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Citations de Leonardo Padura (892)


Il regarda Josefina et Carlos et perçut dans la paix du soir les effluves intenses de l'amour que lui inspiraient ces deux êtres irremplaçables avec lesquels il avait partagé presque toute sa vie et la plus grande partie de ses rêves et de ses frustrations, depuis le jour, toujours plus lointain mais jamais oublié où, en classe pré-universitaire, au lycée de La Víbora, il avait demandé au Flaco une lame de rasoir pour tailler la mine de son crayon et, sans plus d'efforts, ils avaient découvert qu'ils pouvaient être amis et avaient commencé à l'être.
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Cependant, la relation entre ces deux hommes, née de rapports purement commerciaux, avait réussi à franchir la barrière implacable des préjugés du Conde et avait commencé à se transformer en amitié, peut-être à cause de leurs manques, chacun d'eux trouvant un complément dans le caractère et les qualités de l'autre. L'impitoyable vision mercantile du jeune homme et le romantisme désuet du Conde, la dangereuse célérité de l'un, la parcimonie et les scrupules de l'autre, la véhémence parfois irréfléchie du Palomo et la rouerie que ses années d'expérience dans la police avaient apportée au Conde, créaient entre eux un équilibre particulier.
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Et voilà, c'est toute l'histoire. Je sais que maintenant il y a des gens qui n'ont plus à endurer autant d'épreuves qu'il y a cinq ou dix ans, il y en a même qui vivent très bien, mais nous, faites le compte, avec deux retraites de misère et personne pour nous envoyer des dollars, eh bien, je ne sais pas mais je crois que ça va de mal en pis.
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En plus, ces livres, je ne sais pas pourquoi, mais je leur en ai toujours voulu, pas aux livres eux-mêmes, mais à cause de ce qu'ils représentent, de ce qu'ils ont représenté : ils sont l'âme vivante des Montes de Oca, le souvenir de ce qu'ils ont été, et d'autres comme eux, qui se prenaient pour les maîtres du pays.
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C'est pour cela qu'ils ont pu faire venir les marbres d'Italie et de Belgique, les azulejos de Coimbra, le bois du Honduras, l'acier de Chicago, les rideaux d'Angleterre, les verreries de Venise et des décorateurs de Paris..
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M.Alcide Montes de Oca, qui au début a même sympathisé avec la révolution, a compris que les choses allaient changer plus qu'il ne l'avait escompté et en septembre 1960, quand la nationalisation des compagnies américaines a commencé, il est parti pour le nord avec ses deux enfants - sa femme était morte quatre-cinq avant, en 1956, et il ne s'était pas remarié.
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- Chacun des livres qui sont là derrière (il indiqua le magasin du fond) a son âme, sa vie, il a une part de l'âme et de la vie des gamins qui, comme toi, sont passés par cette bibliothèque et qui les ont lus au cours de ces trente années...J'ai classé chacun de ces livres, je les ai rangés à leur place, je les ai nettoyés, recousus, collés quand c'était nécessaire...Mon petit Conde, j'ai vu beaucoup de folies tout au long de ma vie. Qu'est-ce qui va leur arriver? Toi, tu vas avoir ton diplôme cette année et tu vas t'en aller. Moi, je pars à la retraite ou je meurs, mais je m'en vais aussi. Les livres vont être abandonnés à leur sort. J'espère que le prochain bibliothécaire les aimera autant que moi. Ce serait un malheur s'il n'en était pas capable. Chaque livre, n'importe lequel, est irremplaçable, chacun a un mot, une phrase, une idée qui attend son lecteur.
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Des bibliothèques inestimables , sédimentées par plusieurs générations et des bibliothèques constituées à la hâte par toutes sortes de parvenus; des bibliothèques spécialisées dans les thèmes les plus profonds ou les plus insolites et des bibliothèques faites de cadeaux d'anniversaire ou de mariage furent vouées par leurs propriétaires au plus cruel des sacrifices, sur l'autel païen du croissant besoin d'argent devant lequel s'étaient prosternés presque tous les habitants d'un pays trop souvent menacé de mort par inanition.
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Comme sous l'effet d'un sort maléfique et avec une rapidité effrayante, la pénurie de toute chose imaginable était devenue un état permanent capable de s'attaquer aux nécessités humaines les plus diverses. Sous les effets de la précarité, la valeur de chaque objet ou service fut redéfinie et se transforma en une chose différente de ce qu'elle était auparavant : cela allait d'une allumette à une aspirine, d'une paire de chaussures à un avocat, du sexe aux rêves et aux espoirs, tandis que les confessionaux des églises et les salles d'attente des santeros, spiritistes, cartomanciens, voyants et babalaos se peuplaient de nombreux nouveaux adeptes, avides d'une bouffée de consolation spirituelle.
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Les portes de la bibliothèque à peine ouvertes, il avait été frappé par l'odeur de vieux papier et de lieu sacré qui flottait dans cette pièce hallucinante, et Mario Conde, qui au long de ses lointaines années d'inspecteur de police avait appris à reconnaître les effets physiques de ses prémonitions salvatrices, dut se demander si, par le passé, il avait déjà été envahi par une foule de sensations aussi foudroyantes.
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L'expérience lui avait appris qu'il n'est pas nécessaire d'anticiper les mauvaises nouvelles : leur poids finit toujours par les faire tomber.
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En terminant de lui raconter l'histoire, y compris la recherche de la biographie de Trotski pour laquelle je l'avais mis à contribution, pour la première fois, je sentis que j'étais vraiment en train d'écrire un livre. C'était une sensation mi-jubilatoire mi-douloureuse que j'avais oubliée depuis bien longtemps, mais qui était restée en moi, comme une maladie chronique. Le plus terrible, cependant, c'est qu'à ce moment-là, j'eus aussi pleinement conscience que Ramón Mercader m'inspirait, plus que tout autre, le sentiment déplacé que lui-même exécrait et qui, moi, m'épouvantait du simple fait de l'éprouver : la compassion.
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Presque craintivement, je me risquais à lui demander :
- Et toi, pourquoi tu ne pars pas ?
Il me regarda, et dans ses yeux il n'y avait pas la moindre ironie ni le cynisme par lesquels il tentait de se défendre du monde, mais qui lui étaient de si peu d'utilité quand il devait se protéger de lui-même et de ses vérités.
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Ce qui est certain, c'est que [...] j'appris que la véritable grandeur humaine réside dans la pratique de la bonté sans condition, dans la capacité de donner à ceux qui n'ont rien non pas le superflu mais une partie du peu que nous avons. Donner à en avoir mal, ne pas faire de politique ni prétendre par cet acte à une quelconque prééminence, et encore moins pratiquer la trompeuse philosophie qui consiste à obliger les autres à accepter nos conceptions du bien et de la vérité parce qu'elles sont (croyons-nous) les seules possibles et parce que, de plus, ils doivent nous être reconnaissants de ce que nous leur avons donné même s'ils n'ont rien demandé.
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- Je t'ai demandé de venir aujourd'hui parce que je veux te raconter cette histoire, Iván, me dit l'homme qui aimait les chiens. J'y ai beaucoup réfléchi et je suis décidé. Tu veux bien l'écouter ?
- Je ne sais pas, dis-je, presque sans réfléchir, et j'étais totalement sincère.
Plus tard, je me demanderais si c'était la réponse la plus intelligente à une des questions les plus insolites de toute ma vie : peut-on vouloir ou pas qu'on vous raconte une histoire que vous ignorez, dont vous n'avez pas la moindre putain d'idée ? Mais à cet instant-là, c'était la seule réponse qui m'était venue à l'esprit.
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tu comprends que quand nous avons accepté la mission la plus honorable (....) nous allions mettre en oeuvre une vengeance que le cerveau malade de Staline estimait nécessaire pour conserver le pouvoir ?
- Staline n'était pas un malade. Aucun malade ne gouverne la moitié du monde durant trente ans. (...)
- c'est vrai mais une part de lui était malade..on dit qu'il a tué dans les vingt millions de personnes..un million c'etzit peut-être nécessaire mais les dix-neuf autres millions, c'est de la maladie, tu ne crois pas ?
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Ecoute, Ramon, parmi toutes les choses que tu dois apprendre il y a la patience et le fait de savoir qu'on ne frappe pas ses ennemis quand ils sont debout mais quand ils ont été mis à genoux. et alors c'est là qu'on leur en fout plein la gueule !
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La densité de l'air était une caresse sur la peau et de la mer étincelante s'élevait à peine un murmure apaisant. On pouvait sentir là combien le monde, certains jours, dans des moments magiques, nous offre la trompeuse impression d'être un lieu accueillant, fait à la mesure des rêves et des plus étranges désirs de l'homme. La mémoire, pénétrée de cette atmosphère détendue, parvenait à s'égarer et à faire oublier les rancoeurs et les peines.
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Je suis parfois si exagérément méfiant qu'il m'arrive de me demander si tout cet enchaînement de décisions mondiales, nationales et personnelles (on parlait même de la "fin de l'histoire", juste au moment où nous commencions à nous faire une idée de ce qu'avait été celle du XXe siècle) n'avait pas eu pour seul objectif que ce soit moi qui reçoive, une fin d'après-midi pluvieuse, la jeune femme désespérée et trempée qui se présenta à la clinique, un caniche ébouriffé dans les bras, et me supplia de sauver son chien qui souffrait d'une occlusion intestinale.
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Comme tu le vois, les gens évitent de passer par là, dit Grigoriev. Nous sommes place de la Peur, dit-il après une pause. Une peur que nous avons cultivée avec soin, une peur nécessaire. On raconte beaucoup d'histoires sur la Loubienka, presque toutes terribles. Et je peux te dire que la plupart sont vraies. Les bourgeois savent très bien se servir de la peur, et nous avons dû apprendre à nous en servir : sans la peur, on ne peut ni gouverner, ni pousser le pays vers l'avenir.
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