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Citations de Marina Tsvetaieva (457)


Pas de souci pour le poète,
Le siècle
Va-t’en, bruit ! Oust, va au diable – tonnerre !
De ce siècle, moi, je n’ai cure,
Ni du temps qui n’est pas le mien.
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POEME A L’ORPHELIN (p. 208)
(…)
Par un jour d’été sec, au bord
D’un champ, il se peut qu’ainsi vienne
D’une main distraite la mort
Couper une tête – la mienne.

(5-6 Septembre 1936)
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Marina Tsvetaieva
LA COQUILLE

De la léproserie du mal et du mensonge
Je t’ai libéré, emporté avec moi dans
Les aubes ! Je t’ai sauvé du sommeil des tombes
Je t’ai pris entre mes mains, entre ces deux paumes
De coquillage: que, calme, tu y grandisses,
Qu’entre ces deux paumes-là, tu deviennes perle !
(…)
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Extrait de "L’Amie"

Il est des noms comme des fleurs étouffantes,
Il est des regards comme des flammes dansantes,
Il est des bouches sombres et ondoyantes,
Avec des coins profonds et humides.

Il est des femmes. -Leurs cheveux, un casque,
Leur éventail répand une odeur fine et funeste.
Elles ont trente ans. – A quoi bon, à quoi bon
Vouloir mon âme d’enfant spartiate ?
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Ça me plaît que vous n’ayez pas le mal de moi,
Et ça me plaît que je n’aie pas le mal de vous,
Que la lourde boule terrestre n’aille pas
S’enfuir sous nos pieds tout à coup.
Ça me plaît de pouvoir être amusante -
Dévergondée - sans jeux de mots ni leurre,
Et de ne pas rougir sous la vague étouffante
Quand nos manches soudainement s’effleurent.

Ça me plaît aussi que vous enlaciez
Calmement devant moi une autre femme,
Et que, pour l’absence de mes baisers,
Vous ne me vouiez pas à l’enfer et aux flammes ;
Que jamais sur vos lèvres, mon très doux,
Jour et nuit mon doux nom - en vain - ne retentisse...
Que jamais l’on aille entonner pour nous :
Alléluia ! dans le silence d’un église.

Merci, de tout mon cœur et de ma main,
Pour m’aimer tellement - sans le savoir vous-même ! -,
Pour mon repos nocturne et pour, de loin en loin,
Nos rencontres qu’un crépuscule enchaîne,
Pour nos non-promenades sous la lune parfois,
Pour le soleil qui luit - pas au-dessus de nous.
Merci de n’avoir pas - hélas - le mal de moi,
Merci de n’avoir pas - hélas - le mal de vous.

3 mai 1915
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Postface

La mémoire a des effondrements,
Les yeux sont recouverts de sept taies…
Je ne te vois pas – séparément.
Un trou blanc – à la place des traits.

Sans indices. Trou, vaste pâleur
– Que toi, tout toi ! (L’âme n’est que plaies,
Pure plaie.) C’est l’œuvre des tailleurs
De marquer les détails à la craie.

Tout le ciel d’un seul tenant s’étale.
L’océan : des gouttes le remplissent ?
Sans indices. Tout entier – spécial –
Lui ! Complice est l’amour, non police.

Pelage alezan, de moreau ?
Que le voisin le dise : il voit bien.
La passion coupe-t-elle en morceaux ?
Et moi, suis-je horloger, chirurgien ?

Tu es un cercle entier – pleinement.
Tourbillon – pleinement, bloc entier.
Je ne te vois pas séparément
De l’amour. Signe d’égalité.

(Dans les touffes de duvet, la nuit,
– Collines d’écume par rafales –
La nouveauté étrange pour l’ouïe,
Au lieu de « je » : le « nous » impérial…)

Mais dans les jours étroits, indigents
– « La vie, telle qu’elle est » – en revanche,
Je ne te vois pas conjointement
Avec aucun.
– Mémoire se venge.
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La lettre

On ne guette pas les lettres
Ainsi – mais la lettre.
Un lambeau de chiffon
Autour d’un ruban
De colle. Dedans – un mot.
Et le bonheur. – C’est tout.

On ne guette pas le bonheur
Ainsi – mais la fin :
Un salut militaire
Et le plomb dans le sein –
Trois balles. Les yeux sont rouges.
Que cela. – C’est tout.

Pour le bonheur – je suis vieille !
Le vent a chassé les couleurs !
Plus que le carré de la cour
Et le noir des fusils…

Pour le sommeil de mort
Personne n’est trop vieux.
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À Akhmatova

O muse des pleurs, la plus belle des muses !
Complice égarée de la nuit blanche où tu nais !
Tu fais passer sur la Russie ta sombre tourmenteA._Gorenko
Et ta plainte aiguë nous perce comme un trait.

Nous nous écartons en gémissant et ce Ah!
Par mille bouches te prête serment, Anna
Akhmatova ! Ton nom qui n’est qu’un long soupir
Tombe en cet immense abîme que rien ne nomme.

A fouler la terre que tu foules, à marcher
sous le même ciel, nous portons une couronne !
Et celui que tu blesses à mort dans ta course
Se couche immortel sur son lit de mort.

Ma ville résonne, les coupoles scintillent,
Un aveugle errant passe en louant le Sauveur…
Et moi je t’offre ma ville où les cloches sonnent,
Akhmatova, et je te donne aussi mon coeur.

Moscou, 19 juin 1916
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Voici – de nouveau – une fenêtreCapture d’écran 2013-09-07 à 09.43.09
Où – de nouveau – on ne dort pas.
On y boit du vin – peut-être -,
On n’y fait rien – peut-être – ,
Ou alors, tout simplement,

Deux mains ne peuvent se séparer.
Il y a dans chaque maison,
Ami, une fenêtre pareille.

Le cri des séparations, des rencontres –
Toi, fenêtre dans la nuit !
Des centaines de bougies – peut-être – ,
Trois bougies – peut-être… –
Pas cela, et pas de repos
Pour mon esprit.
Et cela – cette chose même –
Dans ma maison.

Prie, mon ami, pour la maison sans sommeil,
Pour la fenêtre éclairée !

23 décembre 1916
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Ma journée est absurde non-sens
J’attends du pauvre une aumône,
Je donne au riche généreusement.

J’enfile dans l’aiguille un rayon,
Je confie ma clef au brigand
Et je farde mes joues de blanc.

Le pauvre ne me donne pas de pain,
Le riche ne prend pas mon argent,
Dans l’aiguille le rayon ne passe pas.

Il entre sans clef, le brigand,
Et la sotte pleure à seaux
Sur sa journée de non-sens.

29 juillet 1918 (traduction Véronique Lossky. Inédit)
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A Boris Pasternak

Dis-tance : des verstes, des milliers…
On nous a dis-persés, dé-liés,
Pour qu’on se tienne bien : trans-plantés
Sur la terre à deux extrémités.

past
Dis-tance : des verstes, des espaces…
On nous a dessoudés, déplacés,
Disjoint les bras — deux crucifixions,
Ne sachant que c’était la fusion

De talents et de tendons noués…
Non désaccordés : déshonorés,
Désordonnés…
Mur et trou de glaise.
Écartés on nous a, tels deux aigles —

Conjurés : des verstes, des espaces…
Non décomposés : dépaysés.
Aux gîtes perdus de la planète
Déposés — deux orphelins qu’on jette !

Quel mois de mars, non mais quelle date ?!
Nous a défaits, tel un jeu de cartes !

24 mars 1925.
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Les yeux

Deux lueurs rouges — non, des miroirs !
Non, deux ennemis !
Deux cratères séraphins.
Deux cercles noirs

Carbonisés — fumant dans les miroirs
Glacés, sur les trottoirs,
Dans les salles infinies —
Deux cercles polaires.

Terrifiants ! Flammes et ténèbres !
Deux trous noirs.
C’est ainsi que les gamins insomniaques
Crient dans les hôpitaux : — Maman !

Peur et reproche, soupir et amen…
Le geste grandiose…
Sur les draps pétrifiés —
Deux gloires noires.

Alors sachez que les fleuves reviennent,
Que les pierres se souviennent !
Qu’encore encore ils se lèvent
Dans les rayons immenses —

Deux soleils, deux cratères,
— Non, deux diamants !
Les miroirs du gouffre souterrain :
Deux yeux de mort.

30 juin 1921.
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A Byron

Je pense au matin de votre gloire,
Au matin de votre vie,
Quand démon vous vous êtes éveilléljv5-8
Et Dieu pour les hommes.

Je pense à vos sourcils
Qui cerclent la flamme de vos yeux,
À la lave du sang ancien
Qui coule dans vos veines.

Je pense à vos doigts — si longs —
Dans vos cheveux bouclés
Et aux regards qui vous dévorent
Dans les salons et les allées.

Je pense à ces cœurs que, trop jeune,
Vous n’eûtes le temps de lire,
Tandis que des lunes jaillissaient
Et s’éteignaient pour votre gloire.

Je pense à ce salon obscur,
Au velours penché sur la dentelle,
À vous qui m’auriez dit vos vers
Et moi — les miens — pour vous.

Je pense encore à la poussière
Qui reste de vos lèvres et de vos yeux —
À tous ces yeux qui reposent morts…
À eux, à nous…

24 septembre 1913.
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Mars

pleurs d’amour, fureur !
D’eux-mêmes — jaillissant !
Ô la Bohême en pleurs !
En Espagne : le sang !

Noir, ô mont qui étend
Son ombre au monde entier !
Au Créateur : grand temps
De rendre mon billet

Refus d’être. De suivre.
Asile des non-gens :
Je refuse d’y vivre
Avec les loups régents

Des rues — hurler : refuse.
Quant aux requins des plaines —
Non ! — Glisser : je refuse —
Le long des dos en chaîne.

Oreilles obstruées,
Et mes yeux voient confus.
À ton monde insensé
Je ne dis que : refus.

15 mars-11 mai 1939
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Il est une heure légère
comme un sac jeté à terre,
orgueil dompté en soi !
L’heure du disciple,
dans la vie de tous elle sonne,
retentit et puis s’en va.

Heure solennelle :
rendant les armes
devant celui que Sa main désigne,
nous échangeons la pourpre du guerrier,
contre la peau d’une bête fidèle.

O heure bénie qui nous appelle
et nous enlève au jeu des jours,
ô heure oû le fruit mûr et lourd,
gonflé de sève, fait ployer la branche.

L’épi grossit.
Sonne l’heure joyeuse,
les graines appellent le moissonneur.
La loi
– joug espéré, destin –
a retenti dès le sein de la mère !

Heure du disciple !
Déjà visible et pressentie
– vient à sa suite, bénie sois-tu –
l’heure sublime,
de solitude lumineuse.
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VERGER

Pour ce martyre,
pour ce délire;
A ma vieillesse
Donne un verger.

Pour ma vieillesse
Et ses détresses,
Pour mon labeur-
Années voûtées,

Chiennes d'années,
Années-brûlures:
Donne un verger...
Et la fraîcheur

De sa verdure
A l'évadé:
Sans- voisinage,
Sans- nul visage!
Sans- nul railleur!
Sans- nul rôdeur!
Sans- oeil voleur!
Sans- oeil violeur

Sur le qui-vive
Sans "puanteur"!
Sans bruit de coeur!
Sans âme vive!

Dis: assez souffert- tiens, voilà!
Prends ce verger- seul comme toi.
(Mais surtout, Toi, n'y reste pas!)
Prends ce verger- seul comme moi.

De ce verger, fais-moi cadeau...
Ce verger? Ou bien- l'Ici-haut?
Fais-m'en cadeau en fin de route
Pour que mon âme soit absoute.

1er octobre 1934
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Mais la plus belle victoire
sur le temps et la pesanteur -
c'est peut-être de passer
sans laisser de trace,
de passer sans laisser d'ombre.

(extrait de "Se faufiler") p.141
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Le monsieur : Ecartez-vous ! Vous allez brûler vos cheveux !

La dame : Ne craignez rien pour moi ! Je suis moi-même le feu.
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La Dame
Dans vos paroles, on dirait qu'il y a
Le vent qui frappe la poitrine,
Et doucement comme un oiseau très las
Sans bouger, s'y recroqueville...

Le Monsieur
Pour que ce qu'on croyait devant
Soit à mille verstes en arrière...
Et ce qui est là-bas, mille verstes derrière,
Soudain surgisse au détour du chemin...

il regarde la Vieille immobile.

Pour que ce qui fut Rose défleurisse,

Regardant la Dame tendrement

Pour que ce qui Rose sera...
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Qu'il est bon de parler de roses
Quand il givre ! De parler
D'amour lorsque la tombe est proche.
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