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Citations de Leonardo Padura (892)


La vie des juifs à La Havane était un épisode terminé dont il restait à peine quelques traces et bien peu d'envie de les évoquer. Le pressentiment puis la rapide confirmation que la révolution des rebelles choisirait le système socialiste avait entraîné le départ précipité et massif des israélites, ashkénazes et séfarades (pour une fois d'accord).
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L'esprit de ghetto s'était enraciné dans leur âme durant des siècles d'expérience et continuait à les poursuivre même quand ils jouissaient de liberté. Daniel trouvait absurde la continuelle volonté de vivre et progresser dans une proximité endogamique, en faisant des affaires entre juifs, des mariages entre juifs, des cérémonies entre juifs, des repas pour les juifs (mais toujours en marquant la différence entre ashkénazes et séfarades, entre riches et pauvres), autant de pratiques que son esprit libéral et ouvert rejetait, même s'il savait que son attitude était jugée intégrationniste par les rabbins et par tout croyant en un destin transcendantal choisi selon un plan divin comme mission pour les enfants d'Israël.
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Cependant, il fut encore plus douloureux de constater comment les gens du commun, toujours si ouverts, répétaient souvent ce qu'on leur avait inculqué : les juifs sont sales, criminels, mauvais payeurs, avares, communistes, disaient-ils... Ce que Daniel Kaminsky accablé par tant de découvertes, n'arriverait jamais à comprendre tout à fait, c'était que cela arrive dans un pays où, avant et après, les juifs s'intégrèrent en toute tranquillité, sans subir de discriminations particulières et sans aucune violence. Il semblait évident, il était évident, comme il parviendrait plus tard à le comprendre, que la propagande et l'argent nazi avaient atteint leur objectif, avec la collaboration prévisible du gouvernement des États-Unis et leur politique de quotas d'immigrants. Parallèlement, il était clair que le jeu politique cubain avait pris en otages les réfugiés ou que la somme dont disposaient les organisations juives pour acheter le débarquement des voyageurs ne serait pas suffisante pour les ambitions démesurées des hommes politiques. Il apprit aussi, pour toujours, que la libération des pires instincts de la masse manipulée est plus facile à exploiter qu'on ne le croit généralement. Même parmi les gentils Allemands si cultivés. Même parmi les joyeux Cubains si ouverts.
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Personne ne savait avec certitude comment cette peinture, une toile plutôt petite, avait atteri dans les mains des lointains Kaminsky, comme tout semblait l'indiquer au milieu du XVIIe siècle, peu après avoir été exécutée. Cette époque, qui fut la plus terrible jamais vécue par la communauté juive, ne tarderait pourtant pas à être surpassée en cruauté et en nombre de victimes. Malgré tout le temps écoulé, tous les juifs du monde connaissaient très bien l'histoire de la persécution, du martyre et de la mort de plusieurs milliers d'Hébreux aux mains des cosaques et des Tartares, ivres de sadisme et de haine, une boucherie qui avait repoussé les limites de l'horreur de 1648 à 1653.
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En effet... Il semblerait que ce portait du Christ soit arrivé dans la famille de mon père en 1648. Mes grands-parents, des juifs qui fuyaient les nazis, l'ont apporté à Cuba en 1939... C'était pour eux une sorte d'assurance-vie... Le tableau est resté à Cuba. Mais pas eux. Quelqu'un s'est emparé du Rembrandt...
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Kaminsky sortit un paquet de Camel et offrit une cigarette à Conde qui la refusa poliment. Il ne fumerait une de ces merdes parfumées et douceâtres qu'en cas de catastrophe nucléaire ou de danger de mort. Conde, en plus d'être affilié au Parti des Mangeurs de Haricots Noirs, était un patriote nicotinique, ce qu'il démontra en allumant une de ses dévastatrices Criollos, brunes et sans filtre.
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Yoyi était, sous tous rapports, un formidable spécimen de l'Homme Nouveau secrété par la réalité de l'environnement : insensible à la politique, shooté au plaisir ostentatoire de vivre, porteur d'une morale utilitaire.
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Souviens toi qu'il existe beaucoup de sortes d'écrivains. Il se mit à compter en se servant de tous les doigts qu'il put : les bons écrivains et les mauvais écrivains, les écrivains qui ont de la dignité et ceux qui n'en ont pas, les écrivains qui écrivent et ceux qui prétendent écrire, les écrivains fils de pute et ceux qui sont des personnes décentes ....
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Conde tira sur son cigare, avec un léger sourire narquois venu de sa mémoire la plus affective.
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- Les hémingwayens cubains ? Qu'est-ce que c'est que cela, une loge, un parti ?
- Ni l'un ni l'autre. Rien que des gens qui aiment Hemingway. Et il y a de tout ! Des écrivains, des journalistes, des professeurs, des ménagères et des retraités.
[...]
- C'est la foi pour la foi, mais sans église ni curés. Ce n'est pas mal, reconnut le Conde, qui admira l'existence de cette confrérie de croyants indépendants, à une époque où le syndicats étaient peuplés de sceptiques.
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- Tu sais quoi Manolo ? J'adorerai découvrir que c'est Hemingway qui a tué ce type. Cela fait des années que ce salopard me casse les couilles. Mais cela me ferait chier qu'on lui flanque sur le dos un cadavre avec lequel il n'a rien à voir.
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- Parce que je n'aime pas résoudre des affaires comme celle-ci : la personne la plus propre de toute l'histoire est finalement celle qui va aller pourrir en prison...
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Cela avait été un pacte entre hommes : avec pour seule et solide garantie le sens de l'honneur et de l'amitié appris dans les bas fonds et les quartiers de La Havane quand ces mots avaient encore un sens profond.
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De quoi devrais-je avoir honte, moi qui suis un vieux retraité qui aime regarder ce tableau ? A ce que je vois lieutenant, vous ne connaissez pas très bien ce quartier, où dans des maisons aussi confortables que celle-là on trouve d'autres tableaux aussi beau que celui-ci, acquis par des voies plus ou moins similaires, et où s'entassent en plus des sculptures en marbre ou en bois africain précieux, où les meubles du Nicaragua sont à la mode, où l'on appelle "companeras" les domestiques et où l'on élève des chiens de races exotiques qui mangent mieux que que 60 % de la population mondiale et 85 % de la population nationale... Non, bien sûr que je n'ai pas honte.
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Les origines de cet assassinat pervers comportaient tous les ingrédients de la vengeance, mais le plus important restait ignoré : quelle recette avait donné naissance à ce plat et qui en avait été le cuisinier.
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L'image du major, solitaire , en train de contempler le crépuscule dans le patio de sa maison, en pantoufles, tout en fumant un long havane et réfléchissant au meilleur moyen d'utiliser son oisiveté forcée, émut de nouveau la sensibilité du Conde. Après tout ce travail, cet homme ne méritait pas de finir comme ça.
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D'après les pages internationales du journal le monde semblait être plutôt mal en point, mais les pays socialistes - malgré les difficultés et les incessantes pressions extérieures - étaient décidés à ne pas abandonner la voie ascendante et victorieuse de l'histoire.
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Dans la zone du crime on n'avait rien trouvé de particulièrement révélateur : les détritus que l'on retrouve toujours dans ce genre d'endroits ; une bouteille, une capote usagée, des mégots, une clé rouillée, des restes de cigares sans marque et avec marque : Rey del Mundo, Montecristo, Coronas, et un peigne en plastique auquel il manquait six dents et même une dent de sagesse...
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Le major abandonna sa chaise et mit son Davidoff à contribution. Ce cigare prodigieux était comme un encensoir qui répandait sa fragrance à chaque exhalaison du Vieux.
[...]
Et il sortit, laissant derrière lui un nuage de fumée bleue et aromatique de Davidoff 5000, Gran Corona, de 14,2 cm, récolte de Vueltabajo, 1988, expédiée de Genève par le tsar en personne : Zino Davodoff.
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- Major, je viens vous présenter la démission.
Le Vieux le regarda un instant et, impassible, reposa son cigare dans le cendrier.
- C'est pas plus mal, dit-il en bâillant calmement. Descends au service du personnel et dis-leur de te préparer les papiers pour que je les signe. Pour mon hypertension, c'est plutôt une bonne nouvelle. Enfin je vais pouvoir travailler tranquille...
Le Conde sourit dépité
- Merde alors, on peut plus rigoler avec toi, vieux !
- Jamais on n'a pu ! rugit le Vieux plus qu'il ne parla.
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