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Critiques de Maëlle Guillaud (93)
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Et mes jours seront comme tes nuits

La musicienne, le peintre et la prison



Avec ce troisième roman, Maëlle Guillaud confirme son talent à sonder les tréfonds de l'âme humaine. En racontant les tourments d'Hannah, qui se rend tous les jeudis à la maison d'arrêt, elle nous livre une histoire de passion, avec tous les démons qui rôdent autour.



Voilà maintenant trois ans qu'elle suit le même rituel. Prendre le train puis le bus, en espérant qu'il n'y aura pas de retard, pour arriver devant la porte de la maison d'arrêt. Tous les jeudis Hannah va voir Juan, l'homme qu'elle aime. «Toutes les semaines à présent, une journée lui est dérobée. Elle s’agace souvent de ces interruptions, de ces interminables traversées qu'elle s’impose pour retrouver Juan. Lui ne lui demande rien. "Ne viens que si tu peux. Et si tu ne viens pas, je comprendrai". C'est faux, elle le sait, il se raccroche à elle parce qu'elle représente leur passé et leur avenir. Et qu'en détention l'avenir se pare d'une superstition mystique.»

Leur passé, ce sont des souffrances, des drames. Hannah a perdu ses parents, morts dans un crash aérien alors qu'elle avait huit ans. Puis plus tard, elle perdra ses grands-parents et se retrouvera seule. Sa bouée de secours aura été la flûte traversière que son père lui a offerte après un concert qui l'avait enthousiasmée. «Ce qu'elle avait compris à leur mort, c'est que l'instrument serait son plus fidèle compagnon, celui qui remplirait le vide. La propulserait dans une autre réalité. La ferait voyager dans le temps, les espaces, les sentiments. La rendrait vivante, l’élèverait vers un ailleurs inaccessible aux autres. La musique avait été une révélation. Une soif de beauté, une vibration intérieure qu’elle ne pouvait combler autrement.»

Pour Juan, cela avait été la découverte que ses parents, grands-parents et leurs amis étaient des franquistes qui continuaient à vouer un culte au Caudillo, avec tous les relents nauséabonds d'extrême-droite véhiculés par cette idéologie.

Si, lors de la soirée où il leur avait présenté Hannah, il n'avait pu surprendre les mots prononcés par son père, «Une musicienne. Juive, en plus. Il nous aura vraiment tout fait!», il aura tout de même violemment rompu les ponts, s'enfuyant avec Hannah.

C'est à Tanger qu'ils avaient fait connaissance, une ville faite de mirages où «on vient traquer des souvenirs qui n'ont pas eu lieu». C'est là qu'elle avait découvert l'atelier de Juan, ses toiles, son talent, sa capacité à transcender ses démons dans des aplats de noir, un peu à la manière de Soulages. C'est là aussi qu'elle avait ressenti la puissance de son désir. Qu'ils s'étaient liés, qu'ils avaient imaginé leur vie à deux. C'est là aussi qu'elle avait fait la connaissance de Nessim, l'ami d'enfance de Juan, celui avec lequel il s'était encanaillé, celui qui allait le faire plonger.

Maëlle Guillaud, créatrice du prix Monte Cristo en 2019 en partenariat avec la maison d’arrêt de Fleury Mérogis, rend parfaitement la douleur de l'absence, le poids de plus en plus lourd de la solitude, le vertige du manque. «Juan lui manque. Elle enfouit son nez dans son oreiller. Il sent la lessive, elle projette, ravive sa mémoire, mais l'odeur de Juan s’est estompée comme la buée sur une vitre, et Hannah se laisse submerger par les larmes. (...) Elle pleure l’absence de Juan, l’amour qui s’est échappé derrière les barreaux, elle pleure sa jeunesse qui n’a pas duré, le temps qui file et lui arrache les êtres aimés, elle pleure les nuits tourmentées et les aubes claires.»

Au fil des pages, on va découvrir les raisons de l'incarcération et tous les sentiments qu'elles engendrent. Tous ces démons qui gravitent autour de leur amour et qui les brûlent, la jalousie, la convoitise, la trahison, la culpabilité.

Après Une famille très française et Lucie ou la vocation, Maëlle Guillaud donne ici une nouvelle preuve de son talent.




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Lucie ou la vocation

C'est désormais sous le nom de soeur Marie Lucie que Lucie se fait appeler. Elle vient d'entrer dans les ordres... Et pas dans la plus légère des congrégations : lors de ses voeux, elle accepte la pauvreté, le silence et l'obéissance. Et il lui en faudra du courage pour accepter toutes les humiliations, l'abandon de soi, la rupture avec une vie qui n'était pas si triste et solitaire, la dureté d'une mère supérieure machiavélique... du courage ou de la foi ? Car là est le coeur de ce roman : jusqu'où peut on aller pour l'amour de Dieu ?

Maëlle Guillaud réussit avec ce premier roman à nous envoûter. Elle dépeint avec justesse ce monde clos des congrégations religieuses, soumet son personnage à tous les questionnements sur la foi et l'amour du Tout Puissant en nous laissant spectateur d'une vie difficile et sans appui. Un roman fort et très bien écrit !
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Et mes jours seront comme tes nuits

Et mes jours seront comme tes nuits de Maëlle Guillaud me laisse songeuse.



Hannah , depuis trois ans, prend le train chaque jeudi . Elle a rendez-vous avec Juan... au parloir de la prison où il purge sa peine.. Le trajet est long , monotone et Hannah a le temps de se souvenir..



Sa famille trop vite disparue, la rencontre avec Juan, les folles journées de complicité amoureuse, leur passion exigeante lui pour la peinture, elle pour la musique... les jours heureux défilent et Nassim, l'ami-frère de Juan , tel un oiseau de malheur, s'invite dans ses souvenirs..



J'ai été séduite par le style et la plume de Maëlle Guillaud qui fait apparaitre sous les yeux du lecteur des personnages plus vrais que vrais, une ville écrin Tanger .

J 'ai été perturbée par l'atmosphère malsaine qui se dégage de ces pages, relents de fascisme, manipulation perverse, emprise psychologique, mensonge .. j'en passe .



Je referme ce roman dubitative , surprenant , non ?

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Lucie ou la vocation

POUR L'AMOUR DE ZEUS...



Qu'est-ce que la foi ? Qu'est-ce que la "vocation" ? Comment vivre enfermée vingt-quatre heures sur vingt-quatre entourée de ses semblables, auxquelles l'on ne peut parler autrement que pour, éventuellement, donner des ordres ou les recevoir, attribuer des missions, des tâches à accomplir ? Pourquoi imposer de véritables souffrances, à soi-même, à son corps, à son esprit mais peut-être plus encore, à ses proches, dont on décide de se détourner en toute connaissance de cause, comme s'ils avaient appartenu à une autre vie, à un autre soi-même aujourd'hui disparu ? Qu'est-ce qui fait tenir, même lorsqu'on prend peu à peu conscience des mensonges, des hypocrisies, peut-être même que tout cela n'est que supercherie, tromperie ?



C'est en quelque sorte à toutes ces questions que ce court premier roman de Maëlle Guillaud intitulé "Lucie ou la vocation" tâche de répondre ou, plus exactement, d'apporter des éléments de réflexion à travers le destin atypique d'une jeune femme d'aujourd'hui, Lucie (de «lux», la lumière. A noter que Lucifer a la même origine étymologique), étudiante dans l'un des hypokhâgnes les plus courues de la place de Paris mais qui semble de moins en moins y trouver son compte : «un tourment de chaque instant» nous précise la narratrice, et «elle hait la prépa» où tout n'est que compétition, course à l'échalote, «humiliations quotidiennes, moyennes négatives, manque de sommeil.»

Heureusement, il y cette amie, Mathilde, au parcours peu traditionnel, qui dit avoir connu la rue et qui affirme avoir entendu l'appel de la foi. Il y a aussi Juliette, l'amie de jeunesse, qu'elle voit moins depuis cette année, par manque de temps, mais qui est une fidèle.

Sans que le lecteur y soit le moindrement préparé, pas plus que cette Juliette, que sa mère ou sa grand-mère, Lucie décide assez brusquement de se retirer du monde, d'entrer dans un couvent - précisons que c'est au sein d'un ordre de type strictement contemplatif, même s'il n'est jamais précisément cité, presque totalement en retrait du monde, donc. Certains aspects de cette histoire n'auraient pu advenir au sein d'une congrégation de missionnaires - afin d'épouser son Seigneur.

Elle y rencontrera quelques sœurs, en particulier la révérende mère, sœur Marie-Thérèse, au pouvoir et à l'aura aussi magnétique qu'elle peut être d'une sévérité, d'une dureté, d'un manque absolu d'empathie totalement ahurissant. Sous son nouveau nom de Marie-Lucie, elle sera rejointe quelque temps après les débuts de son noviciat par son ancienne amie Mathilde, devenue Blanche-Marie. Celle-ci feindra de ne pas la reconnaître et appliquera à son égard le même silence absolu que la règle impose à toutes à l'encontre de chacune. On suivra donc l'évolution, lente et souvent douloureuse, de cette vie recluse, quasi carcérale (exception faite que le choix d'y entrer appartient à celles qui s'y trouvent), supposément toute tournée vers la foi - supposément car, en dehors des nombreux signes extérieurs de religion, on y trouve peu de témoignage, de moments vrais où la narratrice explique, approche de ce que peut être cette foi. La vision de celle-ci reste toute de surface et presque strictement liturgique -. On comprendra assez rapidement que, des trois vœux prononcés par toute nouvelle entrante, pauvreté, chasteté, obéissance, le plus important et surtout le plus difficile à suivre est le dernier. On y découvrira toutes les vexations, petites ou grandes, supportées "pour l'amour de son époux" (lire "Dieu") au fil d'une dizaine d'année en retrait quasi total du monde (une seule sortie : une visite médicale. Et encore, accompagnée). Obligation de manger des rations énormes d'une pâtée pas toujours ragoutante - parce que leur corps ne leur appartient plus, ne doit plus être rien - ; de prendre ces petites pilules quotidiennes, obtenues par mensonge en quelques minutes auprès d'un médecin naïf, et qui semblent être quelque anxiolytique léger ; de courber sans cesse l'échine devant les ordres, les humiliations, cette vie de misère - après tout n'ont-elles pas fait vœu de pauvreté et, plus encore, d'obéissance ? - qui est leur quotidien sans aucune rémission, les petites et grandes hypocrisies, aussi. De même que le constat que la trahison est tout aussi bien de ces murs que de ce monde extérieur craint et honni. De la soif de pouvoir, pourquoi pas, lorsque les sœurs apprennent que leur chère révérende mère, autocrate révérée, est parvenue au terme de son troisième mandat qu'elle ne peut renouveler.

Malgré les doutes, malgré les tentatives répétées de l'amie d'enfance, cette fidèle parmi les fidèles, dont l'athéisme irréconciliable se veut faire contrepoint à la foi aveugle de Marie-Lucie, malgré le désespoir tangible de sa mère, la jeune femme tiendra.

Un événement toutefois remettra en question cet engagement, événement aussi spectaculaire qu'inattendu, presque digne d'un roman policier, mais qui demeurera finalement confiné entre très peu de personnes : Marie-Lucie, la nouvelle mère supérieure son ancienne amie Blanche-Marie, la précédente et un jésuite, le père Simon, ancien ami du père défunt de Lucie, de plus en plus présent au fur et à mesure du roman. En quelque sorte, le lecteur sera le seul autre véritable témoin de cette tempête dans un verre d'eau (bénite), la communauté demeurant telle qu'elle est et a toujours été - un supposé, mais fallacieux, havre de paix, de sérénité et de prière - dans le giron protecteur de la Sainte Mère l'Eglise. Amen.



Premier roman, donc. Et l'on serait tenté d'être convenablement bienveillant avec un texte en apparence plutôt bien goupillé. Mais c'est un peu là que le bât blesse. L'ensemble fait, en définitive, très "fabriqué". Il y a d'abord ce style, qui peut plaire, qui peut d'ailleurs avoir son efficacité lorsqu'il ne devient pas la règle, toutes ces enfilades de phrases blanches, sujet-verbe-complément, censées nous faire partager la sidération, la profondeur, les doutes, les craintes, les rêves, les enjeux (etc) du vécu et, parfois, des pensées profondes de cette jeune femme finissant tout de même par perdre de leur efficacité. L'utilisation quasi-systématique de cette rhétorique fini par ennuyer, par lasser.

Il y a aussi cette impression, au fil du roman, que les personnages semblent avoir été fixés dès nos premiers pas en leur compagnie, dans leurs manières d'être, dans leurs pensées, leurs certitudes - malgré des doutes chroniques peu efficaces en terme de réelle évolution intérieure - tandis que dix années se déroulent sous nos yeux.

Il y a enfin ce sentiment modérément agréable que, plus que de remettre en cause l'idée de dieu, de foi, de croyance, c'est avec l'institution catholique - dont il n'est pas question ici de prendre la défense - qu'il s'agit d'en découdre, et qui est le fruit d'une colère - personnelle ? - , insidieuse et très rentrée, de la jeune autrice. On le comprend d'ailleurs presque dès les premières pages. On le saisit en particulier à la lecture de ces moments de décalage narratifs, qui reviendront régulièrement, que sont les confessions - nommons-les ainsi - parfois presque enfantines dans leur tonalité, de la fidèle amie Juliette qui ne comprend pas l'engagement de Lucie, qui refuse de le comprendre, professant un athéisme sans grand contenu, moderne, facile, manichéen, revendicatif et même légèrement vindicatif, du moins lorsqu'il s'agit de l'appliquer à ce qui la touche de près. En parallèle, la foi humble, sincère et apaisée de Lucie en parait d'autant moins obnubilée par différence de point de vue qu'elle à à l'égard de son ancienne amie, Lucie souffrant en réalité bien plus de l'absence de lâcher prise de ses proches et de leur refus obtus d'admettre son choix de vie que de leurs antagonismes spirituels.



De ce texte, on ressort mal à son aise. Non de ce qu'on suppose déjà : qu'à l'instar de toutes les autres institutions humaines, un couvent n'échappe pas à la règle, connaissant son lot d'hypocrisie, de compromission, de violence, d'enjeu de pouvoir. Que l'Eglise est un sacré bazar, et que les dogmes sont de véritables étouffoirs. Mais l'on ne sent ici qu'un traitement du fait religieux glissant à la surface des choses, nous présentant des personnages assez monolithiques, évoluant psychologiquement très peu (sans même mettre trop l'accent sur l'inouïe naïveté et la maturité plus adolescente qu'adulte des deux amies, chacune à leur manière). Aucun véritable enjeu théologique ni métaphysique, aucune réflexion réellement profonde sur ce que peut être l'idée de divinité, de foi ou de ce qui peut amener à penser que tout ceci ne sont que pures inventions humaines. On en restera donc à une sorte d'anticléricalisme mou, épidermique, facile et incomplet face aux enjeux actuels que ces engagements jusqu'au-boutistes peuvent revêtir d’extrémisme, d'exacerbation, d'explosion de violence (contre soi ou contre autrui) dans d'autres cas de retour à une forme supposée pure de religiosité, de dogme, de spiritualité dont le jésuite de l'histoire nous rappelle d'ailleurs qu'elle est une vision toute rhétorique, intellectuelle et tellement éloignée de la vie vers quoi elle est censée se porter. Un premier roman qui ne manque cependant pas d'intérêt mais qui souffre d'une certaine forme d'incomplétude ainsi que de quelques coupables penchants. C'est imparfait : c'est humain...



[NB : ouvrage lu dans le cadre de la participation à une sélection pour un prix de lecteurs.]
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Lucie ou la vocation

En voilà un que j'ai accueilli avec une petite grimace et refermé quelques heures plus tard, tout étonnée de la façon dont il m'a embarquée et gardée jusqu'à la fin. La grimace c'était bien sûr pour le thème, la religion, un sujet qui est loin de me passionner, bien au contraire. Je ne peux qu'être admirative du tour de force réussi par Maëlle Guillaud de me faire aimer ce livre.



Il faut dire qu'elle s'y prend bien. En proposant un traitement équilibré des différents points de vue, en évitant tout jugement de valeur mais en apportant un éclairage sans concession sur la réalité de la vie des recluses, en n'oubliant pas que ceux qui entrent en religion sont avant tout des humains non dénués de faiblesses.



La jeune Lucie choisit donc un beau matin d'épouser Dieu et d'entrer dans les ordres ; elle abandonne ses études en prépa à Normale Sup, son amie Juliette et toute sa courte vie antérieure qui ressemblait à celle de n'importe quelle jeune fille plutôt jolie et intelligente. Est-elle influencée par son amie Mathilde qui choisit la même voie ? Est-elle fragilisée par le décès accidentel de son père adoré ? Cherche-t-elle à fuir les difficultés rencontrées dans ses études ? Toutes ces questions, Juliette, sa meilleure amie s'en fait le porte-voix, elle qui ne comprend ni la religion, ni la foi, ni le choix de Lucie... Athée et sceptique, le personnage de Juliette contribue à l'adhésion du lecteur qui se trouve, comme moi, dans le même état d'esprit.



Très vite, Lucie fait l'expérience de la dureté de l'enfermement, de l'ambiance mortifère qui règne dans l'enceinte, de la terreur que fait régner la mère supérieure. Une ambiance de femmes avec son lot de jalousies, de mesquineries, de contraintes et d'humiliations. Lucie plie mais ne rompt pas. Même lorsqu'elle met à jour de curieuses pratiques et en vient à douter du bien-fondé de son choix. S'engage alors un violent rapport de forces dont l'extérieur n'a absolument aucune idée, Lucie ne laissant rien paraître, pas même lors de ses rares entrevues avec Juliette.



L'auteure parvient à créer régulièrement la surprise, quitte à emprunter (avec succès) au polar. Que savons-nous de la réalité d'un couvent ? De ce qui se passe derrière ses lourdes portes ? En quoi serait-ce différent d'un autre lieu de travail ? Les notions de pouvoir, d'ambition, d'appât du gain sont les mêmes que dans une entreprise classique... Les manœuvres et autres stratégies de conquêtes également. Des notions qui peuvent même être accentuées par le contexte d'enfermement. La violence des rapports en est décuplée.



Ce roman est celui de l’ambiguïté. Des sentiments de Lucie, du comportement des institutions religieuses, des perceptions du lecteur face à l'idée qu'il se fait de la religion. C'est bien d'avoir osé un tel sujet, surtout au 21ème siècle où le problème de la vocation est moins évident qu'à l'époque où l'on entrait de façon presque automatique au couvent dans certaines circonstances. C'est bien aussi de le tenir jusqu'au bout. Et de continuer à surprendre jusqu'à la fin.



Un premier roman qui ne choisit pas la facilité, une auteure qui mène bien sa barque et que l'on suivra avec intérêt dans les années à venir.
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Lucie ou la vocation

Un beau roman assez singulier par son thème, l'entrée dans les ordres d'une jeune fille, et son atmosphère comme celle du couvent, feutrée mais aussi froide et impitoyable.

Le texte alterne entre le récit de la vie quotidienne de Lucie, devenue soeur Marie-Lucie, et celui de son amie Juliette, qui ne comprend pas le choix de Lucie et espère un retour à la vraie vie de son amie.

C'est une histoire vraiment intéressante sur un thème plutôt rare, sans concession avec l'Eglise mais j'ai trouvé le tout finalement assez juste et distancié.

Le rythme est assez lent, ponctué d'extraits de prières et de textes religieux, mais sans lourdeur, et l'écriture est assez fine et élégante.

Un beau premier roman, une jolie découverte...
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Et mes jours seront comme tes nuits

Hannah vit entre parenthèse depuis que son bel amour Juan est loin d’elle, depuis qu’elle lui consacre ses jeudis, qu’elle a elle aussi franchi la ligne entre le monde de dehors et celui de la prison.

Ils se sont rencontrés à Tanger. Hannah est musicienne, Juan artiste peintre. Ils ont tout de suite été en harmonie, soudés par le chagrin d’une enfance pas toujours heureuse, elle orpheline à huit ans, lui issu d’une famille de franquistes convaincus et toujours aussi passionnés qu’il rejette avec ardeur.

Autour de Juan il y a aussi Nessim, l’ami fidèle, celui qui a reconnu son talent, qui l’aide à vendre ses toiles, celui qui a une telle emprise sur Juan qu’il pourrait lui demander la lune.



Alors chaque jeudi Hannah ne vit que pour ses visites à la prison, c’est sa respiration, son moment suspendu, hors du temps, son obligation consentie.

Jusqu’au moment où le rideau se déchire sur une Hannah un peu perdue, et où le lecteur se demande où Maëlle Guillaud l’a embarqué.



L’autrice a un vrai talent pour sonder les âmes, mais aussi pour décrypter l’enfermement sous toutes ses formes au fil de ses romans. D’abord avec une jeune femme qui fait vœux de devenir religieuse dans Lucie ou la Vocation, puis une jeune fille qui se cherche dans une famille très française, enfin une jeune femme dont l’amoureux est en prison. Chacune a sa propre geôle qui la tient prisonnière. Ici, Hannah est prisonnière d’un amour absent, envolé, mis en cage loin d’elle.

Jusqu’à ce qu’elle trouve la force de s’en détacher ?



chronique complète en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/04/18/et-mes-jours-seront-comme-tes-nuits-maelle-guillaud/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Une famille très française

Quand les Duchesnais se déchaînent



Dans son second roman, Maëlle Guillaud choisit de suivre une jeune fille qui va devoir se construire suite à un drame qu’elle a promis d’occulter.



Après Lucie ou la vocation, un premier roman étonnant sur l’appel de la foi qui va pousser une jeune étudiante à abandonner famille et amie pour devenir Sœur Marie-Lucie, Maëlle Guillaud poursuit sa quête de l’identité en nous offrant de pénétrer dans l’intimité d’Une famille très française.

Sorte d’archétype de la famille bourgeoise, les Duchesnais sont pour Charlotte, la narratrice, une sorte d’idéal qu’elle peut approcher grâce à son amie Jane qui – Ô joie – l’invite chez elle, lui présente son frère Gabriel, sa mère Marie-Christine et son père Bernard. Le monde qu’elle découvre lui semble à des années-lumière de son quotidien ancré dans toutes sortes de règles et de contraintes. Au fur et à mesure que sa relation avec Jane s’étoffe, son malaise va croître. Pourquoi sa mère se sent elle investie de la mission de la protéger coûte que coûte? Pourquoi ne peut-elle pas s’habiller de façon plus moderne? Pourquoi sa grand-mère Ichter s’obstine-t-elle à ressasser ses souvenirs du Maroc, à lui faire la cuisine de «là-bas»? Pourquoi faut-il célébrer deux fêtes juives alors qu’elle est catholique? Autant de questions qui dérangent Charlotte quand elle voit la liberté qui semble présider au mode de vie des Duchesnais. Et qu’elle entend désormais faire sienne en s’éloignant des siens qu’elle rejette petit à petit.

Le jour où les Duchesnais sont invités chez elle, que sa grand-mère leur propose des mouffletas, les crêpes marocaines, elle ne pourra se départir de ce sentiment. Quand Marie-Christine s’exclame « Hmm… c’est … c’est très bon, mais un peu gras, non?» elle a envie de fuir. D’autant qu’elle s’entend répondre «C’est meilleur avec du miel ou de la confiture». Si seulement le dîner pouvait s’arrêter… «Charlotte est terriblement gênée par le relâchement de sa grand-mère, ses accoutrements lui paraissent ridicules et lui font honte.» Son rêve serait de vivre chez les Duchesnais, intégrer cette famille.

Pourtant, derrière l’harmonie et le clinquant affichés, il y a aussi une partie plus sombre. Si le père de Jane est l’incarnation de la réussite et que «tout en lui respire l’assurance et l’argent. Ses gestes, la souplesse de sa conduite, son énorme montre au bracelet en cuir tabac», il entend aussi jouer de son pouvoir. Un soir, il pénètre dans la chambre de leur jeune invitée et glisse «sa main sous la couette. Sur son corps… Non, non, c’est l’alcool qui lui a tourné la tête. Qui lui fait imaginer une situation invraisemblable. Sa main sur son sein. Son souffle près de son visage. Son regard lourd de menace. Et si c’était un cauchemar? Tout simplement… Pourtant, elle n’a pas rêvé.»

Mais elle ne peut rien dire, faute de voir son rêve d’intégration s’envoler. Car désormais Charlotte «se voit à travers le regard de Jane, de cette famille si française qui ne connaît rien des difficultés de l’exil, de l’adaptation, rien des épreuves de la vie, elle en est persuadée.» Un aveuglement qui va prendre une dimension tragique lorsque Bernard qui a embarqué Charlotte dans sa voiture renverse un homme et prend la fuite et entend réduire sa passagère au silence.

Le plus facile, du moins le pense-t-elle, serait effectivement de nier. D’autant que les menaces se font précises. Que l’affirmation de Jane qui trouve son papa formidable,

« Faut dire que papa, rien ne lui résiste. Il obtient toujours ce qu’il veut », résonne très bizarrement à son oreille. Mais vivre avec ce mensonge est tout aussi difficile, d’autant que la victime n’est pas un inconnu puisqu’il s’agit du mari de la femme de ménage des Duchesnais. «Le mépris qu’elle ressent pour elle-même la paralyse.»

Et puis il y a Gabriel qui le la laisse pas indifférente. Prise dans un engrenage qui peut la broyer, Charlotte ne veut pas voir les avertissements. Y compris quand ceux-ci débouchent sur la violence. Quand sa «meilleure amie» la découvre dans les bras de son frère et qu’elle est «hérissée de colère» :

« – Toi, tais-toi. Tu t’imagines quoi? Que tu vas rentrer dans la famille? Que tu en fais partie? Mais t’es qu’une de ses poules! Tu crois que t‘es la seule?

– Jane, écoute-moi. . .

– Tu crois peut-être qu’il est amoureux de toi? siffle-t-elle entre ses dents. Ah tu m’as bien baladée hier soir! »

Maëlle Guillaud a un sens inné pour faire monter la tension. Elle construit ses romans comme une symphonie qui va crescendo, entraînant le lecteur dans un drame qui va finir par exploser. Une déflagration qui va entraîner la remise en cause de bien des certitudes – et si la famille très française n’était pas celle qu’on croit – et bousculer quelques parcours. Il va falloir désormais changer le scénario, trouver une autre voie. Voilà encore un beau roman de formation servie par une écriture ciselée.
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Lucie ou la vocation

"Il ne faut pas vous en faire, au Carmel, ce sont les trente premières années qui sont les plus difficiles." Alain Cavalier (Thérèse). 



Voilà le décor est planté......



Lucie, étudiante en khâgne, rend visite depuis plusieurs mois à une communauté de religieuses avec Mathilde, une amie de promotion. La jeune fille pleine de doutes sur son avenir, ses capacités et les enjeux entre étudiants, rêve de grandeur, d'amour absolu, de passion. 



Elle fait le choix de se consacrer à cet idéal, le Christ (mais le choix de la religion catholique est-il délibéré de la part de l'auteure ?), son Modèle, son Amour, elle qui a tant souffert de l'absence de son père décédé dans l'ascension d'une montagne, sa passion à lui, dont elle garde très peu de souvenirs à part le vide qu'il a laissé.



Mais Lucie devenue Marie-Lucie au sein de la congrégation va se voir confronter à un monde clos bien loin de ce qu'elle imaginait..... Tâches ingrates, répétitives sans intérêt autre que l'humiliation, l'oubli de soi, jusqu'à son apparence. Elle va aller de désillusions à ambition, de souffrance à envie de liberté. Mais Lucie est une soumise, elle ne se révolte pas, elle accepte, comme un long chemin de croix toutes ces déconvenues pour aboutir, pense-t-elle au Graal de l'Amour Suprême.



Sur 10 ans nous la suivons sur cette lente intégration, semée d'embûches et elle devra au final faire à nouveau un choix : écoutera-t-elle la raison, la passion ou son coeur ?



Fais donc ce dont tu as profondément envie ! La vie est courte, elle ne doit pas être une punition.(p200)

J'ai tout de suite été attirée par ce livre pour débuter ma participation au Prix Meilleur Roman Points 2018 et je suis en fin de compte assez déçue par ma lecture. Il s'agit en fin de compte d'une sorte de polar religion/manipulation psychologique. 



Bien sûr il y est question de la vie communautaire religieuse mais sous un aspect presque sectaire où les intérêts ne sont pas religieux même s'ils en sont le prétexte mais j'espérais un récit sur l'entrée en religion d'une jeune femme, son parcours, ses désillusions certes mais aussi ses joies, son isolement, son intégration ou non au sein de la communauté.



Le récit se fait à deux voix : Lucie mais aussi Juliette, son amie d'enfance qui n'accepte pas la perte de son amie, son éloignement et ne comprend pas ses choix. Elle fera son possible pour, non seulement, restée proche d'elle et ne pas rompre le lien qui les unit mais aussi lui ouvrir les yeux.



Les relations entre les différents personnages, essentiellement féminins : Mathilde, Soeur Marie-Thérèse, Juliette, Lucie, sa mère et sa grand-mère, ainsi que le père Simon, éminence grise, manipulateur, comptant sur la foi des ouailles mais aussi sur leurs côtés plus sombres : ambition, rancoeur, jalousie, pouvoir, pour déplacer ses pions.



Je n'ai pas été convaincue par les ressorts de l'histoire. Lucie rentre dans les ordres par amour du Seigneur mais surtout par l'attrait de la sérénité des lieux où elle se rend régulièrement en observatrice. Elle cherche un refuge, une douceur, une sécurité qui la protègent de la dureté de ses études et de la compétition mais aussi peut-être pour y trouver une image paternelle qui lui manque, un guide....



Le basculement dans une sorte de thriller psycho-manipulation sectaire ne m'a ni convaincue, bien que possible, ni émue, ni passionnée. Etait-il nécessaire d'en arriver là alors que le début du récit sur sa vocation, ses doutes sur ses choix, sur le regard de ses proches, son engagement paraissait intéressant et original car peu traité à mon avis, la suite et fin se révélant décevantes, cousues de fil blanc et dignes d'une série B, fort convenue dans le genre et je n'ai eu qu'une envie c'est d'en sortir.



Les deux voix, celle de Lucie pénétrée de l'amour qu'elle ressent et celle de Juliette, qui tout au contraire ne voit que la perte d'identité de son amie et son renoncement auraient mérité une meilleure exploitation  avec un effet de miroir dans les attentes, les doutes, les questionnements d'une novice face à son amie qui est son opposée. Une partie de roman est intéressante mais pourquoi l'avoir fait basculer dans une manipulation aussi grossière, qui n'apporte rien et à laquelle on n'adhère que difficilement.



Se lit facilement, écriture agréable, fluide. les chapitres courts, alternant les deux amies, mais on referme le livre en se demandant quel était le but de l'auteure ? Assimiler la religion à une manipulation psychologique à des fins crapuleuses....... Oui mais alors de manière plus subtile, insidieuse. On ne comprend pas qu'une étudiante brillante accepte toutes ces brimades, ces comprimés, ces étouffements alimentaires et psychiques sans révolte.



Un premier roman, pour moi peu convaincant, ayant choisi un final un peu en queue de poisson, comme si elle avait eu l'idée du sujet mais pas la façon d'en venir à bout




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Lucie ou la vocation

Il en va de certains romans comme pour certaines spécialités culinaires : on n’est pas trop sûr de vouloir essayer tout en se disant que l’on passe peut-être à côté de quelque chose de délicieux. Je dois à la sélection proposée par les «68 premières fois» la découverte ce premier roman étonnant à bien des égards et qu’il ne me serait jamais venu à l’idée d’acheter. L’histoire d’une jeune fille qui choisit de consacrer sa vie à Dieu en entrant dans les ordres n’est à priori pas fait pour m‘enthousiasmer outre-mesure.

Mais si le premier roman de Maëlle Guillaud mérite le détour, c’est qu’il est bien plus que cela. Au fil des pages la quête spirituelle va se transformer en enquête, l’amour de Dieu en une réflexion sur la «vraie» vie de cette communauté. Disons-le tout net, le livre est de plus en plus passionnant au fil des pages.

Quand Lucie décide d’abandonner ses études supérieures pour «se marier avec Dieu», c’est l’incompréhension qui domine. L’incompréhension de sa famille, sa mère qui imaginait un tout autre avenir pour sa fille, sa grand-mère qui va la perdre à tout jamais, l’incompréhension pour son amie Juliette, qui va tenter à plusieurs reprises de lui faire changer d’avis : « Je dois la convaincre que la vraie vie est ailleurs. Dans les baisers, l’amour, la maternité, tous ces instants qui embellissent nos nuits et nous portent vers autre chose qu’une cellule austère et un époux qu’elle ne pourra jamais toucher. » L’incompréhension du lecteur aussi qui partage les interrogations de ses proches. Comment peut-on s’orienter vers un tel choix sans éprouver le moindre doute ? N’y-a-t-il pas quelque chose de l’ordre de l’emprise sectaire dans l’attitude des religieuses et du père Simon, un jésuite qui lui explique combien son engagement est merveilleux, qui explique à Julie que «le monde qui s’ouvre à toi est d’une beauté dont tu n’as pas idée», qui la pousse à tous les sacrifices.

La jeune fille ne fera pas marche arrière : « Je me souviens, maman. Je t’ai vue tellement souffrir. Je refuse de commettre la même erreur. J’ai choisi la solitude. Je refuse de dépendre de quelqu’un. De me perdre dans le désir, dans tout ce qu’il a d’imprévisible, de sauvage. »

Les premières semaines, les premiers mois de celle qui deviendra Sœur Marie-Lucie vont bien se passer. Elle s’engage totalement dans cette nouvelle vie, n’a de cesse d’apprendre, de tout partager pour l’amour de Dieu. Elle va jusqu’à trouver Juliette puérile dans son combat pour la faire changer d’avis. Les années passent et petit à petit un malaise s’installe. Car plus on s’élève dans la hiérarchie, plus on en apprend sur les principes de gestion d’une telle communauté, sur le caractère des mères supérieures et sur les petits secrets des unes et des autres. Et il y a là bien de quoi ébranler les certitudes. Comment posséder quelque chose quand on a fait vœu de pauvreté ? Pourquoi faut-il tout noter, quelles remarques peuvent faire des religieuses qui sont censées ne pas parler ? Quelle confiance accorder à une personne qui vous ment ostensiblement ?

Vient alors pour Sœur Marie-Lucie l’heure de la remise en cause et pour nous, pauvres lecteurs, le basculement du roman d’une vocation vers un thriller au suspense haletant.

Laissons le voile du mystère se lever et saluons la jolie performance de Maëlle Guillaud !
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Lucie ou la vocation

Voilà un roman bien surprenant. Le thème est original: une jeune fille choisit de devenir religieuse.

J'avais un petit peur de ce que j'allais y trouver.

Au final une lecture rapide, à plusieurs voix, et on n'est ni dans la religion à outrance ni dans Diderot et ses dénonciations extrêmes. Un rappel que les religieuses ne sont pas des saintes et que vivre dans une atmosphère féminine ne doit pas être simple tous les jours.

Intéressant.
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Lucie ou la vocation

En refermant ce texte, j’ai du mal à retrouver mes idées et de vous en parler de façon objective. En effet dans ce texte, on appréciera le texte court et concis qui met en valeur deux aspects très intéressants et différents du monde religieux. D’une part la volonté d’une femme à devenir religieuse et de l’autre l’incompréhension des personnes extérieurs. Mais il me semble que le texte soulève plusieurs problèmes sans pour autant nous donner les débuts de solution. Revenons plus en profondeur dans ce texte.



Dans ce livre on va suivre le parcours de Lucie, une jeune femme qui décide de vouer sa vie au seigneur et donc de devenir religieuse. Pour ma part ce texte relève de l’interrogation. J’ai beaucoup de mal à concevoir comment dans notre société actuelle on peut encore se tourner vers cette voie. A mon plus grand malheur, on ne me donnera que des brèves réponses peu concluantes. A travers Lucie, c’est toute la communauté religieuse qui est décortiquée. Malgré le texte concis, on appréciera cette critique dans un monde que l’on pourrait enjoliver, mais qui n’est que normal, avec ses failles et ses faiblesses. Ici on critique ce monde où la Foix n’est plus le seul moteur de ces religieuses : argent, pouvoir, reconnaissance et j’en passe.



L’auteure tente également de nous présenter un autre aspect de cette vie : l’incompréhension de la famille et des amies. Pour cette partie, je trouve ici encore que le roman aurait bien plus pousser sa réflexion. On ne fait que survoler cette réalité qui me semble omniprésente pour les familles et amies qui voient un être cher partir dans ces congrégations religieuses. Là où les portes sont fermées, le monde extérieur ne peut pas savoir ce qu’il s’y passe et ne possède que sa propre imagination pour combler les blancs.



Dans cette lecture il y a deux poids deux mesures. J’ai apprécié le côté court du texte, on ne s’étale pas. On met sous lumière que les moments important à notre histoire. Ce qui fait de ce livre, une lecture rapide sans temps mort. Mais d’un autre côté j’aurais apprécié que l’on peaufine nos réflexions, on comprend la volonté de l’auteure de présenter une communauté de femme où la perversion est omniprésente. Je pense que le sujet était énorme, et bien trop complexe à traiter en si peu de page. Un texte qui permet de remettre en considération la place de la religion autant pour le pratiquant que pour le non croyant.
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Lucie ou la vocation

Lucie vit dans la pression de Khagnes... un jour, elle tombe amoureuse... elle découvre la foi en dieu et décide d'y vouer sa vie. Ce livre est le récit des mises à l'épreuve de sa foi. Ces mises à l'épreuve viennent autant de ses proches, des autres soeurs que d'elle même. J'ai l'impression aussi que ce livre est un combat entre les croyants et les non-croyants à certains egards. En effet, Lucie est la naratrice principale mais à plusieurs reprises, les points de vue de sa meilleure amie et de sa mère viennent se greffer au récit.

Au fil du livre, on voit que Lucy fait tout pour effacer sa personnalité pour son Amour de Dieu, son dévouement à Dieu. En parallèle de cet effacement, on voit dans le regard de ses proches l'incompréhension, la tristesse. On a presque l'impression qu'ils font le deuil de Lucy. A chaque cérémonie, juliette, sa meilleure amie est présente comme si elle venait à un enterrement.

Le désoeuvrement de la mère de Lucy est aussi très poignant. On l'empêche de voir sa fille. On lui enlève la chair de sa chair.

Bien plus qu'un choix de vie, en choisissant la foi, Lucy renonce à elle même.

Je suis pas vraiment croyante et pourtant dans ce livre, j'ai reussi à me reconnaitre. Au fond, ce n'est pas seulement un questionnement sur la foi, l'amour de Dieu. C'est aussi et surtout un livre sur l'influence qu'ont les autres sur nous, sur la volonté de suivre nos idées et nos choix sans culpabiliser des réactions des autres. C'est aussi un libre sur l'amitié. Car Juliette ne comprend pas le choix de Lucy et pourtant elle fait tout pour essayer.. pour ne pas la perdre.

Un roman touchant et un belle écriture qui nous fait oublier que l'on tourne des pages. Nous nous questionnons nous aussi sur le sens d'une vie.

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Et mes jours seront comme tes nuits

Merci la médiathèque et ses têtes de gondole qui mettent en avant de nouveaux romans! Je ne serai jamais tombée dessus sans cela.



De prime abord, je n'ai pas été trop dépaysée de mon boulot par la description du milieu carcéral et les visites familles. Cela m'a permis d'entrer plus vite dans le roman.

On sent le rituel, l'attente des retrouvailles tandis que l'incarcération freine les relations amoureuses. Les tentations extérieures sont également évoquées mais subtilement et sans que cela ne soit à outrance.

Durant cette écriture, j'ai vu l'évolution où au départ je craignais que ce ne soit que des redondances. Finalement, on assiste par bribes à la construction du couple, du personnage principal déjà bien endeuillé. La cause de la peine de prison ne vient qu'après et prend son sens au fur et à mesure: il est question de trahison, d'économie parallèle, de secrets...

La fin se devine presque mais laisse un goût de surprise où l'auteure m'a embarquée sans que je ne la vois venir... Et c'est là que j'ai compris que j'avais pris une petite claque dans cette lecture.



Un roman teinté de sentiments, qui fait du bien et en même temps rappelle que tout demeure fragile.



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Lucie ou la vocation

Compliqué...



Compliqué, parce que je m'attendais à lire une autobiographie, et que ce n'est pas le cas.

Compliqué, parce que je pensais lire un témoignage de foi et que ce c'est plutôt un témoignage de désamour.

Compliqué, parce que les quelques 200 pages contiennent plus de dix ans de vies de deux personnages et que forcément, on passe à côté de certaines choses.

Compliqué, parce que le côté sectaire présenté dans ce roman, m'a quelque peu surprise.

Compliqué, parce que la fin n'a pas de sens, pas si on considère que Lucie était envieuse et en recherche de reconnaissance, plus que pieuse...

Compliqué, parce que je suis passé à côté, et que cela m'a frustré.



En bref, une lecture compliqué, pour l'agnostique que je suis, en quête de savoir et non de jugement. J'aurais préféré un roman plus neutre ou une auto biographie.



Belles lectures à tous.

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Lucie ou la vocation

Lucie est une jeune femme aimée de sa mère, de sa grand-mère et de sa meilleure amie, Juliette. Après une année difficile dans une grande école, Lucie laisse tout tomber pour suivre celui qu'elle aime éperdument : Dieu. Cet amour, cette passion l'a conduit à rentrer dans un Prieuré. Mais cette décision n'est pas sans conséquence et ouvre des portes que Lucie n'aurait jamais imaginé...



Maëlle Guillaud, éditrice de métier, signe ici son premier roman. Et quel roman pour cette rentrée littéraire 2016 !

On y découvre la personnalité complexe de Lucie qui est prête à tout par amour. Le thème de la passion religieuse est bien évidemment au cœur du livre. et interpelle complètement les lecteurs. On pense immédiatement à l'actualité... et cela dérange et nous amène à nous poser beaucoup de questions. Durant ma lecture, je laissais souvent le livre de côté pour y réfléchir, pour y penser. C'est un roman qui marque beaucoup... Lucie est un personnage psychologiquement très fragile. Parfois, je l'ai aimé, comprise, parfois, elle m'a énervé... Lucie ne laisse définitivement pas de marbre.



Maëlle Guillaud dresse aussi le paysage stricte et rude des couvents religieux. On découvre alors un monde cloisonné et méconnu et ,des religieuses avides de pouvoir mais qui sont très seules au nom de Dieu.



Maëlle Guillaud construit son roman autour de deux voix : celle de Lucie, bien évidemment et celle de sa meilleure amie; Juliette. Cette dernière, très proche de Lucie, ne comprend pas et se sent abandonné. Malgré cela, elle continue à la voir. Cette amitié m'a beaucoup touché et m'a interpellé..



Vous l'aurez compris, Lucie ou la vocation est un roman dérangeant, perturbant mais captivant ! Je le recommande sans problème et d'en parler autour de vous. Une vraie et belle découverte pour cette rentrée littéraire 2016 !
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Et mes jours seront comme tes nuits

Une histoire très courte, percutante, touchante. Les larmes me sont montées aux yeux en lisant la détresse des deux protagonistes. Hannah et Juan, séparés par des barreaux, par la vitre du parloir, par les actes impardonnables de Juan.



C'est un roman assez lent, il ne se passe pas grand chose, on est beaucoup dans les souvenirs d'Hannah mais les chapitres très courts permettent une lecture super fluide et plaisante.



Beaucoup de délicatesse et de poésie se dégagent des mots de l'auteure.



En résumé, j'ai bien aimé découvrir cette histoire, ces personnages qui intriguent et qui marquent !
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Lucie ou la vocation

Lucie aime et Lucie aime sans retour, sans compter, sans peur de se tromper… mais Lucie aime celui pour lequel il faut donner sa vie sans compter, sans retour, et qui sait peut-être sans peur de se tromper… Contre l’avis de tous, alors qu’elle est une brillante étudiante en Khâgnes, Lucie découvre sa vocation, son amour inconditionnel pour ce Dieu à qui elle décide de dédier sa vie. Au grand désespoir de sa mère dont elle est la fille unique et qui rêvait déjà de petits enfants à dorloter, au grand désespoir aussi de Juliette, son amie de toujours, sa presque sœur, qu’elle abandonne sans regrets en rentrant dans les ordres.

Car Lucie va rentrer dans les ordres, et pas n’importe où puisqu’elle choisi une congrégation de sœurs qui font vœu de silence et s’enferment au couvent. Amour absolu et incompréhensible pour la plupart de ceux qui l’entourent, mais avouons-le aussi pour la plupart d’entre nous lecteurs qui nous pensons libres et éclairés. Pour moi en tout cas, qui n’imagine pas qu’une telle vie puisse être rêvée par des jeunes filles d’aujourd’hui. Voilà donc un livre étonnant qui nous plonge dans une communauté et un univers que j’ai ressenti comme quasiment carcéral, avec ses tentions, ses rancœurs, ses jalousies, entre femmes qui ont fait vœu de pauvreté, abstinence et … obéissance. Jeux de pouvoir au sein de ce couvent, entre la mère supérieure et toutes celles qui espèrent un jour accéder au titre, dominer les autres. Car l’univers d’un couvent est conforme à la société, avec ses tensions et ses jalousies, son amour absolu pour un Dieu omniprésent et pourtant absent, avec ses doutes quant à la justesse du chemin choisi. Et au dehors, mais si proche, les doutes d’une adolescente qui pressent sa vocation puis l’assurance d’une presque adulte qui affirme sa vocation, l’amitié plus forte que tout, l’amour inconditionnel d’une mère, de celles ou ceux qui ne comprennent pas mais qui doivent accepter pour ne pas perdre….

Je n’ai pas pu m’empêcher de faire la comparaison avec ceux qui s’embarquent pour faire le Jihad… sûrs de leur choix, terrible et incompréhensible pour leurs proches, ou ceux qui se convertissent quand ils pensent qu’ils ont trouvé la lumière, la voie. Ah, l’absolu pouvoir d’une religion et de ses extrêmes. L’incompréhension face à celui qui s’engage sans possibilité de retour. Voilà un livre assez dérangeant. Je pensais ne pas aimer, et en fait je me suis laissée happer par Lucie, sa foi qui l’emporte là où tant auraient abandonné, sur des chemins difficiles et si compliqués, si tendus, loin finalement de son idéal religieux d’amour absolu et joyeux, mais dans un univers dont on ne ressort pas si facilement.

Cette vie ou une autre, laquelle vaut le coup d’être vécue ? Et si elle avait raison ? Lesquels sont dans le vrai finalement, ceux qui doutent ou Lucie qui va au bout de son amour ? Je n’ai toujours pas de réponse. Même si « Lucie ou la vocation » est réellement un livre qui interroge le lecteur, j’avoue que je l’aurai bien parfois secouée un peu pour qu’elle réagisse !
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Lucie ou la vocation

Lucie, jeune étudiante en khâgne, décide de se couper de la société et de vivre pleinement son amour pour Dieu, en entrant dans un prieuré.

Elle s’engage ainsi dans un choix certes difficile mais surtout lourd de conséquences : elle devra faire face à l’incompréhension de sa famille et ses amies, et se couper de la vie extérieure.

Pourtant, l’amour de Dieu n’est visiblement pas un long fleuve tranquille, et lui apportera son lot d’espoirs mais aussi de désillusions. Alors qu’elle était venue chercher une forme de paix et d’absolu, elle se retrouve dans une autre forme de société : fermée et régie par des règles et des luttes de pouvoir allant jusqu’à la manigance et la trahison, au final ce prieuré ressemble largement à la société qu’elle a quittée. Sur la forme, Maëlle Guillaud a opté pour un style original alternant le récit de Lucie avec des chapîtres en italique donnant la parole à Juliette, l’amie indéfectible. Celle-ci nous offre une très belle leçon d’amitié : même si elle ne partage pas le choix de Lucie, elle l’a soutiendra tout au long du livre.

Avec des mots simples et un style fluide, Maëlle Guillaud traite certes de l’amour de Dieu mais ce récit peut être extrapolé d’autres formes d’amour et de renoncement.



https://accrochelivres.wordpress.com/2016/08/31/lucie-ou-la-vocation-maelle-guillaud/
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Une famille très française

La question de l’identité et de l’envie d’ailleurs, d’exotisme à la période de l’adolescence est au cœur de ce livre. Charlotte, jeune fille juive, se noue d’amitié avec son exact inverse, une jeune fille bourgeoise, très « Française », catholique. SI leur amitié est forte et sincère, la vie et divers événements vont vite ternir cette dernière…



On peut difficilement quitter ce récit tant il est poignant, et troublant. Sur un fond d’inceste et de racisme généralisé, la petite Charlotte va vivre deux grands drames qui vont bouleverser sa vision de la vie, et faire disparaitre à jamais son innocence. Perturbée, en pleins questionnements, elle se demandera si elle a eu raison de croire que la culture de cette famille bourgeoise est vraiment préférable à la sienne, celle des pieds noirs…



Ce livre est bouleversant, vraiment bien décrit, on est touché en plein cœur par la narration qui nous montre avec des mots d’adolescente, le tumulte de cette période difficile à gérer d’autant plus lorsque l’on ne sait pas où se placer entre deux cultures, deux façons de voir les choses, deux façons de vivre la vie.



Le temps des premiers choix, des premières décisions, la découverte de la sexualité et de l’envie, et toutes les conséquences que cela peut avoir, toute cette somme de choses qui font le passage à l’âge adulte, et la découverte de son identité propre. C’est un périple ardu pour Charlotte. Le dénouement de ce livre est exceptionnel et à la hauteur de la tension crée tout au long de la lecture.

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