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Critiques de Louis-Philippe Dalembert (317)
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Milwaukee blues

Milwaukee Blue est typiquement un roman que je n'aurai pas lu sans l'enthousiasme de ma mère ("Celui-là il est super, tu vas le lire en un rien de temps") parce que le sujet inspiré de l'histoire de Georges Floyd est très risqué. Si j'ai toujours eu un intérêt marqué pour les faits divers, leur retranscription en roman avec un recul historique limité peut aussi s'avérer désastreuse.



Louis-Philippe Dalembert réussit le numéro d'équilibriste : il invente un nouveau protagoniste, Emmet, au travers duquel il retrace les espoirs déçus d'une population défavorisée, discriminée et dont une éventuelle ascension sociale - "le rêve américain" - ne repose que sur de fragiles hypothèses. On est captivé par la fresque sociale dans un état américain méconnu mais victime de fortes inégalités sociales sans jamais perdre de vue que ce qui se déroule sous nos yeux de lecteur s'est également déroulé sous nos yeux de téléspectateurs il y a 2 ans.



"Construisons des passerelles. Construisons des ponts, de solides ponts entre nous, là où les esprits maléfiques et les rabat-joie cherchent à nous diviser. (...)



Soyez fier d'être qui vous êtes, mais ne commettez pas l'erreur de vous enfermer. Ne vous laisser pas non plus enfermer."
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Milwaukee blues

Cette histoire ressemble à celle de la mort (et de la vie) de George Floyd et pourtant ce n’est pas une biographie mais c’est clairement le point de départ de ce roman où on nous parle d’Emmett, un homme noir, qui va se faire arrêter par un policier blanc qui va se tenir de longues minutes le genou sur le cou et qui va le laisser mourir sur le trottoir alors qu’il criait « Je ne peux plus respirer »…



Le roman donne la parole à des personnes qui l’ont connu à divers moments de sa vie et c’est un patchwork qui se constitue au fil de la lecture : on découvre l’enfant, l’adolescent, le sportif professionnel, le fils, l’amoureux, le père, l’ami, le voisin, l’homme perdu qu’il était…



Nous suivons aussi les préparatifs de son enterrement avec une amie de sa mère, pasteur et ancienne gardienne de prison et d’autres et qui ouvre aussi la porte au mouvement Black Lives Matter.



Ce roman est le portrait d’un homme, certes, mais c’est aussi la description de la vie particulièrement compliquée d’un homme noir aux Etats-Unis, avant même son arrestation. C’est l’histoire des grandes villes américaines, souvent ghettoïsées, avec la drogue qui n’est jamais loin, le sport comme seule opportunité de faire des études, les préjugés, le racisme ordinaire… Et puis cela remet en perspective le drame de cette mort sous les camera : cet homme « Emmett » ou George Floyd, était avant tout un homme ordinaire, avec ses bons et ses moins bons côtés mais en tout cas, un homme qui ne méritait pas de mourir comme ça. En cela le roman est très humaniste.



Je pense que vous avez compris que j’ai beaucoup apprécié cette lecture dont j’ai aimé, l’histoire et l’écriture!
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Milwaukee blues



Milwaukee blues.

Louis-Philippe DALEMBERT

Coup de coeur ♥



911.

Nine one one.

Numéro d’urgence de la police américaine.

C’est le numéro que compose l’épicier du quartier de Franklin Heights (Milwaukee) quand il croit détecter un faux billet de 10$.

Une broutille 10$, une peccadille sauf qu’en précisant à la police que le jeune homme est noir il signe là son arrêt de mort…

Interpellation, immobilisation et mort d’Emmet.

Cet homme venu acheter quelques aliments pour sa famille.

Et c’est tour à tour en véritable roman choral que vont venir parler d’Emmet ceux qui le connaissaient.

L’épicier extrêmement culpabilisé d’avoir appelé le 911.

Son institutrice qui garde un souvenir ému de ce jeune garçon prometteur et bien élevé.

Son amie d’enfance et sœur de coeur qui le connaissait mieux que n’importe qui.

Le pote dealer, 3 ème élément du trio qui faillit faire basculer Emmet du mauvais côté.

Le coach de football qui l’a accueilli en fils et qui lui a donné toute son expérience et ses conseils que malheureusement Emmet n’aura pas écouté.

Sa fiancée (blanche et aisée) qui voyait un avenir radieux se présenter à eux avant la blessure d’Emmet. Fiancée qui le soutiendra éternellement envers et contre tous.

Son ex fiancée et mère de ses filles.

Des souvenirs et la mise en place de la marche contre les violences policières et l’hommage à Emmet.

Voilà ce qu’est ce magnifique roman.



Difficile de chroniquer ce roman tellement il m’a émue.

J’ai assisté à une conférence de son auteur et je m’étais dit « oui pourquoi pas… »

Quelques mois plus tard j’achetais ce livre et bien m’en a pris !

C’est extrêmement touchant tout en n’étant pas dans un manichéisme extrême.

Le roman choral personnalise très bien Emmet que savait existé j’aurais aimé rencontrer Emmet…





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Milwaukee blues

J'ai recherché la définition du mot "blues" pour être bien sûre que c'était bien ces sentiments là qui sont véhiculés tout au long de la vie d'Emmet qui a eu la malchance de naître, noir, en Amérique.

blues :Complainte du folklore afro-américain, née dans le sud des États-Unis (delta du Mississippi), d'abord rurale puis urbaine, caractérisée par une formule harmonique constante et un rythme à quatre temps, dont le style a influencé le jazz et la plupart des formes musicales dérivées du rock.

J'ai envie de dire que le roman de J.B.d'Alembert est aussi à quatre temps : naissance et petite enfance dans un quartier noir, sortie du tunnel grâce au football, accident, fin du rêve,
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Avant que les ombres s'effacent

(...)

L’auteur s’est inspiré d’événements historiques méconnus pour retracer le destin, sur près de cent ans, d’un médecin juif haïtien d’origine polonaise. Lorsqu’il rencontre en Haïti sa petite cousine Deborah arrivée d’Israël parmi les médecins du monde entier venus secourir les centaines de milliers de victimes du séisme qui a ravagé l’île en janvier 2010, le Dr. Ruben Schwarzberg décide de se confier à elle et de raconter, pour la première fois et avant qu’il ne soit trop tard, la destinée tragique de sa famille éparpillée aux quatre coins du monde.



L’écriture de Louis-Philippe Dalembert, riche et élégante, truffée d’humour et de dérision, permet de relater avec une certaine légèreté des évènements empreints de gravité. Nous suivons ainsi le Dr. Ruben Schwarzberg depuis sa naissance à Łódź en 1913, la fuite de sa famille vers Berlin où il grandit et fait ses études, la Nuit de Cristal, sa déportation à Buchenwald, son embarquement à bord du Saint Louis, son séjour à Paris et puis, enfin, son départ pour Haïti en 1939 où il sera accueilli et naturalisé en vertu du décret-loi de la même année voté par l’Etat haïtien permettant à tous les Juifs qui le souhaitent de bénéficier de la naturalisation in absentia.



Si la seconde moitié du roman m’a semblé un peu moins aboutie que la première, Avant que les ombres s’effacent reste une très bonne découverte et un bel hommage à Haïti, cette petite République des Caraïbes qui non seulement osa déclarer la guerre à l’Allemagne et ses alliés mais fit également preuve de beaucoup de générosité et d’humanité en accueillant des réfugiés juifs à une période où les frontières internationales se fermaient systématiquement à eux.



(Chronique complète sur le blog)
Lien : https://livrescapades.com/20..
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Milwaukee blues

Qui n'a pas encore en tête les images dramatiques de la mort de George Floyd? Comment cette terrible tragédie a pu se passer? Qui était George Floyd pour mériter une mort aussi atroce et injuste? C'est ce que Louis-Philippe d'Alembert a essayé d'écrire, au travers d'un fait similaire arrivé à son personnage central, Emmet, mort sur le trottoir, dans le quartier de Franklin Heights, étouffé par la prise d'immobilisation d'un policier blanc, sans que rien ne laisse à penser qu'Emmet se serait rebeller de quelque façon que ce soit... Emmet, tout un prénom déjà puisque c'est celui d'un jeune lynché en 1955 par des suprémacistes blancs, largement innocentés et sortis libres à l'époque.

Le roman commence par l'épicier pakistanais qui a fait le nine-one-one et qui se demande encore bien pourquoi! Qui s'en voudra toute sa vie mais qui finalement n'a répondu qu'à ce qu'on lui demandait de faire socialement presque.

Et ensuite s’enchaînent les points de vue et les histoires de chaque personnes qui a connu de près ou d'un peu plus loin Emmet, star de foot américain qui avait des rêves de fortune et que la vie a cabossée au point de revenir dans son quartier d'enfance avec des rêves brisés et 3 filles à nourrir. On lit avec beaucoup d'attention les témoignages d'Authie et Stoke, les amis d'enfance, de Ma Robinson, la matonne devenue révérende et pilier du quartier, l'ex fiancée, qui garde le souvenir encore ému de son histoire avec Emmet, elle, la fiancée blanche qui n'avait pas idée des humiliations quotidiennes des Noirs dans son pays. Son institutrice qui croyait tellement en lui, tout comme son ancien coach de foot à l'université. Louis-Philippe d'Alembert y met même le point de vue du policier coupable. Et à la suite de ces regards croisés sur qui était Emmet, on assiste à la mise en place de la marche qui lui sera dédiée, ce qu'elle implique, qui elle implique et comment elle se déroule et se termine.

Ce livre est puissant, vraiment, dans le sens où il dépeint de façon cruelle mais je crois plutôt réaliste les fractures profondes de l'Amérique de nos jours qui ne parvient toujours pas à refermer proprement les blessures de l'esclavage, ce que cela a engendré comme comportement, d'un côté comme de l'autre, des cicatrices purulentes qui s'ouvrent à nouveau au moindre heurt. Il est également très touchant de lire les témoignages de chacun car ça aurait pu être ce qu'était George Floyd, et lui donner une vie est extrêmement touchant dans le sens où ça décuple le sentiment d'injustice et la nécessité de faire bouger les lignes une bonne fois pour toutes.

C'est fort, c'est touchant, c'est un roman à lire.
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Avant que les ombres s'effacent

Savez-vous que Haïti a accueilli sur son sol les Juifs qui le souhaitaient, en 1939, en leur octroyant la naturalisation immédiate ?



Et bien, j’ignore probablement encore de grands pans de l’Histoire, mais, grâce à Louis-Philippe Dalembert j’ai découvert l’existence de ce décret-loi en lisant ce roman… Et donc, je me sens bien moins bête en fermant le livre. Et ne serait-ce que pour cette raison, j’ai apprécié ma lecture.



Mais ce n’est pas la seule raison, heureusement…



Ruben Schwarzberg est né en Pologne, a émigré à Berlin avec sa famille, puis après un passage à Buchenwald, a vécu un peu à Paris pour finalement émigrer à Haïti. Quel parcours ! Et c’est celui-ci que nous narre l’auteur ou plutôt le médecin que Ruben est devenu, il est à la fin de sa longue vie semée d’embûches…



Ce roman est une magnifique fresque familiale, elle fourmille de personnages tous plus frétillants les uns que les autres, Johnny qui se fait passer pour un médecin à Buchenwald et dont la rencontre va être déterminante pour Ruben, madame Faubert (que je lisais sans cesse Flaubert) sa protectrice quand il sera à Paris et bien d’autres encore dont un poète haïtien…



Un sujet plombant me dites-vous ? Pas du tout. Tout le talent de Dalembert a été de nous relater cette vie incroyable avec une joyeuse liberté de ton, une gaieté dans les mots, une musique enjouée qui anime des phrases séduisantes. Certains passages sont même cocasses, comme lorsqu’il est arrêté par des policiers français et envoyé au camp d’Argenteuil.



On découvre un peuple généreux, cosmopolite.



Un bémol néanmoins, j’ai ressenti une petite lassitude aux trois quarts du livre… trop de dérision, pas assez de noirceur peut-être… ou trop de distance avec les personnages, je ne saurais le dire vraiment. Un roman fort plaisant mais pas un coup de cœur comme avec Mur Méditerranée.
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Milwaukee blues

C’est un étrange projet littéraire que celui de Louis-Philippe Dalembert. Ecrivain haïtien exilé et ayant d’ailleurs enseigné à Milwaukee pendant un temps, il utilise comme matériau littéraire la mort tragique de George Floyd pour nous raconter la ségrégation toujours à l’œuvre aujourd’hui aux Etats-Unis, même dans le nord du pays, et pour nous dire la vie d’un homme noir issu des quartiers pauvres. Une figure imaginaire, celle d’Emmet, qui meurt sous le genou d’un policier, permet de rassembler dans un même bouquet mortuaire les voix de ceux qui l’ont connu (ses amis d’enfance, une de ses enseignantes, son entraîneur, sa petite amie de l’université…), de ceux qui ont participé au drame (le gérant de la supérette, le policier), mais de faire le lien aussi entre toutes les générations du combat contre la ségrégation, depuis ceux qui ont participé aux marches de Martin Luther King à Black Lives Matter, sans oublier ceux qui se battront demain.

Louis-Philippe Dalembert a su m’entraîner dans le sillage de cet homme qui aurait voulu s’en sortir mais que sa rage même de vaincre les mauvais auspices a perdu et a ramené à sa condition première. C’est le livre de beaucoup de douleurs, centré sur la vie d’Emmet dans les deux premières parties, puis sur l’organisation de ses funérailles et de la marche qui la suit dans la troisième partie (qui représente près de la moitié du livre). Une dernière partie qui oscille entre l’amertume d’un combat sans cesse renouvelé, une espérance quasi-mystique et aussi l’espoir tout simple que les choses changent enfin.

Une lecture par moment assez dure, mais finalement surtout pleine d’une grande tendresse et d’un optimisme qu’il est parfois difficile de partager vu le sujet, mais qui fait du bien car il redonne espoir. Un livre qui plaide pour l’implication de chacun et qui cherche, à sa manière, à lutter contre la tentation de l’enfermement et du rejet, contre ce qu’il est de bon ton d’appeler aujourd’hui le communautarisme. Encore une fois, malgré le sujet, et malgré une conclusion loin d’être idéale, c’est un livre de réconciliation, plein d’idéalisme sans être naïf. Une belle réussite, un pari risqué mais à mon avis gagné. Un beau livre, qui a souvent été recommandé par les libraires et qui effectivement mérite d’être lu, un livre qui fait du bien là où on ne s’y attend pas.
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Milwaukee blues





« I can't breathe... », « I can't breathe... »... Qui n'a pas entendu ces mots déchirants de George Floyd et regardé, le sang glacé, son agonie à terre sous le genou d'un policier... pendant 9 minutes et 29 secondes.



Si le monde entier n'avait eu accès à la réalité de cette scène, cette dernière serait restée un « fait divers », comme bien trop souvent aux États-Unis.



Dans @Milwaukee blues, @Louis-Philippe Dalembert rend sa dignité et son humanité à George Floyd ainsi qu'à toutes les autres victimes de ce racisme ordinaire américain. Ce roman est un magnifique hommage.



@Louis-Philippe Dalembert bâtit son livre à partir de son histoire qu'il transpose dans un autre état. Il donne au héros le prénom « Emmet » ; pas par hasard : Emmet Till avait 14 ans en 1955 lorsqu'il a été lynché et torturé à mort pour avoir osé parler à une femme blanche.



Dans @Milwaukee blues, la parole est donnée successivement à tous ceux pour qui Emmet avait de l'importance. Le roman s'ouvre sur le jeune Pakistanais travaillant dans une épicerie et qui ne parvient plus à trouver le sommeil depuis qu'il a composé ce fichu 911. Tout cela pour un billet de 20 dollars qui n'était, si ça se trouve, même pas faux. La policière sur laquelle il est tombé au téléphone n'a eu de cesse de lui demander quelle était la couleur de peau du potentiel voleur. Le jeune vendeur élude jusqu'au moment où elle lui fait peur en lui disant que s'il continue à ne pas répondre, c'est lui qui risque d'avoir des ennuis. Pakistanais, ce n'est pas terrible sur l'échelle raciale du pays, alors, il lâche le morceau et la police se déplace.

Les protagonistes, les uns après les autres vont parler d'Emmet, de sa vieille institutrice à son coach sportif lorsqu'Emmet pensait alors toucher du doigt son rêve de jouer en professionnel, de sa petite amie de fac en passant par ses amis d'enfance jusqu'à bien d'autres encore, tous connaissant un Emmet qu'ils ont aimé ou qui les ont marqués (on pense à l'épicier et au policier meurtrier, si indifférent à sa détresse).

Dans la dernière partie du roman intitulée la Marche, Ma Robinson, une ancienne matonne devenue pasteure, Mary-Louise, la mère d'Emmet, de nombreuses personnes engagées organisent les obsèques d'Emmet et une marche pour lui rendre hommage.



Le talent de @Louis-Philippe Dalembert est de réussir à nous donner une idée et à nous transmettre les émotions de ce que ça peut être, de vivre ou seulement tenter de vivre, selon sa race et son statut social, dans des mondes totalement distincts et cloisonnés d'une Amérique gangrenée que l'on connaît mal, en définitive. Comment imaginer que dès l'enfance, les enfants noirs sont éduqués à ne pas faire de vagues, à ne pas se faire remarquer ? Comment ne pas se révolter, ne pas être en colère, ne pas souffrir ? L'espoir, la résignation, la radicalité des luttes – d'un côté ou de l'autre -, la rage d'être assigné à une place sans avoir barre sur sa vie, le déterminisme social... @Milwaukee blues est un livre magistral.



Les récits sont comme les pétales d'une fleur. Rassemblés, ils forment un tout. Là, ils nous racontent l'histoire d'un homme et de sa respectabilité.

Ne cessons jamais de lutter contre les discriminations. Ne nous résignons pas.



Le prêche de Ma Robinson lors des obsèques d'Emmet, un véritable morceau d’anthologie, nous offre une lueur d'espoir. Il faut la saisir comme une main qui se tend.



Merci, @Louis-Philippe Dalembert, de nous rendre moins sots et plus humains.

@Milwaukee blues : à lire. Absolument.







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Milwaukee blues

Avec Emmett, J.L. D'Alembert nous plonge dans une version fictionnelle de l'affaire Georges Floyd, qu'il situe à Milwaukee. Le roman commence avec l'arrestation musclée d’Emmett immobilisé sous le corps d'un policier à qui il crie : "Je ne peux plus respirer", avant de rendre l’âme...

Composé en trois parties qui retracent la vie de cet homme grâce aux points de vue de tous ceux qui l'ont apprecié,  le lecteur découvre peu à peu l’impact d'une forme de ségrégation sur sa vie. Éduqué de manière très stricte, cet homme a cru au rêve américain avant de s’y brûler les ailes...

Grâce  aux différents points de vue, le portrait d’Emmett prend vie sous nos yeux tout en nuances. L'auteur a su adapter son style aux personnages qui témoignent et cela rend le roman plus réaliste et touchant. Même si j'ai eu du mal à accrocher à la 1ere partie à cause du style, pourtant très adapté, je me suis rattrapée avec la suite. L'ensemble constitue une belle réussite.
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Avant que les ombres s'effacent

Un style élégant, beaucoup d'humour qui permet "d'alléger" les moments douloureux de la vie de Ruben et de sa famille.

De la tendresse aussi de la part de l'auteur pour Haïti, qui permit à de nombreux exilés de retrouver une nouvelle patrie.

Et de l'histoire également en écho à l'histoire de Ruben.

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Milwaukee blues

Louis-Philippe Dalembert s'inspire de la mort de George Floyd à Minneapolis pour nous raconter l'histoire d'Emmet à Milwaukee. Il est noir et très grand. Il meurt plaqué au sol et asphyxié par un policier lors de son arrestation. Au fil des chapitres, l'auteur donne la parole aux personnes qui l'ont côtoyé par le passé. Une ancienne enseignante militante, son ex fiancée, ses deux meilleurs amis, son entraîneur de foot... A travers ce roman choral, Louis-Philippe Dalembert aborde des sujets de société de l'Amérique contemporaine : le racisme, la pauvreté, l'éducation, le trafic de drogue, la détention, la politique (le guignol à moumoute n'est autre que Donald Trump), la foi, la famille, le sport et plus particulièrement le foot puisque Emmet a été un champion dans cette discipline à un moment donné de sa vie. J'ai trouvé le ton très juste et la construction très habile car elle permet de voir les différences de point de vue de chaque personne.

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Milwaukee blues

Les libraires des Espaces culturels Leclerc aiment Louis-Philippe Dalembert. En tout cas ils l’aiment suffisamment pour avoir sélectionné à nouveau son dernier roman parmi les finalistes du Prix Landerneau. Ayant partagé pleinement leur enthousiasme pour Mur Méditerranée, je me suis plongée avec plaisir dans Milwaukee blues avant de m’en extraire bien trop vite et bien trop déçue.



Après s’être emparé du sort des migrants candidats à la traversée de tous les dangers vers Lampedusa, Louis-Philippe Dalembert revient avec un nouveau thème d’actualité à la portée universelle : les violences policières envers les Noirs aux Etats-Unis. En s’appuyant sur le cas très médiatique de George Floyd, ce pauvre bougre qui a livré son dernier souffle sous le genou d’un policier blanc qui le maintenait à terre, Dalembert mène un nouveau combat à l’aide de son arme de prédilection : une plume chargée d’empathie.



Pour parvenir à ses fins, l’auteur s’est offert la liberté d’inventer la vie de cet homme sous une figure imaginaire prénommée Emmett. Mêler la fiction à la réalité pour lui laisser le chambre libre à toute interprétation, voilà qui est malin et séduisant sur le papier. Hélas, la narration ne s’est pas montrée à la hauteur de l’intention. Au lieu de redonner vie à son personnage, l’auteur l’a figé dans la mort en remplaçant l’action et les dialogues par des témoignages sous forme de très longs monologues. Très vite je n’ai plus eu l’impression de lire un roman mais plutôt une suite de dépositions de témoins figurant dans un rapport de police. La forme choisie enlève toute expression des sentiments, c’est froid, distant, clinique même, tout le contraire de ce à quoi l’auteur nous avait habitué avec ses migrantes hautes en couleur dans Mur Méditerranée.



J’ai été très déçue de voir la tournure que prenait ce livre que j’ai encore du mal à considérer comme un roman. Je suis d’autant plus déçue que je sais l’auteur capable de m’émouvoir avec ses personnages. Je me souviendrai toujours de l’instant où j’ai défendu son roman à Paris, face au jury du Prix Landerneau, les trémolos dans la voix, la gorge serrée. Mur Méditerranée a occupé toutes mes pensées pendant des semaines. J’espérais naturellement renouer avec une émotion aussi pure mais il est rare que la foudre frappe deux fois au même endroit…


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Milwaukee blues

Emmet est un garçon du quartier pauvre de Milwaukee, Franklin Heights. Il vit avec sa mère qui fait tout son possible pour qu'il reste dans le droit chemin. Doué au foot, il est repéré et intègre ainsi une Université grâce à l'attribution d'une bourse. Hélas deux blessures successives interrompent sa carrière prometteuse. Il enchainera plusieurs jobs alimentaires et peu lucratifs, les multipliera même pour faire vivre sa famille.

Alors pourquoi aujourd'hui toutes les chaines de télévision et réseaux sociaux parlent de lui ? Parce qu'il a présenté à un commerçant un billet de banque suspect et que son interpellation par la police a mal tourné...

Qui était vraiment Emmet, "l'homme assassiné par un policier" ?...



Un roman chorale à plusieurs voix où la vie compliqué du personnage principal se dessine progressivement au fil des pages de témoignages, de l'institutrice de primaire, aux amis d'enfance, Authie et Stoke, réconciliés en raison de l'événement, en passant par Ma Robinson, ancienne matonne, devenue pasteure, l'ex fiancée, l'ex femme ou encore le coach... Tous ont un regard bienveillant sur ce garçon.

Le destin tragique de ce gamin des ghettos pose de plein fouet la question de la condition des noirs aux Etats Unis. Malgré l'abolition de l'esclavage les différentes actions des années 60 et des améliorations dans leur condition de vie le problème du racisme demeure.

La plume de Louis-Philippe Dalembert est belle et la façon de présenter ce fait divers, enrichie de détails et d'anecdotes, poignante.

A lire sans faute.
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Mur Méditerranée

Un roman très intéressant et éclairant sur les raisons qui poussent les migrants à l'exil : la guerre, la misère, la politique, la religion ... C'est le cas de Semhar, l'erythréenne, Chochana, la nigériane et Dima la syrienne.

Des choix déchirants, des trajectoires bouleversantes qui souvent se termineront au fond de la méditerranée et presque toujours dans un camp de réfugiés aux conditions de vie épouvantables.

En revanche, j'ai été extrêmement rebutée par l'écriture, très répétitive, le style volontairement gouailleur, très familier, voire vulgaire, que j'ai trouvé très décalé par rapport à la gravité du sujet et qui en tous cas m'a gênée à tel point que j'ai fini le livre en diagonale...
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Mur Méditerranée

La difficulté de l'exil dans toutes ses dimensions : quitter les siens pour aller vers l'inconnu, se confronter à l'adversité, la brutalité, le racisme, l'inhumain et malgré tout, continuer à y croire, continuer à rêver. L'histoire de ces femmes est sans doute celle de milliers d'autres. Ce roman, inspiré d'un fait réel, laisse voir toute l'horreur dont l'homme est capable, pointe l'abandon des états, des gouvernants. A lire! Ne serait-ce que pour réveiller les consciences!
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Mur Méditerranée

Mur Méditerranée est un roman librement inspiré du sauvetage d'un bateau chargé de plusieurs centaines d'immigrés clandestins. Il se propose de nous faire suivre trois personnages féminins qui ont, pour des raisons variées, eu à prendre la lourde décision de tout quitter pour rejoindre l'Europe.

On traverse avec elles leurs questionnements, leurs espoirs, leurs déceptions... Bien qu'il me sera toujours impossible de me mettre à leur place, n'ayant pas eu à vivre le tiers du quart de leur parcours de vie, ce livre me permet au moins de garder à l'esprit qu'on ne vit pas tous et toutes la même réalité...

J'achève cette lecture un brin amère et plongée dans des réflexions... Puisse notamment cette période de confinement, durant laquelle chacun•e semble si prompt à renoncer à ses libertés personnelles sous des prétextes sécuritaires ne pas être l'occasion en plus de rejeter l'autre, l'étranger, celui qui est "différent"sous des prétextes tout aussi dégradants et abjectes les uns que les autres..

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Mur Méditerranée

En juillet 2014, un pétrolier danois sauve quelques 600 personnes d’un rafiot perdu et surchargé dans une Méditerranée tempétueuse. Mais de nombreuses personnes ne survivront pas à ce drame, malheureusement trop courant. Louis-Philippe Dalembert s’empare de ce fait divers pour nous dresser le portrait de trois femmes, d’horizon, de culture et de religion différents mais toutes trois devenues des migrantes malgré elles. Chochana, nigériane et juive, fuit les exactions de Boko Haram, dans une région touchée par une terrible sécheresse depuis plusieurs saisons. L’espoir d’entreprendre des études d’avocates s’éloigne au fur et à mesure des périodes de grandes chaleurs. Accompagnée de son petit frère Ariel, elle devra traverser Sahara et Sahel pour atteindre la Libye et ainsi approcher l’Europe tant espérée. Semhar, érythréenne et chrétienne, fuit une dictature terrible où les jeunes engagés pour le service militaire ne connaissent que leur date d’incorporation. Impossible de savoir lorsqu’ils pourront quitter l’armée et encore moins ce que le tyran et ses sbires ont décidé pour eux. Études et métiers sont déterminés en haut lieu, sans leur demander leur avis. La jeune femme décide de fuir cette prison à ciel ouvert, tout comme une grande part de la jeunesse érythréenne. Elle voyagera notamment dans un camion-citerne dans des conditions dantesques. Quant à Dima, bourgeoise syrienne et musulmane, elle partira avec son mari et leurs deux filles d’un pays en ruine, sous les bombardements d’une guerre sans fin. Grâce à leur argent, cette famille sera quelque peu épargnée en comparaison des deux cas précédents. Car ces trois jeunes femmes vont tout connaître : la violence, le viol, la faim, la soif, le mépris des passeurs, le froid et la chaleur extrêmes, la séparation d’avec les proches, la peur et la mort de leurs compagnons de misère. Rien ne leur sera épargné. Par ce roman, Louis-Philippe Dalembert met un visage sur ce que l’on appelle communément des migrants, avec empathie et générosité. Une façon de rappeler que ces migrants sont avant tout des êtres humains, chacun ayant pour bagage une histoire, une souffrance, un espoir, chacun étant unique et méritant une attention unique. Pour cela il leur offre son style magnifique, déjà remarqué dans ses précédents romans, et notamment Avant que les ombres s’effacent, pour faire entendre leur voix. Magnifique et indispensable.
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Avant que les ombres s'effacent

« Kristallnacht », Est-ce un énième livre historique sur la « Nuit de Cristal », le progrom contre les juifs du Troisième Reich dans la nuit du 9 novembre 1938, et toutes les perversités, les cruautés, l’inhumanité, qui en découlèrent ?



Est-ce un livre sur le Racisme – sur les Juifs, les gens de couleur- ? En effet, il oppose au livre de Gobineau (L’essai sur l’inégalité des races humaines) celui d’Anténor Firmin (De l’égalité des races humaines).



Certainement pas, Louis-Philippe DALEMBERT le reconnait lui-même, il veut sa liberté d’écrire et de proposer une vision différente de l’Histoire.



Nous suivons, la famille Schwarzberg, de Lodz en Pologne, pour aller à Berlin. Et plus particulièrement le Docteur Ruben Schwarzberg, il sera le lien, dans son périple à travers le monde. Donc de Lodz, Berlin, Paris, nous le retrouvons dans la république d’Haïti, à Port-au-Prince. La période de cette épopée commence en 1930 pour s’achever en janvier 2010 (séisme à Haïti).Pourquoi cette république ? Elle fût le pays qui accepta d’offrir une patrie à ceux qui n’en avaient pas, en 1939, d’un décret-loi de naturalisation in absentia, elle autorisa ses consulats à délivrer passeports et sauf-conduits à des centaines de juifs.



Les personnages sont attachants et fortement humains. Le style fluide, nous incite à poursuivre cet haletant parcours de ce bon docteur. Une page d’histoire, des décennies après cette période noire, nous incite à avoir foi de l’humanisme des hommes, quelle qu’en soit sa couleur de peau. Un beau récit instructif et agréable à lire.
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Avant que les ombres s'effacent

Une belle fresque qui nous conduit au travers du protagoniste de Lódz à Port Au-Prince.

Une découverte historique -comme beaucoup je pense - des services diplomatiques de Port-au-Prince offrant passeports et sauf-conduits à tous les juifs qui souhaitaient fuir le nazisme.

Des personnages haïtiens haut en couleurs, non dépourvus d'humour, aimant la vie, la chaire.

L'auteur a une imagination débordante et certaines situations m'ont laissées quelque peu perplexe.

Une saga familiale généreuse, des personnages attachants, un périple dans les méandres de l'histoire écrit dans un style lumineux.

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Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

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