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Citations de Louis-Ferdinand Céline (2878)


La recrue était bonne pour un litre chaque fois qu'il se perçait un bubon... Tarif de la chambre. Fallait que ça s'arrose. Toujours du même blanc par exemple, le vrai de la cantine, le "souffle du feu"... Le Meheu en voulait pas d'autre. Celui de la ville ? Une tisane ! Un coco fade, une tromperie ! Le nôtre ? pardon ! un embrasement ! Du volcan de poitrine ! Trois années de biberon vitriol ça vous cuit l'âme pour l'existence.
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S'il arrive que je divague, loin des tempêtes à présent, des avalanches, du mauvais sort, c'est d'avoir trop raclé ma tête dans tous les bastringues des pourtours, d'avoir trop fendu la camelote avec mon tarin, à vif, dans toutes les pistes au galop, de tous les manèges au 16ème, au petit bonheur des biques folles, à la frénésie chevaline. Je me suis senti battant de cloche pendant des années, le crâne en gong pour ainsi dire. Je titube encore de la mémoire. Je peux plus voir un cheval en peinture !
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À Gaston Gallimard Le 21 [mai 1952]

25ter Routes des Gardes
Meudon

Mon cher Ami

J’ai essayé de vous téléphoner... mais folie de moi ! Ce grand vent de jeanfoutrerie Pentecôte Patati Ascension tourneboule les appareils ! nous voilà en novembre ! grandes vacances ! Pas libre Pas libre ! Je renonce... Je ne sais pas quand Féérie sera terminé... imprimé ? St Glinglin ? Si vous parvenez à un moment d’accalmie avant la Toussaint... ayez la grâce de me faire savoir ce que vous pensez de notre dernière conversation ?
Votre bien amical

Destouches
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Les crépuscules dans cet enfer africain se révélaient fameux. On n'y coupait pas. Tragiques chaque fois comme d'énormes assassinats du soleil. Un immense chiqué. Seulement c'était beaucoup d'admiration pour un seul homme. Le ciel pendant une heure paradait tout giclé d'un bout à l'autre d'écarlate en délire, et puis le vert éclatait au milieu des arbres et montait du sol en traînées tremblantes jusqu'aux premières étoiles. Après ça le gris reprenait tout l'horizon et puis le rouge encore, mais alors fatigué le rouge et pas pour longtemps. Ça se terminait ainsi. Toutes les couleurs retombaient en lambeaux, avachies sur la forêt comme des oripeaux après la centième. Chaque jour sur les six heures exactement que ça se passait.
Et la nuit avec tous ses monstres entrait alors dans la danse parmi ses mille et mille bruits de gueules de crapauds.
La forêt n'attend que leur signal pour se mettre à trembler, siffler, mugir de toutes ses profondeurs. Une énorme gare amoureuse et sans lumière, pleine à craquer. Des arbres entiers bouffis de gueuletons vivants, d'érections mutilées, d'horreur. On en finissait par ne plus s'entendre entre nous dans la case.
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Le puritanisme anglo-saxon nous dessèche chaque mois davantage, il a déjà réduit à peu près à rien la gaudriole impromptue des arrière-boutiques. Tout tourne au mariage et à la correction.
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On dénichait dans la nuit çà et là des quarts d'heure qui ressemblaient assez à l'adorable temps de paix, à ces temps devenus incroyables, où tout était bénin, où rien au fond ne tirait à conséquence, où s'accomplissait tant d'autres choses, toutes devenues extraordinairement, merveilleusement agréables. Un velours vivant, ce temps de paix…
Mais bientôt les nuits, elles aussi, à leur tour, furent traquées sans merci. Il fallut presque toujours la nuit faire encore travailler sa fatigue, souffrir un petit supplément, rien que pour manger, pour trouver le petit rabiot de sommeil dans le noir.
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On croisait parfois des voyous. Ils apostrophaient ma mère. Si je me retournais je prenais une tarte. Quand la boue devenait si molle, si visqueuse qu'on perdait ses godasses dedans, alors c'est que nous étions plus loin. La bicoque de Madame Héronde dominait un terrain vague. Le clebs nous avait repérés. Il gueulait tout ce qu'il pouvait. On apercevait la fenêtre.
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La grande fatigue de l'existence n'est peut-être en somme que cet énorme mal qu'on se donne pour demeurer vingt ans, quarante ans, davantage, raisonnable, pour ne pas être simplement, profondément soi-même, c'est-à-dire immonde, atroce, absurde. Cauchemar d'avoir à présenter toujours comme un petit idéal universel, surhomme du matin au soir, le sous-homme claudicant qu'on nous a donné.
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Etre seul, c'est s'entraîner à la mort.
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Il existe pour le pauvre en ce monde deux grandes manières de crever, soit par l'indifférence absolue de vos semblables en temps de paix, ou par la passion homicide des mêmes en la guerre venue. S'ils se mettent à penser à vous, c'est à votre torture qu'ils songent aussitôt les autres, et rien qu'à ça. On ne les intéresse que saignants, les salauds ! […] Dans l'imminence de l'abattoir, on ne spécule plus beaucoup sur les choses de son avenir, on ne pense guère qu'à aimer pendant les jours qui vous restent puisque c'est le seul moyen d'oublier votre corps un peu, qu'on va vous écorcher bientôt du haut en bas.
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Dans la journée c'était pas drôle. C'était rare que je pleure pas une bonne partie de l'après-midi. Je prenais plus de gifles que de sourires, au magasin. Je demandais pardon à propos de n'importe quoi, j'ai demandé pardon pour tout.
Fallait se méfier du vol et de la casse, les rogatons c'est fragile. J'ai défiguré sans le faire exprès des tonnes de camelote. L'antique ça m'écœure encore, c'est de ça pourtant qu'on bouffait. C'est triste les raclures du temps… c'est infect, c'est moche. On en vendait de gré ou de force. Ça se faisait à l'abrutissement. On sonnait le chaland sous les cascades de bobards… les avantages incroyables… sans pitié aucune… Fallait qu'il cède à l'argument… Qu'il perde son bon sens… Il repassait la porte ébloui, avec la tasse Louis XIII en fouille, l'éventail ajouré bergère et minet dans un papier de soie. C'est étonnant ce qu'elles me répugnaient moi les grandes personnes qui emmenaient chez elles des trucs pareils…
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Ma mère je l'entends qui insiste… Elle raconte son existence à Madame Vitruve… Elle recommence pour qu'elle comprenne combien j'ai été difficile ! … Dépensier !… Insoucieux !… Paresseux !… Que je tenais pas du tout de mon père… Lui si scrupuleux alors… si laborieux… si méritant… si déveinard… qu'est décédé l'autre hiver… Oui… Elle lui raconte pas les assiettes qu'il lui brisait sur le cocon…
[…]
Ma mère raconte pas non plus comment qu'il la trimbalait, Auguste, par le tifs, à travers l'arrière-boutique. Une toute petite pièce vraiment pour des discussions…
Sur tout ça elle l'ouvre pas… Nous sommes dans la poésie… Seulement qu'on vivait à l'étroit mais qu'on s'aimait énormément. Voilà ce qu'elle raconte. Il me chérissait si fort papa, il était si sensible en tout que ma conduite… les inquiétudes… mes périlleuses dispositions, mes avatars abominables ont précipité sa mort… Par le chagrin évidemment… Que ça s'est porté sur son cœur !… Vlan ! Ainsi que se racontent les histoires… Tout ça c'est un peu raisonnable, mais c'est rempli bien plus encore d'un tas d'immondes crasseux mensonges… Les garces elles s'animent tellement fort à se bourrer la caisse toutes les deux qu'elles couvrent les bruits du piano…
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Ne croyez jamais d’emblée au malheur des hommes. Demandez-leur seulement s’ils peuvent dormir encore…si oui, tout va bien. Ça suffit.
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Il n’arrêtait pas de se gratter tout autour de lui-même, giratoirement pour ainsi dire, de l’extrémité de la colonne vertébrale à la naissance du cou. Il se sillonnait l’épiderme et le derme même de rayures d’ongles sanglantes, sans cesser pour cela de servir les clients, nombreux. […]
Avec sa main libre, il plongeait alors, affairé, en diverses cachettes, et à droite et à gauche dans la ténébreuse boutique. Il en soutirait sans jamais se tromper, habile et prompt à ravir, très justement ce qu’il fallait au chaland de tabac en branches puantes, d’allumettes humides, de boîtes de sardines et de mélasse à la grosse cuiller, de bière suralcoolique en canettes truquées qu’il laissait retomber brusquement si la frénésie le reprenait d’aller se gratter, par exemple, dans les grandes profondeurs de son pantalon. Il y enfonçait alors le bras entier qui ressortait bientôt par la braguette, toujours entrebâillée par précaution.
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Soudain, on a découvert que tout le monde était " pâlot ". On se refilait des conseils entre boutiques et magasins. On ne pensait plus que par microbes et aux désastres de l'infection. Les mômes ils l'ont sentie passer la sollicitude des familles. Il a fallu qu'ils se tapent l'Huile de Foie de Morue, renforcée, à redoublement, par bonbonnes et par citernes. Franchement ça faisait pas grand-chose… Ça leur donnait des renvois. Ils en devenaient encore plus verts, déjà qu'ils tenaient pas en l'air, l'huile leur coupait toute la faim.
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Aux malheureux, retiens mon avis, c'est l'occupation qui manque, c'est pas la santé… Ce qu'ils veulent c'est que tu les distrayes, les émoustilles, les intrigues avec leurs renvois… leurs gaz… leurs craquements… que tu leur découvres des rapports… des fièvres… des gargouillages… des inédits !… Que tu t'étendes… que tu te passionnes… C'est pour ça que t'as des diplômes… Ah ! s'amuser avec sa mort tout pendant qu'il la fabrique, ça c'est tout l'Homme, Ferdinand ! Ils la garderont leur chaude-pisse, leur vérole, tous leurs tubercules. Ils en ont besoin ! Et leur vessie bien baveuse, le rectum en feu, tout ça n'a pas d'importance ! Mais si tu te donnes assez de mal, si tu sais les passionner, ils t'attendront pour mourir, c'est ta récompense !

MORT À CRÉDIT.
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- Ou c'est que vous êtes malades ? s'inquiétait-elle.
- Partout mais pas au zizi! fit un artilleur en réponse.
(Page85)
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Les gens se vengent des services qu'on leur rend.
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Destinée ou pas, on en prend marre de vieillir, de voir changer les maisons, les numéros, les tramways et les gens de coiffure, autour de son existence. Robe courte ou bonnet fendu, pain rassis, navire à roulettes, tout à l'aviation, c'est du même ! On vous gaspille la sympathie. Je veux plus changer. J'aurais bien des choses à me plaindre mais je suis marié avec elles, je suis navrant et je m'adore autant que la Seine est pourrie. Celui qui changera le réverbère crochu au coin du numéro 12 il me fera bien du chagrin. On est temporaire, c'est un fait, mais on a déjà temporé assez pour son grade.
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La plupart des gens ne meurent qu'au dernier moment; d'autres commencent et s'y prennent vingt ans d'avance et même davantage. Ce sont les malheureux de la terre.
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