Citations de Laure Murat (300)
C'est cela, surtout, que ma famille m'a le plus reproché : tu as fait pleurer ta mère en public. Comme une domestique.
D'une roturière en passe d'intégrer la famille et qui ignorait les usages, ma mère laissa tomber un jour d'une lippe ennuyée ce commentaire qui la résume entière : " Elle est inmélangeable."
Si la lecture initie, la relecture révèle, comme l'essai n'existe qu'une fois transformé. Le surcroît de connaissance est supplément de plaisir. L’expérience de la jouissance grandit avec la jouissance de l'expérience. (p.273)
La relecture serait comparable à revoir un tableau, c'est la réactivation d'une émotion. (Olivier Rolin, p.253)
La littérature a pour visée essentielle l'impossible et en ce sens elle nous fait éprouver le vertige de l'incompréhensible. Du coup, en relisant, on comprend de mieux en mieux à quel point on ne comprend pas. (Philippe Forest, p.185)
Je relis pour retrouver les traces d'un surgissement de la beauté. (Patrick Chamoiseau, p.138)
Il m'arrive de relire quelqu'un à l'occasion de l'une de ces commémorations patrimoniales qui sont, dans notre pays, la forme perverse de l'oubli. (Stéphane Audeguy, pp.119-120)
La relecture produit l'effet des passions. Le deuil qu'on éprouve à la fin d'un livre qu'on a adoré, on essaie de le combler en cherchant d'autres livres. (Marianne Alphant, p.99)
La problématique commune à l'érotisme et à la relecture: c'est par la répétition que se fait l'apprentissage du plaisir. (p.65)
La relecture entraîne, engage; elle aiguise le sens critique. En creusant la distance, elle stimule la construction d'une pensée autonome. Relire ouvre le droit de se contredire, et de contredire les autres. (p.54)
La seule lecture digne de ce nom, la lecture créative, c'est la relecture. (p.42)
C'est la lecture qui fait l’œuvre, soumise à une perpétuelle actualisation, une constante remise en mouvement. La relecture n'existerait pas plus que le recopiage. Chaque relecture serait en réalité une nouvelle lecture. (p.35)
Roman total, Don Quichotte problématise, dès l'origine et de façon singulièrement explicite, la question du doublement du monde, de sa re-présentation. Il est le livre de la relecture par excellence, une bibliothèque portative en abyme à lui seul. (p.34)
C'est pour essayer de comprendre la problématique essentielle derrières les vociférations, les jugements a priori et les pétitions de principe que j'ai écrit ce texte. Car à rebours des réactions scandalisées, à chaque fois que la cancel culture s'est manifestée quelque part, j'ai personnellement appris quelque chose.
Ce qui fait que l’affaire est médiatisée n’est pas tant le gravité du délit reproché que la notoriété de la personnalité dénoncée. Résultat, Ben Affleck, accusé par Hilarie Burton de lui avoir pincé le sein gauche sur un tournage en 2003, se verra mis sur le devant de la scène au même titre que le réalisateur James Toback, accusé par 395 femmes de harcèlements et d’agressions sexuelles.
Ma naïveté ne va pas jusqu'à penser que l'amour, le vrai, est affranchi de toutes relations de pouvoir. Mon expérience m'indique que travailler à les désactiver, à les désinnerver, à les effriter avec patience, augmente et fortifie l'ardeur du cœur et du corps.
. Le livre déploie sa partition, mais à la différence du mouvement contraint de la musique enregistrée que l'on écoute plutôt passivement, c'est la lecture qui joue avec le rythme, la vitesse, le timbre, qui manipule. La lecture serait plus proche de la pratique musicale que de l'écoute d'une pièce de musique.
En tant qu'écrivain, la relecture a ceci de particulier qu'elle peut être follement anarchique ; on ne sait pas ce qu'on cherche, dans ce moment particulier où l'on « fantasme des formes », au tout début d'un nouveau chantier, par exemple. On rêve à des formes possibles, à tâtons, et l'on s'empare de livres prélevés dans la bibliothèque pour les respirer plus que les relire, et parfois l'un vous emporte.
..la folie des communards était une folie morale.L'épidémie qui les a gagnés porte un nom: le socialisme, dont le but serait l'anéantissement des valeurs fondamentales de la civilisation. Guidés par la convoitise et l'aigreur, l'envie et la paresse, les révolutionnaires seraient des nihilistes sans programme, sinon de jouir du mal qu'ils prônent et propagent :
p.326
cette mention par Pinel d'une augmentation de la follie en période révolutionnaire est la première d'une longue série qui va parcourir tel un serpent de mer tout le 19ème siècle avec une sévère accumulation jusqu'à la Commune ultime Héritière accablée de tous les maux additionnés de 1793, 1830, et 1848 p 66