Citations de Jonathan Latimer (27)
Elle était canadienne, originaire de Montréal, et son mari, français, fils d'une grande famille du textile de Lyon, les Salles. Il avait obtenu des autorités belges la permission d'étudier les pygmées de l'Ituri. Le professeur ignorait à quel titre il s'intéressait aux pygmées, et penchait pour l'anthropologue amateur. Les hobbies scientifiques étaient selon lui fort répandus chez les jeunes Français fortunés. En tout état de cause, il était donc parti dans l'Ituri accompagné de quelques porteurs et de guides pygmées, six semaines auparavant. Son épouse, elle, était restée à Stanleyville. Puis, deux semaines plus tard, quelques-uns des porteurs, avaient regagné leurs villages. Interrogés par les autorités belges, ils avaient dit que l'homme blanc avait installé un camp près de la rivière Ituri, en lisière d'une des forêts tabous du district. Un matin, il avait pénétré à l'intérieur de la zone tabou avec les pygmées, annonçant son retour dans la soirée. Les porteurs avaient attendu trois jours, à l'issue desquels ils étaient rentrés chez eux, plutôt terrifiés.
Il connaissait soudain une impression de légèreté, une douce ivresse qui lui donna l'envie de crier à tue-tête. Le cancer qui lui rongeait les entrailles, ce cancer né de la peur, du remords, du dégoût de soi-même, venait de se résorber.
- Beauté... commença-t-il.
Puis il s'arrêta net en voyant les plaies béantes de ses seins et de son ventre, et la tache de sang sur le drap qui, en séchant, avait viré au brun "parchemin brûlé". C'était une beauté, sans aucun doute. Mais c'était aussi un cadavre.
Dehors le vent s'était apaisé ; une neige très sèche avait commencé à tomber doucement, comme si on s'était mis à couper avec des ciseaux à ongles un boa en plumes d'autruche.
— Oh ! mais voyons ! Considérez-vous l’adultère comme un crime si grave ? demanda Miss Queen.
— Mais oui, dit Blackwood. Bien pire qu’un assassinat.
— Pourquoi donc ?
— Voyez-vous, l’assassinat ne satisfait qu’un seul de ses protagonistes, tandis que l’amour fait plaisir aux deux. C’est donc bien plus répréhensible.
Il chaussa ses pantoufles et revêtit une robe de chambre en tissu écossais. Puis il sortit un P38 d'un sac en peau de porc à fermeture éclair.
« Si je suis tué, tu aura ma mort sur la conscience.
— Elle ne me pèserait pas trop lourd. » (page 8)
— Je voudrais te poser une question, dit O'Malley.
— Vas-y, répondit Crane
O'Malley posa la question.
— Un homme bien élevé n'avoue jamais ça, répondit Crane.
(page 165)
Sur l'étagère où il l'avait placée deux ans plus tôt,la statuette dorée se dressait sous le poignard incrusté de pierreries.Abstraction dénuée de sens,elle était
parfaitement inexpressive,ni vigilante,ni autre chose.Elle n'avait pas d'yeux.
A vrai dire ,à peine un visage.
Un morceau de métal,sans plus.
Il se leva avec une curieuse sensation de soulagement,si forte avait été
l'obsession, contempla la statuette.Tout à coup,il gloussa,amusé:être épié par un guetteur aveugle,le dieu Succès de Hollywood,le dieu Oscar!L'idée le fit ricaner.Qu'il l'épie donc s'il le pouvait,il était à lui! Un jour de plus,et il en aurait un autre.
Il n’y a aucune beauté dans un texte de droit. C’est comme une jeune vierge élevée selon les principes victoriens, raide, guindée, pleine de refoulements.
Elle ne répondit pas, et Crane considéra le téléphone, mélancolique. « Bon, je crois que je vais décamper. Je suppose que tu m'as appelé au bureau, et que tu as informé tout le monde de mon absence injustifiée.
— Je n'ai pas appelé ton bureau, dit Ann.
— Alors, comment as-tu... ?
— J'ai simplement demandé à la standardiste d'appeler le meilleur bar de la ville. » (page 49)
On n’a pas le droit de contrer un type qui essaie de refaire sa vie.
C’est une véritable Sodome et Gomorrhe, un gouffre d’ignominie, un immonde cloaque aux narines de Notre-Seigneur. Mais Il fauchera ces hommes vautrés dans l’ordure de leur ivresse, qui se complaisent dans la noirceur de leurs mensonges, et Il écrasera de Ses mains les pécheresses, et les courtisanes, et les femmes adultères aux doux corps blancs et nus, sous des robes transparentes qui n’atteignent pas leurs genoux.
La folie n’existe pas. Certains souffrent simplement, pendant de brèves périodes, d’une aliénation de leurs facultés mentales. C’est comme un cauchemar, mais qui surviendrait aux heures de veille. Avec des soins appropriés, la raison revient à tous.
— J’aimerais bien qu’on me serve mon petit déjeuner au lit...
— C’est le plus court chemin pour mener une femme à sa perte. Toute femme qui n’est pas capable de se lever pour le petit déjeuner est une gourgandine.
Charley apporta les consommations. Crane constata avec surprise qu'Alice March s'adonnait désormais au pastis. Ayant lui-même une expérience malheureuse avec ce succédané de l'absinthe, il tirait son chapeau à ceux qui parvenait à le boire.
Inclinant son verre pour verser sa bière, le Docteur Woodrin demanda : « Quelle sorte de tireur êtes-vous, Crane ?
— Je suis très bon à la mitraillette. » (page 47)
Quand nous avons abandonné nos nageoires pour en faire des mains,peut-être avons-nous fait preuve de la même légèreté que le gorille. Qu’arriverait-il si un nouveau déluge se produisait ? Comment ferions-nous pour l’essence, la nourriture et l’eau potable ? Imaginez qu’un accident vienne bouleverser la composition chimique de l’air. L’homme disparaîtrait et un quelconque petit animal souterrain dont les poumons seraient en mesure de s’habituer aux nouvelles conditions viendrait hériter de la planète…
— Les gorilles sont semblables aux hommes sous pas mal d’aspects. Mais ils ne sont pas immunisés contre les maladies humaines.
D’ordinaire ce type de comportement était le fait de femmes au physique ingrat, pour lesquelles s’imaginer que tous les hommes leur couraient après était une sorte de compensation, consciente ou inconsciente. Mais occasionnellement, il touchait également les jolies femmes. Là, les ennuis commençaient dans la mesure où neuf dixièmes des hommes leur couraient effectivement après, et qu’elles blessaient le dixième restant.
Il était réellement courageux. Il avait cette bravoure absolue qu’ont certains hommes paisibles. Il vivait dans un monde où les considérations personnelles comme l’orgueil, la soif du pouvoir, la haine et la lâcheté n’existaient pas. Il aimait la vérité d’un amour désintéressé.
Un lion vous met en face d’un problème qu’on n’a pas à résoudre en milieu civilisé, sauf en cas de guerre. Et encore, ce n’est pas tout à fait la même chose. À la guerre, on se trouve sous l’emprise de la conviction de servir son pays ou de se battre pour une juste cause, mais on n’agit pas pour son propre compte. On est un maillon de la chaîne. Tandis qu’un lion, en
l’affronte de sa propre volonté. On est face à soi-même. Et ressentir la nécessité de faire face à un lion et découvrir que l’on n’a pas le cran est une épreuve pénible. Tout cela est bien compliqué, se dit Jay. Et difficile à faire comprendre à qui n’a jamais entendu un lion rugir.