Sortez votre casque colonial et votre chasse-mouche, nous partons pour le Congo Belge à la veille de la seconde guerre mondiale.
Noir comme un souvenir, Dark Memory, narre les aventures et mésaventures d'un groupe d'Occidentaux entre Stanleyville (aujourd'hui Kisangani) et la forêt équatoriale de l'Ituri.
Lew Cable est un riche aventurier qui a monté une expédition scientifique pour le compte du professeur Huntley. Jay Nichols assure la logistique au volant d'une Citroën, digne de la Croisière Noire . Il y rencontre une belle Canadienne, Eve Salles, qui recherche son époux français mystérieusement disparu dans la « forêt tabou ». La jeune femme lui rappelle Linda, son grand amour et les souvenirs du passé commencent à envahir ses nuits. Pendant la journée, Jay, photographe amateur, est à l'affut des gorilles à dos d'argent. Mais lorsqu'il tue accidentellement une femelle, la culpabilité et la honte vont lui faire perdre le sens commun, et le sens de l'orientation. Ils seront bientôt seuls dans la jungle.
De prime abord, le roman semble nous plonger dans une ambiance digne de Mogambo, Hatari! ou Congo Crossing, avec des chasseurs et des explorateurs du dimanche qui savourent du poulet à la royale en buvant des gimlet et lisent La Montagne magique pendant que des boys et des pygmées s'activent. Mais Latimer qui prend son temps (contrairement à son habitude) pour montrer le cheminement de son personnage phagocyté par le fantôme de la femme aimée, nous donne à voir une autre Afrique, celle qu'il pressent : les parties de chasse obscènes (le prince de Suède qui s'enorgueillit d'avoir abattu 14 gorilles), la détresse des pygmées, la destruction des habitats naturels du Bassin du Congo, mais aussi une société occidentale en mutation (droits des femmes, préjugés, lutte des classes… ), le tout mâtiné d'ironie et d'humour.
Un roman étonnant sur l'amour perdu et le poids des souvenirs, qui m'a agréablement surprise.