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Critiques de Nicolas Delesalle (317)
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Valse russe

Avec la Russie, l’Ukraine, la vie de tous ces gens pris dans une tourmente effroyable, Nicolas Delesalle, fort de son expérience familiale et professionnelle, m’emmène au plus près de cette guerre qui ravage l’est de l’Europe, dans Valse russe.

C’est en effet une Valse russe que l’auteur, grand reporter à Télérama puis à Paris Match, maîtrise bien, variant les époques et les lieux.

Tout d’abord, c’est un train qui l’emmène vers Kiev puis voici Sacha qui creuse un trou pour pêcher dans un lac gelé. Ce dernier vit à 500 mètres d’une frontière invisible entre Russie et Ukraine. Sacha parle russe, est Ukrainien, a 73 ans et, malgré son âge, a tenu à s’engager pour défendre son pays envahi par les chars russes. Après quelques mois, on lui a demandé de rentrer chez lui afin de rendre service autrement à la défense de son pays. Son voisin, Volodia, pêche aussi mais c’est la présence du jeune Vania qui intrigue. Est-ce le début d’une partie du jeu d’échecs ?

Nicolas Delesalle raconte bien. J’aime son style simple, efficace, intéressant et surtout la sincérité dont il fait preuve tout au long de ce livre que j’ai du mal à appeler roman.

D’un chapitre à l’autre, l’auteur m’emmène au cœur des combats puis revient en 1986 alors qu’il a 14 ans. C’est là que sa mère entre en scène car il fait partie d’un voyage scolaire qu’elle organise. Elle qui est née à Paris de parents russes blancs ayant fui la Révolution de 1917, enseigne la langue de ses parents, langue que l’auteur n’a pas réussi à apprendre vraiment. D’ailleurs, il n’hésite pas à appeler sa mère pour lui demander de servir d’interprète si nécessaire.

Avec ces retours en arrière expliquant bien le dilemme auquel est confronté l’auteur, c’est quand il fait partager son vécu de journaliste au plus près des combats, qu’il décrit la mécanique infernale du groupe Wagner, ou encore lorsqu’il voyage dans un train bondé fuyant la guerre, que son récit devient de plus en plus poignant. Voilà un bon moyen de prendre un peu plus conscience du drame que vivent tous ces gens menacés par les bombes et devant tout abandonner pour échapper à la mort.

Nicolas Delesalle fait de très intéressantes rencontres comme, par exemple, Igor, Constantin, Svetlana… Cette dernière demande : « De quoi sommes-nous coupables ? » et elle pleure avec la mère de l’auteur, au téléphone.

Avec son vécu en Russie ou en Ukraine, Nicolas Delesalle fait bien comprendre toute l’ineptie d’une guerre voulue par Poutine qui, après modification de la Constitution, restera au pouvoir jusqu’en 2036, soit plus longtemps que Staline ! Il aura 84 ans.

Si, victime de la désinformation, les Russes – pas tous - soutiennent la guerre contre l’Ukraine, il ne faut pas oublier le goulag que Viktor Antonovitch Boulgakov (86 ans) - rencontré par l’auteur - a vécu ou les démêlés de la mère de l’auteur avec le KGB. Ces rencontres, ces souvenirs, ces anecdotes font partie de cette Valse russe qui se termine avec Boris, reporter suisse, autour d’une grillade de brochettes d’agneau, les fameux chachliks.

Malgré ce clin d’œil sympathique, je souligne encore toute l’importance de ce livre dont la lecture permet de prendre un peu plus conscience du drame touchant le peuple ukrainien. Ce drame est relégué au second plan, presque oublié depuis plusieurs semaines. La lecture de Valse russe m’a permis une prise de conscience salutaire menée de façon originale par Nicolas Delesalle.

Ce livre fait partie de la sélection pour le Prix des Lecteurs des 2 Rives 2024, à lire assurément


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Valse russe

Valse russe de Nicolas Delesalle est le destin croisé de deux personnages pris dans les méandres de l’histoire ukrainienne.

Un reporter français d’origine russe, l’auteur, se rend en Ukraine en février 2022. Certain de l’agression imminente de Vladimir Poutine, il hésite entre Kiev et le Donbass pour rejoindre finalement un poste avancé dans la banlieue de Donetsk mais c’est Kiev qui sera frappée. Le photographe qui l’accompagne souffrant atrocement, ils sont forcés de battre en retraite et de prendre le train en gare de Zaporijia, où se pressent des milliers de passagers partant vers l’Ouest pour un voyage sans retour.

Tout en étant plongé au cœur du conflit, dans ce pays mis à feu et à sang, Nicolas Delesalle s’interroge sur son identité, commençant par se demander ce qu’il fiche là, quelle est la force qui l’attire, « ce n’est pas mon pays, ce n’est pas ma guerre » et quelle est la raison qui le pousse à prendre le risque de mourir ici.

Ce conflit le touche au plus près de par ses racines et le plonge dans ses propres souvenirs d’enfance, lui rappelant d’autres voyages. Il n’oublie pas le premier, cet étrange voyage scolaire en terre soviétique, en pleine guerre froide, organisé par sa mère, professeure de russe, cette mère fille d’émigrés qui avaient fui la révolution bolchevique. Un sentiment vertigineux de retrouver ses racines lui avait fait dire « Je suis chez moi ».

Mais aujourd’hui, en parcourant ces villages ravagés, et au contact de ces femmes, ces hommes et ces enfants, en colère et en pleurs, il se sent vide. Si jusque-là, il était fier de ses racines russes, c’est maintenant plutôt un sentiment de honte qui l’envahit, transpirant son déchirement et son impuissance devant cette Russie et cette Ukraine qui se délitent. Son identité est ébranlée.

Un autre personnage, Sacha, un Ukrainien de soixante-treize ans au visage dépourvu de poils depuis qu’en 1986 il a déversé des tonnes d’eau sur le réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, qui, dès qu’il a vu passer les blindés a voulu s’engager. Il a été chargé ensuite de surveiller un jeune soldat russe Vania. Celui-ci, emprisonné pour avoir volé une oie et un agneau, piégé par les promesses de Prigojine, s’était retrouvé dans le groupe Wagner et a été fait prisonnier par les Ukrainiens. Une relation particulière s’est instaurée entre eux, entre Sacha qui a beau être Ukrainien, parle en russe, pense en russe, jure en russe et Vania, qui en arrivant à la maison en bois de Sacha se demande quelle est la différence qu’il y a entre eux deux. « On parle la même langue, on mange la même chose, on a la même culture, on vit dans les mêmes maisons, dans la même nature. »

C’est d’ailleurs cette relation entre Sacha et Vania qui va devenir au fil des heures passées ensemble et notamment à travers leurs parties d’échecs, une relation père-fils qui m’a le plus émue et qui démontre s’il en était besoin de l’absurdité de la guerre.

Avec Valse russe, Nicolas Delesalle nous plonge dans la guerre, dans ce conflit fratricide qui oppose la Russie et l’Ukraine, avec réalisme mais aussi beaucoup d’humanité pour une approche plus intime de la quête d’identité et finit par se laisser bercer par les trois temps de la valse. « Un, deux, trois, la Russie, l’Ukraine, la guerre. Un, deux, trois, les origines, le désenchantement, le renoncement. Un, deux, trois, tout avoir, tout perdre et devenir ce qu’on n’était pas. »

Valse russe de Nicolas Delesalle mêle avec brio intime et universel.


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Un parfum d'herbe coupée

Ces instantanés de vie tour à tour drôle ou touchant sont une des bien belles surprises de mon été. Avec une jolie plume, Nicolas Delesalle ( par ailleurs journaliste) se dévoile, parle d'enfance, d'adolescence, ces moments qui nous font grandir, changer, devenir l'adulte que nous sommes. Ces souvenirs sont autant d'échos aux nôtres : Les joies, les peines, les questionnements, les humiliations, les premières palpitations amoureuses etc... Constamment sur le fil de l'émotion, de l'humour, de la poésie, le livre de Nicolas Delesalle va droit au cœur, il m'a en tout cas profondément touché. « Un parfum d'herbe coupée » un joli titre pour un très beau livre.
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Valse russe



Avec la disparition ou probablement plutôt l’élimination d’Evgueni Prigojine hier, 23 août, l’ouvrage de Nicolas Delesalle prend une tournure d’actualité rare.



Un des personnages du livre, qui couvre l’invasion criminelle par Poutine de l’Ukraine, Vania, 23 ans, a par dérision dans sa cellule de prison opté pour devenir mercenaire du groupe paramilitaire Wagner, fondé par Prigojine et Dmitri Outkine. Selon les dernières informations, tous deux plus huit autres seraient morts dans la chute de l’avion privé de Prigojine près de Tver, à environ 250 kilomètres nord-ouest de Moscou.



"Valse russe" constitue en fait un double témoignage : d’abord celui d’un reporter renommé qui s’est rendu à différentes reprises de février 2022 à mai 2023 à différents endroits d’Ukraine, tels Tchernihiv, Kiev, Bakhmout, Odessa, etc. et celui de plusieurs personnes victimes d’une façon ou d’une autre de l’initiative guerrière du maître du Kremlin.



L’ouvrage dépasse cependant le simple compte rendu ou témoignage et acquiert une dimension littéraire du fait de l’origine partiellement russe de son auteur, qui évoque avec tendresse et mélancolie ses visites en Russie comme adolescent et jeune homme avec sa mère bien-aimée, Anne Kanjounzeff, née à Paris de parents russes qui eux ont fui la révolution de 1917 et de qui il raconte avec empathie le passé mouvementé.



Ce que j’ai particulièrement apprécié dans ce livre, c’est l’honnêteté de son auteur.

Nicolas Delesalle raconte la fierté qu’il a eue pendant des années de ses racines russes, mais après avoir vu l’horreur et la misère des Ukrainiens par la faute des Russes, déclare (à la page 71) : ... pour la première fois de ma vie, j’ai honte... J’ai honte d’être russe."



Les quelque 200 pages de "Valse russe" se lisent très vite et je peux recommander cet ouvrage pour l’approche équilibrée d’un conflit sanglant qui continue de semer morts et destructions.

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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Tout juste un mois après les terribles événements qui ont changé la France et ont insufflé un élan citoyen incroyable, Le livre de poche sort ce recueil de textes. 60 écrivains unis avec la même volonté de défendre la liberté d’expression.



L’ensemble des acteurs du livre a donné de son temps et de son argent pour que vive cette belle initiative dont les bénéfices seront reversés à Charlie Hebdo. 5 euros, ce n’est rien pour un tel recueil.



Dans un délai incroyablement court, l’éditeur a réussi à rassembler cette meute d’auteurs, regroupés sous une même bannière et brandissant leurs stylos comme arme. Leur intelligence et leur liberté de penser aussi.



60 textes forcément inégaux, certains se contentant d’une ou deux maigres lignes, d’autres de plusieurs pages. De l’analyse au cri de ralliement, du souvenir au texte très personnel… il y a de tout dans ce recueil.



L’éditeur a eu la bonne idée d’entrecouper les textes des auteurs actuels, d’extraits de Voltaire, Diderot ou encore Hugo. Pour prouver que le sujet de la liberté d’expression n’est pas neuf et qu’il faut défendre cette liberté jour après jour contre l’obscurantisme.



Sans vouloir détailler tous les textes proposés, j’ai une pensée plus particulière pour les mots de Maxime Chattam qui résonnent cruellement par rapport à son roman en cours d’écriture, pour Ian Manook et son texte si touchant, pour Frédérique Deghelt qui pense à la mère de ces terroristes, pour Dominique Fernandez et Marc Lambron qui nous font prendre conscience à quel point cet événement a touché le monde entier, pour Fabrice Humbert et Romain Puértolas avec leur belle idée de parler du sujet à travers une fiction (grave ou drôle), pour Katherine Pancol et son poème enjoué, pour BHL et son texte très juste, pour Eric-Emmanuel Schmitt et son mordant manuel du fanatique…



Quoi que vous cherchiez, et même si vous ne cherchez rien, vous en trouverez un bout dans ce livre. Une lumière contre l’obscurité qui tente de nous éteindre. Voilà ce qu’est ce recueil. Continuons à allumer de telles lumières.
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Valse russe

" Je me laisse bercer par les trois temps de la valse Un, deux, trois, la Russie, l'Ukraine, la guerre.

Un, deux, trois, les origines,le désenchantement,le renoncement.

Un, deux, trois,tout avoir, tout perdre et devenir ce qu'on n'était pas."

Ces quelques lignes extraites de Valse russe incarnent à merveille l'esprit du livre.

Nicolas Delesalle est un reporter de guerre, il part au début du conflit en février 2022 couvrir la guerre entre la Russie et l'Ukraine.

Mais nos choix ne sont jamais indemnes de notre identité profonde.C'est le cas de Nicolas Delesalle dont la mère est russe , il a hérité de tout ce bagage identitaire dont il ne peut se défaire, qu'il revendique même haut et fort avant de comprendre à l'issue d'un long cheminement qu'il est d'origine russe mais n'est pas russe .Et l'amène à dire:

" J'ai des origines russes, mais je suis français."

C'est néanmoins cette attirance, cette quête identitaire qui le pousse vers l'Ukraine et lui fait partager le sort de l'Ukraine d'aujourd'hui meurtrie dans sa chair.

Nicolas Delesalle nous fait toucher l'absurdité de la guerre grâce à deux hommes qu'ils rencontrent.

L'un est Ukrainien : Sacha ,il a combattu avant de devenir le geôlier d'un jeune Russe qui faisait partie des troupes de Wagner.

La guerre est absurde, ces deux hommes que tout oppose deviennent des amis.Par cette très belle rencontre, Nicolas Delesalle pointe la belle idée que l'homme est un humain avant tout, qu'il peut se reconnaître avant tout comme un Homme quelque soit sa nationalité.

J'ai beaucoup aimé ce roman qui nous remplit d'espoir dans l'avenir de l'humanité et nous fait espérer que cette guerre finira bientôt.













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Un parfum d'herbe coupée

En ouvrant ce délicieux petit roman, on soulève aussi le couvercle de notre propre boite à souvenirs, et on replonge avec bonheur dans le passé. D’une écriture imagée, fluide et poétique, l’auteur nous parle de ces instants d’enfance déterminants qui façonnent la personne que nous allons devenir, ces petits riens qui ont fait sa vie, - et donc la nôtre. Il porte un regard juste, profond et sensible sur les années 80. C’est frais, émouvant, souvent drôle, évidemment nostalgique et ça nous touche en plein cœur. Premier roman chaleureux qui magnifie l’enfance et ses « premières fois », on se régale et on en redemande !
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Un parfum d'herbe coupée

Je remercie abondamment la Librairie Générale Française ainsi que Pierre Krause, et Babelio, pour l’envoi de ce premier roman de Nicolas Delesalle, qui est un vrai bain de fraîcheur et de bonne humeur… des souvenirs d’enfance, de famille… des instantanés, des souvenirs heureux , nostalgiques…



L’ensemble est chaleureux, coloré. Des moments irrésistibles avec la narration de notre héros racontant son véritable déclic avec la lecture, en découvrant Boris Vian et « L’Automne à Pékin »…S’ensuivent des moments jubilatoires sur la lecture mais aussi des descriptifs chaleureux, amusants, ironiques, toujours tendres de professeurs, qui ont marqué notre narrateur, chacun à leur façon…

« On quitte l'école pour la fac, la fac pour un boulot et l'ère des profs prend fin et le temps détricote ce qui a été cousu. Mais un jour, en vieillissant, on s'aperçoit qu'au fond, le canevas est intact, et on se demande quel professeur en est responsable, qui a le plus compté, qui a été décisif. Un piton émerge des limbes, un relief pointu où raccrocher son enfance, son parcours, sa vie. Pourtant, ce n'est pas un homme seul mais une équipe de saltimbanques, une vraie troupe de théâtre, à l'affiche pendant plusieurs années, qui fabrique un adolescent et, parfois, façonne un homme. « (p.102-103)



Un texte qui égrène par courts chapitres tous les souvenirs, les images qui ont compté : la famille, les vacances, les filles, la découverte magique des mots et des livres, les réminiscences touchantes de tel ou tel professeur, telle Madame Ducerf, à qui « notre écrivain » doit la meilleure punition qui soit, « celle de lire »… pendant les heures de colle attribuées !



Déjà de fort nombreuses critiques de ce premier roman…qui dans leur ensemble sont positives et élogieuses. Je ferais « chorus »… j’ai beaucoup souri par rapport au ton et au style de cette évocation de l’enfance, du temps qui passe…Un premier roman qui possède une musique toute spéciale…Une préférence pour les passages concernant les premiers rapports aux Livres, à la Littérature, et la touchante reconnaissance exprimée, adressée aux enseignants, dont certains que l’auteur reconnaît ne pas avoir appréciés à leur juste valeur dans l’instant présent…



Un choix très succinct d’extraits qui ont retenu un peu plus mon attention , qui offrent un modeste aperçu du ton caractéristique et assez atypique de l’auteur !



« Soudain esseulé, je m'en remettais à tous les autres, les adultes, les amis, les rencontres, quels sont les dix livres qui ont été les plus importants pour vous, quels sont ceux qui ont vraiment compté, je posais la question sans hésiter, en déposant un bout de papier et un stylo devant eux, et je repartais avec ma feuille griffonnée dans la poche. Ce n'était plus un bout de papier, c'était un parchemin secret avec un plan pour dix trésors. (p.97-98) »



« Que reste-t-il d'une idée puisée voilà vingt-trois ans dans un livre lu d'une traite un soir d'adolescence ? C'est une page de -Siddharta- de Hermann Hesse, un bouquin lu la première fois à l'âge de dix-sept ans sur les conseils d'un professeur de français dont il faudrait parler un jour, on ne rend jamais assez hommage à ceux qui donnent. L'histoire d'un jeune homme qui se cherche, se perd et se retrouve, l'histoire d'une quête qui s'achève au bord d'un fleuve. Le héros écoute couler le fleuve et le fleuve lui raconte que le passé n'existe pas. (p.88-89) »



Un premier roman fort allègre, rempli de poésie , écrit sur un ton facétieux, qui exprime magnifiquement l’enfance , et toutes les « premières fois »… comme celle inénarrable de l’épreuve suprême du « premier baiser » !!



« Quand l'homme bouffait l'homme, je suis sûr que personne n'embrassait personne. Et puis un jour les temps se sont apaisés, quelqu'un a inventé l'agriculture et la vache, et le lait, l'oeuf et l'abondance et un type plus malin que les autres a dû dire à ses copains préhistoriques que ce n'était pas possible de continuer comme ça, comme des bêtes, qu'il fallait trouver autre chose pour, sous les étoiles, se montrer qu'on s'aimait. (p.208) »



Encore Mille mercis à l'éditeur, et à l'opération Masse Critique de Babelio pour cette très plaisante lecture, pleine de poésie et de charme....
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Valse russe

Il est journaliste. Malgré les origines russes de sa mère, il ne parle pas la langue. Lorsqu’elle l’a accompagné en Russie au cours de ses études, ou pour son premier reportage, elle joue le rôle d’interprète. Aujourd’hui, dans le Donbas, il n’a d’elle que la croix orthodoxe qu’il porte autour du coup et les souvenirs qu’il fait revivre dans ces pages.



Les récits se mêlent et disent la complexité actuelle qu’induit la fascination pour une nation si vaste et si riche culturellement mais vouée à l’opprobre depuis les exactions poutiniennes. D’autant que la narrateur porte sur ses traits les traces de ses origines, ce qui lui vaut parfois des vérifications d’identité musclées.



Sur le front, Vania et Sacha partagent leur repas après une pêche dans la glace ou une partie d’échecs. Sacha a voulu s’engager malgré son âge. Vania un milicien du groupe Wagner, prisonnier, attend d’être échangé…



Ode d’amour pour une mère fantasque et sans complexe, dont la ferveur pour son pays d’origine est difficile à partager sans conflit de loyauté dans le contexte actuel, le récit nous plonge aussi au coeur de la guerre, de sa cruauté et de ses contradictions.



199 pages Lattès 23 août 2023
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Valse russe

Acquis le 1er septembre 2023 - Librairie Chantelivre / Issy -Les-Moulineaux.



Une lecture très appréciée....qui remue les tripes par la justesse du propos et la volonté tenace de l'écrivain d'être au plus près des hommes, femmes et enfants rencontrés, dans la folie de la guerre !



Le plus grand des hasards... en écoutant une chaine d'informations... j'ai entendu une voix singulière, toute en retenue, contenant une émotion indicible...Il s'agissait du grand reporter Nicolas Delesalle, racontant brièvement une histoire dans son immersion ukrainienne, qui le mettait dans un noeud d'émotions et de déchirements très communicatif, situant en plus, au coeur de l'anecdote , sa maman, d'origine russe ...



Journaliste, grand reporter, fils d'une mère russe et d'un père chilien, Nicolas D. a jusqu'à l'attaque de l'Ukraine par la Russie, été extrêmement fier de ses origines russes, en ayant, de surplus, une Maman russe peu banale, enseignante brillante, ayant passé sa vie à faire connaître et aimer sa Russie..., tenter de réduire les incompréhensions entre la Russie et l'Europe, par ses doubles fonctions d'enseignante, et d'organisatrice de voyages culturels en URSS, afin de tenter de réduire les malentendus...et la mauvaise appréhension de son pays ...



"Depuis sa naissance à Paris, de parents russes blancs émigrés de la Révolution de 1917, ma mère essaie de convaincre les Français que les Russes sont des gens comme les autres.Et pour satisfaire ce dessein étrange, elle s'est mise à organiser régulièrement des voyages en URSS en pleine guerre froide. (...)



Ma mère pense différemment. Russe de France, elle croit que les Russes de Russie sont presque normaux, en tout cas juste assez normaux pour ne pas avoir envie de détruire le monde

" même s'ils ont beaucoup souffert après soixante-dix ans de communisme. "



Ainsi l'auteur, va pour la première fois, en Russie, dans la terre maternelle, en 1988; il a 14 ans, et combien il est fier !...



Tout a basculé avec l'attaque de l'Ukraine par Poutine, en février 2022. Il se retrouve sur le terrain, comme grand reporter... et toutes ses certitudes, sa fierté d'avoir des racines russes s'écroulent, tristement, cruellement, en même temps que le rêve de toute la vie de sa mère

( souhaitant tant faire comprendre la richesse et la grandeur historique, culturelle de la Russie )...

Tout explose tragiquement !



"Ma grand-mère a rejoint Samuel en 1988, après 38 ans d'attente, trente-huit ans de vie pour rien. Elle a demandé à être enterrée avec toutes ses lettres d'amour.



Anna et Samuel reposent côte à côte au Père- Lachaise. Je passe souvent les saluer, m'imprégner de leur force, de leur histoire. Je leur raconte ma vie, mes emmerdes, la marche du monde. Depuis la guerre en Ukraine, je ne suis pas allé les voir.Je ne sais pas comment leur annoncer la nouvelle. Je n'ai pas de mots pour leur dire que, pour la première fois de ma vie, j'ai honte.J'ai honte de leur sang.J'ai honte d'être russe."



Bien loin de moi, le voyeurisme de ce conflit tragique, inhumain; ce qui m'a fait acquérir aussitôt ce livre de Nicolas Delesalle, ce sont ses déchirements, sa colère, son impuissance, son engagement ambiguë de grand reporter, ainsi que la sincérité de tous ses questionnements, sa nécessité de témoigner, de DIRE, d'engager au maximum son rôle de porte-parole, de reporter , mais aussi le chagrin sans limite pour ses racines, et l'amour fou de sa mère pour son pays, battu à mal...!!...



Ce récit interpelle...l'auteur souffre et veut rendre compte de tous ces anonymes massacrés, broyés , entraînés dans la folie guerrière d'un Poutine qui met à mal jusqu'à son propre peuple...Parmi ces hommes et femmes, un jeune homme, Vania, entraîné de force dans le groupe Wagner...gardé et protégé un moment par un vieil Ukrainien qui l'a pris sous son aile !



Nicolas D. s' interroge dans un même temps sur le Pourquoi de ce métier de " grand reporter" qu'il a choisi et dans lequel il persiste...



"Le train de la dernière chance s'enfonce dans la nuit.Un.sentiment ambivalent, que j'éprouve toujours en zone de guerre, monte du fond de mon ventre: je suis à ma place.L'angoisse, la peur sont balayées par ma certitude d'être là où je dois être, au coeur de la tragédie que vivent les Ukrainiens. Je suis là pour témoigner et recueillir leurs histoires afin qu'ailleurs, loin d'ici, le monde sache contre quels vents contraires ils s'épuisent, quelle injustice les foudroie, et surtout quelle force les anime quand leur univers s'écroule.Dans la même seconde, je devine que mes mots ne changeront pas le cours de l'histoire et n'arrêteront pas la guerre .Des cailloux jetés dans l'écume d'un torrent. Mais chaque fois je pense au Sisyphe de Camus; je regarde rouler mes cailloux et je choisis de mépriser mon impuissance. "



Dans ces courts chapitres remplis de " crimes contre les hommes" ...demeure l'image lumineuse et bienveillante de la Mère de l'écrivain, incroyable femme solaire, vaillante, généreuse et fantasque. ; Un amour et un hommage filial intense:" Ma mère est capable de tout, depuis toujours"...



Présence maternelle intense qui maintient l'Espoir au fil de ces récits tragiques...De nombreuses anecdotes sur cette mère aimante et engagée...certaines, nous tirant de francs sourires et rires !
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Un parfum d'herbe coupée

La mémoire est une petite chose étrange et fragile. Un fil ténu qui vous lie à votre histoire. Le temps est son pire ennemi, mais aussi, parfois, son meilleur allié. Un petit rien, un bruit, une odeur, une couleur, un geste, un mot, peut ouvrir le tiroir dans lequel nous pensions avoir remisés nos souvenirs. Ce tiroir dont la clé avait disparu. Un sourire, un parfum, un texte peut libérer autant d'instantanés que nous croyions oubliés à jamais.



Bouleversante, émouvante... et même terrifiante mémoire.



Nicolas Delesalle suit le vol de sa mémoire, et nous offre ces clichés de vie qu'une autoroute ou un vieux saule vont réveiller. Un voyage scolaire, un premier baiser, un chien auquel on dit au-revoir... Une véritable plongée dans son histoire, portée par une langue simple et efficace.

Une véritable plongée dans mon histoire, portée par ma mémoire alanguie qui s'étire lentement, et s'envole enfin.



L'orgueil de mon père devant l'arrivée de la R25 nouvellement acquise. D'occasion, bien sûr. Maman ne voulait pas de voitures neuves, même si c'était une voiture française. Mon père rêvait de voitures allemandes, mais jamais il ne céda à cette tentation. « C'est ta mère tu comprends, elle va rouspéter ». Et le vendeur au physique flou de me dire le jour où la R25 se gara dans la cour, « Dans celle-ci tu ne seras pas malade ». Ma confiance d'enfant en ces mots. Je bus littéralement ses paroles. Finis les maux de cœur, j'allais enfin pouvoir compter le nombre de voitures rouges qui nous croiseraient. La R18, bourreau de mes trajets était derrière nous, bienvenue à cette R25 qui faisait la fierté de mon père. Bleu marine, comme la voiture du président. Non, je n'ai plus jamais été malade en voiture. Merci belle R25 de m'avoir libérée. Et merci Papa d'avoir arrêté de fumer pendant les trajets.



La mort d'Uno, petit spitz de 7 ans, dans mes bras. J'avais le même âge, nous avions grandi ensemble. Maman me racontait que bébé, il rongeait le filet de mon parc pour venir me rejoindre et me dérober mes jouets. Mon premier contact avec la Faucheuse. Ma mère qui se précipite pour me décharger de ce petit corps. Ainsi va la vie. L'inquiétude sur son visage. "Mais pourquoi maman ?" C'est la vie... Quelques jours après, la porte de ma chambre s'est ouverte, la même que j'occupais juste en face de celle de mes parents. Ma mère a soulevé doucement le drap de mon lit pour y déposer cette petite plume si douce. "Aisane". Caniche Abricot. Toy, s'il vous plait. Maman y tenait. Aisane pleura, pleura, et pleura à n'en plus finir, pendant cette première nuit. Je la libérai de son calvaire en l'envoyant dormir avec mes parents. J'avais sonné le glas de notre relation, elle ne quitta plus ma mère.



Mon frère et nos cousins. Les rares parties de cache-cache. L'idée géniale de mon frère: m'enfermer dans un sac de sport. Pas si géniale que ça. Je suis claustrophobe, mais c'était mon grand frère, celui que j'adorais. Celui qui me fit pleurer de joie en venant me chercher, pour une journée, à la station de ski qui abritait ma classe pour un voyage scolaire. Je lui cachais mes larmes dans la voiture pendant le trajet en faisait mine de dormir. Il n'a jamais su le bonheur que j'avais ressenti. Je l’idolâtrais. Il est venu me chercher, lui, mon grand-frère qui vivait en Haute Savoie. Mes amis étaient tellement envieux. Mon frère que j'aime toujours autant malgré la distance.

Oui, pas une super idée que ce sac quand on est claustrophobe. Cette même claustrophobie qui se réveilla pendant un autre séjour à la montagne, avec mes parents cette fois. Ma joie de dormir sur le lit superposé du haut. Et mon incapacité à respirer. L'envie de repousser le plafond. Le besoin de pousser ce fichu plafond. Mes mains contre ce blanc jaunâtre. Sa résistance. Victoire par KO. A partir de ce moment là, je fis le deuil des espace restreints.



La mémoire est décidément une petite chose bien étrange, et tous les récits de Nicolas Delesalle, sa plume simple, mais travaillée ont conversé avec la mienne. Moi aussi, j'ai cherché des cèpes, avec mon père. Ainsi que des girolles. Je continue de le faire, seule la plupart du temps. Mon père n'est plus là, mais il m'accompagne encore. Le sol est plus humide, là, c'est un sol à champignons. Il y a des fougères, allons-y, les girolles aiment les fougères. Oh, des marronniers et des chênes. Ouvre bien les yeux, ce cèpe a forcément son petit frère pas loin.



Mon père, cet homme avare de mots. Je voulais tellement l'impressionner. J'aimais ma mère. Oh oui, j'aimais ma mère. Mais mon père, c'était différent. Je voulais qu'il soit fier de moi. Une maman ça l'est forcément. Et mon père avait tellement l'air sévère. Il devait être fier de moi. Et il l'a été. Ses larmes lors des résultats du bac. Mais aussi sa colère parce que je ne le fêtai pas avec eux. Mon père, cet homme de peu de mots. Si entier et si généreux. Ce fils de Boche marqué par l'Histoire. Cet homme fort, aussi fragile qu'un enfant.



Et ce défi que je lui lançais. Je devais avoir huit ans. Il me semblait si vieux. Quand on a moins de huit ans, tous ceux qui ont plus de trente ans semblent décatis. "Je cours plus vite que toi". J'ai couru, vite, très vite dans ce chemin de terre. J'ai couru à en perdre haleine. J'ai couru à m'en arracher le cœur. Mais j'ai perdu. Ce jour-là, mon regard changea. Mon père n'était pas si vieux finalement. Mon regard changea, mais je ne lui dis rien. Nous avions le même orgueil.

Ce dernier regard échangé avec lui, plus de vingt ans après. J'ai peur papa, je t'aime tellement. Je t'aime aussi ma fille. J'ai peur aussi... Mais nous n'avons rien dit. Ce dernier regard échangé, je savais que ça allait être le dernier. Il est gravé en moi.



Oui, le récit de Nicolas Delesalle m'a transportée. La justesse de ses mots, de ses émotions ont trouvé un écho en moi. Je suis nostalgique ce soir. La dernière page est tournée. Le tiroir est ouvert. Les souvenirs ont jailli.



Vous me manquez tellement.





Merci M. Delesalle pour ce beau cadeau... Merci infiniment à Pierre Krause et à la Masse Critique Babelio qui m'ont permis de faire une belle rencontre. Une de mes plus belles lectures de l'année.
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Un parfum d'herbe coupée

« Tout passe, tout casse, tout lasse ». Les dernières paroles de son grand-père malade tombent sur Kolia comme un couperet. Leur brutalité amère le laisse sonné, douloureusement conscient que la vie passe, emportant avec elle les bribes de ce que nous avons été. Alors, pour laisser une trace de son passage, Kolia décide d’adresser une lettre ouverte à Anna, son arrière-petite-fille fictive, dans laquelle il dresse une liste non exhaustive de tous les souvenirs qui lui viennent à l’esprit et qui ont marqué les différentes étapes de sa vie.



Se moquant de la chronologie, les réminiscences se mêlent et se succèdent, faisant se croiser l’enfant, l’adolescent et l’homme avec une même fraîcheur emprunte de nostalgie. Des vacances d’été dans la maison familiale aux cours d’école, de la première cigarette offerte par un inconnu au premier baiser, du premier deuil aux après-midi passées à errer dans les allées du cimetière du Père Lachaise, Kolia se rappelle de toutes ces rencontres, toutes ces premières fois, tous ces souvenirs qui n’ont l’air de rien mais qui comptent tellement. Tous ceux qui sont passés l’espace d’un instant où sur plusieurs années : Raspoutine, son berger allemand tant aimé, Totor, le paysan au grand cœur, la jolie Inès, Madame Durcef et ses punitions qui lui ont fait aimer la lecture… Autant de moments bénis où douloureux qui font de nous des êtres uniques et singuliers...



« Un parfum d’herbe coupée » est un premier roman plein de douceur et de fraîcheur qui fleure bon le printemps. Un bonbon que l’on suce lentement afin qu’il dure le plus longtemps possible. Les chapitres sont relativement courts, bien rythmés, donnant lieu chacun à une réminiscence et à la joie où à la tristesse qui lui est associée. Une compilation d’instants fugaces qui n’est pas sans rappeler « La première gorgée de bière » de Philippe Delerm, mais qui va plus loin dans l’exploration de la mémoire.



Dans une langue simple mais agréable, où se mêlent humour, tendresse et nostalgie, Nicolas Delesalle nous plonge au cœur des souvenirs d’un quarantenaire et nous invite, nous aussi, à nous pencher sur notre propre passé et à nous rappeler les petites joies simples, a priori anodines, que l’on croyait oubliées à jamais… Un roman plein de légèreté et de tendresse qui parvient à saisir quelques instants de vie et à en rendre toute la beauté et l’innocence.





Merci à Babelio et aux organisateurs du Prix Relay des Voyageurs-Lecteurs pour cette jolie découverte !
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N'habite plus à l'adresse indiquée

Un roman sensible et tendre, avec des personnages un peu routiniers, facteurs depuis toujours, amis depuis toujours aussi ... qui se voient au bowling depuis toujours - un jour, le meilleur d'entre eux avouera lui-même qu'il n'aime pas le bowling ...

Tout ce petit monde gravite autour de Sissi. Sylvie qui n'aime pas son prénom, leur Sissi, leur princesse au grand coeur ... Sissi, qui reçoit des lettres anonymes, décorées, un peu grotesques ... Ils s'inquiètent et vont enquêter.

Un joli livre sur l'amitié, la solidarité et le pouvoir des mots
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

J'ai enfin lu Nous sommes Charlie, après (déjà!) Toutes ces années.

Je me souviens...

Ces soixante textes, certains brefs et d'autres plus longs, me ramènent encore à ce jour funeste, cette matinée maudite du 07 janvier 2015. Matinée de mort, cauchemar éveillé, et ce chagrin, ce chagrin!

Philippe Lançon, Chloé Verlhac, Riss et Patrick Pelloux sont passé avant.

J'avais laissé ce poche collectif noir sur l'étagère huit années entières avant d'enfin, tout de même, de l'ouvrir et de l'enfin lire.

Toute la sidération, l'incompréhension, la colère et la réaction me sont revenues intactes car à peines enfouies et toujours prêtes à ressurgir.

Ces soixante-là ont unis leurs voix, leurs mots, leurs cœurs pour parler et dire... Dire NON à la peur et à l'indicible. Tous.

Soixante voix qui, au final, n'en font qu'une riche et variée dans une cantate à la Liberté.

Horusfonck est Charlie, encore et toujours, à jamais.
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Un parfum d'herbe coupée

« La vie n’est pas ce que l’on a vécu, mais ce dont on se souvient et comment on s’en souvient. »

La belle phrase de Gabriel Garcia Marquez me semble illustrer parfaitement le livre de Nicolas Delesalle.

Dans ce délicieux roman, l’auteur égrenne ses souvenirs. Ils sont faits de petites choses parfois insignifiantes, telle l’odeur du chien dans la voiture, sur la route des vacances ou les séances de piscine lorsqu’ado, on compare son corps à celui de ses camarades.

On rêve de devenir astronaute jusqu’au jour où une fusée s’écrase au décollage sous le regard incrédule d’un enfant devant la télé.

Il y a bien d’autres choses dans ce roman, les souvenirs affluent comme autant de petites madeleines à déguster et à picorer au hasard.



« Préludes » est une toute jeune maison d’édition, pleine de belles et futures découvertes à faire tout au long de l’année 2015, présentées dans un élégant dossier presse joint à l’envoi.

Je souhaite « Bon vent » à Préludes et je les remercie pour cette belle lecture.

Merci également à Babelio et Masse Critique qui m’ont gâtée une fois de plus.

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Valse russe

Ce livre est plutôt une bonne surprise, où se dévoile le reporter de guerre Nicolas Delesalle: car il n'est pas simple de couvrir un conflit quand l'agresseur est le pays maternel mythifié qui a le goût de l'enfance, celui du boeuf Stroganoff.

Delesalle confronte donc à la souffrance des Ukrainiens pleurant leurs morts et fuyant les combats ses souvenirs de petit Tatar, aux yeux un peu trop bridés pour ne pas rendre perplexes ses camarades de classe (et lui-même), né en France au terme des pérégrinations compliquées de ses grands-parents.

Pour échapper à cette tension entre l’enfant qu’il fut et le témoin désolé qu’il est devenu, Delesalle ajoute à son récit l'histoire de Vania le Russe et de Sacha l'Ukrainien, celle de frères ennemis qui choisiront l'humanité et l'amitié plutôt que la haine: 3° temps de la valse, ou plus exactement trait d'union pour soigner la blessure intime et continuer d'espérer.

Ce court témoignage de 200 pages n'a pas pour vocation de nous apprendre quoi que ce soit sur le conflit en cours, mais il sait nous émouvoir et même nous faire sourire par la grâce d'une mère pour qui rien ne saurait être excessif.

Seulement voilà: pourquoi proclamer sur la couverture que ce texte est un "roman"? Car si c'est ce qu'il est, il ne casse pas 3 pattes à un canard. Il vaut pour sa sincérité et l'histoire de Sacha et Vania, si elle n'est pas authentique, perd tout intérêt. Quelle est donc cette espèce de pudeur qui voudrait qu'on se confie sans dire officiellement qu'on se confie? Ou ce partage des genres selon lequel tout ce qui ne relève pas du journalisme pur et dur (si tant est que cela existe) soit relégué dans la fiction? Ou alors c’est juste parce que l’estampille « roman » est le plus sûr chemin vers le succès, voire vers un prix?

Valse mélancolique et salades russes.

(Merci à Masse critique et aux éditions JCLattès)



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Valse russe

Valse russe, le roman du reporter de guerre Nicolas Delesalle se place dans les premiers jours de l'invasion russe en Ukraine en décrivant la réalité de la violence des combats, les civils tués, les familles déchirées entre pro-ukrainiens et pro-russes.



Ce roman sonne comme un devoir de ne pas oublier cette guerre qui dure aux portes de l'Europe et raconte de manière plus intime les déchirements personnels de l'auteur d'origine russe par sa mère.



Nicolas Delesalle alterne récit de guerre et ses souvenirs d'un autrefois slave gravés par la musique d'une balalaïka, le nom de ses ancêtres, ses voyages de jeunesse en Russie dans le sillage de sa mère amoureuse de la culture russe.



Porté par une belle langue limpide et fluide, c'est un roman de brisure sur la désincarnation et la dépossession des hommes et des femmes de l'Ukraine et d'ailleurs qui ne savent plus qui ils sont, emportés et déchirés par la guerre qui les somme de choisir leur camp.



Vient se poser sur ces blessures comme une touche d'humanité salvatrice, la belle histoire d'amitié entre Sacha et Vania, un vieil ukrainien et un soldat russe, des noms en A qui portent en eux les mêmes paysages.

Fictive ou réelle, l'histoire se pose en touche de fond comme un vol d'oiseaux vers un autre monde possible.



Livre lu dans le cadre du Prix du Roman Fnac 2023.
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Valse russe

Je vous présente « Valse Russe » un Livre De Nicolas Delesalle (Français, né en 1972) ; 208 pages ; éditons J. ;-C. Lattès sorti le 23/08/2023. 3.78/5 ; 65 notes (Babelio !).

« Avant, les Russes venaient eux aussi pêcher ici, sur le même lac, sur la même glace. Tout le monde se foutait de savoir qui pêchait. Aujourd’hui, les Russes ne viennent plus. Ils ne viendront plus jamais. »

Comme le mot revient à la mode « page Turner » je dis toujours que ce qui importe c’est la façon de raconter une histoire, et je valide celle-là !

La Russie et l’Ukraine, qui entretenait des relations très cordiales, eh bien… La Russie a pris de court l’Ukraine, presque une attaque surprise. Alors que les jeunes « riaient au nez » quand on parlait de la guerre…

« Les Ukrainiens en parlent comme d’une invasion d’insectes géants. Ils surnomment les Russes, les « Orques », tandis que les Russes parlent de « nazis ukrainiens ». »

« Le soir, à la télévision, Vladimir Poutine brandit la menace nucléaire pour punir les alliés de l’Ukraine. Je suis sorti sur le balcon de ma chambre d’hôtel pour fumer une cigarette lorsque les sirènes se mettent à hurler. Mais leur cri strident ne parvient pas à gâcher la beauté cristalline des ruelles enneigées. »

Un beau Livre regorgeant de bons passages comme ceux-ci.

C’est drôle quand j’étais petit mon chien s’appelait « Babou » ; Certains personnages ont honte d’être russes, d’autres en sont fiers…

Ça dépend des « croyances » politiques je pense.

« Soit ce type est 100 % naïf, soit il est 100 % calculateur, avait pensé Sacha en contemplant le désastre sur l’échiquier. »

« — J’y comprends rien. Pourquoi on vous fait la guerre, alors ?— Parce qu’on est de dangereux nazis, ironise Sacha avant de reprendre son sérieux. Parce que vous refusez qu’on ne soit pas russes. »

« — Un jour, à la radio, un type paniqué a annoncé l’arrivée d’un projectile inconnu qui battait des ailes. C’était… un oiseau ! »

« Les Russes ne naissent pas russes, ils le deviennent. »

J’ai beaucoup aimé que l’auteur joue sur les deux tableau, le côté « reportage » et le côté « aventures » du coup ça me convenait parfaitement !

« Vania porte un toast que nous reprenons tous en chœur, « Aux mères ! », tandis que la vodka gicle jusqu’aux étoiles. »

Phoenix

++
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Le goût du large

En général, lorsqu'on songe à une croisière, ce n'est pas l'image du cargo replet de conteneurs qui nous vient à l'esprit. Non, ce serait plutôt le paquebot grand luxe avec sa piscine sur le pont, ses joyeux animateurs et son brouhaha étourdissant. Pas l'idéal pour nous retrouver face à notre reflet, pour prendre le temps de la réflexion. Il ne me serait d'ailleurs jamais venu à l'idée de partir en voyage sur un cargo, cruelle erreur de ma part, parce que ce type de périple me conviendrait bien plus qu'une croisière classique. Avoir le luxe de voir défiler les secondes, le luxe de pouvoir se remémorer, le luxe de savourer les choses infimes, les rencontres, tout ce que le tumulte de la vie ne permet pas.



J'ai donc embarqué avec Nicolas Delesalle sur le cargo MSC Cordoba, « petit » porte conteneurs de juste 1269 boîtes hermétiquement fermées dont l'équipage bigarré ignore tout du contenu. Sa mission, amener sa cargaison à bon port, vivre la mer, la cohabitation avec les diverses nationalités et attendre avant de rentrer chez soi. Rien de plus. Mais tout cela malgré tout.



Au gré des flots, de ces voix qui s'élèvent sur le pont, dans la soute, de ces échanges avec des personnalités improbables, l'auteur va plonger dans son propre esprit pour ouvrir les conteneurs de sa mémoire.



L'image est belle, et ô combien vraie. Et c'est ainsi que, suivant le fil de ces boîtes que l'on ouvre, Nicolas Delesalle nous entraîne, dans ces courts récits qui ressemblent à des nouvelles, dans son vécu de journaliste. La plume est sûre, le mot est juste et l'émotion omniprésente.



Armé d'un humour qui évite tout pathos, l'auteur se remémore tantôt certains aspects marquants de son expérience, tantôt des anecdotes qui lui ont été racontées. Le regard est lucide sur les drames humanitaires, politiques qui l'ont envoyé fouler de sol de la Côte d'Ivoire, de l'Ukraine ou de la Syrie et laisse au lecteur entrevoir ce qu'il veut y voir. Je suis convaincue que ce que j'ai entraperçu pendant la partie d'échecs ne sera pas la même chose que ce qu'aura vu un autre lecteur. Et nos deux lectures seront complémentaires, tout simplement parce qu'elles seront portées par les émotions ressenties.



Ce n'est pas un pamphlet politisé, un de plus, qui s'offusquerait de la pauvreté ou de la violence. C'est le regard d'un homme, profondément humain, qui se rend compte qu'il n'est que bien peu de choses face à un monde en branle, où la politique, le journalisme si rapide avec les nouvelles technologies, oublient parfois que derrière les drames, ils y a des hommes que la misère frappe de plein fouet.



J'avais déjà eu un aperçu du talent de Nicolas Delesalle dans Un parfum d'herbe coupée que j'avais adoré, et ce talent se confirme après cette lecture. J'ai suivi le fil d'Ariane des conteneurs avec un plaisir infini, chaque chapitre refermé en appelait un autre, différent, mais tout aussi intimiste. Les mots sont simples, sans fioriture, mais font mouche.



C'est décidément un auteur que je vais suivre...
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Le goût du large

Sous prétexte de nous narrer un voyage de neuf jours en mer, Nicolas Delesalle nous propose un retour sur ses différentes expériences en tant que grand reporter. La forme du livre se rapproche du recueil de nouvelles, même si sa croisière en cargo reste le fils conducteur.



Je ne suis pas un adepte des récits de voyage. J’ai pourtant pris beaucoup de plaisir et ce pour plusieurs raisons :

Avec cet auteur, on voyage. Chaque nouvelle anecdote nous transporte dans les quatre coins du monde. Moi qui n’y connaissais pas grand-chose en géographie, j’ai souvent été perdu avec tous les noms de villes mais ce n’est pas rédhibitoire à la compréhension et le dépaysement a été total.

Lors de ses périples, le journaliste a rencontré des personnes représentatives de la condition du pays visité. C’est par ces indigènes et leurs discours qu’il nous fait découvrir l’atmosphère de l’endroit et qu’il nous confronte à ces existences souvent difficiles. L’humain est au centre de son initiative. Il échange avec ces gens pour mieux les comprendre et ainsi partager avec nous ces petits bouts de vie.

Chaque anecdote est abordée avec un soupçon d’humour. Les drames vécus s’en trouvent dès lors beaucoup plus accessibles sans perdre de leur impact pour autant. J’ai donc vécu des situations tragiques avec le sourire, sans jamais me sentir mal à l’aise. Certaines nouvelles auraient d’ailleurs mérité un peu plus d’approfondissement ou de longueur tant elles étaient intéressantes et divertissantes.



Sans jamais tomber dans le pathétique, Nicolas Delesalle nous ouvre des petites portes d’humanité qui ont transformé mes gros problèmes personnels en petits tracas insignifiants. En très peu de pages, il sait être percutant. J’ai trouvé ce texte instructif et je l’ai perçu comme une courte approche de la situation de la planète vue par les yeux bienveillants d’un amoureux du monde.
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