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Critiques de Miguelanxo Prado (125)
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Proies faciles

Févier 2013. Un couple de personnes âgées se donne la mort. Sur la table de chevet, un mandat d'exécution d'ordre d'expulsion et une lettre pour le juge.

Mars 2014. L'inspectrice Olga Tabares et son adjoint, l'inspecteur Sotillo, se rendent dans un appartement où gît le corps d'un homme. Pas de trace de lutte ni de lettre de suicide. Âgé de 37 ans, Juan Taboada Rivas, était commercial dans une banque. Après autopsie du corps, la scientifique pense à une mort non naturelle. Peut-être un empoisonnement ? Sur la route qui les ramène chez eux, la radio annonce le décès de José Manuel de la Villa, directeur général de Bancamar, renversé par un chauffard deux jours avant. le lendemain, un nouveau décès est à déplorer. Cette fois-ci, il s'agit d'une femme, directrice de l'agence Bancanova. La jeune femme se serait écroulée en voulant aller aux toilettes d'un bar où elle se rend régulièrement. Alors que l'équipe débriefe sur ces morts pour le moins étranges, Sotillo apprend le décès d'un autre homme, l'ex-président de Caixatlántica, une autre banque. Quatre morts en quelques heures. Tous issus du milieu bancaire. S'agirait-il d'un tueur en série ? Un groupe terroriste ?





Miguelanxo Prado nous offre un policier, certes, mais pas que... L'on suit l'enquête des deux inspecteurs, Tabares et Sotillo, qui se trouvent face à une série de morts suspectes. Des victimes visiblement choisies pour leur profession puisqu'elles travaillent toutes dans la banque et la finance. Pour peu qu'on ait lu les deux pages de préface dans laquelle l'auteur parle de réforme fiscale, d'actions préférentielles, de dette subordonnée ou structurée et dans laquelle il mentionne qu'il s'est inspiré de faits réels plus ou moins identifiables, l'on se doute des motivations du (des) tueur(s). L'essentiel est de savoir qui perpétue ces meurtres. L'auteur dénonce, à travers cet album, le monde de la finance. Un monde impitoyable, parfois immoral, qui n'a qu'un objectif, le profit, au détriment des petits épargnants devenus parfois des proies faciles. Après avoir refermé cet album atypique et bien mené, l'on peut se poser la question : qui sont les vrais coupables ? Le graphisme est élégant et soigné, l'auteur utilisant différents matériaux. Le dessin en noir et blanc fait la part belle à tous ces visages expressifs.
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Ardalén, vent de mémoires

Une jeune femme du nom de Sabela débarque dans un petit village de Galice, en pleine montagne. C'est ici qu'elle espère pouvoir trouver des renseignements concernant son grand-père, Francisco, un marin qu'elle n'a pas connu et qui aurait fait sa vie à Cuba. Pour ce faire, elle cherche un de ses amis qui aurait émigré en même temps que lui en Amérique dans les années 30. Elle s'arrête dans un petit troquet où la tenancière lui apprend qu'elle n'a jamais entendu parler de cette histoire. Quatre petits vieux occupés à jouer aux cartes confirment ces dires sauf l'un d'eux qui affirme que Fidel pourrait l'aider dans ses recherches. C'est un homme qui vit reclus dans la montagne et qui aurait beaucoup voyagé. Aussitôt, la jeune femme décide de rester quelques jours ici afin de pouvoir mener à bien son enquête, elle réserve une chambre et se dirige vers la maison de Fidel. Aussitôt partie, les trois locaux s'insurgent contre celui qui lui a donné ces renseignements. Ils ne savent pas ce que veut cette femme et trouve cela étrange de la voir dans ce coin perdu. Quant à Sabela, elle est accueillie chaleureusement par le vieil homme. Malheureusement, sa mémoire semble lui faire défaut, il ne se rappelle plus vraiment s'il a mis les pieds à Cuba mais ne perd pas espoir et propose à la jeune femme de revenir le lendemain...



Ardalén désigne un vent venu du sud-ouest qui vient balayer les côtes atlantiques. Miguelanxo Prado a réellement effectué un travail titanesque pour réaliser cet album: presque 4 ans pour plus 250 pages où sont intercalés des documents scientifiques sur les baleines, les poissons volants ou la mémoire, des documents administratifs et hospitaliers ou des courriers. A travers la mémoire défaillante de Fidel et les souvenirs qui refont surface, l'on se promène de Cuba à l'Espagne. Entre rêve, réalité et onirisme, ce récit axé sur la perception, la mémoire et l'amitié se veut avant tout poétique, émouvant, attachant et terriblement envoûtant. Même si le scénario peut paraître parfois alambiqué, on se laisse finalement porter par ce graphisme incroyable. Le dessin est parfaitement maîtrisé, les couleurs directes tout en acrylique sont de toute beauté et certaines planches parfois irréalistes sont incroyables. L'auteur nous souffle un album étonnant, original et lyrique.



Ardalén, vent de mémoires... un souffle d'air chaud...
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Venin de femmes

Seul le titre est mal choisi pour ces huit historiettes car les hommes y déversent autant de venin que les femmes, même si ces dernières sortent la plupart du temps gagnantes dans les réparties.



Alors, pour ma part, j'ai beaucoup apprécié cette bande dessinée qui illustre plutôt bien les dilemmes sentimentaux confrontés aux choses de la vie, aux carrières professionnelles, à la gloire ou la fortune, avec une prise de conscience de tous, hommes ou femmes, des erreurs dans les choix du passé en s'apercevant que l'on ne peut vivre deux fois les amours.



J'ai apprécié les références à la lecture, l'écriture, l'oenologie, les aspects sociaux traités sans précautions mais avec discernement. C'est extra d'imaginer, dans une société de bobos, que la concierge ou l'épicier soient aussi doués pour faire l'amour que ceux que leur pseudo-culture aveugle.



Insérés parmi des dessins très réalistes que j'ai trouvés plutôt soignés, les dialogues interviennent la plupart du temps après une scène de sexe et sont sans doute plus lucides une fois que les sens ont été satisfaits.



Toutes ces histoires ne se terminent pas mal et l'une d'elles, d'ailleurs dessinée dans des teintes plus claires, laisse ouvert le champ des possibles.



Donc, une bonne BD que tous les couples, ceux d'une heure, de quelques jours, semaines, mois, années ou d'une vie peuvent lire pour réaliser leurs espérances ou conforter leur absence de regrets.
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La demeure des Gomez

A y est ! La vieille tante Isoline bouffe désormais les pissenlits par la racine ! Joie , bonheur , félicité pour les époux Concha et Indalecio – tous deux Suédois pas pure souche – Gomez , il est désormais venu le temps tant tentant de tirer des plans sur la comète et de croquer enfin la vie à plein dentier ! Le rendez-vous chez le notaire sera décisif , ils le savent , n'était ce don naturel du sieur Gomez à tout foirer dans les grandes largeurs ! Le gars Indalecio fait partie de ces rares élus préférant systématiquement opter , défaut de matière grise oblige , pour l'option lui étant , au final , la plus défavorable ! Si la nuit porte conseil , gageons que ce lointain cousin Bidochonnesque souffre d'insomnie aigue . Il le prouvera une nouvelle fois de manière éclatante en convoitant le lot le plus misérable , pensant alors ne laisser que des broutilles à la cousine Amalia ! Errare Presqum Humanum Est...

Une bicoque pourrave sur un véritable terrain de merde qu'il faudra immédiatement tenter de refourguer à plus niais que soi , bienvenue dans le monde merveilleux et trépidant de ces parvenus à la triste figure...



Première impression en découvrant le trait simpliste agrémenté de bulles rectangulaires blanches faisant presque tache , ouch , ça sent pas bon ça! Rapide coup d'oeil au nombre de pages : 48 . Bon , si Hercule fut capable de s'en taper douze , je pouvais sereinement m'attaquer au premier.

Puis survient , comme cela , sans que l'on s'y attende vraiment , un récit véritablement prenant faisant l'apologie de l'arrivisme désabusé , des promoteurs véreux et des maires corrompus , le tout servi par des dialogues aussi pertinents que cocasses laissant au final un profond sentiment de bien-être .

Des personnages pas attachants pour un rond mais qui en deviendraient presque sympathique à force de désillusions récidivantes .

Une BD à la Kinder surprise recelant un joli conte des temps modernes moralisateur . Un prix 2005 de la meilleure BD – et de la loose – du salon international de Barcelone amplement mérité ! Olé !



La Demeure Des Gomez : classée monument hystérique !

http://www.youtube.com/watch?v=4p4RWBCEFRo
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La demeure des Gomez

C'est un grand jour qui se prépare chez les Gomez. La pauvre tante Isoline vient de mourir et elle laisse à ses chers neveux et nièces un héritage. Beau costume et cravate de rigueur, Indalecio s'attend à une très bonne nouvelle chez le notaire. Se sentant avoir toujours été très proche de sa tante, même s'il ne l'a pas réellement vu depuis sa tendre enfance, il a l'impression qu'il sera avantagé par rapport à sa cousine Amalia. Quelques bouchons et râlements plus tard, dans le bureau du notaire, celui-ci leur annonce que l'héritage est composé de deux lots, dont l'un est la propriété familiale et l'autre inconnu. N'écoutant que son cœur (et son portefeuille), Indalecio choisit le lot n°1, certain d'avoir fait la meilleure affaire. Quelle n'est pas sa surprise de découvrir que l'autre était constitué de 5 appartements et 7 places de parking. Qu'à cela ne tienne, la famille, c'est sacré et il garde un très beau souvenir de la maison! Arrivé sur place, c'est plutôt une vieille bicoque en ruine qui se dresse devant eux dont les coûts de rénovation sont exorbitants! Comment et surtout vont-ils réussir à se sortir de ce pétrin?



Miguelanxo Prado nous offre une bien jolie satire sociale où les entrepreneurs sans scrupule et même les maires en prennent pour leur grade! Les aventures des Gomez, même si elles sont caricaturales, ne sont pas sans rappeler la triste réalité du marché immobilier. Et on arrive à plaindre les Gomez, même s'ils sont un peu naïfs et lourdauds, car ils n'en sont que plus attachants.

Le trait, fin, rapide et assuré, renforce ce côté cupide et caricatural. Les dessins sont au plus proche du réel.

Une chronique cynique traitée avec ironie et un certain humour noir...



La demeure des Gomez... entrez-y sans frapper...
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La demeure des Gomez

J'ai pris cette bande dessinée à l'emprunt à la bibliothèque, je m'attendais à quelque chose de drôle ou loufoque car la 4ème de couverture évoque une découverte de l'ordre des pyramides égyptiennes.



Je n'ai à aucun moment souri ou ri à la lecture de cette bande dessinée et à vrai dire je n'ai quasiment rien aimé ni le graphisme, ni les bulles, ni les propos, je me suis même fermement ennuyée.



Les personnages m'ont laissés de marbre du début à la fin...



Mauvaise pioche avec moi pour cette bande dessinée mais l'avantage de ces ouvrages et qu'ils se lisent rapidement!



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Trait de craie

Bien plus attirée par le graphisme incroyable que l'histoire en elle même, cet album est une véritable bouffée d'oxygène.

Raul fait escale sur une petite île, ou plutôt un îlot, situé nulle part, sur aucune carte. Il y fait la connaissance de Sara, tenancière de la cantine-épicerie-tabac-hôtel... C'est elle qui dirige l'îlot, avec son fils Dima, qui a pour seul loisir de tuer les mouettes! Il va tenter de se lier d'amitié avec Ana, une très belle jeune femme énigmatique et insaisissable, seule touriste sur l'îlot, qui semble attendre quelqu'un.

Dès son arrivée, il passe devant un mur où il est écrit "Ana, je repasserai en juin prochain, je t'attendrai, je t'aime, Raul". Que peut bien signifier ce message, faisant allusion à nos deux héros? Qui a pu l'écrire et quand?



D'une rare qualité de dessin, fait de petits tableaux aux atmosphères différentes et aux couleurs chatoyantes, cet album parle avant tout de rencontres vécues ou rêvées, condamnées à s'effacer ou à se répéter. Peut-être n'y a-t-il pas grand chose à comprendre...

Trait de craie est un poème graphique, où le temps passe lentement, mélancoliquement. C'est réellement beau et touchant, un peu diffus, comme un trait de craie au milieu de l'océan...

Un vrai bonheur pour les yeux, ce trait de craie-yon...
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Proies faciles, tome 2

Deuxième tome d'une série polar intitulée Proies faciles, créée par un auteur espagnol. Ce tome 2 peut toutefois être découvert indépendamment du premier que je n'ai d'ailleurs pas lu.



Et c'est un vrai bon polar, bien noir, bien glauque avec une enquête rondement menée.



Irina, jeune adolescente adoptée, âgée de 15 ans, est retrouvée morte dans sa chambre. Tout semble indiquer un suicide mais le duo d'inspecteurs Tabares et Sotillo a un doute et décident d'enquêter plus avant. Leur quête les mènera vers le monde de la pédopornographie, la corruption d'élites y compris dans le monde judiciaire.



Rien de révolutionnaire donc mais le récit est bien mené et se dévore d'une traite. Il est en totale adéquation avec les planches, tout aussi sombres que le sujet. Je crois que les dessins ont été faits sur du papier kraft d'où cette impression de noirceur même si l'album est en couleurs. Il s'en dégage une belle harmonie entre le fond et la forme. Je lirais volontiers d'autres tomes de cette série qui j'espère se poursuivra.

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Trait de craie

Un Trait de craie qui laisse une impression confuse.



Peut être, comme le propose l'auteur en note finale, devrais-je poser un regard plus attentif sur ces planches aux douces couleurs impressionnistes.

Mais en ai-je vraiment envie ?



Un Trait de craie qui me laisse un goût étrange.



Huis-clos intemporel sur une île perdue au milieu de l'océan. Personnages chiffonnés, crayonnés, estompés en proie à la solitude, à l'attente, à l'espérance, à la désespérance..



Un Trait de craie qui offre au lecteur de vivre une magnifique parenthèse au milieu de nulle part, dans un décor de rêve. Paysage verdoyant, aux rochers escarpés, avec pour seule compagnie des mouettes criardes et amicales. Mais, en un seul Trait de craie, voilà l'atmosphère qui s'alourdit, les couleurs qui s'assombrissent, la torpeur qui s'immisce, les corps qui deviennent chair, l'histoire qui devient glauque..et le lecteur qui en ressort avec un profond malaise.

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Ardalén, vent de mémoires

Sabela débarque dans un minuscule village de montagne. Elle cherche des informations sur son grand-père, un ancien marin qu’elle n’a pas connu et dont on aurait perdu la trace près de Cuba mais qui pourrait avoir eu des liens avec certains habitants du coin. Au café local, on lui conseille d’aller voir Fidel, vieux monsieur un peu simplet surnommé « le naufragé » qui aurait navigué dans les caraïbes à l’époque de son grand-père. Mais Sabela va vite constater que Fidel, vieillard fantasque et attachant, a la mémoire pour le moins défaillante…



« Je voulais proposer au lecteur un univers en bascule entre rêve, réel et fantastique, comme dans la littérature sud-américaine dite de réalisme magique. » (Miguelanxo Prado)



Un album ambitieux, fortement imprégné d’onirisme et dans lequel viennent s’intercaler des coupures de presse, des témoignages de scientifiques ou des documents juridiques. Difficile de faire le tri dans les souvenirs de Fidel. Sa mémoire s’effiloche, elle s’efface et invente des souvenirs. C’est un labyrinthe dont les contours sont difficiles à cerner. L’ardalen est un vent chaud et humide qui arriverait sur le sud ouest de l’Europe après avoir traversé l’océan atlantique depuis les côtes américaines. Fidel aime aller écouter le bruit que fait ce vent dans la forêt d’eucalyptus derrière chez lui. Métaphoriquement, il lui transmet des souvenirs arrachés ici ou là. Tout se mélange dans l’esprit du vieil homme : sa propre vie, celle des autres, les histoires qu’on lui a raconté et celles qu’il a lues. Pas évident de s'y retrouver dans ces bribes qu’il tente d’assembler, pas simple de discerner les amis et les amantes qu’il a vraiment connus parmi ces fantômes qui ressurgissent du passé. Sabela va beaucoup s’attacher à Fidel mais elle va se rendre compte que les informations qu’il fournit ne sont pas à prendre au pied de la lettre. Jusqu’au jour où…



Niveau dessin, c’est de toute beauté. Il aura fallu trois ans à Miguelanxo Prado pour réaliser les 256 planches de l’album en couleur directe à la peinture acrylique. Du très grand art, un esthétisme rarement vu en BD même si les visages sont souvent figés et possèdent une texture proche du bois qui pourra dérouter plus d’un lecteur.



Je suis constamment resté à distance de l’univers de Fidel. Et pour le coup si l’on ne parvient pas à rentrer dans son monde, impossible d’apprécier le récit. Pour tout dire, je me suis ennuyé. Les derniers chapitres, plus ancrés dans le réel, m’ont davantage accroché mais cela ne suffit pas à faire de cette lecture un vrai grand moment de plaisir. C’est pourtant une très jolie réflexion sur la mémoire qui s’efface et le temps qui passe. Beaucoup de poésie, d’émotion et de mélancolie. Malgré tout je suis passé à coté et je le regrette vraiment.
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Venin de femmes

Je t'aimais (pas). Moi non plus. Je ne t'aime plus. Moi pareil.

Venin de Femmes ou plutôt venin de couples qui se retrouvent le temps d'une étreinte, la dernière, échangent leurs fluides et des paroles assassines. Il est beaucoup question entre ces amants de carrière, d'ambition et de pouvoir, de choix de vie.



La forme m'a surprise, j'ai trouvé les scénarios pauvres, convenus - il faut dire que chacune de ces huit nouvelles est très courte. Certaines reparties ampoulées semblent issues de romans photos à l'eau de rose. Le graphisme est en phase avec le propos : du sépia mélancolique, des corps féminins alourdis par les années, des visages de femmes aux traits durs et anguleux, très 1990's.



Un album que j'ai trouvé sans intérêt et plombant.
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Le triskel volé

La couverture de cette bande dessinée m’a attiré, alors j’en attendais sans doute un peu trop, c’est à l’échelle de ma déception. Les couleurs sont travaillées en aquarelles, soignées, à l’anglaise, parfois les tons sont trop acides, le trait est sec et manque parfois de naturel, de dynamisme, de légèreté, les décors manquent de vie, et aussi, certains personnages sont trop cartoonesques et ne collent ni au récit ni au ton général. Les subtilités de la couverture ne se retrouvent pas à l’intérieur. L’histoire non plus ne m’a pas convaincu, si l’enquête occulte est plutôt bien menée, les résolutions, l’intervention de la magie sont des solutions trop faciles, déjà vues, et le côté propagande panthéiste a en général le don de m’agacer. En bref, le dessin n’est pas aussi impressionnant que ce que à quoi je m’attendais et l’histoire n’est vraiment pas originale, c'est loin d'être mauvais, mais pourtant je suis déçu.
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Proies faciles

Un bon polar ! "Polar social" d'après la description. En effet, polar engagé. Après la crise de l'immobilier en Espagne, qui avait entraîné des milliers de citoyens directement aux dossiers de surendettement, pour avoir succombés au rêve de devenir propriétaires.. Les banques ne s'en laissent pas compter, et proposent de les protéger en transformant les petites économies de ceux qui avaient réussi à échapper au désastre, le plus souvent des personnes âgées, en actions préférentielles. C'est évidemment un piège.

Cette bande dessinée dénonce la supercherie et le cynisme du monde de la finance et de certains de ses agents. Un cynisme auquel quelques victimes vont opposer une défense pour le moins radicale. La justice et l'éthique sont magistralement débattues dans des tons de gris qui collent parfaitement au scandale qui nous est présenté.

On en ressort secoué. À lire et méditer à l'heure où le pouvoir de la finance semble s'implanter durablement dans nos sociétés, au mépris de toute humanité.
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Proies faciles

A l’heure où l’on évoque la réforme des retraites, les politiques, économistes et autres spécialistes en tout genre se penchent sur les aspects techniques de ces enjeux en se focalisant sur les taux de conversion, l’augmentation de la durée d’activité, la primauté des prestations ou la primauté des cotisations. Tous les prétextes sont bons pour justifier la baisse des rentes en évoquant un marasme économique et des intérêts négatifs. On oublie bien trop souvent la part de l’humain derrière toutes ces réformes qui se font, bien trop souvent, au détriment des seniors qui deviennent de plus en plus vulnérables. Des aînés qui souffrent en silence et dont la misère quotidienne ne suscite qu’une parfaite indifférence comme l’évoque Miguelanxo Prado avec Proies Faciles, une bande dessinée mettant en scène un polar social dénonçant le cynisme ambiant qui prévaut autour de cette population de plus en plus précarisée.



En Espagne, dans une ville de la Galice où elle est affectée, l’inspectrice Tabares et son adjoint Sottilo enquêtent sur la mort suspecte d’un directeur commercial de la banque Ovejro. L’autopsie révèle rapidement une mort par empoisonnement et relève donc de leurs compétences. Mais l’affaire prend une tournure inquiétante, lorsque qu’un vague de crimes similaires secoue toute la communauté qui redoute ce mystérieux tueur en série qui semble se focaliser sur les cadres des établissements bancaires de la région. La crise financière qui ravage le pays n’a pas fini de faire des victimes qui ne sont pas celles que l’on croit.



Proies Faciles est avant tout un réquisitoire très engagé visant à dénoncer toutes les dérives d’une économie complètement débridée qui a mis à genoux toute une population, parfois dépouillée des épargnes de toute une vie. Au fil d’une enquête aussi surprenante que trépidante, on découvre un système cynique qui broie les plus faibles tout en les rendant responsables de leur situation. Richement documenté tant sur le plan des procédures policières que sur les mécanismes économiques qui ont mis à mal la nation, Miguelanxo Prado met en place une machination savamment orchestrée où les faiblesses des anciens deviennent des atouts maîtres pour engager tout un processus de représailles machiavéliques révélant ainsi un profond sentiment de désarroi.



Un graphisme soigné, en noir et blanc, réalisé au pinceau et à la peinture acrylique, permet de diffuser toute une palette de tons grisâtres afin de mettre en exergue les contours sombres de cette fable sociale résolument ancrée dans un réalisme sans fard. En guise de préambule, quelques cases distillant une atmosphère lourde pour afficher la tragédie silencieuse qui initiera tout le récit et cette froide logique de vengeance où les victimes deviennent bourreaux. Malgré la pesanteur de la thématique, Miguelanxo Prado parvient à installer une dynamique assez désopilante entre les deux policiers tout en instaurant une certaine gravité que l’on décèle notamment lors des briefings avec l’équipe en charge de l’enquête, des échanges avec la hiérarchie policière et des réunions avec le juge, garant de la procédure judiciaire. C’est par l’entremise de ces échanges que l’auteur décortique tous les processus d’emprunts et de placements hasardeux que les milieux financier ont mis en place durant les années fastes. Mais c’est également en dressant les portraits poignants de ces retraités floués qui témoignent de leur détresse, que l’auteur rend compte de toute l’abjection d’un système financier inique qui spolie les plus faibles et le plus naïfs. Si la trame narrative reste assez classique, le lecteur sera constamment déstabilisé par les rebondissement d’une enquête qui se révèle moins convenue qu’il n’y paraît.



Engagé dans le cadre d’une enquête surprenante, contestataire dans les thématiques qu’il aborde, Miguelanxo Prado s’emploie à dénoncer, avec Proies Faciles, les dérives d’un univers économique sans foi ni loi qui lamine le cœur des hommes tout en broyant leur conscience. Dès lors, dans ce monde sans pitié, les proies dociles se rebellent pour devenir de féroces prédateurs. Tristement et tragiquement édifiant.



Miguelanxo Prado : Proies Faciles (Presas Fáciles). Traduit de l’espagnol par Sophie Hofnung. Editions Rue de Sèvres 2016.



A lire en écoutant : Suite Espagnole, Op. 47: N° 5: Asturias interprété par Andrés Segovia. Album : The Art of Segovia. 2002 Deutsche Grammophon GmbH, Berlin.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Proies faciles

J'aime bien, généralement, ce que nous propose Rue de Sèves, alors, en visite à la bibliothèque, j'ai prise cette BD sans trop réfléchir ! J'ai bien fait !!! J'ai passé un agréable moment de lecture avec ce polar social. J'ai d'autant plus apprécié que l'histoire se déroule en Espagne, et je crois que c'est bien la première fois que je lis une BD venue de ce coin du monde... L'enquête, sur une série de meurtres, est menée par l'inspectrice Tabares, de concert avec son adjoint Sottilo... Mais qui peut bien s'en prendre aux employés d'une grande banque... Une intrigue rondement menée, peu de mots, juste ce qu'il faut pour le lecteur pour prendre partie de cette chasse au meurtrier... J'ai apprécié, globalement, le trait de crayon, mais si j'ai trouvé que les visages des personnages avaient tous l'air sévère... Belle utilisation, par contre, du noir et blanc, qui rend justice à cette histoire plutôt sombre.
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Le triskel volé

Sous une forêt de Chênes séculaires des êtres anciens se réveillent. Bientôt le sort de l'humanité va les opposer et pour cela il va leur falloir retrouver un artefact ancien : le triskell.



Sous couvert d'une fable à la consonance celtique, cette bande dessinée permet d'évoquer le triste sort que l'on fait subir à notre belle planète et aux violences entre humains inhumains.

Effectivement les fées et démons sortis de leur sommeil magique sont catastrophés de comment à pu évoluer l'humanité. Le démon Xamain pense que les humains sont irrécupérables et qu'il faut mieux les éradiquer pour sauver la Terre. Le lutin Griam quant à lui estime que l'humanité mérite sa chance.

Le scénario est sympathique mais il manque d'un je ne sais quoi pour être vraiment bien, peut-être le dénouement manque-t-il de développement ou que les personnages manquent d'ampleur. Il y a un certain manque d'originalité mais le tout n'est pas dénué de quelque touches humoristiques bienvenues.



Les dessins sont originaux et d'une jolie colorisation. Les aquarelles sont douces et colorées.
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Proies faciles

Décidément Rue de Sèvres est sur une génération d’aînés Espagnols.

Après le polar « Au fil de l’eau » de Juan Diaz Canales, voilà qu’un autre récit policier débarque, signé par un auteur d’autant connu, sur l’univers de nos « ancêtres ».



Et cet ouvrage est des plus engagés ! Miguelanxo Prado attaque brutalement les banques et leurs systèmes financiers à risque ! L’auteur dénonce par ce livre les escroqueries financières dont tout un chacun peut être victime, mais surtout les vétérans parfois crédules et sans défenses.



Ainsi Prado s’en prend notamment aux «actions préférentielles» qui furent proposées en masse par les banques Espagnoles et qui furent un échec cuisant laissant ainsi sans le sous bon nombre de personnes âgées ayant investi leurs économies.

Les premières cases de la BD sont ainsi poignantes, particulièrement marquantes quant à la détresse laissée suite à cette escroquerie.



Vous l’aurez donc compris, le focus principal du scénario tourne autour de ces faits. L’auteur a su en tirer une histoire noire magistrale, certes sans trop d’action mais toujours prenante et captivante.



Le découpage est correctement fait, enchainant nombres de cases rectangulaires de tailles multiples, et sans passer par des détours ou artifices, il nous emmène efficacement, adroitement et sans ennui jusqu’à la fin du récit.



Coté graphique, Miguelanxo Prado a choisi le sobre.

La BD, hormis la couverture, est toute en nuance de gris (non, pas cinquante…) afin de s’accorder à la génération actrice du roman, mais aussi certainement pour exprimer qu’une page s’est tournée mais qu’il ne faut pas l’oublier…



Le choix du fusain, par ses dégradés, apporte aussi beaucoup à l’ambiance cynique exprimée.



Le style du dessin reste réaliste et les expressions sont superbement marquées. Le trait est léger, fin et fluide, avec des effets de mise en profondeur (ou relief) parfaitement maîtrisés.

Les portraits sont des bijoux graphiques !



Les mises en scènes sont simples, bien amenées, centrées sur les personnages, usant de belles perspectives à des angles différents et variés



Pour finir, dans cet opus, l’auteur a su subtilement retourner la situation : les victimes deviennent ainsi les chasseurs. Il réussit aussi par un superbe tour de force à nous faire aimer les assassins et détester les victimes de cette enquête. Encore une fois il inverse donc les rôles…



Cette histoire singulière, particulièrement contemporaine, est finalement formidablement humaine et donne une impression de justice accomplie. Une belle lecture que je conseille.






Lien : http://www.7bd.fr/2017/03/pr..
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Proies faciles

L'inspectrice Tabares et son adjoint Sotillo se rendent sur les lieux d'un décès suspect : il s'agit d'un homme jeune qui vivait seul et s'était commandé une pizza, comme tous les samedis. Après ce repas, il ne s'est plus manifesté. De quoi a-t-il pu mourir ?

Lorsque les morts commencent à se succéder (on en retrouve un chaque jour), la situation devient intenable. Rien ne relie ces personnes, à première vue. Et elles menaient des vies tranquilles. Pourquoi s'en prendre à elles ?

J'aime énormément le travail de Miguelanxo Prado dont j'ai déjà lu plusieurs livres. Ce qui interpelle d'abord ici, c'est la couverture, dans des tons bleu nuit. A l'avant-plan, un homme âgé lance un regard bizarre vers une jeune femme qui a l'air méfiante. Le titre, « Proies faciles » laisse imaginer une affaire de harcèlement, viol, agression, que sais-je.

Eh bien, pas du tout.

On a à peine ouvert l'album qu'on est mis face à une scène triste et révoltante : des papiers d'expulsion, des plaquettes de médicaments, une lettre adressée au juge et, sur une grande vignette, un vieux couple, étendu sur un lit. Ils se tiennent la main. Ils se sont suicidés ensemble. Ils n'ont pas supporté d'être chassés de chez eux à leur âge.

Ensuite, l'histoire prend une autre tournure : chaque épisode commence par une date (2014) et une heure. On est entré dans l'enquête.

L'inspectrice Tabares et son binôme semblent bien se connaître et entretiennent une relation bizarre. C'est elle la cheffe, tantôt, ils se vouvoient, tantôt ils s'appellent par leur prénom. Ils se lancent des piques : (elle) « Ne refais pas le coup de me court-circuiter devant les chefs ou tu vas le payer cher, idiot. » (lui) « Je suis votre esclave. Faites-moi signe quand vous êtes prête. » ou « A vos ordres, noble maîtresse. » Elle travaille de manière rigoureuse, lui se fie à des intuitions.

Nous allons aller bien plus loin qu'une simple enquête policière. Nous aurons affaire à un drame social. Tantôt on croise des retraités qui ont du mal à joindre les deux bouts, tantôt des financiers qui roulent sur l'or grâce à leur parachute doré. Il y a des fraudes et, bien sûr, ce sont les plus vulnérables qui en sont les victimes. L'injustice sociale est abordée dans ce qu'elle a de plus sordide. La situation est vraiment révoltante, elle bouleverse et on grince des dents en pensant qu'une fois de plus, la loi du plus fort va l'emporter.

Les dessins sont superbes. Ils ont dû prendre un temps fou. En noir et blanc, au crayon rehaussé de pastel blanc, ils sont extrêmement précis, jusque dans les moindres détails et cela concerne aussi bien les personnages que les intérieurs ou l'architecture de la ville.

L'auteur a commencé par deux feuillets qui semblent arrachés d'un carnet, et dans lesquels il apporte des précisions permettant de bien appréhender la situation exposée dans l'ouvrage. Il termine par quelques crayonnés et portraits achevés qui donnent une idée de son travail d'artiste.

Cet album est un bijou. Je l'ai adoré.
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Ardalén, vent de mémoires

Très bel album. Intelligent, sensible, poétique. Sabela, après un divorce, sans emploi, cherche a se reconstruire en tentant de retrouver la trace de son grand-père dans un village en plein montagne. Là elle rencontre un vieux monsieur, Fidel, qui dit avoir été ancien marin dans la marine marchande, et qui pourrait avoir connu le grand-père de Sabela, avant que celui-ci refasse sa vie à Cuba abandonnant sa femme et ses deux filles. Au fil de l'histoire il apparaît que Fidel a de nombreux trous de mémoire, mélange la réalité, ses souvenirs et ses rêveries.

Ardalen, le titre de cet album est un vent venant de l'atlantique qui transporte dans les terres, l'air du large, les embruns et pourquoi pas les souvenirs et la mémoire des océans.



En fait dans un emballement poétique et par petites touches très sensibles en découvrant les personnages et leurs histoires, l'auteur nous invite à une belle réflexion sur le temps, le passé et le futur, les souvenirs, la mémoire. Il part d'une idée simple et lourde de sens : nous ne sommes constitué que de la somme de nos souvenirs mais également des souvenirs des autres ...



L'album est construit sur l'alternance du présent, du passé et de phases oniriques des rêves de Fidel, entrecoupé d'extraits d'atlas, d'articles de revue, de lettres ou de bordereaux qui apportent un rythme à l'histoire et porte l'intrigue.

Un dessin qui dans les premières pages ne m'a pas emballé mais qui petit à petit laisse son empreinte et nous emporte dans la poésie générale de l'album. L'auteur utilise une technique de dessin et de couleur très intéressante qui illustre tout au long de l'album cette phrase prononcé par Fidel : "C'est un peu comme si le livre de ma vie là-bas s'était défait et que j'en avais gardé une poignée de feuilles froissées dans les mains et que je n'arrive plus à les mettre dans l'ordre".
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Trait de craie

Je n'ai pas beaucoup apprécié cette BD : j'ai bien senti l'intention onirique de l'auteur, sa façon de balader le lecteur entre réalité et faux semblants, mais ma lecture a été dominée par la gêne causée par certains dessins beaucoup trop sombres, d'autres dont au contraire les couleurs sont un peu trop criardes. Certains autres par contre sont très beaux, ce qui souligne le manque d'harmonie du tout. Par ailleurs, l'histoire est entrecoupée de citations littéraires nébuleuses elles-aussi, un hommage à Hugo Pratt annoncé par l'auteur vers la fin (pourquoi pas en introduction ?).

Mais plus que tout, j'ai détesté certains aspects de l'histoire que j'ai trouvés particulièrement malsains et complaisants.
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