Que de surprises avec ce livre. Un style auquel je ne m’attendais pas. Un drame que l’on suit comme une minuterie dont les minutes s’égrènent au rythme des chapitres.
J’ai ri, j’ai voyagé.
« De chaque côté de la voiture défile à l’infini un paysage mort, piqué d’herbes jaunes, de buissons secs et de cailloux roses et ocre, la planète Mars après deux arrosages. »
Ils sont quatre et partent ensemble en plein désert Argentin pour un voyage dont le thème est la recherche astrophysique, plus particulièrement les rayons cosmiques d’ultra-haute énergie.
À cet instant ils devaient rejoindre l’aéroport de Mendoza…
• Il y a Vadim ; son truc c’est la physique des particules et le Death Metal. Il s’est réfugié dans les chiffres pour fuir le danger des mots. Sa moyenne ? Entre 30 et 300 mots par jour.
« S’il parle, Simon aura l’impression de roter dans une cathédrale. »
• Wolfgang est astrophysicien. Lui, c’est un poissard de nature.
À l’aéroport, c’était toujours sa valise qui se perdait. En mer, les méduses violettes n’avaient d’yeux que pour lui… Pourtant c’est un rêveur.
Il est convaincu que les arcs-en-ciel sont le phénomène qui a fait découvrir la beauté aux hommes.
• Alexandre ? Lui, c’est un bellâtre qui attirait les femmes à lui avec du Baudelaire et ses notions astronomiques. Puis un jour, il est tombé amoureux de Léna. Jolie Russe qu’il perdra six mois après avoir tenté d’apprendre sa langue.
• Simon, lui, n’y connait rien aux astres. Il a sauté sur l’occasion pour écrire un article sur ces rayons au CNRS. Hypochondriaque il interroge toujours Clint Eastwood avant de prendre une quelconque décision.
Les quatre acolytes roulent non loin du volcan dans la pampa.
Vadim roule vite. 400km à parcourir jusqu’à Mendoza. 200km de piste.
Trop vite.
Partis pour fuir les humains, ils croiseront une seconde la route de Mathilda. Elle, partie pour une raison qu’elle ignore encore. Elle a tout quitté. Métier, mari, enfant. Pour se retrouver seule, entourer de sable et de vent.
« Chacun a ses raisons ; même si les voyages sont comme les crimes : ils se passent de mobile. »
Les mains serrées sur le volant, les pneus qui crissent et les cailloux sous les roues.
Puis le drame.
« Ça va ? »
Un voyage qui les renverra chacun à leurs vies.
Tout est tout à coup figé.
Pourtant la Terre tourne sur elle-même à la vitesse de 15 000km/h.
Dans une heure toutes les étoiles auront parcouru plus d’un million de km.
Alexandre et son petit bout de cerveau à l’air libre.
Le silence du désert pour unique fenêtre.
Respirez. Vous allez peut-être tous mourir…
Tous font l’expérience de la mort proche.
Il y a celui qui a fui pour ne pas mourir.
Celui qui se remémore en tenant la main de celui qui est mort.
Celui qui va sans doute mourir et qui s’accroche aux souvenirs de Lena.
« Un mec bien dans sa peau, bien dans sa bite ».
Le faussaire de l’amour qui se servait des atomes et des étoiles pour emballer.
Celui qui se pose mille questions sur l’amour et les femmes qu’il choisissait.
Celui qui tente de faire naître un théorème amoureux.
« Il aimait cette véritable histoire d’amour déguisée en histoire de fesses(…) »
Pendant que l’enthousiasme, l’hypocondrie et Clint Eastwood discutent ensemble dans la tête de Simon en plein désert et qu’il commence à regretter d’être parti seul et sans eau.
« « Les Andes en hiver ne rendent pas les hommes. » dit-on là-bas. »
L’auteur nous parle de la pugnacité et du courage de ces explorateurs face aux hommes d’aujourd’hui.
Découragés à la moindre épreuves par trop de sédentarité, d’inaction et de technologie.
Ce livre soulève mille questions :
Qui sommes-nous réellement au milieu du Rien ?
De quoi sommes-nous capables par les pires épreuves ?
A-t-on accompli ce que l’on souhaitait en ce monde ?
La vie tient-elle réellement à quelques likes ?
Que ressort-t-il de nous ? Notre humanité ou nos pires vices ?
Comment vieillir et devenir ce que nous sommes ? Comment exister, là, réellement sans le regard des autres ?
Une longue traversée de l’existence.
Cette vie qui jaillit de la mort, de la vieillesse comme la lave jaillit du volcan.
Il est immense, nous devons pourtant chacun le gravir. Ou rester en bas, le contempler.
Faire l’expérience de ce que signifie ne plus exister. Tout ce que l’on ne pourra plus sentir, voir, toucher, boire, aimer.
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