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Critiques de Kyung-Ran Jo (23)
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Mise en bouche

Il n'y a pas si longtemps, Jung Jiwon était une femme comblée. Chef reconnue, elle dirigeait sa propre école de cuisine où elle initiait de studieux élèves aux subtilités de la gastronomie italienne. Sa réussite, elle la partageait avec un homme, un architecte. C'est lui qui avait conçu son école et leur maison. Il était l'homme de sa vie, un être chéri au-delà de tout.

Et puis, tout s'est effondré. L'aimé l'a quittée pour une autre femme, une mannequin, une de ses apprenties cuisinières. Depuis, Jiwon va mal. Elle a fermé son école et s'est laissée aller au chagrin. Finalement, avant de sombrer totalement, elle a repris un emploi au Nove, près du chef qui lui a tout appris. Peu à peu, elle reprend goût à la cuisine. Mais son bonheur enfui la hante. Encore et toujours, elle pense à l'aimé, espère son retour. Devant l'évidence que plus jamais elle ne connaîtra les joies de l'amour partagé, Jiwon mijote sa vengeance.



''C'est mon destin que d'aimer et de cuisiner. Ce sont deux choses distinctes, mais pour moi elles n'en font qu'une. C'est mon destin''. C'est ainsi que se définit Jiwon et quand l'un des deux piliers de sa vie s'effondre, elle en est forcément déstabilisée. Au point de se noyer dans le chagrin, au point d'espérer en vain, de s'humilier, de supplier. Car Jiwon aime comme elle cuisine, de toute son âme, de tout son coeur, pour donner du plaisir, pour être aimée en retour. Si son drame est universel, le remède est lui tout personnel. Cette femme ne se résigne pas à la trahison, au désamour. Elle sombre peu à peu dans la folie. Une folie qui trouve son apothéose dans une terrible vengeance qui bouscule tous les tabous.

Kyung-Ran JO signe là un roman d'une folle sensualité où les plaisirs de la chair sont inextricablement liés à ceux de la chère. Partant d'une banale histoire d'adultère, elle élabore un récit tout en tension, soufflant le chaud et le froid, nous mettant en appétit pour finir par nous le couper âprement. Un récit haut en saveur au final aussi glaçant qu'éblouissant, à déguster sans modération.
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Mise en bouche

J'ai lu le roman de Kyung-Ran Jo très lentement, non pas pour le savourer mais parce que je n'y ai pas pris plaisir.

Désordres amoureux et désordres alimentaires assaisonnés d'anecdotes, de considérations pseudo-philosophiques et culinaires au menu de cette mise en bouche forment un méli-mélo indigeste qui ne m'a pas convaincue.
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Mise en bouche

Premier roman d’une auteure coréenne que je lis, Mise en bouche nous raconte l’histoire de Jung Jiwon, jeune femme à qui la vie semble sourire : un petit ami architecte et une école de cuisine qu’elle tient seule et qui lui permet de vivre de sa passion. Mais c’est sans compter sur l’arrivée d’une nouvelle élève : Lee Seyeon, ancienne mannequin qui lui volera son petit ami. Follement amoureuse de son ex, Jung Jiwon vivra très mal cette trahison au point de ne pas douter du retour de son « homme ». Voyant qu’il ne reviendra pas, Jiwon lâche son école de cuisine (qu’elle avait mise en place avec lui) et revient dans le restaurant italien où son amour de la cuisine a vu le jour.



Comme on peut le comprendre en lisant le résumé, Mise en bouche est un roman qui tourne autour de la rupture et de la cuisine. Tour de force de l’auteur, les deux axes seront souvent mélangés et c’est ce que j’ai vraiment apprécié. A travers l’expression de ses différentes émotions, notre héroïne nous concoctera des plats qui donnent l’eau à la bouche et nous parlera aussi, par moments, des aliments en tant que tels (leurs utilisations au cours de l’Histoire, leurs vertus, etc…) et ce fut très intéressant à lire, j’ai appris quelques trucs et ça c’est plutôt agréable (notamment sur le sel).



Malgré quelques longueurs, le roman se lit rapidement. J’ai, cependant, quelques reproches à faire concernant certaines scènes (notamment celle avec le SDF) qui m’ont paru arrivées comme un cheveu sur la soupe et m’ont paru en plus de cela assez inutile et sans aucunes justifications.



Mise en bouche fut une bonne découverte et une lecture sympathique par de nombreux aspects. Il ne me restera pas en mémoire mais je l’ai trouvé assez originale et enrichissant. Le final du roman est complètement inattendu et je suis un peu restée idiote et rien que pour cela, je le conseille !
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Mise en bouche

Soyons direct : j'ai beaucoup aimé ce roman de Kyung-Ram Jo. L'héroïne possède, à mes yeux, une certaine ambivalence puisque sans sa passion pour la cuisine, je n'aurais pas pu m'attacher à elle. En effet, Jung Ji-Won est agaçante. Sa souffrance après avoir été quittée par son compagnon pour une autre femme est d'une telle proportion que j'ai plusieurs fois eu envie de la secouer. Mais heureusement elle a une passion pour la gastronomie et les passages sur la cuisine m'ont beaucoup touchée. Le récit fourmille d'ingrédients, de réflexions et d'anecdotes sur la nourriture. Cette dernière est centrale, tout passe par elle, tout se focalise sur elle. Chaque personnage du roman, le Chef ou encore Munju, possède un lien particulier avec la cuisine. Un autre symbole du parcours de Jung Ji-Won est très présent avec la présence de Pauli, le chien de la jeune femme.



Quant à la trame elle-même du récit elle souffre de quelques faiblesses -la montée de l'intensité jusqu'au bouquet final est parfois un peu maladroite- mais la puissance de la fin est plutôt maitrisée. Les vingt dernières pages sont vraiment très bonnes même si la cruauté de ces dernières auraient peut-être méritée une place plus importante ou au moins une arrivée plus subtil dans le roman.



Ce qui, finalement, m'aura surprise dans Mise en bouche, c'est que j'ai pu retrouver dans le climat et le style de l'ouvrage ce que je peux apprécier dans la littérature contemporaine japonaise. J'espère avoir rapidement l'occasion de découvrir d'autres artistes coréens afin de savoir si cette coloration est effectivement commune aux littératures de cette région du monde ou si cela ne concerne que cet écrivain. Y aurait-il une littérature de l'Asie de l'Est ?
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Mise en bouche

Célèbre chef coréenne, spécialiste de la cuisine italienne, Jung Jiwon est quittée par son petit ami et sombre dans la dépression. Elle ferme son école de cuisine et retourne travailler au restaurant Nove, aux côtés du Chef qui lui a tout appris.



C’est sa couverture, originale et intrigante, qui m’a attirée vers ce roman. Celle-ci s’est avérée à l’image de l’histoire, où se mêlent sensualité et cruauté, amour et désespoir. On suit au plus près la dépression de la narratrice puis sa reconstruction, sa passion pour la cuisine et son désir de vengeance envers son ex-amant, qui, cerise sur le gâteau, l’a quittée pour une de ses propres élèves. Mais ce qui distingue Mise en bouche, c’est le style de Kyung-Ran Jo, extrêmement bien ciselé et dépourvu de tout pathos ou cliché.



Il en résulte un roman (d)étonnant, aussi ambigu que son héroïne.

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Mise en bouche

Dans la hiérarchie des romans culinaires (si, si, ça existe), Mise en bouche, de la coréenne Jo Kyung-ran, est à placer assez loin derrière Le cuisinier du suisse Martin Suter. Moins de variété gustative dans le plat, pardon le livre, et une certaine tendance à mâcher et remâcher la nourriture pour la première citée. Jung Jiwon s'est faite larguer par l'homme de sa vie et ça, elle ne peut le digérer. En tous cas, cela va lui prendre 235 pages pour s'en sortir et, une fois sa faim de vengeance assouvie, elle pourra se remettre de sa dépression, du moins on l'imagine. Hormis son dénouement, horrifique et franchement inattendu (mangez, ceci est mon gore), Mise en bouche décrit avec minutie la tristesse d'une jeune femme dont la seule passion (outre son ex), la cuisine, ne la fait plus saliver. S'y remettre peu à peu va la remplumer, en fin de compte, mais Dieu que le chemin est long. Le roman de Jo Kyung-ran est riche en considérations de toutes sortes sur l'art culinaire (pas loin de nous gaver d'ailleurs), vu comme une philosophie de vie, et son action est systématiquement ralentie par des retours en arrière qui finissent pas saturer. Ce livre inégal, avec son final original, est un bon coupe-faim mais manque un peu de consistance. Un jour de frugal appétit, on peut s'en contenter.
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Mise en bouche

"Mise en bouche" de Kyung-Ran Jo (236p)

Ed. Philippe Rey

Bonjour les fous de lectures….

Voici ma première lecture pour l'année 2020 et je suis partie à la découverte d'une autrice sud-coréenne.

Jung est une excellente cuisinière qui a ouvert sa propre école de cuisine.

Le jour où l'homme de sa vie la quitte, tout son monde s'écroule.

Non seulement elle perd l'envie de vivre mais également la sensation du goût.

C'est cependant grâce à sa passion pour la cuisine qu'elle va petit à petit réapprendre à vivre.

Mais c'est aussi au milieu des fourneaux que va se tramer sa vengeance.

Aliments et sentiments ne sont-ils pas intimement liés?

Alors, l'idée de base était bien MAIS...que de longueurs pour une histoire dont on a très vite compris la chute.

Pendant plus de 250 pages, il ne se passe pas grand chose. et les comparaisons entre aliments et sexe en deviennent lassante.

De plus le style d'écriture n'est pas très fluide, rendant la lecture assez poussive ( problème de traduction ? ).

A cel, ajoutons quelques scènes peut crédibles.

Bref un récit bien peu consistant.

Pas vraiment conquise
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Mise en bouche

… (Bruit de l’eau qui bout dans la casserole en cuivre). Les bulles se forment dans l’eau bouillonnante, remuent, s’agitent, naissent, grossissent et grandissent en un éclair. Elles montent, montent, jusqu’à atteindre la surface où elles éclatent dans un paroxysme purement physique. La cusine est enfait un salle du Conservatoire, un lieu de symphonies, d’orchestres. Un lieu où couteaux, eau et cuisson ne font qu’un, une mélodie métallique, mais organique, chaleureuse. L’eau bout, le saumon rosit et crisse dans la casserole, l’ail se fait découper et trancher dans un rythme régulier – une Trinité, un triptyque harmonieux et délicat. Le roman de Kyung-Ran Jo m’a ouvert les yeux sur la face cachée de la cuisine, une face où les sens se mêlent, et où la vue, le goût, l’odorat, le toucher et l’ouïe sont sur un même pied d’égalité.



Tout allait bien. Oui, tout allait très bien. Une vie si belle, une école de cuisine qui marchait à merveille, qui accueillait de plus en plus d’adeptes, une passion dévorante pour la cuisine qu’elle pouvait transmettre et montrer à des regards curieux et ébahis, un Mari aimant, toujours présent à ses côtés, un chien affectueux, une Maison remplie de Vie et d’Amour, oui …. elle était heureuse, si heureuse que son petit Monde paraîssait inaliénable, intouchable. Une tour d’ivoire si haute, dont les marches si nombreuses auraient dissuadé même le plus mesquin des esprits. Mais elle a peut-être oublié que le Mal, si loin, si impensable, peut aussi venir de l’intérieur. Il a suffi d’une image pour que la tour s’effondre, il a suffi d’un acte pour que sa vie vacille et vole en éclats. L’Acte, l’Amour avec un grand A, l’Amour Charnel, si intime, si cru. Les passions se déchaînent, se brouillent, l’Aveugle tâtonne et ouvre grand les yeux. Un acte insaisissable par les mots, une découverte, un partage. Mais …. une autre femme. C’est une autre femme. Pas elle non, ce n’est pas elle devant ses yeux, nue, allongée devant son mari. C’est Lee Seyeon. Une fille parfaite, belle, raffinée, cultivée. Dans son salon, nue. La blessure s’ouvre violemment, la peau se déchire, le si beau monde éclate et les fragments aiguisés lui lacèrent le coeur. Puis un divorce, une séparation, un Vide, un manque qu’elle ne peut combler. Mais une seule chose pourra lui permettre de se raccrocher à la Vie : la cuisine. Une cuisine rédemptrice, une cuisine de passions et de rages, une cuisine de l’existence …



Ce roman : un agréable moment. Agréable, dans tous ses sens. Un roman où la cuisine dépasse le matériel et nous accompagne, se révèle. Jung Jiwon, la Cuisine, deux miroirs face à face. Eternel reflet, éternel retour. La cuillère tourne, tourne dans l’épais bouillon, la vie s’emballe et tourbillonne, dans un abîme sombre et imprévisible. L’eau jaillit, les larmes coulent, le feu brûle sur la gazinière, le coeur souffre. Les aliments n’ont jamais été aussi proches de l’Homme, de la Femme. Mais voilà : un grain de semoule dans un tas de riz. Une chose qui trouble cette agréable impression d’harmonie : la Fin, la Fin prévisible, la Fin qu’on voit arriver depuis longtemps, comme un aliment pas assez cuit, alors qu’il aurait dû me brûler la langue, me surprendre, me déranger. La grande Chef a raté sa dernière cuisson, les courbes de la chantilly ne sont pas assez parfaites – infime pourrait-on dire, oui, mais essentiel. Un gâteau sans cerise n’est pas un gâteau. Aussi bon soit-il …
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Mise en bouche

Un citron, c’est beau à l’extérieur et acide à l’intérieur. Idem pour ce roman : au premier abord doux et gentillet (la couverture est vraiment très belle), il prend un goût acide empli de tristesse ; la vengeance pointe alors le bout de son nez...



Parlons d’abord de la forme. Le style est agréable, les chapitres assez courts, l’écriture fluide. Le récit à la première personne facilite l’identification et l’imprégnation de l’œuvre en totalité.

L’histoire est découpée en mois (de janvier à juillet d’une même année). Chaque début de mois, une citation fort intéressante est inscrite en rapport avec ce qui va se dérouler dans le mois. Comme par exemple : « Tout ce qui se meut et possède la vie vous servira de nourriture (extrait de la Bible, Genèse, IX, 3) » pour le mois de Juin.



Le fond maintenant. Il s’agit de l’histoire d’une cocue. Elle se noie dans une tristesse sans fond, un puit d’où elle n’arrive pas à sortir. Elle se réfugie alors dans tout ce qu’elle sait faire de bien : la cuisine. Entre nouvelles recettes et conseils pratiques, elle nous livre ce qui c’est réellement passé avec son ex-fiancé à travers des flash-back.

Cette succession d’idées, de pensées qui constituent un tout, le tout de la vie de la narratrice, est parfois un peu embrouillant, cependant... En effet, la narratrice expose des faits de tous les jours, des anecdotes sur son restaurant, des conseils sur les aliments... Mais parfois il y en a trop, et on s’écarte plus que nécessaire de l’histoire principale (c’est-à-dire la vie de la narratrice, toutes les choses qui vont menée à la libération finale).



Cette libération finale (la fin de l’œuvre) est tout simplement... SURPRENANTE. Incroyable. Drôle et sordide. Excellente. Mais pas assez exploitée peut-être. J’aurais bien été plus loin dans le sordide... (mon côté sadique qui ressort !).

Je vous laisse apprécier la fin par vous-même...



En bref : Une histoire de femme blessée servit avec du fois gras et des asperges... Un petit mets délicat.



Note : 3.5/5 (dommage pour la confusion)
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Nocturne d'un chauffeur de taxi

« Je venais de rencontrer quelqu’un qui avait fait palpiter mon cœur ».

Je ferai mienne cette phrase de Park-Chan- Soon en disant : Je viens de découvrir des artistes qui ont fait palpiter mon cœur !

« Nocturne d’un chauffeur de taxi « (Editions Philippe Rey) est une vitrine sur la littérature coréenne contemporaine. Une brochette d’auteurs y figurent, tous désireux de nous parler de leur Corée, avec leurs mots à eux, superbement traduits dans l’ensemble par l’équipe de Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet.

« Nocturne d’un chauffeur de taxi »est le titre de la première nouvelle de cet ouvrage. Kim Ae-Ran nous raconte les tribulations d’un chauffeur de taxi, difficultés financières, rivalités familiales, cigarettes, alcool. Las de sa vie dans la grande ville, Yongdae apprend le chinois. Sa femme (chinoise d’origine coréenne) a enregistré pour lui des cassettes qu’il écoute en conduisant. Il songe à partir en Chine. Il veut une nouvelle vie surtout après le décès de celle-ci. Malgré l’originalité et la diversité de ses certains de ses clients, Yondae aspire à autre chose.

Une toute première facette de la Corée, qui pourrait trouver écho un peu partout dans le monde, de par l’universalité des thèmes abordés.



Beaucoup moins transférable est la dernière nouvelle intitulée « La fabrique de conserves ». Pyun Hye-young fait appel à une prose très visuelle. Un chef d’atelier disparait, sans laisser de trace. Contactée, son épouse qui a quitté le domicile familial pour s’occuper d’un de ses enfants, assure qu’elle ne reviendra que quand on aura retrouvé le corps de son mari… .Dépaysante, dérangeante par moments, quand sont évoquées les étranges pratiques des ouvriers de cette usine (dans les boites de conserve, il n’y a pas que de la nourriture !), cette nouvelle ferait un très bon court métrage noir.

Beaucoup de sensibilité dans cette série de 10 histoires, pas toujours très faciles à appréhender.

A découvrir, à lire, à relire pour approcher cette terre lointaine qu’est la Corée, si discrète vue d’ici.

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Nocturne d'un chauffeur de taxi

La littérature en Corée commence bien souvent par la production de nouvelles. Genre particulièrement apprécié dans ce pays, la nouvelle est souvent l’occasion de remarquer un nouvel auteur par l’intermédiaire des revues ou de la presse. C’est ce genre majeur que les Éditions Philippe Rey ont choisi de mettre en avant avec le recueil Nocturne d’un chauffeur de taxi : des textes contemporains d’auteurs en majorité féminines (9 sur 10) qui donnent à voir une Corée moderne et l’intimité d’une société qui semble quelque peu en perdition.



Les 10 nouvelles que nous découvrons ici sont parues entre 2000 et 2013 et forment d’une certaine façon un ensemble cohérent où on retrouve à chaque fois des personnages engoncés dans leur propre contradiction entre tradition et modernité. Petits contes cruels où l’ironie se fait souvent sombre, elles portent un œil critique sur les vicissitudes d’une société où le travail, les liens familiaux, la pression sociale va à l’encontre du bien-être personnel de chacun.



La fabrique de conserves nous plonge dans le quotidien d’une usine à la chaîne et relève l’absurdité du travail répétitif avec ses employés condamnés bon gré, mal gré à se nourrir des conserves qu’ils produisent jour après jour. Dans Nocturne d’un chauffeur de taxi, nous suivons le parcours d’un homme, loser patenté de la famille, qui a épousé une chinoise d’origine coréenne, évoquant ainsi le phénomène des mariages avec des étrangères, les femmes manquant en Corée. On retrouve le thème de l’immigration dans Rumeurs. Une femme et sa fille disparaissent de la ferme où elles étaient hébergées, concomitamment à celle de la femme du pharmacien du village. Les rumeurs enflent, malveillantes : meurtres, infidélité, … tout est évoqué gangrenant ainsi les relations entre voisins. Des relations qui sont au cœur de ce recueil. Celle d’une femme qui découvre un jour que son mari est peut-être un meurtrier dans Mon mari. Celle d’une jeune femme qui se perd dans l’alcool et la rêverie depuis qu’un drame a touché sa vie (Semailles) ou celle d’une autre dans La maison en Légo, réduite à nourrir son petit frère et un père invalide et grincheux depuis le départ de leur mère avec un autre. Même la liberté acquise ne semble pas se départir d’une chape de tristesse (Stoppie à moto).



Doux-amers, mélancoliques, ces récits sondent la face cachée d’une Corée ignorée que les différents auteurs se plaisent à détailler en douceur, tout en nuances. Une vision à la fois quotidienne et distanciée sur la société coréenne qui ne se départ pas d’une certaine forme d’humour un peu grinçant, renvoyant ainsi une image très réaliste, très lucide sur notre monde. Tiraillées entre une modernité implacable et une forme de tradition séculaire, les femmes semblent particulièrement enfermées dans un espace familial morose et leurs tentatives de briser le cercle s’accompagnent malheureusement d’une liberté désenchantée qui annihilent toute forme de bonheur. La famille n’est plus une valeur refuge, le travail encore moins.

L’avenir semble bien gris sous les cieux coréens. Pourtant l’existence de ce recueil prouve que des voix s’élèvent au dessus de la mêlée et annonce un véritable dynamisme littéraire à suivre assurément. Cette jeune génération d’auteurs encore peu ou pas traduits en France font preuve d’une belle modernité. Il serait dommage de ne pas leur laisser leur chance !
Lien : http://grenieralivres.fr/201..
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Mise en bouche

Un scénario lent qui met en scène une jeune femme qui peine à se remettre d'une rupture sentimentale et trouve son réconfort dans la cuisine. L'écriture originale avec beaucoup de références culinaires ne m'a pourtant pas empêchée de m'ennuyer au fil des pages sans parvenir à m'attacher ni à m'intéresser à l'héroïne.

Quant au dénouement, il m'a totalement dérouté pour ne pas dire dégoûté...

Bref, je n'ai pas aimé.
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Mise en bouche

Jung Jiwon est une jeune "chef" talentueuse, à la tête d'une école de cuisine très courue qu'elle a aménagée avec l'aide de son compagnon, jeune architecte prometteur. La vie de Jung bascule le jour où son amour la quitte pour vivre avec la très belle Lee Seyeon, ex mannequin, une de ses élèves cuisinières: désespérée, languissant après un improbable retour de son amant, elle ferme les portes de son école et trouve refuge au coeur de la cuisine du "chef" du Nove, un des meilleurs restaurant, à Séoul, de spécialités italiennes. Lentement, sous le regard bougon et les remarques parfois rudes du "chef", Jung recouvre le goût de cuisiner et surtout celui de manger pour découvrir l'extraordinaire sensualité qui se cache, inconsciemment, au coeur de la préparation des plats: la nourriture devient une partition à la gloire des sensations et des plaisirs les plus fins.

Le lecteur suit le cheminement intime de Jung, tout d'abord perdue et abasourdie par son désastre intérieur, puis renaissant par la grâce des aliments à travailler pour le plaisir des papilles des clients gourmets du Nove: la préparation, presque rituelle, des légumes, des viandes ou poissons, est une suite de rimes poétiques, d'images qui parviennent à titiller ses papilles et le laisse rêveur sur ces plats qu'il ne pourra jamais goûter autrement que dans la virtualité de sa lecture. La cuisine créative est un sacerdoce que l'on vit en s'oubliant pour offrir aux papilles de l'autre un don de soi: les saveurs savamment orchestrées, conjuguées selon les ingrédients et le dessein du cuisinier, artiste des couleurs, des flaveurs et du goût.





Dans l'ambiance sensuelle de la cuisine raffinée, Jung se souvient de sa rencontre avec l'aimé, de leurs moments précieux et tendres où elle lui concoctait des plats savoureux, prémices à l'éveil des sens. Elle se souvient, elle raconte et souffre encore et encore parce qu'elle n'accepte pas, qu'elle ne peut pas accepter, le départ de l'amant: pourquoi est-il parti? Qu'a Lee Seyeon de plus qu'elle, elle qui garde Pauli, le chien de l'aimé, parce que la nouvelle conquête n'aime pas les chiens. Les douleurs de l'amoureuse abandonnée et du chien fidèle délaissé se mêlent pour donner lieu à une attente, celle d'un retour du passé. Au fil des souvenirs, des peines et des larmes, un tension, imperceptible au début, perce le rythme dansant de la préparation des plats dans la petite cuisine du Nove: une folie indicible se critallise autour de certains aliments, derrière la musique cristalline des ustensiles qui s'ébattent, une note discordante apporte une dissonance sourde et pesante. Jung, plus déterminée que jamais, prépare une nouvelle recette, celle du plat raffiné d'une vengeance qui se déguste à l'aune du plaisir offert aux papilles: la langue est un mets pour lequel les cuisiniers peuvent rivaliser de virtuosité raffinée. Elle marine dans un bouillon de légumes, elle est tendrement nettoyée, préparée avec délicatesse, accompagnée de douces et envoûtantes fines herbes...ainsi celle que Jung prépare pour les gourmets du Nove, sera-t-elle servie avec une sauce d'ail, d'oignon et de cresson, ultime touche pour masquer l'odeur forte de la viande, prélude au repas, point d'orgue de sa carrière, point culminant de son art qu'elle délaissera aussitôt la dernière bouchée dégustée par son amant. Le lecteur pénètre, à la suite de Jung, une frontière de l'interdit, d'un tabou....pour le plus grand plaisir de frissonner et d'attendre une chute, qui peut laisser sur sa faim celui qui est trop dans l'explicite et ne se satisfait pas de l'opacité subtile de l'implicite.





"Mise en bouche" est un roman d'une grande sensualité, celle qui associe, sublime et raffinée délicatesse, l'amour à la cuisine: lorsqu'on aime, on donne toujours beaucoup de soi, comme le "chef" offre une partie de son âme à l'exigeance des papilles délicates des gourmets. Le don qui, parfois, ne supporte pas l'abandon et qui, dans une orchestration subtile et précise de la folie, immole l'objet de sa jalousie sur l'autel de la vengeance. Kyung-Ran Jo, entre souvenirs d'enfance et effluves amoureuse de son héroïne, manie la chronique culinaire et la tension du récit avec subtilité, pour amener son lecteur, tout en émaillant le récit de petites notes incongrues, au dénouement qui laisse place, agréablement, à l'imagination de celui qui s'est laissé prendre au jeu.

Un roman coréen qui sait prendre son temps et que l'on savoure pour en apprécier toutes les saveurs, celles des clins d'oeil à l'histoire culinaire, aux marottes gustatives de certains personnages célèbres, à l'Italie aux mille et une couleurs rehaussée par l'inventivité asiatique. "Mise en bouche"...un roman qui donne envie de se mettre aux fourneaux pour notre plaisir et surtout pour le plaisir de l'autre: la cuisine est aussi une intense déclaration d'amour et un monde de sensualité.


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Nocturne d'un chauffeur de taxi

Première nouvelle d’un recueil collectif de nouvelles Coréenne.



Kim Ae-ran



Il a atterri à Séoul, où il conduit chaque jour et chaque nuit un taxi pour le compte d'une société qui ne le nourrit pas .

C'est un homme simple, sans éducation, Sans caractère ni volonté non plus.Il n'est pas méchant,Mais il boit, par faiblesse,Conscient du fait il ne vaut pas grand-chose.

D'erreurs en bévue il a tout perdu . sa famille l'a rejeté sa mère en est morte après qu'il ait stupidement perdu la maison familiale. il s'est fait dépouiller de to même de e sa dignité .

Un jour, Il a rencontré une femme, Jeune, Jolie, Chinoise d'origine coréenne, sans-papiers, sans visa…Dont l'histoire est tout aussi dramatique et triste que la sienne. Elle trime,Esclave moderne pour rembourser le prix de son voyage et celui de sa sœur qui a dû repartir en Chine un œil en moins sans la moindre indemnité . elle a fini par contracter un cancer de l'estomac, après avoir absorbé Les aliments infectés par le produit de nettoyage toxique Avec lequel on lui demandait de travailler tous les jours.

Ils se sont marié comme on s'accroche à une planche en plein naufrage. puis elle est morte . son existence ne comptait pas . il ne sera jamais si elle l'a aimé il en doute. Elle lui a juste laissé les cassettes qu'elle a patiemment enregistré une après l'autre pour qu'il apprenne le chinois. il rêvait de partir en Chine , avec sa jolie femme , pour lui c'était l'eldorado .



Mais elle n'est plus qu'une voix Qu'il entend chaque nuit dans son taxi.





«Où est ma place » se répète t il et entend t il inlassablement.





Quotidien destructeur de tous ceux qui ne sont pas nés du bon côté de la route,Dans une société coréenne impitoyable.



En Corée, on « entre en littérature » non pas grâce à un « premier roman » mais avec une nouvelle, dès lors qu’elle est remarquée, primée par les grands quotidiens ou les très actives revues littéraires. Dans ce recueil édité en n France par Philippe REY nous confrontons aux multiples aspect d'une Société dont la dureté et les règles nous échappent, mais qui à lui seul vaut bien n'importe quels voyages.


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Nocturne d'un chauffeur de taxi

J'ai beaucoup apprécié ce recueil, même si j'ai eu un peu de mal à rentrer dans la première histoire. Mais pour les suivantes, ça allait tout seul.



Je ne connais pas trop la littérature coréenne, et je ne savais pas que les nouvelles avaient une telle importance au niveau éditorial dans ce pays. Les auteurs présentés dans ce recueil avaient, pour la plupart, un palmarès impressionnant (mais ce n'est pas forcément les auteurs avec le plus de récompenses que j'ai préféré).



On découvre vraiment des tranches de vies de différents coréen(ne)s, parfois tristes, parfois sordides. Pas de happy end, parfois pas vraiment de '"end". D'ailleurs, une ou deux histoires m'ont un peu laissée coite, car je ne comprenais pas bien où l'auteur voulait en venir, et quel sens donner à cette fin.

Mais dans l'ensemble, j'ai vraiment apprécié ce moment de lecture. Les histoires sont fortes en émotions, mais en émotions à l'état brut. Certaines nous laissent songeur.



Je pense que ce n'est pas le recueil à lire pour une première en littérature asiatique, mais c'est vraiment à découvrir si vous savez que vous aimez ce genre.
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Nocturne d'un chauffeur de taxi

Dans ce recueil vous trouverez 10 nouvelles, genre majeur en Corée, dévoilant la réalité nue et crue du quotidien quelque peu en perdition des coréens. Pas d'aventures palpitantes, pas d'amour éternel, pas de Happy end.

Je n'ai pas l'habitude de lire des nouvelles concernant la vie quotidenne, encore moins d'auteurs Coréens. Ce recueil est plutôt une bonne découverte, avec une écriture très poétique, lancinante et mélancolique. C'est assez étrange de découvre la Corée sous ce regard là, tout en étant nécessaire et en totale opposition avec les Drama que l'on peut voir.
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Mise en bouche

Ce qui rend sa lecture étonnante pour la française, passionnée de cuisine que je suis, c'est de me rendre compte combien notre patrimoine gastronomique européen, est perçu comme "exotique" du point de vue d'une asiatique.



Cet ouvrage fut donc un double plaisir littérairement et culinairement parlant.


Lien : http://abrideabattue.blogspo..
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Mise en bouche

C'est un livre particulier, qui déroutera certains lecteurs et qui en ravira d'autres. Il est écrit par une coréenne d'une quarantaine d'années, déjà très appréciée dans son pays mais dont Mise en bouche est le premier roman (excellemment) traduit en français.



Ce qui rend sa lecture étonnante pour la française, passionnée de cuisine que je suis, c'est de me rendre compte combien notre patrimoine gastronomique européen, est perçu comme "exotique" du point de vue d'une asiatique.



Cet ouvrage est donc un double plaisir littérairement et culinairement parlant.



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Mise en bouche

Un livre articulé sur le thème de la rupture amoureuse vécue et contée par l'héroîne de Kyung-Ran Jo, cheffe de cuisine renommée.

Le roman, qui prend parfois des allures d'essai, nous détaille les liens intimes qui lient les plaisirs de la chair entre eux : oralité et génitalité, les lumières léguées par la psychanalyse en deviennent universelles...

De nombreuses anecdotes sur l'histoire de la gastronomie à travers les âges complètent l'ensemble teinté d'une étrangeté toute asiatique.

La fin nous ramène sur un style de narration plus classique, il s'agit malgré tout de raconter une histoire avec une "vraie" fin ou devrai-je écrire une vraie faim^^
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Mise en bouche

Jung Jiwon est une belle jeune femme coréenne à qui tout réussit. Après avoir été assistante du chef de cuisine d'un restaurant italien coté, elle a ouvert une école de cuisine qui l'a rendu célèbre. Son compagnon, Seokju, est un architecte réputé et ils envisagent de nombreux projets ensemble.

Le seul hic, c'est que Seokju vient de lui préférer une ex-mannequin qui plus est, suivait les cours de cuisine de sa rivale !

Bref, Jung a du mal à digérer l'affront et se refuse à accepter que Seokju ne l'aime plus.

Perdant appétit et goût de vivre, elle décide de fermer son école et de retourner travailler dans le restaurant où elle a tout appris.

Ce retour aux sources l'a fait replonger dans l'essence de la cuisine pour laquelle elle essaie de retrouver du plaisir. Elle réapprend les gestes de bases, cherche de nouvelles recettes,...

Mais loin d'oublier son grand amour, elle focalise de plus en plus sur cet abandon. Le chef Nove qui l'obligera un soir à cuisiner pour le couple en question, venus en clients, ne réussira pas à lui faire lâcher prise. Jung Jiwon réussira-t'elle alors à surmonter l'échec de son couple ? Je vous en laisse la surprise !



Nous voici ici en plein roman culinaire qui plonge le lecteur dans les coulisses de la cuisine et de sa préparation. L'héroine vit comme elle cuisine et ses plats sont empreints de la tristesse, la passion , la sensualité qu'elle souhaite exprimer.

Le récit nous est raconté par la jeune femme qui, sous forme de confidence, nous offre ses états d'âme, le bonheur que la cuisine lui apporte, ses interrogations ... Elle reviendra sur son passé et son histoire d'amour avec Seokju, permettant ainsi au lecteur de découvrir petit à petit les éléments de l'histoire.



On pourra noter le parallèle entre la jeune femme et le chien de Seokju. Laissé à Jung Jiwon, le chien attend fidèlement son maitre alors que celui-ci lui préfère une femme qui déteste les chiens. Partageant sa douleur avec lui, Jung en fera un de ses rares interlocuteurs.



Tout comme, le parallèle est fait entre aimer et manger.

Cuisiner est donc une seconde nature pour elle et n'hésitera pas à nous confier quelques recettes bien inspirées (cuisinières, à vos crayons !).



Cherchant le réconfort, c'est pourtant la vengeance qui sera au rendez-vous... Une vengeance qui se dégustera froide et de façon totalement inattendue !



Si j'ai lu avec plaisir ce roman, je ne suis pourtant pas spécialement emballée... On compare souvent cet auteur avec Ogawa. Permettez-moi de vous dire que nous en sommes loin... !! et par l'écriture et par l'univers.



L'esprit culinaire qui règne dans le roman est plutôt intéressant. Les envolées au sujet de cet art sont fait avec élégance et subtilité et alternent agréablement avec l'histoire proprement dite.



Mais malgré une fin un peu abrupte et noire, le récit donne une impression de légereté que la simplicité de l'écriture accentue un peu plus. Toucher du bout des doigts, le côté obscur de la force jeune femme aurait été bien plus intéressant, à mon avis. Au final, je suis resté sur sa faim (si je puis dire !).



Bref, une lecture plaisante à découvrir, au moins pour l'aspect culinaire et notre rapport à la nourriture.
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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