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Citations de Nicolas Fargues (327)


J'ai du mal à imaginer qu'on puisse faire l'amour avec quelqu'un, même d'inconnu, même une unique nuit, sans qu'un lien fort en résulte. Deux corps qui se sont pénétrés, deux peaux qui se sont frottées l'une contre l'autre, deux salives qui se sont échangées, se doivent des comptes, on ne peut pas s'en tirer comme ça, même si chez la plupart des gens, de fait, ça n'engage à rien.
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Là, j'ai réalisé brusquement que, lorsque l'on avait souffert comme j'avais souffert, tromper sa femme était la chose la plus naturelle du monde. Et, d'un coup, ça m'a libéré, d'un coup ça m'a rendu plus léger, d'un coup j'ai compris des générations d'hommes et de femmes adultères, d'un coup je me suis senti pris comme tout le monde dans l'engrenage d'une banalité triste et rassurante, avec un fatalisme dénué de toute culpabilité. Mon premier réflexe, d'ailleurs, comme tous les maris adultères, a été de chercher avec pragmatisme à effacer toute trace d'élément compromettant. Dans ma poche, il restait quelques préservatifs que j'ai déposés, avec la boîte, sur le couvercle d'une poubelle fixée au montant du feu rouge, par connivence au cas où, à l'intention, qui sait, d'un autre mari adultère de mon espèce qui n'aurait pas la chance de trouver une pharmacie de garde au bon moment.
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Les gens qui me parlaient de dépression et de mal-être, ça me semblait complètement abstrait, je pensais que tous ces médocs, tous ces psys et tous ces discours, c'était pour les faibles. J'en devenais dédaigneux, méprisant, carrément intolérant. Je ne comprenais pas qu'on puisse être malheureux sans réagir, je ne comprenais pas qu'on puisse faire la gueule, prendre dix ans d'un coup, qu'on puisse un beau jour cesser d'avoir envie de sourire pour la galerie. Je pensais que ceux qui allaient mal se résignaient à aller mal et que, au bout du compte, ils ne devaient pas s'y trouver si mal que ça, dans leur mal-être, tu vois le genre?
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Je m'encombre sans cesse l'esprit de mes obligations et de mes scrupules, impossible de savoir si je ressens davantage de malaise ou de bonheur. Si c'est du bonheur, il est clandestin, coupable, donc incomplet. Si c'est du malaise, il n'a pas une incidence négative suffisante sur ma détermination pour me faire lâcher les hanches d'Alice et lui dire : "Excuse-moi, je suis en train de faire une connerie, merci pour tout et bonne vie à toi, je me casse." Je me dis qu'il faut que j'arrête de me prendre la tête, qu'il y a, à ce moment même sur terre, des millions d'autres pères de famille que moi qui sont en train de tromper leur femme, que c'est dans l'ordre des choses.
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...sa fragilité potentiellement violente contre ma culpabilité potentiellement lâche.
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Nicolas Fargues
Mais il y à une boue putride permanente qui englue nos rapports.Entre nous,ça moisit,ça pourrit de jour en jour.Les rancœurs et la haine sourde d'un côté,la revanche et l'angoisse tenace de l'autre.La confiance et l’innocence,de part et d'autre,c'est fini.
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Nous en étions l'un et l'autre aux confidences urgentes et totales, celles qu'on ne fait que dans les tout premiers instants, avant la première nuit, lorsque votre franchise émeut encore l'autre sans le blesser, avant que les mêmes mots qui l'avaient séduit et vous avaient rendu désirables n'aient fini par se retourner contre vous, avant de ne plus tout dire, avant que vous ne vous résolviez, au bout du compte, pour ne pas faire d'histoires, à vous taire ou à faire semblant.
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” A t-on le droit, pour sauver égoïstement sa peau, de quitter celui ou celle que l’on a aimé à la vie à la mort ? As tu le droit de laisser tomber l’autre, lorsqu’il va moins bien que toi qu’il est plus vulnérable que toi et qu’il est tacitement établi entre vous que son si fragile équilibre dépend de ta décision ou non de rester ?”
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Mais il y à une boue putride permanente qui englue nos rapports.Entre nous,ça moisit,ça pourrit de jour en jour.Les rancœurs et la haine sourde d'un côté,la revanche et l'angoisse tenace de l'autre.La confiance et l’innocence,de part et d'autre,c'est fini.
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Ce qui compte, en amour, c'est d'être gentil, c'est d'être généreux, c'est de savoir donner, c'est de savoir se montrer atentionné et de ne pas penser qu'à soi, c'est ça les qualités qu'on retient avc le temps chez quelqu'un. Les filles les plus précieuses, c'est les filles gentilles.
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A moins de t'appeler Arthur Rimbaud ou Britney Spears, entre vingt et vingt-cinq ans, t'es toujours en attente de quelque chose, d'un accomplissement des choses, d'une plénitude que tu ne peux pas atteindre, soit parce que t'es toujours en apprentissage, soit parce que t'as toujours des désirs et des frustratsions qui traînent, parce que t'es pas assez mûr pour te contenter de ce que t'as. Et après, quand t'as bien galéré et si tu as la chance d'avoir obtenu plus ou moins ce que tu voulais, c'est ta jeunesse que tu cherches. Et là tu te demandes : "Mais c'est QUAND, la vie ? C'ETAIT quand" ?
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"En fait, j'ai attendu la trentaine pour comprendre que j'étais exactement comme tout le monde et qu'on était tous dans la même galère, que j'avais été un sacré abruti de me croire au-dessus de la mêlée. d'ailleurs, ma psy, c'est ce qu'elle m'a dit dès notre première séance au mois de juin : "maintenant, vous n'êtes plus au-dessus des autres, vous êtes parmi les autres", en insistant bien sur parmi. Les autres, avant, moi, je pensais que je n'avais rien à leur dire. Mais, les autres, j'ai été bien content de les trouver, quand j'ai eu besoin de parler. Parce, que tu sais, avant, je ne parlais pas. Monsieur pas de problème, je te dis. Et, aujourd'hui, je peux te dire que c'est parce que j'ai parlé des heures, à des oreilles attentives ou non d'ailleurs, peu importe, que je m'en suis tiré. Oui je le dis haut et fort : Merci les autres, merci ! Vous m'avez sauvé la vie, et pardonnez-moi de vous avoir si longtemps pris de si haut, je vous jure que j'ai bien retenu la leçon et que je ne le ferais plus !"
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[Incipit.]

Ero dietro di te : tu sais ce que ça veut dire, en français ? Ça veut dire J'étais derrière toi. En fait, pendant tout le dîner, elle était assise à une table derrière la nôtre et elle a passé son temps à me regarder sans que je le sache. Et, c'est marrant, je suis en train de me rendre compte qu'en la tirant un peu par les cheveux, elle est éminemment symbolique, cette phrase. Elle pourrait signifier aussi : «Pendant tout ce temps, toutes ces années, j'étais juste derrière toi, pas très loin, et tu ne m'as pas vue. C'était l'évidence même, toi et moi, mais on se ratait à chaque fois. Maintenant, me voilà, je suis là et je compte bien te le faire savoir, la balle est dans ton camp, tu ne pourras pas dire que tu n'a pas été prévenu et te lamenter d'être passé à côté de la chance de ta vie.» Non ?

C'est le serveur qui m'a apporté une petite carte à la fin du repas, avec l'addition. Tu sais, ces bristols avec écrits dessus le nom, le logo et les coordonnées du restaurant. En Italie, je ne sais pas si tu as remarqué, mais c'est toujours très bien fait, ces trucs-là, c'est toujours imprimé proprement, avec un beau papier, une illustration raffinée, une jolie typo : c'est toujours très personnalisé, ils sont beaucoup plus attentifs que nous à ces choses-là.
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" Les Malgaches sont des menteurs-nés. [...] Rien ne les atteint, aucune mauvaise conscience ne les fait reculer parce qu'ils n'ont pas d'amour-propre[...]. Ils sont sans fond, ce sont des gouffres d'inaffectivité et il faut les accepter comme ça, [...] c'est parce que la vie n'a pas tant d'importance que ça pour eux, c'est parce que la vie n'est qu'un passage ici [...]. Ils sont authentiques dans le mensonge, tout autant qu'ils sont authentiques dans leur mine contrite feinte, dans leurs larmes feintes, dans leurs éclats de rire feints dans leur amitié et leur compassion feintes, [...] c'est le règne du non-être."
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J'avais envie de leur dire que moi aussi j'avais eu un jour une famille unie, que moi aussi j'avais connu ce bel équilibre dont on ne prend pas forcément conscience qu'il vous comble lorsqu'on est ensemble, lorsqu'on n'est pas séparé, pas divorcé.
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Un peu plus tard, moi qui ai toujours craint l'avion par hantise de rendre mon fils orphelin, moi qui me suis toujours crispé lors des décollages, j'avais passé une main parfaitement détendue sur les cheveux de Clément bien arrimé au siège mitoyen du mien lorsque les réacteurs avaient poussé et que l'avion s'était mis à accélérer sur le tarmac. Sans doute avait-il pensé que, par ce geste, je manifestais ma joie de l'emmener à Londres seul avec moi. En vérité, je le caressais parce que je pensais alors que l'appareil pouvait bien aller s'écraser en bout de piste, ou ses deux réacteurs tomber en panne au moment de l'ascension de la carlingue dans le ciel, peu m'importait de mourir puisque ce serait en même temps que lui.
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Cela m'intimidait toujours, les meneurs-nés. Ces antidotes naturels au doute qui, en dépit de la réserve qu'ils peuvent vous inspirer avec leur égoïsme et leur brutalité, finissent toujours par l'emporter sur votre délicatesse, s'attirer votre respect et vous rallier à leur bon vouloir, quand ils ne vous transforment pas carrément en servile thuriféraire.
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"Le charme c'est cela [...] : des yeux qui parviennent à faire pétiller un visage tout entier."
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De la même manière que partager sa vie avec quelqu'un peut parfois lui donner tout son sens, je me suis néanmoins pris à composer mentalement comme s'il me faudrait l'écrire un jour quelque part, la légitimité d'un écrivain tient à son public et à rien d'autre. Sans public, la littérature reprend aussi sec toute sa dimension de passe-temps prétentieux et improductif.
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Je suis devenu à ce point intolérant de l'insouciance et de la jeunesse que j'ai fini par me persuader moi-même qu'être un homme, c'était un père, point. Qu'être un homme, c'était se montrer capable de faire bravement une croix sur sa liberté et ne plus envisager l'avenir qu'à travers celui de ses propres enfants.
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