Joan n'a que six ans quand sa mère, une chanteuse bohême qui circule librement d'amourette en amourette au gré de ses envies, meurt dans un tragique accident : une bombe explose dans un appartement Newyorkais et elle se trouvait sur les lieux, car elle vivait avec des membres du Weather Underground, un collectif d’extrême gauche.
Pour échapper aux poursuites et préserver Joan, sa grand-mère qui la gardait au moment des faits, décide de changer d'identité et de quitter la ville. Joan devient Amelia. Elle va grandir avec ce terrible secret et les chansons de sa maman plein la tête.
Devenue une artiste confirmée, elle rencontre l'amour et, pour la première fois, ne se sent plus seule au monde. Sa grand-mère est morte quelques années auparavant et depuis, Amelia se sent bien seule. Mais la tragédie la frappe à nouveau, emportant son mari et son fils le même jour.
Dès lors, Amelia n'a plus qu'une envie, sauter du Golden Gate Bridge (j'ai oublié de vous dire qu'elle vivait en Californie)...mais le hasard et le destin vont l'emmener bien loin de son pays jusqu'en Amérique Centrale dans un petit village dénommé "La Esperanza". Là, elle trouve refuge dans un hôtel perdu au bord d'un lac, au pied d'un volcan et au cœur d'une nature extraordinaire peuplée d'oiseaux fabuleux.
Très vite intégrée dans le village grâce à Leila, la propriétaire des lieux, Amélia gardant toujours le silence autour de son passé et de ses fantômes, va tenter de se reconstruire.
Mais comme le lui a dit Leila à son arrivée : "Tout paradis a aussi ses serpents".
Dans ce roman, Joyce Maynard dépeint une nature magnifique, foisonnante de vie. C'est un lieu qui respire la sérénité et qui permet à beaucoup de personnes en quête de sens, de trouver des solutions à leurs problèmes en venant passer quelques jours au bord du lac dans ce lieu enchanteur.
Mais si la nature peut à l'occasion s'avérer destructrice... il en est parfois de même des hommes.
L'autrice nous invite à la suivre avec beaucoup de justesse et de finesse dans les méandres de la psychologie humaine. Le lecteur découvre tout un panel de personnages... hauts en couleurs.
La population locale est en effet un mélange hétéroclite de personnes venues ici se perdre pour oublier leur passé, et d'autochtones le plus souvent très pauvres car vivant avec les moyens du bord de la vente de leurs légumes, de leur pêche ou en rendant de menus services pour les hommes et en faisant quelques travaux de couture, tissage, tricot et broderie, pour les femmes. Les enfants eux-mêmes se proposent souvent guides d'un jour, pour porter les valises des touristes ou les mener jusqu'au bord du cratère du volcan. Ils sont tous bien décidés à profiter chacun à leur manière de la manne d'étrangers venus chercher un sens à leur vie.
C'est un roman dépaysant et fondamentalement optimiste qui prouve que la beauté du monde peut aider à mieux vivre au présent sans s'encombrer de nos fantômes et en s'ouvrant simplement aux autres et à la fraternité.
Mais l'autrice ne cache rien pour autant ni de l'enfance difficile de son héroïne, ni des crises traversés par son pays à la fin des années 60 entre les luttes contre la guerre du Vietnam, la généralisation de l'usage des drogues,...et la libération sexuelle.
Les chapitres sont courts. Le lecteur passe d'une émotion à une autre. Il y a un certain suspense même si moi je l'avoue, j'avais prévu la plupart des rebondissements, mais comme les personnages sont attachants on se laisse porter par l'écriture et l'ambiance paisible du lieu.
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