AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Mélinda Schilge (64)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Tous les matins, elle boitait

Mélinda Schilge dresse un beau portrait de femme à la fois forte, courageuse et fragile, en proie à des doutes.



Jeanne raconte à Lucie, petite-fille de sa cousine Marilène, son histoire, des années vingt aux années soixante. J'ai découvert à la fin du roman le rôle déterminant que ce récit allait jouer dans la vie de Lucie, jeune étudiante en 1968. Idéaliste, rêveuse et tourmentée, après avoir écouté Jeanne, que va-t-elle décider de faire ?



Jeanne, qui est parisienne, montre à Lucie sa correspondance avec sa famille d'origine alsacienne et, en particulier, Marilène. Ces échanges de lettres sont l'occasion de lui conter sa jeunesse au lendemain de la Première Guerre mondiale. C'est un roman à la fois psychologique, historique et politique, une saga familiale sur plusieurs générations.



Dans les années vingt, Jeanne se passionne pour la mécanique, au moment où les premières voitures se développent, mais aussi pour un art tout nouveau à l'époque, le septième art : le cinéma. Elle aimerait travailler pour l'industrie cinématographique et aide un dissident allemand à réaliser un documentaire qui met en valeur la violence et la propagande du nouveau parti en pleine expansion : le parti national-socialiste des travailleurs allemands (le parti nazi).



L'autrice s'est peut-être inspirée de ses origines alsaciennes pour peindre l'histoire tourmentée de l'Alsace, qui fut allemande de 1870 à 1914 avant de redevenir française entre les deux guerres mondiales. La correspondance que Jeanne entretient avec sa cousine Marilène établit un pont entre la capitale et cette région dont une partie de la population est germanophile.



Hans, le mari de tante Annie, est allemand. En 1918, sa présence en Alsace redevenue française est problématique, il doit partir quelque temps mais il est aussi rejeté en Allemagne. Son destin tragique est révélateur d'un climat tendu sur fond de montée du nazisme et des idées nationalistes. Où s'arrête l'amour d'une région, de sa langue, l'alsacien, aux sonorités si proches de l'allemand ? Où commence le nationalisme, la haine d'autrui?



Les personnages sont nombreux et attachants, ils font entrer dans la complexité des idées, des relations familiales parfois conflictuelles à cause de divergences politiques. Willi, le cousin alsacien qui aime sa région plus que tout, sera-t-il un nazi convaincu ? Quant à Eugène, le beau-frère de Jeanne, qui a été gravement mutilé durant la Première Guerre mondiale, son patriotisme ne pourrait-il pas faire de lui un sympathisant du nazisme?



J'ai aimé le couple atypique que forment Jeanne et son mari Théo. Leur amour devient solide et profond alors que la passion n'était pas au rendez-vous au début de leur union. Jeanne est différente, elle veut s'intéresser à tout ce qui n'est pas réservé aux femmes. Elle veut être courageuse et fait preuve d'une grande ténacité dans sa lutte contre les idées nazies, elle fera aussi l'expérience de l'échec, de la peur. S'engager dans la Résistance, c'est aussi être capable de tuer. le pourra-t-elle ? Comment se terminera son combat ?



Mon seul regret : l'évolution du personnage d'Irmine, la femme de ménage qui boite, à laquelle Jeanne s'identifie. Comme elle, Jeanne avance avec courage et ténacité dans la vie. le fait de boiter devient le symbole des difficultés qui se trouvent sur notre chemin et qui nous empêchent parfois de bien faire comme nous l'aurions souhaité. L'évolution d'Irmine m'a attristée. Elle m'a poussée à m'interroger sur les causes de la montée du nazisme. La crise de 1929 et la rancoeur des « petites gens » ? Je préfère utiliser l'expression « gens aux modestes revenus et position sociale ».



Pour ma part, j'ai tendance à penser que certains patrons et détenteurs de capitaux ont, dans les années vingt et trente, préféré choisir Hitler et son nouveau parti plutôt que Staline, qui a commis lui aussi son lot d'atrocités. La peur de l'abolition de la propriété privée et de la collectivisation, mises en oeuvre par Staline, les a incités à fermer les yeux sur une autre réalité tout aussi effrayante : la montée de la haine raciale, les lois antisémites, les pogroms comme durant la nuit de cristal, les camps de concentration pour intellectuels et dissidents, l'euthanasie pour les handicapés mentaux qui furent les premiers à tester l'efficacité des chambres à gaz etc.



Jeanne est un personnage vraiment tragique dans sa lutte du pot de terre contre le pot de fer. Tout est joué d'avance mais comment faire pour empêcher l'inéluctable ? C'est à la fois un drame intime et collectif qui invite à s'interroger sur les mécanismes de la haine. Comment naissent-ils et comment les empêcher de proliférer ?



Je remercie Mélinda Schilge de m'avoir permis de découvrir son nouveau roman.

Commenter  J’apprécie          9519
Ciao Bella : La vie l'emportera

Mais qui peut donc bien être cette Mélinda Schilge, au nom si étrange ? Serait-elle Alsacienne ou Lorraine avec ce nom de famille allemand et ce beau prénom français ? Je l'ignore, en revanche, je sais qu'elle est une de nous, sur Babelio, sous le nom de "Leoniee" et que son prénom dans le civil est aussi beau que l'artistique : Céline. Et elle habite Lyon.

Les Melinda dont le nom m'est connu sont Melinda Gates, l'épouse de Bill de Microsoft, et Melinda Marling, l'épouse des espions britanniques Donald Maclean et Kim Philby (dans cet ordre d'ailleurs).



"Cia Bella" est son dernier ouvrage. Son avant-dernier fut : "Résurgence d'un coeur oublié" en juin 2018.



À la page 23, l'auteure note : "Depuis quelque temps, les drones civils pâtissaient de la mauvaise réputation des drones militaires, associés à des faits de guerre peu glorieux". Et elle a raison. Les premiers drones de combat ont été utilisés par l'armée américaine durant la dernière Guerre mondiale, mais c'est surtout pendant les 2 dernières décennies que l'usage en a été sensiblement accru. Il n'y a même pas un mois, le 18 juillet, que Trump a informé le monde que les États-Unis avaient détruit un drone iranien dans le détroit d'Ormuz.



Le drone frappe l'imagination et l'auteur néerlandais, Bart-Jan Kazemier, a écrit un épatant thriller avec le nom de l'engin dans le titre, en 2015.

C'est grâce à un drone que les Américains ont découvert le refuge d'Oussama ben Laden à Abbottobad au Pakistan (à 50 kilomètres d'Islamabad) en 2011, et cela n'est pas de la fiction, bien entendu. Pas plus que les drones utilisés actuellement à Calais contre migrants souhaitant traverser la Manche.



Ce qu'écrit notre Mélinda est tellement bien conçu et développé qu'on ait des difficultés à s'imaginer qu'il s'agit de fiction. On aurait plutôt l'impression qu'elle travaille pour le ministère des transports ou celui de la défense.



Mais son ouvrage couvre un double terrain. Il y a l'émouvante amitié entre un ingénieur d'âge moyen, Benjamin Delmas, et la petite Stella de 9 ans, une petite handicapée, qui n'arrive pas à marcher à cause de la faiblesse des os de ses jambes. Elle est la fille de Tanya Merbès, une beauté d'origine moldave, qui travaille tout comme Benjamin pour la compagnie Buleo, l'entreprise française des drones. Et puis, il y a le récit du développement par Buleo d'un drone, nommé le "Junction", qui déplacerait les objets, comme Internet les idées.



Le point de départ du "Junction" était la constatation que les livraisons de marchandises générées par internet arrivaient à saturation. Le transport de collis et paquets à bord de camionnettes encombraient de plus en plus les rues et routes, tout en polluant l'air. La mise en place de couloirs réservés aux drones, ou "dronavenues", éviterait les méfaits de cette évolution. C'est le ministère des transports de la France qui est grand partisan de cette solution, en accord avec la société Buleo et le ministre Granier espère, de sorte, battre les Américains dans un domaine de haute technologie.



Benjamin estime, toutefois, que l'avancée du projet était beaucoup trop rapide et faisait fi des mesures de sécurité indispensables. Selon lui "les dronavenues, c'est une voie royale pour les actions terroristes... " Je ne vais pas résumer le combat que notre ingénieur mènera virtuellement tout seul pour éviter ce danger et remplacer les "Junctions" par des drones en réseau tubulaire ou souterrain qui auraient des effets bénéfiques "tant sur le plan économique que sur le plan écologique".



Mélinda nous réserve, en plus, un sombre événement dans un des endroits les plus particuliers de notre globe : le Corridor de Wakhan, qui, à une altitude de plus de 4750 mètres, rejoint l'Afghanistan à la Chine en passant au sud du Tadjikistan et au nord du Pakistan. Un Afghan, Habib Khan, a abusé de la confiance de Benjamin, pour lancer une opération violente par drome contre un village où se terraient des talibans, responsables de la mort de son fils. Cette attaque a bien sûr fait aussi d'autres victimes et la Cour Pénale internationale, à La Haye, a inscrit "Le massacre de Kefkan", comme crime contre l'humanité, à son ordre du jour. Au grand malaise de Benjamin, évidemment.



Si l'on a choisi "Ciao Bella" pour la charmante couverture de Clémence Usannaz, on est sûr d'avoir de très sérieuses surprises. Mélinda/Céline a réussi le tour de force de nous éblouir avec un ouvrage qui non seulement nous raconte plusieurs histoires passionnantes, en à peine 235 pages, mais qui a en même temps de manifestes qualités littéraires.

Rien que pour la beauté de la langue et celle du sud-ouest de la France, je termine par une description de la nature.

"Aux terres colorées atteignant parfois de sombres rouges, succédaient des hauts reliefs calcaires émiettés. Devant lui, des barres rocheuses chapeautaient des langues puissantes encerclant à leurs pieds de petites dolines fertiles, et annonçaient les grands causses surplombant Prabès".

Si cela n'est pas superbe.... ?

Commenter  J’apprécie          434
Tous les matins, elle boitait

Paris 1968, alors que les manifestations étudiantes envahissent les rues, Jeanne héberge Lucie, la petite-fille de sa cousine Marlène, venue faire ses études. Des courriers échangés entre Jeanne et cette cousine Alsacienne vont être l’occasion de plonger le lecteur dans l’entre-deux-guerres.

L’euphorie de la Libération, un espoir de paix, l’Alsace qui recouvre les couleurs françaises. Jeanne est attirée par le jazz, le cinéma, la mécanique automobile, tous les plaisirs de son temps, elle ne se sent pas à l’aise dans les salons mondains où les mères cherchent un bon parti pour leur fille. Cette période d’après-guerre est légère, ce sont les années folles. Mais un mouvement qui sort des entrailles d’une Allemagne mise à terre va petit à petit envahir l’Europe.

J’ai beaucoup apprécié ce roman, tout d’abord par son fond historique et la capacité de Mélinda de plonger son lecteur dans ces années où l’insouciance va laisser la place à l’horreur. Le fait que Jeanne soit Alsacienne par sa mère nous permet de comprendre les tiraillements des Alsaciens entre l’Allemagne et la France et leur difficulté de savoir qui ils sont vraiment.

J’ai surtout aimé l’écriture de Mélinda, elle a le talent rare de savoir adapter sa plume à l’époque de son récit. C’est un peu mondain, bourgeois, suranné ; même la description de la scène d’amour entre Jeanne et son mari a ce petit caractère désuet.

Ce roman situé dans cette époque trouble est avant tout le portrait d’une femme courageuse tourné vers l’avenir, qui avance dans la vie, cahin-caha, en boitant, d’où le titre du livre, entre ses convictions, ses doutes, ses engagements, les avis contraires de ses proches.

Commenter  J’apprécie          360
À la hauteur

Tout a commencé par une montée des eaux inexpliquée, pourtant il n’y a pas eu de pluies torrentielles et puis soudain un gigantesque raz-de-marée, un tsunami qui ensevelit tout. La ville de Lyon est complètement engloutie. Sylvain chasseur d’images dans les milieux naturels et sa compagne Mathilde professeure des écoles se retrouvent réfugiés dans les monts du Lyonnais.

Mélinda Schilge nous entraîne dans une fiction, terriblement d’actualité. Mais est-ce vraiment une fiction ?



Dans ce roman choral, nous suivons tour à tour Sylvain et Mathilde qui ont été séparés par la montée des eaux. Les survivants, des Robinson Crusoé, doivent réinventer une nouvelle façon de fonctionner, reconstruire une vie sans oublier les causes qui ont conduit à ce désastre. Comme à chaque fois, dans ce genre de calamité il y a l’émergence d’un gourou mystificateur et imposteur. Un récit à connotation écologique bien documenté, tout semble réaliste, que ce soient les conséquences de la catastrophe ou les rapports humains.



Un roman agréable à lire qui nous rappelle l’importance d’être à l’écoute de la nature.



Commenter  J’apprécie          350
Tous les matins, elle boitait

Mai 1968 : Jeanne attend avec inquiétude sa petite nièce Lucie qui n'est pas rentrée de la nuit. Les manifestations grondent dans tout Paris. Quand celle-ci rentre, Jeanne décide de lui raconter sa vie, de sa jeunesse à son mariage, des années 30 à la seconde guerre mondiale, de Paris à l'Alsace, berceau de leur famille.

Il n'était pas toujours facile d'être une femme dans les années d'entre les deux guerres, surtout quand celle-ci s'intéresse plus à la mécanique et au cinéma, qu'à tenir sa maison et préparer des repas pour son cher et tendre. L'auteure nous présente un très beau portrait.

Née dans un couple atypique pour l'époque : (c'est madame journaliste qui fait bouillir la marmite et monsieur peintre peine à affirmer son talent), cette jeune fille va découvrir à l'issue de la guerre de 14 une partie de sa famille redevenue française, avec toutes les tensions que cela peut impliquer : L'Alsace est avant tout alsacienne, mais quelques décennies de vie allemande ne s'effacent pas comme cela surtout quand des mariages ont été conclus. Plus tard, jeune femme passionnée par les techniques nouvelles, elle restera très attachée à sa vie parisienne, mais reviendra souvent en Alsace où vit une cousine de son âge. Ce sont à travers les lettres échangées avec celle-ci qu'elle raconte sa vie à Lucie. Elle s'impliquera plus tard dans la lutte contre le nazisme, allant jusqu'à participer à des actes de résistance. Elle cherchera toujours à apaiser les tensions entre les membres de sa famille et saura survivre à bien des évènements.

C'est un roman très intéressant sur une période difficile, les années folles marquées par la montée des nationalismes et la guerre. J'y ai découvert la situation des ses alsaciens pour qui redevenir Français n'était pas forcement une évidence. J'ai beaucoup aimé le personnage de Jeanne, qui tout au long de sa vie, et dans des périodes troublées, ne va jamais hésiter à suivre son coeur, à se poser des questions, à remettre en cause ce que pensent ses proches. On la sent très isolée, dans son couple, dans sa famille. Ses quelques vraies amies vont disparaitre très tôt dans sa vie mais elle va continuer à mener sa vie cahin-caha, telle une femme qui boite.

J'ai seulement regretté une émotion un peu en retrait, Malgré sa liberté de penser, Jeanne est femme de son époque où on doit toujours faire face, ne pas montrer ce qu'on ressent. le récit est très factuel, j'aurai aimé sentir plus encore ce que ressentait Jeanne.

Merci infiniment à l'auteure pour cette lecture instructive, ce beau portrait.

Commenter  J’apprécie          340
Résurgence d'un cœur oublié

Piège dans l'enfer des multinationales.



Un livre original, écrit par une professionnelle du domaine de l'entreprise.

Le héros, Serge, un comptable taciturne est limogé après la découverte de sur et de fausses facturations : aidé par une jeune styliste, Léonie, il essaiera de découvrir le vrai coupable de ces malversations...

Une intrigue originale, dans le milieu des affaires, servie par un beau style.

Mais je n'ai pas adhéré à cette histoire convenue dont les personnages sont si fades...



Un rappel des personnages aurait été le bienvenu au début de l'ouvrage...
Commenter  J’apprécie          260
Tous les matins, elle boitait

Je remercie Mélinda Schilge pour l'envoi, en service presse, de son roman : Tous les matins, elle boitait.

Nous sommes en 1968, Lucie loge chez Jeanne, la cousine de sa grand-mère.

Jeanne n'était pas une jeune femme comme les autres, comme va le découvrir Lucie quand celle-ci lui raconte ses souvenirs.

Nous sommes à Paris pendant les années folles. Jeanne aime les automobiles et autres mécaniques du moment, le cinéma, cet art mineur qui perce encore difficilement - alors que son père est peintre.

Une fois en âge de se marier, elle s'intéresse peu aux hommes contrairement à ses amies et en vient à se demander si elle saura aimer.

De plus, elle vient de se découvrir une famille en Alsace qui parle une langue que l'on pourrait confondre avec de l'allemand, alors que cette région est censée être heureuse de retourner dans le giron français.

Touchée par les violences extrémistes de l'entre-deux guerres, comment va-t-elle concilier ses balbutiements dans une vie conjugale avec des convictions qui la mettent en porte-à-faux avec sa famille, et sa mère en particulier ?

Tous les matins, elle boitait est un très bon roman que j'ai pris plaisir à lire d'une traite. Une fois commencé, impossible pour moi de le lâcher.

Jeanne est une femme libre, elle n'aime pas tout à fait les mêmes choses que les jeunes femmes de son age. Dans les années 20, elle a une liberté d'esprit et d'expression qui contraste avec les autres. Elle va se marier mais rester malgré tout assez libre dans sa façon de voir les choses, de travailler. Elle est assez émancipée vis à vis de son mari. J'ai aimé sa façon d'être. Elle se découvre une famille alsacienne, se pose des questions sur la montée du nazisme.

J'ai apprécié que ça se déroule dans les années folles puis pendant la seconde guerre mondiale. Je connais mal les années 20 et 30, et c'est une période très riche, difficile, que j'ai aimé découvrir.

La construction de ce roman est très intéressante, on découvre ses souvenirs par des lettres au départ puis on plonge dedans comme si elle les racontait.

Jeanne est un personnage très touchant et j'ai adoré suivre sa vie au fur et à mesure que les pages se tournent.

L'histoire est bien ficelée, il n'y a pas de longueurs. Quand à la plume de l'autrice, elle est très agréable.

Je vous recommande ce roman, et je lui mets avec plaisir cinq étoiles.
Commenter  J’apprécie          240
Ciao Bella : La vie l'emportera

Une histoire touchante que nous raconte avec talent et précision Mélinda Schilge, Benjamin, un homme passionné et expert en drone travaille pour une entreprise internationale de haute technologie, qui a pour mission d'équiper les villes de "dronavenues" afin que les objets, comme les informations sur le net, circulent le mieux possible, plus rapide et plus écologique. Un programme mené par l’État français.



En parallèle histoire tragique d'une famille Afghane brisée par la perte d'un fils embrigadé par les talibans. Le père Habib Khan, homme d'affaires très intéressé par les drones pour, selon ses dires, secourir des villages isolés en pleine montagne, va rencontrer Benjamin notre spécialiste. Ce dernier séduit par le projet humanitaire, s'engage à construire un drone spéciale.



Seulement qu'elle va être la réalité des faits ? Tout contraire à sa volonté. Un homme, cet homme a qui il avait fait confiance, va détourner cet objet pour se venger, habiter d'une grande violence intérieure.



Histoire emprunt de réalisme sur les hautes technologies, histoire sensible et tendre sur l'amitié d'un homme et d'une petit fille, Stella qui va l'aider à voir autrement et surtout à oser réagir avec l'expérience qu'il a vécu pour faire prendre conscience des dangers potentiels de ces technologies de pointe.



" On ne plaisante pas avec des jouets qui deviennent des armes."



Une réflexion pertinente .... hier c'était les voitures, aujourd'hui les drones et demain ?



Merci à Mélinda Schilge, autoéditée pour cette jolie découverte.
Commenter  J’apprécie          232
Dernière ambition

C’est dans le quartier de la Croix-Rousse « La colline qui travaille » en référence à son passé industriel, que Mélinda Schilge a choisi de situer son nouveau roman. L’auteur nous conte la bataille pour la mairie du 4e arrondissement de Lyon. L’histoire débute en octobre 1994, André Riviere dirigeant du groupe Eriga espère s’apprête à conquérir la mairie, une sorte de vengeance puisque son propre père Hector avait été empêché d’accéder à cette fonction à cause d’une accusation de collaboration avec les Allemands.

Mélinda nous entraîne donc dans cette campagne municipale avec ses coups bas et ses personnages obscurs qui gravitent autour. Hervé le directeur de cabinet, Hertzian l’homme de l’ombre, l’homme à tout faire. Marius et Céleste deux vieux amis qui partagent avec André un lourd secret.

Lyon a été un haut lieu de la Résistance et malicieusement Mélinda glisse dans son récit, un épisode survenu dans la période trouble de l’après-guerre, où la vie n’avait pas le même prix, l’épuration et les représailles, chacun réglait ses comptes. L’auteur distille habilement quelques informations de-ci de-là, ménageant le suspens et donc l’intérêt du lecteur.

Quelques autres personnages comme Nathanaël, un jeune homme désinvolte, arrogant, ambitieux et qui pense que la politique est le meilleur moyen de parvenir à ses fins. Et puis Marie étudiante de 23 ans, décidée à quitter le cocon maternel, et qui va accepter un poste d’aide à domicile en échange d’un logement et d’un pacte machiavélique. Une mystérieuse Ligue, sorte de société crée pour rendre aux seniors la place qui leur ait due, vient pigmenter le tout.

Mélinda sait parfaitement brouiller les pistes, j’ai vraiment été agréablement surpris par la maîtrise de l’écriture et du récit. Sans aucun doute, elle connaît les arcanes de la politique, et le quartier de la Croix-Rousse n'a pas de secret pour elle, ses personnages sonnent juste. Mélinda publie son roman à deux mois des élections municipales, ce qui le rend évidemment d’actualité.









Commenter  J’apprécie          180
Ciao Bella : La vie l'emportera

Benjamin, ingénieur spécialisé dans les drones, revient dans son village natal où se situe le siège de la société qui l’emploie. Il a travaillé dans plusieurs filiales à travers le monde.





Son entreprise, Buleo, finalise un programme qui permettra à des drones autonomes d’effectuer des livraisons. Les villes qui accepteront de prendre part à ce projet seront équipées de dronavenues.





Or, Benjamin, pour qui les drones sont toute sa vie, veut freiner la mise en œuvre. En effet, il pense que les conditions de sécurité ne sont pas réunies. Il sait que l’engin peut être détourné comme une arme.





Cependant, personne ne veut l’écouter : ni la direction de son entreprise, ni le ministre des transports, ni ses collègues. Il est esseulé dans son combat.





Ce livre montre que les avancées technologiques doivent être entourées de précautions. Le progrès comporte des risques énormes alors que le terrorisme fait rage. Malheureusement, comme le démontre Ciao Bella, la vie l’emportera, ce sont souvent les intérêts financiers qui prédominent. Lorsqu’il est question d’argent, les lanceurs d’alertes ne sont pas toujours écoutés et la population est mise en danger. Ce roman ne dit pas qu’il faut empêcher les découvertes, mais qu’il faut anticiper les détournements qui peuvent être faits afin de les contrer dans la conception.





Alors que Benjamin ne peut pas révéler pour quelle raison il est certain que les dronavenues constituent un danger, c’est sa rencontre avec Stella, une petite fille de neuf ans, qui lui donne la force pour répondre de ses actes passés.



Plus d’infos sur mon blog...
Lien : http://www.valmyvoyoulit.com..
Commenter  J’apprécie          180
Résurgence d'un cœur oublié

Serge a grandi aux portes de Paris, avec une mère omniprésente, qui n’aime pas l’Euro, les noirs et tous ceux qui viennent manger le pain des Français. Il devient comptable chez Bella une entreprise qui produit des soutiens-gorge ce lui procure une échappatoire à la haine qu’il nourrit à l’encontre de ses parents. Il habite une banlieue de bitume et de béton. Sa passion ce sont les insectes. Serge est un employé modèle, stable, prévisible, discret et efficace. Il vit par et pour son travail.



Aujourd’hui, son cousin Jean-Pierre vient lui présenter un logiciel de reporting qui doit lui faire gagner du temps et donc de l’argent, mais aujourd’hui aussi, comme chaque premier jour du mois Serge doit engager la clôture comptable. Mais rien ne se passe comme prévu, les données enregistrées ne correspondent pas aux chiffres qu’il a tapés, tout se mélange et puis il y a ces factures étranges reçues depuis quelques mois. C’est ainsi que va commencer une incroyable machination dans laquelle Serge va se perdre.



Melinda Schilge nous décrit avec précision cette escroquerie de grande envergure dont le pauvre Serge est la victime, nous assistons à ce coup bas, il n’a rien pour prouver sa bonne foi, ce qui va provoquer sa mise à pied, puis à son exclusion, accusé par les actionnaires américains d’avoir piqué dans la caisse. Et son cousin qui ne répond plus à ses appels. L’intrigue est bien menée, les personnages bien campés et l’on sent bien que l’auteur s’est bien documentée sur le monde de l’entreprise. J’ai vraiment passé un bon moment de lecture.

Commenter  J’apprécie          170
Ciao Bella : La vie l'emportera

Je remercie chaleureusement Mélinda Schilge pour l'envoi, en service presse, de son roman Ciao Bella : La vie l'emportera.

Nous suivons un ingénieur spécialisé dans les drones, Benjamin. Il revient dans sa ville natale et il se révèle incapable de réagir à un projet visant à déverser des drones autonomes au cœur des villes. Il aime les hautes technologies toutefois son enthousiasme à ce sujet a pris fin en Afghanistan, où il a appris à ses dépens qu'un esprit malveillant peut transformer le drone en arme.

Parallèlement, Habib Khan, l'Afghan à l'origine du drame qu'il a vécu en Afghanistan, poursuit ses manœuvres pour parvenir à utiliser le Junction à des fins de vengeance...

Benjamin parviendra-t-il à recouvrer l'envie de se battre ?

En aura-t-il les moyens ?

Sera-t-il de taille face à l'ambition démesurée des Français, et à la détermination de Khan ?

Ciao Bella : La vie l'emportera est un bon roman, que j'ai pris plaisir à lire.

En le commençant je ne savais pas trop vers quoi je m'engageait car j'avais vaguement parcouru le résumé. Et heureusement, car je ne sais pas si je me serais plongé dedans vu le sujet.

Je ne suis pas très drones, le sujet ne me passionne pas et pourtant, à ma grande surprise, ce roman m'a captivé. Les passages sur ces engins sont accessibles même à ceux qui, comme moi, ni connaissent pas grand chose. Je ne pensais pas qu'ils pouvaient être dangereux si des esprits malveillants avaient pour idée de les détourner. Je pensais que c'était inoffensif.

Benjamin est un jeune homme attachant, qui a du mal à digérer ce qui s'est déroulé en Afghanistan à cause de son drone ainsi que le suicide de sa tante. Ce dernier est énormément dans son esprit, il se pose beaucoup de questions sur le geste de sa tante, ses motivations.. Cela le travaille.

Parallèlement à ses questionnements sur sa tante, l'envie de continuer dans son entreprise est de moins en moins présente, il en a un peu marre de tout. Il a peur que ce qui lui est arrivé dans le passé le poursuivre dans sa ville natale et que des esprits malveillants sévissent aussi en France.

Benjamin va rencontrer Stella, la fille de sa collègue Tanya. La fillette a de graves soucis de santé, elle doit accepter de se faire de nouveau opérer et qui sait, si un miracle arrive, remarcher. Stella est une petite fille hyper touchante, qui a une sacré répartie et qui apporte un réel plus à ce roman.

J'ai également apprécié le personnage de Tanya, sa maman, que j'aurais bien aimé découvrir un peu plus.

Le sujet est très intéressant, très bien ficelé et Ciao Bella : La vie l'emportera est une excellente surprise, je suis ravie de ma lecture.

Ma note : un très joli 4,5 étoiles.
Commenter  J’apprécie          140
Ciao Bella : La vie l'emportera

Ce livre de Mélinda Schilge, Ciao Bella, figurait dans ma PAL « services de presse » depuis le mois de mars et quand son tour est arrivé, je ne me souvenais plus très bien comment il était arrivé entre mes mains ; son sous-titre, La Vie l’emportera, me faisait penser à une romance et sa couverture à un roman feel-good… et c’est donc dans un certain état d’esprit que je commençais ma lecture.

Qu’elle n’a pas été ma surprise de pénétrer dans le domaine de l’entreprise, dans le monde de la haute technologie et plus précisément dans le développement des drones autonomes à la fois à des fins mercantiles, militaires et terroristes…



Le personnage principal est un ingénieur qui travaille sur la programmation d’un projet novateur, soi-disant au service de tous, piloté par les plus hautes instances de l’État et visant à développer un service de drones autonomes en milieu urbain. Il est partagé entre son manque d’enthousiasme pour ce programme, ses craintes pour la sécurité de la population et ses propres soucis familiaux, encore très ébranlé par le suicide de sa tante. Il porte aussi en lui le poids de son passé en Afghanistan où il a appris à ses dépens qu’un esprit malveillant peut transformer les drones en armes.

J’ai eu un peu de mal au début à entrer dans cette histoire qui me semblait partir dans beaucoup de directions à la fois, le côté familial et le versant professionnel me paraissant un peu trop plaqués l’un à l’autre dans le profil de Benjamin et sans lien entre eux. Puis, quand la narration a pris des allures de thriller et de récit de vengeance, avec l’apparition d’une organisation franco-afghane de lutte contre les talibans, j’ai accepté le pacte de lecture sans plus trop me poser de questions et compris le sens des souvenirs qui hantent ce personnage, « deux spirales qui se relayaient, et menaçaient de l’entraîner par le fond »… Parvenue à environ la moitié du roman, j’étais suffisamment captivée pour oublier mes réticences du début.

Et puis il y a aussi la belle amitié entre Benjamin et la fillette de sa collègue chargée de la communication autour du projet : même si leurs avis professionnels divergent, leur respect mutuel et leur rapprochement autour de l’enfant handicapée apporte un bel écrin au récit, une échappatoire.



Mélinda Shilge maîtrise le monde des grandes entreprises et leurs fonctionnements qu’elle sait rendre vraisemblables sans en faire trop, sans alourdir son récit.

Pour toute la partie plus technique sur la fabrication et le fonctionnement des drones classiques et des nanodrones furtifs, j’avoue un peu mon désintérêt global ; je suppose que, pour d’autres lecteurs(trices), au contraire, ces passages revêtent de grandes qualités documentaires… J’ai mieux compris les comparaisons avec la morphologie des oiseaux ou encore le vol en formation des essaims de frelons asiatiques.

L’auteure sait également manier l’art des contrastes et des rapprochements antagonistes pour asseoir son propos : la fillette qui se débat « avec des moyens d'enfant pour combattre des soucis d'adulte » et y réussit plutôt bien tandis que Benjamin hésite à mouiller sa chemise pour combattre au grand jour un programme qu’il sait dangereux, le microcircuit d’élevage de brebis de ses parents comparé aux sphères d’envergure dans lesquelles il évolue professionnellement…

La montée en puissance des péripéties est bien dosée ainsi que la construction psychologique des personnages qui sont suffisamment ambivalents pour s’extraire d’éventuels stéréotypes.

Le côté romance de cette histoire est suffisamment discret pour ne pas trop polluer l’intrigue principale.

Si je devais formuler juste un bémol, ce serait et cela n’engage que moi, la mise en résonnance du parcours de la tante décédée qui auréole et guide le héros principal… Il m’a manqué quelque chose, à la fois dans le (trop ?) peu qui en est dit et dans l’articulation de ce vécu avec les choix de Benjamin.



Ce roman est en fait un récit de révolte et de lutte à l’instar du chant partisan italien « Bella Ciao » et le sous-titre porte un message simple et fort d’espoir et d’encouragement à agir, à faire face au lieu de fuir, même pour celles et ceux qui ne se sentent pas l’étoffe des héros : « ces objets qui portent nos espoirs, peuvent aussi être manœuvré par le désespoir… N'arrête pas le progrès, mais n'oublie jamais que le désespoir ne doit jamais prendre les commandes ».

J’aime être étonnée par mes lectures, quand un livre me surprend et m’entraine là où je n’avais pas trop prévu d’aller.

Ce Ciao Bella est une excellente surprise…

Commenter  J’apprécie          140
Dernière ambition

Mélinda Schilge m’a récemment contactée pour avoir mon avis sur l’un de ses trois romans. Très honorée, j’ai accepté de lire « Dernière ambition » et de le chroniquer. Le pari était risqué car l’histoire se déroule dans le milieu politique ; univers que je ne connais pas, du moins en ce qui concerne son éventuelle dimension littéraire.



Nous suivons ici l’objectif ambitieux d’un chef d’entreprise, André Rivière, qui souhaite à tout prix accéder au poste de maire du quartier de la Croix Rousse à Lyon : « Peu de temps après, il était devenu directeur général de la filiale française. Il avait cédé à quelques autres compromissions, et sacrifié son mariage. Il avait ainsi conservé son poste. Il était devenu inaccessible, tellement au- dessus des autres qu'il semblait avoir perdu son humanité, dissoute quelque part dans les strates du pouvoir. » Son ambition est sans limite : magouilles et compromissions n’ont plus aucun secret pour lui. Il est prêt à tout pour accéder à la tête de la mairie de l’arrondissement de la Croix rousse, cher aux canuts, qui avait naguère échappé à son propre père.



Il recrute donc à tout va, autant auprès des anciens que des jeunes pour donner une dimension multigénérationnelle à sa liste. Il compte notamment sur son jeune stagiaire dont les dents rayent profondément le plancher : « Nathanaël n'aimait pas l'Histoire, il aimait l'avenir, et avait décidé de procéder à sa façon. »



Mais voilà que parmi ses recrues se retrouvent d’anciens camarades de la Résistance. Et l’Histoire va venir réclamer ses droits, ses explications…. Aux dépens d’André ?



Au final, l’auteure a réussi à m’embarquer dans son univers d’ambition, de magouilles, mais aussi de secrets bien enfouis dans une histoire locale ! J’ai regretté de ne pas pouvoir m’attacher aux personnages car il me manquait des éléments pour leur donner une profondeur, une consistance. La plume est plutôt habile, même s’il demeure quelques maladresses syntaxiques, et je me suis vraiment prise au jeu des retournements de situation. Les idées de l’intrigue sont très bonnes et inscrivent ce roman dans une réalité incontestable : en politique, chaque coup compte ! Une plume à découvrir et à suivre !

Commenter  J’apprécie          120
Résurgence d'un cœur oublié

Dès le début, je suis entrée dans l’univers de cette histoire. Le style de l’auteure a fait que je me sentais bien, j’ai eu la sensation d’être prise par la main. L’écriture est vivante et très réaliste.





En effet, le monde de l’entreprise est très bien représenté. Dès le départ, j’ai eu la sensation de vivre une journée-type du travail de Serge, de comprendre sa fonction de comptable, les difficultés et les enjeux.





Bien que différents thèmes soient présents dans ce court roman, pour moi, c’est surtout une histoire d’humains. C’est l’histoire de la chute d’un homme. Un événement va gripper sa routine et avoir des conséquences désastreuses pour sa société. Contrairement à Serge, nous savons très vite l’origine du drame.





L’auteure montre le cheminement de ce comptable dans sa recherche de vérité. Elle montre comment un acte qui paraît anodin peut conduire à l’effondrement d’une entreprise. Elle dépeint aussi l’attentisme d’une multinationale qui ne réagit que lorsque la catastrophe est là...





La suite sur mon blog





http://www.valmyvoyoulit.com/archives/2018/06/09/36474211.html
Lien : http://www.valmyvoyoulit.com..
Commenter  J’apprécie          110
Tous les matins, elle boitait

Je découvre avec plaisir le dernier roman de Mélinda Schilge : Tous les matins, elle boitait. Je la remercie pour sa confiance renouvelée et m’excuse pour les longs mois que son livre a passés dans ma PAL…



En mai 1968, une vieille dame, Jeanne, raconte à sa petite-nièce, Lucie, étudiante, comment c’était, de son temps et nous entraine dans le Paris des années folles, pendant la montée de mouvements obscurs du côté allemand et des positions nationalistes françaises.

Elle raconte sa vie de jeune épouse, son amitié avec Marilène, sa cousine, qu’elle n’a rencontrée que lorsque l’Alsace est redevenue française.

Jeanne sortait du lot, avait des velléités d’indépendance, s’intéressait à des sujets politiques, économiques, techniques normalement peu prisés par les femmes. Surtout, elle avait une passion pour le cinéma et a ainsi aidé un cinéaste engagé à témoigner des dérives du parti nazi.



Je pensais que la narration allait prendre la forme d’un chassé-croisé entre passé et présent qui scanderait le récit avec des dialogues entre les deux femmes et un vrai échange de points de vue, ainsi que le début du roman le laissait présager mais l’histoire de Jeanne devient rapidement le point principal de focalisation autour de la difficulté de concilier sa vie de jeune épouse, déjà compliquée pour elle, avec ses convictions politiques.

En fait ,1968 sert d’écrin au passé de Jeanne dont Lucie devient le récipiendaire, au moyen de lettres qui ne nous sont pas données à lire mais que Jeanne raconte à travers son récit enchâssé à la première personne.



J’avoue que je ne savais pas grand-chose de l’histoire de l’Alsace et la Lorraine du temps où elles étaient allemandes… Ce roman nous donne à lire la difficile situation des habitants de ces territoires, quand l’allemand était la langue officielle, de 1871 jusqu’à la fin de la guerre de 1914. La famille de Jeanne est tiraillée par des luttes idéologiques fratricides et elle se sent « investie, seule contre tous, de la mission de sauver l’Alsace du risque nazi ». Mais Mélinda Schilge nous parle aussi de la France d’entre les deux guerres et de l’émergence de mouvements d’extrême-droite, toute une ambiance politico-sociale peu mise en avant par la littérature, du moins à l’horizon de mes lectures personnelles.

La phrase-titre du roman a ainsi peu à peu pris du sens pour moi : celle qui boite est une « femme-horloge » que la narratrice croisait tous les matins. Par la suite, ce personnage prendra de l’ampleur, au point d’illustrer la pensée collective manipulée, poussée à haïr les boucs émissaires désignés : les juifs, les communistes, les noirs, les étrangers… Selon moi, cette boiterie devenait métaphore d’un état d’esprit bancal… Il faut croire que je me trompais puisque l’auteure s’en explique à la fin du roman, quelques pages avant le dénouement. Pour Jeanne, au contraire, cette boiterie est synonyme de force, pour celles et ceux qui avancent malgré les difficultés, « péniblement mais avec confiance ». Ce roman raconte le parcours d’une femme qui a fait ce qu’elle a pu, à une époque où ce n’était vraiment pas facile.



J’ai beaucoup aimé ce roman pour la place qu’il donne à l’émancipation des femmes et pour le choix original de Mélinda Schilge de traiter la montée des idéologies nationalistes en marge de la menace de guerre avec l’Allemagne. Comme la jeune Lucie, je me suis rendu compte que les Français comptaient aussi dans leurs rangs des personnes favorables à la guerre.

Encore une fois, comme avec Ciao Bella, Mélinda Schilge sait se démarquer avec des sujets originaux servis par un faisceau de focalisation atypique.

Bravo !






Lien : https://www.facebook.com/pir..
Commenter  J’apprécie          71
Tous les matins, elle boitait

Ce roman est l'histoire de Jeanne, une jeune femme parisienne, qui découvre à la sortie de la Première Guerre mondiale sa famille maternelle alsacienne. Parmi ces personnes, il y a Marilène, sa cousine, avec qui elle entame une correspondance régulière. Il leur faut apprendre à connaître et comprendre l'autre, familière et étrangère à la fois. En particulier, Jeanne est confrontée à la question épineuse de cette Alsace qui a vécu sans parfois résister à l'occupant allemand. En parallèle, Jeanne doit composer avec ses parents, un père peintre et une mère journaliste, et sa belle-famille, d'un milieu social différent du sien. En particulier, la fréquentation de son beau-frère est conflictuelle : vétéran de la guerre dont il a gardé de lourdes séquelles, ce dernier cherche un moyen de donner un sens à sa vie. En toile de fond, on observe la montée du nazisme en Allemagne, dont les idées circulent, questionnent, inquiètent, divisent partout en France, en particulier au sein de la famille élargie de Jeanne.

A mesure que le nazisme progresse, Jeanne ressent le besoin de se positionner et de combattre les idées d'extrême-droite, jusqu'à s'engager dans la Résistance. Se pose alors la question de la survie de son couple, confronté par ailleurs à l'infertilité.



J'ai trouvé ce roman passionnant. Le récit est fluide, clair, bien mené. L'intrigue est simple mais efficace. Le vocabulaire est riche et l'autrice montre un style d'écriture affirmé, elle a un talent certain.

Si je devais émettre une suggestion, je dirais que ce roman gagnerait à être étoffé de quelques descriptions de scènes de la vie parisienne, que je trouve insuffisamment développée. Je suis également curieuse de lire l'histoire en miroir, racontée par Marilène.

Encore merci à l'autrice pour ce moment agréable passé en compagnie de sa plume, en espérant la lire à nouveau très vite.
Commenter  J’apprécie          60
Tous les matins, elle boitait

Paris. Mai 1968. Lucie est une étudiante qui rêve d’une vie idéale. Le temps de son cursus, elle est logée chez Jeanne, la cousine de sa grand-mère, Marilène. Les interrogations et manifestations de mai 68 sont l’occasion pour Jeanne de se replonger dans ses souvenirs et de les partager avec Lucie.



Nous voilà partis dans une fresque familiale qui nous porte depuis les années 20 jusqu’en 1968. Jeanne est parisienne, elle se passionne pour le cinéma et les belles voitures. Elle correspond très régulièrement avec Marilène, sa cousine, qui vit en Alsace. Le contexte historique de l’époque est très bien décrit, avec la délicate position de l’Alsace, territoire allemand de 1870 à 1914, avant d’être récupérée par la France. La montée du nazisme, le tiraillement des alsaciens, attachés à la fois à la France et à l’Allemagne, mais également l’insouciance des années folles, j’ai vraiment apprécié cette immersion dans un passé pas si lointain. Le destin de deux femmes aux convictions bien ancrées, qui iront au bout de leurs certitudes, tout en restant fières de leurs racines.



J’ai dévoré ce roman, immergée dans cette époque. Moi qui suis d’origine lorraine, j’ai très bien compris la tension palpable entre les membres de la famille. La plume de Mélinda est douce, limpide, immersive. La construction permet également une belle plongée dans le roman. La narration à la première personne dégage un point de vue interne, celui de Jeanne, et transforme le simple lecteur en témoin principal de l’Histoire. L’authenticité et la véracité des faits en sont d’autant plus prononcés.



Les sujets développés sont terribles, notre Histoire, celle que l’on aurait trop tendance à oublier, est remise au goût du jour, et nous fait réfléchir. « Tous les matins elle boitait » pourrait très bien être lu par des lycéens étudiant cette époque. Ce roman est bien plus parlant qu’un livre d’histoire !! L’humanité et les états d’âme des gens ayant vécu cette période y sont détaillés, permettant de mieux comprendre certaines choses. Le travail de recherches de Mélinda a été considérable, je pense, car cela s’en ressent dans les références historiques pointues et riches.



L’arbre généalogique familial proposé au début du roman permet de situer les personnages qui sont nombreux. Ils sont riches et leurs personnalités sont bien fouillées. On peut facilement s’identifier à l’un ou l’une. J’ai beaucoup apprécié Jeanne, c’est une femme forte qui va au bout de ses idées. Elle va évoluer au fil des ans, assurant de plus en plus ses idées loin d’être conventionnelles.



Et le choix du titre, me direz-vous ? Cela vous titille, je me trompe ? Rassurez-vous, je suis pareille ! Et vous en aurez l’explication à travers les pages. La couverture est superbe !



Avec « Tous les matins elle boitait », Mélinda nous propose un roman touchant, passionnant, qui saura ravir les amateurs d’Histoire, et les autres ! Je vous le conseille.



« Les blessures des famille sont bien plus profondes, peut-être parce qu’elles connaissent le chemin du cœur. »



Je remercie Mélinda pour cette lecture.



#touslesmatinselleboitait #MélindaSchilge
Lien : https://soniaboulimiquedesli..
Commenter  J’apprécie          60
Tous les matins, elle boitait

En mai 1968 alors que la petite fille de sa cousine qu’elle héberge en plein Paris, lui assène qu’elle Jeanne ne peut comprendre la jeunesse parce que sa génération manquait d’audace. Jeanne décide de lui dévoiler sa correspondance avec sa cousine Marilène la grand-mère de Lucie.

A travers ces échanges épistolaires on assiste à la rencontre d’une enfant avec sa famille alsacienne. Malgré la barrière de la langue au départ les deux cousines vont apprendre à se connaître et devenir de vraies amies malgré tous les écueils que la vie déposera sur leur chemin.

On découvre une jeune femme à la fois faible et volontaire, qui ne ressemble pas aux autres, ses sujets d’intérêts sont plus masculins que féminins pour l’époque.

De plus le destin ne voulant pas lui permettre de donner la vie, elle se trouve une passion pour le cinéma qui en est encore à ses balbutiements. Et aussi à la politique de l’entre deux guerres.

Ses origines alsaciennes la rendent particulièrement sensible à la question allemande.

J’ai trouvé Jeanne très attachante avec sa sensibilité, sa fougue, ses doutes et sa façon d’aller au bout de ses idées.

J’ai aussi bien aimé cette partie historique, le regard d’une partie de la famille parti sur Paris loin de son Alsace d’origine, et le regard que portait l’autre partie restée en Alsace sur la France.

Ces « malgré nous » ballottés entre France et Allemagne sont une partie importante de ce roman et c’est très intéressant pour ceux qui connaissent mal cette période de notre histoire.

Une lecture à la fois tendre et dure que j’ai bien appréciée par son réalisme on voit que l’auteure sait de quoi elle parle. Je vous le recommande.
Lien : https://sandetcesttout.com/
Commenter  J’apprécie          50
Tous les matins, elle boitait

Ce roman se situe entre la première et la seconde guerre mondiale entre Paris et Würzenheim en Alsace, dont les racines de Jeanne et Lucie sont issues. Jeanne raconte à la petite-fille de sa cousine Marilène, sa vie pendant cette période plus ou moins compliquée. Son mariage, ses combats, ses convictions, la résistance, sa vie de femme à une époque, où ces dernières , n'avaient que trop peu le droit et l'occasion d'exprimer leurs idées.

Grâce à ce texte j'ai pu identifier et comprendre les difficultés de vie en Alsace pendant cette période de l'Histoire.

Un très beau roman au texte recherché mais abordable.
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Mélinda Schilge (59)Voir plus

Quiz Voir plus

900ème : Spécial Julien Gracq

Julien était bel homme, on le qualifiait parfois de beau ...?...

spécimen
ténébreux
gosse
Brummel

11 questions
27 lecteurs ont répondu
Thème : Julien GracqCréer un quiz sur cet auteur

{* *}