu’il commet ce qu'il qualifie de mauvaise action. Pourtant, ce n’est pas ce qui va le freiner. Car il détruit d’une main ce qu’il construit de l’autre. Puis il culpabilise, enchaîne les prières, en fait par chiffres ronds par superstition, puis prie à nouveau pour ne plus tomber sur des chiffres ronds, car la superstition est un « péché ». Mais tout est « péché » selon son petit frère qui est, un peu à l’instar de sa mère, ce qu’on appelle « une grenouille de bénitier ». Et Arturo, 14 ans, a le cul entre deux chaises : « En tout cas, il était ravi que son père méprisât la messe. Il ne savait pas pourquoi, mais cela lui plaisait ». Mais la culpabilité reprend vite le dessus : « Quant à Arturo, il allait parfois à la messe, parfois pas. Quand il n’y allait pas, une grande peur l’étreignait et il se sentait désespéré tant qu’il n’avait pas vidé son sac au confessionnal ». Au-delà de ce que raconte ce roman, j’ai trouvé ce thème du péché et de la culpabilité qui en découle très intéressant et particulièrement bien traité. Je crois même que c’est ce qui m’a marquée le plus.



Quant à la famille Bandini, elle compte cinq membres. Les enfants sont au nombre de trois. Il y a, de l’aîné au benjamin, Arturo la terreur, August le petit ange qui n’en est pas moins un sacré « rapporteur » quand il s’agit de dénoncer les « mauvaises actions » de son frère aîné et Federico le plus jeune. Les parents, ce sont Maria, une sainte, et Svevo, coureur de jupons et joueur. Et « Bandini », le roman, c’est l’histoire de cette famille assez pauvre, criblée de dettes, pour qui Maria prie sans relâche. Puis Svevo, apprenant que sa belle-mère Donna Toscana, qu’il ne supporte pas, s’apprête à leur rendre visite, prend ses jambes à son cou… Et c’est là que la petite vie plutôt tranquille de cette famille d’origine italienne va basculer un soir de Noël… J’ai été moins prise par cette lecture que par les deux premières que j’ai lues de Fante (« Mon chien stupide » et « Demande à la poussière »), mais j’ai quand même beaucoup aimé ce récit et je compte bien poursuivre mon aventure avec John Fante !
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Bandini

C’est l histoire d’une famille d’immigrés ritals aux États Unis dans les années 30.

Entre leur vie misérable, rythmée par le travail d’un père, joueur et souvent absent et la dévotion de leur mère sui passe ses journées et ses nuits à prier, Arturo Bandini et ses deux frères passent l’hiver au froid dans leur petite ville du Colorado.

Largement autobiographique, c’est l’histoire d’un gamin que l’on sent bien affecté par son enfance et qui nous éclabousse sans aucune pudeur de ses traumas comme pour s’en délester. C’est juste, c’est touchant, c’est cruel, drôle et fort. Un beau et bon petit livre !
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Bandini

Certaines rencontres, dans la vie d'un grand lecteur, marquent à jamais. Celle que j'ai eu avec Bandini, au mitan de la vingtaine, en fait partie.



Comme pour beaucoup, Bandini a été ma porte d'accès à l'univers de John Fante, ce pauvre fils d'émigré italien devenu au fil du temps un auteur renommé, romancier et scénariste à Hollywood.



Le pitch de l'éditeur est on ne peut plus simple et explicite. Il reflète, à la lettre, l'histoire de Bandini.



Par contre, et c'est le rôle que j'ai à jouer auprès de vous aujourd'hui, il n'est pas en mesure de restituer la puissance d'évocation du texte de Fante, sa capacité à transmettre, quasiment à l'identique, les sentiments ressentis à l'époque par les personnages principaux .



Livre autobiographique, mais pas à 100 %, car passé au tamis des souvenirs et de la subjectivité d'un écrivain, Bandini confirme être, à chaque lecture, une oeuvre fondatrice.



Fondatrice d'un genre, le récit d'enfance, développé, repris, depuis, par des centaines d'auteurs.



Peu auront cette capacité à transmettre de pareilles émotions à leur lecteur (je songe cependant au terrible Féroces, de Robert Goolrick, ou au très émouvant Les cerfs-volants de Kaboul, de Khaled Hosseini).



Malgré mes souvenirs, je ne m'attendais pas, à cette enième lecture, a être pareillement cueilli par tant d'émotion désespérée.



Lire la suite de ma critique sur le site Le Tourne Page
Lien : http://www.letournepage.com/..
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Bandini

Dans la famille Bandini, je voudrais le père. Pioche ! Parti chercher du boulot, (maçon dans le Colorado, quand il neige, c’est pas le plus simple), quand il n’est pas à jouer son maigre salaire, à boire avec son ami Rocco, ou à fricoter avec de riches veuves…

Dans la famille Bandini, je voudrais la mère; Dévote soumise, apathique devant les problèmes, lascive le soir venu, Madonna personnifiée.

Dans la famille Bandini, je voudrais le fils, Arturo. Aîné d’une fratrie de trois garçons, gamin espiègle, d’une lucidité féroce, qui ne mâche pas ses mots.

Si Arturo Bandini est bien le double de John Fante, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’est pas tendre avec les siens. L’ambivalence des sentiments du petit garçon est crûment exposée, sous la malice, tristesse et frustration, drôlerie et méchanceté; tout le piquant des textes de l’auteur avec cette mélancolie qui dit l’enfance difficile, les brimades racistes, la pauvreté, la honte.

Un texte qui m’a touché, car il parle de cette population immigrée italienne avec force sous sa simplicité apparente, marque de fabrique d’un auteur au ton acide mais diablement moderne.
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Bandini

Super coup de coeur!!!

Le deuxième livre de Fante, écrit en 1938 est une biographie romancée de l’auteur. Il nous raconte sa vie entre deux milieux très différents : la maison avec des parents immigrés italiens très pauvres et ses deux frères et l’école catholique où sa fratrie est la seule qui a la gratuité des études.

C’est un livre très bien écrit, dans un style simple qui percute. L’auteur nous raconte de nombreuses situations cocasses de la vie quotidienne vécue par un jeune adolescent dont la fin est toujours inattendue. Par exemple, comment ne pas être complexé en étant le seul enfant de parents d’origine italienne, roux et couvert de taches de rousseur !!!

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Bandini

J'ai trouvé cet opus moins jouissif que La route de Los Angeles. Moins barré aussi. Il faut dire que j'ai été un peu surpris par la descendance des parents Bandini. Dans La route de Los Angeles, Arturo - 18 ans - n'a qu'une soeur, tandis que dans Bandini, le même Arturo mais 14 ans cette fois-ci n'a plus de soeur mais 2 frères.... Etrange non? Mais qu'importe après tout... L'histoire du père Svevo m'a moins passionnée que celle d'Arturo. Pour autant le livre regorge de bons passages notamment ceux sur le désir amoureux d'Arturo et le final est savoureux. Me reste à lire Ask the Dust, je m'y colle de suite !!
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Bandini

Chronique de la vie d'une famille d'immigrés italiens dans le Colorado au début du XXème siècle, les Bandini. Svevo, le père, souffre du manque de travail lié à sa profession de maçon l'hiver : au-dessous de certaines températures, il n'est pas possible de construire quoi que ce soit qui tienne. Son épouse, fervente catholique, sentimentale et déprimée, l'aime avec adoration, mais se trouve brisée quand elle découvre son infidélité. Les trois enfants, fort différents, tentent de se construire dans la pénurie, les contradictions, la violence et les différences. On voit les choses particulièrement à travers les yeux du fils aîné, Arturo, douze ans, déjà pétri des contradictions de son héritage et de son âge.



Voilà une lecture imprévue pour moi, qu'une rencontre imprévue met entre mes mains. J'ai dévoré ce roman difficile du point de vue des vécus qu'il rapporte et âpre quant à la forme : Fante ne se soucie pas du propret et du joli, ni de nous rassurer quant à ses bons sentiments. Mais c'est très efficace et captivant.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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