Resnick ferma la porte de son bureau derrière lui et composa le numéro du delicatessen local, dont la vitrine contenait tout ce qui peut faire rêver un gourmet. Il commanda un sandwich thon, mayonnaise et salade au pain de seigle, un autre au blanc de poulet et fromage Jarlsberg avec moutarde française, cette fois sur seigle aux graines de carvi, ainsi qu’un quart de salade de pommes de terre et deux gros cornichons.
- Vous n’êtes pas sans savoir que, sans confirmation, votre alibi ne vaut pas un clou.
- Trouvez Warren et demandez-lui.
- Pour le moment, c’est vous que j’interroge.
- Feriez mieux de l’interroger lui, au lieu de faire de la littérature. Il fait quoi, l’autre, là ? dit-il en désignant Patel, qui noircissait des feuillets standard à la chaîne, levant rarement le nez de la table.
- Il prend notre conversation en note.
- Il écrit ce que je dis ?
- Oui.
- Alors j’espère qu’il comprend tous les mots, grinça Macliesh. Tu piges ce qu’on raconte, mec ?
Puis, se tournant vers Resnick.
« Il sait lire et écrire, au moins ? »
- Je croyais que vous n’étiez pas raciste ?
- C’est pas du racisme, seulement, il est un peu pakistanais sur les bords...
Le personnage de Charles Resnick est toujours aussi émouvant : amoureux du jazz et de Lynn, il profite pleinement des instants miraculeux que lui offre la vie, toujours prêt à foncer tête baissée pour défendre sa belle. Les autres personnages sont tout aussi bien campés et chacun croit fermement à la cause qu’il défend.
- Les intrigues sont subtilement menées et mêlées.
- Enfin, John Harvey nous offre une image bigarrée de Nottingham, cette ville qu’il veut représentative du Royaume-Uni, avec sa violence toujours sous-jacente.