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Citations de Marie NDiaye (287)


Mon fils Sony est meilleur que moi, il surpasse en grandeur d'âme tous les êtres que j'ai connus, cependant je me reconnais en lui et je lui pardonne. Je m'incline devant ce qu'il affirme, je ne dis rien d'autre, rien de différent, et si ses propos venaient à changer j'y acquiescerais de la même façon. C'est mon fils et je l'ai élevé, voilà tout. Ma femme, je ne l'avais pas élevée. Je ne la connais pas et je ne peux pas lui pardonner...
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"Oh, certes, elle avait froid et mal dans chaque parcelle de son corps, mais elle réfléchissait avec une telle intensité qu'elle pouvait oublier le froid et la douleur, de sorte que lorsqu'elle revoyait les visages de sa grand-mère et de son mari, deux êtres qui s'étaient montrés bons pour elle et l'avaient confortée dans l'idée que sa vie, sa personne n'avaient pas moins de sens ni de prix que les leurs, et qu'elle se demandait si l'enfant qu'elle avait tant souhaité d'avoir aurait pu l'empêcher de tomber dans une telle misère de situation, ce n'était là que pensées et non regrets car aussi bien elle ne déplorait pas son état présent, ne désirait à celui-ci substituer nul autre et se trouvait même d'une certaine façon ravie, non de souffrir mais de sa seule condition d'être humain traversant aussi bravement que possible des périls de toute nature
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Parce que leur fils unique l'avait épousée en dépit de leurs objections, parce qu'elle n'avait jamais enfanté et qu'elle ne jouissait d'aucune protection, ils l'avaient tacitement, naturellement, sans haine ni arrière pensée, écartée de la communauté humaine, et leurs yeux durs, étrécis, leurs yeux de vieilles gens qui se posaient sur elle ne distinguaient pas entre cette forme nommée Kadhy et celles, innombrables, des bêtes et des choses qui se trouvent aussi habiter le monde.
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Adieu ma fille, et sois assez forte pour ne pas tenter de nous joindre avant que le tact, la sagesse et la bonté te soient revenus - surtout la sagesse, d'où procèdent toutes les qualités.
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Elle cahota jusqu'aux toilettes où elle évita de se regarder dans le miroir, certaine d'y voir reflétée une pauvre figure barbouillée de sang, sachant également que la femme sensée en elle douterait de la réalité d'une telle vision et ne se sentant pas la force de trancher entre la femme sensée et celle qui ne l'était point mais comprenait souvent toute chose plus exactement.
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De telle sorte qu’elle avait toujours eu conscience d’être unique en tant que personne et, d’une certaine façon indémontrable mais non contestable, qu’on ne pouvait la remplacer…
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Qui ayant connu une fois la tendresse peu de soi-même y renoncer ?
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Qu’est-ce qui l’empêchait d’être aussi malin que les autres, puisqu’il n’était pas plus sot ?
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Cette femme, songeait confusément Me Susane, n'était pas seulement quelqu'un devant qui elle se tenait mais quelque chose, et cela lui demeurait étranger.

Non pas : Qui est Marlyne ? Mais : Qu'est-ce que c'est donc que Marlyne ? se demandait-elle, désorientée et toute colère envers cette femme d'un coup retombée.
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Assise dans le train, les yeux fixés sur la vitre, sur le grain et les menues rayures du verre que son regard ne traversait pas, si bien qu'elle aurait été en peine de décrire le paysage qu'elle parcourait dans un sens le matin, dans l'autre le soir une fois par mois depuis des années et des années, elle tremblait d'appréhension en s'imaginant devoir se composer une attitude judicieuse dans le cas où quelqu'un l'appellerait Malinka.

Puis ses pensées dérivaient, elle oubliait peu à peu le motif de son tremblement même si le tremblement demeurait et qu'elle ne savait comment le faire cesser et qu'elle finissait confusément par l'attribuer au mouvement du train qui scandait sous ses pieds, dans ses muscles, dans sa tête fatiguée, le prénom qu'elle aimait et détestait, qui lui inspirait peur et compassion en même temps, Malinka, Malinka, Malinka.

Il ne lui avait pas toujours été facile, quand sa fille Ladivine était encore petite, de se rendre ainsi secrètement à Bordeaux, d'y passer une partie de la journée puis d'en revenir suffisamment tôt pour ne susciter la méfiance de personne. Mais elle y avait toujours réussi.

Elle n'en était ni fière ni confuse.
Elle avait fait ce qu'elle devait faire, elle le ferait jusqu'à la mort de l'une ou de l'autre et elle avait, pour cela, mis en œuvre toutes les ressources dont elle disposait, qu'elle savait chiches d'intelligence, d'astuce, de tactique.
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"On ne revient jamais, quand on vient de gagner, sur le lieu où s'est livré la bataille [...]."
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— Mais je viens vous voir très souvent, pourquoi dites-vous que vous me voyez rarement…
— Tu passes en coup de vent, on ne se rappelle même pas que tu es venue. Si bien que ce qui est pour toi « très souvent » devient « presque jamais » dans notre souvenir. Après, hein, avait ajouté Mme Susane avec hauteur, tu peux toujours nous mettre ton agenda sous les yeux avec « visite aux parents » coché dix fois par mois, ça ne changera rien à ce qu’on ressent et c’est bien ça le plus important, n’est-ce pas ?
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Il vit immédiatement que la volonté destructrice, sauvage, brouillonne de Menotti avait porté le coup de grâce au vieux pied de glycine, gros comme un tronc, qui avait pris racine quelque cinquante ans auparavant peut-être près de la porte d’entrée.

Quand Rudy était venu la première fois, d’abondantes grappes de fleurs mauves parfumées pendaient au-dessus de la porte, sous les fenêtres et les gouttières, suivant un fil métallique que les anciens habitants de la maison avaient fait courir sur la façade.

Il s’était haussé pour humer les fleurs, ému, enchanté par tant de beauté et de senteur données pour rien, et il avait ensuite félicité Menotti pour la luxuriance de sa glycine qui lui rappelait, oh oui, avait-il laissé échapper lui qui ne parlait jamais de sa vie passée, les fleurs du frangipanier de Dara Salam.

Il avait vu Menotti pincer les lèvres dans un mélange de scepticisme et de vague contrariété, comme, s’était-il dit, une mère aux tendresses inégalement réparties à laquelle on fait compliment de celui de ses enfants qu’elle n’aime pas.

D’un ton sec, condescendant, elle s’était plainte de la corvée des feuilles à l’automne – tant de feuilles à ramasser, et de pétales desséchés.

Elle avait montré à Rudy comment, sur le côté de la maison, elle avait déjà réglé son compte à un énorme bignonia qui avait eu l’audace de faire grimper le fol entremêlement de ses fleurs orangées sur le crépi gris.

Les branches fines, les feuilles lustrées, les puissantes racines, les corolles mortes, tout cela gisait, prêt à être brûlé, et Menotti l’avait désigné avec un fier mépris, héroïne d’un combat qu’elle avait remporté haut la main.

Accablé, Rudy avait poursuivi derrière elle le tour du jardin.

Ce n’étaient que lamentables vestiges d’une lutte absurde et féroce autant que désordonnée.

Les transports dévastateurs de Menotti, qui voulait nettoyer, faire propre, avoir du gazon, s’en étaient pris à la haie de charmes, ratiboisée, au vieux noyer, coupé au pied, aux nombreux rosiers, déterrés puis, Menotti s’étant ravisée, replantés ailleurs, et qui agonisaient.

Et Menotti allait, satisfaite d’asseoir par la destruction ses droits de propriétaire, comme si, avait songé Rudy en la voyant rouler ses larges hanches entre deux tas de buis centenaires arrachés, rien ne démontrait mieux la légitimité de sa toute-puissance que l’anéantissement du travail patient, des témoignages du goût simple, délicat, de tous ceux, fantômes innombrables, qui l’avaient précédée dans cette maison et qui avaient planté, semé, ordonné la végétation.
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"Peu lui importait qu'elle ne comptât, elle, pour personne, que nul ne pensât jamais à elle.
Elle était tranquille et vivante et jeune encore, elle était elle-même et son corps en pleine santé savourait de toutes ses fibres l'indulgente chaleur du petit matin et ses narines mobiles humaient avec gratitude les odeurs douceâtres venues de la mer qu'elle ne pouvait apercevoir mais dont elle entendait la rumeur juste au bas du boulevard, dont elle distinguait comme un déferlement de luminosité glauque dans le jour matinal, comme un reflet de bronze sur le bleu tendre du ciel."
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"Et comment, songeait-il encore, allait-il se calmer et devenir un père de famille correct s'il ne parvenait à apaiser sa conscience, comment allait-il pouvoir se faire aimer de nouveau ?
Il ne devait pas, certes, lui parler ainsi, aucun homme n'en a le droit."
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Tout ce qui m’était à venir m’est advenu
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Elle avait réalise un mets rigoureusement juste,
harmonieux et équilibré dans son austérité, un mets qui, selon l'expression que la Cheffe aimerait plus tard emprunter au vêtement,
tombait à la perfection.
p98
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"Oh non, il n'était guère difficile de s'"habituer à vivre avec le dégoût de soi, dans l'amertume, la confusion.
Même à l'état de fureur permanente, à peine contenue, même à ses relations froides avec Fanta et l'enfant, il avait fini par s'accoutumer tant bien que mal."
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Au vrai, elle ne regretterait rien, immergée toute entière dans la réalité d'un présent atroce mais qu'elle pouvait se représenter avec clarté, auquel elle appliquait une réflexion pleine à la fois de pragmatisme et d'orgueil (...) et que, surtout, elle imaginait transitoire, persuadée que ce temps de souffrance aurait une fin et qu'elle n'en serait certainement pas récompensée (...) mais qu'elle passerait simplement à autre chose qu'elle ignorait encore mais qu'elle avait la curiosité de connaître.
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"Il était impuissant à aimer son fils envers et contre tout, et quel qu'il fût, c'est donc qu'il ne l'aimait pas. Il lui fallait des raisons suffisamment bonnes - était-ce cela l'amour paternel ?
Il n'avait jamais entendu dire que cet amour-là dépendait de qualités que l'enfant possédait ou non."
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