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Critiques de Nikos Kavvadias (36)
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Courants noirs : Oeuvre poétique complète

Poésie de l'eau salée et des étendues bleues, d'un lyrisme populaire, blues écumeux traversé par les courants noirs de la mélancolie…



Les écrits de Nikos Kavvadias est à la poésie grecque ce que le Rébétiko est à la musique et à la danse grecques, une poésie nostalgique des bas-fonds, des bas-fonds marins pour Kavvadias, une poésie des marins qui côtoient les bordels, aux nuits de débauche imbibées de ouzo, une poésie un tantinet grossière sortie des cargos, des hôtels de passe et des prisons mentales.



Une poésie qui crie le mal de départ. Une poésie qui chante la peur du retour. Une poésie de l'errance qui cherche inlassablement un lieu où demeurer, brinqueballée entre le mal de mer et le mal de terre.



« Toute ma vie je resterai l'amoureux, idéal et abject,

des voyages lointains et des étendues bleues,

et je mourrai un soir pareil à d'autres soirs

sans avoir dépassé l'horizon vaporeux »

[Extrait de Mal du départ - Marabout ]





« Vivre toujours dans la même contrée

et avoir l'obsession des départs ;

mais en quittant le bureau, le soir,

filer mater les filles dans les cafés »

[ Extrait de Cafard - Marabout ]





« Je veux, Eurydice, partir me tuer sur les bateaux.

Cette nuit, un pressant désir de fuir m'a envouté.

Mais lorsque l'aube rose pointe à ma fenêtre,

on me retrouve souillé.

[Quatrain II – Poèmes épars ]







Nikkos Kavvadias est né loin de sa patrie, en Russie, au début du 20ème siècle. Cette naissance lointaine suivie d'un long voyage de retour vers la péninsule grecque a marqué son âme, a scellé son destin de marin puis a imprégné sa poésie marquée de frénésie mélancolique et d'exotisme et dont les thèmes sont ceux de l'exil, de la perte de la famille, des amours tarifés, des mystères qui entourent la femme, des amitiés viriles, de la crasse des cargos, de la consommation excessive d'alcool et de drogues. Sa poésie est la plainte des esseulés et des exilés, celle des empêchés qui, comme Ulysse, rêvent de revenir pour avoir envie de repartir aussitôt arrivé à bon port.



Nikkos Kavvadias est marin avant tout. Sa poésie se déploie en mer, dès qu'il navigue. Ce n'est pas un poète qui rêve de mer ou qui imagine la mer, c'est un marin, un vrai, dont les aventures maritimes se font poésie. le métier précède son art, le métier nourrit son art. L'auteur est toujours resté marin avant tout, loin des cercles littéraires. Un ermite de la mer, un marin « qui écrit des poèmes, et non un poète qui voyage pour en écrire ».



C'est lors de ses premières grandes traversées au début des années 1930 sur le navire marchand Polikos qu'il écrit ses premiers poèmes qui formeront le recueil Marabout, mon préféré de ses trois recueils, pourtant moins innovant, plus « vert » l'auteur n'ayant alors que vingt-trois ans. J'aime dans ce recueil ses fables marines, sa manière de faire des poèmes de véritables histoires souvent teintées de fantastique. le poème Marabout qui a donné son nom au recueil est magnifique et stupéfiant, il a des accents kafkaïens, de belles teintes surréalistes. Histoires de ports, d'hommes endurcis, de femmes perdues, d'innocence envolée, de mers du Sud, de maladies tropicales, d'alcool, de tatouages, voilà ce que nous offre le poète dans ce premier recueil.





« Les dimanches, tandis que seuls ceux de quart travaillaient,

on se rassemblait là, on allumait des feux ;

à voix basse, on se disait des trucs salaces, des histoires de femmes,

et notre maigre ration, on la jouait aux cartes avec obstination.



Sur cette proue, j'ai détruit l'être tranquille que j'étais,

abîmant pour toujours son âme tendre d'enfant.

pourtant, jamais ne m'a quitté mon rêve obstiné,

et sans relâche la mer, quand elle rugit, me raconte bien des choses ».

[ Extrait de Notre proue – Marabout ]





Ses deux autres recueils Brume et Traverso, moins descriptifs et narratifs, plus innovants au fur et à mesure que l'auteur prend de l'âge, plus métaphoriques et plus pessimistes aussi, sont également présents dans leur intégralité, ainsi que des poèmes épars publiés dans différentes revues rassemblés en fin d'ouvrage.



« Les marins en ont marre de la barre

L'un de tes yeux se fait vieux et s'endort,

l'autre aux aguets se souvient

d'une lueur aveuglante, immobile et lointaine.



Le bosco se réveille, maudit la métisse

qui pleure et la bouteille tout autant.

Au large, quelque part à neuf mille milles,

la roussette patiente et s'ennuie ».

[Extrait de Mal de terre – Brume ]





Courant noirs est un livre tout à fait exceptionnel dans le sens où pour la première fois est rassemblée en un seul volume, et traduit en français, toute l'oeuvre de ce grand poète. C'est une première, toutes langues confondus et grec compris, fait notoire qui mérite d'être souligné. Une édition intégralement bilingue qui plus est, comportant des poèmes inédits. Pour mesurer si besoin était, toute l'importance de ce livre, mentionnons que toute une génération de marins et d'émigrants récitent ses poèmes, que ses vers ont été pour beaucoup mis en chansons et interprétés par les compositeurs et les chanteurs les plus connus des années 1970 et 1980.



La langue de Kavvadias est libre, inventive, familière et simple d'accès, parfois pourtant teintée de mystère et souvent bigarrée. Elle est pleine de vie, de pulsions et d'élans. J'ai beaucoup aimé lire régulièrement ces différents poèmes immersifs, marqués par la géographie et la présence de nombreux personnages, réels ou historiques, voire mythologiques dont le poète endosse le personnage par moment à tel point de ne plus savoir qui parle. Les effets des paradis artificiels jouent sans doute beaucoup dans ce flou brumeux qui fait tout le sel de ces vers, surtout dans Brume et Traverso. Soulignons le travail remarquable de Pierre Guéry pour sa magnifique traduction et sa superbe préface qui contextualise l'oeuvre, l'explique et développe ses choix de traduction.



A déguster comme nous nous écoutons et savourons un Rébétiko ou un Fado. Avec abandon, avec lâcher prise. En se laissant porter par les vagues de l'âme, en se laissant submerger par le vague à l'âme…



Un immense merci aux éditions Signes et Balises, ainsi qu'à Babelio, pour l'envoi de ce magnifique ouvrage lors de la Masse critique d'automne. Quel cadeau extraordinaire !





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Le quart

Plus qu'un voyage en mer à bord d'un vieux cargo en partance pour la Chine, Nikos Kavvadias nous offre une plongée dans la solitude profonde des marins au long cours. Les bras tatoués, les mains rongées par le sel, ces hommes ont l'âme rude. Ils n'ont souvent pas de maison et parfois plus de patrie. Leur métier, leur vie, c'est la mer. Leur pays, le corps des femmes.



Nikos Kavvadias a navigué sans relâche pendant 30 ans, nouant et dénouant des amitiés au hasard des embarquements et des amours au gré de ses escales. De ces années passées en mer, il a gardé le souvenir des conversations entre hommes. Il sait que la femme y est toujours présente. Il y a celles pour lesquelles on s'inquiète et celles qui se sont lassées de vous attendre. Il y a aussi celles à qui l'on a promis le retour et qui ne vous ont jamais revus. Il y a même, les jours de cafard, le souvenir de la tendresse d'une mère ou d'une soeur. Et puis il y a les putains, ces femmes offertes à tous que l'on trouve dans les ports et qui parfois vous attacheraient s'il n'y avait l'appel de la mer. Mais toutes, qu'elles soient mère, épouse ou putain, ont échoué à retenir ces hommes qui préfèrent se brûler les yeux à scruter l'horizon.



Ce sont ces confidences fraternelles qui font la matière du livre de Kavvadias. "Le quart", ce sont quelques marins, le capitaine, le radio, le jeune pilotin qui a attrapé la syphilis. Ils ne se sont pas choisis mais pourtant ils vont devoir vivre ensemble, dans ce vieux rafiot, à la merci des vents contraires. Autour d'un café ou d'une bouteille d'alcool, ces trois-là se racontent leurs souvenirs, leurs amours déçus et les fautes commises.



L'écriture est d'une poésie brute et nous fait entrer dans le cœur de ces hommes qui n'ont aucune attache. C'est un récit noir et profond. Le texte drague le fond des âmes et ce qui en remonte a parfois un léger goût de vase.

On a comparé Kavvadias à Céline ou à Malcolm Lowry. Cela ne me choque pas. Il y a chez eux la même lucidité et la même maladie de l'âme que l'on nomme mélancolie. Mais la voix de Kavvadias est singulière et envoûtante comme l'est le chant des sirènes. "Le quart" est un récit sombre et vénéneux qui parle à nos regrets et à nos envies, parfois, de prendre le large. Mais surtout, c'est un formidable chant d'amour offert à la mer, compagne jalouse qui exige des marins un don total de soi.



"Cri de la sirène, brouillard, chaleur, fatigue se mêlent. Dévêts-toi. Je te donnerai la brume pour vêtement. Je boirai encore un verre à la santé de la mer. À la santé de la sirène qui est tatouée sur mon bras. Qui saute à la mer chaque nuit et me trompe avec Poséidon. Elle revient le matin quand je dors encore, couverte d'algues et d'orties de mer. Quand nous restons longtemps à terre elle se flétrit et perd ses couleurs."



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Le quart

Le quart est l’unique roman de Nikos Kavviadas, plus connu en Grèce pour sa poésie. Opérateur radio lui-même dans la marine, il évoque dans ce récit le destin des membres de l’équipage le capitaine, le pilotin, les mécaniciens. Entre dialogues crus, souvenirs d’escale, brutalités physiques ou morales, c’est la vie des hommes de mer dans ce qu’il y a de plus dur qui y est depeinte.

J’arrive après beaucoup de peine, à la fin de ce roman, ou plutôt cet ensemble patchwork d’épisodes personnels de chacun des marins, une construction que j’ai trouvé décousue, des dialogues dans lesquels il est difficile d’identifier qui sont les protagonistes, des références temporelles brouillées...Sur le fond, une vision de la femme assez deprimante entre la putain rencontrée à Marseille ou Beyrouth dans un bordel et l’épouse infidèle qui transmet une maladie à son mari lors de son retour....

Malgré quelques fulgurances dans la narration de la noirceur de la vie souvent difficile des marins, je n’ai pas accroché au style trop déstabilisant, sans repères chronologique souvent, sans identification d’interlocuteur quelques fois.

Une déception.
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Le quart

Le quart, c’est le temps de service passé par des marins à s’occuper d’un navire. Et que font des marins lorsqu’ils sont à surveiller l’horizon ? Ils parlent …

Et ici ils parlent beaucoup et se racontent des histoires de marins. Et dans toute histoire de marin, il y a forcément une femme : la mère, l’épouse ou encore la putain …. Mais aussi un peu de contrebande, un peu d’exotisme pour épicer ce sujet déjà bouillant …

Mais le quart n’est pas qu’une simple compilation d’histoires de marin. J’y ai trouvé beaucoup plus. Ainsi le style brut, court sans complexité apparente et qui m’a fait penser à du LF Céline ou JP Martinet permet de rendre au mieux la folie, la fureur, le désespoir …. Ce style trouve son achèvement et son apothéose dans le dernier récit hallucinatoire avec l’Ecossaise. Cela donne de l’épaisseur à l’homme, de l’odeur et de la couleur au paletot. On ressent cette houle, ce mal de mer, cette chaleur qui vous empêche de respirer dans la cale ou le déferlement de la tempête sur le pont.

Un bon moment de lecture vrai, suintant d’authenticité, à la plongée de ces âmes perdues par le chant des sirènes !

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Le quart

Un très beau roman autobiographique consacré à la mer et aux voyages, pour tous les amoureux des bateaux. Un excellent texte écrit par un marin poète et écrivain.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Le quart

« Guriquina ? C’est un phare ? Un port ? Un nom de fille ? Si seulement je savais ! C’est tout cela à la fois. Préparez le café du pilote. Il est encore tôt. Peu importe. Je veux voir l’horloge de Flinder’Station, Collin Street, la boutique du Chinois. “Ysé, Mesa, De Ciz, Amalric’’. Nous irons ensemble à Paris. Dès mon retour. » (Nikos Kavvadias : correspondances)



Autrefois, du temps où on avait le temps, certains marins de la Mar.Mar .taillaient dans des bouts de bois. Nikos Kavvadias, radiotélégraphiste dans cette même marine, lui, écrivait des poèmes.

Il était grec, né en Mandchourie en 1910.

La Mandchourie : la Russie des Tsars, les seigneurs de la guerre……………. ! Rêves !

Beyrouth, Saïgon, Aden, Singapour, Colombo, Valparaiso, Yokohama. Récit de voyage sans descriptions.

D’autres ajouteraient Samarcande : pas un port !mais peu importe.

Et meurt à Athènes en février 1975 trois mois après son dernier débarquement. Comme si la mer lui manquait………………

Ce livre est un phare de souvenirs, réels ou rêvés, accumulés dans les ports.

Une odyssée, non pas lumineuse, de la condition humaine, mais noire.

Ce livre est un phare dans la mer, lieu mythique par excellence.

L’autre face du mythe étant celle des phares (cf. ’Armen’ de Jean-Pierre Abraham)

«Les grandes personnes ne pleurent pas», mais il y a «un nœud qui remonte, un lacet qui étrangle», et qui pousse «les terriens à écrire des livres et les marins à sculpter et à gréer des caïques dans des bouteilles, ou à se peindre le corps»



Rien à dire de plus sur ce livre



Un chef d’œuvre ?

Bien sur

Ce livre est un phare de la littérature.

- La barre est à zéro !

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Nous avons la mer, le vin et les couleurs

Avant tout, j'aimerais souligner la qualité de l'objet-livre, son élégant format qui loge parfaitement dans la main, ses rabats cartonnés et épais, le très beau choix de couverture à partir d'une véritable carte promotionnelle de la compagnie maritime ELMES. Cette réalisation esthétique est tout à à fait remarquable.

Ce recueil de correspondances rassemblent les lettres du poète grec Nikos Kavvadias de 1934 (il a alors 24 ans) à 1974 (soit l'année précédent son décès). Ces lettres envoyées pour l'essentiel à sa famille, sa soeur et sa nièce, et quelques rares amis sont rédigés alors qu'il parcourt le monde sur des paquebots de commerce. Certaines sont destinés à Dimitrios Rodopoulos, peut-être plus connu sous son nom de plume Michálīs Karagátsīs. En retour, le recueil comporte dix réponses de M. Karagatsis. On peut s'attendre légitimement à ce que les deux auteurs échangent sur les créations littéraires, c'est parfois le cas. Mais en proportion, à l'échelle de l'ouvrage, l'écriture en tant qu'objet occupe une faible place. On trouve bien ici ou là, un ou deux poèmes traduits pour l'occasion. Mais le lecteur qui viendrait à s'intéresser à ce recueil par amour de la poésie ou de la littérature grecque pourrait être déçu. L'aventure maritime, les femmes et les prostituées rencontrées dans chaque port, les souvenirs à rapporter à la famille tiennent une place prépondérante, l'amitié et dans une moindre mesure la solitude du marin toujours éloigné de ses proches, sont au coeur de l'ouvrage. Nikos Kavvadias a peu d'amis, il le dit lui-même, mis à part son très cher M. Karagatsis. Les trivialités maritimes sont toutefois narrées dans une langue magnifique, et les ports et le quotidien du marin se dessinent volontiers dans l'esprit du lecteur avide. Les récits de N. Kavvadias m'ont transportée, j'ai eu grand plaisir à le suivre dans ses tribulations. Il m'en reste une grande curiosité de découvrir ses romans et ses poèmes, et de partir à mon tour à la découverte de la littérature grecque contemporaine.

La dernière lettre surtout est magnifique et mérite à elle seule la lecture de cet ouvrage.

Un grand merci à Babelio et Signes et Balises pour l'envoi de ce livre d'une très grande qualité littéraire et esthétique.
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Le quart

Le Pirée, Marseille, Colombo, Rotterdam, Fremantle, Buenos Aires … Des villes, mais surtout des ports, d'attache ou de relâche, où s'encanaillent les marins et où ils se déchargent tout à la fois de leur tension et de leur maigre salaire, pourtant durement gagné.

Autant de villes familières où, dès l'entrée du port, des messages dans toutes les langues du monde leur sont adressés : promesses, méfiance, quartiers à fréquenter, femmes à fuir. Ces ports sont la seule terre que touchent ces hommes de l'eau. Car, passée la semaine dans un bouge quelconque, il faut repartir sur les flots, dans des carcasses de métal où le bruit des machines se mêle à la graisse noire et à la chaleur, ou bien au froid, des climats que l'on traverse. Voyages terribles où, à tour de rôle, les marins surveillent la trajectoire et la santé de leur esquif. C'est le quart. Quatre heures, mornes, où pourtant les hommes se parlent, se gaussent, se souviennent.



C'est cela, Le quart, de Nikos Kavvadias. Des souvenirs d'hommes, rompus à la solitude et à la petite vérole, qui prient de ne pas être engloutis par les flots et pestent encore contre leur condition. Paru en 1954, le roman a l'aura de ces livres qu'on ne sait vraiment définir : récit de souvenirs, essai sur la condition de marin, profonde réflexion sur la condition humaine. On hésite, et on se laisse porter. Par ses phrases, concises, par ses mots qui, le temps d'une phrase, s'envolent en inspirations lyriques, par sa façon de dire, sans prendre le soin de présenter, et de relater et de transcrire les paroles des hommes qu'il a côtoyé, Nikos Kavvadias a construit une œuvre dont il restera, plutôt que des images, une trace invisible dans l'esprit.



Sans cesse, ces mots, justement, reviennent aux femmes. Mères, épouses, putains : le beau sexe n'a pas beaucoup de choix. Les marins, eux, en sont tout à la fois les bourreaux et les victimes. Car derrière la maltraitance des mots, cette façon de dire et de mépriser la femme, de la résumer à son caractère sexuel, il y a la souffrance d'en être constamment séparé. Et les souvenirs, qui rejaillissent dans Le quart, sont rarement autre chose que des récits d'amours, souvent brèves, souvent intenses. Il y a cette Ecossaisse que le radio-télégraphiste aida à avorter dans un port de Ceylan. Il y a cette prostituée qui erre dans les ruines de Marseille en demandant des nouvelles de son ancien maquereau. Il y a aussi cette épouse qu'un marin retrouve dans les bras d'un autre, et qu'il se met à traiter comme les femmes qu'il croise dans les ports. Relation impossible et pourtant nécessaire entre ces hommes, qui vivent dans leur solitude (ne pas pleurer, ne pas dire qu'on a peur …), et ces femmes qui les accueillent, les cajolent, les rendent fous et se rendent maîtresses de toutes leurs discussions.



Patchwork littéraire qui met à l'honneur la condition humaine à travers celle du marin, Le Quart est un objet littéraire qui ne ressemble à aucun autre. Ecrit dans le respect de ces hommes de la mer, dans l'urgence, aussi, de dire et de rester fidèle à ces heures passées dans le confinement, c'est un roman qui, malgré sa simplicité, est difficile à appréhender et à analyser, difficile à lire aussi, parfois, quand les personnages se bousculent, ne sont pas identifiés, car le plus important est ailleurs : le plus important, c'est ce qui est rapporté. Et, étant rapporté, survit. Comme une tombe ultime à tous ces anonymes, laissés dans des ports étrangers car trop malades pour être transportés, ou basculés par-dessus bord s'ils décédaient en pleine mer. Une tombe de mots.
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Courants noirs : Oeuvre poétique complète

Magistral !



Courants Noirs est une œuvre poétique complète regroupant les trois recueils de Nikos Kavvadias dans l'ordre chronologique (Marabout, Brume, Traverso) ainsi que des inédits.



Kavvadias fut un marin, poète, écrivain, résistant, fasciné par les étendues bleues, qui parcourut les mers en tant qu'officier radio à bord de différents cargos.



L'édition ici présentée permet donc de découvrir l'ensemble de ces poèmes, dans une version bilingue Grec-Français, qui demanda au traducteur un investissement considérable afin de s'imprégner de la vie du poète et des univers au sein desquels il gravita sa vie durant. Le but étant de proposer aux lecteurs francophones des textes respectant du mieux que Pierre Guéry le pouvait les intentions de Kavvadis, et la forme originale de son travail artistique.



L'introduction à l’œuvre et au poète, rédigée d'ailleurs elle aussi par le traducteur, permet de mieux cerner Nikos Kavvadis, et l'importance d'un tel projet, sur une quinzaine de pages passionnantes (j'en profite au passage pour recommander l'excellente émission intitulée "Nikos Kavvadias ou le mal du départ", disponible en podcast sur le site de France Culture, qui complète idéalement cette introduction). On y apprend par ailleurs que certains des textes sont tellement populaires en Grèce qu'ils sont repris en musique dans différents registres, et sont entrés dans le patrimoine culturel de ce beau pays par ce vecteur.



Difficile exercice que de parler d'un ouvrage aussi dense, aussi varié, aussi prenant, aussi long, sans se perdre.

Je peux simplement dire ici combien je suis facilement tombé sous le charme des traductions proposées au fil de ces Courants Noirs : on navigue de port en port, de culture en culture, on côtoie des marins, des filles de joies, des marchands, on y découvre la consommation de moult stupéfiants, les peines de cœur, des mythes anciens, de la franche camaraderie, des figures historiques ou d'illustres inconnus, et bien d'autres choses encore.

La poésie de Kavvadias m'a emporté immédiatement dans une autre époque, pas si lointaine, moins technologique, plus humaine, à la dimension tragique plus marquée, moins individualiste qu'aujourd'hui et pourtant plus intime, moins mondialisée et pourtant plus englobante. Ses textes sont souvent, nonobstant leur forme poétique, proches de la prose, puis soudainement illuminés de fulgurances d'une rare beauté.



"Souvent des idées noires lui passaient par la tête

et dans ses heures de langueur mêlées d'anxiété,

elle tentait parfois, me disait-elle, de calculer

le nombre d'hommes qui avaient dormi à ses côtés.



Je contemplais longtemps ses yeux brumeux,

il me semblait que tout au fond je pouvais voir

des mers d'orage, des grappes d'îles dans l'océan

et des petits bateaux blancs, toutes voiles dehors."



Des thèmes reviennent souvent : la perdition des hommes, la fascination et l'incompréhension pour les femmes, la diversité de l'autre, les anecdotes de voyage, l'échappatoire des paradis artificiels, les destins brisés, la cohabitation avec l'animal, et bien sûr le voyage sur les mers.



"Dans les parages du canal, à Liverpool et à Swansea,

au petit matin on peut voir, le long des docks cireux,

des gars qui n'ont pas l'air d'être marins,

mais se dirigent vers les bateaux en rigolant."



Je recommande chaudement ces Courants Noirs, à tous les esprits curieux et aux amoureux de la poésie, mais aussi aux amateurs d'Histoire et de petites histoires, aux cœurs brisés et aux esprits aventuriers : l’œuvre de Kavvadias mérite d'être découverte et parcourue au rythme des vagues de l'âme, et il faut rendre hommage à Pierre Guéry pour ses traductions tout simplement sidérantes.



Un grand merci à Signes et Balises (l'éditeur) ainsi qu'à Babelio pour l'envoi de cette Œuvre Poétique complète lors d'une Masse Critique !
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Nous avons la mer, le vin et les couleurs

Nikos Kavvadias est un écrivain assez méconnu, et qui n'a laissé derrière lui que peu d'écrits. J'avais lu avec plaisir son roman Le Quart, grandement autobiographique, et qui m'avait plu, l'auteur narrant ses histoires de marin désabusé.

Aussi, lorsque j'ai vu cette correspondance disponible à chroniquer, j'ai été intrigué. J'ai aussi été content de découvrir cette maison d'édition (Signes et Balises), le livre est agréable à manipuler et la correspondance est plutôt bien agencée.

En revanche, je suis moyennement emballé par cette lecture. Je trouve que la plupart des lettres relèvent de l'anecdotique, je ne sais pas, je m'attendais à mieux, à un peu plus de folie et d'entrain. Paradoxalement, ce sont les lettres des correspondants de Kavvadias qui m'ont le plus intéressé. Je trouve l'écriture de l'auteur assez terne, sans relief, télégraphique (vous me direz, c'est normal vu qu'il était télé-graphiste !). Bref, il y a tout de même un intérêt à cette lecture, où l'on peut parfois rencontrer une certaine empathie pour cet homme loin des siens, qui envoie des cartes postales, des lettres, lors de quelques escales, entre deux traversées.

Je remercie la maison d'édition, et Masse Critique, de m'avoir fait parvenir ce livre.

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Li - De la guerre - A mon cheval

Un recueil de nouvelles on ne peut plus réussi. Une traduction magistrale qui permet à travers les yeux d'un marin et de soldats grecs de voyager à Hong Kong et dans les montagnes d'Albanie, ainsi que quelques instants dans la pampa argentine.

J'ai toujours admiré la capacité de certains auteurs à donner autant de profondeur à leurs personnages en si peu de pages. La première nouvelle nous transporte à hong Kong où un marin rencontre une petite fille des sempans dont la sagesse n'a d'égale que sa vie de privations. Le caractère de cette enfant si adulte, cette compassion, ce dévouement, ce courage et pourtant cette candeur fasse à des petits bonheurs rende la lecture d'autant plus prenante.

La seconde nouvelle sous la pluie torrentielle et la boue de la guerre sévissant dans les montagnes d'Albanie nous fait voyager dans les souvenirs d'un vieux homme et partager la gentillesse de ce soldat épuisé de combattre. La dernière et la plus courte est une originale et très émouvante lettre d'un homme à son cheval, fidèle compagnon de route et de galère à qui l'homme rend hommage.

Un auteur à découvrir et un monde peu connu dans les secrets méritent d'être dévoilés au lecteur curieux de nouveaux horizons peu courants en littérature.
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Le quart

Ils ont choisi une vie de marin. Ils ont embarqué sur des cargos de fortune, et partagent leur vie entre la mer et les bas fonds des ports où ils font escale. Pendant leurs quarts, ils se racontent leurs exploits et leurs phantasmes, faits de femmes, d'alcool, de paradis artificiels et de contrebande. Des récits à la fois rudes, poétiques et sordides, racontés sans fioritures.
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Courants noirs : Oeuvre poétique complète

Cet impressionnant ouvrage est sous-titré « Œuvre poétique complète », aussi vous savez d’emblée à quoi vous attendre. Tout d’abord cette précision d’importance : cette précieuse intégrale qui vient de paraître aux éditions Signes et Balises et traduite (ainsi que préfacée) par Pierre GUÉRY n’est pas une redite, mais bien la première édition mondiale proposant cette poésie complète. Même en Grèce, jamais un tel livre n’a à ce jour existé, vous comprendrez donc qu’il s’agit là d’un travail unique au monde.



Durant sa vie, Nikos KAVVADIAS (1910-1975) n’a publié que trois recueils de poésie, et le dernier, « Traverso », est sorti en 1975 après la mort de l’auteur. Ces trois recueils paraissent ici dans leur intégralité, mais ce n’est pas tout puisque pas moins de 45 poèmes « épars et inédits » figurent en fin de volume. L’éditrice a choisi le bilinguisme, chaque poème étant présenté à gauche dans sa langue originale, le grec, et traduit sur la page de droite.



Après une lumineuse préface de Pierre GUÉRY retraçant le parcours de Nikos KAVVADIAS dans une biographie brève mais pourtant concise, ainsi que les difficultés à traduire pareille œuvre poétique, le recueil débute tout naturellement sur « Marabout », le premier paru en 1933, qui est entre autres une suite de tranches de vie. Dans une poésie simple en quatrains rimés (que le traducteur ne suivra pas entièrement, il s’en explique avec justesse dans sa préface), l’auteur, qui vécut en majeure partie sur des bateaux (où il était télégraphiste), ravive sa mémoire, récente comme plus ancienne. Ainsi il dresse les portraits de prostituées rencontrées dans des ports, parle indirectement de son rapport à l’alcool, la drogue (la cocaïne surtout), rend hommage à des poètes souvent contemporains de lui. Scènes brèves du quotidien évoquant la mort, la fatigue, les souvenirs, dans une langue tantôt populaire ou argotique, tantôt recherchée, l’auteur ne se donnant aucune limite de style, en totale liberté.



KAVVADIAS a parcouru le monde entier, visité les cinq continents, y a erré dans les ports, les bistrots, les claques et lieux de débauche. « Brume », recueil paru en 1947, quatorze ans après le premier est, sans jeu de mots aléatoire, plus brumeux. Dédié à la nièce de KAVVADIAS, il est empli de pessimisme, de mythologie, offrant des portraits réels ou sortis de l’imagination de l’auteur. Jack LONDON, Panaït ISTRATI ou encore Nikos KAZANTZAKI ne les auraient sans doute pas reniés. Et puis le brouillard, le froid, le crachin, les abus. Dans une poésie se faisant plus opaque mais restant diablement sensitive, KAVVADIAS crée, invente, loin de l’orthodoxie poétique, même s’il tient à garder majoritairement la forme de quatrains. Il évoque la figure tutélaire de Federico GARCIÁ LORCA, ainsi nous percevons où ses idées politiques, même si très peu abordées dans ce recueil, se situent.



« Balance un os au chien noir qui aboie



et envoie notre « figure » en offrande aux pirates



Dis-moi, où se trouvait la terre en pleine mer ?



Avec l’arbre géant et l’oiseau qui croasse ?







Enfants, nous poursuivions l’Étoile du berger,



Petit oiseau des rivages, la vaste mer n’est pas pour toi !



Pour toi pas davantage, gamin que l’on a mis en terre à Conakry



- dans ta poche, quelques mots de ta mère pour recommandation ».



« Traverso » est le troisième et dernier recueil du poète, il est dédié à son petit-neveu de 8 ans (voir « Trois contes pour Filippos »). Textes écrits entre 1951 et 1975 ils ne paraissent qu’après la mort de KAVVADIAS, 28 ans après « Brume ». Là encore désillusion, noirceur, mythologie, le lectorat n’a pas toujours les clés pour déchiffrer le message, mais les mots seuls comptent, les images sont bouleversantes, et comme l’écrit si bien le traducteur « Après tout point n’est besoin, en poésie, d’interpréter clairement pour recevoir ce qui est là », soit un cadeau inestimable. Ici hommage est rendu à CHE GUEVARA, à quelques autres encore. Le dernier poème du recueil fut écrit peu de temps avant le décès du poète.



Les 45 « poèmes épars et inédits » sont une mine d’or, car écrits durant toute une vie, de 1922 (KAVVADIAS a alors 12 ans et fait paraître un journal scolaire) à 1971, dans l’ordre chronologique. Variés comme toute l’œuvre poétique du grec, si les premiers sont encore des balbutiements (avec pourtant certains foudroyances), ils se précisent peu à peu. On peut reconnaître les périodes d’écriture, tantôt les poèmes sont proches de l’atmosphère de « Marabout », tantôt des deux recueils suivants. Ils sont peut-être les plus intéressants de l’œuvre (même si « Marabout » m’a beaucoup impressionné par son style épuré et impressionniste qui peut paradoxalement se lire comme de la prose).



« Aujourd’hui comme toujours était un triste jour.



Le soir tombe et sur l’horloge les heures courent à l’envers.



Et nous, que tout le temps qui passe éloigne de la jeunesse,



On égrène le chapelet des innombrables erreurs.







On attend une dame qui a promis de venir, un soir,



Nous offrir une joie, ne serait-ce qu’éphémère.



On l’attend… mais elle ne viendra pas car on n’est plus un enfant



Et qu’une nuit profonde a tout recouvert. »



Certains poèmes sont écrits sous pseudonyme : à la fin des années 20 et au tout début des années 30 KAVVADIAS signe Petros Valchallas, certains de ces poèmes sont alors publiés. Puis en 1943, l’unique poème de l’énigmatique A. Tapinos (tapinos signifiant « le modeste », « le discret ») derrière lequel se cache KAVVADIAS qui craint la censure et les ennuis, lui sympathisant communiste et Résistant antifasciste. Il fut reproché à l’auteur de ne pas être assez engagé. Il me semble que tout est à relativiser, d’une part grâce à la teneur de certains des poèmes présentés ici, qui sont tout ce qu’il y a de politique, d’autre part un homme qui a vécu quasiment toute sa vie sur mer, c’est-à-dire dans un environnement clos et la promiscuité, n’est pas aussi réactif qu’un autre à tout ce qui se déroule sur terre.



KAVVADIAS s’essaie parfois à l’auto-analyse, même s’il n’est pas démontré que c’est bien lui qui se cache sous des traits qui peuvent être cruels (ou lucides ?) :



« Moi, je suis un homme amer, sans morale, mon âme est noire,



je l’ai gaspillée dans l’ivresse des mers.



Auprès de toi j’ai retrouvé mon petit cœur d’enfant,



qu’étrangement j’entends agonir lentement. »



KAVVADIAS commença à naviguer à 19 ans, devint télégraphiste en 1939 à 29 ans, il le restera toute sa vie. Il est surtout connu en France pour son unique roman, « Le quart », qu’il a en partie rédigé en mer sur du papier toilette, roman publié en 1954. Ici, le travail d’envergure pour réunir tous les poèmes paie, ce livre est magistral, envoûtant, impose un rythme et une atmosphère uniques pour une poésie maritime, le résultat est époustouflant, tant par son contenu (en fin de volume sont présentés « les lieux de Nikos Kavvadias », soit tous les endroits géographiques évoqués dans cet imposant recueil) que par son visuel. La couverture à rabats est d’une splendeur absolue. Quant au reste, c’est de la grande poésie, immense même, qu’il faut lire tranquillement afin de bien sentir les embruns.



Ces « Courants noirs » sont sans conteste l’un des sommets littéraires de l’année qui s’écoule, les éditions Signes et Balises en sont les principales coupables, cette intégrale est un joyau, un diamant étincelant, complétant ainsi les deux précédents ouvrages de Nikos KAVVADIAS parus dans cette maison singulière, « Journal d’un timonier et autres récits » en 2018 et « Nous avons la mer, le vin et les couleurs » en 2020, pour un triptyque éblouissant. Merci à Anne-laure BRISAC, éditrice, pour sa confiance, j’espère en être digne.



KAVVADIAS se présentait non pas comme un poète marin mais bien comme un marin écrivant de la poésie, d’ailleurs « Mon pire voyage, c’est sur l’asphalte que je l’ai fait ».



https://deslivresrances.blogspot.com/


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Li - De la guerre - A mon cheval

Trois petites nouvelles toute en finesse, surtout la première où, lors d’une escale à Hong Kong, un marin fait la connaissance de Li. Un petit concentré (68 pages) de qualité.
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En bourlinguant

J’ai lu ce bouquin il y a maintenant longtemps ... disons au siècle dernier, et je m’en souviens encore parfaitement : Des dialogues de marins embarqués sur un rafiot pourris (On pense au « Vaisseau des morts » de B.Traven), errant de ports en ports, en route vers la Chine ; Des histoires sombres, sordides, mais universelles. Des histoires d’amour glauques, des bagarres qui sentent le sel, la sueur et la rouille, la misère et l’humanité perdue. Edité en France, une première fois en 1969 chez Stock sous ce titre : "En bourlinguant", il a été publié ensuite sous le titre "Le quart". Nikos Kavvadias était réellement marin (je l’ai appris plus tard), poète aussi, et on peut considérer ce texte comme un témoignage bouleversant sur la vie de certains marins au long cours.
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Journal d'un timonier et autres récits

C'est le journal de bord, de mots, de maux, du bleu à l'âme de Nikos Kavvadias, écrivain, poète et marin grec. Dès le début de son récit une question nous taraude. Le “ poète des mers ” aurait-il perdu le goût de vivre ?



" Parfois je me dis que tout est mort au fond de moi et que mon coeur est devenu aussi sec que la paume de mes mains... "

( Citation page 11 )



Il ne descend plus à terre. Il se complaît dans la mélancolie et envie tout de même le timonier qui va débarquer pour aller s'amuser.

Je n'ai pas aimé l'idée qu'il se fait de la femme en général. Était-il lui-même si pur moralement qu'il se permet de les qualifier de " toutes les mêmes " ?



Nous voyageons avec lui au gré de ses souvenirs de voyages. A Port-Saïd, il nous livre quelques souvenirs en même temps que son regret presque avoué de ne pas être descendu du bateau.



" Et lorsque, à la tombée de la nuit, j'ai entendu qu'on levait l'ancre, j'ai eu l'impression d'être le modeste héros du conte qui reste des heures devant la porte ouverte d'un jardin enchanté, en se contentant de respirer le parfum enivrant des fleurs et en écoutant gazouiller des oiseaux invisibles, sans pouvoir pénétrer dans le jardin, parce qu'on l'a attaché. Et quand le bateau est reparti, je suis resté à l'arrière, près du loch, en regardant clignoter l'oeil énorme du phare, submergé par un chagrin semblable à celui qu'on éprouve quand on laisse passer une occasion de s'enfuir... "

( Citation pages 28 - 29 )



Un livre qu'il lisait sur Alexandrie dans son enfance le fascinait par le mystère qui s'en dégageait. Son premier vrai contact avec la ville est suivi d'une déception car il n'y découvre d'abord que des endroits européanisés.



Le narrateur nous conte une nouvelle passionnante " L'incroyable aventure du chef d'équipage Nakahanamoko ". Histoire mystérieuse un peu étrange qui s'est déroulée à bord du clipper le Perroquet vert. Malheureusement le mystère restera entier et cette nouvelle inachevée.



Nikos Kavvadias n'a jamais été amoureux de sa vie mais il a écrit une " Lettre à une dame inconnue " ( pages 75 à 78 ). Lettre jamais envoyée parce qu'elle était destinée à une femme anonyme dont il a croisé le regard sur le pont d'un bateau et qu'il aimera juste retrouver dans les limbes de ses souvenirs.



" Journal d'un timonier et autres récits " est suivi de " Premières armes " un texte de Gilles Ortlieb.



La couverture du livre représentant une carte marine est vraiment superbe.



Nous bourlinguons avec Nikos Kavvadias à bord de bateaux de la marine marchande, bringuebalés dans la houle ou pris dans les typhons. Dans la brume de ses souvenirs émergent ses récits empreints de beauté et de noirceur, de désespoir et de mélancolie.



Je remercie Babelio et les Éditions Signes et Balises pour la réception de ce très beau livre dans le cadre de la Masse Critique, et la découverte de cet auteur. Suite à la lecture de cet ouvrage, je suis tentée de me procurer " Le Quart ".



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Li - De la guerre - A mon cheval

Trois petits récits de Nikos Kavvadias, récits posthumes qui retracent une infime partie de sa destinée.

Tout d'abord une rencontre avec Li petite chinoise de 10 ans qui va être à son service en échange d'un repas quotidien pour elle et son petit frère. Une histoire pleine de tendresse et de poésie et d'une complicité extraordinaire entre le marin désoeuvré et une petite fille d'une grande sagesse.

Tout simplement "divin".



Puis sa rencontre avec un vieil homme durant la guerre, quand il se retrouve épuisé avec sa mule dans sa ferme. Il en vient à soigner son fils blessé et une communion fraternelle s'établit entre eux que seuls connaissent ceux qui ont vécu de tels moments.

Une belle leçon de fraternité.



Enfin, un hymne d'amour à son cheval qui l'a accompagné durant la guerre .

Tant d'amour en si peu de lignes, très émouvant.



Trois nouvelles d'une grande humanité qui m'ont bouleversée.
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Courants noirs : Oeuvre poétique complète

Cet impressionnant ouvrage est sous-titré « Œuvre poétique complète », aussi vous savez d’emblée à quoi vous attendre. Tout d’abord cette précision d’importance : cette précieuse intégrale qui vient de paraître aux éditions Signes et Balises et traduite (ainsi que préfacée) par Pierre GUÉRY n’est pas une redite, mais bien la première édition mondiale proposant cette poésie complète. Même en Grèce, jamais un tel livre n’a à ce jour existé, vous comprendrez donc qu’il s’agit là d’un travail unique au monde.



Durant sa vie, Nikos KAVVADIAS (1910-1975) n’a publié que trois recueils de poésie, et le dernier, « Traverso », est sorti en 1975 après la mort de l’auteur. Ces trois recueils paraissent ici dans leur intégralité, mais ce n’est pas tout puisque pas moins de 45 poèmes « épars et inédits » figurent en fin de volume. L’éditrice a choisi le bilinguisme, chaque poème étant présenté à gauche dans sa langue originale, le grec, et traduit sur la page de droite.



Après une lumineuse préface de Pierre GUÉRY retraçant le parcours de Nikos KAVVADIAS dans une biographie brève mais pourtant concise, ainsi que les difficultés à traduire pareille œuvre poétique, le recueil débute tout naturellement sur « Marabout », le premier paru en 1933, qui est entre autres une suite de tranches de vie. Dans une poésie simple en quatrains rimés (que le traducteur ne suivra pas entièrement, il s’en explique avec justesse dans sa préface), l’auteur, qui vécut en majeure partie sur des bateaux (où il était télégraphiste), ravive sa mémoire, récente comme plus ancienne. Ainsi il dresse les portraits de prostituées rencontrées dans des ports, parle indirectement de son rapport à l’alcool, la drogue (la cocaïne surtout), rend hommage à des poètes souvent contemporains de lui. Scènes brèves du quotidien évoquant la mort, la fatigue, les souvenirs, dans une langue tantôt populaire ou argotique, tantôt recherchée, l’auteur ne se donnant aucune limite de style, en totale liberté.



KAVVADIAS a parcouru le monde entier, visité les cinq continents, y a erré dans les ports, les bistrots, les claques et lieux de débauche. « Brume », recueil paru en 1947, quatorze ans après le premier est, sans jeu de mots aléatoire, plus brumeux. Dédié à la nièce de KAVVADIAS, il est empli de pessimisme, de mythologie, offrant des portraits réels ou sortis de l’imagination de l’auteur. Jack LONDON, Panaït ISTRATI ou encore Nikos KAZANTZAKI ne les auraient sans doute pas reniés. Et puis le brouillard, le froid, le crachin, les abus. Dans une poésie se faisant plus opaque mais restant diablement sensitive, KAVVADIAS crée, invente, loin de l’orthodoxie poétique, même s’il tient à garder majoritairement la forme de quatrains. Il évoque la figure tutélaire de Federico GARCIÁ LORCA, ainsi nous percevons où ses idées politiques, même si très peu abordées dans ce recueil, se situent.



« Balance un os au chien noir qui aboie



et envoie notre « figure » en offrande aux pirates



Dis-moi, où se trouvait la terre en pleine mer ?



Avec l’arbre géant et l’oiseau qui croasse ?







Enfants, nous poursuivions l’Étoile du berger,



Petit oiseau des rivages, la vaste mer n’est pas pour toi !



Pour toi pas davantage, gamin que l’on a mis en terre à Conakry



- dans ta poche, quelques mots de ta mère pour recommandation ».



« Traverso » est le troisième et dernier recueil du poète, il est dédié à son petit-neveu de 8 ans (voir « Trois contes pour Filippos »). Textes écrits entre 1951 et 1975 ils ne paraissent qu’après la mort de KAVVADIAS, 28 ans après « Brume ». Là encore désillusion, noirceur, mythologie, le lectorat n’a pas toujours les clés pour déchiffrer le message, mais les mots seuls comptent, les images sont bouleversantes, et comme l’écrit si bien le traducteur « Après tout point n’est besoin, en poésie, d’interpréter clairement pour recevoir ce qui est là », soit un cadeau inestimable. Ici hommage est rendu à CHE GUEVARA, à quelques autres encore. Le dernier poème du recueil fut écrit peu de temps avant le décès du poète.



Les 45 « poèmes épars et inédits » sont une mine d’or, car écrits durant toute une vie, de 1922 (KAVVADIAS a alors 12 ans et fait paraître un journal scolaire) à 1971, dans l’ordre chronologique. Variés comme toute l’œuvre poétique du grec, si les premiers sont encore des balbutiements (avec pourtant certains foudroyances), ils se précisent peu à peu. On peut reconnaître les périodes d’écriture, tantôt les poèmes sont proches de l’atmosphère de « Marabout », tantôt des deux recueils suivants. Ils sont peut-être les plus intéressants de l’œuvre (même si « Marabout » m’a beaucoup impressionné par son style épuré et impressionniste qui peut paradoxalement se lire comme de la prose).



« Aujourd’hui comme toujours était un triste jour.



Le soir tombe et sur l’horloge les heures courent à l’envers.



Et nous, que tout le temps qui passe éloigne de la jeunesse,



On égrène le chapelet des innombrables erreurs.







On attend une dame qui a promis de venir, un soir,



Nous offrir une joie, ne serait-ce qu’éphémère.



On l’attend… mais elle ne viendra pas car on n’est plus un enfant



Et qu’une nuit profonde a tout recouvert. »



Certains poèmes sont écrits sous pseudonyme : à la fin des années 20 et au tout début des années 30 KAVVADIAS signe Petros Valchallas, certains de ces poèmes sont alors publiés. Puis en 1943, l’unique poème de l’énigmatique A. Tapinos (tapinos signifiant « le modeste », « le discret ») derrière lequel se cache KAVVADIAS qui craint la censure et les ennuis, lui sympathisant communiste et Résistant antifasciste. Il fut reproché à l’auteur de ne pas être assez engagé. Il me semble que tout est à relativiser, d’une part grâce à la teneur de certains des poèmes présentés ici, qui sont tout ce qu’il y a de politique, d’autre part un homme qui a vécu quasiment toute sa vie sur mer, c’est-à-dire dans un environnement clos et la promiscuité, n’est pas aussi réactif qu’un autre à tout ce qui se déroule sur terre.



KAVVADIAS s’essaie parfois à l’auto-analyse, même s’il n’est pas démontré que c’est bien lui qui se cache sous des traits qui peuvent être cruels (ou lucides ?) :



« Moi, je suis un homme amer, sans morale, mon âme est noire,



je l’ai gaspillée dans l’ivresse des mers.



Auprès de toi j’ai retrouvé mon petit cœur d’enfant,



qu’étrangement j’entends agonir lentement. »



KAVVADIAS commença à naviguer à 19 ans, devint télégraphiste en 1939 à 29 ans, il le restera toute sa vie. Il est surtout connu en France pour son unique roman, « Le quart », qu’il a en partie rédigé en mer sur du papier toilette, roman publié en 1954. Ici, le travail d’envergure pour réunir tous les poèmes paie, ce livre est magistral, envoûtant, impose un rythme et une atmosphère uniques pour une poésie maritime, le résultat est époustouflant, tant par son contenu (en fin de volume sont présentés « les lieux de Nikos Kavvadias », soit tous les endroits géographiques évoqués dans cet imposant recueil) que par son visuel. La couverture à rabats est d’une splendeur absolue. Quant au reste, c’est de la grande poésie, immense même, qu’il faut lire tranquillement afin de bien sentir les embruns.



Ces « Courants noirs » sont sans conteste l’un des sommets littéraires de l’année qui s’écoule, les éditions Signes et Balises en sont les principales coupables, cette intégrale est un joyau, un diamant étincelant, complétant ainsi les deux précédents ouvrages de Nikos KAVVADIAS parus dans cette maison singulière, « Journal d’un timonier et autres récits » en 2018 et « Nous avons la mer, le vin et les couleurs » en 2020, pour un triptyque éblouissant. Merci à Anne-laure BRISAC, éditrice, pour sa confiance, j’espère en être digne.



KAVVADIAS se présentait non pas comme un poète marin mais bien comme un marin écrivant de la poésie, d’ailleurs « Mon pire voyage, c’est sur l’asphalte que je l’ai fait ».



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Le quart

Unique roman du poète grec Nikos KAVVADIAS (1910-1975), « Le quart » est à la fois une curiosité et un poids à l’estomac. Milieu du XXe siècle : un cargo crasseux et bringuebalant appareille de Grèce direction la Chine afin de livrer des armes aux insurgés d’un pays alors à feu et à sang. De cette guerre, nous n’en apprendrons rien puisque nous allons suivre l’équipage du Pythéas composé d’une trentaine de marins durant son trajet aller, et être comme invités de force par KAVVADIAS au cœur du bateau, le nez dans sa merde.



Dès l’entame, l’odeur nous emplit les navires : aigre, sale, nauséeuse. Nous avons ici affaire à des marins ayant sacrifié leur vie à leur métier, peu instruits, bestiaux et sauvages. Ils se succèdent pour le quart (période de 4 heures consécutives de veille afin de vérifier si tout se déroule bien à bord), échangent des souvenirs, des tranches de vies dans des propos pouvant être orduriers. Notons la présence de Nico, double de l’auteur qui fut lui-même télégraphiste.



Les conversations tournent autour des femmes. Si les marins les évoquent en termes crus, grossiers voire vulgaires, s’ils semblent n’avoir aucune empathie, aucun sentiment, c’est parce qu’elles leur font peur, les intimident. Souvent à bord de cargos ou paquebots divers, ils se sont contenté de les côtoyer lors d’escales dans des ports, des prostituées, des femmes aux meurs légères qui savent bien qu’un marin forcément en manque d’affection ne va pas rester insensible à leurs charmes.



Certains membres de l’équipage ont déjà été atteints de maladies vénériennes, d’autres en souffrent durant la présente traversée. Les langues se délient. Les femmes, toujours, que l’on imagine cradingues elles aussi, remémorés en d’amples anecdotes salaces servant à exciter le copain, à lui rappeler les joies qu’il peut rencontrer sur la terre ferme, lui faire oublier la promiscuité sur un bateau déglingué qui semble flotter miraculeusement.



Le langage est populaire, vert, sans fioritures, toujours sur le fil du rasoir, il sent le poisson pourri, son haleine est saturée d’alcool, de fumée et d’épuisement. Car le repos est bref, les tâches nombreuses, un typhon s’amorce au loin. Et puis, sans que l’on s’y attende, des moments de grâce, nous rappelant que KAVVADIAS était avant tout un poète : « Dévêts-toi. Je te donnerai la brume pour vêtements ».



Dans une ambiance rappelant un bistrot crasseux, les échanges d’histoires familiales se succèdent, appartenant à un passé plus ou moins lointain, suivis ou précédés de faits divers maritimes, tragiques mais devenus tellement banals. Et toujours cette langue imagée, puante elle aussi, qui n’épargne jamais les femmes : « Trous sans fond ! Vous sauteriez tous les feux de la Saint-Jean que ça ne vous sècherait pas, bande de truies ». Ces marins sont des fauves ayant laissé les émotions au port d’attache. Ils débarquent enfin en Chine, où les bombes pleuvent, mais où une autre maladie les attend : la peste.



Roman du quotidien d’un équipage déguenillé, avec ces termes techniques et une précision extrême qui peuvent parfois noyer le lecteur, mais surtout roman du désespoir, de la saleté humaine, du manque de repères, il est un gros pavé sur une surface océanique fichant le mal de mer à chaque page. KAVVADIAS tient le gouvernail de bout en bout, sachant pertinemment qu’il ne laissera aucun répit ou presque. Le voyage sera éprouvant en même temps qu’instructif. Si les anti-héros de cette histoire ne sont pas précisément attachants, ils peuvent par moments faire preuve d’un semblant d’humanité qui paraît quasi incongru au milieu des miasmes. Son atmosphère peut être aisément rapprochée des récits maritimes désespérés de Joseph CONRAD. Roman maritime phare, abject autant que saisissant par la force de ses personnages, il est ici traduit par Michel SAUNIER et préfacé par Olivier ROLIN.



Je ne peux pas clore cette chronique sans vous annoncer une merveilleuse nouvelle : d’ici la fin de l’année si tout va bien, les éditions Signes et Balises, après avoir déjà fait paraître 2 livres de Nikos KAVVADIAS (présentés sur le blog), vont publier son œuvre poétique complète. Inutile de vous dire que Des Livres Rances se réjouit d’un pareil projet, d’autant que le poète grec a rarement été traduit en français.



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Journal d'un timonier et autres récits

Le Journal d'un timonier et autres récits apparaît comme un recueil qui embrasse généreusement la large palette de l'auteur Nikos Kavvadias. Journal, récit, mémoire, anecdote, nouvelle,... servies dans un très bel ouvrage (très belle couverture et mise en page soignée), les cinq parties qui composent ce recueil sont autant de facettes de l'auteur grec.

Les deux premières parties (Journal d'un timonier et Souvenirs de voyage) apparaîtront sans doute comme les plus intéressantes aux amoureux de littérature de voyage. Au-delà de la forme traditionnelle des récits de voyage, ce seront peut-être les passages qui renvoient le plus à l'auteur même, et sa relation au monde, au déplacement, au lointain et à une certaine solitude. « Je ne suis pas descendu du bateau à Port-Saïd […] Et quand le bateau est reparti, je suis resté à l'arrière, près du Loch, en regardant clignoter l'oeil énorme du phare, submergé par un chagrin énorme semblable à celui qu'on éprouve quand on laisse passer une occasion de s'enfuir... ».

Une écriture et une observation du monde comme décalées, comme de côté, de biais. Comme ces descriptions de villes, pourtant précises, mais que l'auteur ne nous montre que de loin, depuis le pont du navire. Et par delà les récits mêmes, ce qui pourra surprendre (ou dérouter, c'est selon), c'est une écriture calme, posée, sans sensationnel ni tape-à-l'oeil. Une sorte de modestie devant la mer, le monde marin et les marins eux-mêmes. Dire et écrire le monde dans une forme simple (le prologue de l'Incroyable aventure du chef d'équipage Nakahanamoko vaut à lui seul son pesant de cacahuètes).

Mais parfois, à l'image de l'adaptation cinématographique d'un autre roman de Kavvadias, Li, la modestie peut virer à la désinvolture, à l'amertume, à la résignation. « Je n'arrive pas à me comprendre moi-même. Parfois je pense que je ne suis rien de plus que Willy, le soutier noir qui ne vit que pour manger. Parfois je me dis que tout est mort au fond de moi et que mon coeur est devenu aussi sec que la paume de mes mains. »

La dernière partie du recueil proposée par Gilles Ortlieb tombera malheureusement du plafond, sans préavis. Curieusement en fin d'ouvrage, alors qu'elle s'apparente pourtant plus à une préface ou à une courte biographie, elle est pourtant est à lire absolument pour qui découvre Nikos Kavvadias, tant elle offre un très bel et intéressant éclairage, de la part d'un auteur visiblement assez proche de la culture hellénique par ses très nombreuses traductions d'auteurs grecs.

Au final, une très belle découverte, qui trouvera sans peine sa place sur les rayons de ma bibliothèque.

Remerciements aux éditions Signes et Balises, ainsi qu'à Babelio.
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