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Critiques de Jonas Hassen Khemiri (43)
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La clause paternelle

Une lectrice qui n'est pas critique, rédige un mini-billet afin de mettre en lumière l'originalité de ce roman (principalement par sa forme).

Peu de protagonistes, tout s'articule autour d'une famille un peu fracassée où chacun se débat comme il peut, du bébé de un an au grand-père particulièrement égoïste, roman primé, très ancré dans le réel et l'actuel, tous les personnages jouent franc-jeu, bouquin franchement très chouette !
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Tout ce dont je ne me souviens pas

La Suède.

Samuel, vingt-huit ans, employé à l'office d'immigration à Stockholm, périt dans un accident de voiture, s'est-il suicidé ?

Énigme.

Notre narrateur, un écrivain, probablement le double de l'auteur, décide d'écrire un livre à ce sujet; le pourquoi et son lien avec Samuel, on ne l'apprendra que vers la fin. Collectant les témoignages de son coloc et ami, Vandad, et ceux d'autres proches de Samuel, il en dresse un portrait kaléidoscopique et recompose les derniers jours de ce garçon sans histoire mais assez particulier pour comprendre les raisons de cet acte, si c'en est un, et les responsabilités qui incombent à son entourage .

Samuel est le fils d'un nord-africain et une suédoise et toutes les personnes qui témoignent sur lui sont fils ou fille d'immigrés. Partant de ce milieu , dont il est aussi originaire, l'auteur nous dresse un réquisitoire contre l'attitude raciste des suédois de souche, bien que la Suède soit un pays d'accueil des migrants. Un réquisitoire contradictoire contre un pays qui a continué en 2013 à ouvrir ses portes aux demandeurs d’asile syriens et autres. Plus de 280.000 réfugiés ont bénéficié de l’hospitalité suédoise. Aucun autre pays de l’UE n’a accueilli autant de réfugiés par habitant. Néanmoins ce qu'il raconte est vrai et sincère, et il y porte aussi un regard objectif. Mettre des limites est incontestable, vu qu'on abuse facilement de l'hospitalité.....la nature humaine, rien à faire.....



Je dois avouer que je me suis laissée tenter par cette histoire de recomposition des faits et d'un personnage à travers divers témoignages, divers points de vue, où chacun donne son avis selon sa propre personnalité, son propre vécu et regard au monde. " À chacun sa vérité" comme dirait Pirandello, qui casse toutes les certitudes , les a-priori sur des personnes et des événements. Est-ce-que ma tentation a été satisfaite ? Euh...oui et non à la fois,

J'ai trouvé la forme de la narration un peu confuse, ce qui esquinte déjà la prose. Elle alterne en courts chapitres, les témoignages de Vandad avec ceux des autres, et même de Samuel lui-même, où chacun est narrateur et où l'écrivain de l'histoire lui même, intervient quelque fois. Au début c'est assez déroutant, aprés on s'habitue, mais c'est fatigant,

Les personnages, à part Samuel, et sa grand-mère et le soi-disant humour, ne m'ont pas vraiment emballée,

Le maillon qui lit l'histoire de Samuel et l'écrivain, m'a parue faible, à moins que je n'ai rien compris,

Et dernier point d'insatisfaction est la fin du livre un peu bâclée . Avec un tel sujet, j'aurais attendu une fin plus brillante et plus imaginative .



À part ça, c'est une histoire intéressante où tout prend peu à peu forme, pourvu qu'on en ai la patience, et finalement c'est une lecture plaisante.













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La clause paternelle

Jonas Hassen Khemiri a sans nul doute beaucoup mis de lui-même dans ce roman, et ce livre semble être une vengeance personnelle vis-à-vis de son père.

Il nous plonge au sein d’une famille suédoise banale, les parents sont divorcés, les enfants, une fille et un garçon devenus grands sont parents à leur tour.

C’est surtout sur la relation entre le fils devenu père et son propre père que le livre se focalise et sur la fameuse clause paternelle, qui exige du fils, en tant qu’aîné, qu’il prête son studio à son père un mois par an lorsque celui-ci revient en Suède pour garder son titre de séjour, et s’occupe de son courrier administratif en son absence.

L’histoire m’avait semblé alléchante, couronnée par le Prix Médicis Etranger2021. Malheureusement, le plaisir de lecture n’a pas été au rendez-vous, le style m’a agacé, tout d’abord cette façon de ne pas donner de nom ni de prénom aux personnages mais de les nommer uniquement par « le père qui est un grand-père », « le père qui un jour a été un fils », …, puis, des allers-retours dans la narration faite par les différents personnages sur une même situation qui ont fini par me lasser car l’histoire faisait du sur place…

Les rôles de chacun sont campés avec un humour féroce, celui du fils étant le plus fouillé et le plus savoureux, contrôle freak au bord du burn-out, complètement dépassé dans son rôle de père modèle, névrosé, paranoïaque. Le personnage du père, que l’on adore détester, est un monstre froid d’égoïsme, profiteur, d’une radinerie ahurissante, imbu de lui-même, considérant les autres avec condescendance, à commencer par son propre fils, particulièrement dévoué qui cède à tous ses caprices…

Chacun des ses enfants s’applique à ne surtout pas ressembler à ce père atroce, à qui ils continuent à ouvrir leur porte et leur cœur malgré tout.

Les caractères dépeints ainsi que les relations entre tous les membres de cette famille sont formidablement bien écrits. Cependant, le récit manque de rythme, et les liens sont parfois trop superficiels, trop lisses. J’aurais aimé plus de grinçant, que les personnages se jettent leurs quatre vérités à la figure, pour accéder à plus de profondeur, à la faille, et mieux découvrir ce qu’ils avaient dans le ventre.

J’ai fini par m’ennuyer dans cette lecture qui ronronne, les nombreuses ellipses d’un personnage à l’autre font perdre le fil, d’autant que beaucoup de fils tirés n’aboutissent sur rien, restent en plan ou sans explications, et j’en en ai été frustrée à la longue.

Jonas Hassen Khemiri nous interroge, comment se définit-on ? ; comme celui que l’on voudrait-être ou celui que l’on ne veut surtout pas être ? Peut-on passer sa vie à ne pas être quelqu’un ?

J’ai découvert un auteur original avec une grande finesse d’observation psychologique, son approche narrative est intéressante, mais pas encore complètement aboutie.

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La clause paternelle

Belle découverte que ce roman récompensé du Prix Médicis dont l’auteur m’était inconnu.

Jonas Hassen Khemiri se colle aux semelles de plusieurs personnages formant une famille avec ses dissensions, ses hauts et ses bas. Ils n’ont pas de nom, ne sont nommés que par la place occupée dans la famille : « Un grand-père qui est un père » « un fils qui est un père, « une fille qui est une mère qui est juriste… » et cela donne le ton a ce roman surprenant.

L’incompréhension entre générations, l’importance des liens familiaux sont au cœur de cette histoire qui prend des tournures drolatiques malgré les tragédies évoquées. Malgré qu’ils nous hérissent parfois, on se prend vite d’affection pour ces personnages qui ont du mal à communiquer entre eux.

Tout est disséqué avec minutie par l’auteur qui décrit, à travers les scènes du quotidien, le jeu sensible dans une famille on ne peut plus ordinaire.

Le père, qui est aussi grand-père, est le personnage dérangeant de l’histoire. Lorsqu’il revient en Suède où résident son fils et sa fille, il entend être pris en charge sans offrir la moindre affection en retour. Il est vraiment odieux et joue de son rôle de père avec perversité. Quant au fils, pris en tenaille entre ses rapports délétères avec le père et sa culpabilité de père au foyer, il se débat dans cette vie devenue étouffante. La fille, elle, semble avoir l’affection du père qui, pour autant, ne voie pas les difficultés dans lesquelles elle s’englue. Ajoutez à cela des petits amis, l’épouse du fils ainsi qu’un secret de famille concernant un troisième enfant, et vous aurez quelques pièces du puzzle qui vont s’imbriquer pour une histoire très contemporaine sur les liens familiaux.

Belle découverte donc et un auteur dont je vais poursuivre la lecture.





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La clause paternelle

Dans "La clause paternelle", sacré par le Prix Médicis étranger en d'année dernière , le romancier suédois Jonas Hassen Khemiri raconte une famille a priori banale mais qui l'est finalement pas tant que cela.



Dans la famille dont il est question, il y a donc le grand-père qui ne revient en Suède que tous les 6 mois pendant 10 jours, le fils qui le loge dans un petit appartement nommé Bureau, la fille qui ne voit plus son propre fils. Et puis il y a la compagne du fils et leurs 2 enfants, l’amant de la fille.L'auteur sonde avec acuité et intelligence la difficulté à trouver sa place, au sein d’une famille comme au sein de la société.



Un beau roman sur la Suède moderne où les pères restent à la maison pour élever leurs enfants sans violence et avec une infinie patience.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La clause paternelle

«  Il est fier de ne pas avoir besoin des autres . Les êtres humains sont tous des idiots ».

«  Dans le cerveau de mon fils il n'y a de place que pour une pensée à la fois, songe le père qui est maintenant grand - Père . »

«  Une fille qui est une petite fille qui est une pro du foot , une dompteuse de dragon, une ninja aux pouvoirs de feu, a quatre ans mais elle est plus forte que tout le monde » ..

Quelques citations de ce roman original qui ne laisse pas indifférent ….



Un père qui est un grand - Père.

Une soeur qui est une fille mais qui n'est plus une mère .

Une mère qui est une petite amie.

Un fils qui est un père .

Une fille qui est une soeur qui est une mère …..



Voilà : les différents personnages ne sont jamais nommés , ce qui, au début de la lecture déstabilise le lecteur …

Petit à petit , peu à peu il découvre le quotidien d'une famille «  normale » , ordinaire et pourtant ——— sur une période d'une dizaine de jours——-

Une famille plutôt chaotique , blessée , déstructurée, fracturée.



Deux fois par an, le fils, en congé parental avec deux petits enfants—— un an et quatre ans —- est un raté névrotique , il loge dans un petit appartement nommé «  Bureau », il accueille son père qui est un grand - Père .

Celui- ci réside à l'étranger ,une visite non motivée par l'affection ,mais plutôt par la nécessité et l'opportunisme.



Une visite blessante , complexe, frustrante , odieuse, traumatisante pour le fils : ce père joue son rôle avec cynisme et perversité , ces visites lui permettent juste de remettre de l'ordre dans ses démarches fiscales et administratives.



Le fils , pris en tenaille entre sa culpabilité de père au foyer et ses rapports délétères , conflictuels , douloureux avec le père qui ne se rend pas compte de la situation .

Elle se renforce avec le quotidien du fils, difficile , heurté, il est obligé d'assumer ces charges , avec les deux enfants , un et quatre ans , le ton est drôle , limite , parfois comique.



L'auteur, dépeint , sonde avec intelligence et acuité l'inexorabilité des liens familiaux , les difficultés pour trouver sa place au sein d'une famille très contemporaine .



Un roman apparemment froid et détaché qui parvient à terme, à pénétrer blessures , douleurs ,incompréhensions, malentendus , non - dits , au sein d'une famille fracassée , chaotique , par la mort d'une enfant , où chacun se débat comme il le peut , du bébé d'un an jusqu'au grand- Père , confiné dans un égoïsme monstrueux et des idées reçues .



On se demande si l'auteur ne dépendrait pas sa propre famille de l'intérieur ?

C'est drôle ,poétique , parfois irritant , crispant mais pétri d'étrangeté, d'émotions diverses, d'originalité, d'un humour narratif féroce …



La fin démontre qu'enfin s'expriment : amour , affection , tendresse tardive ….sourires …..

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La clause paternelle

Un fils qui est un père,

Un père qui est un grand père,

Une fille qui est une sœur,

Une mère qui est une petite amie…

Des personnages jamais nommés et qui prennent corps peu à peu dans une famille « normale », durant une dizaine de jours.



Le fils légèrement névrosé accueille régulièrement le père résidant à l’étranger pour un court séjour en Suède. Une visite imposée durant laquelle leurs rapports conflictuels se partagent entre devoir filial et opportunisme. Le lien douloureux père/fils se crispe avec le quotidien chaotique de la petite enfance, décor comique et très réaliste d’un jeune père limite "burn out".



Un livre tout à fait original pour évoquer la paternité et la maternité sous toutes ses formes, l’engagement de responsabilités envers des enfants et les difficiles rapports humains au sein d’une cellule familiale.

La narration est insolite, faite de nombreuses descriptions en gestes et actions, avare de dialogues, et pour autant très explicite sur le parcours de chacun.

C’est amusant, ironique, parfois cruel, à la fois dénué et bourré d’amour filial et d’empathie.



Un auteur peu connu en France qui met ici tout son talent de plume et de création. Ce livre qui apparaît simpliste dans sa construction finit par captiver par ses personnages complexes, profondément humains dans leurs contradictions, sur des thèmes universels de fonctionnement familial et d’amour filial.



Excellente lecture !

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La clause paternelle

Ce roman suédois a reçu le prix médicis étranger en 2021. Il raconte des relations familiales très tendues entre le père qui est un grand-père et le fils qui est un père qui prête à contre cœur son studio à son père lorsqu’il revient au pays alors qu’il vit ailleurs la plupart du temps. Cette façon de nommer les personnages est pour le moins désagréable, car on pourrait penser qu’on s’y habitue au fil des pages, ce qui est à peu près vrai, mais cela reste quand même pesant ! De plus, la vie des personnages est assez banale malgré quelques passages amusants qui font sourire. J’en ai quand même terminé la lecture dont la substance aura tôt fait d’échapper à mes souvenirs !
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La clause paternelle

Jonas Hassen Khemiri découvert avec «  Montecore, un tigre unique », un livre qui m’avait séduite, à la fois,

De par sa forme originale, où nous suivons l'évolution de ce qui va devenir un livre, comment à partir d'une succession d'échanges de courriers, va se construire le récit d'une vie ou plutôt de celle d'une famille avec les papas, les mamans, les petits frères et lui,

De par son contenu, il nous parle de la différence, de l'intégration ou de tentative d'intégration, de ce qu'est devenue la Suède au fil du temps, avec l'immigration qui petit à petit ronge les valeurs de la sociale démocratie, de l'importance de l'art dans la réalisation de sa vie, de ce qu'est la filiation.

Nous voici donc devant l’ovni littéraire suivant « la clause paternelle » … prix Médicis étranger 2021.



Ovni de par la formulation du nom des protagonistes … une fille qui est une sœur qui est une mère … le père qui est un grand père … un fils qui est un père … une formulation lourde qui nous oblige à freiner la vitesse de la lecture, (de qui parle-t-on là ?), à resituer chacun dans son rôle passé, présent et même avenir, à nous projeter dans les vies de cette famille explosée et les accompagner dans leur quotidien.

De par certains passages, l’écriture me rappelle celle d’un auteur norvégien Karl Ove Knausgård, celui qui a écrit sa propre autobiographie pour présenter ses quarante première année de vie et qui est très doué pour raconter l’ordinaire de son existence et nous la faire partager.

Jonas est aussi très doué pour nous plonger dans son quotidien de père au foyer débordé par sa progéniture, dépassé par l’ampleur de la tâche à accomplir le long d’une simple journée pour maintenir un semblant d’ordre au désordre ambiant.

On sourit, on se rappelle les nuits sans sommeil, les mêmes histoires lues et relues, les mêmes menaces jamais mises à exécution devant des bambins un peu esclavagistes.

On sourit, on se rappelle les relations parfois conflictuelles entretenues avec des parents qui ne partagent pas la même vision des relations à avoir avec ses enfants, pas les mêmes interdits, pas les mêmes langages.

L’histoire de cette famille rend songeuse et pointe la justesse du vocabulaire utilisé … un jour on est un enfant … puis on devient une père ou une mère qui a été un enfant … et on devient un grand-père ou une grand-mère qui a été un père ou une mère qui a été un enfant … et on parle toujours de la même personne !
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La clause paternelle

J’ai été dérouté par le fait que l’auteur n’utilise jamais de prénom dans son roman. Il parle des personnages en évoquant : le père qui est un fils, le grand-père qui est un père, la fille de 4 ans, la fille qui n’est pas mère…



Dans la famille dont il est question, il y a donc le grand-père qui ne revient en Suède que tous les 6 mois pendant 10 jours, le fils qui le loge dans un petit appartement nommé Bureau, la fille qui ne voit plus son propre fils. Et puis il y a la compagne du fils et leurs 2 enfants, l’amant de la fille.



Ca vous parait compliqué ? Et pourtant tout est fluide dans la narration et pas lourd du tout.



J’ai en revanche survolé les passages un peu longs des pensées personnelles façon énumérations.



J’ai aimé cette histoire du grand-père qui n’est pas Suédois et est d’une autre génération, qui n’a pas été franchement présent pour ses enfants et qui réclame maintenant de l’attention.



J’ai eu de la peine pour le fils qui est un père et qui est blessé de ce presque abandon paternel. On sent ses blessures encore vivaces dans sa propre vie de père.



Un roman sur la Suède moderne où les pères restent à la maison pour élever leurs enfants sans violence et avec une infinie patience. Alors quand un de ses propre parent devient une personne à charge, tout déraille.



L’image que je retiendrai :



Celle des suédois avec tous leurs écouteurs dans la rue, dans le métro, comme coupés du monde.
Lien : https://alexmotamots.fr/la-c..
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Tout ce dont je ne me souviens pas

Un roman sur la mémoire, sur les souvenirs : chaque personne a sa propre histoire et sa propre façon de se souvenir d'une personne. Elle le regarde avec un filtre. Ce roman retrace la façon dont un individu peut se perdre ou, et, se retrouver dans les yeux des autres. Un petit bijoux de réflexion sur la conscience de soi, des autres, du souvenir et des mots.
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Montecore, un tigre unique

Si l'on se contente du résumé, voici : Dans les années 70, en Tunisie, Abbas Khemiri rêve de devenir photographe; avec son ami Kadir, il connait de nombreux succès auprès des touristes occidentales jusqu'au jour où il tombe amoureux de Pernilla Bergman, la rejoint en Suède et fonde avec elle une famille. L'aîné, Jonas Khemiri, donc (tiens tiens...) devient écrivain. Mais entre temps son père a disparu.







Ce n'est déjà pas mal, non?



Mais attendez!







D'abord une construction dynamique et originale:



Kadir contacte Abbas afin de l'obliger à écrire l'histoire de son père, il lui fournit des documents, lui donne des conseils, le corrige, (en notes de bas de pages par exemple), etc...



"Afin de nourrir constamment la volonté de lire de notre lecteur, je propose le procédé suivant: transformons cycliquement notre livre en de nouvelles formes littéraires! Commençons maintenant la deuxième partie du livre où nous mettrons d'abord les lettres authentiques de ton père à la disposition du lecteur et où nous t'inviterons, ensuite, à présenter tes premiers souvenirs de ton père. A quelle valeur estimes-tu cette idée? Je suis pleinement confiant en ce qui concerne sa génialité."







Kadir écrit en suédois, langue que, comme Abbas, il a apprise adulte, et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il s'exprime dans une langue bien savoureuse pour le lecteur... J'en profite pour saluer les traducteurs!







Au fur et à mesure, la vérité se dévoile, s'enfuit, Kadir et Jonas ont chacun leur vision d'Abbas. Jonas lui même passe d'une relation privilégiée avec son père à une incompréhension de ses choix. Vient la rupture... Une belle histoire père-fils, donc.







Mais aussi l'évocation de l'intégration (ou non-intégration) des immigrés en Suède. Après les années 80 viennent celles où fleurissent les partis et groupuscules d'extrême droite, sans sympathie pour les "turcs" ou "bougnoules." Abbas et Jonas vont chacun choisir des réactions différentes.







Voilà donc un chouette roman, à la construction et l'élaboration originales, à l'écriture personnelle, drôle et émouvant, en plein dans le problème fort actuel des immigration de première et seconde génération, et qui présente une Suède pas toujours bien connue (et parfois raciste).







"- Refaat [un immigré] fut élu pour recevoir le signe de distinction le plus excellent de la Suède!



- Le prix Nobel?



- Non.



- La position de premier ministre suédois?



- Non.



- La position de PDG d'IKEA?



- Non!



- La position de chanteur d'ABBA?



- Te moques-tu de moi?"







Allez, n'hésitez pas, faites connaissance avec les papas (et les mamans...)




Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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La clause paternelle

Page 242 sur 359, je suis tenté d'arrêter ma lecture, trop fastidieuse. Cela n'étant pas dans mes habitudes, je me donne le temps de la réflexion. Après tout c'est un prix Médicis, en quatrième de couverture, bien que je m'en méfie, il y a écrit l'un des écrivains le plus important de sa génération, les critiques Babélio pour la plupart naviguent entre 4 et 5 étoiles, et enfin j'en suis déjà aux deux tiers.

Je reprends donc, c'est un peu plus prenant avec cette histoire de fils qui disparaît et je note deux phrases en presque toute fin qui me conviennent.



L'histoire en deux mots.



Le narrateur est le fils. Cela se passe en Suède. Parents divorcés, mère suédoise hors circuit, père, dans les 70-75 ans probablement tunisien, voir juif tunisien.

Le père comme tous les un peu moins de six mois, raison fiscale probablement, vient faire un coucou à ses enfants, le fils narrateur et une fille, plus une autre fille fruit des carences parentales qui a déjà trépassé, ajoutons des petits enfants, deux d'un côté, un de l'autre, et cerise sur le gâteau des conjoints de passage ou de toujours, qu'importe.

Je reviens sur coucou car c'est de cela qu'il s'agit, le père radin comme pas deux, squatte comme un coucou le bureau de son fils, qui en a marre et veut s'émanciper.

Bref, c'est une histoire de relations familiales. Un père comme on ne souhaite à personne d'en avoir, une mère qui n'a pas plus de présence que les quelques phrases que lui accorde le narrateur, un fils qui etc., je vous laisse découvrir y compris au-delà de la 242ième page.



Le style qui pose problème.

Les personnages n'ont pas de nom, ils sont qualifiés comme ci : le grand-père qui est un père, le fils qui est un père, la fille qui est une soeur et ainsi de suite. On ne s'y perd pas trop sauf une fois, ballot que je suis, un père qui est un grand-père paternel mais aussi un grand-père maternel. Comment peut on être les deux à la fois surtout que je ne suis pas une femme. Réfléchissons trois secondes, j'ai une fille, un fils, ils ont chacun des enfants, ok, ça marche, deux en un.

Quel intérêt ces qualifications, ah oui, le fils qui est un père, n'est pas un je. C'est la considération paternelle qui fait que vous êtes quelqu'un, ce qui n'a pas été le cas pour le narrateur, il n'existe donc que par rapport aux autres. Ai je bien compris Jonas ?

Style : des énumérations répétitives. Je vous laisse découvrir, on adhère ou pas.

Des enchaînements d'idées, ver à soie, soit toi même, même pas peur, peur de tout, tout à l'égout etc. On adhère ou pas et souvent on tourne en rond.



Quel intérêt ?



D'écrire ce livre.

Recherche Jonas Hassen Khemiri. Suédois, mère suédoise, père tunisien. Des précédents livres dont certains sur la vie d'émigrés en Suède ou d'enfants métissés. Bref, une quête identitaire probablement. Me reviennent d'ailleurs les deux phrases qui me conviennent.

Un fils qui est aussi père à son père qui est grand-père : si tu ne m'envoies pas un sms quand tu auras atterri ………….je me vengerai en écrivant un livre sur toi.

Deuxième phrase : le fils au père qui ne lui a rien demandé : je te pardonne.



En résumé.



Lecture prenante ou laborieuse selon les goûts, quête identitaire pour changer. Pardonner à celui qui ne vous demande pas pardon c'est déjà faire un premier pas que ne peut faire l'autre.

Trois étoiles plus une car deux en un, j'aime bien.
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La clause paternelle

En conduisant sous nos yeux l’explosion complexe d’une cellule familiale ramifiée, une démonstration drôle, poignante et ultra-performante de la vanité morbide des assignations et des étiquettes de fonction sociale, de rôle familial, de sexe, de classe et de pays d’origine.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/12/19/note-de-lecture-la-clause-paternelle-jonas-hassen-khemiri/

Depuis 2003 et son premier roman « Un œil rouge » (il avait alors tout juste vingt-cinq ans), au succès public et critique presque instantané, Jonas Hassen Khemiri propose un parcours unique et particuièrement puissant dans les méandres fantasmés du soi-disant choc des civilisations et des bien réels replis identitaires contemporains. Dès son deuxième roman, « Montecore, un tigre unique » (2006), il s’inspire avec une remarquable inventivité de son expérience personnelle, fils d’un père tunisien et d’une mère suédoise, pour examiner de très près tout ce qui gravite autour des questions d’immigration, d’intégration et de paranoïa galopante dans ces domaines. En inventant à chaque fois des angles et des mécanismes prévenant toute redite et tout risque de ressassement, il creuse son vaste sujet en en proposant systématiquement des lectures nouvelles et incisives, au théâtre (avec par exemple « Invasion ! » en 2008, « Nous qui sommes cent » en 2009 ou « ≈ – [Presque égal à] » en 2014) comme en prose (et l’on songe bien entendu aux déjà exceptionnels « J’appelle mes frères » de 2012, qui sera également décliné sur les planches – et que me feront découvrir le moment venu Mélanie Charvy, Millie Duyé et la troupe des Entichés, pour la première mise en scène française de ce moment fou suivant les explosions de bombes à Stockholm en décembre 2010), et « Tout ce dont je ne me souviens pas » de 2015, ce dernier particulièrement rusé dans son approche littéraire.



Avec « La clause paternelle », publié en 2018 et traduit en 2021 chez Actes Sud par Marianne Ségol-Samoy, Jonas Hassen Khemiri, s’il poursuit sa complexe exploration des paramètres volatils du racisme latent et de ses implications au quotidien comme au géopolitique, nous entraîne toutefois dans une direction inattendue même si fortement logique au regard de tout ce qui précède. En compagnie de l’ensemble des cellules individuelles d’une famille suédoise multi-recomposée, dont le patriarche proche-oriental, après son divorce d’avec sa femme suédoise, est à la fois rentré au pays pour y poursuivre ses mystérieuses affaires d’import-export et resté en Suède, où il repasse brièvement tous les six mois, occupant son ancien appartement laissé aux bons soins de son fils, en vertu d’une fort tacite clause paternelle, il s’agit maintenant de passer au crible, avec l’humour parfois noir et la capacité de pénétration qui caractérisent l’auteur, ce qui peut se cacher derrière les assignations et les caricatures automatiques des êtres, au-delà de leurs origines, de leurs sexes et de leurs occupations principales.



Il a fallu à Jonas Hassen Khemiri (et à sa traductrice Marianne Ségol-Samoy, dont on doit à nouveau saluer la justesse et la finesse) un minutieux travail sur la langue, tout au long des 350 pages du roman, pour dégager comme subrepticement, imperceptiblement, mais de manière d’autant plus imparable, la richesse et la complexité des êtres qui se dissimulent sous leurs assignations initiales, fussent-elles éventuellement multiples, et quels que soient les sources de ces injonctions. Père, mari, grand-père, fils, fille, mère, épouse, conjoint divorcé, petit ami, copine, père en congé paternité, mère en rupture de ban : en nous installant au cœur d’un ensemble familial ramifié, potentiellement psychotique comme toutes les familles, comme dirait Douglas Coupland, sans jamais nommer les personnages mais en les laissant se débattre avec leurs fonctions psycho-sociales, Jonas Hassen Khemiri ne se contente pas ainsi de nous offrir une poignante, complexe et drôle affaire de famille, passant en revue de détail les attentes véhiculées, volontairement ou non, intériorisées ou non, sans guère d’égards pour les autres, par tout un chacun et toute une chacune, il concocte aussi une redoutable fusée à étages métaphoriques à propos de préjugés de race, de sexe et de classe, dans une société suédoise contemporaine qui prend sous nos yeux toute sa valeur emblématique européenne – lorsque la caricature des rôles de chacun et de tous font de nous les personnages d’une sale pièce, mortifère et repliée sur elle-même, murée dans des certitudes opposées faisant si volontiers fi de la particularité de chaque être humain, au-delà de ses étiquettes, que d’aucuns voudraient tant considérer comme déjà jouée.



Et c’est bien en refusant les frontières et les délimitations, comme à son habitude, et d’une manière parfois fort proche de celle mise en œuvre par Dominique Dupart dans son récent « La vie légale », en usant de mécanismes que les tenants de la « lisibilité » sacrée voudraient réserver à la littérature expérimentale la plus honnie par eux, que Jonas Hassen Khemiri, à nouveau, dans son théâtre comme dans ses romans précédents, nous prouve la valeur des dispositifs littéraires sophistiqués, enveloppés habilement de simplicité apparente par ses soins, et créée pour nous avec cette « Clause paternelle » une formidable narration du particulier et de l’universel, du savant et du populaire, ô combien salutaire face à la pression permanente de la simplification à outrance, du cataloguage et de l’exclusion réciproque par étiquetage automatique qui habite aujourd’hui nos sociétés.




Lien : https://charybde2.wordpress...
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Montecore, un tigre unique

Les papas se transforment en gaz



La création, la description d’un personnage à partir des visions imagées, imaginées, vécues ou déformées de Kadir l’ami tunisien et de Jonas le fils suédois. Une ou deux biographie(s), dans un échange de lettres. Une correspondance illuminant le temps. Derrière le personnage d’Abbas, l’ami, le photographe, le père, l’émigré, l’amant de Pernilla, les rêves des un-e-s et les réalités des autres. Des réalités suédoises incompréhensibles pour le tunisien, les évolutions contradictoires de la « seconde génération » face à la stigmatisation, au racisme, à la violence des skins.



Une construction littéraire brillante pour nous rendre à la fois les personnes, leurs espérances, leurs déceptions et les réalités du monde. Un livre qui interpelle le lecteur « Le lecteur se penche vers la terre, transporte un marron dans sa poche et se promène ensuite à la maison, au rythme du soleil qui se réveille ».



La poétique acide de la vie « des papas » (« les yeux des papas ont perdu leur feu, les papas commencent à avoir l’air d’une carcasse vide et semblent perdre toutes leurs couleurs ») et des « mamans » dans une Suède aux rapports humains durcis par la haine, le refus de l’autre. La tendresse ironique du chemin parcouru à rebours, du refus de se conformer à une assimilation déshumanisante. Les langues apprises, oubliées, renaissantes. L’atelier brûlé. Les mots rayés par le refus de la réalité, les mots inscrits à la peinture sur les murs « cette nuit-là, nous marquons le ville de nos mots », les mots du déracinement permanent.



Un ouvrage sur la littérature, la photographie, l’émigration et un portrait volontairement imprécis ou flou d’Abbas.
Lien : http://entreleslignesentrele..
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La clause paternelle

un grand-père qui est un grand-père

Un fils qui est un père

Un père qui est un grand-père

Une sœur qui est une fille

Celui qui n'est pas son petit ami

Un grand-père qui est un père oublié

Un fils qui est en congé de paternité

Etc.



Il fait un caca du matin dans da couche déjà pleine qui risque à tout moment de déborder. p35

La grande de quatre ans veut que le père l'accompagne aux toilettes pour faire caca parce qu'elle a peur d'y aller seule, mais il n'a pas le droit de la regarder quand elle pousse. p36

la grande de quatre ans veut regarder le caca. p37

[...] le père essuie avec des lingettes le caca jaune-vert de ses mains, du matelas en plastique blanc des fesses de l'enfant d'un an. p37



Et moi, je me demande un peu ce qui m'a pris de vouloir lire ce livre de cet auteur suédois que l'on présente comme l'un des plus importants de sa génération.

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La clause paternelle

Voilà un titre né sous la plume de Jonas Hassen Khemiri, considéré comme l’un des plus importants écrivains suédois actuels. Dépeignant avec truculence les attaches familiales, il brosse un microcosme qui renvoie le lecteur dans le giron du cercle étroit qu’il forme avec les siens. Des liens ténus qui sont inexorablement secoués par le train de l’existence en mouvement et soumis au tangage des passions, des égocentrismes et des priorités nombrilistes. L’occasion de présenter ses civilités à une famille lambda, avec un raté pathologique en guise de fils et une fille enceinte jusqu’aux yeux d’un pauvre déglingué. Puis, il y a le père. Le seul à être parfait selon ses critères. Mais que vaut son estime de soi pour les autres ? La trame du récit naît de l’idée que le fils décide de remettre en question l’autorité de son géniteur et de négocier la fameuse clause paternelle. Pas aussi facile à faire admettre qu’à en formuler l’énoncé !
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La clause paternelle

Un solide doigté est nécessaire pour s’essayer à pareil thème (la relation père-fils) et l’auteur l’assure avec maestria, provoquant le chaos et suscitant en même temps de l’hilarité, Puis, on se surprend en songeant à l’imbroglio et en se répétant que, peut-être, il pourrait s’agir des nôtres. Le roman a été traduit en français par Marianne Ségol-Samoy, sans qui nous n’aurions pas pu profiter de ce futur classique.
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Montecore, un tigre unique

Une forme originale,

Nous suivons l'évolution de ce qui va devenir un livre, comment à partir d'une succession d'échanges de courriers, va se construire le récit d'une vie ou plutôt de celle d'une famille avec les papas, les mamans, les petits frères et lui.

Lui, un être perdu dans sa vie, dans la vie des autres, qui essaie de se construire dans son vécu et dans son imaginaire.

Un livre puissant qui nous parle de la différence, (comment on peut arriver à vivre dans un monde difficile ou le meilleur échappatoire reste l'imagination),

de l'intégration ou de tentative d'intégration, (qu'est ce qui nous différencie des autres, qu'est ce qui peut être considéré comme de l'assimilation et non au renoncement de ses propres valeurs),

de ce qu'est devenue la Suède au fil du temps, avec l'immigration qui petit à petit ronge les valeurs de la social démocratie, (comment peut on accepter de vivre dans un monde où les agressions envers ceux que l'on considère comme ses frères deviennent de plus en plus courantes),

de l'importance de l'art dans la réalisation de sa vie, (qu'est ce que l'on va laisser derrière soi, quels souvenirs les autres auront ils de nous ?),

De ce qu'est la filiation, (comment essayer de comprendre les actes de son père au travers d'un jugement qui essaie de comprendre les difficultés et les choix qu'il a été obligé de faire ou qu'il a subi, un jugement qui ne soit pas uniquement une condamnation).

Un livre passionnant qui incite à découvrir l'œuvre de Jonas ou plutôt de Younes.
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Tout ce dont je ne me souviens pas

Autour de la mort d’un jeune Suédois, un chef d’œuvre de mosaïque mémorielle, de reconstruction forcenée de l’amour et de l’amitié, sur fond de tensions racistes de moins en moins larvées.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/07/31/note-de-lecture-tout-ce-dont-je-ne-me-souviens-pas-jonas-hassen-khemiri/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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