Citations de Jules Verne (2110)
Ami, dit-il, si tu n'es pas heureux ici-bas, c'est que jusqu'ici ton bonheur n'a été que négatif. C'est qu'il en est du bonheur comme de la santé. Pour en bien jouir, il faut en avoir été privé quelquefois. Or, tu n'as jamais été malade... je veux dire : tu n'as jamais été malheureux ! C'est là ce qui manque à ta vie. Qui peut apprécier le bonheur, si le malheur ne l'a jamais touché, ne fût-ce qu'un instant!
On dit qu’entre un geôlier qui veille et un prisonnier qui veut fuir, les chances sont pour le prisonnier. En effet, l’intérêt de l’un est plus grand que l’intérêt de l’autre. Celui-ci peut oublier qu’il garde, celui-là ne peut pas oublier qu’il est gardé. Le captif pense plus souvent à fuir que son gardien à empêcher sa fuite. De là, des évasions fréquentes et merveilleuses.
Je n'aime pas les chasseurs, ainsi que je l'ai dit au début (...). Cette expédition aura été à la fois la première et la dernière de l'auteur, mais il en a conservé un souvenir qui ressemble à de la rancune. Aussi, toutes les fois qu'il rencontre un chasseur, suivant son chien, le fusil sous le bras, jamais il ne manque de lui souhaiter bonne chasse : on dit que "ça porte malchance" !
L’électricité, dont, par des moyens qui seront connus un jour, il avait su utiliser l’incommensurable force mécanique, et qu’il puisait à d’intarissables sources, fut employée à toutes les nécessités de son appareil flottant, comme force motrice, force éclairante, force calorifique.
Au moment où Mr. Fogg allait s'embarquer, il avisa un employé et le rejoignant :
"Mon ami, lui dit-il, n'y a-t-il pas eu quelques troubles aujourd'hui à San Francisco ?
- C'était un meeting, monsieur, répondit l'employé.
- Cependant, j'ai cru remarquer une certaine animation dans les rues.
- Il s'agissait simplement d'un meeting organisé pour une élection.
- L'élection d'un général en chef, sans doute ? demanda Mr. Fogg.
- Non, monsieur, d'un juge de paix."
Sur cette réponse, Phileas Fogg monta dans le wagon, et le train partit à toute vapeur.
- Oui ! Je l'aime ! La mer est tout ! Elle couvre les sept dixièmes du globe terrestre. Son souffle est pur et sain. C'est l'immense désert où l'homme n'est jamais seul, car il sent frémir la vie à ses côtés. La mer n'est que le véhicule d'une surnaturelle et prodigieuse existence ; elle n'est que mouvement et amour ; c'est l'infini vivant [...]. La mer est le vaste réservoir de la nature. C'est par la mer que le globe a pour ainsi dire commencé, et qui sait s'il ne finira pas par elle ! Là est la suprême tranquillité. La mer n'appartient pas aux despotes. À sa surface, ils peuvent encore exercer des droits iniques, s'y battre, s'y dévorer, y transporter toutes les horreurs terrestres. Mais à trente pieds au-dessous de son niveau, leur pouvoir cesse, leur influence s'éteint, leur puissance disparaît ! Ah ! Monsieur, vivez, vivez au sein des mers ! Là seulement est l'indépendance ! Là je ne reconnais pas de maîtres ! Là je suis libre !
Parmi ces cinq mille nébuleuses, il en est une que les hommes ont nommée la Voie lactée, et qui renferme dix-huit millions d’étoiles, dont chacune est devenue le centre d’un monde solaire.
Un européen n'aurait pas eu assez d'interjections laudatives pour célébrer cette boisson, que les six convives humaient à petites gorgées, sans s'extasier autrement, -en connaisseurs qui en avaient l'habitude.
Je m'aperçois qu'il n'est pas inutile de voyager, si l'on veut voir du nouveau.
Il remarqua aussi, dans la chambre, une notice affichée au-dessus de la pendule. C'était le programme du service quotidien. Il comprenait - depuis huit heures du matin, heure réglementaire à laquelle se levait Phileas Fogg, jusqu'à onze heures et demie, heure à laquelle il quittait sa maison pour aller déjeuner au Reform Club - tous les détails du service, le thé et les rôties de huit heures vingt-trois, l'eau pour la barbe de neuf heures trente-sept, la coiffure de dix heures moins vingt, etc. Puis de onze heures et demie du matin à minuit - heure à laquelle se couchait le méthodique gentleman - tout était noté, prévu, régularisé.
(page 19)
« Citoyens des États-Unis, dit-il, mon expérience est faite ; mais mon avis est dès à présent qu’il ne faut rien prématurer, pas même le progrès. La science ne doit pas devancer les mœurs. Ce sont des évolutions, non des révolutions qu’il convient de faire. En un mot, il faut n’arriver qu’à son heure. J’arriverais trop tôt aujourd’hui pour avoir raison des intérêts contradictoires et divisés. Les nations ne sont pas encore mûres pour l’union.
« Je pars donc, et j’emporte mon secret avec moi. Mais il ne sera pas perdu pour l’humanité. Il lui appartiendra le jour où elle sera assez instruite pour en tirer profit et assez sage pour n’en jamais abuser. Salut, citoyens des États-Unis, salut ! »
Et maintenant, toujours cette question : « Qu’est-ce que ce Robur ? Le saura-t-on jamais ? »
On le sait aujourd’hui. Robur, c’est la science future, celle de demain peut-être. C’est la réserve certaine de l’avenir.
Sa devise aurait pu être celle de Guillaume d’Orange au XVIIe siècle : « Je n’ai pas besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. »
Certainement, on se fait à tout en ce monde. Il est dans la nature humaine de se blaser sur les douleurs qui s'éloignent. On oublie, parce qu'il est nécessaire d'oublier.
Un prisonnier est plus possédé de l'idée de s'enfuir que son gardien n'est possédé de l'idée de le garder. Donc, un prisonnier doit toujours réussir à se sauver.
Des quatre ports que le Mexique possède sur l’océan Pacifique, San-Blas, Zacatula, Tehuantepec et Acapulco, ce dernier est celui qui offre le plus de ressources aux navires. La ville est mal construite et malsaine, il est vrai, mais la rade est sûre et pourrait aisément contenir cent vaisseaux. De hautes falaises abritent les bâtiments de toutes parts, et forment un bassin si paisible, qu’un étranger, arrivant par terre, croirait voir un lac enfermé dans un circuit de montagnes. Acapulco, à cette époque, était protégé par trois bastions qui le flanquaient sur la droite,
tandis que le goulet était défendu par une batterie de sept pièces de canon, pouvant, au besoin, sous un angle droit, croiser ses feux avec ceux du fort Santo-Diego. Celui-ci, pourvu de trente pièces d’artillerie, commandait la rade entière, et eût coulé immanquablement tout navire qui aurait tenté de forcer l’entrée du port
Ce jour-là, 23 décembre 1793, la grande armée catholique et royale avait fini d’exister.
Ni la proscription des nobles, ni la mort de Louis XVI n’avaient pu émouvoir les paysans de l’Ouest ; mais la dispersion de leurs prêtres, la violation de leurs églises, l’intronisation des curés assermentés dans les paroisses, et enfin cette dernière mesure de la conscription, les poussèrent à bout.
– Puisqu’il faut mourir, mourons chez nous ! s’écrièrent-ils.
On se croirait devant un aquarium.
- Non, répondis-je, car l'aquarium n'est qu'une cage, et ces poissons-là sont libres comme l'oiseau dans l'air.
On va aller à la Lune, on ira aux planètes, on ira aux étoiles, comme on va aujourd'hui de Liverpool à New York, facilement, rapidement, sûrement, et l'océan atmosphérique sera bientôt traversé comme les océans de la Lune!
Il faut l’avouer, le docteur Pitferge n’était pas rassurant. Les passagères ne l’auraient pas entendu sans frémir. Plaisantait-il ou parlait-il sérieusement ? Était-il vrai qu’il suivît le Great Eastern dans toutes ses traversées pour assister à quelque catastrophe ? Tout est possible de la part d’un excentrique, surtout s’il est anglais.