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Citations de Mazarine Pingeot (324)


La misère est plus exigeante qu’un contrat conjugal. Personne ne serait prêt à remettre en question cette évidence.
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Elle ne veut pas être dupe, elle sait tout ce qui peut arriver, elle voit le couteau se planter entre les omoplates, alors qu’il visite un camp de réfugiés dans un pays en guerre, sa peau couverte de plaies, se craqueler comme une terre trop sèche, elle reste sur ses gardes, le bonheur ne l’endormira pas, elle prévoit tout, comme dans une guerre tactique, ignorant néanmoins l’ennemi, sinon sous la forme de « tout ce qui peut arriver », son imagination est sans limites.
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« C’était avant. » Ainsi Lucie s’installe-t-elle dans une vie au futur antérieur, vue sous deux angles contemporains : le présent, et le futur qui viendrait le redessiner, lui assigner un nouveau sens. Elle se méfie du futur précisément pour cela : ni le passé ni le présent ne sont jamais fixes avec lui, ils peuvent changer à tout instant, et c’est très angoissant, ça, de ne pas savoir exactement sur quel mode vivre l’instant. Car elle n’aime pas se faire avoir.
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La raison, c’est pas la Terre, c’est l’homme qui l’a ! Comme si l’homme n’était pas l’aboutissement de toutes ces luttes pour surmonter les contraintes stupidement biologiques.
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Héloïse avec qui elle parlait par signes que les autres ignoraient – la langue du secret, celle des mains, des doigts, des bras, la langue dansée qu’elle avait adoptée presque en même temps que celle qui s’entend. Héloïse était muette, et Lucie trouvait ça normal. Les autres faisaient tellement de bruit.
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Inutile de faire semblant d’être myope, d’éviter les regards, la plupart des personnes lui sont inconnues. Elle n’a pas encore vu ses parents, et c’est tant mieux. Elle ne doute pas qu’ils soient tristes, mais retrouver d’un coup tous leurs anciens collègues doit quand même ressembler un peu à une fête.
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C’est toujours comme ça avec les origines, on se réveille juste avant de savoir. Depuis combien de temps n’avait-elle pas rêvé d’Héloïse ? Était-ce elle ? Dans le rêve elle parlait et chantait. Pourtant pas de doute, elles étaient enfants et jouaient avec des chansons qui étaient des objets.
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La folie, c’est celle de l’autre. Comment imaginer que son enfance soit une grande folie ? Comment imaginer qu’il ne soit pas normal que des militaires hantent les gares et les centres commerciaux, l’œil à l’affût, les rangers cirées, et qu’à quelques mètres des adolescentes achètent des bijoux fantaisie chez Claire’s pour se photographier sur Snapchat et envoyer leur visage déformé par des filtres, yeux de chats, taches de rousseur, visage de dessin animé, tandis que des pédocriminels guettent leur apparition et likent en direct, parce qu’ils se sont fait accepter sous un profil « taillé pour » ?
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Oublier qu’on a à disposition une volonté. Parce qu’on croit dur comme fer qu’on a une volonté. On y croit parce qu’on vous l’a répété. Un être sans volonté, c’est quelqu’un qui se laisse aller, quelqu’un qui s’écoute. Et quelqu’un qui s’écoute est un gros égoïste. On n’aimait pas trop les égoïstes par chez eux. On affûtait les enfants comme des couteaux, pour qu’ils partent sur le champ d’honneur la tête haute.
Pas de larmes, pas d’apitoiement. Pas de faiblesse.
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La honte est exponentielle, c’est comme ça qu’on finit par ne plus rien dire, par ne plus désirer, par ne plus savoir comment parler aux gens parce que les mots souvent trahissent, la honte devance les gestes, elle rend lâche. Elle est lâche. Quand le film s’est arrêté et qu’elle a fait semblant de se gratter le visage pour effacer les larmes plus fortes qu’elle, alors que se gratter pourrait à certains égards être bien plus honteux que sécher ses larmes, quand elle est descendue du train, qu’elle a vu l’enfant ressemblant à Louis, ou à Lucas peut-être, qu’elle a commencé à rire, puis qu’elle a pensé à sa cousine, elle a aussi songé aux enfants d’Héloïse, orphelins, qu’elle n’a pas vus depuis les obsèques, au mari, à sa famille, tranchée par une lame de rasoir.
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La honte l’escorte et joue à cache-cache, elle ne sait jamais quand elle va surgir, demeure vigilante. Alors regarder un film sur un ordinateur, des écouteurs sur les oreilles, et sortir de la bulle en exposant des larmes ? Plutôt mourir. On garde, on maintient, on protège. La fosse aux secrets est immense, elle accueille sans discrimination.
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Mazarine Pingeot
La peur est la couleur de notre société.

Dans le supplément "MAD" du journal "Le Soir" du mercredi 30 décembre 2020.
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Ca me gratte de partout, les cuisses, les chevilles, les orteils et le dos. Mais impossible d'y accéder. Aussi imité-je les vaches, me frottant contre le siège pour assouvir cette démangeaison subite.
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On ne "gâche" pas le temps...
Ma mère est l'antidote d'une terrasse de café au soleil. Au téléphone, si le message à été transmis, il n'y a plus rien à dire. Bonjour est devenu inutile. Son dernier message sur mon répondeur : "Où es-tu ?" - fin de conversation. Art de la litote : où es-tu = que fais-tu, pourquoi tu ne m'appelles pas, ça fait longtemps que tu ne donnes pas de nouvelles, je t'en veux mais te le dirai pas, j'ai décroché le téléphone la première, mais je m'inquiète quand même, je vais très bien merci comme tu ne me le demandes pas je ne te le dirai pas, d'ailleurs même si tu me le demandais je ne te répondrais pas donc rappelle mais pas quand je suis en rendez-vous et surtout pas trop longtemps, un peu bien sûr sinon...mais là je la coupe, ça devient trop long. Et je m'allonge à l'ombre, pour reprendre ma lecture.
(...)
Papa, vainement, faisait dans la formule, il faut donner du temps au temps. Avec lui, c'est vrai, elle acceptait d'en perdre un peu, de son temps. L'amour crée de ces abandons.
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Alors,pour affronter ce silence,Guillaume monologue,il comprend que ce soit dur pour elle,mais quoi,elle n’ira pas voir sa fille? Elle ne cherchera pas à la serrer dans ses bras,à lui parler? Elle ne la défendra pas?La police,la prison,les uniformes lui font peur?C’est cette phobie qui la reprend,des contrôles d’identité,des papiers qu’elle a perdus,mais qu’elle a fini par refaire,et puis quoi,ce n’est pas l’administration qui doit guider leur conduite!
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Personne ne pose de questions à Magdalénien sur son enfance ni sur son adolescence,la règle tacite de la famille est de ne jamais evoquer l’Allemagne,ou le moins possible,sauf si c’est elle qui prend l’initiative.Parfois,dans leur chambre à coucher,Guillaume lui dit qu’il aimerait l’accompagner à Francfort,et à Munich visiter les lieux de son enfance,rencontrer des personnes qui l’auraient connue,petite.Aussitot elle se ferme,ou se met en colère.Elle ne veut pas en entendre parler,sa vie est ici,ses parents sont morts,elle n’a ni oncle ni tante,juste de lointains cousins qu’elle ne connaît pas.Elle a raconté que son père et sa mère étaient instituteurs et cherchaient à développer des méthodes pédagogiques alternatives,qu’ils étaient sur le point de publier les résultats de leurs recherches quand ils ont été fauchés sur l’autoroute de Francfort,raison pour laquelle elle ne peut plus emprunter ce type de route,ou alors du côté passager.
Ses parents avaient déjà rompu avec leur propre famille.Depuis leur mort,elle a voulu couper définitivement les ponts.Pour leur être fidèle.Et fidèle,encore,elle leur est en ayant construit sa vie et sa famille dans ce village des Pyrenees-Atlantiques,cultivant les produits de la terre et dévorant les livres qu’elle achète une fois par moi lorsqu’elle se rend à la ville,ou ceux qu’Alice lui a rapportés de Toulouse lorsqu’elle y faisait ses études.
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Je dis prendre une grande inspiration,et m’approchai du bureau pour noter les informations qu’il allait me donner,comme une aumône. Il laissa un petit temps,pour savourer le suspense.
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Vers la fin de sa vie, papa insiste pour que je le porte enfin, ce nom qui est le mien. Il aimerait bien. Pas moi : c'est trop tard, ou trop tôt. Ma petite vengeance.
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Le matin ne ressemble pas au matin, mais à la nuit en plus clair.
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« Tu vas t’asseoir là, toi, je vais t’apporter un café, et pourquoi pas un petit calva, et tu vas parler à ta vieille grand-mère. » Il y a des moments où on aime ne pas avoir le choix.
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