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Critiques de Katharina Hagena (340)
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L'envol du héron

Ellen vit à Hambourg avec Orla, sa fille âgée de 17 ans. Elle est somnologue (=spécialiste du sommeil) mais depuis peu elle aussi ne dort pas. Combien de temps va-t-elle pouvoir tenir ?

Ce jour-là, il lui a semblé voir Andréas, son ami d'enfance. C'est suffisant pour que la nuit venue, au lieu de dormir, elle se rappelle son enfance à Grund, petite bourgade près de Karlruhe, sur les bords du Rhin où elle a passé toute son enfance, entre promenades dans les bois, parties de pêche et baignades dans le lac.

Ellen se rappelle les premières années de solitude qu'elle a passé là, avec sa fille Orla après avoir quitté son compagnon et l'Irlande.

Pendant sa nuit d'insomnie elle se souvient aussi de la lente agonie de sa mère... Elle se rappelle les jours heureux, les petits travers de ses parents, le manque de dialogue avec sa mère, les secrets qu'elles pressentaient enfant...et qui n'ont jamais été dévoilés.

Le lecteur découvre tous ses souvenirs, petit à petit, par petites touches...



À Grund, pour s'occuper, son père avait organisé une chorale. C'est là qu'Ellen a fait la connaissance de Benno...et de Marthe. Andreas aussi venait à la chorale ainsi qu'Orla pour faire plaisir à son grand-père. A cette époque cela faisait longtemps qu'Andreas pourtant avait cessé de parler. Il collectionnait les lettres et les bouts de papier, connaissait tout (ou presque) de la vie des gens mais ne leur parlait pas et, le lecteur comprend qu'il veillait sur la vie d'Ellen et d'Orla.



Benno était son patient à l'école du sommeil qu'elle avait créée : il était somnambule. Il a été surpris de la voir là, à la chorale, et puis plus tard, il est devenu son amant. Pourtant ils n'ont jamais passé une nuit ensemble dans un lit. Il faisait des recherches historiques pour sa thèse, sur la mystérieuse disparition d'un soldat allemand dans la forêt et s'est éloigné de plus en plus d'Ellen et de la vie réelle.



Elle vient de le quitter et Marthe a disparu. Ellen a l'habitude des disparitions subites, déjà, il y a 17 ans, Lutz, son amoureux, a disparu alors qu'elle était enceinte d'Orla : c'est pour ça qu'elle a tout quitté pour l'Irlande. Elle ne s'est jamais vraiment remise de son départ inexpliqué. Certes, il n'était pas content qu'elle soit enceinte mais quand même...



Peu à peu le lecteur entre dans l'histoire des trois principaux personnages : Ellen, la narratrice, Andréas, son ami d'enfance, et Marthe. Tous trois sont liés, sans le savoir, par un tragique secret.



Dans ce roman original par sa construction, les disparitions mystérieuses, les souvenirs heureux s'emmêlent comme les fils d'une toile araignée, comme les pensées quand on ne dort pas et les souvenirs qui remontent à la surface et dont on ne peut maîtriser l'ordre d'arrivée...



Le récit d'Ellen alterne avec les pages d'un journal intime, celui de Marthe qui écrit le journal de la chorale. Ce journal va devenir peu à peu le sien.

Le lecteur va apprendre le secret que cache cette étrange vieille femme au cœur brisé par la mystérieuse disparition de son fils et qui n'a jamais renoncé à le chercher...

Ce fils, c'est Lutz, le père d'Orla...



Tous les personnages ont donc du mal à faire leur deuil d'un être cher disparu...Ils vivent avec la peur d'être à nouveau abandonnés ce qui donne un ton très sombre au roman.



C'est un très beau roman merveilleusement bien écrit, mais si triste et si peu optimiste qu'il reste difficile à lire. Il aborde, il est vrai, des thèmes difficiles comme l'abandon (dans le sommeil aussi il faut s'abandonner), le deuil, la disparition, les relations mère-fille.



D'autre part la présence constante de la nature, de l'eau du lac ou du fleuve, de la forêt et des animaux, donne une ambiance douce et poétique et apporte une certaine quiétude à l'ensemble. Les hérons gris (symboles de résurrection et de bonnes nouvelles pour les Égyptiens) sont présentés ici comme des oiseaux messagers de mort.

L'atmosphère n'est donc pas oppressante.



À la fin le lecteur, prit dans une toile d'araignée et bercé par la poésie des mots, réussit à aller jusqu'au bout de la nuit d'insomnie d'Ellen et apprend, enfin, la vérité...


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Le goût des pépins de pomme

Iris, jeune allemande bibliothécaire à Fribourg, hérite de la maison de sa grand-mère, qui vivait dans un home depuis plusieurs années, ayant perdu la raison. Iris retrouve cette maison qui lui rappelle tant de souvenirs, qu’elle nous livre dans ce roman très personnel.

Au début, c’est plutôt ennuyeux malgré un style direct, efficace et pourtant empreint de poésie. Peu à peu, Iris dévoile davantage les personnages- surtout les femmes de trois générations de sa famille- , raconte leur histoire intime, et le lecteur se prend au jeu, même si les liens entre eux sont parfois embrouillés et peu crédibles.

Ce roman traite du souvenir et de l’oubli : « Quiconque oublie le temps cesse de vieillir. L’oubli triomphe du temps, ennemi de la mémoire. Car le temps, en définitive, ne guérit toutes les blessures qu’en s’alliant à l’oubli »

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Le goût des pépins de pomme

J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire avant la moitié du livre.

Beaucoup de personnages féminins et de nombreux allers-retours dans l'enfance d'Iris la protagoniste associés à des descriptions parfois trop longues m'ont donné du mal. Mais je ne voulais pas stopper ma lecture quelques chose de plus fort me retenait.

Au final, c'est un récit profond, touchant avec une belle atmosphère.
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L'envol du héron

Après avoir lu les deux premières pages j’ai su que j’allais aimer ce roman ! Il s’est produit tout de suite cette alchimie étrange à définir, cette osmose où l’écriture, l’ambiance vont être synonymes de plaisir de lire (sourire aux lèvres, déconnectée du monde, reliée seulement à l’histoire).



Ellen est somnologue, le sommeil l’a quittée et durant une nuit, elle rejoint le monde des insomniaques. Tandis que l’obscurité étend ses bras sur Hambourg, elle guette le retour d’Orla sa fille adolescente et revient sur son parcours. Il y a trois ans elle a quitté l’Irlande et Declan qui s’était toujours comporté comme un père envers Orla pour revenir à Grund près du vieux Rhin en Allemagne. Là où elle a grandi et là où s’était retrouvée seule à vingt ans quand son amant avait disparu après avoir appris sa grossesse. Sa mère Heidrun atteinte d’Alzheimer a sombré dans le sommeil artificiel du coma et son père Joachim a monté une chorale. Chanter pour faire revenir son épouse à la vie, pour la sortir des limbes. Andreas y participe, son ami d’enfance qui depuis s’est enfermé dans un mutisme et ne communique que par écrit. Il y aussi Marthe une veuve arrivée à Grund il y a quelques années et un ancien patient d’Ellen Benno qui effectue une thèse d’histoire.



Depuis la disparition de son fils Lutz il y a dix-sept ans, Marthe est une femme brisée qui n’accepte pas qu’après sa liaison de jeunesse avec Lutz, Ellen soit de retour heureuse. Inconnue pour tous car elle a repris son nom de jeune fille. A la chorale, Joachim lui a demandé de tenir le cahier des répétitions. Mais en plus de ces brefs rapports, elle ajoute ses pensées. Cette ancienne professeure aimant la sémantique laisse cours à réflexions imprégnés par la mythologie et l’observation des oiseaux. Au récit d’Ellen s’ajoute les écrits de Marthe. Ellen et Orla sont liées à Marthe sans le savoir. Andréas traque, ramasse tous les papiers où sont jetés, griffonnés des mots. Son silence est survenu après de le départ d’Ellen et rien ne semble l’en éloigner.



Katharina Hagena déroule un canevas brodé de poésie autour d’Ellen, Andréas et Marthe. L’écriture est splendide, somptueuse, et il faut souligner l’excellent travail de traduction (quand on lit les notes de Marthe, on comprend pourquoi j’insiste sur ce point).

L’histoire s’articule autour de la mort, de la vie, de la disparition, de l’oubli avec de nombreuses références culturelles sur le sommeil. L’intrigue de dessine au fil des pages tandis que la psychologie des personnalités est creusée.

D’Ellen symbole de la jeune femme indépendante en quête de stabilité amoureuse à Andréas qui se tait pour garder un secret à Benno obnubilé par ses recherches, j’ai tout aimé dans ce livre !

La mélancolie douce qui s’en dégage, le rythme mélodieux, la nature personnage à part entière, les questionnements sur la mort qui dans ce roman revêt l’habit d’une étape dans la vie…

Suspendue au fil de l'histoire et émerveillée, j'ai souri grâce aux traits d'humour !

Un coup de cœur entier et vibrant pour une lecture extatique !


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Le goût des pépins de pomme

C'est une lecture très sensorielle : les cinq sens sont en éveil, tour à tour, dans les descriptions des sensations de l'héroïne qui redécouvre ce qui a été le lieu de ses vacances d'enfant.

L'histoire de famille "ne casse pas des briques", il y a un suspens assez maladroit autour de la cousine partie trop vite, pour autant, j'ai aimé tout ce qui était relatif à la période de l'Allemagne nazie.

Je reste finalement assez perplexe sur le succès remporté par ce livre auprès des lecteurs, ce qui m'a amenée à le lire.

Mais j'ai néanmoins passé un agréable moment de lecture, peut-être parce que ma grand-mère de 94 ans est rentrée en maison de retraite il y a deux mois après une chute à son domicile cet été : le livre parlera à tous ceux qui vivent le vieillissement d'un être cher ...
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Le goût des pépins de pomme

Si les thèmes du souvenir et de l'oubli sont, en littérature, très présents, le roman de Katharina Hagena utilise ces procédés littéraires de manière lente et attendue. Une écriture classique et trop peu rythmée qui, bien que sensible, met en scène des personnages trop peu attachants et souvent trop linéaires... Un roman peu original sur un thème mille fois traité : celui de la famille, du souvenir, de la transmission et du retour à l'enfance... Un roman au style trop long et lent. Dommage...
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Le goût des pépins de pomme

Un livre joliment nostalgique.

J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire, et puis, à un moment, une sorte de magie opère et on se laisse emmener dans ce récit, cette chronique de vie...la passé, le présent, des vies de femmes.

En fait, on est , lectrice ou lecteur peut être, un peu comme l'héroine, on avance pour finalement que des évidences s'imposent.
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Le goût des pépins de pomme

Je ne sais plus dans quelle critique j'avais lu qu'il fallait s'accrocher pour lire la première partie du livre, mais que ça s'arrangeait dans la deuxième, ce qui n'est pas faux mais pas mirobolant non plus. J'ai également lu des critiques très enthousiastes, mais il doit me manquer quelque chose parce que ce roman m'est tombé des mains. Pourtant, il y a des passages poétiques, fleuris, mais pas suffisamment pour retenir mon attention ou me donner envie de découvrir plus avant cette auteure.
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Le goût des pépins de pomme

Iris se rend à l'inhumation de sa grand-mère, puis chez le notaire avec sa mère et ses deux tantes. À sa grande surprise elle hérite de la maison familiale.

En quelques jours, iris redécouvre les lieux et réveille ses souvenirs.



C'est la couverture de ce livre qui m'a attiré ( je ne lis que les deux ou trois premières lignes des 4e de couverture).

Entre la première et la dernière page de ce roman, il ne se passe pas grand-chose. J'aurais pu m'ennuyer. Heureusement il met tout nos sens en éveil et c'est ce qui fait que, pour moi il s'agit tout de même d'une bonne lecture, mais attention, je pense être très bon public.



Bonne lecture.
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Le goût des pépins de pomme

C’est un livre nostalgique. Cette note est donc faite de souvenirs. C’est tout dans l’air de ce livre.



Il commence par un enterrement.



2 générations de femmes se retrouvent face à la mort de la matriarche. L’unique petite fille hérite la maison de sa grand-mère. Elle s’y rend pour ranger cette maison avant de la vendre. Pendant ce séjour, elle va revivre et nous faire découvrir l’histoire de sa famille. Une famille allemande qui a subit les affres de la guerre. Avec un grand père peut être moins bien que ce que l’on pouvait penser et une grand-mère qui avait également ses ombres.



Il y est également beaucoup questions de réminiscence, de mémoire et de sa perte. En effet la grand-mère souffrait de la maladie d’Alzheimer. Mais il y a aussi un drame qui lit toutes ses femmes et qui va petit à petit émerger du récit.



C’est un roman sur le temps qui passe, sur la perception qui évolue dans le temps, sur les souvenirs et leurs perceptions. C’est doux amer. C’est une saga familiale racontée d’une voix.



Ma seule critique serait que la fin n’était pas nécessaire mais je n’en dirai pas plus pour ne pas dévoiler le mystère.



C’est un 1er livre d’une Allemande : Katharina Hagena. Son écriture est agréable, à la fois imagée et gouteuse si je peux me permettre dans le sens où elle nous transmet de nombreuses sensations (gout, odeur, couleurs) avec des descriptions heureuses et sensuelles. Voici la première phrase pour vous donner un aperçu



"J'aimais lire et manger en même temps (...). C'était merveilleux les histoires d'amour avec une portion de gouda, les récits d'aventures avec du chocolat aux noisettes, les drames familiaux avec du muesli, les contes de fées avec des caramels mous, les romans de chevalerie avec des cookies..."
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Le goût des pépins de pomme

Que raconte cette histoire?



Iris, une jeune bibliothécaire de l’université de Fribourg, vient de perdre sa grand-mère maternelle. Cette dernière souffrait de la maladie d’Alzheimer. Elle se rend alors aux funérailles dans le nord de l’Allemagne, à Bootshaven. Après la lecture du testament, elle réalise qu’elle hérite de la maison de son aïeule. Petit problème, elle n’en veut pas. Elle ne désire pas habiter dans le petit village où elle a tant de souvenirs. Avant de prendre la décision de vendre, elle passe quelques jours seule entre les murs. Ces derniers possèdent des souvenirs, des histoires de femmes. Ainsi, elle pense à sa grand-mère et à son vécu, à sa mère, à ses tantes et leurs histoires d’amour, à sa cousine Rosemarie décédée trop jeune, à la meilleure amie de Rosemarie, Mira. Mais encore, elle renoue avec Max, le frère de Mira. Décidera-t-elle de rester ou de retourner à son ancienne vie?



Ce que j’en pense?



Tout d’abord, je ne connaissais pas l’autrice. Je n’avais jamais entendu parler de Katharina Hagena. En lisant la quatrième de couverture, j’ai appris qu’elle est une spécialiste de Joyce et qu’elle est professeure de littérature à l’université. Alors, cette dernière n’est pas une inconnue du domaine littéraire. Par rapport au Goût des pépins de pomme, je suis mi-figue, mi raisin. Autant ce livre se lit facilement, autant c’est cette facilité qui m’a un peu irritée (je n’ai peut-être par saisi toutes les complexités). C’est un roman que l’on peut apporter à la plage ou encore lire au coin du feu en hiver. Alors, je conseille surtout de l’emprunter.



Ce que j’ai aimé dans ce dernier ce sont surtout toutes les réflexions sur l’oubli, la mémoire, les souvenirs en raison de la maladie de la grand-mère d’Iris. En voici un exemple :



Les souvenirs sont des îles qui flottent dans l’océan de l’oubli. Il y a dans cet océan des courants, des remous, des profondeurs insondables. Il en émerge parfois des bancs de sable qui s’agrègent autour des îles, parfois quelque chose disparaît. Le cerveau a ses marées. (p.102)

Ainsi, Iris, en errant d’une pièce à l’autre de la maison s’approprie d’une part les lieux à travers ses sens (ça sent à l’intérieur «les pommes et les vieilles pierres)», et d’autre part, elle s’approprie ses souvenirs qu’elle relate parfois avec une touche d’humour. À cet égard, elle revisite les secrets des femmes de sa famille.



Un livre à savourer avec une pomme aux couleurs de l’automne.



Et vous, connaissiez-vous Katharina Hagena? Avez-vous déjà lu un de ses livres?



Bien à vous,



Madame lit



https://madamelit.ca/2020/11/27/madame-lit-le-gout-des-pepins-de-pomme/
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Le goût des pépins de pomme

À la mort de sa grand-mère, Iris hérite de la maison familiale ; l'occasion pour elle d'un voyage dans le passé, chaque pièce éveillant des souvenirs heureux ou plus dramatiques.

Iris affronte enfin les événements survenus 9 ans auparavant, lorsqu'elle était adolescente, et leur fait face en tant qu'adulte cette fois. Elle va également découvrir quelques secrets de famille, comme toute famille en a.

Ce fût une écoute très émouvante et la voix de Cachou Kirsch sert très bien le texte. Mais comme j'ai mis très longtemps à l'écouter, l'émotion se perdait un peu entre deux écoutes et parfois je ne me souvenais plus des personnages. Cela-dit, l'histoire des trois sœurs a forcément éveillé un écho en moi.

Le personnage de Bertha m'a beaucoup touchée car je suis très sensible aux maladies neurodégénératives et les défaillances de la mémoire m'effrayent particulièrement.
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Le goût des pépins de pomme

C‘est un roman du passé, de la réminiscence, centré essentiellement sur la nostalgie qui envahit notre narratrice Iris, bibliothécaire à Fribourg , suite au décès de Bertha Lünschen. Une nostalgie dont est totalement imprégnée la maison familiale, désormais vidée de tout habitant depuis que la grand-mère, incapable de vivre seule, est partie en maison de retraite. Un espace dans lequel les souvenirs se bousculent, souvenirs de ceux qui ne sont plus, mais qui hantent encore tant les lieux que la mémoire d’Iris, souvenirs de ceux qui sont partis faire leur vie ailleurs. En l’espace de ces quelques jours qu’elle s’accorde dans cette maison, Iris reconstruit l’histoire de ses aïeux, revenant sur les blessures, les drames, tout comme les moments de bonheur qui ont ponctué la lignée famille Lünschen-Deepwater, le nom de jeune fille de Bertha.



En remontant le fil de la mémoire familiale, Iris s’efforce de combler les trous qui jalonnent la connaissance qu’elle a des individus qui constituaient cette branche-là de la famille, et par là de découvrir sous un autre angle cette grand-mère dont elle se rend compte qu’elle ignorait finalement beaucoup de choses. Cette grand-mère qui a choisi son unique petite-fille désormais, et non pas l’une de ses filles, comme nouvelle occupante de la demeure. Petite-fille qui, à la différence de sa mère et ses tantes, n’a pas encore construit sa vie et semble être la mieux placée, aux yeux de sa parente, pour donner une nouvelle vie à ce petit coin de campagne. Cet héritage symbolique, la transmission de la maison rend Iris dépositaire de la mémoire, l’histoire de sa famille, désormais unique espoir de continuité de la lignée depuis la disparition tragique de l’autre petite-fille de la famille, Rosemarie.



C‘est une écriture délicate, un roman à la sensibilité discrète qui s’est bâti autour de cette maison qui recèle les trésors intangibles qu’Iris aura à cœur de découvrir dans les semaines qui suivent la mort de Bertha et qui vont donner un nouveau sens à sa vie: la redécouverte de ce petit coin de paradis végétal à l’abri du temps, dans lequel elle se réfugie, cherchant du réconfort dans cette douce torpeur, où la vie est ralentie par ces sensations, ces odeurs fleuries et fruitées, ces bruit furtifs, ces images dont les murs et le jardins détiennent le secret, bienveillamment protégés par la vigne vierge qui les recouvre, entourés des pommiers du jardin, précieux gardiens de ces doux souvenirs.



Mais le silence monacal de la solitude d’Iris disparaît sous le poids des réminiscences qui vont et viennent sous nos yeux, dans la tête d’iris au gré de son errance à travers cette maison labyrinthique: le recul pris, grâce au temps qui a passé et à sa transformation en adulte critique et indépendante, lui permet ainsi de mieux les analyser et de les assimiler à travers l’acceptation de la mort de sa grand-mère. Lieu qui ne laisse désormais de place qu’aux souvenirs, cette maison habitée par Iris qui, à sa façon en empruntant les vieux vêtements de ses tantes et de sa mère, la bicyclette d’Hinnerk, lutte contre l’oubli qui la menace.



Cette maison, lieu intemporel, espace à part où tout signe de vie humaine a disparu, remplacé par les objets, rescapés d’une existence révolue, d’un espace de paix qui absorbe la jeune femme, musée de la famille qu’Iris visite et revisite, comme si elle en avait besoin pour pouvoir avancer dans sa vie. Iris, dans cet isolement volontaire, met sa vie, le présent, en sourdine le temps d’explorer la vie des défunts, d’écouter, d’entendre chaque recoin de maison, qui lui révèle les vies, silencieusement, de Bertha et d’Anna, sa soeur décédée il y a quelques décennies de cela, d’Inga, d’Harriet, de Rosemarie mais aussi celle d’Hinnerk le grand-père. Histoire de transmission qui est sans conteste détenue par la branche matriarcale de la famille, de femmes, de sœur à sœur, de mère à fille, de grand-mère à petite-fille, de tante à nièce, ces pages ne laissent que peu de places aux hommes, qui semblent exclus de ce processus. Bien qu’ayant abrité toute la famille pendant un temps, il semblerait que la maison soit un lieu de femmes, ou les hommes ont du mal à y trouver leur place. Depuis que les deux sœurs, Bertha et Anna, amoureuses du même homme, qui a choisi d’épouser Bertha par dépit. Depuis ce mariage malencontreux, la maison ne semble pas destinée à abriter des couples heureux, de fait Christa la mère d’Iris sera la seule à partir pour se marier. La mort de Bertha apparaît alors comme la fin d’un cycle, l’héritage à Iris symbolise de fait le début d’un nouveau cycle.



Face à l’héritage qui la prend totalement au dépourvu, qu’elle ne comprend pas vraiment au prime abord, puisque Bertha avait après tout trois filles à qui léguer la demeure familiale, Iris est confrontée à un dilemme, celui du choix à faire entre sa maison de cœur qui l’a vu grandir, qui se trouve en Bade-Wurtemberg, et la maison de ses racines à Bootshaven. Lègue finalement totalement opportun qui lui permet de faire une pause salvatrice afin de mieux se centrer sur la réalité et l’identité de sa famille maternelle, qui constitue une partie de ce qu’elle est, et de comprendre ce qu’elle est vraiment.



Soyons clairs, ce n’est pas un roman qui se dévore avidement, un page-turner qui se lit d’une traite, sans reprendre son souffle. C’est un récit qui se savoure lentement phrase après phrase, sensation après sensation, calmement, en profitant de chaque tableau, végétal, humain, qui nous touche et imprègne le rythme de sa lenteur mélancolique. Si vous n’êtes pas réceptif aux narrations au rythme lent et posé, il se peut que l’intérêt du roman ne vous touche pas. Sans aucun doute, Le goût des pépins de pommes est un roman qui peut ennuyer certains lecteurs, c’est d’ailleurs un des reproches que j’ai pu relever venant de plusieurs lectrices différentes. Mais restons confiants, il parviendra peut-être à vous envoûter comme il l’a fait avec moi.



Histoire de mémoire, histoire de transmission, ce roman possède un charme désuet au doux goût de reviens-y, aux saveurs de fruits, de pommes boscops, cox orange, de groseilles, de mélisse, de menthe, qui naissent, s’épanouissent lentement sur leur arbre, année après année, jusqu’à être cueillies et croquées, témoins privilégiés des péripéties de la vie des Deelwater et Lünschen. Il suffit de se laisser porter par le doux rythme de cette exploration des recoins de l’histoire de la famille. À déguster, avec un thé et un bon morceau de tarte aux pommes tièdes, bien entendu!
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Le goût des pépins de pomme

2ème expérience des audiobooks...Et je dois dire que je deviens fan!



"Le goût des pépins de pomme" , est un roman traitant de la famille , des souvenirs qui ,lentement , remontent à la surface ou se perdent à jamais.

Iris hérite ,à sa grande surprise,de la maison de sa grand-mère , située dans le nord de l'Allemagne , alors que sa vie professionnelle l'attache à Fribourg.Pourquoi pas sa mère ou l'une de ses soeurs? A priori , elle n'en veut pas de cette bicoque!

Mais en y passant quelques jours , tant de sentiments contradictoires et d'images du passé resurgissent , qu'elle n'en est plus si sûre.

Les histoires de famille , l'âpreté de son grand-père , la mémoire défaillante de sa grand-mère , les jeux entre cousines , les drames et bonheurs partagés...Et lui , qu'elle ne pensait pas retrouver là...



Au début de l'écoute , je me sentais hésitante quant au fait d'aller plus loin dans cette "lecture" , car les descriptions me lassaient.Puis petit à petit , je me suis laissée entraîner dans ces histoires de famille , parfois un peu échevelées , me prenant à attendre la suite...

En résumé , ce fut un moment agréable mais pas un coup de coeur quand-même.
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Le goût des pépins de pomme

Iris hérite de la maison de sa grand-mère.

Après l'enterrement, elle replonge dans ses souvenirs, et remonte peu à peu le temps.

Je n'ai pas accroché à l'écriture, et me suis souvent emmelée dans la chronologie.

Et chose rare sur ce type de livre, ses souvenirs ne m'évoquent rien, ne me provoquent pas d'agréables réminiscences.



A part la couverture, charmante, pas grand chose ne m'a intéressée, et je suis allée jusqu'au bout parce qu'on me l'avait prêté. (Et aussi parce que j'espérais m'y accrocher plus à mesure).
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Le goût des pépins de pomme

Katharina Hagena, linguiste et auteur allemande née en 1967 à Karlsruhe, est une spécialiste de l'œuvre de Joyce. Elle a enseigné la littérature anglaise et allemande au Trinity College à Dublin, et à l'Université de Hambourg, où elle vit toujours avec sa famille. Son roman, Le Goût des pépins de pomme, est paru en 2010.

A la mort de Bertha, ses trois filles, Inga, Harriet et Christa, ainsi que sa petite-fille Iris, enfant de Christa et narratrice du roman, se retrouvent dans leur maison de famille, à Bootshaven, un petit village du nord de l'Allemagne, pour la lecture du testament. A sa grande surprise, Iris hérite de la maison et doit décider en quelques jours de ce qu'elle va en faire. Bibliothécaire à Fribourg, elle n'envisage pas, dans un premier temps, de la conserver.

Durant les quelques jours de congés qu’elle s’accorde pour régler la succession, elle va redécouvrir cette maison et ce jardin où elle a passé son enfance ainsi que la campagne riche en lieux d’amusement pour les trois amies qu’étaient Iris, Rosemarie sa cousine et Mira une voisine. Lentement, les souvenirs vont remonter par bribes à sa mémoire. Entre chaque maille, des trous qu’Iris va devoir combler, parfois avec mélancolie, parfois avec douleur, au risque aussi de déclencher des interrogations aux réponses incertaines.

Ce vieux monsieur Lexow qui a entretenu la maison ces dernières années, a-t-il été l’amant de Bertha et le père biologique de sa tante Inga ? Et son grand-père, quel était son rôle durant la guerre, était-il un nazi ? Comment est décédée exactement sa cousine Rosemarie, fille d’Harriet, alors qu’elle n’avait qu’une quinzaine d’années ? Tous les acteurs du roman vont laisser transpirer des secrets enfouis, plus ou moins avouables, comme dans de nombreuses familles. Acteurs, mais plutôt actrices, car dans ce roman les hommes ne sont pas des figures très fortes, à peine esquissés, juste des seconds rôles ou des faire-valoir.

C’est à ce travail d’enquête dans les mémoires que Katharina Hagena nous convie. Nous suivons pas à pas Iris dans ce dépoussiérage des souvenirs. Son écriture toute de tact et de retenue (jamais le mot Alzheimer n’est évoqué pour Bertha), ses phrases bien rythmées, instaurent une sérénité et une douceur mélancolique. L’écrivain joue aussi avec le lecteur, par des ellipses, les situations disent ce que les mots nous taisaient. Le récit sait être émouvant et tendre, mystérieux un peu quand plane une interrogation mais aussi – disons-le - nunuche (la scène du vélo et du pot de peinture) voire rocambolesque (dixit la quatrième de couverture !) dans les péripéties évoquées. Heureusement ces défauts sont mineurs et n’altèrent pas l’ensemble.

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Le goût des pépins de pomme

A la mort de sa grand-mère maternelle, la narratrice retourne dans la maison familiale dont elle hérite. Une maison étrange, toute biscornue, avec un jardin et un grand verger, dont les groseilliers et les pommiers sont témoins de tous les événements familiaux, heureux ou malheureux, joyeux ou tragiques... Dans cette maison ont surtout vécu des femmes : Bertha, la grand-mère, et sa soeur Anna ; ses filles Christa, Inga et Harriet ; ses petites-filles Rosemarie et Iris (la narratrice), et leur amie Mira. Il y a quelques hommes, comme le patriarche Hinnerk ou l'instituteur. Mais ils ne partagent que rarement une intimité comme celle des femmes.

En s'installant dans la maison pour quelques jours, Iris revit l'histoire de sa famille. Petit à petit, elle déroule le fil de cette histoire familiale, pour arriver aux événements les plus récents et les plus tragiques. L'oubli et la mémoire sont au coeur de la remontée de tous ses souvenirs dont un élément fort est la maladie (d'Alzheimer sans doute) qui a atteint Bertha après une chute. Pourquoi gardons-nous certains événements dans notre mémoire, pourquoi en oublions-nous d'autres ? L'oubli est-il volontaire ? Ces réflexions ont un "goût" particulier en Allemagne, un pays où la mémoire est un peu troublée après 1945.
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Le goût des pépins de pomme

Ecouté en audio : un vrai bonheur !!

Ce livre est incroyable par bien des aspects. Il nous rappelle ces moments toujours un peu difficiles quand on se retrouve dans une maison qui subitement devient la nôtre alors que nous n'avons rien demandé. Chaque objet, chaque arbre, chaque marche nous rappellent quelque chose d'abord indescriptible puis tout prend forme, et pour finir, les souvenirs débordent pour finalement s'imposer à nous ... Katharina Hagena rend parfaitement ce travail indispensable et nécessaire par le biais du personnage d'Iris.

Mais loin d'être tout le temps triste, il y a des moments purement délicieux dans ce livre : du pur plaisir !

Ensuite, ce livre a été écrit par une allemande et là aussi, je retrouve la rigueur et le flegme/calme allemands qui est pour ma part fantastiquement rendu. Je revois très nettement ces villages et ces maisons qui passent de générations en générations encore aujourd'hui. C'est vraiment typique !

Et enfin, un coup de chapeau pour la traduction (Bernard Kreiss, Anne Carrière) qui n'a absolument pas dénaturé le livre initial.

Je voudrais terminer cette critique en nommant enfin la narratrice du livre : Cachou Kirsch pour les éditions Audiolib dont la voix se cale parfaitement à l'esprit du livre et qui est très agréable à écouter.



Voilà, on ne ressort pas indemne de ce livre et c'est tant mieux !
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Le goût des pépins de pomme

Iris, jeune bibliothécaire du Sud de l'Allemagne, se rend aux obsèques de sa grand-mère Bertha, dans le Nord du pays. Elle retrouve là sa mère et ses tantes, ainsi que la maison familiale dont, à sa grande surprise, sa grand-mère a voulu qu'elle hérite. Seule après la cérémonie et les formalités, elle déambule dans la maison, le jardin et la petite ville, où les souvenirs affluent, dans le désordre le plus complet...



J'ai beaucoup aimé ce livre qui évoque le passé, l'enfance, l'adolescence, la famille et ses secrets, par petites touches délicates et pleines de sensibilité. Je n'ai rien en commun avec ces personnes, cette famille et pourtant, je pourrais écrire plein de choses sur mon propre passé qui ressembleraient à celles-ci... Iris apprend des choses qu'elle ignorait sur ses grands-parents, elle revient sur les évènements parfois tragiques qui ont marqué la famille (notamment le décès de sa cousine), tout est raconté tel que ça lui revient en mémoire, et certainement pas dans l'ordre chronologique mais on entre dans ce monde sans jamais s'y perdre et toujours avec bonheur. L'écriture est parfaite, les descriptions presque sensuelles de la nature sont d'une délicatesse délicieuse, bref, un grand roman, qui m'a laissée souriante et pleine d'optimisme.
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Le goût des pépins de pomme

Une jeune femme se rend dans le village où vivait sa grand-mère pour assister à ses obsèques. Tout de suite après la cérémonie, le notaire réunit la famille pour dévoiler le testament de la vieille dame. A la surprise générale, la jeune femme se retrouve héritière de la demeure familiale. Elle décide d’y rester quelques jours, seule, pour réfléchir à ce qu’elle va faire de ce cadeau qui lui parait plutôt encombrant. Le charme des lieux opère, les souvenirs remontent à la surface et l’éventualité de garder la maison se dessine…



J’ai bien aimé ces quelques jours passés en tête à tête avec la jeune femme. Il n’y a pas à proprement parlé d’histoire, sinon celle de la famille, racontée avec nostalgie et une certaine extravagance, à l’image de la demoiselle et de ses tantes, dont on découvre l'histoire peu à peu. Les heures s’égrènent tranquillement dans la chaleur de l’été et l’odeur des vieilles dentelles. Les fantômes du passé reprennent leur place et le puzzle familial apparaît sous nos yeux.



On a reproché à cette histoire d’être un peu mièvre, voire ennuyeuse. Je ne l’ai pas ressentie ainsi. Toutefois, je ne regrette pas d’avoir choisi la version audio peut-être plus vivante que la version papier. Ce livre-audio m’a permis de passer agréablement quelques heures d’avion lors de mon retour du Mexique, la nuit, sans déranger mes voisins, bercée par la voix Cachou Kirsch…



Une lecture au charme certain.


Lien : http://sylire.over-blog.com/
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