Citations de Ken Kesey (142)
Le monde des bouquins, c'était presque plus réel pour lui que le monde des vivants.
"(...) il faut rire de ce qui fait mal pour garder son équilibre, pour empêcher le monde de vous rendre complètement fou." Troisième partie
On apprend dès le plus jeune âge à se méfier du contact : ne jamais faire confiance, nous apprend-on.....
Tu veux vraiment que quelqu'un caresse de ses doigts sales l'intimité de ton âme ? N'accepte jamais de bonbons d'un inconnu.
"Un ami qui trépasse", disait jadis mon père, "c'est une lumière qui s'efface."
Certes, à l'époque c'était à la mode de prétendre qu'on vivait constamment dans la peur de disjoncter pour de bon, mais ça faisait un sacré bout de temps, je crois, que je n'avais pas réussi à me convaincre moi-même de mon droit à la folie.
Lequel d'entre vous prétend être le plus fou ? Hein ? Qui est le plus dingue ? Qui est-ce qui tient la banque, ici ? Je suis nouveau et je veux faire, d'entrée, bonne impression sur l'homme de la situation à condition qu'il me prouve qu'il est vraiment le caïd. Alors, qui c'est, le dingo trois étoiles ?
Papa dit que, si l'on n'y prend garde, les gens réussissent à vous obliger à faire ce qu'ils estiment que vous devez faire - à moins que vous ne vous entêtiez à faire tout le contraire avec une obstination de mule, rien que pour leur apprendre.
rien de tout cela n’aurait jamais existé, comme le bruit qu’un arbre ne fait pas quand il tombe dans la forêt s’il n’y a personne pour l’entendre.
Moi, je lui dis tout le temps, c'est notre sort d'accepter notre sort, et la meilleure façon de l'accepter, ce foutu sort, c'est de prendre un peu de recul et de voir à quel point la vie est chouette......
Pour pouvoir goûter pleinement le choix qu'il a fait, un homme doit d'abord savoir qu'il l'a eu, le choix.
Maintenant, je le sais. Un être humain doit réussir à vivre avec d'autres... avant d'y parvenir avec lui-même.
Dante s'est efforcé de s'inventer un enfer parce qu'un enfer présuppose un paradis. Baudelaire s'est goinfré de hasch pour visiter des paradis artificiels.
Il n'y a rien trouvé. Rien que des rêves et des illusions. Ils étaient tous stimulés par la soif d'un ailleurs.
Nous avons fait l'amour. Comme ce mot a l'air banal - trivial, usé, tout trait distinctif quasiment effacé par l'usage - mais comment mieux décrire une telle action en acte ? Cette création ? Cette union magique ? Je pourrais dire que nous sommes devenus deux silhouettes prises dans une danse hypnotique sous le talisman chaloupé de la lune.......
À Coos Bay, elle acheta un roman de Thomas Mann et pendant tout le trajet de retour en bus, elle essaya de comprendre ce qu’il pouvait bien y avoir de magique dans la montagne dont parlait ce type. Elle abandonna la partie (…) et balança le bouquin dans la rivière (…) Ça ne servait à rien d’en acheter plus que nécessaire quand la plupart seraient inévitablement décevants, comme les conneries pondues par ce Boche.
(Vous savez quoi ? C’est dur de parler à quelqu’un que vous avez pas vu pendant longtemps, et c’est dur de ne pas le faire. Particulièrement quand on a plein de choses à dire et aucune idée de comment s’y prendre.)
Et malgré tout, il aura suffi que mon petit frères vienne passer un mois à la maison pour me montrer qu'il y a d'autres façons de gagner - comme gagner en cédant, en faisant le gentil, en se retenant d'enfoncer les crocs comme un teigneux... gagner en n'étant pas, certainement pas, nom d'un chien, un des dix durs à cuire les plus coriaces à l'ouest des Rocheuses !
Non, la vraie force ça n'existe pas; il y a juste différents degrés de faiblesse...
Ils croient connaître le livre en voyant la couverture, mais le livre, lui, il sait bien ce qu'il vaut.
"Au fur et à mesure que tu grimpes, tu tires sur le câble, autour de l'arbre. Plus l'arbre rétrécit, plus le câble raccourcit. Tu tailles, à une seule main, tchac, tchac, pour enlever les petites branches. Pas beaucoup de grosses branches sur un sapin jusqu'à la cime, mais faut quand même enlever les petites, et bien faire gaffe où est passé ton câble de sûreté parce que si ta hache coupe ce truc, frangin, même s'il y a une standardiste, tu risques d'avoir plus personne au bout du fil. Y a plein de câblistes qui ont coupé leur ligne. C'est comme ça que Percy Williams a cassé sa pipe, le mari d'une cousine germaine à Henry. Il a coupé sa ligne. Il est tombé pieds joints, droit dans le sol, et ça lui a enfoncé les deux jambes jusqu'aux omoplates. Alors t'apprends à faire gaffe. Faire gaffe à ces moignons de branche qu'on appelle dès éventreuses. Faire gaffe à pas te faire entailler quand toi ou tes gambettes vous dérapez parce qu'alors tu dévisses de cinq mètres et tu te fais arracher la couenne du torse, du ventre et des cuisses comme si t'étais une carotte qu'on pelait.
Et c'était toujours le même petit garçon. Les cinq mille enfants habitaient les cinq mille maisons appartenant aux types qui étaient descendus du train. Des maisons tellement semblables que, régulièrement, les gosses se trompaient de demeure et de famille. Nul ne s'en apercevait. Ils dînaient, ils allaient au lit. Le seul que l'on remarquait était le petit du bout de la file : il avait tant d'égratignures et de bleus que, où qu'il allât, on se rendait tout de suite compte qu'il n'était pas à sa place. Il était incapable de bavarder. Incapable, aussi, de rire. C'est dur, de rire, lorsque l'on sent peser sur soi les ondes venant de chaque voiture qui vous croise, de chaque maison devant laquelle on passe.
Si le tourment suprême qui va du berceau à la tombe est le seul qu'il nous soit jamais donné de vivre... et si ce grand et désopilant combat de l'existence n'est rien d'autre qu'une pauvre rognure d'ongle, si brève et si tragique par rapport aux éternités qui l'entourent, alors pourquoi voudrait-on en abandonner ne serait-ce qu'une poignée de précieuses secondes ?