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Critiques de Louis-Philippe Dalembert (317)
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Avant que les ombres s'effacent

Quel parcours émouvant que celui de Ruben, ce jeune Juif qui a dû fuir la Pologne, puis l'Allemagne, et ensuite la France pour arriver enfin en Haïti. Il a un destin tres particulier, secoué par les soubresauts des horreurs de l'Histoire. Ce jeune homme timide, avec un léger bégaiement est attachant et nous découvrons avec lui les beautés de l'île et de sa culture, les charmes des Haitiennes, la sensualité des femmes et du pays, les saveurs, les couleurs et les croyances.

J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur qui pouvait être parfois très fleuri, avec un français mêlé en quelques occasions de créole, et surtout sa pointe d'humour assez décapante parfois.

L'histoire de Ruben est terrible, il a connu l'enfer des camps mais nous en dit très peu, était sur le Saint Louis, ce bateau de réfugiés dont personne ne voulait, il a vécu au jour le jour sans savoir ce qu'il allait lui arriver, mais bénéficiant de l'amitié et de la bonté d'Haitiens prêts à tout pour l'aider. La chaleur de ces gens m'a d'ailleurs beaucoup marquée.

L'auteur nous écrit ici une magnifique ode à Haïti, île courageuse au peuple chaleureux et aux mille saveurs !
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Une histoire romaine

Un portrait de famille haut en couleur, vivant, souvent drôle, entre aristocratie soucieuse des conventions et gauche plutôt caviar, plus ou moins rebelle. Les personnages sont bien campés (celui de la comtesse est jubilatoire) l'auteur arrive à les cerner en un rien de mots et à montrer leur évolution, jouet des influences familiales et de la société. Et c'est l'histoire sociale et politique d'une ville et d'un pays qui se dessine en filigrane. On y parle mariage, résistance, judaïté et adolescence.



Un livre plein de charme et d'énergie, même si l'on aimerait s'attacher plus à certains personnages.
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Milwaukee blues

Emmett a été tué lors d'une arrestation musclée. Nous sommes aux États-Unis, dans la banlieue de Chicago. C'est un un quartier pauvre, un quartier noir. Un homme appelle le 911. La police, elle, est blanche. Elle représente la seule population blanche du quartier d'ailleurs. Ce texte n'est pas sans rappeler l'arrestation tragique de George Floyd il y a deux ans.



Un roman poignant écrit sous forme de différents témoignages. Ils nous permettent de retracer la vie de Emmett, son enfance, ses amitiés, ses amours...



Un très beau récit dans lequel j'ai aimé me plonger. Une immersion à la frontière entre blancs et noirs as ce pays où l'on pense que le rêve américain est pour tous, alors qu'il est limité qu'à une infime partie de la population.

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Milwaukee blues

On connait tous ce fait divers ignoble, la mort de George Floyd par étouffement sous le genou d’un policier sans scrupule. Dalembert s’en est emparé pour nous offrir l’histoire d’un homme ordinaire victime d’une société américaine encore bien aux prises avec le racisme.



« Je ne peux plus respirer. »



Le premier personnage à prendre la parole est justement le patron de la supérette, celui qui a appelé ce satané numéro, ce « nine-one-one », et ses paroles font mouche, inévitablement, parce qu’il s’en veut, parce qu’il aurait aimé ne l’avoir jamais composé ce numéro, parce qu’il aurait aimé ne jamais avoir entendu ces paroles épouvantables « je ne peux plus respirer ».



J’aurais pu accrocher à cette histoire, j’aurais pu me laisser porter par la langue de l’auteur, me laisser guider par les voix des personnages. J’aurais pu écrire un billet dithyrambique… ou tout au moins enthousiaste.



Je n’aime pas quand « ça ne le fait pas », quand je n’ai pas le ressenti que j’aurais tant aimé avoir. J’ai peu acheté de romans de la rentrée littéraire, mais celui-ci, ce fut le premier parce que j’avais énormément aimé Mur méditerranée du même auteur.



J’ai mis un temps infini à le lire, je l’ai même mis de côté le temps d’en lire un autre. Et pourtant qu’ai-je à lui reprocher ? Rien. C’est très bien écrit, le côté roman choral est intéressant, le thème est porteur… Alors ? Mais que s’est-il passé ? Et bien rien, justement. J’ai pourtant dégusté certains passages, lus et relus, j’ai aimé cette note finale d’espoir, mais c’est comme si je n’y avais pas cru.



Bon sang, vais-je réussir à expliquer ce manque d’engouement ? Peut-être cette distance entre les personnages et moi ? Peut-être ces voix trop peu différentes ? Peut-être ce manque de noirceur ? Peut-être ce côté trop lisse ? Et pourtant, il en dit des choses importantes, l’auteur, il en dénonce des faits horribles, il la critique cette société gangrénée par le racisme…



Et d’ailleurs, j’ai pris plaisir à lire certains passages, j’ai adhéré à certains propos, mais… j’aurais tant aimé… éprouver plus de sentiments, plus de révolte, plus de passion…



Ce n’est pas grave, je reviendrai vers vous monsieur Dalembert… un autre jour, un jour où je serai peut-être plus réceptive à vos mots.
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Milwaukee blues

Je n’aime pas juger une intrigue (je suis d’avis que l’auteur écrit ce qu’il veut, à partir du moment où c’est bien fait), MAIS (Vous la sentez venir ma grosse prétérition ?), je trouve difficile de s’attaquer à des sujets de société, car le risque est de s’effacer derrière eux, et ici c’est le cas. J’ai un peu la même impression qu’avec Soleil amer, celle de ne pas lire un roman, mais une sorte d’article romancé. (il n’y a pas d’ambiance, pas de description. On a l’impression de toujours être en mouvement, de ne jamais se poser pour instaurer quelque chose. Certes, au départ, ce sont des personnages qui racontent, ce serait étrange qu’ils décrivent ce qu’ils voient, mais la narration passe à la 3ème personne à la moitié, et c’est la même chose). Un autre problème, c’est qu’il y a encore beaucoup de clichés littéraires (beaucoup beaucoup beaucoup, même, entre un et trois par phrase, je ne vais pas les relever comme pour L.Hassaine, vous voyez l’idée). Alors, certes bis, ici, la différence, c’est que c’est les personnages qui parlent (donc ils n’ont pas à se soucier de la langue, a priori). Mais dans ce cas-là, pourquoi utilisent-ils des expressions françaises « à côté de ses pompes », « haute comme trois pommes » « saoul comme un cochon », etc ? Ça brise l’illusion romanesque ! C’est comme par exemple quand tous les personnages allemands parlent en anglais dans un film sur la deuxième guerre mondiale… Pareil avec l’image de l’albatros qui revient plusieurs fois. C’est une référence française, pas américaine (il y a aussi la madeleine de Proust, mais celle-ci s’est exportée me semble-t-il). Les différents protagonistes ont les mêmes tics de langage, « qui pis est » par exemple. Ça donne à ces voix censées être différentes un côté très artificiel, l’épicier parle comme l’ami qui fait le con, l’amie d’enfance parle comme l’ex, l’instit’ comme l’étudiante. C’est dommage parce que la pluralité de voix est une bonne idée. Mais je ne vois pas leur unicité.



J’ai l’impression de traverser l’Amérique que je connais, qu’on connait tous à cause de la pop culture : American dream impossible, guerre du Vietnam, Woodstock, Angela Davis, les ghettos, la drogue, le campus,j’ai l’impression d’être devant le générique d’un biopic en route pour les oscars. Ici, je trouve les situations très stéréotypées : l’épicier d’origine pakistanaise, le « poulet Kentucky », la pauvreté avec seul le sport universitaire comme issue pour les personnes noires. Comment il perd sa couleur devant le succès, difficulté de couple mixte (O.J. Simpson ou Tiger Woods). Je sais que c’est une réalité… Mais je vois dans la littérature la possibilité d’ouvrir d’autres portes… (et de créer de nouveaux stéréotypes sur le long terme, mais c’est une autre question :D) Donc c’est dommage de voguer de stéréotypes en stéréotypes, ça donne un peu l’impression d’être bloqué devant 3-4 épisodes de Cold Case (PS : changer mes références).



Pareil, certains passages sont maladroits, par exemple quand l’étudiante parle de ses camarades « habillées comme des travailleuses du sexe », je veux bien qu’elle ait tellement intégré le slutshaming qu’elle le perpétue, mais ça ne colle pas, ça ne lui ressemble pas, puisqu’elle a l’air assez féministe quelques pages plus loin. Ou quand l’amie d’enfance évoque le concept de « angry black woman », je trouve que c’est mal intégré dans le texte, comme si on voulait à tout prix l’y inclure, mais sans le travailler. Ça ne suffit pas de le dire, encore faut-il le mettre en scène, sinon, ça fait pot-pourri, ou grille de bingo. Et quand je vois la bibliographie à la fin, je me demande si ce n’est pas le risque de faire trop de recherches, le côté exposé…



Et puis, cet homme que tout le monde aime, dont les filles sont amoureuses, les institutrices fières, ben il m’ennuie. Y a pas de crasse, rien à gratter, (et comme on sait dès le départ comment ça va terminer, y a pas énormément d’enjeux…).



Pour revenir à ce que je disais, je pense que c’est le souci d’écrire des livres trop dans l’actualité : on ne prend pas de recul, on ne peut être que dans l’hagiographie (au pire) ou la contextualisation (au mieux), on laisse la fiction de côté. On ne peut pas essayer d’expliquer (l’écrivain est un avocat). Et en tant que lectrice (et en tant qu’autrice), j’aimerais lire des livres qui me mettent mal à l’aise : ça aurait pu être intéressant quand il prend le point de vue du flic, de nous le rendre compréhensible, qu’on embrasse notre noirceur, qu’on soit choqué, qu’on se questionne (« est-ce que je serais capable de faire ça ? et pourquoi oui, et pourquoi non ? »), il y aurait eu plus de prise de conscience je pense que d’en faire un con raciste et sexiste. Ou de faire d’Emmet un salaud. La police ne devrait pas tuer, point. Ça aurait pu être bien. Ici, on se donne bonne conscience, moi je lis ce en quoi je crois, mais du coup, je m’ennuie, je ronronne.

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Milwaukee blues

Une dizaine de voix rendent hommage à Emmet, ce pauvre père de famille mort étouffé sous le genou d’un flic à Milwaukee.

“Je ne peux plus respirer!”



Rien n’y fera. Il agonisera sous les yeux des badauds, mort pour un billet de 10 dollars.



La mairesse d’école, le coach sportif, les ex, les deux ami.es d’enfance, entre autres, dressent le portrait d’Emmet. Un gosse fier et sportif, promis à un grand avenir dans le football, blessé, brisé, vivant chez sa mère avec trois gamines à charge.



Mais ces voix dressent aussi le portrait d’un pays où il ne fait pas bon d’être noir.e, où les défenseurs de la suprématie blanche s’expriment à visage découvert, où une partie de la population vit encore avec la peur du contrôle de police qui va mal tourner, un pays où l’inégalité des chances coule dans les veines de ses habitant.es.



Ce livre ne fera pas exception, je n’aime pas les romans polyphoniques. On ne s’attache à rien ni personne, on croirait des dépositions au commissariat.

George Floyd devenu Emmet, le citoyen modèle, a comme un goût de fait divers pas assez propre pour être raconté tel quel. Malaise…



S’ajoutent à cela des personnages parfois stéréotypés, une langue bancale, voire quelque peu balourde.



Mais j’ai apprécié le final, la prêche de la pasteure Ma Robinson, cri d’humanisme et d’espoir.



À vous de voir si vous voulez vous lancer dans cette réalité fiction, qui a de bonnes choses à dire, mais dont on peut se passer.
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Milwaukee blues

Après le drame migratoire en Méditerranée, l'auteur colle à une autre actualité persistante au caractère dramatique. Le point commun réside dans le caractère quasi insoluble du problème évoqué.

L'espoir naît dans l'adversité.

La ségrégation envers les noirs aux USA connaît régulièrement des accès de fièvre, quand le ras le bol se cristallise sur des drames récurrents, des injustices flagrantes ou des dénis de justice. Je pourrais écrire longuement sur le sujet, ce n'est pas le propos, d'autres le font mieux que moi, notamment dans ce roman. La genèse du mouvement Black live matters est ici recréé autour d'un personnage qui pourrait être Georges Floyd, la victime de Minneapolis. Ici, nous sommes à Milwaukee, dans l'état voisin. Les conditions sociales sont reproduites à l'identique, milieu familial, amitiés et amours et l'inévitable ghetto sont d'authentiques éléments d'un cursus que l'on connaît par avance, même si l'espoir point de temps à autre, espérant une autre issue. Le pêché originel dont parlait B.Obama est ici illustré de manière très juste. Quoique je fasse, je suis noir et je n'ai que peu de solutions pour éviter la galère permanente, seul le sport professionnel me sortira de ce bourbier. C'est écrit. L'optimisme n'est pas de mise, il n'y a pas plus d'espoir à la fin du livre qu'au début, l'évocation donne à ressentir des êtres de chair et de sang, au formidable appétit de vivre, à qui l'on interdit, de facto, toute possibilité objective de réussir, sauf à rencontrer la chance, et encore ne faut-il pas rater l'opportunité et surmonter l'insupportable pression d'un système foncièrement vicié. Les personnages témoins qui composent la galerie de portraits du roman sont pétris d'amour pour leur prochain, cela ne suffit pas toujours mais leur présence construit un espoir un peu fou.

A lire pour y puiser une humanité infinie.

Merci
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Mur Méditerranée

Elles se nomment Chochana, Semhar et Dima. Trois femmes, trois vies, trois pays, trois religions, un seul chalutier, un seul horizon.



Qu'elles fuient la guerre, la dictature ou les conséquences intenables du réchauffement climatique, ce n'est pas de gaieté de cœur que ces femmes et leurs compagnons d'infortune ont décidé de tout sacrifier pour se tourner vers un espoir européen. Louis-Philippe Dalembert s'empare d'un sujet fort qui va bien au delà d'un récit sur l'exil. Il nous raconte à hauteur d'homme les étapes d'un périple effroyable. La cruauté des passeurs, le racisme latent, l'hypocrisie politique de certains pays (si vous n'aviez pas encore honte de la position de la France, c'est le moment d'ouvrir ce livre), une mer capricieuse ; le plus souvent c'est chacun pour soi et Dieu pour tous. Si le roman nous plonge dans la noirceur la plus totale de l'âme humaine, il n'en oublie pas la chaleur des îlots de solidarité. On tremble beaucoup, on respire si peu. On admire le courage et l'abnégation. Est-ce qu'il y a seulement une issue à ce tunnel des Enfers ?



C'est un livre difficile, prenant et nécessaire. Les personnages secondaires, mêmes ceux croisés dans une fulgurance éphémère, marquent les esprits. Toujours dans un style accessible, l'auteur mêle à une langue très littéraire quelques uppercuts de langage familier, comme pour mieux nous rappeler la brutalité qui habite ses pages. Une fois encore, les mots parlent bien mieux que les chiffres.
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Avant que les ombres s'effacent

Je ne rajouterai pas grand chose aux nombreuses belles critiques qui ont été écrites sur ce livre. C'est d'ailleurs grâce à la lecture de ces critiques que je me suis procurée ce magnifique roman. Merci Babelio.

Je ne connaissais pas cette page de l'histoire où l'île d'Haïti s'était positionnée durant la 2e guerre mondiale en signant un décret pour accueillir les juifs d'Europe en exil.

Au travers de ce roman, très bien écrit, j'ai apprécié cet autre versant de l'histoire .Cela me donne envie de me documenter plus par plus de littérature sur ce sujet. Je recommande vivement ce roman.
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Mur Méditerranée

Sujet d'actualité pour une époque qui cherche sa voie. Dans un monde qui perd le nord, ils sont toujours plus nombreux à chercher une issue, au péril de leur vie. Ce n'est pas le premier des livres que je lis sur le sujet, mais il est l'un de ceux qui permettent le mieux d'envisager la complexité et la diversité de ces courants migratoires qui conduisent de l'Afrique vers l'Europe.



En 2014, plus de 210 000 migrants ont tenté de traverser la méditerranée. Plus de 3 400 d'entre eux ont perdu la vie lors de cette traversée. Cette même année, le 18 juillet, le pétrolier Torm Lotte répond aux appels de détresse de chalutiers perdus en mer et portera secours à 569 migrants, hommes, femmes et enfants, originaires d'Afrique subsaharienne, du Maghreb, du Moyen-Orient et de la péninsule Arabique. L'équipage danois apprendra plus tard que 181 voyageurs sont portés disparus.



C'est à partir de ce fait divers, tellement tragique mais tout aussi banal aujourd'hui, que Louis-Philippe Dalembert construit son récit. Dans ce texte, l'auteur nous fait découvrir les itinéraires et les histoires individuelles des migrants. En l'occurrence, ceux de trois femmes, de caractère et d'origine très différents, mais qui partagent les mêmes aspirations. Il y a Chochana, nigériane, qui rêve d'une vie meilleure loin de la misère et de la sécheresse. Semhar, érythréenne, fuit la dictature dans l'espoir aussi d'un avenir heureux. On les suit dans leur parcours à travers l'Afrique, soumises au bon vouloir des passeurs et des réseaux qui organisent la fuite selon des règles que l'on ne comprend pas, si ce n'est l'importance de la violence et de l'argent. Dima, elle, fuit la Syrie avec sa famille. Elles se retrouvent toutes les 3 à l'embarquement, direction l'Europe de tous leurs espoirs.



J'ai beaucoup aimé les portraits que nous dresse Louis-Philippe Dalembert de ces aventurières de la misère et de la souffrance. On y découvre des femmes ordinaires, qui rêvent de liberté et de sécurité. Des femmes de caractère qui espèrent trouver ailleurs ce que leurs pays ne leur offrent plus, soumis désormais aux intérêts économiques et stratégiques qui les dépassent, premières victimes des dérèglements climatiques dont on glose tant en occident, sans en percevoir concrètement les conséquences… pour le moment. L'auteur nous présente également des pays où sévissent la violence, la haine, le racisme et la peur de l'autre. Quelques lueurs d'espoirs et d'humanité persistent malgré tout, apportant un peu de lumière à ce récit.



Quoiqu'il en soit, on ne peut regretter cette lecture qui nous maintient en éveil par rapport à ce qui se passe à nos portes, dans cette mer qui rassemblent chaque été tant de touristes en mal de soleil.


Lien : https://itzamna-librairie.bl..
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Mur Méditerranée

Trois femmes, trois pays, trois religions et un seul et même objectif : quitter une patrie où elles ne peuvent plus vivre pour rejoindre l’Europe.

Chochana est juive et Nigériane, Dima est musulmane et Syrienne et Semhar est chrétienne et Erythréenne. Ces trois femmes vont se croiser sur le chemin de la migration, fuyant l’une la sécheresse, l’autre la guerre et la dernière la dictature militaire.

Après un voyage qui tient lieu de véritable calvaire, les trois femmes embarquent sur un chalutier à Tripoli en direction de Lampedusa. Un voyage en bateau d’une violence et d’une émotion intenses, qui m’a profondément choquée et révoltée et qui va s’achever en un naufrage épique, heureusement secouru par un pétrolier danois au large de Messine.

Ce roman raconte, dans un langage mélangeant humour, expressions populaires et invocations religieuses, le parcours dramatique de ces migrants que l’Europe voir arriver démunis et déshumanisés. Un phénomène de société universel, vu de l’intérieur, qui rend tellement humains tous ces malheurs individuels, où des populations entières, chassées par une même détresse et mues par un même souffle d’espoir, quittent tout pour un avenir incertain.

Le parcours de ces femmes fortes et déterminées est un exemple de courage. Elles m’ont imprégnée de vraies valeurs en me rappelant à chaque instant que, malgré l’injustice et les souffrances, «la vie est plus forte que tout».

Louis Philippe DALEMBERT met un nom et une histoire sur ces âmes anonymes dont on ne fait qu’entendre parler, dans nos vies bien confortables et il parvient à nous émouvoir au plus haut point. Le croisement de ces cultures, de ces langues et de ces religions si différentes, le regard sur des situations économiques et politiques invivables en Afrique et au Proche-Orient, font de ce roman une histoire difficile mais édifiante que j’ai trouvée riche et passionnante.
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Avant que les ombres s'effacent

Histoire tragique d'une famille juive de Pologne qui, aux prises avec l'antisémitisme régnant en Europe dès la fin des années trente, se voit contrainte à l'exil. Certains de ses membres, comme les parents du narrateur partent pour les Etats-Unis, sa sœur pour la Palestine... Quant au narrateur il raconte comment lui-même, après nombre de péripéties, s'est retrouvé à Port-au-Prince grâce au vote par l'Etat haïtien d'un décret-loi autorisant ses consulats à délivrer des passeports à tous les Juifs qui en feraient la demande.

C'est avec beaucoup d'humour et de tendresse que l'auteur nous raconte ces destins tragiques tout en rendant hommage à son pays.
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Avant que les ombres s'effacent

Avant que les ombres s'effacent - Louis-Philippe Dalembert



Qu’un petit pays comme Haïti déclare la guerre au fascisme, notamment à l’Allemagne nazie et à l’Italie de Mussolini peut porter à sourire. Mais quand on sait que ce petit pays a ouvert son territoire à tout les juifs qui en feraient la demande cela ne peut que porter au respect.



Pendant toute une nuit le vieux Docteur Schwarzberg raconte à sa petite cousine venue d’Israël pour aider les Haïtiens au moment du terrible tremblement de terre de 2010, ce qu’il n’a jamais dit à personne. Il lui raconte le long périple qui le conduisit des bords de la Lodka, en Pologne, à Port-au-Prince en Haïti.



C’est un très beau roman d’où l’humour n’est pas absent. C’est un livre plein d’espoir. Malgré la noirceur de cette terrible période des hommes et des femmes ont pu s’échapper et trouver aide et refuge auprès d’un peuple ouvert et accueillant. Haïti semble peuplé de poètes et d’âmes simples mais fières de leur Histoire.

J’ai vraiment beaucoup apprécié ce roman, l’écriture et l’histoire, à lire absolument.
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Mur Méditerranée

Le titre : comment une mer liquide devient-elle un mur compact ? L'image est bien trouvée : l'eau est aussi implacable que le béton! Cela m'a fait penser bien sûr au mur de Donald Trump entre le Mexique et les Etats-Unis, au mur de Berlin entre RDA et la RFA , à tous les murs, en somme.

La structure du livre entrecroise les vies de trois femmes principales qui font l’objet d’un chapitre en particulier, alternant le récit trois fois interrompu du trajet en bateau. Le suspense est ainsi maintenu quant à savoir si le chalutier va arriver à bon port, si les gens vont être sauvés et si la fin sera heureuse.

Cette fin en suspens permet donc de raconter le parcours qui a amené chacune au même endroit alors qu’elles sont de pays différents (Erythrée, Syrie, Niger), de confession différentes (chrétienne orthodoxe, musulmane, juive) et partent pour des raisons non moins différentes (dictature, guerre, misère), bien qu’ayant la même origine (la peur, la survie, le droit au bonheur).

Le fait que ce soient des femmes nous les rend-il plus pitoyables ou émouvantes?

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Milwaukee blues

Milwaukee Blues de Louis-Philippe Dalembert



Un appel au fameux 9.1.1 à partir d’une supérette pour un faux billet tourne mal. L’interpellation de l’homme noir par des policiers blancs aboutit à sa mort. A travers les personnes qui ont marqué son existence, on découvre cet homme noir Elmmett, promis à un avenir brillant en tant que joueur de football mais dont une blessure a fait basculer le destin.

J’ai beaucoup aimé la construction du livre pour nous faire découvrir le malheureux destin d’Elmmett et à travers sa vie, le tableau d’une Amérique où un simple accident peut vous faire passer des sommets au néant. Elmmett est originaire d’un quartier pauvre de Milwaukee. La fac et le football devaient le sauver mais c’est un homme blessé et perdu qu’on découvre avec une ancienne institutrice si bienveillante, sa petite amie blanche de la fac qu’il a abandonnée, son entraîneur qui a pourtant voulu l’aider. On assiste à ses funérailles sous tension auxquelles se mêlent le mouvement Black lives matter et la maîtrise des réseaux sociaux.

On découvre plusieurs facettes d’Elmmett, son évolution.

Un beau roman avec différentes voix qui le rendent très prenant et captivant. On plonge dans l’Amérique des ghettos, de la drogue, du chômage, de la galère, du racisme. Mais tout est en équilibre, pas de misérabilisme ou de procès à charge, Elmmett est un personnage nuancé auquel l’auteur donne vie à travers le regard de ceux qui l’ont aimé.

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Milwaukee blues

Louis-Philippe Dalembert, né en 1962 à Port-au-Prince (Haïti) est un écrivain d'expression française et créole. De formation littéraire et journalistique, il travaille comme journaliste d'abord dans son pays natal avant de partir en 1986 en France poursuivre des études qu'il achève par un doctorat en littérature comparée et un diplôme de journalisme. Louis-Philippe Dalembert a enseigné dans plusieurs universités aux Etats-Unis et en Europe. Son dixième et dernier roman à ce jour, Milwaukee blues, date de 2021.

Un roman construit à partir de deux drames, le lynchage d’Emmett Till (1941-1955) dans le Mississipi par deux frères qui seront acquittés avant qu’ils n’avouent bien plus tard leur acte, certains de leur impunité ne pouvant être condamnés deux fois pour un même crime. Et plus récemment, la mort de George Floyd en 2020 victime de violences policières à Minneapolis (Minnesota).

Le roman relate la courte vie d’Emmett, un jeune Noir qui veut se sortir du ghetto par le biais du sport en obtenant une bourse pour une université et accéder ensuite au football professionnel. Un rêve qui n’aboutira jamais.

Le roman se découpe en trois parties et les deux premières sont particulièrement bien troussées par l’écrivain car judicieusement conçues : le drame a déjà eu lieu et les chapitres font défiler ceux qui l’ont bien connu, chacun donnant son point de vue et les relations qu’il entretenait avec Emmett. Son institutrice (blanche) qui s’était prise d’affection pour le gamin, une amie d’enfance amoureuse/sœur du jeune homme, un pote dealer ; puis son coach sportif à l’université et nous apprenons qu’un premier drame l’a fortement marqué, gravement blessé lors d’un match, la carrière ambitionnée doit s’arrêter là. Sa fiancée (blanche) intervient aussi etc.

Les deux tiers du roman sont vraiment plaisants à lire - même si le sujet est grave – car chaque intervenant ou presque, s’exprime dans son langage pittoresque, s’adressant directement au lecteur. L’humour n’est pas absent et c’est vraiment très bien.

La dernière partie change de ton. Finis les dialogues en continu, on entre dans le plus émouvant. Le meurtre vient d’avoir lieu, le policier assassin donne son point de vue sur cette mort, la pasteure Ma Robinson organise les funérailles avec la famille, son magnifique sermon tentant d’apaiser les tensions qui montent, la marche digne et puissante de cette communauté qui relève la tête et crie « assez ! »

Un très beau roman, ne cherchant jamais à forcer sur l’émotion du lecteur, les faits se suffisent à eux-mêmes. Et si Ma Robinson a foi dans des jours meilleurs à venir, le lecteur perplexe, se demande si ces jours viendront … ? « I have a dream »

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Mur Méditerranée

Livre lu dans le cadre d'un prix littéraire au sein d'une bibliothèque municipale faisant partie du jury.

Le dernier roman de Louis-Philippe DALEMBERT nous immerge dans un chalutier de migration en pleine mer méditerranéenne.

L'auteur nous conte la tragédie des migrants au travers de 3 femmes fuyants la guerre, la dictature ou la sécheresse Trois femmes aux vies différentes.

D'un côté, Chochana et Semhar. Elles ont tout perdu. leur Terre et leur espoir. Pour arriver sur chalutier en partance pour l'exil, elles ont errées pendants de longues semaines et ont été parquées dans des entrepôts de femmes. Elles ont dues payées pour avancées. Elles ont dû subir la loi des passeurs leurs infligeant sévices, tortures et travail forcés pour pouvoir subventionnées leur voyage pour l'Europe.

De l'autre côté, il y Dima, la bourgeoise qui a du quitter avec son mari et ses deux filles une vie aisée. Elle a pu gagner le port pour monter dans le fameux bateau à bord d'un bus spacieux doté d'une climatisation. Elle et ses proches n'ont pas eu trop de problème financier pour subventionné leur expatriation.

Toutes les trois, si différentes où presque tout séparent, même leur religion, vont connaître une traversée des plus macabres et inhumaines.

Même si l'histoire que raconte l'auteur est vrai, et donc sans réel surprises, cette traversée et ce que vivent tous ces migrants est inhumaine et intolérable. Comment peut-on laisser faire, au delà de fuir un pays pour quelques raisons que ce soit ? Ces sois-disants passeurs, sont l'origine de ces atrocités. Et de plus, ils profites de la situation pour ce faire payer.Mon ressenti est une vraie réflexion auquelle le débat dépasse le roman.

Merci Monsieur DALEMBERT de nous éclairer sur ce qui se passe presque sous nos yeux. A mon sens, votre roman doit servir comme livre d'histoire.
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Mur Méditerranée









"Mur Méditerranée " de Louis-Philippe Dalembert (336p)

Ed. Sabine Wespieser.

Bonjour les fous de lectures ….

Ayant découvert cet auteur avec " Avant que les ombres ne s'effacent", c'est avec plaisir que je me suis plongée dans ce roman.

Ici l'auteur aborde le problème des migrants clandestins.

Nous allons suivre trois destin de femmes embarquées dans ce voyage sans retour.

Elles quittent leur passé, leur famille, leur histoire pour un inconnu plus qu'aléatoire.

Il ne leur reste que leurs souvenirs et une rage de vivre qui leur donnera la force d'entreprendre la traversée vers un pays que l'on dit meilleur.

Chochana la Nigériane et Semhar l'Erythréenne se sont rencontrées dans un camp de réfugiés et ceci après des mois d'errances.

Elles ont connu la peur, la faim et la soif et surtout les brutalités et le désir des passeurs.

Dima, elle, bourgeoise d'Alep, voyage avec son mari et ses deux filles. Sa vie, jusqu'il y a peu, a été préservée. Les combats incessants à Alep et ensuite à Damas l'ont incitée à fuir son pays pour l'avenir de ses filles.

Trois femmes, deux mondes différents qui embarquent sur le même rafiot.

Trois destins qui rien n'aurait du réunir et qui vont devoir faire preuve de résistance et de solidarité pour ne jamais perdre espoir;

Il est facile de se laisser emporter par l'écriture harmonieuse de l'auteur.

Récit percutant et nécessaire, envoutant et terrorisant.

La plume, belle et légère, ne nous fait pour autant pas oublier la gravité du sujet.

Cette fresque bouleversante, qui ne peut laisser insensible, est inspirée de la tragédie actuelle des bateaux clandestins.

Auteur et livre à découvrir ( mêle pour les âmes sensibles ).

Ce livre a reçu le prix du roman de la langue française.
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Mur Méditerranée

Chochana, nigériane juive, a décidé de partir en Europe, avec son frère cadet et une de ses amies, en raison de la terreur distillée par Boko Haram dans son pays. Ils seront vite séparés par les passeurs, durant une des longues attentes, dans des entrepôts sans confort, infligées pendant leur voyage périlleux.

Avec Semhar, érythréenne de confession orthodoxe, fuyant la pauvreté et la sécheresse de sa terre natale, Chochana va bientôt formé un duo inséparable.

Ainsi vont-elles poursuivre le voyage sur un chalutier en fort mauvais état, dans des conditions climatiques défavorables, qui vont rendre la navigation dangereuse. C'est en montant sur le bateau qu'elle rencontre Dima, syrienne musulmane d'Alep, de condition sociale aisée, partie de son pays pour fuir la guerre et ses bombardements, avec son mari et ses deux filles.

Un long et éprouvant voyage, semé d'embuches de toutes sortes...





Le destin croisé de ces trois femmes, qui se côtoient de façon impromptue dans des circonstances extrêmes est le fil conducteur de ce roman.

Le langage riche et documenté, le style fluide, le réalisme des situations, font de ce roman fort un exposé vibrant d'humanité, sur les nombreuses servitudes et vicissitudes ainsi que la complexité de la vie de migrants.

Il s'agit de laisser derrière soi, pays, famille, biens matériels mais aussi orgueil, position sociale, honneur, croyances...

Ce roman est une démonstration de l'extraordinaire pouvoir de l'espoir.

Combien faut-il de courage pour arriver à trouver l'argent nécessaire, rarement suffisant, pour que le départ soit possible ? Puis pour subir les affronts, les brimades, les coups, les viols de ces esclavagistes des temps modernes ?...

Une traversée cauchemardesque qui laisse le lecteur le souffle coupé comme sortant de la cale d'un chalutier en perdition...

A lire de toute urgence.

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Mur Méditerranée

En apprenant que le nouveau roman de Louis-Philippe Dalembert faisait partie de la sélection pour le Prix Landerneau, j'étais vraiment ravie de pouvoir le lire.



Et ce, pour deux raisons, son thème m'intéressant vivement et parce que j'avais beaucoup aimé son livre Avant que les ombres s'effacent.

(chronique Avant que les ombres s'effacent)



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Mer Méditerranée est un roman poignant ! Il interpelle, il attriste, il révolte par tant de misères, de duretés, de violences faites aux Hommes.



Malheureusement, nous ne naissons pas égaux et Ô Combien, cette histoire nous le prouve encore et nous insurge par tant de cruauté et de malheur.



Que ferions-nous si nous étions à la place de ces personnes qui ne souhaitent qu'une chose : vivre dignement, librement et décemment.



L'auteur raconte de manière poignante, le destin de ces migrants cherchant à atteindre les côtes européennes.

L'eldorado pour ces hommes et ces femmes prenant tous les risques pour y arriver, subissant les pires humiliations , les privations, les violences, la mort pour beaucoup, se noyant dans la mer Méditerranée.



Toutes ces épreuves endurées pour peut-être, avoir un avenir meilleur.



Un roman qui donne la voix à tous les disparus en mer, échouant, mourant, brisant leur rêve et ceux de leurs familles qui en attendent tant de ce voyage.



A travers trois femmes fortes et volontaires, Chochana - nigériane, Dima - syrienne et Semhar - érythréenne, nous allons suivre leur terrible périple.

Elles fuient la pauvreté, la guerre ou encore la dictature.

Elles ont des parcours de vie très éloignés, des religions différentes mais un but commun, traverser la mer Méditerranée pour atteindre Lampedusa.



J'ai "tremblé" en lisant ces pages, j'ai "souffert" avec elles, côtoyant la haine, le racisme, les sévices, les espoirs perdus.

Mais de ce texte si puissant, j'ai ressenti aussi toute la force, la détermination et la solidarité qu'elles font preuve dans les pires moments...

Le courage de se battre et de se relever quand il reste une infini lueur d'espoir.



J'aurai aimé connaitre la destinée de certains personnages dont nous apprenons à découvrir au fil des pages et dont nous perdons la trace un jour...

Savoir s'ils ont réussi, savoir s'ils sont en sécurité, ce qu'ils sont devenus ensuite reste pour moi, une frustration, peut-être parce que je me suis si vite attachée à eux.



Une écriture percutante, vive et pointue comme sait si bien le faire Jean-Louis Dalembert.



Un récit bouleversant, d'un réalisme effrayant ; un texte fort et nécessaire qui restera longtemps présent dans mon esprit et mon cœur.



D'autres ouvrages existent sur ce thème si essentiel comme Les échoués, L'opticien de Lampedusa ou encore Une fille dans la jungle et tant d'autres livres formidables.



Lisez-le !
Lien : https://leslecturesdeclaudia..
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