AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Joseph Boyden (375)


Tu voyais que la vie tout entière est comprise dans le cercle; et qu'on revient toujours , d'une façon ou d'une autre, aux lieux où l'on est déjà passé.
Commenter  J’apprécie          300
Alors que le soleil est encore loin de se coucher, des dizaines de Hurons en grande tenue sont déjà là, le visage peint en rouge, bleu et ocre jaune, les hommes avec leurs cheveux huilés fièrement dressés, les femmes avec leurs longues nattes. Tous portent leurs plus belles peaux de cerf décorées d’ouvrages de perles. Il est indéniable, Seigneur, que les gens de ce peuple sont beaux, plus beaux que tous ceux que j’ai jamais vus. Les hommes feraient honte à nos plus brillants athlètes, et les femmes au corps souple et plantureux sont capables de rivaliser avec n’importe quelle altesse européenne.
Commenter  J’apprécie          290
Et je pense à mon père : il y a quelque chose de lui dans ces lumières, ce grand pouls lent et régulier. Il était là tout du long, mon père ; il ne m'a jamais vraiment quittée. Il m'aura fallu toutes ces années pour le comprendre.
Commenter  J’apprécie          292
Pourtant, je ne bouge pas. Je contemple l'ennemi pour la première fois. Il n'a pas de visage : rien qu'une ligne de monticule, derrière un réseau de barbelés. J'entends la balle miauler à ma tempe avant même que le clac d'un fusil retentisse, tout autour de moi le sol crache des éclats de boue et de poussière, il y a un choc contre ma main qui s'engourdit, d'autres balles sifflent tout près. Je plonge alors dans la tranchée comme une loutre effrayée et, avant d'avoir compris ce qui m'arrive, je dégringole le long du parapet pour m'étaler de tout mon long au pied des autres, le souffle coupé.
Commenter  J’apprécie          290
Leur dieu est un manitou guerrier, je pense, même si leurs chamans en parlent autrement : eux parlent de pardon, de vierges et d'enfants. Pourtant je crois que leur dieu est un guerrier, puisque c'est lui qu'ils invoquent avant de monter là-haut. Je ne comprendrais jamais ce dieu-là, ces gens-là.
Commenter  J’apprécie          290
Joseph Boyden
Pendant longtemps, j'ai revendiqué le fait que personne ne pourrait jamais m'accuser d'écrire des fictions qui soient, en réalité, de l'autobiographie plus ou moins déguisée. Il y a quelque chose, dans la démarche autobiographique, que je ressens presque comme de la tricherie. Où est l'imagination ? Où est la vraie création ? Comment se croire passionnant au point d'écrire sur soi ?

(Entretien dans Télérama 3360, 04/06/14)
Commenter  J’apprécie          280
Il peut voler loin de son corps à sa guise ; contempler le monde au-dessous, ce monde créé par l'homme, et voir malgré tout la beauté qu'il recèle. Il devient le chasseur dans ces moments-là, l'invincible chasseur qui peut rester des heures immobile, ne bougeant que pour s'emplir à nouveau de morphine, scrutant l'ennemi sans cesse avec les yeux du busard.
Commenter  J’apprécie          271
« Ces gens font preuve d’une imagination fertile dans le domaine des tortures, dis-je à Gabriel. Aussi fertile et peut-être même plus que celle de n'importe quel inquisiteur. »[…]
« Ils ne laissent rien au hasard. Tout est soigneusement réglé. C’est l’une de leurs cérémonies les plus importantes.
- Mais pourquoi ? Pourquoi tiennent-ils à infliger tant de souffrances à un être humain ?
— Pourquoi l'Inquisition espagnole a-t-elle fait ce qu'elle a fait ? je réplique. Pourquoi notre propre Église condamne-t-elle les sorcières au bûcher ? Pourquoi les croisés ont-ils punis les Maures avec tant de raffinement ? » […]
« Certes, il est facile de dire que nous punissons ceux qui sont une abomination aux yeux de Dieu, reprends-je. Or, il ne s’agit pas seulement de cela, ne pensez-vous pas ? Je crois que nous autorisons et pardonnons la torture dans la mesure où elle nous aide à exorciser la peur de la mort que nous éprouvons tous. Torturer quelqu’un, c’est dominer la mort, s’en rendre maître, ne serait-ce que pour un bref instant. »
Commenter  J’apprécie          271
Je tâche d'écarter cette pensée, la peur d'arriver là où nous n'étions jamais allés, mais elle continue de me tourmenter, comme une sale gosse qui nous lancerait des pierres depuis la rive.
Commenter  J’apprécie          270
Nous sommes le peuple né de ce pays. Et pour la première fois aussi, je comprends ce que je n'avais pas entièrement compris avant de voir ces créatures pâles venues d'ailleurs nous regarder avec stupéfaction en s'interrogeant sur notre présence. Nous sommes ce pays. Et ce pays est nous.
Commenter  J’apprécie          260
Dans la lumière qui décline, j'entrevois près de moi un sourire grimaçant, celui d'un soldat mort depuis longtemps, mais je n'arrive pas à savoir de quel camp. Ses traits sont crispés dans le ricanement perpétuel de celui qui en sait long.
Commenter  J’apprécie          2611
Je vivais ma quatorzième année, cet âge où la vérité du monde commence à se dévoiler, mais où l'on n'a encore que les mots de l'enfance, qui sont impuissants à la décrire. J’avais donc décidé de me taire, et de rester à regarder.
Commenter  J’apprécie          260
Moi, j'imaginais qu'il tressait des histoires tout l'été, formant avec ses mots d'invisibles filets qu'il jetterait sur nous les longues nuits d'hiver, pour nous attraper, nous rassembler au fond de cette nasse, où l'on se tiendrait chaud.
Commenter  J’apprécie          260
Les vieux s'expriment par énigmes , mes nièces , mais si on les écoute bien , il se peut qu'ils aient des choses importantes à nous dire .
Commenter  J’apprécie          260
Encore une fois, Neveu, tu dois comprendre qu'en ce monde de peine, il faut les saisir à pleines mains, ces rares moments de bonheur qui nous sont concédés. Mon Français et moi, nous étions voraces ; nous nous repaissions l'un de l'autre et nous en trouvions meurtris, mais de bonnes meurtrissures. Nous parlions peu, même si, durant cet été, chacun apprit quelques mots dans la langue de l'autre. Notre langage à nous passait par la chair. Nous nous aimions contre les arbres, au bord des rivières et même dans l'eau, quand la chaleur retourna. Ce fut un bon été. Quand j'allais voir ma mère, elle me trouvait changée ; elle savait ce que j'étais en train de découvrir. Elle me faisait boire un thé amer pour m'empêcher de tomber enceinte. Ses yeux m'avertissaient de me méfier de lui, qu'on ne pouvait pas faire confiance aux wemistikoshiw, mais je ne voulais pas entendre. J'étais trop pleine de lui, j'en débordais presque.
Commenter  J’apprécie          250
« Chacun se bat sur deux fronts à la fois, l’un contre l’ennemi, l’autre contre ce que nous faisons à l’ennemi »
Commenter  J’apprécie          250
Certes, je ne les ai pas entendus ni vus. L’atmosphère glacée s’est modifiée, les cheveux sur ma nuque se sont dressés, quelque chose m’a frôlé comme un essaim de mouches noires bourdonnant à mes oreilles, et là, en plein après-midi, j’ai été tiré de mon paisible sommeil.
Commenter  J’apprécie          240
C'est vers ce moment, devais-je découvrir bien après, que les rumeurs commencèrent à mon propos, de ces discours qu'on tient le ventre plein, de ces demi-vérités qui, à peine murmurées, déploient leurs ailes et tournoient comme une volée de moineaux, pour se poser où bon leur semble...
Commenter  J’apprécie          240
Le matin du départ, j'ai noué à votre cou un petit sac - médecine - je vois que tu l'as encore, Neveu. J'en avais choisi les ingrédients avec soin : une pincée de toutes les herbes de conjuration en ma possession, avec la dent du lynx qui vous procurerait la vitesse, l'invisibilité, la vue perçante. Plus tard, je suis allée marcher longtemps dans les bois ; j'ai pleuré. À mon retour, je suis entrée dans la tente tremblante. J'ai invoqué le lynx, le suppliant de vous suivre et de veiller sur vous. Le lynx n'a pas répondu.
Commenter  J’apprécie          233
L’endroit s’appelle la crête de Vimy : un paysage vallonné autour d’une ville en ruines, Arras. On devine que c’était autrefois une belle campagne ; il n’en reste que de la terre retournée. Je regarde les décombres autour de moi ; je me demande si ces lieux guériront jamais. J’essaie d’imaginer le paysage d’ici à dix ans, cinquante, ou cent ; mais je ne vois que des hommes qui vont et viennent entre la plaine et les galeries creusées dans les collines, comme des fourmis lasses et furieuses, inventant sans cesse de nouvelles façons de s’entre-tuer.
Commenter  J’apprécie          236



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Joseph Boyden Voir plus

Quiz Voir plus

Victor Hugo- Quiz sur sa vie et ses oeuvres

Quand est né Victor Hugo ?

le 23 février 1802
le 26 févier 1852
le 26 février 1802
le 23 février 1803

29 questions
18 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}