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Critiques de Marcel Proust (1054)
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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

Retour de (re)lecture sur "Du côté de chez Swann" écrit par Marcel Proust et publié en 1913. Une deuxième tentative de lecture, cette fois aboutie, après un premier abandon il y a 25 ans. Ce livre est le premier tome du roman "A la recherche du temps perdu" qui en comporte sept, mais peut se lire seul. Ce roman, qui est une introspection ultra détaillée, est une pièce majeure de la littérature française et parfois considéré comme le meilleur roman de tous les temps. Il contient l'épisode de la fameuse madeleine de Proust qui est maintenant devenue une expression courante. Ce roman est un travail littéraire impressionnant dans sa manière de décrire avec énormément de détails les sentiments, de mettre des mots sur les pensées les plus furtives, sur l'indicible. On n'est pas dans un roman classique mais plutôt dans une expérimentation littéraire, d'une complexité et d'une richesse incroyable. C'est tout le fonctionnement d'un esprit humain qui est décortiqué. Proust nous expose ainsi sa très grande sensibilité, il nous parle de ses peurs, de ses ressentiments et émerveillements, il nous partage la vie de ses personnages en nous épargnant aucun détail sur leurs sentiments, sur l'amour, la crainte, la jalousie, leurs peurs d'enfant ou d'adulte, les déceptions ou la trahison. Tout est exprimé par des mots avec énormément de grâce, de précision et de justesse, c'est là tout le talent et la spécificité de Proust. Par contre cela a un prix, et la lecture de ce livre est tout sauf facile. Il faut avoir énormément de persévérance, car le plaisir n'est pas toujours là. Le vocabulaire utilisé par Proust est particulièrement riche mais la pagination est très dense, il y a peu de dialogues, les phrases sont souvent d'une longueur incroyable, il ne se passe pas grand chose, la ponctuation est très déstabilisante. Tout cela demande beaucoup de concentration et entraîne un rythme de lecture particulièrement lent. Le livre est divisé en trois parties inégales. Dans la première partie "Combray" le narrateur nous raconte sur près de deux cent pages ses souvenirs d'enfant, dans la maison familiale de sa tante dans le Calvados. Cette partie est hallucinante. Proust pousse à l'extrême l'introspection, la description de ses sentiments, la lenteur des scènes et l'inaction. Il faut être particulièrement persévérant pour en venir à bout, on dirait presque qu'elle a pour unique but de faire une sélection et d'éliminer les lecteurs trop impatients pour s'adapter à cette mécanique littéraire proustienne. La deuxième partie "Un amour de Swann" est beaucoup plus facile et abordable puisqu'il y parle du sentiment amoureux et de ses différents états à travers ses personnages M.Swann et Odette de Crecy. Il y a également dans cette partie une description assez intéressante de cette classe sociale frivole des gens du monde au début du vingtième siècle, à travers leurs réunions mondaines. Une classe sociale qui semble ne jamais rien faire de constructif et évoluer dans une vacuité totale. La troisième partie "Un nom" est elle plus anecdotique étant beaucoup plus courte. Elle est néanmoins superbe, et donne du sens et de la cohérence à tout ce premier tome. Au final, c'est un livre pour lequel j'ai surtout retenu la performance littéraire, avant le plaisir qui était beaucoup trop intermittent. Le plus grand plaisir étant finalement d'arriver au bout de cette lecture, qui est une épreuve, un périple littéraire, mais qui est passionnante et particulièrement intéressante, avec de très grands moments de jubilation sur certains passages. En tout cas, je signe sans hésiter pour le deuxième tome, "À l'ombre des jeunes filles".

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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

L'âge de ma première lecture, le temps écoulé depuis (environ 40 ans), la longueur de l'oeuvre dont "Du côté de chez Swann" n'est qu'une partie, la surimpression d'apports exogènes de certains extraits et avis populaires, les moments de la vie, à la façon des sentiments de Swann lui même les fluctuations de mon état d'esprit, et le résumé très succinct que j'aurais spontanément fait des 2500 pages de l'ensemble, font que j'ai lu un livre dont j'ai reconnu la musique d'ambiance mais dont j'ai eu l'impression de redécouvrir bien des morceaux. Une disposition d'esprit qui correspondait particulièrement bien au thème de la mémoire développé par l'auteur. Aucun doute, " A l'ombre des jeunes filles en fleurs" m'attend. Et puis, beaucoup d'autres livres de ma bibliothèque qui mériteraient une relecture ....
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A la recherche du temps perdu, tome 2 : A l..

À l'ombre d'un chef-d'oeuvre !

«À l'ombre des jeunes filles en fleurs » est le deuxième tome de l'ensemble romanesque « À la recherche du temps perdu »



Maintenant adolescent, le narrateur continue de fréquenter Gilberte Swann et se trouve introduit auprès de ses parents grâce auxquels il rencontre bientôt l'écrivain Bergotte. Parvenu à une indifférence presque complète à l'égard de Gilberte, (le déclin et le trépas décrit de manière absolument magistrale par Marcel Proust), il accompagne sa grand-mère à Balbec, sur la côte normande, où il fait la connaissance de Saint-Loup-en-Bray, (une rencontre qui donnera certaines des meilleurs pages du récit), et de son oncle Charlus, mais surtout découvre le charme des jeunes filles en fleurs, celles de la « petite bande » qu'il aperçoit un jour, de l'autre bout de la digue.



« À l'ombre des jeunes filles en fleurs » marque une nouvelle étape dans la formation sentimentale du narrateur (Albertine Simonet), mais également dans sa formation artistique : outre Bergotte, il rencontre le peintre Elstir, et la vocation littéraire qu'il avait ressentie lors des promenades à Combray est reconnue par sa famille.



Difficile de parler de «  À l'ombre des jeunes filles en fleurs » en quelques lignes, tant ce roman est foisonnant. Un roman certes verbeux, et jonché de phrases complexes (Marcel Proust, quoi !), mais un roman ô combien jouissif.

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A la recherche du temps perdu, tome 4 : Sod..

Je progresse doucement dans "La recherche du temps perdu" et viens donc de finir le 4eme tome de cet incroyable ouvrage.



Nous retrouvons les personnages déjà rencontrés dans les précédents tomes, avec dans celui-ci un focus très long sur Charlus, dont l'homosexualité étonne, dérange, préoccupe, et questionne beaucoup le personnage central de l'ouvrage.

Ce n'est d'ailleurs pas seulement l'homosexualité masculine qui intrigue longuement, mais également l'homosexualité féminine.



Vaste sujet.... qui traité par Proust devient même un peu longuet ....On en arrive même à penser que Proust ne voit plus que cela partout... comme une obsession.



On retrouve néanmoins cette merveilleuse écriture, cette description unique et délicieuse des milieux aristocratiques, et cet humour bien particulier qui me ravi et dont dont je vous livre un exemple :



- " comment, vous ne m'avez pas vu découper moi même les dindonneaux ?"

Je lui répondis que n'ayant pu voir jusqu'ici Rome, Venise, Sienne, le Prado, le musée de Dresde, les Indes, Sarah dans Phèdre, je connaissais la résignation et que j'ajouterais son découpage de dindonneaux à ma liste."



C'est drôle, même si on ne se tord de rire. Un humour pince sans rire très agréable à lire.



C'est jusqu'à maintenant le tome que j'apprécie le moins, un peu trop long sur le sujet de "l'inversion" avec néanmoins une fin qui s'accélère ( chez Proust cela reste relatif...) où l'on sent qu' Albertine va bientôt devenir un personnage central ....

A suivre donc...



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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

Les lecteurs de Proust sont des liseurs de haut vol, capables de retenir leur respiration tout au long de phrases marathon, cascadant de juxtapositions en appositions et autres digressions hasardeuses, sans pour autant perdre le fil de potins somnifères jalonnant le quotidien de personnages sans lustre. Admiration.



Les rebondissements n'opèrent pas dans l'intrigue, seulement dans la syntaxe. Il faut avoir un niveau de concentration inoxydable ou une frivolité souveraine pour ne pas sombrer. Car au final l'imaginaire du lecteur est fort peu sollicité.



Accepter l'ennui étant le seul vrai courage, j'avoue en manquer et jeter l'éponge en cours de chemin.

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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

Après avoir lu la Recherche il y a des années - et ce qui m'a pris des années! - me voilà rouvrant les pages de la partie qui se nomme Combray: il suffit que je feuillette les pages pour retrouver, parsemés, les thèmes qui parcourent l'oeuvre entière! Pour n'en citer que quelques-uns, l'amour pour sa mère, le sadisme, le goût des jeunes filles, le souvenir et la réminiscence, l'architecture, la fascination des noms propres et j'en passe.

Pour moi, Combray représente la partie la plus tendre de la Recherche, là où l'esprit de l'enfant qu'était Marcel se forme et où lui-même fait ses premiers apprentissages de la cruauté et de l'indifférence.

Combray, c'est aussi un tout petit monde qui renferme en son sein le monde entier par le simple biais des perceptions auxquelles Marcel s'accroche, qu'il cherche à déployer sans encore en prendre conscience, et qui seront le moteur de toute la Recherche.

Mais ma découverte de Proust avait commencé par Un Amour de Swann, au lycée, partie singulière qui sort du lot puisque dans celle-ci, le personnage principal est Swann et non Marcel. J'avais aimé cette relation déséquilibrée entre l'homme et la "cocotte" et ces analyses pointilleuses des sentiments.

En revanche, je ne garde aucun souvenir précis de la dernière partie de ce premier tome, Noms de Pays: le Nom.



C'est évidemment par ce premier tome qu'on doit commencer la Recherche, mais l'avantage est que ce Tome se suffit en lui-même et la lecture peut également s'arrêter là. Mais quel dommage...!
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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

Tout a été dit sur l’oeuvre de cet immense écrivain, et beaucoup mieux que je ne peux le faire. Loin de moi l’idée d’analyser le pourquoi et le comment d’un écrit aussi mythique. Je veux simplement dire le plaisir que l‘on peut éprouver à parcourir ces longues phrases d’une musicalité unique, chargées d’un contenu émotionnel et sensuel qui ne peut émaner que d’une âme extrêmement sensible et capable d’un sens de l’observation inégalé.



Et cela se mérite. J’ai le souvenir de multiples tentatives pour essayer de passer les premières phrases, celles là même qui aujourd’hui m’enchantent. Et puis un jour, à force de persévérance, la clé de la compréhension vous donne accès à cet univers unique.



C’est une seconde lecture pour ces premiers tomes, mais cette fois avec l’intention d’aller jusqu’au bout. Remettre à plus tard, quand on aura le temps, crée le risque de passer à côté. Alors en route pour la Normandie du début du 20è siècle, ses manoirs peuplés de duchesse et ses salons où il faut se montrer. Le jeune Marcel, qui se couchait à l’époque où débute le récit, très tôt, découvre et analyse avec une grande méticulosité les moeurs sociales de son entourage proche, s’imprégnant comme une éponge sèche de tous les commentaires et conduites de sa famille et de ses relations. En profonde communion avec le nature, Marcel est un solitaire, qui commence cependant à s’émouvoir sous l’emprise des affres hormonales de l’adolescence lorsque des jeunes filles pénètrent dans son périmètre de sécurité. C’est aussi dans ce volume que l’on peut déguster l’épisode de la fameuse madeleine. Y apparaît le personnage de Swann, dont l’ambiguité fascine le jeune Marcel.






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À la recherche du temps perdu, tome 3 : Le ..

Je poursuis mon aventure proustienne avec "À la recherche du temps perdu, tome 3 : le côté de Guermantes". Je suis toujours sous le charme de la prose poétique de Marcel Proust même si ce troisième volume est moins surprenant puisque je me suis déjà installée dans son univers.



Le narrateur est en grand amoureux, cette fois-ci il tourne les yeux vers Oriane de Guermantes dont la finesse d'esprit est à la hauteur de ses réparties. Grâce à elle, les souvenirs d'amour lui reviennent.

Françoise vieillissante lui parle de cette grande famille des Guermantes dont il connaît l'histoire féodale du château qui a donné son nom au village.

Robert de Saint-Loup est l'ami qu'il fréquente, il est militaire et neveu de Madame de Guermantes. Ce n'est pas par hasard si l'armée est évoquée puisqu'un des sujets centraux du roman est l'actualité de l'affaire Dreyfus, la révision de son procès mais aussi l'antisémitisme ambiant et les divergences de vues.

Si le contexte politique est particulièrement intéressant, la richesse culturelle de l'époque est omniprésente grâce au théâtre, à la peinture, à la musique et surtout à la littérature avec de nombreuses références comme Balzac, Stendhal, Hugo, Zola ou Musset.

S'il insiste sur la différence entre la vieille aristocratie et celle de l'Empire, le narrateur fréquente les salons et soirées où les conversations sont souvent tournées vers la généalogie. On y croise la "race ancienne de l'aristocratie" comme le Baron de Charlus, beau-frère d'Oriane de Guermantes, neveu de Madame de Villeparisis, oncle de Saint-Loup, ainsi que la princesse de Parme et celle de Sagan (et là on a une petite pensée pour Françoise Sagan dont le nom de plume a été inspiré par Proust).



J'ai beaucoup aimé les anecdotes qui donnent des pointes d'humour au récit à l'ambiance mondaine, comme le coiffeur qui permet à Robert d'avoir sa permission, le régime lacté lorsqu'on est malade ou les infidélités des uns et des autres. Mais le plus beau passage est celui mort de la grand-mère, il est si bien écrit qu'il est particulièrement émouvant.

Il va sans dire que j'ai hâte de poursuivre cette œuvre passionnante.





Challenge Pavés 2024

Challenge Multi-défis 2024

Challenge XXème siècle 2024

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A la recherche du temps perdu, tome 5 : La ..

Albertine est venue vivre avec le narrateur qui envisage de l’épouser, il en a parlé à sa mère (qui est contre), mais pas à la jeune fille. Il n’est d’ailleurs pas certain d’aimer Albertine, mais la jalousie le torture — ne lui préfère-t-elle pas une femme ?



Le narrateur est malade, sort peu, Albertine est donc contrainte de sortir seule. Seule, mais est-ce bien certain ?



C’est le thème du livre, et franchement, Marcel Proust en fait des pages et des pages.



Le narrateur se rend tout de même à une soirée chez madame Verdurin. Un passage plus léger du roman où l’auteur décrit admirablement les petits jeux sociaux. La grande aristocratie dédaigne saluer la Patronne, à l’exception de la reine de Naples.



La musique de Vinteuil est l’objet des plus belles pages du livre.



Vous serez sans doute surpris d’apprendre que le roman s’achève sur un cliffhanger, de quoi donner envie de lire la suite, tout en redoutant (un peu) les interminables phrases que l’évènement va inspirer à l’auteur.


Lien : https://dequoilire.com/marce..
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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

Dans ce premier tome d' “A la recherche du temps perdu”, Marcel Proust évoque, en trois parties distinctes, le souvenir d'une enfance entre Paris et Combray, lieu de vacances en famille. Rencontres, dîners, voisinage, calme, air frais, plaisir de lecture, sont tous ces moments que l'auteur se remémore avec douceur et mélancolie dans un texte riche sur le temps qui passe.



Je remercie les éditions du Livre de poche pour l'envoi de cette édition dans sa nouvelle traduction de Matthieu Vernet avec laquelle je découvre enfin l'oeuvre de Proust.



“Du côté de chez Swann” est le premier des sept tomes constituant l'oeuvre principale de l'auteur écrite entre 1906 et 1922. Il est paru pour la première fois en 1913 aux éditions Grasset puis aux éditions Gallimard à partir de 1919. La préface indique que le texte de 2022 se rapproche au plus juste de l'original.



Marcel Proust retrace les souvenirs d'une jeunesse, les liens avec sa mère, sa santé fragile, les instants paisibles et simples, d'une simple lecture matinale sous un marronnier à une promenade en bord de mer, au goût du thé et à la dégustation de petites douceurs. L'auteur présente les personnages et décrit les lieux que l'on retrouvera plus tard.



Dans “Combray”, la première partie du livre, ces sont les souvenirs des vacances en Normandie chez tante Léonie. Il est fait référence à la famille et aux liens qui se créent avec un certain Charles Swann.



“Un amour de Swann”, la deuxième partie, est concentrée essentiellement sur cet homme très apprécié et bien entouré, ainsi que sur sa future femme, Odette.



Dans “Le nom”, troisième et dernière partie, l'auteur met l'accent sur le ressenti et les émotions que lui procurent certains lieux de vie et de vacances.



Le texte est très imagé. On visualise et on contemple toutes les scènes. Je n'ai pas trouvé la lecture difficile, mais elle demande du temps. Les phrases sont longues, il y a peu de ponctuations. C'est une lecture qui se savoure chaque jour.



"Du côté de chez Swann" est un roman autobiographique dans laquelle Marcel Proust aborde les thèmes de la famille, de la jeunesse, du souvenir et de l'amour. C'est aussi l'histoire d'une époque, d'une société bourgeoise du XXème siècle en France. C'est un premier tome condensé, volumineux, précis mais c'est aussi une immersion totale. Une fois que l'on entre dans la vie de ces personnages, on y reste pendant quelque temps en buvant un thé et en s'installant un petit cocon tout en détente.
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Journées de lecture

A la fin des années 1880, Marcel Proust n'a pas encore le succès qu'on lui connaît aujourd'hui. A cette période, il écrit des poèmes, publie des textes simples et critiques pour des revues telles que le "Figaro". Dans le même temps, il rédige la préface de l'œuvre de l'écrivain John Ruskin, poète, écrivain et critique d'art décédé en 1900. Dans cette préface, Proust évoque son lien à la lecture, son expérience et ce qu'il y trouve.



Ce petit livre fait partie de la collection Folio à petit prix que j'apprécie de lire en été entre deux lectures plus exigeantes. Cette collection permet de découvrir des auteurs encore jamais lus, les prémices d'une œuvre, un essai ou une nouvelle en lien avec un titre connu. "Journées de lecture", avec sa couverture fleurie et ses couleurs toutes douces, m'a bien inspiré pour ces vacances.



On y lit un texte intime de Marcel Proust sur ses premières aventures de lecteur, ses émotions, ses souvenirs notamment lorsque jeune enfant, il aimait ces temps de solitude, de calme, entre les repas de famille, les amitiés et autres sorties.



Ces "journées de lecture" représentaient pour lui des moments privilégiés qu'il savourait pleinement. Il parle de réflexions, de voyages et de contemplations solitaires. Et comme on le comprend nous-mêmes lecteurs/lectrices qui savourons ces temps de bien-être et de relâchement.



Un livre à lire tranquillement au soleil !



"La thèse de Ruskin, nous pouvons la résumer assez exactement par ces mots de Descartes que 《la lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens de siècles passés qui en ont été les auteurs》".


Lien : https://labibliothequedemarj..
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A la recherche du temps perdu - Intégrale, to..

Je ne sais pas pour Marcel (on se tutoie maintenant, on vient de passer une semaine ensemble!), mais moi, je n’ai pas perdu mon temps ! Assignée à résidence à cause d’une sale labyrinthite qui me donnait l’impression d’être plutôt un personnage kafkaïen que proustien, je me suis replongée dans « La Recherche ». Ben voui ! J’ai même pris la décision de tout relire et d’essayer d’y comprendre quelque chose ! (Je n’ai peur de rien !) Alors voilà, j’ai noté deux trois réflexions que je vous livre (vous avez hâte, je sais), dont on pourrait discuter (n’hésitez pas à partager votre point de vue!) et surtout, je me suis dit qu’elles pouvaient (éventuellement) me permettre une entrée dans l’oeuvre, histoire de ne pas m’y aventurer sans lampe frontale… Ici, je parle surtout de la partie intitulée « Combray ». Allez, on se lance ? Promis, après la lecture de cet article, si entre la poire et le fromage, la discussion tourne sur « La Recherche », vous aurez de quoi tenir jusqu’au café !



Alors, pour commencer, il me semble qu’il y a dans le motif du vitrail (essentiel à mon avis), présent à la fois dans l’église d’Illiers-Combray et le Salon des Dames de Tante Léonie, un éclatement et une opacité qui préfigurent le regard du narrateur sur le monde. « La Recherche » est en effet une tentative de déchiffrement, de dévoilement, d’accès à une vérité toujours en fuite. «… La chose vue par moi, de mon côté du verre, qui n’était nullement transparent, et sans que je puisse savoir ce qu’il y avait de vrai de l’autre côté... » Si on regarde bien, le Narrateur passe son temps à lire le monde, à tenter de l’interpréter, d’accéder à l’essence des choses c’est-à-dire à leur beauté, leur vérité. Il formule constamment des hypothèses, des postulats sur les gens, les lieux, les temporalités, les soumettant à une grille de lecture qu’il fait évoluer au fil du temps et qui s’apparente à différents points de vue successifs sur le monde. Le Narrateur s’efforce donc d’interpréter les signes : il tâtonne, commet beaucoup d’erreurs d’ailleurs, nous entraîne avec lui dans des analyses souvent erronées ou partiales. Il croit percevoir la lumière derrière le verre opaque mais c’est un leurre. Tout est à reprendre, toujours, sans cesse, et il faut attendre que d’autres expériences sensorielles se présentent pour tenter comme le dit M. Raimond de « passer de l’impression à l’expression » (que c’est bien dit!) car évidemment bien sûr, vous vous en doutez, le but de l’entreprise est (roulements de tambour) de parvenir au Graal, c’est-à-dire à l’Art et notamment à l’écriture.

Donc « La Recherche » se présente comme un roman d’initiation, d’apprentissage. Mais l’accès à une éventuelle vérité semble un chemin semé d’embûches et on va voir pourquoi…



Tout d’abord, l’emploi du temps très strict du Narrateur (pauvre Marcel… si j’imposais ce genre de rythme à la maison, ça serait la révolution!) ne lui permet pas de créer véritablement de perméabilité entre les heures de la journée, chacune d’elles enfermant sa propre vérité dans l’espace qui lui est imparti. Cela fonctionne exactement de la même façon pour les lieux : les espaces sont étanches, hermétiques, clos : comment envisager que la promenade du côté de Méséglise (courte et donc souvent effectuée les jours de mauvais temps) puisse croiser celle de Guermantes - plus longue et occupant donc les jours les plus clairs ? On voit bien d’ailleurs ici l’étroite imbrication lieux /temporalités qui accentue encore davantage l’effet de quadrillage. En effet, les lieux comme les temporalités sont morcelés, divisés comme des pièces de puzzle impossibles à assembler et en même temps, chose surprenante, ils peuvent à certains moments se superposer voire se confondre. (Je vois aussi dans les « paperoles » rattachées les unes aux autres, parfois de manière hasardeuse, par Céleste et comme repliées en accordéon, cette même tentative d’accéder à la vérité par ajouts successifs, par petites touches, collages de fragments.) Il suffirait pourtant de réunir les pièces pour qu’un sens apparaisse, pour qu’une unité première (un paradis perdu peut-être?) soit retrouvée. Mais comment ? C’est bien là le problème ! Le morcellement de toute chose provoque chez le Narrateur inquiétude, tourment, souffrance. Prenons l’exemple de l’expérience du train : « je passais mon temps à courir d’une fenêtre à l’autre pour rapprocher, pour rentoiler les fragments intermittents et composites de mon beau matin écarlate et versatile et en avoir une vue totale et un tableau continu. » Cette course est le reflet d’une quête, elle est action, volonté, recherche. C’est une expérience difficile, épuisante et souvent stérile : elle ne permet pas d’accéder au mystère des choses. Elle le laisse seulement pressentir : le Narrateur entrevoit une lumière et des signes mais il ne parvient pas à les déchiffrer. C’est l’échec. Il a besoin d’une vue synthétique, globale, totale pour qu’une lecture du monde soit possible et, bien sûr, qu’une écriture puisse advenir. En effet, tant qu’il ne parviendra pas à effectuer cette agrégation/fédération, l’écriture n’aura pas lieu. CQFD.



En effet, comme on vient de le voir, le narrateur a une lecture particulière du monde, une vision fractionnée qui l’empêche de prendre en compte un ensemble, une totalité. Et c’est bien ça le problème ! La synthèse lui est rarement possible, et pourtant, elle est nécessaire à l’écriture, à la captation de l’essence des choses, de leur vérité. Il décrit d’ailleurs cela comme une sorte de handicap qui lui est propre. En effet, à cette vision morcelée de l’univers s’ajoute un moi fragmenté, les deux étant certainement liés d’ailleurs : « ...c’est du côté de Guermantes que j’ai appris à distinguer ces états qui se succèdent en moi, pendant certaines périodes, et vont jusqu’à se partager chaque journée, l’un revenant chasser l’autre, avec la ponctualité de la fièvre : contigus, mais si extérieurs l’un à l’autre, si dépourvus de moyens de communication entre eux, que je ne puis plus comprendre, plus même me représenter dans l’un, ce que j’ai désiré ou redouté, ou accompli dans l’autre. » On observe ici un éclatement du moi qui empêche une compréhension du réel. Face à cet aveu d’incapacité, le Narrateur en vient à formuler l’hypothèse que finalement « la réalité ne se forme que dans la mémoire… les fleurs qu’on me montre aujourd’hui pour la première fois ne me semblent pas de vraies fleurs. » Autrement dit, pour lui, le réel possible n’appartient qu’au passé, il est recomposition, ce qui signifie qu’il est étroitement lié au monde de l’Art et que seul l’Art peut en proposer une représentation possible.



Alors, à quoi ressemblent les lieux réels dans la tête de Marcel? Souvent disjoints, il arrive qu’ils se superposent et donc d’une certaine façon se confondent : lorsque devenu adulte, le soir, le Narrateur entend des aboiements de chien, il se croit sous les tilleuls près de la gare de Combray. Le lieu présent s’efface et laisse place au lieu passé dans une espèce de procédé de surimpression qui n’est pas sans rappeler les formes projetées par la lanterne magique sur le mur de la chambre. Cette superposition crée un autre lieu, composite, irréel, j’allais dire romanesque. En tout cas, apparaît un espace qui n’existe pas, une création liée à une impression, à une expérience particulière. Ici l’unité engendre l’Art, elle permet d’atteindre une forme de Vérité supérieure à celle du réel, trop souvent décevante.

Voici un autre exemple : il est très étonnant de constater qu’il suffise que le père du Narrateur emprunte un chemin différent pour que toute la famille soit perdue, sans repères dans un espace pourtant extrêmement familier et très limité. Le père apparaît dans ces moments-là comme le magicien qui d’un coup de baguette magique retrouve la petite porte de la rue du Saint-Esprit. Cela me semble lié aux représentations que le Narrateur et sa mère ont de l’espace qui dans leur esprit n’est pas segmenté par des routes, des chemins, des directions… Pas de carte, pas de GPS dans leur esprit. Non, ce sont plutôt des lieux-instants, des lieux-paysages, des lieux-sensations, des lieux qui finalement ont plus à voir avec des caractéristiques esthétiques que géographiques. Ainsi, pourrait-on penser que ce point de vue sur le monde favoriserait l’accès à l’Art. Ce n’est pas le cas : les lieux ainsi vécus ne permettent pas d’accéder à la vérité. On verra plus tard que Swann, qui a une vision artistique du monde, (c’est certainement l’homme le plus cultivé de La Recherche) ne fera rien de tout cela. Certainement, parce que cela ne suffit pas.



De même l’onomastique crée dans l’esprit du Narrateur des images, des visions souvent bien éloignées du réel. Prenons l’exemple de Balbec : Legrandin explique que Balbec est un lieu de « tempête en fin de terre ». Swann précise que son église s’apparente au gothique normand. Bref Balbec restera à jamais dans l’esprit du Narrateur un assemblage étonnant et superbe d’architecture gothique et de tempête sur la mer et, comme le fait remarquer R. Barthes dans « Le degré zéro de l’écriture », « Proust et les noms » : Balbec « a deux sens simultanés.» - sans même parler des sonorités (harmonies imitatives) qui pourraient encore conduire le narrateur vers d’autres visions. Avant même de connaître les lieux, le Narrateur va tenter de déchiffrer les noms, de déceler les mystères du monde à travers eux. Il dispose librement de ces noms, personne ne lui en barre l’accès, il va donc y déverser toute la puissance de son imagination. Là, va s’opérer une reconstruction du lieu qui va engendrer une espèce d’entité nouvelle, poétique, artistique.

N’oublions pas que lorsque le Narrateur était enfant, à la demande de sa grand-mère, on ne lui offrait pas des photos des lieux qu’il aurait aimé visiter car elles étaient jugées vulgaires. A la place, Swann lui rapporte des photographies de chefs-d’oeuvre (peintures ou gravures anciennes) afin de placer entre le réel et la représentation du réel le maximum d’« épaisseurs » possibles. Ainsi, la représentation que l’enfant se fait des lieux n’a strictement rien à voir avec les lieux eux-mêmes. Le réel est jugé vulgaire, laid. Il vaut mieux s’en tenir éloigné… L’enfant est élevé dans une forme de rejet, de condamnation du réel. Peut-il faire autre chose que chercher une issue pour accéder au monde ?



Et pourtant, tout se passe comme si certains moments privilégiés avaient le don d’unir, de rassembler le temps et l’espace et ce sont précisément ces expériences-là qui donnent accès à l’Art et donc l’écriture. Prenons l’exemple des clochers de Martinville : tandis que le Narrateur est sur le point de renoncer à être « un écrivain célèbre » parce qu’il ne parvient pas à découvrir ce qui se cache derrière les choses et qu’il perd la volonté de s’adonner à cette recherche nécessitant un effort important, il est invité, lors d’une promenade, à monter à côté du cocher dans la voiture du docteur Percepied. Il aperçoit au loin les clochers de Martinville sous le soleil couchant et une impression l’étreint. « Je sentais que je n’allais pas au bout de mon impression, que quelque chose était derrière ce mouvement, derrière cette clarté, quelque chose qu’ils semblaient contenir et dérober à la fois. » C’est peut-être un détail mais à ce moment précis, soudain, l’espace s’annule : alors qu’il croyait les clochers éloignés, la voiture arrive de façon très soudaine devant l’église. Le Narrateur demande immédiatement de quoi écrire. En fait, le mystère de ces clochers, c’est qu’ils offrent au narrateur la possibilité d’accéder à l’écriture. Là, le jeune homme le comprend et il agit immédiatement, en demandant de quoi écrire et en écrivant. En fait, ce ne sont pas les clochers qui détiennent l’essence des choses, c’est l’expérience que le Narrateur fait avec ces clochers, quelque chose qui a lieu dans son esprit, en lui-même. Or, comme je le précisais tout à l’heure, on a l’impression que ces moments privilégiés ne peuvent exister que s’il n’y plus de fragmentation spatiale ou temporelle. Il faut un lieu unique (une abolition de l’espace), un temps unique (une absence de fragmentation temporelle qui a lieu précisément dans les expériences de mémoire involontaire où le présent s’efface au profit du passé .) En effet, l’analogie entre la sensation présente et la sensation passée annule la distance temporelle et permet de « s’affranchir de l’ordre du temps » et d’atteindre l’essence des choses. Et peut-être que ce lieu unique, privilégié, est la chambre, espace clos, lieu de l’écriture, lieu de l’immobilité où toutes les distances sont annulées. Devenu adulte, le Narrateur, lorsqu’il se réveille le matin, ne sait plus ni dans quelle pièce il se trouve ni quelle heure il est. Il est dans un lieu qui pourrait être tous les lieux et hors du temps. Genette précise dans « Figures I », « Proust palimpseste », que « le temps perdu n’est pas chez Proust … le passé, mais le temps à l’état pur, c’est-à-dire en fait, par la fusion d’un instant présent et d’un instant passé, le contraire du temps qui passe : l’extra-temporel, l’éternité. »



Cela fonctionne de la même façon pour les gens : l’imagination du Narrateur s’empare d’eux, les idéalise parfois, les invente, les crée : le cas de Gilberte est particulièrement intéressant. Voici les paroles pour le moins étonnantes du Narrateur : « Si elle n’avait pas eu des yeux aussi noirs… je n’aurais pas été, comme je le fus, plus particulièrement amoureux, en elle, de ses yeux bleus. » Quel paradoxe incroyable ! Le Narrateur s’avoue incapable de « réduire en des éléments objectifs une impression forte », autrement dit, sous le poids d’une quelconque émotion, il lui est impossible d’accéder à une vérité qui aurait quelque chose à voir avec une approche objective du réel.

Le Narrateur n’est d’ailleurs pas le seul ne pas comprendre le monde : que connaît-on de Swann ? Chacun en a une vision très partielle donc fausse. Comme le fait remarquer Genette, « tous les personnages de la Recherche sont protéiformes », donc insaisissables. Et ce qui est frappant, c’est que dans la mesure où ils ne sont pas perçus dans une continuité, on est toujours surpris de découvrir soudain ce qu’ils sont devenus. Swann ne supporte plus Odette ? On les retrouve mariés. Ils peuvent même simultanément associer des caractères contraires : être à la fois médiocres et fascinants, doux et violents.

Comme pour les lieux, le Narrateur passe par l’Art pour imaginer les gens : « Mme de Guermantes, que je me représentais avec les couleurs d’une tapisserie ou d’un vitrail » déçoit lorsqu’il la découvre : l’image qu’il s’est faite d’elle ne « coïncide » pas avec le réel, ce qui donne lieu évidemment à une forte déception « c’est cela, ce n’est que cela, Mme de Guermantes! » Dans le réel, elle n’est pas « colorable à volonté » (j’adore cette expression!), elle est réduite à une image fixe, elle est assujettie « aux lois de la vie ». Dans le monde de l’Art, elle acquiert un prestige, une aura qui disparaît complètement dans le réel.

Le Narrateur pense que l’Art doit lui permettre d’accéder à la vérité. Il est d’ailleurs interloqué lorsqu’il entend dire par son camarade Bloch que « les beaux vers étaient (à moi qui n’attendais d’eux que la révélation de la vérité) d’autant plus beaux qu’ils ne signifiaient rien. » Il attend de l’Art qu’il lui offre non seulement l’accès aux mystères du monde mais aussi qu’il compense une réalité toujours assez décevante.



Je voudrais pour finir (oui oui, ça se termine!) aborder une figure de style essentielle dans l’écriture proustienne à savoir, la métaphore : en effet, elle met en évidence les points communs entre les choses, elle réunit au lieu de séparer, établit des liens, des ponts entre des univers que l’on croyait hermétiques, elle dit que chaque chose participe du grand tout, elle exprime l’unité d’un monde, vision nécessaire, comme on l’a vu, pour accéder à sa beauté, à sa vérité, elle permet de dépasser les apparences :« Si on cherche ce qui fait la beauté absolue de certaines choses…. on voit que ce n’est pas la profondeur, ou telle ou telle vertu autre qui semble éminente. Non, c’est une espèce de fondu, d’unité transparente, où toutes les choses, perdant leur premier aspect de choses, sont venues se ranger les unes à côté des autres dans une espèce d’ordre, pénétrées de la même lumière, vues les unes dans les autres, sans un seul mot qui reste en dehors, qui soit resté réfractaire à cette assimilation… » (A l’ombre) La métaphore pour reprendre l’expression de C.E Magny « opère sur les choses une délivrance », elle les rassemble dans l’espace et dans le temps. Elle permet à l’artiste de révéler ainsi l’essence réelle des choses et « d’atteindre ce qu’il y a d’éternel dans le monde. » Et c’est précisément la phrase proustienne, à travers l’usage de la métaphore et de la comparaison, qui détient la clé permettant d’accéder à cette éternité. Comme le précise Gérard Genette dans son article « Proust palimpseste », « Figure I » : « la métaphore n’est pas un ornement, mais l’instrument nécessaire à une restitution, par le style, de la vision des essences parce qu’elle est l’équivalent stylistique de l’expérience psychologique de la mémoire involontaire » Ainsi la métaphore concrétise-t-elle dans l’écriture elle-même cette nécessaire fusion, cette indispensable convergence entre deux entités permettant d’accéder à une vision totale, absolue, apaisée du monde nécessaire à l’acte d’écriture.



Nous le savons, contrairement au Narrateur, Swann a échoué, il s’est perdu, a perdu son temps, n’est pas allé à la recherche de la vérité. Il n’a pas choisi entre l’Art et la vie. Il a fréquenté les salons, les mondains. Il a bien senti qu’il n’était pas loin parfois d’une révélation. D’ailleurs, il est le seul personnage de La Recherche à vivre une expérience de mémoire involontaire similaire à celle du Narrateur à travers la petite musique de Vinteuil. Mais il n’a pas approfondi, n’a pas pris le temps, n’a pas répondu à l’appel. Il serait intéressant de se demander en quoi Swann apparaît comme le double négatif du Narrateur. Pourtant, tout laisse penser qu’il faisait partie des élus, qu’il aurait pu, qu’il n’a peut-être pas été loin « de faire une œuvre d’art ». Pourquoi s’est-il arrêté « en deçà de l’art » ? Qu’est-ce qui a empêché Swann d’accéder à la création ? (suspense atroce ...)



Allez, je vous laisse là-dessus. Dites-moi où vous en êtes avec Proust : lecture, relecture, abandon? Quel rapport avez-vous avec cette œuvre ? Dites-moi tout !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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A la recherche du temps perdu, tome 4 : Sod..

"Sodome et Gomorrhe" est la quatrième partie de la Recherche du Temps Perdu. Proust y reprend d'une autre manière la dualité des livres précédents du roman : de même qu'il y avait deux "côtés", celui de chez Swann, des amis bourgeois de la famille, et celui de Guermantes, réservé à la haute noblesse, à la mondanité et au snobisme, de même ici on rencontre les deux "cités", celle de l'homosexualité masculine, la biblique Sodome, et celle de l'homosexualité féminine, Gomorrhe. Proust préfère d'ailleurs au terme allemand, de fabrication récente, d'homosexualité, "inversion", plus classique, et "invertis", pour désigner ceux qu'il appelle les "hommes-femmes". On découvre d'abord avec le héros narrateur les goûts et les moeurs de M. de Charlus, dont le comportement incompréhensible dans les parties précédentes le plongeait dans la perplexité et la colère. Il l'épie, l'étudie, le scrute, et croit adopter ainsi un rôle "d'herborisateur humain, (de) botaniste moral" (p. 30), avec toute la distance scientifique de l'amateur de raretés et de coutumes exotiques. Lors d'une soirée chez la Princesse de Guermantes, il fait en ethnologue la chronique de Sodome à Paris, mais plus tard, la relation entre M. de Charlus et Morel, le jeune et beau violoniste, développe le thème déjà connu des souffrances et des horreurs de l'amour. Qu'il s'agisse de deux hommes ne change absolument rien aux yeux du narrateur. Seuls les risques de scandale, la répression et le chantage rendent dangereuse la vie des Sodomites, dont les penchants sont jugés anormaux dans le roman.

*

Adoptant cette position d'observateur détaché, le héros ne se rend pas compte que Gomorrhe va métamorphoser profondément sa vie et lui causer d'atroces souffrances, de la même nature que celles de M. de Charlus, de Swann, de Saint-Loup. En effet, il découvre qu'Albertine, la jeune fille en fleur dont il est amoureux, est intimement associée à une autre scène homosexuelle qu'il a surprise chez Melle Vinteuil, à Montjouvain, (Du Côté de chez Swann, p. 157). Cette découverte l'accable, lui cause de vives douleurs et précipite ainsi, en termes chimiques, l'alliage de l'amour et de la jalousie qui l'attache désormais à Albertine, au moment même où il comprend qu'il ne la connaîtra, ne la possèdera jamais. Il voit dans cette révélation, symétrique de la première au début du roman, la punition de son voyeurisme : "faire éclater à mes yeux les funestes conséquences que les actes mauvais engendrent indéfiniment, non pas seulement pour ceux qui les ont commis, mais pour ceux qui n'ont fait, qui n'ont cru, que contempler un spectacle curieux et divertissant, comme moi, hélas ! en cette fin de journée lointaine à Montjouvain, caché derrière un buisson, où (comme quand j'avais complaisamment écouté le récit des amours de Swann), j'avais dangereusement laissé s'élargir en moi la voie funeste et destinée à être douloureuse du Savoir." (Pléiade III, p. 500). L'amour lesbien est représenté différemment, sous l'aspect d'un mystère célébré entre femmes, auquel les hommes ne peuvent avoir le moindre accès. L'amour lesbien est donc l'occasion de tous les fantasmes, de toutes les jalousies et de tous les rêves, bien plus que celui des Sodomites, qui est laid, grotesque et souvent odieux (comme l'ont reproché à l'auteur des lecteurs aussi avisés que Gide ou Jacques Rivière)

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Dans ce roman, l'homosexualité est, sinon un vice (ce terme est souvent récusé dans le texte), du moins une anomalie qui détruit la vie de ceux qui en sont atteints, qu'elle condamne à faire le mal. Mais l'amour proustien, hétéro- ou homosexuel, est également, toujours et pour tous, synonyme de souffrances d'autant plus sensibles qu'elles sont, au fond, illusoires : "j'eus l'idée que ... mon chagrin [était] quelque chose comme celui que donne la lecture d'un roman et dont un fou seul pourrait faire un chagrin durable et permanent ... ; qu'il suffirait peut-être d'un petit mouvement de volonté pour atteindre ce monde réel, y rentrer en dépassant ma douleur comme un cerceau de papier qu'on crève ..." (510).

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Comme "A l'ombre des jeunes filles en fleurs", Sodome et Gomorrhe fourmille d'admirables pages marines, de paysages et de lumières magiques, et comme "Le Côté de Guermantes", de soirées mondaines ridicules, car la rêverie sur les noms les a désertées. Mais l'auteur, loin de se répéter ou d'exploiter à fond des thèmes déjà connus, dans "Sodome et Gomorrhe" use d'un ton plus âpre, pratique une satire plus acide, et la beauté partout présente ne va jamais sans douleur.
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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

On sait que le monde de Proust se divise en deux "côtés", deux directions de promenade possibles pour la famille du héros enfant, le dimanche, à la campagne, à Combray : le chemin qui longe la propriété de Charles Swann, ami de la famille, et celui qui conduit sur les terres des Guermantes, du nom des anciens seigneurs de Combray figurés dans l'antique église. Ces deux "côtés" donnent aussi leur nom et leur titre au premier et au troisième volumes d'"A la recherche du temps perdu", cet unique roman - en plusieurs volumes - où est racontée à la première personne la vie d'un personnage qui veut devenir écrivain.

*

Ce premier volume, "Du côté de chez Swann", semble un peu hétéroclite à première vue : la première partie, "Combray", relate l'enfance du héros et ses premières expériences ; la seconde, "Un amour de Swann", retrace l'amour malheureux de Charles Swann, vingt ans plus tôt, pour une cocotte, femme entretenue ou prostituée de luxe, surnommée Odette de Crécy (les cocottes du temps, comme chez Balzac, avaient un "nom de guerre", et Crécy, lieu d'une bataille catastrophique pour les Français pendant la Guerre de Cent Ans, est particulièrement bien choisi) ; la troisième ("Noms de pays : le nom") enfin, replace l'enfant de "Combray" au centre du récit, mais à Paris, et développe ses rêveries sur les noms de villes désirées, mais aussi sur le nom de Gilberte Swann, de qui il s'amourache.

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Ces trois parties, très différentes en apparence, sont en fait liées entre elles et forment une véritable harmonie. C'est le nom de Swann qui en fournit la clé. A l'occasion des visites de Swann, au début, l'enfant envoyé au lit et privé du baiser maternel fait l'expérience fondamentale de ce que sera sa vie amoureuse : le manque, le désir désespéré de l'autre qui se dérobe, que nous ne maîtrisons pas, et que nous aimons dans la mesure même où il nous fuit. "Un amour de Swann" ne raconte pas autre chose, mais non plus à la hauteur d'un enfant qu'on envoie au lit : il s'agit d'une relation entre deux adultes. Swann, écrivain potentiel, gâche ses talents à cette perte de temps qu'est l'amour. Si l'art est la vérité, comme on le saura en lisant "Le temps retrouvé", l'amour est le mensonge même, le temps perdu proprement dit. Enfin, dans la troisième partie, on retrouve tous les Swann, Charles, Madame Swann, à savoir Odette "de Crécy", qui a réussi à se faire épouser, et Gilberte, leur fille, dont l'enfant est amoureux. Ce premier volume de la Recherche est donc à la fois un tout harmonieux, et l'ouverture de cette grande symphonie que sera "A la recherche du temps perdu".

*

Pour moi, c'est une relecture, dans la nouvelle édition de la Pléiade en quatre volumes, sur laquelle j'avais déjà écrit un premier court billet. Comme Babelio rend impossible d'en écrire un autre à la suite de la même édition, j'ai contourné la difficulté en affichant ce livre de poche. J'ai lu d'étranges choses sur ce site, à propos de Proust et de la Recherche. Je ne sais pas ce que ce livre et son auteur ont fait à certains pour mériter cela. Il y a la scie des "longues phrases" : Proust écrit si bien qu'il n'y a pas un mot à retrancher aux phrases qu'un certain public trouve trop longues. J'ai bien peur que ce reproche de faire de trop longues phrases ne révèle surtout la brièveté du temps d'attention et de concentration disponible chez quelques lecteurs.
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A la recherche du temps perdu, tome 7 : Le ..

"Le temps retrouvé" est le testament littéraire de Marcel PROUST. Il y dévoile comment se sont révélées à lui, en plusieurs illuminations successives, à la fois la nécessité de son oeuvre et sa substance.



La création littéraire est l'alchimie qui transforme la vie vécue, souvent ressentie comme fade et ennuyeuse, en conscience de ce qu'elle a eu d'unique, pour la seule raison que nous avons été seul à la vivre comme nous l'avons vécue de l'emplacement unique qui est le nôtre.



À travers les déclics de la mémoire et les images qu'elle engendre, s'aperçoivent toutes les strates des souvenirs superposés qui mènent au coeur du mystère de la permanence de l'être et de l'éternité de l'instant.



Cet immense travail sur les relations de la vie, du temps et de l'espace, cette véritable ascèse spirituelle a pour finalité à la fois de repousser la mort et d'y préparer.



La majeure partie de ce dernier livre est constitué de réflexions majeures sur l'art, la philosophie, la création, la mémoire. Des phrases entières, des paragraphes entiers ont fondé la sensibilité contemporaine et se détachent comme des phares devant une côte océanique.



Tels que :



"Cette découverte que l'art pouvait nous faire faire, n'était-elle pas, au fond, celle de ce qui devrait nous être le plus précieux, et qui nous reste d'habitude à jamais inconnu, notre vraie vie, la réalité telle que nous l'avons sentie et qui diffère tellement de ce que nous croyons, que nous sommes emplis d'un tel bonheur quand un hasard nous apporte le souvenir véritable ?"



"Cet écrivain, qui d'ailleurs pour chaque caractère en ferait apparaître les faces opposées pour montrer son volume, devrait préparer son livre minutieusement, avec de perpétuels regroupements de forces, comme une offensive, le supporter comme une fatigue, l'accepter comme une règle, le construire comme une église, le suivre comme un régime, le vaincre comme un obstacle, le conquérir comme une amitié, le suralimenter comme un enfant, le créer comme un monde sans laisser de côté ces mystères qui n'ont probablement d'explications que dans d'autres mondes et dont le pressentiment est ce qui nous émeut le plus dans la vie et dans l'art."



"Chaque lecteur est quand il lit le propre lecteur de soi-même."



"Avoir un corps, c'est la grande menace pour l'esprit (...) le corps enferme l'esprit dans une forteresse ; bientôt la forteresse est assiégée de toute part et il faut à la fin que l'esprit se rende."



"Je bâtirai mon livre, je n'ose pas dire ambitieusement comme une cathédrale, mais tout simplement comme une robe."



"Combien de cathédrales restent inachevées".



"Je pourrais, à la rigueur, dans la transcription plus exacte que je m'efforcerais de donner, ne pas changer la place des sons, m'abstenir de les détacher de leurs causes, à côté de laquelle l'intelligence les situe après coup, bien que faire chanter doucement la pluie au milieu de la chambre et tomber en déluge dans la cour l'ébullition de notre tisane ne dût pas être en somme plus déconcertant que ce qu'ont fait si souvent les peintres quand ils peignent très près ou très loin de nous selon les lois de la perspective, l'intensité des couleurs et la première illusion du regard nous les font apparaître, une voile ou un pic que le raisonnement déplacera ensuite de distances quelquefois énormes."



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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

"A la recherche du temps perdu" est une œuvre ensorcelante et nostalgique qui magnifie le souvenir et les trésors offerts par la vie et le quotidien.

Dans ce monde de Proust, pas de catastrophe, de drame ou de traumatisme qui conduiraient les personnages à révéler leur héroïsme ou leur noirceur. Juste la vie qui s'écoule, ses joies et ses souffrances, l'amour et la mort. Avec précision et subtilité, mais aussi avec humour, Proust nous peint une existence en demi-teinte. Il connait les mots, non seulement pour décrire l'indescriptible, mais aussi pour le susciter en nous. Il nous emmène à travers le temps, dans sa mémoire, dans notre mémoire, et y ressuscite sentiments et sensations. Il charme le temps qui passe et fait revivre le temps enfui par le biais d'une écriture intelligente et sensible.
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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

Est-il possible de trouver un écrivain plus poétique que Proust ? Ses descriptions de Combray sont en tout cas parvenue à me rendre nostalgique d'un village apparemment fictif et de sa galerie de personnages si sympathiques et hauts en couleurs.



"Du côté de chez Swann", avec son air de vacances à la campagne, est la parfaite lecture d'été et j'ai savouré chaque page de ce chef-d'oeuvre.

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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

Je n'ai pas aimé Proust, je ne l' ai pas détesté. Il ne m'a pas transporté, il ne m' a pas laissé indifférent. Il m'est très difficile de le commenter, et je ne suis a priori par le seul... pourquoi ?

D'abord parce que nul ne peut nier -sauf à ne pas s'être essayé à deux pages- sa grande qualité littéraire. Proust écrit divinement bien. Et en même temps son phrasé inimitable agace le lecteur pressé du XXIème siècle, qui refermera le livre sans se souvenir d'aucune action majeure.

Je n'ai pas aimé l'humour un peu snob et la dissection à laquelle se livre Marcel vis à vis de son entourage. Pour la critique sociale mieux vaut Balzac, Zola, ou Vallès. Les sentiments amoureux y sont trop Yin : lunaires, humides, passifs , féminins, un peu comme chez Flaubert ...

Les personnages sont pointillistes, brossés comme dans un brouillard... ses mots sont une musique de Satie, leur enroulement conduit paradoxalement à une sensation minimaliste et de répétition.

Ensuite parce que son cycle romanesque s'adresse presque exclusivement à l'inconscient : la vie réelle ne semble pas incarnée par le narrateur, mais rêvée, fantasmée, le désir refoulé se mêlant à la mémoire. Comme une séance d'hypnose, la lecture de quelques pages (difficile d'en ingérer plus en une fois) d'A la Recherche du Temps Perdu semble se décanter longuement dans les semaines qu suivent, voire au delà, douceâtre sensation imprégnant progressivement nos mémoires...

La mythique madeleine enfin est bien réalité : soit on renonce dès les premières pages à cette difficile lecture, soit on n'en sort par indemne. Chacun a la sienne : pour moi cette expérience de lecture unique restera liée au souvenir de Blaise Pascal, des joutes oratoires, de la jolie brune oubliée, de l'internat et des jeunes gars révisant, de la soif d'apprendre, du renoncement temporaire aux libertés s'ouvrant, d'une hypokhagne avortée avec plaisir...

Bref, il n'est pas possible, pour moi, de proposer une critique objectivée de cette lecture imposée du premier et du dernier tome de ce cycle ; je ne peux les conseiller non plus comme moment de plaisir ; mais cela vaut la peine d'en faire l'expérience ; lire Proust, c'est se connecter à l'inconscient, décortiquer l'instant... je me suis perdu avec Proust dans les circonvolutions du temps perdu... me suis souvent ennuyé, mais, avec le recul, ne pense pas avoir perdu mon temps... Marcel nous initie à une introspection prismatique, et nous y perd avec génie... malheureusement Le Temps retrouvé nous laisse entre deux-eaux : si la réponse par l'art semble contenter l'auteur-narrateur, elle laisse le lecteur dans un marécage irrésolu.

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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

...



J'aime les phrases longues. J'aime les auteurs aux phrases longuissimes. Comme Javier Marìas. J'aime le Proust norvégien. En tout cas, son premier tome. J'ai nommé Knausgaard. J'ai aimé Wassmö, qui n'a pas tellement à dire. J'adore Vila-Matas qui tourne autour de son nombril. J'aime, le diable sait encore qui... Alors, tout le monde me le disait, il faut lire Proust. Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Les madeleines. Les aubépines. Le côté sulfureux de la fille de monsieur Vinteuil. Mais qu'est-ce que tout cela est verbeux. Quelles longueurs, quelles vaines bruyances.



Je me suis ennuyée. Pas à mourir mais en tout cas à refermer le livre In quarto qui contient toute l'oeuvre, en me disant, halte là, il y a tellement d'autres oeuvres enthousiasmantes à lire.



PS : Ne me tuez pas, je sais que c'est un monument. C'est juste mon ressenti de lectrice sans doute inculte et analphabète, mais lectrice quand même.
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A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du ..

Définitivement ce livre ne ressemble à rien de ce que j'avais lu avant. Et inexplicablement, je m'y suis attaché plus qu'à aucun autre.



Le décrire ? Impossible, sauf peut être par fragments. Alors je me lance avec le premier qui me vient. Ce livre est une comédie ; une pièce dans laquelle les personnages sont des caricatures, mais des caricatures dont les actes sont tellement justes et les réactions tellement humaines qu'on éprouve la plus grande empathie pour eux.



Il y a sans doute une infinité d'autres fragments de compréhension qu'il faudrait décrire pour donner une idée juste de ce monument de la littérature. Mais pour ce qui concerne ce billet, je me contenterai de dire merci à Mr. Proust pour ce beau moment de lecture.

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