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Citations de Maëlle Guillaud (37)


Je hais l’Église, je hais le cardinal et je la hais, elle, qui accepte de s'humilier devant Lui. Le don de soi au Seigneur est effroyable et irréversible. Je chavire.
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Il n'y a pas de foi, mais des preuves de foi. Comme en amour.
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Ce qu'elle avait compris à leur mort, c'est que l'instrument serait son plus fidèle compagnon, celui qui remplirait le vide. La propulserait dans une autre réalité. La ferait voyager dans le temps, les espaces, les sentiments. La rendrait vivante, l’élèverait vers un ailleurs inaccessible aux autres. La musique avait été une révélation. Une soif de beauté, une vibration intérieure qu’elle ne pouvait combler autrement. Plus tard, elle avait senti que jouer en amateur serait une trop lourde concession, qu'elle en souffrirait chaque jour.
Toutes les semaines à présent, une journée lui est dérobée. Elle s’agace souvent de ces interruptions, de ces interminables traversées qu'elle s’impose pour retrouver Juan. Lui ne lui demande rien. "Ne viens que si tu peux. Et si tu ne viens pas, je comprendrai. C'est faux, elle le sait, il se raccroche à elle parce qu'elle représente leur passé et leur avenir. Et qu'en détention l'avenir se pare d'une superstition mystique. p. 36
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Hannah s'était approchée. Devant elle, le dos massif du père de Juan. Il était légèrement tourné vers son interlocuteur qu'Hannah ne pouvait voir. Le bruit de la musique couvrait les mots de l’autre mais ceux de Carlos lui parvenaient distinctement. Des mots coupants comme des éclats de verre. Elle s’était demandé un instant si parlait d'elle, elle avait tendu l'oreille en retenant son souffle.
« Je t'avoue que ce n’est pas du tout ce que j'espérais pour lui. »
Un long soupir. Et l'odeur âcre de son cigare.
« Ce garçon n'est qu'une déception. »
Des mots qui s’insinuaient en elle.
« Que veux-tu... »
Nouveau soupir.
« On ne décide plus de rien aujourd'hui. »
De quoi parlait-il? Et soudain la réponse, nette, tranchante.
« Une musicienne. Juive, en plus. Il nous aura vraiment tout fait! »
Un éclat de rire mauvais.
Une onde l'avait givrée de la tête aux pieds. p. 22
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Depuis quelque temps, elle n’arrête pas de penser à sa grand-mère. À ses recommandations, ses formules. Guitta en avait une pour chaque moment de l’existence, dont le deuil, évidemment. Si tu oublies de penser à un mort, tu l’enterres définitivement. Enfant, cette phrase l’avait inquiétée, parce qu’elle oubliait parfois de penser à ses parents. Mais quand on a disparu, est-ce qu’on est vraiment mort? À huit ans, elle sentait qu’il valait mieux ne pas poser la question, et surtout ne plus parler du crash de l’avion. Les morts avaient pris leurs aises, ils étaient partout. Sur les photos, dans les soupirs et les larmes retenues.
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Le passage de l’extérieur à l’intérieur est tellement brutal… Hannah repense aux mots de Juan. Elle a envie de lui dire que le cheminement inverse n’est pas facile non plus, mais elle n’en a pas le droit. Quand on est dehors, on ne se plaint pas. Pas envers les détenus. Alors elle se tait, sa mâchoire se crispe. Elle guette ses confidences, les appréhende, les encaisse, et les mots s’ancrent en elle et l’abîment. Elle ferme les yeux, se dit qu’il faudrait penser à autre chose, trouver un dérivatif au chagrin, un exutoire à toute cette eau boueuse.
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Ne plus exister pour leur plaire, ne pas se réinventer pour les séduire.Le.miroir de ses propres insuffisances est brisé.
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Le chagrin verrouille les liens. Les révèle.
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Si éloignée de sa notion de la politesse, de l'hospitalité , de sa convivialité, si éloignée des valeurs orientales.
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Comme un ami parle à un ami, j'ai confié à Dieu mes doutes et j'ai compris que tant qu'on n'a pas pris conscience de l'amour qu'Il nous porte, le lui rendre semble impossible.
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Ils sont si élégants, si distingués, alors que nous, on est… son esprit s’embrume. C’est si difficile de se définir soi-même. On est trop bruyants, trop exubérants, trop excessifs… trop tout. Leur infériorité l’assaille brusquement.
Pourquoi ne peut-elle pas être simplement comme les autres ? Vivre dans une famille normale. Avoir des coquillettes au beurre au dîner et pas des bricks au fromage, du rôti de porc et pas des tajines de légumes.
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Charlotte se voit à travers le regard de Jane, de cette famille si française qui ne connaît rien des difficultés de l’exil, de l’adaptation, rien des épreuves de la vie, elle en est persuadée. Pas comme Malika, pas comme sa grand-mère. Pour la première fois, Charlotte voit Ichter dans le camp des exclus, de ceux qu’on peut renverser sans remords. De ceux qui ne méritent pas même le respect. Ceux dont l’existence est contestable puisqu’ils sont sans papiers. Ichter n’a qu’un permis de séjour. Et Malika? Pourtant, Charlotte est terriblement gênée par le relâchement de sa grand-mère, ses accoutrements lui paraissent ridicules et lui font honte. Mais elle était dans la voiture qui a renversé un homme, elle était assise à côté du chauffard. Charlotte a la gorge en feu. Le mépris qu’elle ressent pour elle-même la paralyse.
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Elle plisse les paupières de douleur. L’éclair s’est gravé dans sa rétine. Elle le distingue même les yeux fermés. Le fracas autour d’elle l’oppresse. La pluie martyrise l’habitacle, le vent chahute lcs arbres sur le bord de la route. Je suis à la place du mort, songe-t-elle, la gorge serrée. De nouveau l’obscurité. Ia voiture accélère. Elle voit à peine les gouttes d’eau qui s’écrasent contre le pare-brise. Il faut que je change les ampoules des phares. Son cœur tambourine. Son souffle se fait court. Je suis un esquif en pleine tempête. Le tonnerre la fait sursauter. Soudain, un trait de lumière déchire le ciel et des dizaines de filaments se cristallisent autour. Une sueur glacée ruisselle le long de son dos. La foudre vient de tomber à quelques mètres. Elle tourne la tête vers le conducteur. L’effroi lui givre l’échine. Une décharge électrique lui écorche le bout des doigts. Il n’y a personne. Et pourtant, le véhicule prend de la vitesse. Comme dans un train fantôme. Les branches brisées griffent les vitres. La carcasse tremble. Son corps vibre et ses doigts se crispent sur la poignée de la portière. Une ombre traverse le rétroviseur. Elle voudrait incliner la téte mais sa nuque est raide. Figée. Comme toute sa colonne vertébrale. Elle essaie de se lever, mais ses pieds sont collés au plancher. Prise au piège. Elle bat des paupières. Je suis en train de mourir. Ses ongles blanchissent à force de serrer le plastique. Sa gorge est trop nouée pour émettre le moindre cri. Mais pour appeler qui? Je suis seule. Et je vais mourir.
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Ici, la complicité n'existe donc pas. Ici, tout n'est que leurre. Les liens sont faussés. Cet endroit est plus hostile qu'elle ne le croyait.
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Ici, tout lui manque. Sa famille, ses amis, rire, étudier. Être vivante. Cet endroit est pire qu'un tombeau.
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L'eau coule sur son corps. Elle s'efforce de ne plus le regarder. Depuis qu'elle a rejoint l' Église, elle a beaucoup grossi.
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Le vacarme engloutit soeur Marie -Lucie. Cette brutalité lui coupe le souffle. Jamais elle ne tiendra si elle se met toutes les filles à dos. Elle saisit sa fourchette et pique un morceau de carotte. Elle l'avale, la gorge serrée. Elle retient ses larmes, elle ne pleurera pas devant elles. Le raffut cesse sur-le-champ. L'orage est passé. Pas l'humiliation.
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