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Citations de Louis-Ferdinand Céline (2878)


Ils en voulaient pas de la guerre ? C'était bien simple, bien facile, ils avaient qu'à écrire une lettre chacun à leur député, qu'ils en voulaient pas de cette guerre, qu'ils en voulaient à aucun prix, sauf "casus belli" par l'Allemagne.
Jamais on l'aurait déclaré.
Ça leur coûtait un franc. C'était vraiment de la bonne dépense et de la bonne démocratie. Je crois qu'on l'a sentie venir cette guerre, qu'on a été des plus prévenus, cent fois, mille fois plus qu'en 14 ! en toute connaissance de la cause ! [...] La connerie a été donc faite, sciemment, délibérément, par une bande de cons.
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Il est mariole Léonce Poitrat, c'est un fortiche aux réunions… Dans les chantages confédérés il peut hurler pendant deux heures. Personne le fait taire… Si on a changé sa motion, il devient enragé sur un mot. Il gueule plus fort qu'un colonel. Il est bâti en armoire. Pour la jactance il craint personne, pour la queue non plus, il bande dur comme trente-six biceps. Il a un bonheur en acier. Voilà. Il est secrétaire du " Syndic des Briques, Couvertures " de Vanves La Révolte. Secrétaire élu. Les poteaux sont fiers de Léonce, qu'est si fainéant, si violent. C'est le plus beau maquereau du travail.
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"Oh ! Vous êtes donc tout à fait lâche, Ferdinand ! Vous êtes répugnant
comme un rat...
- Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu'il y a
dedans... Je ne la déplore pas moi... Je ne me résigne pas moi... Je ne
pleurniche pas dessus moi... Je la refuse tout net, avec tous les hommes
qu'elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec elle. Seraientils
neuf cent quatre-vingt-quinze millions et moi tout seul, c'est eux qui
ont tort, Lola, et c'est moi qui ai raison, parce que je suis le seul à savoir
ce que je veux : je ne veux plus mourir.
- Mais c'est impossible de refuser la guerre, Ferdinand ! Il n'y a que les
fous et les lâches qui refusent la guerre quand leur Patrie est en danger...
- Alors vivent les fous et les lâches ! Ou plutôt survivent les fous et les
lâches ! Vous souvenez-vous d'un seul nom par exemple, Lola, d'un de ces
soldats tués pendant la guerre de Cent ans ? ... Avez-vous jamais cherché
à en connaître un seul de ces noms ? ... Non, n'est-ce pas ? ... Vous
n'avez jamais cherché ? Ils vous sont aussi anonymes, indifférents et plus
inconnus que le dernier atome de ce presse-papiers devant nous, que
votre crotte du matin ... Voyez donc bien qu'ils sont morts pour rien,
Lola ! Pour absolument rien du tout, ces crétins ! Je vous l'affirme ! La
preuve est faite ! Il n'y a que la vie qui compte. Dans dix mille ans d'ici, je
vous fais le pari que cette guerre, si remarquable qu'elle nous paraisse à
présent, sera complètement oubliée... A peine si une douzaine d'érudits se
chamailleront encore par-ci, par-là, à son occasion et à propos des dates
des principales hécatombes dont elle fut illustrée... C'est tout ce que les
hommes ont réussi jusqu'ici à trouver de mémorable au sujet les uns des
autres à quelques siècles, à quelques années et même à quelques heures
de distance... Je ne crois pas à l'avenir, Lola..."
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Louis-Ferdinand Céline
Quand la haine des hommes ne comporte aucun risque, leur bêtise est vite convaincue, les motifs viennent tout seuls.
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Élection égal Baratin, égal achat des ahuris, égal flagornerie des foules, égal Bistrot empereur des Rots, égal Français "premier du monde", égal noyade en vinasse, égal Grande Presse et Ratata, grande radio, égal grande ribote des votants, égal la folle foire d'empoigne, égal viande saoule à discrétion, égal Parlement de Laquais, commissionnaires de cantons, laquais d'enchères, laquais de Loges, laquais de juifs, laquais à toutes sauces, laquais éperdus d'astuce, à ramper, bramer, farfouiller, boîtes et ordures en tous genres, [...] toutes hécatombes en tous genres, la France en tige, en fleur, en herbe, fauchée selon la méthode, les clauses du véritable pacte, le seul qui importe, le seul respecté : Vote aux Aryens, Urnes aux juifs.
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Comment c'est vilain les hypocrites ! Pourquoi ils disent les Français qu'ils ont pas voulu la guerre ? Ils l'ont bel et bien voulue. Ils ont tous été derrière Daladier au moment de la Déclaration, tout autant que derrière Clémenceau, et puis après derrière Mandel et puis encore derrière Reynaud et puis derrière n'importe qui !... Cocorico !
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La lente angoisse du renvoi sans musique, toujours si près des retardataires (avec un certificat sec) quand le patron voudra réduire ses frais généraux. Souvenirs de " Crise " à fleur de peau, de la dernière fois sans place, de tous les Intransigeant qu’il a fallu lire, cinq sous, cinq sous... des attentes à chercher du boulot... Ces mémoires vous étranglent un homme, tout enroulé qu’il puisse être dans son pardessus " toutes saisons ".
La ville cache tant qu’elle peut ses foules de pieds sales dans ses longs égouts électriques. Ils ne reviendront à la surface que le dimanche. Alors, quand ils seront dehors faudra pas se montrer. Un seul dimanche à les voir se distraire, ça suffirait pour vous enlever à toujours le goût de la rigolade. Autour du métro, près des bastions croustille, endémique, l’odeur des guerres qui traînent, des relents de villages mi-brûlés, mal cuits, des révolutions qui avortent, des commerces en faillite. Les chiffonniers de la zone brûlent depuis des saisons les mêmes petits tas humides dans les fossés à contrevent. C’est des barbares à la manque ces biffins pleins de litrons et de fatigue. Ils vont tousser au Dispensaire d’à côté, au lieu de balancer les tramways dans les glacis et d’aller pisser dans l’octroi un bon coup. Plus de sang. Pas d’histoires. Quand la guerre elle reviendra, la prochaine, ils feront encore une fois fortune à vendre des peaux de rats, de la cocaïne et des masques en tôle ondulée.
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C'est tout le monde qu'a été malade, malade de bidon, malade de jactance, malade de la peur de mourir. Les partout monuments aux morts ont fait beaucoup de tort à la guerre. Tout un pays devenu cabot, jocrisses-paysans, tartufes-tanks, qui voulait pas mourir en scène. Au flan oui ! pour reluire ? présent ! Exécuter ? maldonne !...
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Ré !… fa !… sol dièse !… mi !… Merde ! Il en finira jamais ! Ça doit être l'élève qui recommence… Quand la fièvre s'étale, la vie devient molle comme un bide de bistrot… On s'enfonce dans un remous de tripes. […] Non ! Ré, do, mi ! ré bémol !… C'est l'élève qui se remet en difficulté… Il escalade les doubles croches… Il passe dans les doigts du maître… Il dérape… Il en sort plus… Il a des dièses plein les ongles… « Au temps ! » que je gueule un fort coup.
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Les choses auxquelles on tenait le plus, vous vous décidez un beau jour à en parler de moins en moins, avec effort quand il faut s’y mettre. On en a bien marre de s’écouter toujours causer... On abrège... On renonce... Ça dure depuis trente ans qu’on cause... On ne tient plus à avoir raison. L’envie vous lâche de garder même la petite place qu’on s’était réservée parmi les plaisirs... On se dégoûte... Il suffit désormais de bouffer un peu, de se faire un peu de chaleur et de dormir le plus qu’on peut sur le chemin de rien du tout. Il faudrait pour reprendre de l’intérêt trouver de nouvelles grimaces à exécuter devant les autres... Mais on n’a plus la force de changer son répertoire. On bredouille. On se cherche bien encore des trucs et des excuses pour rester là avec eux les copains, mais la mort est là aussi elle, puante, à côté de vous, tout le temps à présent et moins mystérieuse qu’une belote. Vous demeurent seulement précieux les menus chagrins, celui de n’avoir pas trouvé le temps pendant qu’il vivait encore d’aller voir le vieil oncle à Bois-Colombes, dont la petite chanson s’est éteinte à jamais un soir de février. C’est tout ce qu’on a conservé de la vie. Ce petit regret bien atroce, le reste on l’a plus ou moins bien vomi au cours de la route, avec bien des efforts et de la peine. On n’est plus qu’un vieux réverbère à souvenirs au coin d’une rue où il ne passe déjà presque plus personne.
Tant qu’à s’ennuyer, le moins fatigant, c’est encore de le faire avec des habitudes bien régulières.
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Tom précédait notre aventure, le trou de son cul c'était le repère. Il avait le temps de pisser partout. L'oncle Édouard, pas seulement il était adroit, il avait une science infinie de tous les raccommodages. Vers la fin de nos excursions, c'est lui qui retenait tout dans ses mains, la mécanique c'était ses doigts, il jonglait dans les cahots avec les ruptures et les tringles, il jouait des fuites comme du piston. C'était merveilleux de le voir en acrobatie. Seulement un moment donné quand même tout foirait à travers de la route… Alors on prenait de la bande, la direction filochait, on allait à dame au fossé. Ça crevait, giclait, renâclait un grand coup dans le fond de la mouscaille.
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On est puceau de l'Horreur comme on l'est de la volupté.
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Les moustiques s'étaient chargés de les sucer et de leur distiller à pleines veines ces poisons qui ne s'en vont plus… Le tréponème à l'heure qu'il était leur limaillait déjà les artères… L'alcool leur bouffait les foies… Le soleil leur fendillait les rognons… Les morpions leur collaient aux poils et l'eczéma à la peau du ventre. La lumière grésillante finirait bien par leur roustiller la rétine !… Dans pas longtemps que leur resterait-il ! Un bout de cerveau… Pour en faire quoi avec ? Je vous le demande ?… Là où ils allaient ? Pour se suicider ? Ça pouvait leur servir qu'à ça un cerveau là où ils allaient…
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Mais c'est au moment précis qu'elle tirait sur la suspension, le beau globe jaune à crémaillère, qu'il entrait franchement en furie. « Clémence ! Voyons ! Nom de Dieu ! Tu vas nous foutre un incendie ! Je t'ai bien dit de la prendre à deux mains ! » Il poussait des affreuses clameurs, il s'en serait fait péter la langue tellement qu'il était indigné. Dans la grande transe, il se poussait au carmin, il se gonflait de partout, ses yeux roulaient comme d'un dragon. C'était atroce à regarder. On avait peur ma mère et moi. Et puis il cassait une assiette et puis on allait se coucher…
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Dans la vie courante, réfléchissons que cent individus au moins dans le cours d'une seule journée bien ordinaire désirent votre pauvre mort, par exemple tous ceux que vous gênez, pressés dans la queue derrière vous au métro, tous ceux encore qui passent devant votre appartement et qui n'en ont pas, tous ceux qui voudraient que vous ayez achevé de faire pipi pour en faire autant, enfin, vos enfants et bien d'autres. C'est incessant. On s'y fait.
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C'était un jour tranquille… Rien de particulier… Toujours les mêmes groupes parlocheurs, bavocheurs, qui fermentaient dans les pourtours… […]
Il se passe encore une heure ou deux… Le soleil commence à tomber… Voilà les six heures qui sonnent… C'était le moment désagréable, celui dont je me méfiais le plus… L'heure dégueulasse par excellence pour les raffuts, les bagarres… surtout avec notre clientèle… C'est l'instant foireux où tous les magasins relâchent leurs petits maniaques, leurs employés trop ingénieux… Tous les folichons sont en bombe !… […] Ils nous tombaient sur la cerise toujours en guise d'apéritif !…
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Louis-Ferdinand Céline
La misère poursuit implacablement et minutieusement l'altruisme et les plus gentilles initiatives sont impitoyablement châtiées.

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT.
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Louis-Ferdinand Céline
Pauvre banlieue parisienne, paillasson devant la ville où chacun s'essuie les pieds, crache un bon coup, passe, qui songe à elle ? Personne. Abrutie d'usines, gavée d'épandages, dépecée, en loques, ce n'est plus qu'une terre sans âme, un camp de travail maudit, où le sourire est inutile, la peine perdue, terne la souffrance, Paris «le coeur de la France», quelle chanson ! quelle publicité ! La banlieue tout autour qui crève ! Calvaire à plat permanent, de faim, de travail, et sous les bombes, qui s'en soucie ? Personne, bien sûr. Elle est vilaine et voilà tout. Les dernières années n'ont pas arrangé les choses. On s'en doute. Banlieue de hargne toujours vaguement mijotante d'une espèce de révolution que personne ne pousse ni n'achève, malade à mourir toujours et ne mourant pas. Il fallait une plume ardente, le don de vaillance et d'émoi, le talent de haute chronique pour ranimer ces pauvres sites, leurs fantômes, leurs joies évadées, leurs grandeurs, leurs marbres, leurs souffles à méchante haleine.
La banlieue souffre et pas qu'un peu, expie sans foi le crime de rien. Jamais temps ne furent plus vides.

Préface du livre d'Albert Sérouille : Bezons à travers les âges.
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Dès son arrivée, le chercheur méthodique allait se pencher rituellement pendant quelques minutes au-dessus des tripes bilieuses et corrompues du lapin de l’autre semaine, celui qu’on exposait classiquement à demeure, dans un coin de la pièce, bénitier d’immondice. Lorsque l’odeur en devenait véritablement intenable, on en sacrifiait un autre de lapin, mais pas avant, à cause des économies auxquelles le Professeur Jaunisset, grand secrétaire de l’Institut, tenait en ce temps-là une main fanatique.
Certaines pourritures animales subissaient de ce fait, par économie, d’invraisemblables dégradations et prolongations. Tout est question d’habitude. Certains garçons des laboratoires bien entraînés eussent fort bien cuisiné dans un cercueil en activité tellement la putréfaction et ses relents ne les gênaient plus. Ces modestes auxiliaires de la grande recherche scientifique arrivaient même à cet égard à surpasser en économie le Professeur Jaunisset lui-même, pourtant fameusement sordide, et le battaient à son propre jeu, profitant du gaz de ses étuves par exemple pour se confectionner de nombreux pot-au-feu personnels et bien d’autres lentes ratatouilles, plus périlleuses encore.
Lorsque les savants avaient achevé de procéder à l’examen distrait des boyaux du cobaye et du lapin rituels, ils étaient parvenus doucement au deuxième acte de leur vie scientifique quotidienne, celui de la cigarette. Essai de neutralisation des puanteurs ambiantes et de l’ennui par la fumée du tabac. De mégot en mégot, les savants venaient tout de même à bout de leur journée, sur les cinq heures. On remettait alors doucement les putréfactions à tiédir dans l’étuve branlante. […] Le savant […] déposait encore un petit quelque chose d’écrit dans un coin du livret d’expériences, timidement, comme un doute, en vue d’une communication prochaine pleinement oiseuse, mais justificative de sa présence à l’Institut et des chétifs avantages qu’elle comportait, corvée qu’il faudrait bien se décider à effectuer tout de même avant longtemps devant quelque Académie infiniment impartiale et désintéressée.
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Quand la haine des hommes ne comporte aucun risque, leur bêtise est vite convaincue, les motifs viennent tout seuls.
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