Le livre réserve parfois de belles surprises !
Avant même que d'être bien installé devant ces quelques vieilles pages, l'on augurait déjà, de leur signature prestigieuse, une belle leçon d'Histoire, un passionnant morceau de littérature.
Jules Romains les avait rédigées en pensant aux jeunes générations, mais aussi à celles voisines de la sienne.
Mais voilà, qu'aujourd'hui, ce livre, étonnament, semble s'être joué du temps qui passe, s'invite à notre époque, se mêle de l'expliquer.
Ecrit, entre 1945 et 1947, sur les ruines de la seconde guerre mondiale, ce livre est un essai brillant et atypique.
Peut-être est-il une des meilleures, et des plus accessibles illustrations du qualificatif d'unanimiste qui plane au dessus de l'oeuvre de Jules Romains.
Vingt-cinq ans après la "Der des Der", la guerre avait ressurgi.
Et dès 1945, l'humanité pensait déjà aux suivantes.
Un historien aurait dit du problème numéro un qu'il était la guerre.
Que n'aurait-on pas dit d'ailleurs de ce problème numéro un ?
Chaque plume, accrochée à son actualité, à ses préoccupations, aurait trouvé le sien.
Jules Romains, en philosophe aguerri, a élargi la perspective de sa réflexion à l'aune de l'âme humaine.
Le problème numéro un est "l'écart des trois courbes" que, pour choisir les termes les plus simples, il a appelé : courbe de la nature humaine, courbe des institutions et courbe de la technique.
Ce livre est un essai, une réflexion.
Il démontre, et pose comme une évidence, que le monde d'hier a accouché du monde d'aujourd'hui, que les dangers menacent le prochain comme il l'a fait de l'ancien.
Il est d'une modernité et d'une profondeur étonnantes.
L'humanité des années 30 s'est conduite comme une bête fascinée.
Il se pourrait que dans ce livre Jules Romains ait craint que son futur, notre 21ème siècle naissant ne sache pas non plus se débarrasser de ses vieux démons pour régler ses problèmes.
Il se pourrait qu'il ait fait le tour du problème.
Et il se pourrait que ce problème soit "le problème numéro un" ...
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La maladie des monnaies s'étendait d'un pays à l'autre, et s'aggravait des remèdes illusoires - et consciemment illusoires - que leur opposaient les gouvernements.
Seuls les spéculateurs s'accomodaient de la situation, parce que leur jeu est indifférent à la réalité des choses et tire parti des eaux troubles ...
Si un homme d'une époque passée, cultivé et intelligent, revenait parmi nous, quel effet lui produirait le monde actuel ?
Quels seraient la nature et le degré de ses étonnements ?
L'admiration des nouveautés l'emporterait-elle sur le regret des choses disparues ?...
Si sceptique que l'on se flatte d'être à l'égard des progrès de la société, l'on est bien obligé de reconnaître - sauf si l'on est de mauvaise foi - qu'au total, et avec toutes sortes de régressions locales ou temporaires, il s'est produit au cours des millénaires une amélioration des systèmes politiques, des lois, des moeurs, même des relations entre peuples, en même temps qu'un enrichissement et approfondissement de la culture ...
Que sert de voir clair, de détailler du regard l'obstacle mortel, avec une sorte d'avidité hallucinée, puisque le seul résultat semble être qu'au lieu de faire des crochets à droite et à gauche, nous nous dirigions vers l'obstacle, sans le quitter des yeux, en suivant une ligne infaillible ? ...
Mais dans l'Histoire les remèdes de Gribouille ont souvent du succès ...
Dans l'Allemagne exsangue et tumultueuse des années 1920, le Bauhaus est plus qu'une école d'art. C'est une promesse. Une communauté dont le but est de mettre en forme l'idée de l'Homme nouveau.
En 1926, l'école s'installe à Dessau. Dans le grand bâtiment de verre et d'acier, Clara, Holger et Théo se rencontrent, créant une sorte de Jules et Jim.
À Berlin, toute proche, le temps s'assombrit. Les convictions artistiques ou politiques ne sont pas les seuls facteurs qui décident du cours d'une vie. Ce sont aussi, entre rêves d'Amérique et désirs de Russie, d'autres raisons et déraisons.
Lorsque l'école sera prise dans les vents contraires de l'Histoire, les étudiants feront leurs propres choix.
À qui, à quoi rester fidèle, lorsqu'il faut continuer ?
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