Citations de Jón Kalman Stefánsson (2635)
Nulle chose ne m'est plaisir en dehors de toi
(…) il a murmuré quelques mots qui ont fait rire la jeune femme d’un rire qui rappelait les chatouillis de délicats coléoptères. (p.162)
Ceux qui parlent de la fureur des montagnes, de la tristesse des anges, se retrouvent affublés de l’aura du poète, ils perdent toute forme de crédit, les poètes sont des amuseurs, des ornements de salon, parfois des bouffons et nous ne leur accordons par conséquent que la crédibilité qu’ils méritent. Sans doute est-il vrai que la poésie conserve en ses profondeurs la beauté et la simplicité de l’âme nationale, mais sept siècles d’obscurité et de difficultés nous ont façonnés, rabotés, et quelque part en chemin nous avons cessé de croire en son pouvoir, nous nous sommes mis à la considérer comme de la rêvasserie et de l’ornement de fête, nous avons placé toute notre ferveur dans les chiffres et les réalités tangibles, ce que nous ne comprenions pas ou que nous redoutions a été enfermé, cadenassé, dans d’inoffensifs contes populaires.
Certains affirment cependant que toute existence est en premier lieu mentale, ce qui signifie que ce que vous avez dans la tête existe fatalement. Si nous creusons un peu cette idée, elle implique que toutes les créations qui sont engendrées ici font partie intégrante du réel, a-t-il expliqué en se frappant la tête de son index. Les revenants et fantômes sont peut-être seulement la manifestation d’une tournure d’esprit, et cet état mental fait lui-même partie de la réalité, et la réciproque est également vraie.
Nous pensons également, et peut-être plus encore, aux cinq femmes, à ces dix mains qui sont toujours inactives. Elles se retrouvent deux fois par semaine depuis le jour où le camion a emmené les machines de l’Atelier, elles se tiennent compagnie et tentent de combler le vide qu’engendre le chômage. Dix mains dans un salon, dix mains désœuvrées qui ont autrefois joué leur rôle dans un circuit de production, imprimé leur marque sur la vie quotidienne, quel gâchis, et le temps passe.
L’indifférence est un crime immense ... refuser de prendre position pour continuer à somnoler est un crime. Notre châtiment à court terme est Donald Trump. La punition à long terme est une terre ravagée, des guerres civiles, et des dérèglements climatiques dus au réchauffement de la planète.
... la lecture ouvre tant d'espaces à l'intérieur des gens.
L'été, n'est-ce pas là un autre mot pour décrire les chants d'oiseaux ?
[...] comment est-il possible de vivre sans avoir la mer sous les yeux?
" Je suppose qu'on devrait uniquement posséder les livres qui nous parlent intimement , ceux qui nous concernent vraiment ...[. -]
"Au royaume de la mort , chacun est anonyme."
"La littérature devrait- elle donc avant tout nous préparer à mourir plutôt que de nous aider à vivre ..?"
Un homme qui a trois bières en poche n’a nul besoin de se presser à l’excès en ce monde.
La mer vient inonder les rêves de ceux qui sommeillent au large, leur conscience s’emplit de poissons et de camarades qui les saluent tristement avec des nageoires en guise de mains.
Le vent de la Mer Glaciale souffle, il forcit à chaque minute qui passe et éructe des flocons de neige.
Où résident le bonheur et la plénitude si ce n'est dans les livres, la poésie et la connaissance ?
Écrivez. Et nous n’oublierons pas.
Écrivez. Et nous ne serons pas oubliés.
Écrivez. Parce que la mort n’est pas qu’un simple synonyme de l’oubli.
La poésie est capable de tout. Elle est ancrée dans notre culture, dans notre histoire, dans nos émotions. La poésie est voisine de la musique, ça vous envahit, ça vous immerge. Une lecture de trente secondes d'un poème vous pénètre, elle peut vous influencer toute votre vie. J'aime penser que je suis un poète qui écrit des romans.
( au micro d'Augustin Trapenard, France Inter 13 janvier dernier)
C’est dans le silence que se conserve l’or ; celui qui se tait, plongé dans une parfaite solitude, découvre tant de choses, le silence s’infiltre dans les chairs, apaise le cœur, calme l’angoisse et emplit la pièce où vous êtes, il résonne dans votre maison tandis qu’au dehors, le présent se déchaîne, c’est un sprinter, une Formule 1, un chien qui court derrière sa queue sans jamais l’attraper. Hélas, le silence fuit les foules, il ne survit pas longtemps au sein des multitudes et ne tarde pas à s’éclipser.
Les mot écrits peuvent avoir plus de profondeur que ceux qui sont dits, comme si le papier libérait des mondes inconnus, prisonniers d'un enchantement. Le papier est leur terre fertile.
" Est - ce l'amour, ma chère soeur , ou est-ce un affreux péché qui me condamnera au plus profond des enfers ?
Je crois que c'est l'amour.
Dis- moi que c'est l'amour.
Ma chére soeur, pourquoi ne dis-tu rien ?
Est- ce l'amour , dis-moi que c'est l'amour ....." Répète Asta, les mains tachées par l'eau brunâtre de la tourbière .".....
Il est peu de choses aussi belles que la mer par une magnifique journée ou par une nuit limpide, quand elle rêve et que le clair de lune est la somme de ses rêves.. Pourtant la mer n'a nulle beauté et nous la haïssons plus que tout quand elle élève ses vagues à des dizaines de mètres au-dessus de la barque, au moment où la déferlante la submerge et nous noie comme des chiots (...)
Et là, tous sont égaux. Les crapule et les justes, les colosses et les mauviettes, les bienheureux et les affligés. On entend quelques cris, quelques mains s'agitent désespérément, puis c'est comme si nous n'avions jamais existé; (p. 19)