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Critiques de Jules Romains (289)
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Knock ou Le triomphe de la médecine

Jules Romains écrit cette pièce de théâtre au début des années 1920, c'est-à-dire à une époque où la société d'aujourd'hui commence à se dessiner ; celle où la crainte de mourir de faim cède le pas à des peurs moins ancestrales.

Il s'agit de créer d'autres peurs que l'apocalypse ou la famine et la médecine saura se tailler la part du lion dans ce faisceau de craintes. (Combien de laboratoires biomédicaux dans les plus grosses entreprises cotées en bourse à l'heure actuelle ?)

Je mets en parallèle cette pièce prémonitoire avec des ouvrages ou des films plus récents comme L'Aliéniste de l'excellent auteur brésilien Machado de Assis, comme le film Bowling For Columbine de Michael Moore ou encore comme l'essai d'Ulrich Beck La Société du Risque.

L'auteur sait avec beaucoup d'humour nous livrer une réflexion philosophique sur un sujet de société — le marché de la peur — la commercialisation du risque.

Vous reconnaîtrez nombre de situations que vous avez déjà connues (achat d'une extension de garantie, test complémentaire, assurance spéciale, etc.).

À l'heure actuelle, ne cherche-t-on pas à toujours créer de nouvelles peurs pour les mieux commercialiser (bug de l'an 2000, grippe aviaire, réchauffement climatique, H1N1, le fameux "principe de précaution"...) ?

Knock est un sinistre charlatant, froid et calculateur, l'exact sosie de l'abbé Troubert de Balzac (voir le Curé de Tours), qui joue à fond sur les cordes sensibles de la cupidité et de la crainte sur la grande lyre humaine.

Lui-même avait été escroqué par son confrère prédécesseur lors de l'estimation de la clientèle, qui n'a aucun scrupule à livrer la population aux mains d'un homme tel que Knock.

Toute la succulence réside dans la façon dont Knock doit, dès la première entrevue, prendre l'ascendant sur le patient, le dominer via la peur de la maladie, au point de laisser l'autre en position de quasi vénération pour son praticien. Bravo à Jules Romain pour cette grande finesse tant psychologique que sociologique.

Et quand bien même vous ne trouveriez aucun intérêt au propos de la pièce, lisez-la seulement pour rire et vous ne serez pas déçus car c'est drôlement bien écrit et écrit bien drôlement, en tout cas, c'est mon peu salubre avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Knock ou Le triomphe de la médecine

Knock ou le triomphe de Jules Romains



Ce personnage peut bien avoir pour l’éternité le visage de Louis Jouvet, il est avant tout diabolique. Son premier méfait ? Nous rendre le personnage de Parpalaid presque sympathique !



"KNOCK : Vous me donnez un canton peuplé de quelques milliers d'individus, neutres, indéterminés. Mon rôle c'est de les déterminer, de les amener à l'existence médicale (...).



LE DOCTEUR : Vous ne pouvez cependant pas mettre tout un canton au lit !



KNOCK : Cela se discuterait."



Le cabinet médical comme fond de commerce. Le docteur Knock inocule une sorte d”hypocondrie généralisée à sa patientèle, rendant ainsi son métier fort lucratif. Le soupçon de charlatanisme a longtemps pesé autour de la médecine et c’est à la source de cette défiance que s’abreuve Jules Romains dans cette comédie grinçante et drolatique, dont la fin prend des allures dystopiques.



Devenue l’oeuvre majeure, presque ombrageante, de l’écrivain et dramaturge, cette comédie efficace nous offre un remède à la cupidité : commencer par soigner l’ignorance des vrais/faux patients car si nous ne pouvons tous être médecins, nous avons tout de même un ciboulot et, face au sachant, la crédulité criante des patients de la pièce pose question.



Qu’en pensez vous ?
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Knock ou Le triomphe de la médecine

Rien que la couverture est jubilatoire...Cette pièce de théâtre sert de prélude à ce qu'est devenue la médecine dans bien des cas , un métier lucratif , un bénéfice à partager avec tous les réseaux sanitaires du coin .A partir du médecin , une sacrée toile se tisse :pharmacie , transports sanitaires ,kinésithérapie, ostéopathie, soins infirmiers ....Loin de moi l'idée de contester qui ou quoi que ce soit , la médecine a participé à l'éradication de nombreuses pathologies incurables il n'y a pas si longtemps. La médecine et les médecins méritent tout notre respect mais il est vrai qu'au delà du désir de soigner s'est développé chez nombre d'entre eux un fort désir de " bien vivre " . Le développement des déserts médicaux en est la preuve ,être médecin est devenu un métier qui a tout de même perdu une partie de son humanisme , une partie du désir d'entraide . Bien loin de notre époque , la seule vocation , et dans bien des domaines , hélas . Bon , ainsi va la vie , la vie moderne , où se faire soigner a un coût .... comme tout , du reste...

Le docteur Parpalaid , lui , ne pouvait pas s'enrichir : pratiquement aucun malade dans le village où tout le monde allait bien , respirait la santé , jusqu'à l'arrivée du célèbre docteur Knock , successeur dudit Parpalaid . Un court arrêt pour une remarque qui pourrait paraître déplacée : Knock , vous imaginez la plaque de votre médecin , docteur Knock , ça ne vous semble pas un peu suspect , ce nom , un peu clownesque , un peu ... charlatan ? Non ? Ah , ça vient de moi , alors , excusez-moi....

La suite est extraordinaire : la publicité, les consultations ( à mourir de rire ...ou de peur , c'est selon ) ,la salle d'attente qui se remplit .Bref , l'art et la manière de rendre malade une population en bonne santé. Knock est un génie qui mérite d'être connu ( !!! ) et qui a bien compris toutes les méthodes peu orthodoxes qui vont lui permettre de s'enrichir et ....de guérir des malades qui s'ignoraient.

Prémonitoire d'une époque que nous connaissons bien désormais ? Moi , je ne prends pas parti , je ne dis rien mais tout de même , Jules Romains a frappé fort ..et bien . Soyons clairs , cette parodie doit être prise ... comme une parodie , même si certaines situations ....

Et quand un Louis Jouvet incarne le docteur Knock... voilà une oeuvre mythique , à lire absolument , à déguster sans modération . Un dernier mot , j'adore mon médecin et je suis heureux , en vieillissant , de pouvoir compter sur une médecine de qualité , servie par des gens compétents et...dévoués.

Désolé , j'ai oublié les étoiles . Pour moi , aucune hésitation : 5.
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Knock ou Le triomphe de la médecine

Impossible, pour moi, de dissocier Knock du superlatif Louis Jouvet qui incarna ce médecin avec un talent à nul autre pareil.

Knock est une œuvre drôle et farceuse, visionnaire d'un temps à venir de sur-médicalisation par une médecine devenue affairiste.

Knock campe une sorte de personnage magnétique, à l'autorité bon enfant.

Un médecin à mi-chemin entre le gourou et l'entrepreneur en élevage intensif des malades!

Une pièce qui se relit et se revoit sans lassitude.
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Les Hommes de bonne volonté - Intégrale, tome 2..

Ce troisième livre des Hommes De Bonne Volonté débute sur un thème qui m'a un peu moins intéressé que dans les volumes précédants, à savoir, les conversations de deux normaliens, Jerphanion, jeune auvergnat fraîchement débarqué à Paris et Jallez, lui de pur jus parisien.



Leurs préoccupations de jeunes adultes étudiants intellos, un peu coincés, et leurs évocations de l'Amour avec un grand A (et non un grand tas !), n'est pas spécialement captivante à mon goût.



Par contre, vers le milieu du roman, la description des familles aristocratiques sur le déclin (de Saint-Papoul) ou richissime (de Champcenais) m'a paru beaucoup plus savoureuse.



Jules Romains y dépeint une vieille famille aristocratique qui peine à maintenir son rang, faute de rentrées d'argent suffisantes (le revenu des terres agricoles n'étant plus un gage de fortune au début du XXè siècle) et qui donc tâche à de brefs instants d'éblouir son cercle d'amis par de brillantes réceptions.



De l'autre côté, une famille effectivement riche que son cercle envie et qu'on n'hésite pas à qualifier de pingre, en regard des millions supposés glisser entre leurs doigts, tels l'eau d'une fontaine jamais tarie.



La fortune des de Champcenais issue du pétrole est menacée par le rapport du député de gauche Gureau, lequel est contacté par un proche de de Champcenais, Sammécaud, probablement, le personnage le plus ambigu et attachant jusqu'à ce point.



Les rapports entre Gureau et Sammécaud, étonnamment pacifiques et complices rendent ce passage délicieux. Romains dessine bien toute l'ambiguïté qu'il peut y avoir chez un député qui rencontre un gros capitaliste, mais aussi, ce qui est moins évident, tout ce que peut avoir de compromettant pour le capitaliste cette relation.



Lequel Sammécaud cultive une certaine duplicité dans tous les domaines en essayant de nouer une liaison avec la femme de son collaborateur, de Champcenais. De son côté, Quinette, semble se fourrer de plus en plus dans un guêpier...



En somme, un opus moyen, avec quelques chapitres très intéressants et d'autres qui m'ont un peu ennuyée. Mais le mieux sera toujours que vous vous fassiez votre opinion vous-même car ce n'est que mon avis, c'est-à-dire, très peu de chose. À suivre...
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Les hommes de bonne volonté, tome 1 : Le 6 oc..

Le 6 Octobre est le point d'ancrage de la grande fresque littéraire en 27 volumes de Jules Romains intitulée Les Hommes De Bonne Volonté. À ce titre, il n'est probablement pas le meilleur car l'auteur est obligé de passer un certain temps à poser le décor, vu l'ampleur de la tâche qu'il s'est proposée (nous raconter une tranche de vingt-cinq années de l'humanité de laquelle il a été le témoin).



Le 6 octobre est en fait ce jour de 1908 où la Bulgarie a déclaré son indépendance. L'auteur nous fait sentir du doigt tous les enjeux politiques sous-jacents et les forces en présence qui finiront par s'opposer lors de la Première Guerre Mondiale.



Il nous invite à considérer les enjeux économiques qui se cachent sous les prétextes " officiels " ; comme, à titre d'exemple, le fait qu'aussi bien l'Allemagne que l'Autriche-Hongrie ne possédaient d'empires coloniaux conséquents tandis que c'était le cas de la France, de l'Angleterre et, par la taille de son territoire, de la Russie.



Le nœud gordien de tout cela est déjà, dès cette époque, la délicate question du pétrole, car l'automobile est en train de tout bouleverser et ça, certains l'ont bien compris. Aussi allons-nous faire une excursion dans les lobby politiques destinés à soutenir les grands patrons des groupes pétroliers.



Il nous dépeint aussi, au travers de plusieurs personnages de différentes classes sociales, le mode de vie parisien de l'époque. Il s'agit d'une fiction mais traitée avec autant de sérieux (voire plus) qu'un documentaire journalistique.



L'auteur a probablement désiré faire un témoignage sur son temps, dans la lignée des grands cycles littéraires comme La Comédie Humaine de Balzac ou Les Rougon-Macquart de Zola, mais en prenant le parti, dès le début, de faire un roman total et non des épisodes comme peuvent être considérés chacun des opus de Balzac et Zola.



Il est donc vain d'essayer de lire l'un des livres de l'ensemble seul et sorti de sa trame, sans caresser l'espoir d'en lire d'autres. Mais bien sûr, ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Les hommes de bonne volonté, tome 2 : Crime d..

Le second tome des Hommes De Bonne Volonté est dominé par l'affaire surgie dès le premier tome et impliquant le relieur Quinette et l'imprimeur Leheudry. Ce dernier, meurtrier crapuleux d'une vieille dame, s'était présenté dans la boutique de Quinette — les mains en sang — et avait demandé à se les laver.



Quinette fasciné par cet imprévu dans sa vie sans relief va s'impliquer corps et âme dans cette histoire jusqu'à y tenir un rôle de tout premier plan. Mi-fabulateur, mi-réaliste, celui-ci va tour à tour monter des scenarii incroyables auprès de différentes personnes, tant pour éviter à Leheudry de se faire pincer que pour devenir incontournable dans tous les menus actes ayant trait à l'histoire.



Se laissant porter par son élan et sa mythomanie, Quinette va escalader les échelons de la folie jusqu'à sombrer lui aussi dans le crime.



Ce second opus est également dominé par le député Gureau, un des rares députés intègres, qui est tombé sur un dossier explosif pouvant mouiller considérablement un grand groupe pétrolier. On assiste donc à différentes tentatives d'intimidation ou de corruption pour tenter d'acheter le silence de Gureau.



Un peu comme le premier tome, celui-ci sert aussi largement à poser le décor de la fresque aux proportions monumentales que s'est proposé de peindre Jules Romains. Il n'est donc pas forcément captivant en soi mais occupe la fonction de fondation d'un édifice de type babylonien voire babelionien, et en ce sens, il est essentiel, du moins c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Knock ou Le triomphe de la médecine

On se déplace rarement chez le médecin dans la bourgade de Saint-Maurice. Et pour cause : faute de motivation, le Docteur Parpalaid n'a pas l'oreille très complaisante, ses réponses restent évasives. Alors on se débrouille (on ne va quand même pas payer pour se voir conseiller une tisane !), et on ne voit pas beaucoup le pharmacien non plus. Lorsque Knock reprend le cabinet, tout change. Consultations gratuites une demi-journée par semaine, écoute attentive, diagnostics alarmistes mais aussi pleins de bon sens pour une meilleure hygiène de vie.



Philanthrope, ce Docteur Knock ? les gens adorent confier leurs petits malheurs, quitte à en rajouter/inventer... Filou ? Commercial ? Ingénieux en tout cas et ne ménageant pas sa peine. Il va faire prospérer sa "petite entreprise", ainsi que celle du pharmacien. Cela en faisant lourdement payer les patients les plus aisés, et en mettant une partie de la population au lit - pour le plus grand plaisir de ces "malades" (imaginaires), ravis d'être enfin l'objet d'attention.



Cette pièce a été écrite dans les années 1920. J'ignore quel accueil elle reçut à l'époque mais l'humour n'a pas vieilli. Ce texte visionnaire (sur l'art "capitaliste" de créer et développer un besoin) est pertinent, malicieux et jubilatoire. Je l'ai relu avec bonheur.



--- Livre découvert en 6e, en lecture imposée. J'avais beaucoup aimé, la prof avait dû nous le rendre limpide ; pas sûr que tout y soit accessible dès douze ans sans décryptage. Un premier pas réussi pour moi vers le théâtre écrit, qui m'a sûrement aidée à surmonter Molière les années suivantes (auteur génial pour les adultes, mais totalement indigeste au collège) et à continuer à lire des pièces avec plaisir.
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Les hommes de bonne volonté, tome 5 : Les Sup..

Cinquième tome du roman au long cours « Les Hommes de Bonne Volonté », Les Superbes marque un heureux sursaut après deux volumes à mes yeux un peu plus ennuyeux (Les Amours Enfantines & Éros de Paris).

Ici on s'enfonce plus dans l'univers de certains personnages, en l'occurrence, l'agent immobilier Haverkamp, la femme du président du cartel pétrolier Marie de Champcenais, son amant et homme de main du cartel Roger Sammécaud ainsi que le politicien ambitieux Gureau.

Le travail de persuasion et d'investigation d'Haverkamp, la chance et le hasard mêlés au flair et à l'énergie d'entrepreneur le tout visant à faire grossir et asseoir la réputation de son agence est réellement intéressant, de même que la stratégie politique de Gureau qui s'appuie sur les syndicats pour tendre vers le pouvoir.

Ce qui est également beaucoup plus intéressant qu'aux volumes précédents, c'est qu'on voit apparaître les liens qui unissent ces différents personnages : Marie s'enfonce de plus en plus crânement dans l'adultère tout en confiant des secrets intimes à Sammécaud, celui-ci avait soudoyé Gureau en lui offrant la direction d'un journal, Gureau se sert de ce journal comme machine de guerre politique, Haverkamp s'offre une page de publicité dans ce même journal pour toucher un public important, etc.

Peu à peu, on sent monter l'immense mayonnaise sous le fouet expert de Jules Romains et s'il est vrai que j'avais légèrement flanché après les numéros 3 et 4, ce cinquième tome m'a vraiment redonné envie de poursuivre l'aventure de la lecture des Hommes de Bonne Volonté, roman-fleuve par excellence où il faut parfois savoir s'accrocher pour rester à flot, mais quand il y a des rapides, que c'est bon !



À suivre…
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Knock ou Le triomphe de la médecine

Pièce de théâtre qui est devenue un très grand classique. Texte très agréable à découvrir, teinté de cynisme. Ce triomphe de la médecine, n'est-il pas aussi celui du charlatanisme? Comment un médecin se battit une solide clientèle en inventant des maladies à ses patients? Une affaire qui marche car elle fait s'enrichir le médecin, le pharmacien et l'aubergiste qui héberge la clientèle. Le médecin s'enrichit sur le dos de ses victimes mais personne ne pourrait désormais se passer de ses services... Pièce qui nous montre comment un roué peu se jouer de la naïveté.

Une pièce qu'il faut avoir lue.


Lien : http://araucaria.20six.fr
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Un grand honnête homme

Comme pour Marcel Aymé, j'ai une tendresse particulière pour Jules Romains.

Et il ne se passe jamais longtemps sans que j'ouvre un livre de l'un ou de l'autre.

Il y a dans l'oeuvre de ces deux grands auteurs un amour amusé du genre humain.

Jamais l'ironie n'y devient cynisme.

Et la lucidité jamais n'y empêche la tendresse.

"Un grand honnête homme" est un roman qui est plus qu'il ne semble être.

Il s'ouvre sur un bel enterrement au cimetière Montparnasse.

Les discours succèdent aux discours pour vanter la bonté du défunt.

Personne n'a jamais en vain frappé à la porte du docteur Bruniaud, ce grand honnête homme.

La foule est émue.

Un homme, pourtant, n'est venu que par vague politesse, parce que le temps était magnifique et qu'il se sentait une âme d'école-buissonnière.

Et un autre, parce qu'il s'était autrefois juré que s'il survivait au défunt, il assisterait à ses obsèques ... et qui semble pour l'heure d'humeur à se taper le derrière sur le coin d'un meuble !

A moi qui ai lu le livre, il m'est impossible de révéler ce que, pressé dans la foule derrière les deux hommes, je les ai entendu se dire.

Ce serait indiscret.

Ce serait spolier ce joli petit roman.

Qu'il me soit permis, néanmoins, d'exprimer ici mon indignation devant l'internement forcé de Mme le Garrée qui, même si elle était un peu coléreuse, n'en restait pas moins une brave vieille dame.

Et de remercier Maître Ambard pour sa finesse et son habileté, alors qu'il n'était que jeune clerc d'avoué.

Ce roman de Jules Romains est un de ces petits plaisirs que l'on arrive parfois à saisir avec de vieilles pages que l'on croyait oubliées.

Ce roman se lit facilement et rapidement.

Mais il s'insinue plus longuement que le temps de sa lecture dans l'esprit de son lecteur.

C'est qu'il est plus que ce qu'il ne semble être.

Assurément, Jules Romains est un de ces acrobates de la Littérature dont la phrase semble être facile, mais dont le propos est toujours un véritable tour de force ...

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Les hommes de bonne volonté, tome 4 : Éros de ..

Ce quatrième volume des Hommes de Bonne Volonté, Éros de Paris, est celui qui m'a, à ce jour, le moins intéressé.

Un peu comme son jumeau, Les Amours Enfantines, il est beaucoup centré sur les deux étudiants Jerphanion et Jallez, dont les préoccupations et les états d'âmes ne m'avaient déjà pas vraiment captivé dans les volumes précédents.

Ici, on suit les pérégrinations des deux jeunes hommes, l'un, Jallez en proie à la méditation sur son passé et sa rupture d'avec Juliette, l'autre, Jerphanion, fraîchement débarqué de son Auvergne natale, submergé par l'attrait sexuel qu'exercent sur lui ces milliers de femmes de la capitale.

Parallèlement, ce volume dévoile les dessous du syndicalisme et de ses réunions plus ou moins secrètes en vue de faire la révolution communiste.

Le personnage de Haverkamp, entrepreneur en transactions immobilières, employeur du jeune Wazemmes, prend corps.

À la fin de ce livre, Jules Romains explique qu'il a conscience que ces quatre premiers volumes ne sont pas les meilleurs mais qu'ils sont essentiels comme trame de fond au restant de l'œuvre.

Vite à la suite...
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Les copains

Ce fut ma première lecture de Jules Romains, voici bien longtemps.

La farce était fort sympathique, qui ridiculisait pas trop méchamment le Politique, l'Armée et le Clergé.

Ce sont Ambert et Issoire, imprudemment ostentatoires sur la carte de France, qui feront les frais de ce canular minutieusement concocté.

Le livre est aimable, donc, et j'en relirai volontiers quelques bon morceaux bien savoureux dans mon souvenir.
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Le problème numéro un

Le livre réserve parfois de belles surprises !

Avant même que d'être bien installé devant ces quelques vieilles pages, l'on augurait déjà, de leur signature prestigieuse, une belle leçon d'Histoire, un passionnant morceau de littérature.

Jules Romains les avait rédigées en pensant aux jeunes générations, mais aussi à celles voisines de la sienne.

Mais voilà, qu'aujourd'hui, ce livre, étonnament, semble s'être joué du temps qui passe, s'invite à notre époque, se mêle de l'expliquer.

Ecrit, entre 1945 et 1947, sur les ruines de la seconde guerre mondiale, ce livre est un essai brillant et atypique.

Peut-être est-il une des meilleures, et des plus accessibles illustrations du qualificatif d'unanimiste qui plane au dessus de l'oeuvre de Jules Romains.

Vingt-cinq ans après la "Der des Der", la guerre avait ressurgi.

Et dès 1945, l'humanité pensait déjà aux suivantes.

Un historien aurait dit du problème numéro un qu'il était la guerre.

Que n'aurait-on pas dit d'ailleurs de ce problème numéro un ?

Chaque plume, accrochée à son actualité, à ses préoccupations, aurait trouvé le sien.

Jules Romains, en philosophe aguerri, a élargi la perspective de sa réflexion à l'aune de l'âme humaine.

Le problème numéro un est "l'écart des trois courbes" que, pour choisir les termes les plus simples, il a appelé : courbe de la nature humaine, courbe des institutions et courbe de la technique.

Ce livre est un essai, une réflexion.

Il démontre, et pose comme une évidence, que le monde d'hier a accouché du monde d'aujourd'hui, que les dangers menacent le prochain comme il l'a fait de l'ancien.

Il est d'une modernité et d'une profondeur étonnantes.

L'humanité des années 30 s'est conduite comme une bête fascinée.

Il se pourrait que dans ce livre Jules Romains ait craint que son futur, notre 21ème siècle naissant ne sache pas non plus se débarrasser de ses vieux démons pour régler ses problèmes.

Il se pourrait qu'il ait fait le tour du problème.

Et il se pourrait que ce problème soit "le problème numéro un" ...

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Mort de quelqu'un

Jules Romains choisit d'abord celui qu'il va suivre dans son retrait définitif de la communauté des vivants: Un cheminot à la retraite, Jacques Godard, veuf et sans enfants.

Et voilà que cette mort réveille les vifs de l'immeuble où vécut le mécanicien retraité. Les vivants, entraînés par le concierge qui découvrit le corps inerte à jamais. Il faut faire quelque chose: On se cotise, entre locataires, pour acheter une belle couronne de fleurs.

Le décédé a encore ses vieux parents, là-bas, dans le sud, dans un village perdu.... Le père fera le voyage pour accompagner la dépouille du fils. Un voyage pénible entre diligence et train de nuit.

Jacques Godard visitera quelques rêves de ses voisins d'immeuble. Les souvenirs commencent à remuer, à revenir, à se muer.

Un cortège suivra le corbillard acheminant le corps de Jacques Godard en un long trajet vers l'église et le cimetière.

Il y a quelque chose de doux et définitif dans ces funérailles qui s'étendent par rues et boulevards... Cette marche des vivants, ralentie un instant par la rencontre avec des échauffourées entre grévistes et policiers.

.... Et puis l'église et le son de l'orgue, ample et majestueux pour l'adieu officiel.

Le vieux père s'en retournera mourir avec la mère, dans son village perdu. L'ordre des choses, en quelque sorte.

Avant la fin du livre, Jacques Godard se rappellera encore au souvenir d'un mécanicien à bord de sa locomotive, puis d'un jeune homme qui faisait partie d'un cortège déjà presque oublié. Jeune homme dont l'imagination et l'introspection vont s'exalter lors d'une propice promenade sur les boulevards extérieurs.

Le souffle de la mort imprègne le livre, bien évidemment. Mais cette mort ne peut que rester opaque et étanche pour les vivants dont elle remue l'être et la pensée. C'est la seule vérité qui se dégage d'un livre puissant et détaillé. Je m'en imprègne, elle me convient et me satisfait au moins provisoirement.

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Donogoo

Pensant que, du fait de sa dispersion dans le temps et l'espace, le sujet se pliait mal aux exigences de la scène, c'est sous la forme d'un scénario cinématographique que Jules Romains envisagea tout d'abord d'écrire "Donogoo".

Mais le tout nouveau théâtre Pigalle, permettant, grâce à une machinerie moderne et inventive, des changements de décors aussi rapides que variés, lui offrit l'instrument dont il avait besoin.

"Donogoo", finalement, est donc un morceau de scène en un prologue, trois parties et un épilogue.

Il a été représenté pour la première fois le 25 octobre 1930 au théâtre Pigalle.

Un aventurier nommé Lamendin, avec la complicité d'un banquier véreux et d'un professeur au Collège de France, le célèbre géographe Yves Letrouhadec, lance sur le marché un paquet d'actions de la Donogoo-Tonka : il s'agit de l'expansion et de la mise en valeur d'une ville chimérique située quelque part en Amérique du Sud ...

"Donogoo" est à la fois une comédie satirique, une aventure et une parabole philosophique.

Le pivot de l'affaire est Yves Letrouhadec, un drôle de professeur qui est un personnage récurent du théâtre de Jules Romains.

On se souvient de "Mr Letrouhadec saisi par la débauche" et de "Le mariage de Mr Letrouhadec".

"Donogoo" est une pièce, à la fois, classique et moderne et finalement indémodable.

Elle contient tout l'humour et l'ironie de la plume de Jules Romains.

C'est le triomphe du bluff !

Le ton est léger, moqueur et rapide.

"Donogoo" est une pièce amusante, vivante et savoureuse.

Mais le temps déjà semble avoir déposé sur elle comme un léger voile d'oubli.

Comme "Knock" brillamment réadapté au cinéma à l'automne 2017, "Donogoo" trouvera-t-elle le chemin vers une nouvelle mise en scène ?

Qui, bravant les marchands du temple, saura redonner un nouveau souffle à ce petit bijou de théâtre ? ...

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Knock ou Le triomphe de la médecine

Voilà un livre qui se trouve depuis toujours dans la bibliothèque familiale et que je n'avais jamais ouvert. Me demandez pas pourquoi je l'ai emprunté à ma mère alors que j'ai une pal impressionnante... Les choix de lecture nous surprennent parfois nous-mêmes.



Je suis bien contente de l'avoir sélectionné en tous cas.

J'y ai trouvé beaucoup d'humour : on rit du ridicule du docteur Parpalaid, de la naïveté des habitants de St Maurice, de l'avarice des uns, de la bêtise des autres.



Mais au final on rit jaune car on se rend bien compte que l'on fait partie de ces pauvres bougres dont on exploite la crédulité. Knock n'a aucun scrupule à utiliser la flatterie ou la peur pour créer un besoin chez ses patients, qui n'existait pas jusqu'alors et qui repose entièrement sur du vent. Capitalisme vous dites ? Oui, effectivement, ça y ressemble beaucoup.

Qui est le plus à blâmer ? Ceux qui profitent de la faiblesse de caractère des autres, ou ceux qui ferment les yeux et suivent le mouvement qu'on leur indique sans réfléchir par eux-mêmes ?
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Morceaux choisis

"Pages choisies", "morceaux choisis", "les plus belles pages de ...", aussi frustrante que puisse être parfois la lecture de ce genre d'ouvrages, elle s'avère pourtant presque toujours être un véritable régal.

Elle a souvent l'avant-goût des grandes découvertes.

A l'automne dernier, l'oeuvre de Jules Romains, ou plutôt, "Knock, la partie visible de l'iceberg, est revenue soudain au centre de tous les intérêts.

Une interprétation cinématographique est venue troubler la morne quiétude dans laquelle somnolait le poulailler des gardiens du temple.

Dans les poulaillers d'acajou,

Les belles basses-cours à bijoux,

On entendait la conversation

De la volaille qui fait l'opinion.

Elle disait que l'interprétation du personnage n'était pas conforme au calibrage dans lequel l'avaient jaugé quelques petits esprits étriqués.

Elle disait que l'acteur manquait de carrure pour succéder à Jouvet.

C'était oublier que l'on parlait de Patafoin.

L'immense Patafoin !

C'était oublier, un peu vite, que le Théâtre est vivant.

C'était oublier l'universalité du verbe de Jules Romains.

C'était avoir oublié de le relire ...

J'aurai pu dire bien des choses sur ce petit volume de la Nrf.

J'aurai pu dire que Jules Romains y parlait comme personne de la mort, de l'amitié, du vin blanc de la villette, de la vie unanime et de l'âme humaine.

J'aurai pu dire que poésie, prose et théâtre lui collent à la plume.

J'aurai pu dire de la lecture de ces petits morceaux choisis qu'elle se déguste accompagnée d'un petit blanc de Saint-Avertin.

J'aurai pu dire qu'elle paraît essentielle avant de faire plus ample connaissance avec le poète, le romancier, le dramaturge et le philosophe.

Mais vous le saviez déjà ...

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Knock ou Le triomphe de la médecine

Là je vais me lâcher un peu...Cette pièce...Un régal, un bijou dans le genre. Je n'ai pu m'empêcher de retranscrire cette pièce à notre actualité. Tout le monde est potentiellement malade, et tout le monde se fait traiter surveiller pour une maladie imaginaire. Le pouvoir de persuasion du médecin, de la science œuvre. Elle affirme par la voie de l'autorité, et aidé par les notables du canton, que tous les citoyens sont des malades qui s'ignorent et qu'ils doivent surveiller leur état de santé, se soigner au besoin pour un mal dont il ignore tout...et ça marche, courbe à l'appui, le nombre de consultations augmentent c'est bien qu'il y a un problème non! et celui des prescriptions aussi, c'est ti pas une preuve irréfutable ça! eh oui, la manipulation par le mensonge est un fait et ne sévit pas QUE dans cette pièce! A lire et relire, avant qu'elle ne soit classée dans les pièces complotistes, ou comme potentiellement dangereuse car subversive, car capable d'inciter la population à se pencher sur tous les chiffres et a remettre en cause le dogme officiel...
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Knock ou Le triomphe de la médecine

Knock ou le triomphe de la médecine est un classique incontournable de la littérature française. Avec cette satyre pleine d'humour, Jules Romains dresse le portrait de la société des années 1920 et nous régale des subtilités de notre langue (qui ne se souvient pas de la fameuse tirade où le fameux docteur demande à son patient si cela le "chatouille ou le gratouille" ?).

Un roman populaire qui doit son succès au personnage central dont on ne sait finalement pas s'il était un simple philanthrope ou un escroc confirmé.
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