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2.78/5 (sur 54 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Loïc Merle est né en 1978. Il a vécu à Lyon, à Paris et en Allemagne, où il a passé six ans et s’est décidé à écrire. L’Esprit de l’ivresse, publié chez Acte Sud, est son premier roman.

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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Néanmoins le fleuve se méritait, n'attendait pas particulièrement ma venue, n'accueillait pas dans sa grâce la première venue. En tout cas, ayant traversé des âges et des âges, il n'aurait pas dû s'arrêter pour moi, et stagner ainsi comme une eau lourde et morte que les dernières lueurs du jour finissant baignaient, mais ne pénétraient pas ; je ne me le rappelais pas aussi sournois, quand bien même il mentait et trompait souvent, nageurs naïfs, nageurs rêvant d'ailleurs, et les jeunes femmes désabusées également. Et me voici pourtant, longeant son cours comme on caresse un bras, avec la pulpe de mes doigts, c'est-à-dire avec l’extrémité la moins pesante et la plus délicate de mon être, bientôt retenue dans ma dérive par un pont, la sentinelle du fleuve, même si celui-ci n'avait rien d'imposant : il disparaissait presque dans le soleil couchant, dans le soleil enflé, il avait l'air fragile, avec sa fine armature d'acier peint en verre et tacheté de rouille, son plancher d'hôtel de bain de mer, souffreteux comme un rejeton maladif de la noblesse, et cambré comme un chat qui s'étire, ou qui fait le gros dos devant une étendue d'eau. Mais ses piles massives démentaient cette impression hâtive, en bravant résolument le courant pour trouver un ancrage dans les siècles, et se nourrit d'un sel qui le garderait d'un lit toujours mouillé, une amertume décisive qui fondait son intransigeance. Aussi, le traversant, et sentant sous nos pieds cette consistance et nous figurant son endurance, on pensait à lui sans manquer une fois, on le remerciait rapidement, d'une petite génuflexion mentale, de nous faire passer de l'autre côté, quand bien même le fleuve était calme, et le temps paisible, on le bénissait presque d'accomplir ce petit miracle entre deux berges, d'être ce symbole compréhensible d'une idée dont on ne pouvait trouver aucune autre réalisation aussi concrète et aussi évidente ; et, négligeant cette dévotion par hasard, par étourderie ou par défi, on avait immédiatement l'impression d'être malpoli et bête, et nous admirions de plus belle cet effort qui nous soutenait dans nos tentatives de rejoindre un autre bord, inconnu et hostile, comme le signe d'une amitié véritable – cette suprême indifférence à nos querelles et à nos défauts.
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Il est vrai qu’après avoir reçu un message alarmant à son propos, dans le désert où je me trouvais alors, j’avais laissé en plan mon coûteux matériel militaire et quitté l’uniforme, pensant tout juste à demander la permission de partir. Et, c’est un fait, je m’étais envolé vers lui, même si j’avais dû faire escale entretemps et patienter toute une semaine sur une île, buvant et vomissant beaucoup, tout de même j’avais eu la sensation de voler d’une traite, puis, sitôt atterri, d’avoir roulé vers lui à toute allure. Mais, une fois revenu dans ma ville natale, à C., devant la clinique, je repris mes esprits… Les choses n’avaient guère changé… Une certaine atmosphère, pesante comme le brouillard qui stagnait et pénétrait les os, attaquait les os… Je sentais à nouveau le poids de la montagne, ses bras m’étreindre… L’ombre de la grande montagne, que j’avais fuie des années auparavant, derrière moi…
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... s'accorder au temps et aux choses tels qu'ils étaient et non tels qu'il les désirait...
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Rien de plus facile que d’invoquer la violence, que d’écarter d’un revers de main des générations d’efforts, d’entente et de compréhension, rien de plus facile que de céder à la facilité des coups. Cependant, une fois déclenchée, la violence consiste en spirales qu’on arrête difficilement, qui opposent sans but l’homme à l’homme et paralysent la démocratie, la ramènent vers les ténèbres des origines où elle finit par mourir sans un bruit.
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Mais qui était-il alors ? Ceux qui le connaissaient apparemment ne disent rien, les yeux baissés, et nul passant n'ose les interroger. Et puis le corps a été emporté bien vite malheureusement, et il ne reste plus grand-chose à voir, hormis cette petite mare de liquide visqueux d'où partent de larges traînées, plus claires, et des empreintes de grosses chaussures. De temps à autre, quelqu'un remarque à voix haute que personne n'a pris le soin de verser du sable sur la flaque pour absorber et faire disparaître complètement le sang, ou osé nettoyer à grands seaux d'eau, mais ne s'en étonne pas ; on se dit que le bitume poreux et la chaleur, le temps qui passe, et toutes ces choses qui semblaient inutiles jusqu'à présent, s'en chargeront bien.
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Ce soir, cependant, et alors que tout en lui paraissait s'être définitivement effondré, il lui semblait pouvoir visiter ses propres catacombes, sans que cette expérience eût rien d'insoutenable : il contemplait sereinement ses plus solides fondations, l'ensemble de ses petites morts et l'empilement des crânes, il faisait le tour des piliers qui avaient soutenu ses années - aujourd'hui une certaine angoisse avait pris fin, et il ne demeurait plus dans le monde haut et figé des valeurs qui ne font que se perpétuer à l'identique et où l'on mourait comme l'on avait vécu, dans la vénération de la pondération, du mérite, de la famille, du sang et de l'ordre des nations...
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À la vue des lourdes portes à battants de l’entrée, dont l’ouverture paraissait réclamer un mot de passe que je ne connaissais pas, il me sembla être sur le point de pénétrer un territoire interdit et dangereux. Bien sûr il se pouvait que, à peine sorti de ma zone de guerre, mon imagination me joue des tours. Pourtant, dès le premier hall, les odeurs tout à coup agressives, et les règles obscures concernant l’hygiène et la sécurité, au nombre de seize, les nombreuses interdictions, le dépouillement obligatoire des bijoux et de la montre que l’on portait, tout indiquait une sorte de sanctuaire où, contrairement à ce qui se passait au-dehors, comptaient les énigmes insolubles posées par les corps à la dérive, maltraités, les questions pratiques, la sobriété, où les traitements particuliers n’existaient pas, où il était impensable de ne pas suivre la procédure – je crois qu’il s’agissait, avant de franchir le pas, d’oublier qui l’on était.
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Je me rappelle une histoire qu'il ne cessait de me raconter, je ne sais toujours pas si elle est vraie, je n'ai jamais voulu vérifier, celle d'un navigateur dans les années soixante ou soixante-dix, qui, s'apprêtant à gagner une course autour du monde, en solitaire et sans escale, comme on dit, rebrousse chemin juste avant de franchir le ligne d'arrivée, ligne de toute façon imaginaire, avait-il dû se dire, sabote sa radio et s'en va en direction de l'océan indien, ni plus vite ni plus lentement que pendant la course, puis accoste sur un des milliers d'atolls que compte la Polynésie, avant de s'enfoncer, seul, dans la jungle. Kérim aurait aimé être comme ce navigateur, ou, mieux, que moi je sois comme ce navigateur, et que je l'entraîne dans son sillage - il rêvait surtout d'être n'importe qui d'autre, alors, d'avoir la possibilité; n'importe où ailleurs.
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D’évidence, ce crépuscule était une nouvelle fois dédié au passé, aux morts, à la matière en putréfaction, que les couleurs inaltérables du soir d’été ramenaient à la conscience. Les coins noirs du ciel faisaient office de crêpe, les sas tamisés entre jour et ténèbres évoquaient autant de passages vers l’autre monde (…), et du cœur des Iris s’élevait un grondement continu, un bruit sourd de moteur qui figurait la détresse et les pleurs...
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Souvent la haine qu'on nous porte est un bon indicateur de justesse de ce que nous faisons.
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