Citations de Jón Kalman Stefánsson (2635)
Il y a des gens qui savent sourire pour ne pas pleurer, est-ce là une qualité ou un défaut, à chacun son opinion.
On a le droit d’être nostalgique, mais il faut se garder d’oublier de vivre.
Est-ce maturité ou manque de courage de se résoudre à son destin ? Est-ce signe de responsabilité ou de lâcheté ?
Il est inutile de penser, on se contente d'exister, d'écouter, d'accueillir le réel et les sons matinaux, de pareils instants réduisent en poussière les grandes puissances de ce monde.
Un défunt pèse beaucoup plus lourd qu’un vivant, les éclairs lumineux des souvenirs se sont figés en un métal sombre et froid.
Sigourour vend des remèdes et des livres sous le même toit, les ouvrages sont tellement imprégnés de l’odeur des drogues que nous conservons ou recouvrons la santé rien qu’en les respirant, allez donc dire après cela que qu’il n’est pas sain de se plonger dans les livres.
Qui est donc assis là, au tréfonds de notre âme, à diriger les mots ?
La plupart des traductions semblent toujours vieillir plus vite que les textes originaux, c'est là un des mystères de la littérature, qu'importent la qualité et l'importance des traductions, elles semblent toujours porter de leur époque une empreinte plus profonde que les œuvres originales.
Il y a tant de choses que nous ne comprenons pas, et nous redoutons parfois de poser les questions qui nous dévoilent et nous exposent, entièrement nus, aux yeux du monde. (page 222)
Il en va ainsi, nous laissons les jours passer, nous laissons les nuits envahir le ciel et nous oublions de vivre la vie qui nous est offerte.
Une plaie qu'on passe sous silence et qu'on ne soigne pas devient avec le temps un mal intime et incurable.
La neige au-dehors est blanche, et certains mots sont plus riches de couleurs que tous les arcs-en-ciel.
S'en vient le soir
Qui pose sa capuche
Emplie d'ombre
Sur toute chose,
Tombe le silence,
lit Bardur dans le Paradis perdu, il incline le livre afin que la lampe y projette sa clarté, une lumière qui parvient à illuminer un vers bien tourné atteint probablement son but. Ses lèvres s'animent, il lit maintes fois le passage et, à chaque fois, l'univers qu'il abrite en son for intérieur s'élargit et gagne en ampleur.
(…) ceux qui doutent et veulent envisager l’existence sous tous ses angles se réfugient dans la littérature.
(…) ce n’est qu’en partant qu’on a la possibilité de revenir
Les traductions, lui a confié Gísli, il est difficile de dire à quel point elles sont importantes. Elles enrichissent et grandissent l'homme, l'aident à mieux comprendre le monde, à mieux se comprendre lui-même. Une nation qui traduit peu et ne puise sa richesse que dans ses propres pensées a l'esprit étroit, et si elle est nombreuse, elle devient en plus un danger pour les autres car tant de choses lui demeurent étrangères en dehors de ses propres valeurs et coutumes. Les traductions élargissent l'horizon de l'homme et, en même temps, le monde. Elles t'aident à comprendre les peuples lointains. L'homme est moins enclin à la haine, ou à la peur, lorsqu'il comprend l'autre. La compréhension a le pouvoir de sauver l'être humain de lui-même. Il est plus difficile aux généraux de te pousser à tuer si tu comprends l'ennemi. La haine et les préjugés, laisse-moi te dire, sont les fruits de la peur et de la méconnaissance, tu peux noter ça quelque part.
... les lecteurs assidus, surtout quand ce sont des lectrices, sont plus ouverts que d’autres aux souffrances de la vie. La poésie et la littérature les rendent plus sensibles.
Les hommes n’ont nul besoin de mots, ici, en pleine mer. La morue se fiche des mots, même des adjectifs comme sublime. La morue ne s’intéresse à aucun mot, pourtant elle nage dans les océans, presque inchangée, depuis cent vingt millions d’années. Cela nous apprend-il quelque chose sur le langage ?
Vous savez mieux que personne que celui qui n'exploite pas ses capacités ne saurait jamais être heureux, et qu'il passe sa vie dans l'ombre de ce qui n'est jamais advenu, mais aurait dû advenir. Peu de choses s'épanouissent dans l'ombre, et surtout pas l'être humain.
Le temps ignore égards et respect, il fait un pas et vous voilà vieux, cela vaut pour l’herbe comme pour les montagnes (p. 176).